VOYAGE AU BOUT DE L’HORREUR (The Nest) réalisé par Terence H. Winkless, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.
Acteurs : Robert Lansing, Lisa Langlois, Franc Luz, Terri Treas, Stephen Davies, Diana Bellamy, Jack Collins, Nancy Morgan, Jeff Winkless, Steve Tannen, Heidi Helmer…
Scénario : Robert King, d’après le roman d’Eli Cantor
Photographie : Ricardo Jacques Gale
Musique : Rick Conrad
Durée : 1h28
Date de sortie initiale : 1987
LE FILM
Dans une petite ville insulaire, le shérif local découvre le cadavre d’un chien dépecé. La doctoresse Hubbard arrive en ville et déclare après examen que le chien a été l’objet d’attaques d’une race d’insectes particulièrement virulents, qui boivent le sang. Ces insectes pourraient provenir d’expériences jadis menées par la mystérieuse société Intec, à laquelle appartient Hubbard.
Vous avez le cafard ? Alors emparez-vous du Blu-ray de The Nest, plus connu dans nos contrées sous le titre Voyage au bout de l’horreur ! Ce film d’épouvante est le premier long-métrage du dénommé Terence H. Winkless, habituellement comédien, vu dans La Grande casse (« remaké » en 2000 avec Nicolas Cage et Angelina Jolie, rebaptisé 60 secondes chrono), écrit, interprété et réalisé par H.B. Halicki, mais avant tout scénariste de Hurlements – The Howling (1981) de Joe Dante. Pour son coup d’essai derrière la caméra, Terence H. Winkless adapte un roman d’Eli Cantor, passé entre les mains du scénariste Robert King, qui connaîtra son heure de gloire dans les années 2010 en devenant le showrunner et le producteur de The Good Wife, puis d’une autre série plus récente, Evil. Nous sommes en pleine série B, mais nullement Z avec The Nest, qui prend place sur une petite île où les habitants doivent affronter une colonie de cafards génétiquement modifiés (sinon ce ne serait pas drôle), avides de chair humaine et dont il est (quasiment) impossible de venir à bout. Solidement interprété et marqué par quelques idées de mise en scène bien sympathique, ainsi que des effets gores bienvenus, Voyage au bout de l’horreur est justement un trip divertissant, qui ne se prend pas la tête ni au sérieux, et qui laisse un bon souvenir après coup.
Après quatre années d’absence, Elizabeth Johnson retourne sur l’île de Northport, aux États-Unis. Elle y retrouve son père, Elias, qui n’est autre que le maire de l’île, ainsi que son ex petit ami, Richard Tarbell, représentant la loi en tant que shérif. Northport, d’ordinaire bien tranquille, est en proie à une série de disparitions inexpliquées de touristes et d’animaux. Alors qu’elle explore l’île, Elizabeth découvre des oeufs de grande taille dans une cavité rocheuse. Bientôt, des cafards géants et carnivores s’attaquent à la population, semant d’autant plus la panique qu’ils semblent indestructibles.
Pas la peine de sortir la bombe de Baygon vert (le jaune est pour les insectes qui font bzzzzz, pas crrrrrr), les cafards ont la cuirasse inusable, ou presque, dans The Nest, même si certains plans nous font dire qu’une poignée a été écrabouillé, ébouillanté ou autre. Mais ils font le boulot dans Voyage au bout de l’horreur et ce grâce aux créateurs des effets spéciaux, qui ont concocté quelques réjouissances sanglantes (entre The Thing de John Carpenter et La Mouche de David Cronenberg), en réservant notamment un sale quart d’heure à un chat qui n’avait rien demandé à personne. Celui-ci n’a pas eu l’air d’apprécier les conditions de tournage non plus d’ailleurs…On est ici en plein territoire connu, balisé, arpenté dans tous les sens depuis toujours et qui le sera à jamais, chemin parcouru par une belle tripotée d’acteurs, tous très convaincants et jouant juste car premier degré dans un récit écrit dans l’encre du second. Robert Lansing et sa tronche incroyable (Le Téléphone rouge de Delbert Mann, L’Empire des fourmis géantes de Bert I. Gordon), la belle Lisa Langlois (Class 1984, Happy Birthday to Me, Les Rats attaquent, aperçue chez Claude Chabrol dans Les Liens de sang et Violette Nozière), le héros bien lisse campé par Franc Luz (vu dans Quand Harry rencontre Sally), la permanentée Terri Treas (House IV), ils sont impeccables dans The Nest, dirigés comme dans un opus de SF rétro.
À ce titre, les maquillages et les décors vont dans ce sens, à l’instar de la transformation du paternel en…on sait pas trop quoi, en cafard géant sûrement, mais ça ne ressemble pas à grand-chose, mais « c’est dégueu quand même ». Le fameux nid éponyme, éclairé aux néons roses et dont les œufs ressemblent à des testicules géants (ou à des sacs de frappe en scrotum, des « punching balls » quoi), font indéniablement penser à du cinéma vintage. Quand on découvre ensuite que les producteurs de Voyage au bout de l’horreur sont Roger Corman et surtout son épouse Julie, plus rien ne nous étonne donc.
L’image a en tout cas de la gueule, la photo de Ricardo Jacques Gale est chiadée (et ce malgré un budget qu’on imagine restreint), la musique électro perce bien les tympans, ça part un peu dans tous les sens, mais on ne peut s’empêcher de prendre beaucoup de plaisir devant The Nest, spectacle généreux et bien emballé.
LE BLU-RAY
Inédit en DVD et Blu-ray dans l’Hexagone, The Nest, ou Voyage au bout de l’horreur pour les amateurs de titres français nawak, débarque sans crier gare en Haute-Définition chez Le Chat qui fume. Superbe jaquette, reprenant l’un des visuels d’exploitation des années 1980, glissée dans un boîtier Scanavo. Le menu principal est animé et musical. Édition limitée à 1000 exemplaires et disponible à la vente sur le site du Chat qui fume.
L’unique bonus de cette galette HD est la bande-annonce originale. On appréciera aussi les credits très inspirés pour ce titre.
L’Image et le son
Voyage au bout de l’horreur arrive dans les bacs français dans une superbe édition HD (1080p) entièrement restaurée. Le travail est impressionnant et l’image est très propre, débarrassée de toutes scories, poussières, griffures et autres résidus imaginables. Un soin particulier a été apporté afin que la texture originale du film, les détails, la structure du grain ne soient pas affectés par le traitement numérique. Ce nouveau transfert Haute Définition permet de (re)découvrir le film de Terence H. Winkless sous toutes ses coutures avec une magnifique patine argentique. Cette élévation HD offre à la colorimétrie un nouveau lifting, qui retrouve un nouvel éclat. La gestion des contrastes demeure solide, y compris sur les très nombreuses scènes sombres. Pas de réduction de bruit à l’horizon et le piqué est très élégant. N’oublions pas la stabilité de la copie soutenue par un codec AVC exigeant.
En anglais comme en français, les deux mixages DTS-HD Master Audio 2.0 contenteront les puristes. Ces deux options acoustiques s’avèrent dynamiques et limpides, avec une belle restitution des dialogues et de la musique du film. Les effets sont solides et le confort assuré. Pas de souffle constaté.