Test Blu-ray / Comme un chien enragé, réalisé par James Foley

COMME UN CHIEN ENRAGÉ (At Close Range) réalisé par James Foley, disponible en DVD et Édition Prestige limitée – Blu-ray + DVD + goodies le 22 août 2018 chez Carlotta Films

Acteurs : Sean Penn, Christopher Walken, Mary Stuart Masterson, Crispin Glover, Tracey Walter, Chris Penn, Kiefer Sutherland, Millie Perkins, Eileen Ryan, R.D. Call, David Strathairn, J.C. Quinn, Candy Clark, Stephen Geoffreys…

Scénario : Nicholas Kazan

Photographie : Juan Ruiz Anchía

Musique : Patrick Leonard

Durée : 1h56

Année de sortie : 1986

LE FILM

Brad Jr. vient de quitter l’école et s’ennuie dans sa petite ville de Pennsylvanie. Il revoit son père, Brad Sr., qui a depuis longtemps quitté sa famille pour vivre en bande avec ses copains avec lesquels il a monté un gang de vols de véhicules. Brad Jr., de plus en plus admiratif, finit avec un groupe de copains par faire la même chose. Encouragé par les aînés, le jeune gang vole des tracteurs. Le drame éclate lorsque la police s’en mêle. Ce film est tiré d’un fait divers où un gang, en 1978, recruta des adolescents et les assassina froidement comme des témoins dangereux.

Tout juste âgé de 25 ans, Sean Penn est à un tournant de sa carrière. Après avoir débuté dans quelques teenage movies comme Ça chauffe au lycée Ridgemont, le jeune comédien va alors enchaîner trois films qui vont lancer définitivement sa carrière, Crackers de Louis Malle (1984), Le Jeu du faucon de John Schlesinger (1985) et surtout Comme un chien enragéAt Close Range, deuxième long métrage de James Foley. Si ce dernier n’a pas connu de succès à sa sortie dans les salles, surtout aux Etats-Unis, Comme un chien enragé va rapidement devenir un film culte grâce à son exploitation en VHS où il s’arrache des deux côtés de l’Atlantique.

Coécrit par Nicholas Kazan, fils de l’illustre Elia, l’oeuvre de James Foley possède ce parfum propre à Un Tramway nommé désir (1951), A l’est d’Eden (1955) et La Fièvre dans le sang (1961), la prestation et le charisme de Sean Penn n’étant pas sans rappeler ceux de Marlon Brando, James Dean et Warren Beatty. Les thèmes de l’héritage et de la filiation sont donc non seulement évidents à l’écran, mais aussi en dehors. Par ailleurs Comme un chien enragé, même si inspiré par un fait divers survenu en 1978 à Chester County dans la banlieue de Philadelphie, aurait tout aussi bien pu se passer dans les années 50 et être filmé en N&B ou en Technicolor. Brillant formaliste, James Foley convoque donc tout un pan du cinéma classique Hollywoodien et inscrit également son film dans la droite lignée du Nouvel Hollywood né au début des années 1970, doublé d’une esthétique moderne et représentative des années 1980. Oeuvre hybride et malgré certains éléments qui auraient pu sembler hétérogènes, Comme un chien enragé est pourtant une très grande réussite et l’un des plus grands films du cinéaste avec Glengarry (1992).

1978. Brad Whitewood vit dans une petite ville des Etats-Unis avec sa mère, sa grand-mère et son demi-frère Tommy. Au chômage et désœuvré, il passe son temps à regarder la télévision, boire de la bière, fumer des joints et traîner avec ses copains. Mais deux événements vont lui permettre de sortir de sa grisaille quotidienne. Tout d’abord, il tombe amoureux d’une jeune adolescente, Terry, puis il fait la connaissance de son père, Brad Sr., qu’il n’a pas vu depuis sa petite enfance. Ce dernier est un voleur professionnel à la tête d’une équipe expérimentée. Ses activités, qui s’étendent sur plusieurs états, lui permettent de vivre grassement, protégé par ses appuis dans la police. Lorsqu’une violente dispute oppose Brad au nouveau compagnon de sa mère, c’est tout naturellement auprès de ce père qui le fascine que le jeune homme va se réfugier. Il rencontre les autres membres de la bande et la compagne de son père et participe avec eux à des expéditions, initiant son frère à son tour ainsi que ses copains. Mais, après avoir assisté à l’assassinat d’un indicateur de la police par l’un des membres de la bande de son père, Brad se rend compte que ce dernier est un monstre cruel et immoral.

Si Sean Penn crève littéralement l’écran, ses partenaires ne sont pas en reste, en particulier Christopher Walken, dans un rôle envisagé pour Robert De Niro, capable de donner une véritable humanité à son personnage pourtant monstrueux, comme il l’avait déjà fait précédemment pour son rôle de bad guy dans le James Bond Dangereusement vôtre. En un clin d’oeil, on le voit passer d’une indéniable douceur et même d’un amour évident pour son fils, à une colère explosive et une violence impitoyable envers la personne qui se met sur son chemin. Brad Jr., sans repère, va se tourner vers son géniteur qui ne s’était alors jamais occupé de lui. C’est alors qu’il tombe amoureux de Terry, incarnée par la superbe et trop rare Mary Stuart Masterson (Beignets de tomates de vertes), celle par qui la rédemption sera envisageable. Mais malgré les avertissements de son père, Brad Jr. apprendra malheureusement trop tard qu’une fois plongé dans le crime, il est impossible d’en réchapper.

Comme un chien enragé est autant un thriller qu’un drame psychologique et familial, dont le final prend même une dimension quasi-shakespearienne. Merveilleusement interprété, y compris par Chris Penn et Eileen Ryan, le frère de Sean Penn et leur véritable mère, qui joue curieusement ici leur grand-mère, sans oublier les tronches des jeunes Crispin Glover et Kiefer Sutherland, Comme un chien enragé est justement animé par une fureur de vivre irriguée par un infini désir d’aimer et d’être aimé. Seul petit reproche que l’on pourrait faire au film, l’utilisation systématique de la musique qui a tendance à surligner l’émotion et qui sert principalement à annoncer le final chanté par Madonna avec son tube Live to Tell, avec parfois une approche clippesque. Mais ce bémol est finalement anecdotique, puisque le spectateur est sans cesse aspiré dans cette confrontation de sentiments fulgurants, le tout élégamment mis en scène par James Foley et magnifiquement photographié par le chef opérateur espagnol Juan Ruiz Anchía.

Beaucoup de séquences s’impriment définitivement dans les mémoires, force des grands classiques, ce qu’est indubitablement devenu Comme un chien enragé.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Comme un chien enragé a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, fixe et musical. Le film de James Foley est disponible en DVD, mais aussi et surtout en édition dite Prestige et limitée à 2000 exemplaires, comprenant le Blu-ray, le DVD, ainsi que le fac-similé du dossier de presse d’époque, l’affiche du film et 8 reproductions de photos d’exploitation d’époque.

En plus de la bande-annonce, Carlotta Films propose un formidable entretien avec le réalisateur James Foley (31’). Dans la première partie de son interview, le cinéaste aborde la genèse de Comme un chien enragé, projet amené par Sean Penn, que James Foley rencontre lorsque l’acteur passait des essais pour Reckless (1984), son premier film. Le casting est ensuite passé au peigne fin, tout comme les personnages et leur évolution, la méthode de jeu de Sean Penn et de Christopher Walken, la chanson de Madonna qui a contribué à la seconde vie du film après son échec dans les salles. Dans un deuxième temps, James Foley en vient à parler de sa carrière et de sa place au sein des studios hollywoodiens. Avec franchise (« il m’est arrivé de me disperser car vous devez prouver votre rentabilité »), le réalisateur indique que la série House of Cards lui a ouvert de nouvelles portes au cinéma (« comme si ce que j’avais fait avant n’avait jamais compté »), en se faisant notamment confier l’adaptation du second et du troisième volet de la saga Cinquante nuances. « Pour être attractif, il faut plaire sur le moment » dit-il plus ou moins pince-sans-rire. Deux succès commerciaux sur lesquels il indique « avoir dû se confronter aux faiblesses des romans » dont il avait parfaitement conscience. Deux films sur lesquels il ne pouvait pas s’exprimer personnellement, mais qui l’ont remis finalement en bonne position à Hollywood, où il espère pouvoir un jour mettre en scène son chef d’oeuvre, qu’il n’a pas encore réalisé selon lui.

L’Image et le son

Ce nouveau transfert Haute Définition permet de redécouvrir Comme un chien enragé sous toutes ses coutures, dans un master enfin digne de ce nom. Cette élévation HD offre à la colorimétrie un nouveau lifting et retrouve pour l’occasion une nouvelle vivacité, notamment sur les séquences diurnes. Si la gestion du grain demeure aléatoire et plus altérée sur les séquences sombres, y compris durant la première et la dernière bobine, au moins la patine argentique est respectée sans réduction de bruit, les détails (magnifique cadre large) et le piqué impressionnent avec un joli rendu des visages des comédiens, quelque peu rosés ceci dit, des contrastes solides et une clarté de mise. Notons quelques noirs qui tirent sensiblement sur le bleu, mais rien de rédhibitoire. Avec tout cela, on oublierait presque de mentionner la propreté de la copie. Si certains points et tâches ont échappé à la restauration, les poussières, scories, griffures et tâches en tous genres ont été éradiqués. Enfin une copie qui rend justice au film de James Foley, très prisé par les cinéphiles, dont l’attente est enfin récompensée.

La version originale DTS-HD Master Audio 2.0 donne un nouveau coffre à la partition de Patrick Leonard. Cependant, les voix restent parfois légèrement confinées et peinent à créer une dynamique digne de ce nom. Toutefois, cette version surpasse la piste française, proposée en 1.0, encore plus sourde et étriquée. Dans les deux cas, l’écoute est propre, aucun souffle n’est constaté. Mais au jeu des différences, la version anglaise s’avère plus aérée, naturelle et fluide. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © 1985 METRO-GOLDWYN-MAYER STUDIOS INC. Tous droits réservés. / Carlotta Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Brillantissime, réalisé par Michèle Laroque

BRILLANTISSIME réalisé par Michèle Laroque, disponible en DVD le 22 mai 2018 chez Studiocanal

Acteurs : Michèle Laroque, Kad Merad, Françoise Fabian, Gérard Darmon, Rossy de Palma, Pascal Elbé, Oriane Deschamps, Michaël Youn…

Scénario : Michèle Laroque, Lionel Dutemple, Benjamin Morgaine d’après la pièce My Brilliant Divorce de Geraldine Aron

Photographie : Kika Ungaro

Musique : Alex Beaupain

Durée : 1h26

Année de sortie : 2018

LE FILM

Angela pense avoir une vie idéale. Elle vit à Nice, dans un bel appartement, avec un beau mari et une charmante ado. Mais le soir de Noël, sa fille la laisse pour rejoindre son petit copain, son mari la quitte et sa meilleure amie préfère prendre des somnifères plutôt que de passer la soirée avec elle. Le choc ! Angela n’a plus d’autre choix que celui de se reconstruire… et ce n’est pas simple avec une mère tyrannique, une meilleure amie hystérique et un psy aux méthodes expérimentales.

Depuis plus de trente ans, Michèle Laroque fait partie du panorama télévisuel et cinématographique français. Remarquée à la fin des années 1980 dans l’émission culte de Guy Lux, La Classe, elle y fait la rencontre déterminante de Muriel Robin et de Pierre Palmade. Très vite, les propositions s’enchaînent au cinéma et au théâtre. On la croise aussi bien chez Patrice Leconte (Le Mari de la coiffeuse, Tango), que chez Gérard Jugnot (Une époque formidable…), Coline Serreau (La Crise), Claude Sautet (Nelly et Monsieur Arnaud), Gabriel Aghion (Pédale douce) et Francis Veber (Le Placard). Si le registre dramatique l’a déjà attiré, comme dans Passage à l’acte de Francis Girod ou Ma vie en rose d’Alain Berliner, la comédie française n’a de cesse de la rappeler, tandis que la comédienne cartonne au théâtre. En 2009, elle met elle-même en scène et interprète seule la pièce Mon brillantissime divorce de Geraldine Aron, grand succès au Théâtre du Palais-Royal. Plus discrète sur les écrans dans les années 2010, Michèle Laroque revient avec Brillantissime, l’adaptation cinématographique de la pièce précédemment citée, pour laquelle est créditée en tant que réalisatrice, coscénariste et évidemment actrice principale.

Financée en partie grâce au lancement d’une campagne participative (400.000 euros récoltés), alors que l’argent était au préalable destiné pour un film évoquant le terrorisme (avant les événements qui ont frappé la France en janvier et novembre 2015, puis en juillet 2016), Brillantissime n’a malheureusement de clinquant que son titre et ne parvient jamais à s’élever au-dessus du tout-venant de la comédie française, malgré toute la sympathie que l’on peut avoir pour la comédienne.

Pour son premier film en tant que réalisatrice, Michèle Laroque a voulu inviter ses potes, Kad Merad, qui lui avait aussi offert le rôle principal dans son premier long métrage Monsieur Papa (2011), Gérard Darmon, Pascal Elbé, sa propre fille Oriane Deschamps, Michaël Youn et bien sûr Pierre Palmade dans une petite apparition. Tout ce beau petit monde est réuni sous le ciel bleu de Nice, où est née et a grandi Michèle Laroque. D’emblée une voix-off envahissante qui renvoie à la pièce originale alourdit le récit. Michèle Laroque se démène comme à son habitude, campe un personnage atta-chiante et montre par la même occasion qu’elle est encore très sexy, mais ses partenaires sont malheureusement à la traîne. Pas une réplique de Kad Merad ne tombe juste et sa prestation devient même particulièrement gênante. Tout tourne évidemment autour d’Angela, plongée dans la crise de la cinquantaine, dont le charme pétillant va momentanément s’éteindre suite au départ de son mari, mais qui va renaître petit à petit grâce au soutien de ses amis, de sa fille et de son psy.

Bon, hormis quelques fautes de très mauvais goût, comme celle de convier quatre membres de la malheureuse Bande à Fifi ou bien encore un enterrement avec une chanson de Bénabar en fond, Michèle Larque assure le show comme elle le peut, avec l’énergie qui la caractérise souvent. Mais tout cela ressemble quand même à un trip pour flatter son propre ego, jusque dans l’affiche, l’actrice (qui chante, qui danse, qui fait du sport) est partout, de tous les plans ou sa voix souligne les (rares) scènes dans lesquelles elle n’apparaît pas. Ce n’est pas que le résultat soit « déshonorant », c’est juste que ce téléfilm de luxe, mis en musique par Alex Beaupain au passage, ne parvient jamais vraiment à capter l’attention et peine surtout à faire sourire en raison d’une écriture vraiment trop pauvre qui s’apparente surtout à un enchaînement de sketches trop inégaux. Au suivant.

LE DVD

En dépit de son relatif succès dans les salles avec plus de 600.000 entrées, Brillantissime n’est disponible qu’en DVD chez Studiocanal. Le menu principal est fixe et musical.

Si vous êtes devenus allergiques à la chanson La Vie au ras du sol pendant le film, alors évitez les suppléments puisqu’elle est tout simplement partout, à l’exception des scènes coupées (7’). Ces « morceaux » de séquences plutôt, semblent avoir été laissés sur le banc de montage pour des questions de rythme. Nous retiendrons quand même une scène de méditation durant laquelle le personnage de Kad Merad essaye de se rincer l’oeil pendant qu’Angela essaye de se relaxer.

Trois versions différentes de la chanson signée Alex Beaupain et interprétée par Michèle Laroque et Oriane Deschamps sont ensuite proposées ! Un clip version pop (3’), un autre version acoustique (2’30) et un dernier version « Coprods » (3’30) qui compile les images des participants au crowdfunding.

Outre un bêtisier (5’) peu drôle, l’éditeur joint également un module réalisé dans le but de lancer la campagne participative (15’) durant laquelle Michèle Laroque se filme en compagnie de ses amis les stars de la chanson, du football…

L’Image et le son

Nous ne sommes pas en présence d’une édition HD mais le résultat est très appréciable et ce DVD de Brillantissime s’avère lumineux. Le piqué est acéré, les couleurs chatoyantes, le relief est indéniable et les contrastes affichent une belle densité. N’oublions pas la profondeur des noirs, l’aspect clinquant de l’ensemble et le rendu des matières qui demeure assez bluffant. Quelques baisses de la définition, mais rien d’important.

La spatialisation profite surtout à la bande originale du film. Les voix sont nerveuses sur la centrale, les ambiances naturelles ne manquent pas et l’ensemble demeure suffisamment dynamique. Le mixage stéréo se révèle également riche même si les effets latéraux manquent évidemment à l’appel. L’éditeur joint une piste Audiodescription ainsi que des sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Céline Brachet / Nolita Cinéma / Studiocanal Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Stars 80, la suite, réalisé par Thomas Langmann

STARS 80, LA SUITE réalisé par Thomas Langmann, disponible en DVD et Blu-ray le 1er août 2018 chez Wild Side Video

Acteurs : Richard Anconina, Patrick Timsit, Bruno Lochet, Lio, Jean-Marc Généreux, Jean-Luc Lahaye, Jeanne Mas, Gilbert Montagné, Sabrina…

Scénario : Thomas Langmann

Photographie : Éric Guichard

Musique : Marc Chouarain

Durée : 1h52

Année de sortie : 2017

LE FILM

Vincent et Antoine, fatigués des tournées qui rencontrent un grand succès depuis quatre ans, décident de partir en vacances avec toute la troupe Stars 80. Mais ils découvrent que leur comptable, Maurice, s’est tiré avec la caisse et qu’ils sont ruinés et menacés de dépôt de bilan. Afin de régulariser la situation, ils vont organiser le concert du siècle au Stade de France avec les plus grandes stars.

Thomas Langmann a eu le nez fin avec Stars 80. Du moins autant qu’il le pouvait s’il ne l’avait pas obstrué par la coke. En réunissant devant la caméra et dans leur propre rôle les chanteurs Début de Soirée, Desireless, Cookie Dingler, François Feldman, Emile et Images, Patrick Hernandez, Jean-Luc Lahaye, Léopold Nord & Vous, Lio, Jean-Pierre Mader, Jeanne Mas, Gilbert Montagné, Peter et Sloane, Sabrina, Jean Schultheis, et même l’animateur Marc Toesca, autour de Richard Anconina et Patrick Timsit, cette « comédie-musicale populaire » aura attiré près de deux millions de spectateurs en 2012 et cartonné lors de sa diffusion sur TF1. Production de 20 millions d’euros, le film aura surtout servi de bande-annonce de luxe pour la tournée du même nom. Autant dire que Thomas Langmann n’allait pas en rester là.

Alors qu’on se doute bien que Frédéric Forestier, co-réalisateur sur le premier opus (ainsi que sur Le Boulet et le navrant/bling-bling Astérix aux Jeux Olympiques), tenait essentiellement la barre (technique) de l’entreprise, Langmann a cette fois décidé de faire cavalier seul. Tant mieux, car le résultat est absolument catastrophique et l’entière responsabilité de cet échec (copyright Lionel J.) est entièrement imputable à son « auteur » et « metteur en scène ». Tandis que Stars 80 faisait office de jukebox et de karaoké en misant sur la nostalgie des années 80, cette suite parvient à repousser les limites de la connerie, de la laideur et devrait même être étudiée dans les écoles de cinéma pour apprendre aux étudiants ce qu’il ne faut pas faire.

Thomas Langmann jette de la poudre aux yeux, pendant ce temps il évite ainsi de s’en mettre ailleurs, filme le vide intersidéral, en se foutant complètement du montage (exécrable), de la narration ou de la direction d’acteurs. Certes, les chanteurs sont quasi-tous mauvais, ce n’est pas leur boulot de jouer la comédie, mais ils parviennent tous à être à côté de la plaque. Thomas Langmann ne s’encombre pas de scénario, faut quand même pas déconner. Il reprend ainsi le canevas du premier opus, change deux ou trois choses, ou plutôt deux ou trois chansons, histoire de faire passer la pilule. D’ailleurs, il semble que tout le budget ait été englouti dans les droits des chansons, plus internationales (Kool & the Gang, Elton John, Frankie Goes to Hollywood) avec même une escapade à Los Angeles et Las Vegas, afin de donner au film un cachet plus « confortable » que le premier.

Mais la grande arnaque du film vient surtout du concept lui-même. Comme la plupart des protagonistes de Stars 80 ont déjà interprété leur principal tube dans le précédent, ils se retrouvent ici à chanter des chansons d’autres interprètes autour d’un piano, ou à voir leurs « performances » sur scène transformées en montage-séquence sur une musique, en l’occurrence le Love Theme de Flashdance de Giorgio Moroder ! Ajoutez à cela des séquences qui s’enchaînent à la truelle, des plans de réaction sur les protagonistes qui passent 1h50 à sourire à s’en décrocher la mâchoire ou à baisser les yeux quand ils sont tristes, un Anconina au bord de la syncope (quelle tristesse), un Timsit qui espère qu’on ne lui en voudra pas. Sans oublier un épisode interminable à Courchevel où l’équipe nous refait Les Bronzés font du ski dans la poudreuse (mais arrêtez avec Langmann !!!), un Gilbert Montagné obligé de faire des blagues sur sa cécité, Jean-Luc Lahaye qui se caresse l’entrejambe en regardant des demoiselles qui s’évanouissent devant lui, Jean Schultheis qui se recoiffe, Phil Barney (qui remplace François Feldman) moulé dans un pull de Noël. C’est apocalyptique, comme une relecture de Freaks où les créatures liftées, aux dents blanchies et emperruquées qui ont leur moment de gloire il y a plus de trente ans seraient exposées à la vue de tous comme en leur temps la femme à barbe ou l’homme tronc. C’est même difficile d’en parler tant ce cirque Barnum est hideux.

La participation du danseur et chorégraphe québécois Jean-Marc Généreux devrait relancer le débat sur l’euthanasie, celle de Sabrina permet à Langmann de plagier les Blues Brothers (comme le premier épisode quoi) et Sister Act en une seule séquence sur fond de I’m so Excited des Pointer Sisters, Chico & les Gypsies ont vu de la lumière et ont installé leurs caravanes sur le plateau. En fait, plus le film avance, plus il devient catastrophique avec une technique qui s’effondre de tous les côtés. Jusqu’au final voulu larmoyant, qui convoque LA star que personne ne s’attendait, sans doute pas l’intéressé lui-même, puisqu’il s’agit de Renaud. Filmé sur fond vert, entouré de gamins habillés comme lui, le chanteur essaye d’entonner Mistral Gagnant, comme s’il était lui-même gêné de se retrouver dans toute cette boue. Le bouzin se termine alors avec sa voix défaillante « Meeerci Stars 80 ! », puis image figée sur le cast principal qui fait la tronche, fondu en noir, générique, karaoké.

Stars 80, la suite est un vrai film expérimental. Seul sur le pont, Thomas Langmann se noie en emportant avec lui tout son équipage. Un bon retour de boomerang dans la tronche qui s’est soldé par un échec cuisant dans les salles cette fois.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Stars 80, la suite, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur Celebration de Kool & The Gang.

Alors…évoquons rapidement les éléments les plus courts, à savoir une bande-annonce, le karaoké du film (6’) et l’avant-première à la Rochelle (2’30) où les stars déambulent sur le tapis rouge.

Deux scènes coupées (3’30), aussi pathétiques que ce qui a été gardé au montage final et dont on se demande pourquoi elles ont donc été écartées, sont également disponibles. Dans la première, Richard Anconina se reçoit un seau d’eau sur la tronche (rires), tandis que dans la seconde, Peter et Sloane se prennent la tête dans la piscine (bis).

L’éditeur joint également six featurettes promotionnelles (de 3 minutes chacune en moyenne) centrées sur les propos de l’équipe (« on est tous des potes », « on est une famille », « Thomas Langmann est le meilleur réalisateur », « Y’avait toujours de la farine sur le plan de travail du metteur en scène ») et l’ambiance du tournage. Un des modules fait de la pub pour une jeune comédienne, qui interprète une serveuse se joignant à la troupe le temps d’une chanson.

L’Image et le son

Ce master HD de Stars 80, la suite en met plein la vue. La photo du chef opérateur Eric Guichard (L’Ecole buissonnière), fait la part belle aux couleurs clinquantes et aux paillettes magnifiquement restitués grâce au Blu-ray. La définition pimpante offre un piqué sans cesse aiguisé, des contrastes léchés, des noirs denses, une luminosité de tous les instants et une profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan du cadre large, le relief ne cesse d’étonner. En un mot, resplendissant.

Cette fausse comédie-musicale à la française vous donne l’occasion de transformer votre installation sonore en véritable jukebox des années 80. Le mixage DTS-HD Master Audio 7.1 (oui oui) ne se fait pas prier avec les basses. La balance frontale est riche et exemplaire, les dialogues solidement plantés sur la centrale et les latérales ne cessent d’exsuder leurs effets et ambiances. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mika Cotellon / Wild Side Video / Sandrine Gomez / Alain Guizard Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Acts of Violence, réalisé par Brett Donowho

ACTS OF VIOLENCE réalisé par Brett Donowho, disponible en DVD et Blu-ray le 24 avril 2018 chez Studiocanal

Acteurs : Bruce Willis, Cole Hauser, Shawn Ashmore, Ashton Holmes, Melissa Bolona, Sean Brosnan, Sophia Bush, Mike Epps

Scénario : Nicolas Aaron Mezzanatto

Photographie : Edd Lukas

Musique : James T. Sale

Durée : 1h26

Année de sortie : 2018

LE FILM

Mia, la fiancée de Roman MacGregor est enlevée par des trafiquants d’êtres humains. Dès lors, Roman et ses frères Brandon et Deklan n’ont qu’une idée en tête : la retrouver saine et sauve. Ils sont aidés dans leur quête par Avery, le policier en charge de l’affaire. Derrière cet enlèvement se cache Maxwell Livingston, un businessman véreux qui, sous couvert de ses activités, développe un réseau de proxénétisme forcé. Le temps est compté. Réussiront-ils à sauver Mia ?

Au fait, il va comment Bruce Willis ? Parce-qu’en dehors de Death Wish, on ne peut pas dire qu’on l’ait vu beaucoup au cinéma ces dernières années ! Pourtant, à 63 ans, le comédien tourne – presque – autant qu’un Nicolas Cage et ses derniers films sont arrivés directement dans les bacs ou en VOD en France. En dehors d’un caméo dans Split (et pour cause) de M. Night Shyamalan et du remake d’Un justicier dans la ville d’Eli Roth susmentionné, sa dernière véritable apparition sur le grand écran remonte à Sin City : J’ai tué pour elle de Frank Miller et Robert Rodriguez. Depuis, Bruce Willis enchaîne les séries B et Z comme des perles sur un collier dans des œuvres aux titres inconnus, Sans compromis, Fire with Fire : Vengeance par le feu, The Prince, Vice, Extraction, Braqueurs, Precious Cargo, Marauders, First Kill, L.A. Rush, en affichant sur les visuels la même moue et les yeux plissés. Parfois, l’acteur semble se souvenir de son métier et qu’il peut être très bon – on croise les doigts pour Glass –  quand il s’en donne la peine. Mais ce n’est pas le cas pour Acts of Violence, dans lequel il ne fait d’ailleurs qu’une banale apparition.

Minuscule production, le film réalisé par un dénommé Brett Donowho, venu du film d’horreur, a été tourné en une quinzaine de jours. De son côté, l’ami Bruce aura emballé ses scènes en une seule journée. Vous voyez le genre. La morale du film est souvent douteuse, puisqu’on y célèbre d’anciens soldats médaillés et élevés en héros après avoir fait l’Afghanistan, qui n’hésitent pas à prendre la pétoire afin de faire justice eux-mêmes, dans le but de retrouver leur amie, petite sœur et fiancée. Quant à Bruce Willis, son apparition en pointillés ne trompe pas sur son aller-retour sur le plateau. En dehors d’une scène d’affrontement dans un entrepôt au début du film, le comédien ne fait rien le reste du temps. Il regarde (en s’endormant) un tableau sur lequel sont affichés les lieux de disparition de jeunes femmes (en gros toute la ville a été ratissée, bonjour les forces de l’ordre), il boit son mauvais alcool frelaté acheté au Proxy du coin de la rue, il engueule (en murmurant) les anciens soldats en leur disant que ce qu’ils font n’est pas correct (même s’il pense le contraire), puis le metteur en scène lui laisse le dernier mot de l’histoire. Autrement, Acts of Violence n’a absolument rien d’original et serait tombé dans le fond d’un catalogue s’il n’y avait pas la trogne de mister Willis mis au centre de la jaquette de ce DTV.

Les acteurs Ashton Holmes, Cole Hauser et Shawn Ashmore sont les véritables héros de cette (mauvaise) histoire. Patriotes, d’ailleurs ils semblent galvanisés par le score héroïque du film, ils ne réfléchissent pas longtemps pour sortir leur arsenal qui prenait la poussière sous leur lit et faire le boulot que la police semble peu décidé à réaliser. Si le film est court (1h25), le mauvais montage, l’absence de rebondissements, l’interprétation quelque peu neurasthénique et surtout le gros manque d’intérêt de l’ensemble a rapidement raison de notre patience. Malin, le réalisateur espère sortir le spectateur de sa léthargie en balançant une scène avec Bruce Willis, qui ne sert tout bonnement à rien, en espérant que l’audience pense qu’il va enfin se décider à passer à l’action. Ce qui n’arrivera jamais. Finalement, ce sont surtout les rôles féminins qui s’en sortent le mieux avec Sophia Bush (Brooke de la série Les Frères Scott) et Melissa Bona, vue dernièrement dans l’inénarrable Hurricane de Rob Cohen.

Mais non, Acts of Violence ne propose rien et ne se donne même pas la peine de se donner un genre pour faire croire le contraire. Dialogues ineptes, scénario basique, neutre, mise en scène transparente, du cinéma jetable qui ne se recycle même pas.

LE DVD

Le DVD et le Blu-ray d’Acts of Violence sont disponibles chez Studiocanal. Evidemment, Bruce Willis est mis au centre du visuel pour attirer le chaland, même si son nom n’apparaît qu’en second. Le menu principal est fixe et musical.

Aucun supplément sur cette édition que l’on peut qualifier de sortie technique.

L’Image et le son

Nous n’avons pas eu l’édition HD entre les mains, mais heureusement la qualité de ce DVD est là. Les couleurs alternent à la fois le chaud et le froid, le piqué est suffisamment affûté, la clarté de mise et les contrastes élégants. En revanche les détails manquent parfois à l’appel et la définition baisse sur certaines séquences nocturnes ou se déroulant en intérieur.

Vous pouvez compter sur les mixages Dolby Digital 5.1 anglais et français pour vous plonger délicatement mais sûrement dans l’ambiance du film, bien que l’action demeure souvent réduite. La bande originale est la mieux lotie. Toutes les enceintes sont exploitées, les voix sont très imposantes sur la centrale et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent quelques effets naturels. Le caisson de basses se mêle également à la partie. Notons que la version originale l’emporte sur la piste française, se révèle plus naturelle et homogène, y compris du point de vue de la spatialisation musicale.

Crédits images : © Georgia Film Fund 54 / Brian Douglas Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Évasion 2 : Le Labyrinthe d’Hadès, réalisé par Steven C. Miller

EVASION 2 : LE LABYRINTHE D’HADES (Escape Plan 2: Hades) réalisé par Steven C. Miller, disponible en DVD et Blu-ray le 20 août 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Sylvester Stallone, Dave Bautista, Xiaoming Huang, Jesse Metcalfe, 50 Cent, Wes Chatham, Chen Tang, Titus Welliver

Scénario : Miles Chapman

Photographie : Brandon Cox

Musique : The Newton Brothers

Durée : 1h36

Année de sortie : 2018

LE FILM

Ray Breslin, le spécialiste des systèmes de sécurité inviolables a désormais monté sa propre équipe d’experts en protection. Un de ses associés est kidnappé par une mystérieuse organisation et envoyé dans une prison secrète High-Tech, HADES où d’autres maîtres de l’évasion sont également enfermés. Ray décide de lui porter secours mais le défi est d’autant plus grand que cette fois-ci, avant de sortir de la forteresse inviolable, il faudra réussir à la pénétrer.

En 2013, sort sur les écrans ÉvasionEscape Plan. En dehors de quelques clins d’oeil dans Jumeaux, Last Action Hero, Demolition Man et les apparitions de l’ancien gouverneur de Californie dans les deux premiers Expendables, Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger n’avaient jamais tenu le haut de l’affiche ensemble, malgré de nombreux projets envisagés. Après trente ans d’attente, c’était donc la grande attraction d’Évasion, réalisé par le cinéaste suédois Mikael Håfström, metteur en scène de Chambre 1408 et Le Rite. S’il est vrai que nous attendions beaucoup plus de cette confrontation, Évasion était un savoureux divertissement, qui privilégiait la matière grise et les dialogues au détriment de l’action. Du moins durant les 90 premières minutes, essentiellement marquées par des bastons entre les prisonniers en guise de scènes agitées. Il fallait alors attendre le dernier tiers pour que les deux anciens rivaux et poids lourds du film d’action des années 1980-1990 se réveillent quelque peu et prennent la pétoire.

24 ans après le génial Haute sécurité de John Flynn, Sylvester Stallone retournait ainsi derrière les barreaux. Mais dans Évasion, il s’agissait de son job puisqu’il incarnait un expert dans l’art de s’évader, quitte à rester enfermer quelques semaines voire quelques mois afin de démontrer les failles dans la technologie sécuritaire mise en place dans diverses prisons. Jusqu’au jour où il se retrouve plongé dans une sorte de Guantanamo du futur. De son côté, Arnold Schwarzenegger interprétait un détenu prêt à l’aider dans sa nouvelle tentative d’évasion… ce qui lui permettrait également d’aller respirer le bon air. On sentait un véritable plaisir contagieux des deux acteurs bodybuildés à se donner la réplique. La trame en elle-même n’était pas très originale et lorgnait souvent du côté de Volte/Face de John Woo et son intrigue autour de la prison high-tech. La tension était maintenue, quelques punchlines faisaient gentiment leur effet, Jim Caviezel incarnait parfaitement le directeur de prison sadique. Évasion n’était pas un grand film et n’avait d’ailleurs pas la prétention de l’être. Il s’agissait surtout de faire plaisir aux millions de fans des deux stars. Alors si le choc des titans annoncé ne s’avérait pas aussi explosif que prévu, l’alchimie était là, la nostalgie et donc notre adhésion aussi. Alors…pourquoi Évasion 2 ?

Tout simplement parce que le marché chinois avait largement contribué à faire du premier volet un succès commercial. Doté d’un budget confortable de 70 millions de dollars, Évasion avait remporté près du double grâce au marché international avec près de 115 millions de dollars, alors que le film plafonnait à 25 millions sur le sol américain. Ce n’est pas une suite, mais deux nouveaux épisodes qui ont été annoncés. Exit Arnold Schwarzenegger, tandis que Sly reprend son rôle de Ray Breslin. Cependant, Évasion 2 ou Escape Plan 2: Hades, se révèle être une suite opportuniste puisque Sylvester Stallone apparaît surtout en tant que guest-star de luxe, tout comme Dave Bautista. Ce dernier, pratiquant de combat libre et catcheur américain, plus connu pour son rôle de Drax dans Les Gardiens de la Galaxie, ne fait quasiment rien du film, se contente de taper à l’ordinateur et se décide enfin à flinguer des sbires dans la dernière scène. Non, la star est surtout ici le comédien chinois Huang Xiaoming, vu dans The Crossing de John Woo. Puisque tout le projet a été conçu en visant essentiellement le marché chinois, Évasion 2 apparaît un peu, voire beaucoup, comme une arnaque puisque le matériel publicitaire est centré sur Sylvester Stallone et Dave Bautista.

Mikael Håfström n’a pas été rappelé derrière la caméra. Il est remplacé ici par Steven C. Miller, habitué des séries B qui tâchent, comme dernièrement Arsenal dans lequel Nicolas Cage jouait un rôle de caïd complètement azimuté. Le réalisateur est habitué à avoir des pointures dans ses délires comme Ray Wise dans The Aggression Scale, Malcolm McDowell dans Silent Night et même Bruce Willis dans trois films, Extraction, First Kill et Marauders. Pour Évasion 2, Steven C. Miller a voulu se faire plaisir et rendre hommage à Ridley Scott, en s’inspirant de l’univers visuel d’Alien et de Blade Runner. Bon cela partait d’un bon sentiment, mais le metteur en scène n’est pas aidé par un budget très limité, un scénario anémique, un casting d’endives, une musique bourrin, un montage haché, des effets spéciaux rudimentaires et…on continue ?

Des années après s’être échappé d’une prison high-tech surnommée « La tombe », Ray Breslin dirige désormais une équipe d’élites spécialisée pour faire sortir les gens des prisons les plus impénétrables du monde. Quand son meilleur agent, Shu Ren, est emprisonné dans un labyrinthe techno-terroriste informatisé connu sous le nom d’Hadès, où les prisonniers se battent dans des luttes mortelles, Breslin décide de s’incarcérer à l’intérieur de cette prison révolutionnaire pour le sauver.

Voilà pour le pitch. Alors oui Sly est là. Désormais septuagénaire avec des sourcils en forme de guillemets et des cheveux Playmobil, il incarne désormais la force tranquille, le sage taillé comme une armoire à glace. On attend donc patiemment qu’il donne du poing ici. Son apparition est épisodique pendant une heure, durant laquelle on entend principalement sa voix quand Shu tente de se rappeler chaque leçon que Breslin lui a inculquée en cas d’emprisonnement. Comme si Sly révisait sa liste de courses avant d’aller chez Mr Bricolage. Quand mister Stallone prend un flingue ou quand il déploie ses directs du droit, pas de doute, il reste bad-ass à fond et un monstre de charisme. Dave Bautista en revanche, qui a bien du mal à déplacer sa carcasse, fait la grimace et attend que ça se passe. Le reste du casting, en dehors de Huang Xiaoming convoque des tronches cassées (Curtis « 50 Cent » Jackson) et des comédiens lisses (Jesse Metcalfe, Wes Chatham).

Steven C. Miller fait donc son maximum avec les moyens du bord. Si la photo possède effectivement quelques qualités et que le cadre large capture assez bien la trogne de notre bon vieux Sly, Évasion 2 : Le Labyrinthe d’Hadès (son vrai titre) déçoit évidemment à plus d’un titre et peine sérieusement à divertir, d’autant plus qu’il n’y a ici aucun humour, sauf involontaire. Ou comment glisser doucement de la série B assumée à la série Z…Le syndrome Fortress et Fortress 2 : Réincarcération. Malgré le demi-million d’entrées d’Évasion en France, cette suite ne connaîtra pas de sorties dans nos salles et débarque en DVD et Blu-ray. Le tournage d’Évasion 3, annoncé à la fin du second volet dans un fin ouverte, est déjà terminé depuis bientôt un an. Stallone sera donc de retour une dernière fois dans le rôle (qu’on espère cette fois plus conséquent) de Ray Breslin et a retrouvé pour l’occasion John Herzfeld, qui l’avait dirigé en 2014 dans Bad Luck (Reach Me). Mais nous en parlerons lors de sa (probable) sortie immédiate dans les bacs.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Évasion 2, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est cheap, très légèrement animé et musical. La jaquette n’est pas mieux lotie…

Le making de 10 minutes présent en début de section se focalise essentiellement sur la présentation de l’histoire et des personnages par les comédiens, le réalisateur et le chef opérateur. Stallone n’est visible que quelques secondes sur le plateau, d’ailleurs il n’a pas dû rester bien longtemps, tandis que le metteur en scène Steven C. Miller tente de vendre son beurre comme il le peut. Quelques images de tournage, des propos ronflants (« Amazing », « Terrific », « Great », « The best ») et le tour est joué.

Un autre module (3’30) se concentre sur l’esthétique du film avec les mêmes intervenants, auxquels s’ajoute la chef décoratrice Niko Vilaivongs. Chacun y va de son petit mot sur les partis pris et les intentions du réalisateur, qui a voulu rendre hommage au cinéma de Ridley Scott, notamment Blade Runner. Arrêtez de rire !

Le dernier supplément (4’) est consacré au robot, que l’on aperçoit à peine dans Évasion 2. Place aux créateurs des effets visuels qui expliquent pourquoi ils ont voulu limiter les images de synthèse au profit d’un véritable robot articulé.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Le master HD (1080p) d’Évasion 2 restitue habilement les volontés artistiques du chef opérateur Brandon Cox (Arsenal, Bus 657) en conservant un très léger grain, des couleurs à la fois chaudes et froides, des contrastes léchés ainsi qu’un relief constamment palpable. La compression AVC consolide l’ensemble, les détails sont légion sur le cadre large et les visages des comédiens, le piqué est aiguisé, les noirs denses et la copie éclatante. Les très nombreuses séquences sombres jouissent également d’une belle définition, même si les détails se perdent quelque peu.

Honnêtement, il serait difficile voire impossible de faire mieux. Non pas qu’Évasion 2 regorge de scènes d’action pendant 1h35, mais toutes les séquences, y compris les nombreux échanges entre les personnages, sont constamment mises en valeur par des effets et ambiances puissantes, mettant à contribution chaque parcelle de votre installation acoustique (sans oublier le caisson de basses), dès l’apparition du cheval ailé Metropolitan. En anglais comme en français (avec le doublage d’Alain Dorval), les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 créent une immersion constante, dynamique et souvent fracassante, avec un net avantage pour la version originale. Chaque coup de feu, chaque baston est prétexte à une déferlante frontale et latérale.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / La Secte, réalisé par Michele Soavi

LA SECTE (La Setta) réalisé par Michele Soavi, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs : Kelly Curtis, Herbert Lom, Mariangela Giordano, Michel Adatte, Carla Cassola, Angelika Maria Boeck, Giovanni Lombardo Radice, Niels Gullov, Tomas Arana, Dario Casalini, Paolo Pranzo, Yasmine Ussani, Erica Sinisi

Scénario : Michele Soavi, Dario Argento, Gianni Romoli

Photographie : Raffaele Mertes

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h57

Année de sortie : 1991

LE FILM

1970, Californie. Une communauté hippie est massacrée par Damon et les membres de sa secte. Vingt-et-un ans plus tard, Francfort. Tandis que des crimes rituels attribués à la secte des Sans-Visage ponctuent l’actualité, Miriam Kreisl, jeune institutrice, manque de renverser un vieillard au comportement étrange. S’il refuse de se faire soigner, il accepte en revanche de se reposer quelques heures chez elle. Curieusement, Moebius semble connaître la maison et fait part à Miriam d’une mystérieuse destinée. Bientôt, des faits étranges et sanglants se produisent dans l’entourage de la jeune femme.

Auréolé du succès de Sanctuaire, son second long métrage, le réalisateur Michele Soavi s’associe à nouveau deux ans plus tard avec le producteur Dario Argento. Ce dernier cosigne également le scénario avec le metteur en scène, mais aussi Gianni Romoli, futur auteur de la mini-série culte La Caverne de la Rose d’or. Ecrit durant la période « ésotérique » du cinéaste, La SecteLa Setta manque cruellement de rythme et les années ne lui ont pas été profitables. Pourtant, Michele Soavi ne manque pas d’imagination, son style visuel est souvent percutant et l’interprétation est solide, mais le récit est à la traîne en raison d’un intérêt relatif.

1970, Californie. Une communauté hippie accueille dans son camp un voyageur, Damon, sans se douter qu’il est un fanatique. La nuit tombée, ce dernier, accompagné d’autres membres de sa secte, la massacre entièrement. 1991, Francfort. L’actualité allemande est ponctuée de crimes rituels sataniques. Un homme, Martin Romero, traque une femme, Mary Crane, dans les rues de la ville avant de l’assassiner chez elle. Face à la police, avant qu’il ne se suicide, il affirme qu’il était obligé de la tuer. Pendant ce temps, une institutrice, Miriam Kreisl, renverse un vieillard, Moebius Kelly, en voiture. Sans se douter de lui, qui refuse de se faire soigner à l’hôpital, elle accepte de l’accueillir chez elle pour le soigner. Le vieil homme étrange semble reconnaître sa maison et fait part à Miriam d’une étrange destinée. Alors qu’elle dort, il lâche un scarabée sur son corps et l’insecte pénètre son nez. Réveillée par un cauchemar, elle trouve Moebius en train de suffoquer.

La Secte est un film fourre-tout. La ravissante Kelly Curtis, tout aussi sexy que sa sœur de Jamie Lee, doit affronter un scarabée, un lapin qui zappe à la télé, un suaire maléfique, des arracheurs de visages, un docteur amoureux, le tout sur une musique au synthé de Pino Donaggio. Comme s’ils étaient eux-mêmes conscients que le genre arrivait à sa fin, ce qui sera alors le cas avec Dellamorte Dellamore, le film suivant de Michele Soavi, les auteurs peinent à se renouveler et donc décident de créer le chaos dans la vie jusqu’alors calme et bien réglée d’une simple institutrice, qui comme dans Rosemary’s Baby se retrouve à devoir enfanter l’Antéchrist.

Le premier acte est interminable. Les scènes s’étirent en longueur, les séquences s’enchaînent à la va-comme-je-te-pousse et la photo de Raffaele Mertes n’est guère enthousiasmante. Arrive alors Kelly Curtis, certes moins célèbre que son illustre sœur, mais qui n’en possède pas moins une belle présence face à la caméra et dont la ressemblance parfois troublante avec sa cadette rappelle parfois Laurie Strode en prise avec Michael Myers. Heureusement, La Secte va en s’améliorant. Le deuxième acte, celui où bascule l’histoire contient son lot d’émotions fortes, notamment tout ce qui concerne le puits et le suaire qui étouffe ses victimes. Divers effets gores font leur effet, surtout celui du rituel consistant à arracher le visage d’une femme innocente à l’aide de crochets « sacrés », pour ensuite le greffer sur celui du grand gourou (qui ne s’appelle pas Skippy) interprété par Herbert Lom (la franchise La Panthère Rose) et le ramener ainsi à la vie.

Michele Soavi se lâche alors dans un dernier acte beaucoup plus intéressant. Le rythme s’emballe, tout comme la mise en scène. Les angles improbables se suivent pour refléter la folie dans laquelle se retrouve plongée Miriam, le chef opérateur s’amuse avec les filtres et les spots de couleurs, l’oeuvre de Roman Polanski plane tout du long sur le final, à l’instar du récent Mother ! de Darren Aronofsky qui se révèle finalement plus proche, jusque dans son dénouement, de La Secte que de Rosemary’s Baby. C’est donc un résultat en demi-teinte pour La Secte, surtout après la grande réussite de Sanctuaire, pris entre un délire visuel et pictural inspiré et une histoire de satanisme peu convaincante.

LE BLU-RAY

La Secte est disponible dans les bacs grâce aux bons soins de ce cher Chat qui fume. Un sublime combo Blu-ray/DVD, trois disques, un Digipack trois volets quadri avec un étui cartonné du plus bel effet et au visuel intrigant. Les menus principaux sont animés sur la musique du film.

Attention, nous disposons ici d’encore plus de suppléments que pour Sanctuaire ! Près de 2h30 de bonus qui font de cette édition l’une des plus complètes de l’éditeur à ce jour.

La première partie de l’entretien avec Michele Soavi (20’) reprend les mêmes propos que celui disponible sur l’édition de Sanctuaire. Le réalisateur se remémore sa rencontre Dario Argento, dont le cinéma lui a donné la passion pour le genre quand il avait 12 ans. Le destin a finalement réuni les deux hommes qui sont rapidement devenus amis, jusqu’à ce que Dario Argento lui propose d’être son assistant sur Ténèbres (1982). Ce dernier a ensuite produit son second long métrage en tant que metteur en scène, Sanctuaire. Michele Soavi en vient ensuite plus précisément sur La Secte. La genèse (une adaptation avortée du Golem de Gustav Meyrink), les conditions des prises de vues (Soavi a tourné lui-même 90 % du film en tant que caméraman), ses inspirations (la culture celte, l’ésotérisme, Rosemary’s Baby, The Wicker Man), le casting, les symboles (l’eau notamment), la bande originale et l’accueil (frileux) du public. Michele Soavi clôt cet entretien sur une note nostalgique, en se remémorant l’époque où il était alors totalement libre derrière la caméra.

Comme pour Michele Soavi, l’intervention du chef décorateur Massimo Antonello Geleng démarre de la même façon que pour celle de Sanctuaire (23’). Après avoir évoqué sa rencontre avec le réalisateur, notre interlocuteur aborde son travail sur La Secte, un film réalisé dans de meilleures conditions que pour Sanctuaire et à 70 % dans des studios italiens. Le focus est surtout fait sur les séquences du puits, mais Massimo Antonello Geleng parle également du casting et du travail de Michele Soavi. Cet entretien se termine également sur la même conclusion que pour Sanctuaire.

Place au comédien Giovanni Lombardo Radice, qui interprète Martin Romero dans La Secte (12’). Ce n’est pas une surprise, cette interview reprend également certains propos entendus pour Sanctuaire. L’acteur revient surtout sur son amitié avec Michele Soavi, sur Dario Argento à la production, sur le fait qu’il n’aime pas les films d’horreur et n’a d’ailleurs jamais vu La Secte.

Place à un module plus inédit en la présence de Raffaele Mertes (28’). Le directeur de la photographie aborde les partis pris et les conditions de tournage de La Secte. Le travail à la steadycam, avec l’Innovision, cet objectif spécial permettant de s’incruster dans les moindres recoins (comme dans un tuyau de lavabo) sont passés en revue, tout comme le casting, l’investissement de Kelly Curtis dans les scènes difficiles et mouvementées.

Voici maintenant l’entretien indispensable de cette édition. Gianni Romoli, scénariste aux côtés de Dario Argento et Michele Soavi revient avec détails sur la genèse, le tournage et la sortie de La Secte (35’). On apprend entre autres que le projet original s’intitulait Catacombes et liait l’Italie contemporaine avec l’antiquité, où l’on suivait l’histoire horrifique d’une secte. Devant le refus de Dario Argento de produire cette histoire qu’il n’aimait pas, l’histoire est alors remaniée en conservant ce qui concerne la secte. Gianni Romoli explique ensuite ce qui a nourri le scénario et comment La Secte est finalement devenu une analyse consciente de l’évolution du genre. Diverses anecdotes liées au tournage s’enchaînent alors sur un rythme vif. Cette interview se termine sur une note assez amère, Gianni Romoli indiquant que Dario Argento les a éjecté lui et le coscénariste Franco Ferrini après avoir bien avancé sur Trauma (1993). Il indique également regretter le fait que Michele Soavi ait préféré suivre la voie du film d’auteur, plutôt que de persévérer dans la veine horrifique.

Oublié sur la liste des bonus sur le Digipack, l’immense compositeur Pino Donaggio intervient également pour parler de son travail sur La Secte (13’). Il se souvient tout d’abord de sa rencontre avec Dario Argento pour son segment de Deux yeux maléfiques, coréalisé avec George A. Romero en 1990. Puis Pino Donaggio aborde ses expérimentations au synthétiseur électronique pour La Secte, film qu’il apprécie d’ailleurs toujours autant, bien qu’il ait uniquement collaboré avec Dario Argento, alors producteur, et non pas Michele Soavi.

Tout cela se termine par l’intervention plus analytique de La Secte, par l’historien du cinéma Fabrizio Spurio (25’). C’est ici que les passionnés des critiques détaillées se dirigeront pour en savoir plus sur les intentions du réalisateur Michele Soavi, sur ses partis pris et sur les symboles (présence des insectes et des animaux, l’eau comme vecteur du mal) disséminés dans son film. Le fond et la forme sont donc habilement croisés, tandis que Fabrizio Spuro se rappelle avoir été invité à venir sur le plateau grâce au créateur des effets spéciaux Rosario Prestopino, décédé en 2008 et auquel un hommage est rendu à la fin du module. ce dernier lui avait offert un des « visages arrachés » en souvenir, que Fabrizio Spuro présente ici à la caméra.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces des films bientôt disponibles chez Le Chat qui fume.

L’Image et le son

Que voilà un superbe master ! Présenté dans son format original 1.85 respecté (16/9 compatible 4/3), La Secte brille de mille feux. La colorimétrie est riche, le piqué étonnamment aiguisé, les noirs denses, le grain argentique plaisant, les contrastes au beau fixe et la propreté irréprochable. L’apport HD est non négligeable et profite aux partis paris du chef opérateur Raffaele Mertes (Trauma) qui fait la part belle aux teintes bleutées. Le confort est donc total pour (re)découvrir La Secte et peut-être lui redonner une seconde chance.

Trois versions DTS-HD Master Audio 2.0 disponibles sur cette édition ! Quitte à choisir, sélectionnez la piste anglaise (le film a d’ailleurs été tourné dans cette langue), plus dynamique, aérée, percutante que les versions française et italienne. Cette dernière s’en tire néanmoins avec les honneurs, du moins bien mieux que la langue de Molière au spectre réduit. Les sous-titres français sont imposés et le changement de langue verrouillé à la volée.

Crédits images : © Le Chat qui fume, 1994 Mario et Vittorio Cecchi Gori – Silvio Berlusconi Communications Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Chucky – Jeu d’enfant, réalisé par Tom Holland

CHUCKY – JEU D’ENFANT (Child’s Play) réalisé par Tom Holland, disponible en DVD et Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 3 juillet 2018 chez ESC Edition

Acteurs : Catherine Hicks, Chris Sarandon, Alex Vincent, Brad Dourif, Dinah Manoff, Tommy Swerdlow, Jack Colvin, Neil Giuntoli

Scénario : Don Mancini, John Lafia, Tom Holland

Photographie : Bill Butler

Musique : Joe Renzetti

Durée : 1H27

Année de sortie : 1989

LE FILM

Abattu par la police et sur le point de rendre son dernier souffle, le serial killer Charles Lee Ray transfère, grâce au vaudou, son esprit dans une poupée Brave Gars, le dernier jouet à la mode. Si, baptisée Chucky, elle fait le bonheur du petit Andy, six ans, la poupée révèle bientôt sa nature maléfique, multipliant les victimes. Prisonnier de son enveloppe de plastique, Charles Lee Ray n’attend plus qu’une chose : changer au plus vite de corps. Et Andy lui semble tout indiqué comme donneur involontaire…

Commençons cette critique par un étrange fait divers : En 1876, la famille Otto emménage dans une grande maison en Californie dans la ville de Key West. La famille est aisée et dispose de plusieurs employés. Un jour, le patriarche se dispute violemment avec une des domestiques qui quittera le domicile par la suite. Mais avant de partir, elle offrira au petit Robert Eugene Otto, âgé de 6 ans, un poupon que l’enfant nommera comme lui : Robert. Robert est ensuite devenu une des attractions les plus insolites de la Californie. Après avoir vraisemblablement semé la terreur auprès de ses multiples propriétaires, il est maintenant exposé dans le musée de sa ville natale, Key West. Don Mancini et Tom Holland s’inspireront de cette étrange histoire pour écrire le script du chef-d’oeuvre en devenir, Child’s Play ou Jeu d’enfant, plus connu dans nos contrées sous le titre Chucky.

Magistral tour de force visuel et scénaristique, ce premier opus entraînera une franchise qui a force de suites s’est embourbée dans un humour autrefois subtil, mais rapidement devenu poussif. Jeu d’enfant est un véritable film d’horreur. Une ambiance générale très premier degré, une mise en scène millimétrée et astucieuse accompagne à merveille cette histoire de poupée psychopathe qui va bien plus loin que son simple concept de base. Chucky n’est pas un simple jouet, c’est un tueur cruel piégé dans un corps en plastique, qui sévit dans une famille déjà fragilisée. Sa soif de sang va s’animer dans l’appartement de l’enfant innocent qui l’a « adopté »,  Andy Barclay (Alex Vincent), qui va alors devoir affronter cette entité aussi grotesque qu’effroyablement dangereuse. Seuls sa mère, interprétée par Catherine Hicks (Sept à la maison) et le lieutenant Norris qu’incarne un Chris Sarandon (visiblement dépassé par les événements), viendront en aide à l’enfant menacé.

Tom Holland, fraîchement sorti du sympathique Vampire, vous avez dit vampire ? (1985), met comme à son habitude la pédale douce sur la violence outrancière et préfère employer une multitude d’astuces que n’aurait pas renié Alfred Hitchcock, en laissant son décor, les ombres et le hors-champ créer la peur chez le spectateur. La caméra, utilisée de manière subjective de manière à se mettre dans la peau du nabot démoniaque, a été inspiré à Tom Holland par le biais du téléfilm Trilogy of Terror. Un téléfilm a sketches en trois parties, diffusé en mars 1975 et dont le troisième acte (écrit par Richard Matheson), La Poupée de la terreur, raconte l’histoire d’une poupée vaudou cherchant à assassiner sa propriétaire. Traumatisé par ce petit film, Tom Holland aura nourri son imaginaire au fil des ans, en repensant inlassablement à ce minuscule poupon qui l’avait tant effrayé.

Et le réalisateur semble avoir rarement été aussi à l’aise, il est même surprenant de l’entendre parler de restriction artistique, ainsi que du tournage rapidement devenu complexe, en raison des marionnettes utilisées dont les dispositifs étaient à l’époque révolutionnaires. Les mouvements de Chucky s’avèrent pourtant d’une remarquable fluidité, encore aujourd’hui.

Porté par la voix désincarnée du génial Brad Dourif, Chucky tue, frappe, insulte, mord, poignarde, grâce au génie des créateurs des effets visuels, dont les prouesses techniques effectuées directement face à la caméra restent particulièrement bluffantes.

Jeu d’Enfant est un bijou, qui plus est, soulignée par une très belle bande originale signée Joe Renzett.

LE BLU-RAY

Jeu d’Enfant est disponible dans les bacs grâce aux bons soins d’ESC Editions. En DVD, mais aussi et surtout dans un superbe combo Blu-ray/DVD épais, Un mediabook visuellement très beau et élégant. Le boîtier contient également un livret de 24 pages écrit par Marc Toullec.

Le menu principal est animé, fluide et accompagné par le thème du film.

 

 

Pour ce qui est des suppléments, les fans de la poupée psychopathe pourront se repaître de trois entretiens tous très intéressants.

Les poupées maléfiques, une projection enfantine effrayante (17’), par Laurent Aknin. l’historien et critique de cinéma revient sur l’utilisation de la poupée ou du pantin au cinéma, des oeuvres d’épouvante des années 50 aux productions Blumhouse.

Jeu d’enfant, l’origine d’une saga familiale (16’), par Caroline Vié. La romancière et critique de cinéma revient sur les origines du célèbre poupon. De ses inspirations à la continuité de la saga, soulignant les qualités et défauts des six films, ainsi que la carrière du scénariste Don Mancini.

Entretien avec Tom Holland (20’) Cela faisait un bon bout de temps que ce bon vieux Tom Holland n’avait pas montré sa bouille devant une caméra. Il revient donc afin de présenter son film et aussi pour livrer quelques anecdotes croustillantes sur Jeu d’Enfant. Soucis de production, souvenirs d’enfance, le cinéaste se livre avec honnêteté et modestie dans cet entretien passionnant.

N’oublions pas la présentation du cinéaste (20 secondes), disponible en introduction du film !

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Jeu d’Enfant – Chucky arrive dans les bacs français dans une très belle édition HD (1080p) entièrement restaurée 4K. Le travail est impressionnant et l’image est très propre, débarrassée de la majeure partie des poussières, griffures et autres résidus qui ont dû être minutieusement enlevés image par image. Tout au long du processus de restauration, un soin particulier a été apporté afin que la texture originale du film, les détails, la structure du grain ne soient pas affectés par le traitement numérique. Ce nouveau transfert Haute Définition permet de redécouvrir Jeu d’Enfant – Chucky sous toutes ses coutures avec une magnifique patine argentique. Cette élévation HD offre à la colorimétrie un nouveau lifting et retrouve pour l’occasion une nouvelle vivacité. La gestion du grain et des contrastes demeure solide du début à la fin, y compris sur les séquences sombres, sans aucune réduction de bruit. Les détails et le piqué sont assez impressionnants, les plans flous sont d’origine. N’oublions pas la stabilité de la copie soutenue par un codec AVC exigeant.

La version originale bénéficie d’un remixage DTS-HD Master Audio 5.1. Au premier abord on pouvait craindre le pire. Il n’en est rien, bien au contraire. Cette option acoustique séduisante permet à la composition de Joe Renzetti (Frankenhooker) d’environner le spectateur pour mieux le plonger dans l’ambiance du film. Les effets latéraux ajoutés ne tombent jamais dans la gratuité ni dans l’artificialité. De plus, les dialogues ne sont jamais noyés et demeurent solides, la balance frontale assurant de son côté le spectacle acoustique, riche et dynamique. Les fans de l’excellente version française devront se contenter d’une piste DTS-HD Master Audio 2.0. Cette version se révèle assez percutante et propre, mais certains dialogues s’avèrent sensiblement couverts. Aucun souffle constaté.

Test Blu-ray / Sanctuaire, réalisé par Michele Soavi

SANCTUAIRE (La Chiesa) réalisé par Michele Soavi, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume

Acteurs :  Hugh Quarshie, Tomas Arana, Fedor Chaliapine Jr., Barbara Cupisti, Giovanni Lombardo Radice, Asia Argento, Roberto Caruso, Roberto Corbiletto, Alina De Simone, John Karlsen

Scénario : Franco Ferrini, Michele Soavi

Photographie : Renato Tafuri

Musique : Keith Emerson, Fabio Pignatelli, Philip Glass

Durée : 1h42

Année de sortie : 1989

LE FILM

Moyen Âge. Accusés de servir le Diable, les habitants d’un village sont massacrés par des chevaliers. Afin d’enrayer la propagation du mal, une église est érigée sur le charnier. De nos jours, lors des travaux de restauration qu’elle dirige, Lisa découvre un parchemin dissimulé dans la paroi des sous-sols de l’église. Elle s’empresse d’en faire part à Ewald, le nouveau bibliothécaire. Imprégné des théories de l’alchimiste Fulcanelli, Ewald, bien résolu à percer le secret du parchemin, va, bien malgré lui, réveiller des forces obscures et malveillantes… qui bientôt vont se déchaîner en se propageant à tous ceux présents dans l’édifice.

Né en 1957, Michele Soavi débute au cinéma en tant qu’assistant-réalisateur de Dario Argento sur Ténèbres (1982), Phenomena (1985) et Opéra (1987). Il seconde également Lamberto Bava sur Démons (1985), coécrit et produit par le même Dario Argento. Il fait ses premiers pas derrière la caméra avec Bloody Bird, slasher, giallo, film d’horreur qui remporte un vrai succès et se voit même primé au Festival d’Avoriaz. Alors qu’un troisième volet de la franchise Démons (au succès international) est abandonné durant l’écriture du film, Michele Soavi reprend le travail des scénaristes Franco Ferrini, Lamberto Bava, Dardano Sacchetti et Dario Argento pour le remanier, afin d’en faire son second long métrage en tant que réalisateur. Ce travail donnera naissance à SanctuaireLa Chiesa, aka The Church dans les pays anglo-saxons, formidable film d’épouvante et fantastique qui contient son lot d’émotions fortes, tout en offrant à la jeune Asia Argento, âgée de 13 ans, son premier vrai rôle au cinéma.

Durant le Moyen-Age, des chevaliers teutoniques éliminent tout un village accusé d’hérésie et de sorcellerie. Pour purifier le lieu, une cathédrale est bâtie sur les cadavres de ces villageois considérés comme possédés et soupçonnés d’être des partisans de Satan. Cette construction est censée enterrer les forces du Mal pour l’éternité. Des siècles plus tard, alors que des travaux de rénovation sont engagés dans l’édifice, une jeune femme, Lisa, fait la découverte d’un parchemin dissimulé dans une fissure du bâtiment et contacte un jeune bibliothécaire, Evan, pour qu’il le déchiffre. Ce dernier tente de le décrypter mais il délivre, sans le savoir, des esprits maléfiques. Alors que le bâtiment religieux enferme un groupe de visiteurs à cause d’un mécanisme accidentellement déclenché par Evan, autrefois pensé par l’architecte de la cathédrale, les démons s’échappent du charnier pour prendre le contrôle de leurs corps et les poussent à commettre des atrocités entre eux.

Passionné par la peinture et les grands maîtres, Michele Soavi imprègne Sanctuaire de références picturales (Jérôme Bosch notamment) et concocte de vrais tableaux gothiques absolument remarquables. Du point de vue visuel, on en prend plein les mirettes durant 1h40. Sa mise en scène étonnamment virtuose pour un deuxième film, ses décors impressionnants et la photo riche et contrastée de Renato Tafuri, font de Sanctuaire l’un des films de genre italiens des années 1980 les plus recherchés sur la forme. Le prologue médiéval étonne par sa violence graphique qui peut faire penser à quelques séquences de la série Game of Thrones avant l’heure, toutes proportions gardées bien sûr. Si certains trouveront à redire sur un dernier acte qui part un peu dans tous les sens dans le but sans doute d’épater la galerie, Sanctuaire est une œuvre très généreuse, qui reflète l’amour du cinéaste pour le genre, soucieux d’offrir aux spectateurs un spectacle riche en émotions fortes et en hémoglobine.

Du point de vue interprétation, hormis le plaisir de suivre les premiers pas d’Asia Argento devant la caméra, nous retiendrons surtout la tronche incroyable de Fedor Chaliapine Jr. (Le nom de la rose) qui campe un évêque qui ne semble pas très catholique, la beauté de Barbara Cupisti (L’éventreur de New York) et l’excellent Hugh Quarshie. Sur un rythme plutôt lent, mais très maîtrisé, Sanctuaire enchaîne les morceaux de bravoure (un coït avec un démon), entre effets gores très réussis (un suicide au marteau piqueur), huis clos dégénéré (coucou [REC] !) possessions démoniaques, humour noir (les vieux qui fêtent leur anniversaire de mariage), dans une recherche formelle, baroque, constante et omniprésente, avec en fond les compositions de Keith Emerson, Philip Glass et le groupe incontournable Goblin.

Tous ces ingrédients en apparence hétérogènes, contribuent à la singularité et surtout à la belle réussite de Sanctuaire.

LE BLU-RAY

Sanctuaire est disponible dans les bacs grâce aux bons soins de ce cher Chat qui fume. Un sublime combo Blu-ray/DVD, trois disques, un Digipack trois volets quadri avec un étui cartonné du plus bel effet et au visuel intrigant. Les menus principaux sont animés sur la musique du film.

C’est devenu une habitude, mais nous ne pouvons que saluer une fois de plus le travail acharné de l’éditeur griffu qui ne vient pas les pattes vides, puisque près de 90 minutes de suppléments accompagnent le film de Michele Soavi !

Et c’est Asia Argento qui ouvre le bal de cette interactivité, à travers une interview (8’30) au cours de laquelle la comédienne se souvient du tournage de l’un de ses premiers films. Un module un peu trop court, mais être en compagnie d’Asia ne se refuse évidemment pas.

Ensuite, c’est au tour de Michele Soavi de prendre la parole (20’). le réalisateur se remémore sa rencontre Dario Argento, dont le cinéma lui a donné la passion pour le genre quand il avait 12 ans. Le destin a finalement réuni les deux hommes qui sont rapidement devenus amis, jusqu’à ce que Dario Argento lui propose d’être son assistant sur Ténèbres (1982). Ce dernier a ensuite produit son second long métrage en tant que metteur en scène, Sanctuaire. Michele Soavi en vient ensuite plus précisément sur le film qui nous intéresse. La genèse, les conditions des prises de vues, ses inspirations (les peintures de Jérôme Bosch), le casting, la bande originale et l’accueil du public.

Passons maintenant à l’entretien avec Franco Casagni (10’). Le créateur des maquillages et effets spéciaux aborde les débuts de sa carrière dans Les Barbarians (1987) puis sa collaboration avec Dario Argento sur Opéra (1987), qui l’a conduit à travailler pour Michele Soavi sur Sanctuaire. Cette fois encore, diverses anecdotes de tournage s’enchaînent pour notre plus grand plaisir.

Place au comédien Giovanni Lombardo Radice, qui interprète le Révérend dans Sanctuaire (14’30). Le « Père Giovanni » revient surtout sur son amitié avec Michele Soavi, sur Dario Argento à la production, sur ses partenaires à l’écran, sur son personnage et le tournage à Budapest.

L’intervention la plus dense et la plus complète de cette édition reste celle du chef décorateur Massimo Antonello Geleng (21’). D’emblée, ce dernier indique être très heureux d’évoquer Sanctuaire, pour lequel il a toujours une grande affection. L’association avec Michele Soavi qui lui a permis de travailler également sur La Secte et Dellamorte Dellamore du même metteur en scène, mais également sur divers films de Dario Argento dont Le syndrome de Stendhal (1996) et Le Fantôme de l’Opéra (1998). Massimo Antonello Geleng mentionne également les difficultés rencontrées pour éclairer le plateau, notamment en raison des vitraux de la cathédrale qui servait alors de décor à Budapest.

Le dernier invité de cette édition n’est autre que Franco Ferrini (13’), scénariste de Sanctuaire, Phenomena de Dario Argento, mais aussi des deux Démons, réalisés par Lamberto Bava en 1985 et 1986. Alors que les producteurs désiraient surfer sur les succès de ces deux précédents films, Lamberto Bava décline finalement cette proposition. Dario Argento et Franco Ferrini ayant déjà bien avancé le script pour un troisième volet de Démons, l’histoire est ensuite reprise pour aboutir finalement à ce que deviendra Sanctuaire. Le casting est également passé au peigne fin.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce (anglaise) du film et d’autres trailers de films prévus chez l’éditeur.

L’Image et le son

Nous ne sommes pas déçus ! C’est avec un plaisir immense que nous découvrons ce film de Michele Soavi dans de pareilles conditions ! D’emblée, la colorimétrie s’impose par sa tenue, le relief est très appréciable et le piqué est souvent tranchant pour un film qui a déjà près de trente ans. Le chef-opérateur Renato Tafuri (Bloody Bird), voit sa photo – légèrement ouatée dans son prologue médiéval et plus contrastée par la suite – restituée et offre un lot de détails conséquents. Si la profondeur de champ n’est guère exploitée, certains gros plans étonnent par leur précision, la clarté est de mise sur quelques scènes, la copie stable (merci au codec AVC), le grain bien géré et les noirs denses. N’oublions pas non plus la vertueuse restauration et la propreté de la copie, débarrassée de toutes les scories possibles et imaginables. Ce Blu-ray est en format 1080p et l’apport HD loin d’être négligeable.

Trois versions DTS-HD Master Audio 2.0 disponibles sur cette édition ! Quitte à choisir, sélectionnez la piste anglaise, plus dynamique, aérée, percutante que les versions française et italienne. Cette dernière s’en tire néanmoins avec les honneurs, du moins bien mieux que la langue de Molière au spectre réduit. Les sous-titres français sont imposés.

Crédits images : © Le Chat qui fume, 1994 Mario et Vittorio Cecchi Gori – Silvio Berlusconi Communications Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Dents, pipi et au lit, réalisé par Emmanuel Gillibert

LES DENTS, PIPI ET AU LIT ! réalisé par Emmanuel Gillibert, disponible en DVD et Blu-ray le 1er août 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs :  Arnaud Ducret, Louise Bourgoin, Timéo Bolland, Saskia Dillais de Melo, Laurent Ferraro, Michaël Cohen, Colette Kraffe, Hervé Masquelier…

Scénario : Emmanuel Gillibert, Marion Thièry

Photographie : Jérôme Alméras

Musique : Martin Rappeneau

Durée : 1h45

Année de sortie : 2018

LE FILM

Antoine est un célibataire endurci, fêtard et séducteur. Il vit dans un magnifique appartement Parisien avec Thomas, son colocataire, où les soirées arrosées battent son plein toutes les semaines. Lorsque Thomas part vivre à Los Angeles, il trouve à Antoine un nouveau colocataire pour le remplacer… « Jeanne, 1m70, yeux bleus ». Si la description fait saliver Antoine, il ne sait pas encore que la charmante Jeanne n’emménage pas seule… Mais accompagnée de ses deux enfants : Théo, 8 ans, et Lou, 5 ans !
Antoine, qui est loin d’être un papa poule, va goûter bien malgré lui aux joies de la vie de famille…

Certains diront qu’il est facile de s’en prendre aux comédies françaises, mais que « ce genre n’a pour prétention que de faire rire les spectateurs ». Certes, nous n’allons pas contredire ces ardents défenseurs, il y en a, de ces films qui sortent quasiment chaque semaine avec sur l’affiche les protagonistes mis en avant sur fond bleu, avec le titre écrit en jaune. Mais tout de même, il y a un minimum, ce que Les Dents, pipi et au lit ne se contente pas même de proposer au public. Ecriture paresseuse, dialogues au rabais, mise en scène inexistante, direction d’acteurs poussive, comédiens exténuants, en un mot gênant.

Fils de Michel Gillibert, écrivain et Secrétaire d’État à la Formation professionnelle sous le deuxième mandat de François Mitterrand, frère du producteur Charles Gillibert, qui a entre autres financé Mia Hansen-Løve, Gus Van Sant, Olivier Assayas et Xavier Dolan, Emmanuel Gillibert n’a donc pas eu beaucoup de soucis à se faire pour lancer son premier film en tant que scénariste et réalisateur. Ainsi, débarque Les Dents, pipi et au lit, énième « cocasserie », foncièrement embarrassante du début à la fin, qui surfe sur le thème visiblement à la mode de la colocation et surtout de l’éternel adulescent parigo, qui préfère se biturer au champagne, s’enfiler des ecsta comme des smarties et jouer à la Playstation, plutôt que de s’investir.

« Alors elle est bonne ? », « Elle est trop bonne ! », « Qu’est-ce qu’elle est bonne ! ». On repassera sur la qualité des répliques. D’ailleurs en parlant de repasser, cela ne fait pas un pli, ce premier long métrage compile toutes les tares d’un cinéma français sans ambition et opportuniste, dans le sens où l’ensemble surfe sur la pseudo-popularité d’un acteur de seconde zone, Arnaud Ducret. Ce dernier interprète ici un rôle que Franck Dubosc n’aurait pas renié il y a quinze ans. Seulement Ducret n’est pas Dubosc. Là où ce dernier a toujours su insuffler une réelle humanité dans ses personnages de tocard pour créer l’empathie, Arnaud Ducret campe ici un gros con, un beauf, immature, vulgaire, misogyne et obsédé sexuel. Autant dire qu’on ne croit pas une seconde au revirement d’Antoine, au contact de deux gamins de 5 et 8 ans, et de leur mère tout juste divorcée. Bon, on comprend qu’il ait envie tout de suite de prendre cette dernière dans ses bras puisqu’elle est incarnée par Louise Bourgoin, mais tout de même, l’évolution du personnage se fait en un clin d’oeil.

L’actrice est décidément, pour ne pas dire malheureusement, cantonnée à la comédie bas de gamme. En l’espace d’un an et demi, elle est apparue dans une sorte de trilogie avec Sous le même toit de Dominique Farrugia, L’Un dans l’autre de Bruno Chiche et Les Dents, pipi et au lit. Elle vaut pourtant bien mieux que ça, comme elle l’avait déjà prouvé chez Anne Fontaine (La Fille de Monaco), Gilles Marchand (L’Autre Monde) ou Guillaume Nicloux (La Religieuse). Toutefois, elle est ici le clown blanc et la sobriété de son jeu est ce qu’on peut sauver de ce marasme. Malheureusement, Arnaud Ducret, qui fait également le lien avec Adopte un veuf (succès surprise de l’année 2016) est à l’écran du début à la fin. Alors qu’il cartonne à la télévision dans la série Parents mode d’emploi depuis 2013, il commence sérieusement à enchaîner les navets au cinéma. L’Oncle Charles, Les Profs, Les Profs 2, L’Embarras du choix, Les Nouvelles Aventures de Cendrillon, Gaston Lagaffe, cela commence à faire un C.V. bien chargé et même beaucoup pour un seul homme. S’il n’est guère aidé par l’indigence du scénario (qui convoque Herbert Léonard comme guest de luxe, trop la classe), une musique pouêt-pouêt qui surligne chaque gag et une photo passe-partout, on se lasse très vite de ses grimaces outrancières, de ses gueulantes à répétition, de son absence de charisme tout simplement. Le bilan est donc très lourd pour Les Dents, pipi et au lit, qui s’en est pourtant plutôt pas mal tiré au box office avec près de 450.000 spectateurs.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Les Dents, pipi et au lit, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Comme souvent, l’éditeur a préféré miser sur un autre visuel, plutôt que de reprendre celui de l’affiche d’exploitation, pourtant plus attractif. Le menu principal est animé sur quelques séquences du film.

En plus de la bande-annonce, M6 Vidéo propose les interviews croisées du réalisateur Emmanuel Gillibert et des comédiens Louise Bourgoin et Arnaud Ducret. Les trois intervenants parviendraient presque à rendre le film intéressant avec leurs arguments bien trouvés et leurs sourires naturels. Le metteur en scène ne cache pas qu’il n’avait aucune ambition en écrivant ce film, tandis que les deux acteurs ne tarissent pas d’éloges envers leur partenaire.

L’Image et le son

L’apport HD pour ce film peut d’abord paraître limité. Mais c’était sans compter sur les quelques séquences en extérieur donnant un peu d’air à l’ensemble. Le relief est indiscutable, la texture flatteuse et la colorimétrie pimpante. Après, il est vrai que l’action se situe essentiellement dans l’appartement et qu’aucune profondeur de champ n’est exploitée. Mais le réalisateur a opté pour le cadre large et le spectateur aura l’impression d’être plongé au beau milieu de cette colocation forcée. Notons toutefois un encodage AVC un peu feignant qui consolide l’ensemble comme il le peut mais qui donne à la photo un aspect parfois légèrement téléfilm.

La piste DTS-HD Master Audio 5.1 offre une belle spatialisation ponctuelle de la bande-son, caisson de basses compris. Outre la spatialisation musicale, certaines ambiances naturelles parviennent à percer sur les quelques séquences en extérieur mais finalement, l’ensemble demeure axé sur les frontales, dynamiques et fluides, tandis que la centrale exsude les dialogues avec efficacité. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © SND / M6 Vidéo Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Chien, réalisé par Samuel Benchetrit

CHIEN réalisé par Samuel Benchetrit, disponible en DVD le 18 juillet 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs :  Vincent Macaigne, Vanessa Paradis, Bouli Lanners, Olivier Bisback, Tom Canivet, Thibaut Pira Van Overeem…

Scénario : Samuel Benchetrit, Gabor Rassov d’après le roman Chien de Samuel Benchetrit

Photographie : Guillaume Deffontaines

Musique : Raphaël Haroche

Durée : 1h28

Année de sortie : 2018

LE FILM

Jacques Blanchot perd sa femme, son travail et son logement. Devenu rapidement étranger au monde qui l’entoure, il est recueilli par Max, patron d’une animalerie. Ce dernier, sadique et humiliant, dresse Jacques qui devient littéralement son chien…

Chien est le sixième long métrage de l’écrivain Samuel Benchetrit. Après deux courts-métrages, Janis et John sort sur les écrans en 2003. Malgré ce succès d’estime, il attendra cinq ans pour repasser derrière la caméra avec l’excellent film à sketches, J’ai toujours rêvé d’être un gangster. Ses opus suivants, Chez Gino (2011), Un voyage (2014) et Asphalte (2015) n’ont connu aucun succès dans les salles. Pour Chien, Samuel Benchetrit s’inspire de son propre roman sorti en 2015 et signe son meilleur film depuis dix ans. Si La Métamorphose de Franz Kafka n’est jamais bien loin, le réalisateur se penche sur l’incommunicabilité entre les êtres, ou plutôt l’absence de communication, mais aussi sur le besoin de tendresse et d’amour. Et qui de mieux que Vincent Macaigne pour incarner un « homme-chien » sans…cabotiner ?!

Le roman Chien reflétait toutes les névroses de l’écrivain à un moment difficile de sa vie, alors que la dépression le guettait après une rupture sentimentale, avec le sentiment de ne plus appartenir à la société. Ou comment relier l’homme à l’animal. Exutoire, livre cathartique, Chien a permis à Samuel Benchetrit de se sortir de ses maux, en imaginant jusqu’où un être qui a tout perdu est prêt à se rabaisser pour obtenir quelques marques d’affection, une caresse, quelques signes d’amour. Loin d’être une version mélancolique de Didier d’Alain Chabat (1997), Chien est un film singulier, quasi-inclassable, tourné avec les moyens du bord dans des décors froids, dépouillés, faits de béton, mais imprégné d’une infinie tendresse. Pourtant, le film peut rebuter par certaines séquences assez violentes, d’ordre physique mais également psychologique, surtout durant la seconde partie, moins percutante et attachante que la première, mais qui ne manque pas d’attraits.

Le premier acte est consacré à la chute du personnage. Après s’être fait larguer de la pire façon que ce soit par sa compagne, interprétée par une Vanessa Paradis blafarde, famélique et foncièrement antipathique, qui prétexte être devenue allergique à compagnon en étant à son contact, Jacques est ensuite victime de la loi des séries. Il perd le chien qu’il venait tout juste d’acheter pour son fils dans une animalerie, est viré de son hôtel, son patron le renvoie, les rapports avec son enfant se glacent. Comme lien social, Jacques n’a plus que le propriétaire de l’animalerie. Progressivement, ce dernier va prendre Jacques sous son aile…mais en tant que chien. Pour survivre, Jacques va accepter de faire et d’être tout naturellement ce qu’on attend de lui.

S’il traîne ses airs de Droopy dégingandé depuis sa découverte dans le superbe Un monde sans femmes de Guillaume Brac (2011), Vincent Macaigne, pourtant déjà gâté au cinéma chez Sébastien Betbeder, Justine Triet, Antonin Peretjatko ou encore dernièrement chez Éric Toledano et Olivier Nakache, trouve ici l’un de ses meilleurs rôles. Sans jamais rendre son personnage pathétique, le comédien parvient à en restituer toute la tristesse. Rarement, Vincent Macaigne aura été aussi bouleversant. La seconde partie se focalise sur l’étrange relation qui s’instaure entre Jacques et Max, interprété par le monstre Bouli Lanners, ce dernier trouvant ici l’occasion de laisser libre cours à ses désirs d’autorité et de pouvoir. Plus démonstratif, peut-être plus mécanique également, ce deuxième acte manque parfois de rythme et aurait mérité d’être plus resserré. Toutefois, cela contribue au malaise distillé jusqu’au dénouement où Jacques devra choisir la condition dans laquelle il se sent finalement le mieux.

Chien est une œuvre absurde, drôle, émouvante, une fable subversive, dérangeante et intelligente qui mérite l’attention du spectateur. De loin le film le plus abouti de son auteur.

LE DVD

Le test du DVD de Chien, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Très mauvais point à l’éditeur qui a préféré miser sur un visuel hideux centré sur les trois vedettes, plutôt que de reprendre l’excellente affiche d’exploitation, pourtant bien plus représentative et attractive.

Si vous avez aimé Chien ou même si le film vous a laissé perplexe ou rebuté, n’hésitez pas à le revoir avec les commentaires audio de Samuel Benchetrit. Sans aucun temps mort et du début à la fin, le réalisateur revient sur chaque aspect de son film en abordant la psychologie des personnages, les partis pris, ses intentions. Il met en parallèle son roman et son adaptation, les conditions de tournage en Belgique. Nous apprenons également que Jean-Claude Van Damme a failli interpréter le rôle finalement tenu par Bouli Lanners, JCVD n’ayant visiblement pas vraiment compris où Samuel Benchetrit voulait en venir avec ce personnage, que l’acteur belge voulait plus « héroïque ». Ce commentaire intimiste et passionnant revient également sur l’échec cinglant du film dans les salles, le cinéaste essayant de comprendre ce qui a pu rebuter les spectateurs.

L’interactivité se poursuit avec une interview de Samuel Benchetrit divisée en trois segments, La genèse – Du livre au film (10’), Les acteurs (14’) et Du tournage à la sortie (7’). Si vous venez d’écouter le commentaire audio, cet entretien vous paraîtra redondant puisque tous les propos tenus ici font écho avec ce qui a déjà été entendu précédemment.

Cette section se clôt sur 4 teasers et la bande-annonce.

L’Image et le son

Cette édition DVD de Chien s’avère plutôt soignée. La propreté de la copie est assurée, les couleurs blanchâtres reflètent un tournage hivernal et même les visages paraissent blafards tout du long. Le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement. La gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails sur le cadre large. Les rares séquences tournées en extérieur sont très belles et lumineuses.

Chien repose essentiellement sur les dialogues. La piste Dolby Digital 5.1 distille les voix des comédiens avec efficacité, tandis que les latérales s’occupent de l’accompagnement musical et des ambiances naturelles en extérieur. Une spatialisation discrète, mais intelligente. L’éditeur joint également une piste Stéréo, dynamique et riche. Signalons l’absence de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant. Pas de piste Audiodescription non plus.

Crédits images : © Paradis Films / M6 Vidéo Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr