Test Blu-ray / La Nuit de la grande chaleur, réalisé par Terence Fisher

LA NUIT DE LA GRANDE CHALEUR (Night of the Big Heat) réalisé par Terence Fisher, disponible en DVD et Blu-ray le 26 septembre 2017 chez Movinside

Acteurs :  Christopher Lee, Peter Cushing, Patrick Allen, Percy Herbert, Jane Merrow, Sarah Lawson, William Lucas, Kenneth Cope…

Scénario :  Ronald Liles d’après le roman de John Lymington

Photographie : Reginald H. Wyer

Musique : Malcolm Lockyer

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Une invraisemblable vague de chaleur touche en plein hiver l’île britannique de Fara. À l’auberge du « Cygne Blanc », la tension monte en même temps que la température. Le mystérieux client Hanson finira par dévoiler la cause de cet étrange microclimat : des extraterrestres se préparent à envahir la Terre et la chaleur intense leur est indispensable pour survivre…

La Nuit de la grande chaleur, Night of the Big Heat en version originale et même Island of the Burning Damned pour son exploitation aux Etats-Unis, est l’un des derniers longs métrages du célèbre réalisateur Britannique Terence Fisher (1904-1980), grande figure de la Hammer Film Productions et metteur en scène de Frankenstein s’est échappé (1957), Le Cauchemar de Dracula (1958), La Revanche de Frankenstein (1958) et Le Chien des Baskerville (1959). Après avoir remis au goût du jour (et en couleur) les monstres qui avaient fait les belles heures des Studios Universal dans les années 1930-40, ainsi que Sherlock Holmes dans l’une des plus grandes adaptations de Sir Arthur Conan Doyle, le cinéaste s’engage pour deux films auprès de la Planet Film. Ce sera L’Île de la terreurIsland of Terror en 1966 et La Nuit de la grande chaleur (1967), d’après un roman de John Lymington. Disposant d’un budget restreint (euphémisme), Terence Fisher peut néanmoins compter sur la participation de deux monstres du genre, deux comédiens qu’il a très souvent fait tourner, Christopher Lee et surtout Peter Cushing qui collaborera près d’une quinzaine de fois avec le réalisateur. Malgré ce casting plus qu’attractif, La Nuit de la grande chaleur déçoit, ennuie souvent et le talent du cinéaste ne parvient pas à donner un souffle à son histoire limitée qui s’apparente souvent à du théâtre filmé.

Au mois de novembre, l’île de Fara située au large de l’Ecosse, est habituellement battue par les vents et la température y est hivernale. Cette année-là, il n’en est rien : une vague de chaleur inaccoutumée sévit sur la zone, perturbant animaux, végétaux et les habitants. Jeff Callum, un écrivain, propriétaire d’un hôtel, s’interroge sur les causes de ce bouleversement climatique. Il est également intrigué par le comportement d’un de ses clients, Godfrey Hanson. En forçant sa porte, il découvre dans sa chambre un véritable laboratoire. Hanson lui explique que des extraterrestres sont la cause directe de l’insupportable canicule. Malgré un excellent postulat de départ, une installation prenante et des effets paranormaux inquiétants, La Nuit de la grande chaleur ne tient pas longtemps la route. Si les comédiens sont évidemment excellents et font tout ce dont ils sont capables pour paraître inquiets et angoissés, le dispositif réduit le film à un quasi-huis clos, en réunissant les personnages principaux dans une auberge.

Terence Fisher distille une atmosphère moite très réussie. Le cinéaste y ajoute une touche sexy par la présence de la sensuelle Jane Merrow, dont le corps souvent exposé, caressé avec des glaçons ou tout simplement moulé dans un bikini du plus bel effet, fait tourner à la fois la tête du personnage interprété par Patrick Allen, mais aussi des spectateurs. Cette troisième tentative de science-fiction de Terence Fisher, après The Earth Dies Screaming (1965) et LÎle de la Terreur est plutôt banale et très bavarde. Le film emprunte beaucoup aux séries B de science-fiction qui envahissaient les cinémas américains dans les années 1950 et seules quelques scènes parviennent à vraiment à éveiller l’intérêt après la formidable exposition qui n’est pas sans rappeler l’album de Tintin, L’Étoile mystérieuse publié en 1942.

Terence Fisher parvient à restreindre les effets visuels en privilégiant le hors champ et les effets sonores à base d’acouphènes (très réussis par ailleurs), mais doit se résoudre à dévoiler les envahisseurs dans un final raté, involontairement drôle (quoique) et désuet. Profitant du titre « hot », le distributeur Empire Distribution, peu confiant sur la qualité du film, décide d’intégrer des scènes érotiques et de remanier le montage original, en misant uniquement sur le nom des deux actrices principales. Une arnaque qui a quand même attiré un demi-million de spectateurs dans les salles françaises en 1975 !

Revoir La Nuit de la grande chaleur dans son vrai montage n’apporte pas grand-chose, si ce n’est d’admirer le talent de deux grands comédiens, qui donnaient le meilleur d’eux-mêmes même dans les productions les plus fauchées. Pas désagréable, mais dispensable.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Nuit de la grande chaleur, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique et élégant de couleur noire. La jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de fantastique, et des autres, puisqu’elle reprend l’un des visuels originaux. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

Cette nouvelle vague Trésors du fantastique pèche par les présentations de Marc Toullec. S’il répond à l’appel, son introduction (7’) s’avère d’une pauvreté plutôt déconcertante. De biais, lisant un texte (sur un PC ?), bafouillant, se reprenant plusieurs fois, Marc Toullec se contente quasiment de faire une dictée, sans donner la moindre intonation à son texte, en se contentant d’énumérer des anecdotes de tournage, la sortie du film (dont la version agrémentée de scènes érotiques) et le casting de façon robotique. De plus, il semble que pour faire des économies en postproduction, Marc Toullec ait tout simplement mis une musique horripilante en fond pendant qu’il déclame son texte. A ce train-là, l’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies sera de dos lors de ses prochaines apparitions !

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080i. A cette bizarrerie s’ajoute un master défraîchi, aux couleurs complètement fanées à tendance jaunâtre. Le générique effraie quelque peu puisque l’image est constellée de points, de tâches et d’autres scories en tous genres. Si cela s’améliore après, la propreté n’est certainement pas le point fort de cette édition. D’ailleurs, l’ensemble demeure médiocre avec un piqué émoussé, un grain aléatoire et des contrastes du même acabit. La copie est néanmoins stable et diverses séquences tirent néanmoins leur épingle du jeu, même si la promotion HD n’est guère palpable sur ce titre.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage PCM 2.0. Pas de HD ici donc. Cependant, le confort acoustique est malgré tout assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque de vivacité sur la piste française. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © EUROLONDON FILMS LTD. ALL RIGHTS RESERVED / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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