NOTRE HOMME FLINT (Our Man Flint) réalisé par Daniel Mann, disponible en Blu-ray le 25 septembre 2019 chez BQHL Editions
Acteurs : James Coburn, Lee J. Cobb, Gila Golan, Edward Mulhare, Benson Fong, Shelby Grant, Sigrid Valdis, Rhys Williams, Russ Conway…
Scénario : Hal Fimberg, Ben Starr
Photographie : Daniel L. Fapp
Musique : Jerry Goldsmith
Durée : 1h48
Date de sortie initiale : 1966
LE FILM
L’Amérique possède désormais un agent secret encore plus courageux, plus intelligent et plus populaire auprès de la gent féminine qu’un certain agent anglais. Son nom ? Flint… Derek Flint. Aujourd’hui, notre homme doit faire face à l’arme la plus dangereuse et la plus destructrice qu’ait jamais connue le monde : la météo ! La planète est au bord du chaos et un seul homme peut la sauver. Cet homme s’appelle Flint.
Et Flint, c’est James Coburn (1928-2002), qui avait commencé sa carrière au cinéma quelques années auparavant et traîné sa grande carcasse chez Budd Boetticher (La Chevauchée de la vengeance), John Sturges (Les Sept Mercenaires, La Grande évasion), Don Siegel (L’Enfer est pour les héros), Stanley Donen (Charade), William Conrad (L’Homme de Galveston) et Sam Peckinpah (Major Dundee). Notre homme Flint – Our man Flint lui offre cette fois le haut de l’affiche et le moins que l’on puisse dire, c’est que le comédien ici âgé de 38 ans est servi comme un prince avec cette parodie de film d’espionnage, en particulier des James Bond qui envahissaient les salles de cinéma depuis quatre ans. Formidable divertissement, Notre homme Flint, énorme succès commercial qui entraînera d’ailleurs une suite (F comme Flint) est une grande comédie policière qui joue avec les codes en vigueur, regorge de gadgets absurdes en tous genres (en fait quasiment tous contenus dans un briquet, qui donne aussi du feu !), de belles poupées déshabillées (mention spéciale à Gila Golan), de couleurs flashy et de décors psychédéliques. Bref, Notre homme Flint, même s’il a pris inévitablement quelques rides, reste une valeur sûre.
Des savants mégalomanes et criminels, groupés au sein de l’association au nom prétentieux et inquiétant, «la Galaxie», ont mis au point toute une série de viles inventions permettant de déclencher des cataclysmes naturels. «Zowie», la fédération des services secrets mondiaux, charge Derek Flint, l’un des meilleurs espions du monde, quoique tapageur et frondeur, d’anéantir «la Galaxie». Flint échappe à deux tueurs à gages avant de tomber sous le charme d’une redoutable jeune femme, Gila. La suite de son enquête l’amène à mettre la main sur une fléchette empoisonnée à l’odeur de bouillabaisse qui lui suggère de se rendre sur une piste à Marseille…
À la demande du président des États-Unis, notre ami Derek Flint se retrouve donc chargé de retrouver trois savants fous qui tentent de prendre le contrôle de la planète, en causant éruptions volcaniques, tremblements de terre et d’autres phénomènes climatiques. Si Notre homme Flint s’inspire donc des aventures de l’agent 007, ce dernier finira pas s’inspirer lui aussi de Flint et plus particulièrement dans le dernier Bond avec Pierce Brosnan, Meurs un autre jour – Die Another Day (2002) de Lee Tamahori. En effet, cet opus nawak, dans lequel Pierce Brosnan n’avait d’ailleurs jamais été aussi bon, enfilait les séquences sous acide comme des perles sur un collier. Entre la bagnole invisible, le kitesurf pour échapper à un tsunami, les rayons du soleil utilisés pour faire fondre la banquise et bien d’autres réjouissances, le vingtième James Bond lorgnait sans vergogne sur Notre homme Flint. On y retrouvait même la scène d’escrime, le coup de l’arrêt du coeur et le propos « écolo ». Autant dire que le spectateur est ici à la fête devant cette récréation où notre héros quasi-invulnérable passe d’un tableau à l’autre, allant même jusqu’à écumer les restaurants de Marseille, à la recherche d’une bouillabaisse, un indice majeur.
James Coburn est parfait, élégant, pince-sans-rire, cynique, charmeur, en tête brûlée, fin limier infaillible, bourreau des cœurs, polyglotte, polygame, et combattant redoutable. Forcément, il réussit là où tous les agents du monde entier ont échoué avant lui et obtient très vite des résultats. Fusion de James Bond et d’Austin Powers, Derek Flint est un héros haut en couleur. Le réalisateur américain Daniel Mann (1912-1991), né Daniel Chugerman, révélé avec Reviens petite Sheba – Come Back, Little Sheba (1952), soigne sa mise en scène comme à son habitude. Egalement connu pour La Rose tatouée (1955) d’après Tennesse Williams, La Vénus au vison (1960) avec Elizabeth Taylor et le légendaire Willard (1971), le cinéaste fait une nouvelle démonstration de son immense bagage technique. Son film a vraiment de la gueule, entre la photographie de Daniel L. Frapp (West Side Story, La Grande évasion, Un, deux, trois) et la musique très inspirée du grand Jerry Goldsmith.
Notre homme Flint deviendra l’une des références du pastiche, contrairement à l’exténuant, peu drôle et foutraque Casino Royale qui sortira l’année suivante. Et puis, quand un méchant s’appelle Hans Grüber, le film ne peut pas être mauvais.
LE BLU-RAY
Jusqu’à présent, Notre homme Flint était disponible en DVD chez 20th Century Fox, une galette qui se revendait très cher sur la toile. Nous sommes donc ravis de revoir ce pastiche dans les bacs, sous la bannière de BQHL Editions, en Blu-ray. Le menu principal animé et musical ne propos que le choix des langues.
Pas de supplément.
L’Image et le son
Notre homme Flint demeure un grand spectacle visuel au cadre large bigarré et pimpant. Ce master HD propose une agréable restauration de cette parodie de film d’espionnage bien que les contrastes auraient gagné à être parfois révisés et parfois rééquilibrés. Si l’image est parfois un peu douce, les séquences extérieures gagnent indéniablement en luminosité et la colorimétrie retrouve une certaine richesse. Ce festival de couleurs pop et acidulées brille souvent de mille feux avec une texture argentique très équilibrée, une définition de haut niveau, y compris sur les scènes sombres. Le relief est très appréciable sur les décors grandioses, ainsi que sur les gros plans étonnants de précision. Même chose concernant le piqué, acéré à souhait.
Les mixages anglais et français Dolby Digital 2.0 (pas de HD de ce côté) sont propres, efficaces et distillent parfaitement la musique du grand Jerry Goldsmith. La piste anglaise ne manque pas d’ardeur et s’avère la plus équilibrée du lot. Aucun souffle constaté sur les deux pistes et les sous-titres français ne sont pas verrouillés.
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