LE BEAU-PÈRE (The Stepfather) réalisé par Joseph Ruben, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 12 novembre 2019 chez Elephant Films.
Acteurs : Terry O’Quinn, Jill Schoelen, Shelley Hack, Charles Lanyer, Stephen Shellen, Stephen E. Miller, Robyn Stevan, Jeff Schultz…
Scénario : Donald E. Westlake
Photographie : John W. Lindley
Musique : Patrick Moraz
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 1987
LE FILM
Jerry Blake semble en apparence mener une petite vie sans histoire. Un travail satisfaisant, une famille soudée, il a tout. Mais quand un grain de sable vient enrayer la machine, l’homme change radicalement de comportement. La perfection est son obsession…
« Wait a minute ! Who am I here ? »
A l’origine du Beau-père – The Stepfather (1987), il y a un récit machiavélique que l’on doit à l’un des plus grands écrivains américains de tous les temps, Donald E. Westlake (1933-2008). Auteur d’une centaine de romans (au bas mot), créateur des personnages mythiques de Dortmunder et de Parker (sous le pseudo de Richard Stark), adapté par les plus grands comme John Boorman (Le Point de non-retour), Peter Yates (Les Quatre malfrats), John Flynn (Echec à l’organisation), Brian Helgeland (Payback) et même par les français Jean-Luc Godard (Made in U.S.A.), Yves Robert (Le Jumeau), Michel Deville (La Divine poursuite) et Costa-Gavras (Le Couperet), Donald Westlake transpose lui-même son histoire originale avec un autre confrère, Brian Garfield, l’auteur de Death Wish, adapté en 1974 par Michael Winner, mais aussi Death Sentence, devenu également un long métrage en 2007 réalisé par James Wan. Autant dire que Le Beau-père part d’emblée sous les meilleurs auspices. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que The Stepfather est et demeure une des plus grandes références du thriller des années 1980, merveilleusement interprété par l’incroyable Terry O’Quinn, qui campe un type absolument monstrueux et flippant, encore plus aujourd’hui quand on lui prête une ressemblance physique avec Jean-François Copé. Mais ce n’est pas le sujet. Bref, Le Beau-père est un putain de bon film !
La vie sourit à Jerry Blake. Il vient de se marier avec une jeune femme veuve et devient alors le beau-père d’une petite fille adorable. Mais Jerry a un objectif bien particulier : fonder la famille parfaite. Tout va pour le mieux jusqu’à ce que cette nouvelle famille commence par plusieurs aspects à le décevoir. L’homme n’aura alors aucun scrupule à tuer…pour le « rêve américain ».
C’est indéniable, la mécanique de Donald Westlake fonctionne à plein régime dans Le Beau-père. Ce portrait de la petite bourgade américaine, où vivent quelques bonnes familles américaines bien sous tous rapports, dissimule en réalité des êtres sordides, de véritables bouchers qui assassinent femmes et enfants. Un vernis qui s’écaille (comme plus tard dans Le Couperet), comme la psyché de notre personnage principal, Jerry, interprété par Terry O’Quinn, le Peter Watts de la série MilleniuM et surtout John Locke dans les six saisons de Lost. Capable en une seconde de passer d’une douceur (certes feinte) à un sourire carnassier, avant d’exploser dans une colère noire. A ses côtés, se distinguent les jolies Jill Schoelen dans le rôle de Stephanie et Shelley Hack, plus connue par les téléspectateurs pour avoir incarné Tiffany Welles dans la série Drôles de dames.
Le Beau-père est réalisé par Joseph Ruben (né en 1950), également connu pour Dreamscape (1984), Inception avant l’heure (et en bien mieux hein), Les Nuits avec mon ennemi (1991) avec Julia Roberts, Le Bon fils (1993) avec Macauley Culkin, le fort sympathique Money Train (1995) avec le duo Snipes/Harrelson. Les années 2000 seront plus difficiles avec les malheureux Mémoire effacée (2004) et Penthouse North (2013). Dans Le Beau-père, le cinéaste exploite à merveille son bijou de scénario et instaure un climat anxiogène, mais teinté d’humour noir. En jouant au bon père de famille, faisant sa prière avant le repas, qui possède femme, enfant et chien, prenant soin de ses clients, auxquels il a pu trouver la maison de leurs rêves, Jerry est la caricature même de l’American Way of Life. Seulement au moindre pet de travers, Jerry décide de tout effacer, autrement dit de trucider tout le monde, pour mieux recommencer ailleurs. S’instaure alors un jeu avec le spectateur, puisque l’histoire se focalise essentiellement du point de vue de Jerry. Il ne se crée évidemment pas d’empathie, mais comme la première séquence nous montre d’emblée de quoi le personnage est capable, on ne peut s’empêcher de trembler et d’avoir peur pour tous ceux qui côtoient ce psychopathe par la suite.
La tension est constante, la routine est parasitée par quelques pics de violence, sèche, sanglante, jusqu’à la déflagration du dernier acte, que l’on attendait et sentait venir. Très efficace, Le Beau-père est devenu un grand classique du genre et s’est vu récompenser par le Critic Award au Festival du film policier de Cognac en 1988. Deux suites verront le jour, un second opus en 1989 avec Terry O’Quinn qui reprend son rôle, un troisième volet sorti directement en vidéo en 1993, avec Robert Wightman. Le Beau-père a également fait l’objet d’un remake lamentable réalisé en 2009 par Nelson McCormick, déjà responsable de celui du Bal de l’horreur en 2008. Il est donc primordial de revenir aux valeurs sûres, ce que Le Beau-père est indubitablement.
LE BLU-RAY
Très attendu en HD par les cinéphiles, Le Beau-père apparaît en France sous les couleurs d’Elephant Films en DVD et combo Blu-ray+DVD. Visuel soigné et jaquette réversible avec l’affiche originale. Le menu principal est fixe et musical. A noter que l’éditeur a également ressorti Le Beau-père 2 en DVD, et que les deux titres se trouvent réunis dans un pack DVD.
On attendait une présentation de Julien Comelli…mais malheureusement, il faudra se contenter d’un lot de bandes-annonces et d’une galerie de photos…
L’Image et le son
L’éditeur propose une copie neuve restaurée HD du Beau-père. La colorimétrie automnale est naturelle, les détails fermes et appréciables sur les scènes diurnes, lumineuses et agréables pour les mirettes. N’oublions pas la propreté du master (même si des poussières subsistent), une gestion des contrastes somme toute assez ferme, un relief palpable. Le piqué est également bien acéré et la gestion du grain argentique équilibrée. Quelques baisses de la définition sur les scènes sombres, mais rien d’alarmant.
Le Beau-père est disponible en version originale et française DTS HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique. La piste française est du même acabit, peut-être un peu trop axée sur les voix, et le doublage est assez réussi. Les deux options acoustiques sont propres et dynamiques.