Test Blu-ray / Les Invisibles, réalisé par Louis-Julien Petit

LES INVISIBLES réalisé par Louis-Julien Petit, disponible en DVD et Blu-ray le 15 mai 2019 chez AB Vidéo

Acteurs : Audrey Lamy, Corinne Masiero, Noémie Lvovsky, Déborah Lukumuena, Sarah Suco, Brigitte Sy, Pablo Pauly, Quentin Faure…

Scénario : Louis-Julien Petit, Marion Doussot, Claire Lajeunie d’après le livre de Claire Lajeunie

Photographie : David Chambille

Musique : Laurent Perez Del Mar

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Suite à une décision municipale, l’Envol, centre d’accueil pour femmes SDF, va fermer. Il ne reste plus que trois mois aux travailleuses sociales pour réinsérer coûte que coûte les femmes dont elles s’occupent : falsifications, pistons, mensonges… Désormais, tout est permis !

Sorti en 2015, Discount, le premier long métrage réalisé par Louis-Julien Petit, était un film revigorant et passionnant qui s’inscrivait dans la catégorie des comédies sociales habituellement «  réservées  » au cinéma anglo-saxon (Ken Loach, Mark Herman, Peter Cattaneo) et qui révélait de sérieux talents devant comme derrière la caméra. Oeuvre engagée, Discount dénonçait le gaspillage alimentaire, à l’heure où l’Assemblée Nationale avait voté le jeudi 21 mai 2015 à l’unanimité l’interdiction aux grandes surfaces de jeter de la nourriture. Discount remportera le Prix du Public au Festival du Film Francophone d’Angoulême. L’année suivante, pour Arte, le réalisateur signe Carole Matthieu, drame porté par Isabelle Adjani et Corinne Masiero, adapté du roman Les Visages écrasés de Marin Ledun. Avec Les Invisibles, Louis-Julien Petit livre à nouveau une formidable chronique sociale. Outre son sujet original et excellemment traité, ce qui fait la grande réussite des Invisibles est son casting. Aux côtés de la géniale Corinne Masiero, grande révélation du superbe Louise Wimmer (2012) de Cyril Mennegun et déjà présente dans Discount, tout comme l’excellente Sarah Suco, Audrey Lamy explose dans un rôle dramatique, Noémie Lvovsky foudroie une fois de plus dans un rôle fragile comme du cristal, Déborah Lukumuena confirme après sa révélation dans Divines de Houda Benyamina.

L’autre force des Invisibles, c’est aussi la participation de ces femmes qui apportent leur expérience, leur vécu, leur visage, leur voix. Elles incarnent le rôle principal des Invisibles et se révèlent épatantes. Toutes les comédiennes, professionnelles ou non sont toutes incroyables et cette parfaite alchimie rend leurs personnages fortement attachants. Le spectateur n’a alors plus qu’à les suivre et à les soutenir dans leur combat.

L’Envol, centre d’accueil de jour pour femmes sans-abri à Anzin, doit fermer ses portes : seulement 4 % des femmes qui y sont accueillies se sont réinsérées, ce qui est jugé insuffisant par la municipalité, qui ne peut plus « continuer à dépenser sans résultats ». Les travailleuses sociales vont faire preuve de désobéissance civile en décidant d’y installer un atelier-thérapeutique et un dortoir dans un squat, en toute clandestinité. L’atelier s’appuie sur la truculente Chantal, SDF et modèle de réinsertion, formée à la réparation d’électroménager à la prison de Loos.

Louis-Julien Petit a su éviter le piège du misérabilisme en se documentant sur le sujet et en ancrant son film dans une réalité sociale à la frontière du documentaire. Il le fait sans appuyer la démonstration et avec une énergie, une générosité et une émotion contagieuses qui font du bien, sans oublier des dialogues (en grande partie improvisée) qui font mouche à tous les coups. C’est le second succès consécutif pour Audrey Lamy, à qui le registre plus grave sied décidément très bien après Rebelles d’Allan Mauduit. A l’instar de ses formidables partenaires, elle apparaît ici sans fard et se livre comme rarement devant la caméra. Nous en avons déjà parlé plus haut, mais Corinne Masiero, capitaine Marleau dans la série éponyme sur France 3 crève l’écran une fois de plus avec son charisme brut, sa spontanéité, son regard fort et son immense sensibilité. Outre Noémie Lvovsky et Déborah Lukumuena, les deux autres bénévoles de l’Envol, on se souviendra longtemps de ces femmes jeunes, entre deux âges ou même septuagénaires, qui ont pris pour pseudo Lady Di, Brigitte Macron, Edith Piaf, Simone Veil, La Cicciolina, Dalida, Brigitte Fontaine et Salma Hayek. Louis-Julien Petit a trouvé ses « actrices » dans différents centres d’accueil à travers la France où elles avaient trouvé un refuge temporaire avant de retrouver la rue.

On sent le cinéaste passionné par son sujet. Il scrute leurs visages, s’attarde sur les regards, les gestes, leurs forces, leur indéniable présence face à la caméra où elles délivrent un message optimiste et plein de chaleur humaine. En transposant le livre de Claire Lajeunie, Sur la route des invisibles, femmes dans la rue, dont l’auteure avait par ailleurs déjà tiré un documentaire pour France 5, le metteur en scène tape dans le mille une fois de plus. Les Invisibles apparaît comme un prolongement, en se focalisant essentiellement dans le centre d’accueil, dans le quotidien des travailleuses sociales et dans le combat au quotidien de ces femmes qui apprennent à se servir des armes qui s’offrent à elles pour espérer une réinsertion.

Louis-Julien Petit aura frappé en plein coeur de la critique et surtout des spectateurs puisque Les Invisibles aura attiré pas loin d’1,5 million de spectateurs au cinéma. Et c’est amplement mérité.

LE BLU-RAY

Après un très beau succès dans les salles, Les Invisibles bénéficie d’une sortie en DVD et Blu-ray chez AB Vidéo. Le disque est logé dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Quant au menu principal, il est ici animé et musical.

Parfait complément au film, le making of (28’) proposé est excellemment réalisé et complet. La productrice Liza Benguigui, les comédiens et le réalisateur interviennent à tour de rôle sur la genèse des Invisibles, sur le casting, sur les conditions de tournage, les thèmes abordés et les personnages. A cela s’ajoutent les traditionnelles images capturées sur le plateau où l’ambiance est chaleureuse et où chacun semble véritablement impliqué dans le processus de création.

Six scènes coupées (7’ au total), très belles, mais qui auraient probablement ralenti le rythme du film, sont ici présentées et prolongent quelque peu l’histoire de Monique, que l’on voit ici avec sa fille, celle de Khouka, qui rend visite à sa sœur, et même Esteban qui parle de « Lady Di » à ses collègues.

L’interactivité se clôt sur deux bandes-annonces.

L’Image et le son

Nous sommes ici en Haute-Définition. La qualité est là avec des couleurs bien loties et à dominante froide, le piqué est bien affûté, la clarté de mise et les contrastes élégants avec des noirs denses. Les détails ne manquent pas sur le cadre large tout comme sur les nombreux gros plans. Que demander de plus ?

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 instaure un excellent confort acoustique en mettant la musique en avant, tout en délivrant les dialogues avec ardeur, sans jamais oublier les effets et ambiances annexes. Quelques basses soulignent également quelques séquences. La piste Stéréo s’en donne également à coeur joie, se révèle dynamique et même percutante dans son genre. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © AB Vidéo / JC Lother / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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