GENTLEMEN CAMBRIOLEURS (King of Thieves) réalisé par James Marsh, disponible en DVD le 31 juillet 2019 chez Studiocanal
Acteurs : Michael Caine, Jim Broadbent, Michael Gambon, Charlie Cox, Francesca Annis, Ray Winstone, Tom Courtenay, Paul Whitehouse…
Scénario : Joe Penhall d’après un article de Mark Seal
Photographie : Danny Cohen
Musique : Benjamin Wallfisch
Durée : 1h44
Date de sortie initiale : 2018
LE FILM
Célèbre voleur dans sa jeunesse, Brian Reader, veuf âgé de 77 ans, réunit une bande de criminels marginaux sexagénaires pour fomenter un cambriolage sans précédent à la salle des coffres de la société Hatton Garden Safe Deposit (HGSD). Se faisant passer pour des réparateurs, ils pénètrent le dépôt, neutralisent les alarmes et se mettent à percer un trou dans le mur de la chambre forte. Deux jours plus tard, ils parviennent à s’échapper avec un butin évalué à plus de 200 millions de livres en bijoux et espèces. L’enquête démarre, et au fur et à mesure des révélations sur les détails du crime, public et médias britanniques sont captivés, et l’investigation est suivie avec fièvre dans le monde entier.
Né en 1963, James Marsh est un réalisateur capable du meilleur (Shadow Dancer, Le Funambule, exceptionnel documentaire sur Philippe Petit, récompensé par un Oscar) comme du pire (The King). Mais la plupart du temps, si ses longs métrages sont certes bien faits et documentés, ils inspirent également l’ennui en raison d’un manque d’âme et d’audace, à l’instar d’Une merveilleuse histoire du temps – Theory of Everything, biopic sur Stephen Hawking qui a valu l’Oscar du meilleur acteur à Eddie Redmayne, ou bien encore Le Jour de mon retour, évocation des dernières semaines de Donald Crowhurst, homme d’affaires anglais, inventeur d’un radiocompas, passionné de voile en navigateur amateur, porté disparu durant la course autour du monde Sunday Times Golden Globe Race. Son nouvel opus Gentlemen cambrioleurs – King of Thieves ne déroge malheureusement pas à la règle. L’essentiel de cette comédie-policière inspirée par une histoire vraie survenue en 2015 (le plus gros casse de toute l’histoire judiciaire britannique) repose essentiellement sur son casting exceptionnel de vieux briscards où trône l’impérial Michael Caine qui domine ses compagnons du haut de ses 85 ans et qui récidive dans le genre , immédiatement après le Braquage à l’ancienne – Going in Style de Zach Braff.
Gentlemen cambrioleurs n’est pas déplaisant, dans le sens où l’on prend beaucoup de plaisir à regarder la vieille école prête à en découdre et montrer qu’elle en a encore sous le capot, mais il lui manque ce je-ne-sais-quoi qu’il faudrait à James Marsh pour retenir l’attention du spectateur du début à la fin. En fait, le cinéaste va vite en besogne puisque la préparation et l’exécution du casse interviennent plutôt rapidement. Venu du documentaire, James Marsh sait filmer les petits détails et créer un crescendo dans l’action grâce à un montage efficace et intelligent. C’est après que le soufflé retombe aussitôt. Toutefois, le genre bifurque alors vers quelque chose d’intéressant, en mettant l’humour de côté, au profit d’un ton amer, désabusé, cynique et sombre.
Dans un premier temps, on peut s’amuser gentiment de ces papys bad-ass qui tentent de joindre les deux bouts en tant que cuistot ou ouvrier, afin de soigner leur diabète, leur hanche en plastique et leurs appareils auditifs. Même si certains s’endorment durant le casse, d’autres commencent à s’opposer, faisant ressurgir quelques rancunes, notamment entre Brian (Michael Caine) et Terry (Jim Broadbent), qui en viennent presque aux mains. Après ce hold-up propre et net, Gentlemen cambrioleurs fait éclater le groupe, mais aussi les reproches quand vient l’heure du partage. De ce point de vue, James Marsh se révèle beaucoup plus à son aise en filmant ses personnages face à eux-mêmes, au temps qui passe, au temps qui leur reste. Le film se construit sous forme de petites vignettes, inégales forcément, ralentissant le rythme, mais où la mélancolie inattendue et l’amertume emportent l’adhésion. On oublie également rapidement le personnage de Basil, interprété par Charlie Cox (le rôle-titre de la série Daredevil), qui a bien du mal à se démarquer au milieu de ces vétérans et qui est peu aidé par une écriture somme toute paresseuse. En revanche, on se délectera des scènes mettant en scène Jim Broadbent et Ray Winstone, bien enragés, capables de doubler leurs compagnons pour encaisser un maximum de fric pour pouvoir se la couler douce jusqu’à la fin de leurs jours. Dans cette seconde partie, Michael Caine ne fait plus grand-chose, d’ailleurs il disparaît une bonne partie du métrage, tandis que James Marsh se focalise sur le reste de la troupe.
Il y a donc à boire et à manger dans Gentlemen cambrioleurs, que l’on regarde comme un amusant « Ocean’s 75 (ans) » et si les comédiens valent mieux que ça, on ne saurait bouder notre plaisir de les voir en action.
LE DVD
Gentlemen cambrioleurs ne bénéficie que d’une édition standard chez Studiocanal. Un disque qui ressemble à une sortie technique avec un menu fixe et muet d’un autre temps. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du fil.
Peu de bonus à l’horizon ! L’éditeur joint une interview de Michael Caine (7’). En pleine promo, mais en véritable pro, le comédien évoque les faits réels et le véritable Brian Reader. Même si cet entretien reste ponctué de « un tel est formidable » et « un tel est merveilleux », Michael Caine reste généreux face à la presse et déclare ne pas penser à la retraite.
S’ensuivent un petit lot de scènes coupées (2’) plutôt anecdotiques.
L’Image et le son
Ce master restitue habilement les jolis partis pris de Danny Cohen (Good Morning England, Le Discours d’un roi), les costumes, les éléments du décor. Les contrastes sont légers mais très beaux, le cadre large est superbe. Si quelques baisses de la définition demeurent constatables, le piqué reste très appréciable sur les scènes diurnes, les détails sont agréables, la clarté est de mise. Un transfert très élégant.
Deux pistes Dolby Digital 5.1 qui parviennent à embarquer le spectateur dans cette histoire de casse. Les ambiances naturelles ne manquent pas, les voix sont solidement plantées sur la centrale, surtout en version originale, et la spatialisation musicale est systématique. L’éditeur joint également une piste française Stéréo, une autre Audiodescription, ainsi que les sous-titres destinés au public sourd et malentendant.