Test Blu-ray / Stars 80, la suite, réalisé par Thomas Langmann

STARS 80, LA SUITE réalisé par Thomas Langmann, disponible en DVD et Blu-ray le 1er août 2018 chez Wild Side Video

Acteurs : Richard Anconina, Patrick Timsit, Bruno Lochet, Lio, Jean-Marc Généreux, Jean-Luc Lahaye, Jeanne Mas, Gilbert Montagné, Sabrina…

Scénario : Thomas Langmann

Photographie : Éric Guichard

Musique : Marc Chouarain

Durée : 1h52

Année de sortie : 2017

LE FILM

Vincent et Antoine, fatigués des tournées qui rencontrent un grand succès depuis quatre ans, décident de partir en vacances avec toute la troupe Stars 80. Mais ils découvrent que leur comptable, Maurice, s’est tiré avec la caisse et qu’ils sont ruinés et menacés de dépôt de bilan. Afin de régulariser la situation, ils vont organiser le concert du siècle au Stade de France avec les plus grandes stars.

Thomas Langmann a eu le nez fin avec Stars 80. Du moins autant qu’il le pouvait s’il ne l’avait pas obstrué par la coke. En réunissant devant la caméra et dans leur propre rôle les chanteurs Début de Soirée, Desireless, Cookie Dingler, François Feldman, Emile et Images, Patrick Hernandez, Jean-Luc Lahaye, Léopold Nord & Vous, Lio, Jean-Pierre Mader, Jeanne Mas, Gilbert Montagné, Peter et Sloane, Sabrina, Jean Schultheis, et même l’animateur Marc Toesca, autour de Richard Anconina et Patrick Timsit, cette « comédie-musicale populaire » aura attiré près de deux millions de spectateurs en 2012 et cartonné lors de sa diffusion sur TF1. Production de 20 millions d’euros, le film aura surtout servi de bande-annonce de luxe pour la tournée du même nom. Autant dire que Thomas Langmann n’allait pas en rester là.

Alors qu’on se doute bien que Frédéric Forestier, co-réalisateur sur le premier opus (ainsi que sur Le Boulet et le navrant/bling-bling Astérix aux Jeux Olympiques), tenait essentiellement la barre (technique) de l’entreprise, Langmann a cette fois décidé de faire cavalier seul. Tant mieux, car le résultat est absolument catastrophique et l’entière responsabilité de cet échec (copyright Lionel J.) est entièrement imputable à son « auteur » et « metteur en scène ». Tandis que Stars 80 faisait office de jukebox et de karaoké en misant sur la nostalgie des années 80, cette suite parvient à repousser les limites de la connerie, de la laideur et devrait même être étudiée dans les écoles de cinéma pour apprendre aux étudiants ce qu’il ne faut pas faire.

Thomas Langmann jette de la poudre aux yeux, pendant ce temps il évite ainsi de s’en mettre ailleurs, filme le vide intersidéral, en se foutant complètement du montage (exécrable), de la narration ou de la direction d’acteurs. Certes, les chanteurs sont quasi-tous mauvais, ce n’est pas leur boulot de jouer la comédie, mais ils parviennent tous à être à côté de la plaque. Thomas Langmann ne s’encombre pas de scénario, faut quand même pas déconner. Il reprend ainsi le canevas du premier opus, change deux ou trois choses, ou plutôt deux ou trois chansons, histoire de faire passer la pilule. D’ailleurs, il semble que tout le budget ait été englouti dans les droits des chansons, plus internationales (Kool & the Gang, Elton John, Frankie Goes to Hollywood) avec même une escapade à Los Angeles et Las Vegas, afin de donner au film un cachet plus « confortable » que le premier.

Mais la grande arnaque du film vient surtout du concept lui-même. Comme la plupart des protagonistes de Stars 80 ont déjà interprété leur principal tube dans le précédent, ils se retrouvent ici à chanter des chansons d’autres interprètes autour d’un piano, ou à voir leurs « performances » sur scène transformées en montage-séquence sur une musique, en l’occurrence le Love Theme de Flashdance de Giorgio Moroder ! Ajoutez à cela des séquences qui s’enchaînent à la truelle, des plans de réaction sur les protagonistes qui passent 1h50 à sourire à s’en décrocher la mâchoire ou à baisser les yeux quand ils sont tristes, un Anconina au bord de la syncope (quelle tristesse), un Timsit qui espère qu’on ne lui en voudra pas. Sans oublier un épisode interminable à Courchevel où l’équipe nous refait Les Bronzés font du ski dans la poudreuse (mais arrêtez avec Langmann !!!), un Gilbert Montagné obligé de faire des blagues sur sa cécité, Jean-Luc Lahaye qui se caresse l’entrejambe en regardant des demoiselles qui s’évanouissent devant lui, Jean Schultheis qui se recoiffe, Phil Barney (qui remplace François Feldman) moulé dans un pull de Noël. C’est apocalyptique, comme une relecture de Freaks où les créatures liftées, aux dents blanchies et emperruquées qui ont leur moment de gloire il y a plus de trente ans seraient exposées à la vue de tous comme en leur temps la femme à barbe ou l’homme tronc. C’est même difficile d’en parler tant ce cirque Barnum est hideux.

La participation du danseur et chorégraphe québécois Jean-Marc Généreux devrait relancer le débat sur l’euthanasie, celle de Sabrina permet à Langmann de plagier les Blues Brothers (comme le premier épisode quoi) et Sister Act en une seule séquence sur fond de I’m so Excited des Pointer Sisters, Chico & les Gypsies ont vu de la lumière et ont installé leurs caravanes sur le plateau. En fait, plus le film avance, plus il devient catastrophique avec une technique qui s’effondre de tous les côtés. Jusqu’au final voulu larmoyant, qui convoque LA star que personne ne s’attendait, sans doute pas l’intéressé lui-même, puisqu’il s’agit de Renaud. Filmé sur fond vert, entouré de gamins habillés comme lui, le chanteur essaye d’entonner Mistral Gagnant, comme s’il était lui-même gêné de se retrouver dans toute cette boue. Le bouzin se termine alors avec sa voix défaillante « Meeerci Stars 80 ! », puis image figée sur le cast principal qui fait la tronche, fondu en noir, générique, karaoké.

Stars 80, la suite est un vrai film expérimental. Seul sur le pont, Thomas Langmann se noie en emportant avec lui tout son équipage. Un bon retour de boomerang dans la tronche qui s’est soldé par un échec cuisant dans les salles cette fois.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Stars 80, la suite, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur Celebration de Kool & The Gang.

Alors…évoquons rapidement les éléments les plus courts, à savoir une bande-annonce, le karaoké du film (6’) et l’avant-première à la Rochelle (2’30) où les stars déambulent sur le tapis rouge.

Deux scènes coupées (3’30), aussi pathétiques que ce qui a été gardé au montage final et dont on se demande pourquoi elles ont donc été écartées, sont également disponibles. Dans la première, Richard Anconina se reçoit un seau d’eau sur la tronche (rires), tandis que dans la seconde, Peter et Sloane se prennent la tête dans la piscine (bis).

L’éditeur joint également six featurettes promotionnelles (de 3 minutes chacune en moyenne) centrées sur les propos de l’équipe (« on est tous des potes », « on est une famille », « Thomas Langmann est le meilleur réalisateur », « Y’avait toujours de la farine sur le plan de travail du metteur en scène ») et l’ambiance du tournage. Un des modules fait de la pub pour une jeune comédienne, qui interprète une serveuse se joignant à la troupe le temps d’une chanson.

L’Image et le son

Ce master HD de Stars 80, la suite en met plein la vue. La photo du chef opérateur Eric Guichard (L’Ecole buissonnière), fait la part belle aux couleurs clinquantes et aux paillettes magnifiquement restitués grâce au Blu-ray. La définition pimpante offre un piqué sans cesse aiguisé, des contrastes léchés, des noirs denses, une luminosité de tous les instants et une profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan du cadre large, le relief ne cesse d’étonner. En un mot, resplendissant.

Cette fausse comédie-musicale à la française vous donne l’occasion de transformer votre installation sonore en véritable jukebox des années 80. Le mixage DTS-HD Master Audio 7.1 (oui oui) ne se fait pas prier avec les basses. La balance frontale est riche et exemplaire, les dialogues solidement plantés sur la centrale et les latérales ne cessent d’exsuder leurs effets et ambiances. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mika Cotellon / Wild Side Video / Sandrine Gomez / Alain Guizard Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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