Test Blu-ray / Tracking, réalisé par Pierre B. Reinhard

TRACKING réalisé par Pierre B. Reinhard, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Marie-Isabelle Heck, Geneviève Lesourd, Laurence Molinatti, Natasha Davidson, Annick Chatel…

Scénario : Jean-Philippe Berger

Photographie : Henry Froger

Musique : Christian Bonneau

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Trois copines – Lisa, Nathalie et Stéphanie – sont réunies dans un grand manoir appartenant aux parents de Lisa. Après une soirée arrosée à se raconter des histoires, le trio commence à être victime d’hallucinations dans lesquelles elles sont violées et torturées par le fantôme d’un militaire. Mais s’agit-il vraiment d’une illusion ou de la réalité ?

La même année que La Revanche des mortes-vivantes, le réalisateur Pierre B. Reinhard (né en 1951) se voit proposer un nouveau long métrage, non pas pornographique, domaine dans lequel il multipliait aussi les ré-jouissances (Délires sodos, Chattes salées prêtes à baiser, Le marteau-pilon anal, Profondes Sodomies pour fêlées du cul) sous le pseudonyme de Mike Strong, mais un thriller psychologique et paranoïaque intitulé Tracking. Certes, les trois jeunes comédiennes sont dénudées à la moindre occasion, mais le tournage emballé avec trois francs six sous (150.000 francs exactement) et les étonnantes ambitions que ce film affiche le rendent éminemment sympathique. Marie-Isabelle Heck, Laurence Molinatti et Natasha Davidson sont les trois vedettes (éphémères) de Tracking. Sorties de nulle part, elles s’en sortent très bien et se voient plonger dans un quasi-huis clos, se déroulant dans une maison trouvée dans la Sarthe, où un homme vêtu en soldat s’en prend au trio, en les violant tour à tour. Mais tout ceci n’est-il qu’une hallucination collective ? Sur un scénario de Jean-Philippe Berger (Le Diable Rose du même metteur en scène), Pierre B. Reinhard brouille les pistes, les repères, prend des risques en perdant les spectateurs, qui ne s’attendaient sûrement pas à ce qu’on leur raconte cette histoire, tout en flattant leurs hormones. Une indéniable découverte, qu’une voix-off « certifie » être inspirée d’une histoire vraie.

Encore des enfants, déjà dans des corps de femmes, trois adolescentes entament un week-end dans la maison de campagne des parents de l’une d’elles. Dès la première veillée, le feu qui crépite dans la cheminée, la nuit, la pluie, les ombres, les bruits du vent, les enferment très vite dans un univers fantasmagorique. Exacerbées dans le vagabondage de leurs imaginations plus tellement innocentes, c’est alors l’escalade sans retour, la matérialisation de fantômes… ou l’étrange coïncidence du passage d’un rôdeur. Jusqu’à l’horreur où personne ne saura discerner la réalité du cauchemar. Qui pourrait les aider ? À seize ans, c’est souvent le passage obligé pour atteindre les vérités des adultes.

Ancien des Beaux-Arts, Pierre B. Reinhard démarre sa carrière cinématographique comme stagiaire auprès de cinéastes tels que René Clair et Henri Verneuil. C’est alors qu’il souhaite apprendre le montage et qu’il rencontre Léon Kikoïne, qui lui présente à son tour son fils Gérard. Ce dernier allait lui apprendre les ficelles du métier sur…des films pornographiques. Pierre B. Reinhard, n’ayant jamais été friand des films d’horreur, signe pourtant son opus le plus célèbre avec La Revanche des mortes-vivantes, qu’il tourne sous des conditions infernales et drastiques, dans la Sarthe (quelle horreur!), sous -18 degrés (quel enfer!), avec des effets spéciaux réalisés par le regretté Benoît Lestang. Tracking bénéficie d’un budget encore plus réduit, en gros celui habituellement alloué à un court-métrage, dans un décor presque unique, si ce n’est une dernière partie qui se déroule à Paris, dans le quartier de Pigalle avec ses sexshops et ses cinémas, où l’on aperçoit d’ailleurs l’affiche de Cobra avec Stallone.

Plus abouti que La Revanche des mortes-vivantes, quand bien même nous serons loin d’avoir les réponses aux questions laissées en suspens, Tracking, qui tente à chaque instant de ne pas laisser paraître son budget anémique grâce à quelques idées (dont l’utilisation de la caméra subjective), n’est pas un film de pantouflard. Le malaise s’installe rapidement, dès la première séquence en fait avec nos trois nénettes qui tiennent en joue la tante de l’une d’elles. On se dit que quelque chose cloche et l’on se demande pourquoi ces trois filles s’amusent à tuer le temps en imaginant flinguer la tantine attentionnée.

C’est alors qu’arrive l’histoire racontée par le père (absent) de Lisa, survenue en Algérie, où celui-ci aurait violé une jeune femme à l’aide d’une bouteille de champagne. Là-dessus, la réalité va basculer, puisque le « soldat » débarque bel et bien et commence à s’en prendre à Lisa, Nathalie et Stéphanie. Ah oui, les gros plans sur les poitrines, dont celle généreuse de Nathalie et (ce n’est pas une surprise) la plus exposée, se multiplient. On pourra juste reprocher à la musique très (TROP) présente de Christian Bonneau de percer et de faire saigner les tympans.

Mais cela participe là aussi au charme de Tracking. Et puis un film où une nana de seize ans a les murs de sa chambre qui arbore les affiches de Portés disparus, Nom de code : Oies sauvages, Les Bérets verts et La Bidasse ne saurait être mauvais.

LE BLU-RAY

Tracking déboule comme ça, sans crier gare, chez Le Chat qui fume en Blu-ray ! Sérigraphie soignée du disque, harnaché dans un boîtier Scanavo, jaquette chiadée. Le menu principal est animé et musical.

Comme sur le Blu-ray de La Revanche des mortes-vivantes sorti en 2019, le réalisateur Pierre B. Reinhard a répondu au miaulement du Chat qui fume, pour partager ses souvenirs liés à Tracking (12’30). Une rencontre tout ce qu’il y a de plus sympathique, au cours de laquelle le cinéaste aborde la genèse du film, les conditions de tournage (il a lui-même porté la caméra à l’épaule et interprète le militaire), le casting, ainsi que la sortie avortée dans les salles françaises, tandis qu’il était bel et bien distribué en Italie, en Turquie, en Finlande…

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Tracking, jusqu’à présent inédit en France sur tout support physique, a bénéficié d’un traitement princier, avec pas moins qu’une restauration 4K, réalisée à partir des éléments originaux. Une copie qui ne déçoit pas outre mesure, avec une luminosité et des détails impressionnants, un grain cinéma très présent, fin, élégant, des couleurs fraîches et une propreté remarquable. Le piqué est somme toute aléatoire (rappelons que le film disposait d’un budget de court-métrage), mais la gestion des contrastes est correcte. Blu-ray au format 1080p.

La piste DTS-HD Master Audio 2.0 délivre ses dialogues avec ardeur et fermeté, jamais parasités par un souffle chronique ou quelques craquements intempestifs. C’est nickel, dynamique, suffisamment riche et le confort appréciable. L’éditeur fournit aussi les langues italienne et espagnole, ainsi que les sous-titres anglais et même français destinés au public sourd et malentendant. Un programme bien rempli donc.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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