Test Blu-ray / Parasite, réalisé par Bong Joon-ho

PARASITE (Gisaengchung – 기생충) réalisé par Bong Joon-ho, disponible en DVD et Blu-ray le 4 décembre 2019 chez The Jokers.

Acteurs : Song Kang-Ho, Lee Sun-kyun, Cho Yeo-jeong, Choi Woo-sik, Park So-Dam, Lee Jeong-eun, Chang Hyae Jin, Jung Hyeon-jun…

Scénario : Bong Joon-ho, Han Jin Won

Photographie : Hong Kyung-Pyo

Musique : Jaeil Jung

Durée : 2h07

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne…

Elle est là la Palme d’or 2019 ! Après l’exceptionnel Une affaire de famille du japonais Hirokazu Kore-eda en 2018, la Corée du Sud a pris le relais – pour la première fois au Festival de Cannes – avec Parasite, de Bong Joon-ho. Le réalisateur de Memories of Murder (2003), The Host (2006), Mother (2009), Snowpiercer, le Transperceneige (2013) et Okja (2017) ajoute un nouveau chef d’oeuvre et futur grand classique à son palmarès. Le cinéaste joue avec tous les genres, les mélange, les triture, les malaxe pour en tirer un film unique, à la fois thriller et comédie burlesque, drame social et film d’horreur (si si), Parasite est une œuvre extraordinaire, qui lie à fois le cinéma populaire et le cinéma d’auteur. D’ailleurs, le film a été porté par une critique quasi-dithyrambique et aura attiré en France 1,7 million de spectateurs. Un triomphe mérité et l’un des musts de l’année.

Ki-taek (Song Kang-ho, acteur fétiche de Park Chan-wook, Kim Jee-woon et de Bong Joon-ho), sa femme Chung-sook (Jang Hye-jin), leur fils Ki-woo (Choi Woo-sik, vu dans Okja) et leur fille Ki-jung (Park So-dam) sont sans emploi et vivent entassés dans un appartement malsain en entresol. Ils piratent le réseau Wi-Fi de leurs voisins et survivent en pliant des boîtes à pizza cartonnées. Un jour, ils reçoivent la visite d’un étudiant qui demande à Ki-woo, son ami, de le remplacer pour donner des cours privés d’anglais à une jeune fille, Da-hye : il est amoureux de celle-ci et ne fait pas confiance aux autres étudiants. Ki-jung, douée pour les arts, fabrique un faux diplôme de l’université Yonseil pour Ki-woo, qui va se présenter au superbe domicile des parents de la jeune fille. Vite accepté, il séduit rapidement la fille et met en confiance la mère, Mme Park, une femme au foyer un peu naïve. Comme celle-ci voit des chefs-d’œuvre dans les gribouillages de son fils Da-song, un petit garçon très instable depuis le jour où il a vu un « fantôme » sortir de la cave, Ki-woo la persuade d’embaucher comme professeur de dessin sa sœur Ki-jung, qu’il présente comme Jessica, une art-thérapeute très recherchée formée aux États-Unis. Ki-jung s’impose tout aussi rapidement dans la maison. Reconduite un soir au métro par le chauffeur de M. Park, qui tente vainement de la séduire, elle ôte discrètement sa culotte et la dépose sur le sol de la voiture. Son plan réussit : M. Park, découvrant le sous-vêtement, renvoie son chauffeur pour avoir « franchi la ligne » en couchant avec une femme sur le siège où lui-même est transporté. Ki-jung parle alors à M. Park d’un excellent chauffeur qu’elle a connu autrefois, un peu âgé mais distingué : c’est en réalité son père, embauché à son tour. Et ce n’est que lé début.

Parasite réserve bien des surprises et joue constamment avec les nerfs du spectateur. Impossible pour lui de savoir où le cinéaste le mènera dans la scène suivante. D’une précision hors du commun, sans cesse virtuose, la mise en scène subjugue à chaque plan, la caméra, aérienne, scrute les visages, les gestes esquissés, instaure un malaise que l’on pourrait qualifier de jubilatoire du début à la fin. Hithcockien en diable, imprégné d’un humour noir qui ne fait que renforcer la charge sociale du récit, Parasite emporte ses protagonistes dans un cyclone d’évènements qui se télescopent, qui se multiplient, qu’ils ont eux-mêmes provoqués, mais dont ils vont finalement perdre le contrôle. Maître du temps et de l’espace, Bong Joon-ho s’amuse avec le rythme de son intrigue, étire les scènes jusqu’à faire craquer d’impatience ses protagonistes et son audience, ou au contraire précipite les imprévus dans la dernière partie.

Qui plus est, même si elle est absolument monstrueuse, on ne peut s’empêcher d’avoir de l’empathie pour cette famille de charognards. Non seulement Parasite est un film divinement écrit et réalisé, mais les interprètes sont également admirables, d’un côté comme de l’autre de la barrière sociale qui sépare les deux familles. On se demande constamment comment tout cela va bien pouvoir se terminer. Les coups bas et tordus s’accumulent.

La maison est filmée telle un Rubik’s Cube clinquant, où certaines faces cachées renferment quelques secrets bien gardés. Dans une dernière partie plus sombre, mais également plus sanglante avec quelques éclats de violence que l’on sentait jusqu’ici contenue et qui explose enfin, tous les personnages arrêtent enfin de jouer à être ce qu’ils ne sont pas. La réalité finit par les rattraper et le constat est implacable. Chaque individu est un parasite pour l’autre et il y aura toujours quelqu’un soit pour nous le rappeler, soit qui nous montrera qu’il existe encore pire.

Le chef d’oeuvre de Bong Joon-ho, véritable relecture du home-invasion, nous fait rire, nous effraie, nous émeut, nous fait réfléchir et se clôt sur une note immensément poétique. C’est du grand, du très grand cinéma. Et une Palme d’or, décernée à l’unanimité par le jury, qui restera dans la mémoire des cinéphiles.

LE BLU-RAY

The Jokers annonce en deux temps la sortie dans les bacs de Parasite. Tout d’abord, le film de Bong Joon-ho sort en DVD et en Blu-ray le 4 décembre 2019 dans une édition simple, totalement dépourvue de bonus. L’éditeur annonce ensuite pour le 26 février 2020 une immense Édition Collector boîtier SteelBook – 4K Ultra HD + Blu-ray + Blu-ray bonus + DVD, qui proposera entre autres un long documentaire sur le tournage du film, ainsi que la Masterclass de Bong Joon-ho au Festival Lumière.

Aucun supplément sur cette édition.

L’Image et le son

Un très bel objet que ce master HD. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, renforçant les contrastes, le piqué (acéré comme la lame d’un scalpel), ainsi que les détails aux quatre coins du cadre large. Certains plans nocturnes et tamisés sont magnifiques, et tirent entièrement parti de cette élévation en Haute Définition. Les gros plans peuvent être analysés sans problème puisque la caméra colle parfois au plus près des personnages, les ombres et les lumières s’accordent parfaitement. Lumineux, précis, magnifique, ce Blu-ray est une immense réussite technique.

Quatre pistes au choix, coréenne et française, Dolby Atmos pour la première, DTS-HD Master Audio 5.1.pour la seconde. La version originale s’avère tout d’abord dynamique, spatialisée avec une ardeur inattendue, mettant notamment en valeur les ambiances naturelles. Les latérales sont actives dès la première image, les frontales sont également percutantes et le spectateur est immédiatement plongé dans le récit. Les séquences en intérieur et donc plus intimistes sont évidemment plus feutrées, reposent plus sur les enceintes avant. En revanche, les dialogues sont percutants sur la centrale, que vous ayez opté pour la version française (facultative) ou la piste coréenne. L’immersion est concrète, entière, implacable. Les pistes 2.0., très dynamiques, contenteront ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière. L’éditeur joint également une piste française Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © The Jokers / Les Bookmakers / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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