NATACHA (PRESQUE) HÔTESSE DE L’AIR réalisé par Noémie Saglio, disponible en DVD le 6 août 2025 chez Pathé.
Acteurs : Camille Lou, Vincent Dedienne, Didier Bourdon, Elsa Zylberstein, Antoine Gouy, Fabrice Luchini, Isabelle Adjani, Anne Charrier, Baptiste Lecaplain…
Scénario : Noémie Saglio & Laurent Turner, d’après la bande dessinée de François Walthéry & Gos
Photographie : Nicolas Massart
Musique : Erwann Chandon
Durée : 1h26
Date de sortie initiale : 2025
LE FILM
Depuis sa plus tendre enfance, Natacha est bien décidée à devenir hôtesse de l’air pour voyager et découvrir le monde. Quand elle se retrouve mêlée malgré elle au vol de la Joconde, elle y voit l’opportunité de réaliser enfin son rêve. Accompagnée d’un steward maladroit, elle traverse la France et l’Italie dans une course-poursuite qui pourrait bien changer sa vie…
Évoquons tout d’abord le plus brutal. Natacha (presque) hôtesse de l’air est probablement en passe de devenir le plus grand échec commercial français de l’année 2025 au cinéma. 16 millions d’euros de budget d’un côté, un peu plus de 100.000 entrées de l’autre, Minecraft, le film qui sort le même jour et écrase tout sur son passage, le choc a été rude, brutal pour cette comédie dont la réalisatrice Noémie Saglio rêvait depuis longtemps. Révélée grâce à la série Connasse, transposée au cinéma avec succès (Connasse, princesse des coeurs), puis avec l’excellent Toute première fois, coréalisé avec Maxime Govare, la cinéaste a ensuite connu plusieurs revers (Telle mère, telle fille, Parents d’élèves), avant de signer Nice Girls, comédie d’action avec Alice Taglioni et Stefi Celma, pour le compte de Netflix. Il faut croire que la plateforme a senti un potentiel chez Noémie Saglio, puisque le logo « N » accompagné d’un tintin ! apparaît au début de Natacha. Toujours est-il que les spectateurs, petits et grands, se sont complètement désintéressés de cette adaptation de la bande dessinée éponyme créée par le tandem Walthéry & Gos, publiée dès 1970 aux éditions Dupuis, plus d’une vingtaine d’albums vendus à plus de cinq millions d’exemplaires. Autant dire qu’un certain public aurait pu se rendre dans les salles pour découvrir cette pétillante transposition, mais cela n’a pas été le cas. Car oui, Natacha (presque) hôtesse de l’air est une réussite, faite avec le coeur, une âme (nous ne sommes pas ici devant Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu), une envie de cinéma, car le film est très beau à regarder, dynamique, très bien écrit, porté par une Camille Lou craquante et un Vincent Dedienne qui s’éclate. Une bonne humeur contagieuse. Vous l’aurez compris donc, Natacha (presque) hôtesse de l’air mérite plus qu’une seconde chance, une réhabilitation.
PREMIÈRES VACANCES réalisé par Patrick Cassir, disponible le 8 mai 2019 en DVD et Blu-ray chez Le Pacte
Acteurs : Camille Chamoux, Jonathan Cohen, Camille Cottin, Jérémie Elkaïm, Vincent Dedienne, Dominique Valadié, Svetlana Gergova, Bar Levy…
Scénario : Camille Chamoux, Patrick Cassir
Photographie : Yannick Ressigeac
Musique : Alexandre Lier, Sylvain Ohrel, Nicolas Weil
Durée : 1h42
Année de sortie : 2018
LE FILM
Marion et Ben, trentenaires, font connaissance sur Tinder. C’est à peu près tout ce qu’ils ont en commun ; mais les contraires s’attirent, et ils décident au petit matin de leur rencontre de partir ensemble en vacances malgré l’avis de leur entourage. Ils partiront finalement… en Bulgarie, à mi-chemin de leurs destinations rêvées : Beyrouth pour Marion, Biarritz pour Ben. Sans programme précis et, comme ils vont vite le découvrir, avec des conceptions très différentes de ce que doivent être des vacances de rêve…
Il y a les comédies, françaises et autres – car ce serait stupide de considérer que seules les comédies hexagonales sont la plupart du temps ratées – qui semblent avoir été écrites par des adolescents, en style SMS, dans le simple but d’être tournées, sans aucun sens de la mise en scène, pour ensuite finir une seule semaine dans les salles de cinéma. On accueille donc à bras ouverts, non pas l’immonde long métrage de Philippe de Chauveron, mais ces Premières vacances, concoctées par Patrick Cassir et Camille Chamoux. Si le premier, venu du clip (Les Plasticines, Arielle Dombasle, Philippe Katerine, Camelia Jordana, Rose) et de la publicité signe ici son premier long métrage, la seconde a percé depuis quelques années avec ses one-woman-show, puis en apparaissant au cinéma dans Bye Bye Blondie de Virginie Despentes et dans Supercondriaque de Dany Boon. Mais ce sont Les Gazelles, film sorti en 2014 qu’elle co-écrit avec la réalisatrice Mona Achache, qui révèle son univers, son tempérament volcanique et son humour décalé. Après le succès de Larguées d’Eloïse Lang, la comédienne signe le scénario de Premières vacances avec son compagnon Patrick Cassir. Et c’est une belle réussite. Non seulement le film est drôle et bien écrit, mais il donne également matière à réflexion sur l’amour au XXIe siècle dans les grandes villes, tout en offrant à l’excellent Jonathan Cohen l’occasion de briller une fois de plus devant la caméra. Et n’oublions pas la participation de Camille Cottin, Jérémie Elkaïm, Caroline Anglade et d’autres qui campent des personnages satellites qui gravitent autour du noyau central de ce very bad trip qui n’oublie pas d’être romantique.
Marion et Ben font connaissance sur Tinder. Ils se donnent rendez-vous un soir sur le bassin de la Villette. Ils font connaissance. Malgré leurs caractères complètement opposés, le courant passe bien, à tel point qu’ils couchent finalement ensemble et décident de partir en vacances à deux, en dépit des doutes de leurs amis et de leurs familles. Les deux tourtereaux se rendront en Bulgarie, pays qui se situe à mi-chemin de leurs destinations initialement envisagées. Sur place, les caractères, désirs, phobies, doutes et sentiments se dévoilent réellement.
Premières vacances est une sorte de road-movie doux-amer, inspiré, joliment mis en scène avec des paysages étonnants – ceux de la Bulgarie – très peu vus au cinéma. Le rythme est maîtrisé, les répliques tordantes et le couple vedette en parfaite osmose. Camille Chamoux, véritable pile électrique est aussi plus sobre qu’à l’accoutumée, rien de péjoratif à dire cela puisque son personnage est ici plus « relax » que le personnage incarné par Jonathan Cohen. Ce dernier, l’une des plus belles révélations comiques de ces quinze dernières années à la télévision (Bref, Serge le Mytho) et au cinéma (Un plan parfait de Pascal Chaumeil, Budapest de Xavier Gens et dernièrement dans Amanda de Michaël Hers) explose enfin en tant que véritable tête d’affiche. Assurément l’un des acteurs français à suivre de près.
Sur une très belle photographie de Yannick Ressigeac, Premières vacances enchaîne les scènes comme on ferait défiler les pages d’un album de photos souvenirs, avec un rythme soutenu, des péripéties calibrées et bien senties, sans jamais oublier la réflexion qui se fraye un chemin, notamment quand le couple se rend dans un hôtel moderne où le confort social, et donc les vraies différences entre les deux individus, se révèlent et s’exacerbent. C’est donc une vraie bonne surprise que cette comédie, excellente, à placer sur le haut du panier du genre et qui s’avère déjà l’une des réussites de l’année 2019.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de Premières vacances, disponible chez Le Pacte, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.
Pour compléter le film, l’éditeur propose deux entretiens. Le premier avec le réalisateur Patrick Cassir et le second avec les comédiens Camille Chamoux et Jonathan Cohen. Nous retiendrons surtout l’intervention du metteur en scène et co-scénariste qui revient sur son parcours, la genèse du film, l’écriture du scénario avec sa compagne Camille Chamoux. Patrick Cassir explique avoir voulu filmer différemment celle qui partage sa vie. Les scènes improvisées (l’apéro-cul), les thèmes, le tournage en Bulgarie, le travail avec le chef opérateur, les volontés artistiques et partis pris sont également abordés.
Jonathan Cohen et Camille Chamoux reviennent pour ainsi dire sur les mêmes sujets avec enthousiasme et une évidente complicité.
L’interactivité se clôt
sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Le Pacte frôle la perfection avec le master HD de Premières vacances. Toutes les scènes se déroulant en extérieur impressionnent par leur rendu saisissant. Le piqué reste tranchant comme la lame d’un scalpel, les détails abondent sur le cadre large, la profondeur de champ est appréciable, les contrastes sont denses et la colorimétrie chatoyante. L’encodage AVC consolide l’ensemble, la luminosité ravit constamment les yeux. Un très bel écrin qui sied à ravir à l’élégante photo du chef opérateur Yannick Ressigeac.
Le spectacle est également assuré du point de vue acoustique grâce à un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 qui exploite toutes les enceintes dans leurs moindres recoins. La balance frontale est percutante, les effets nets et précis, les dialogues savamment délivrés sur le point central et les ambiances latérales constantes participent à l’immersion du spectateur. La musique bénéficie d’une belle spatialisation. N’oublions pas le caisson de basses qui tire habilement son épingle du jeu à de multiples reprises. La Stéréo est évidemment plus plate, mais ne démérite pas. L’éditeur joint également une piste audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.