Test Blu-ray / Cold Skin, réalisé par Xavier Gens

COLD SKIN réalisé par Xavier Gens, disponible en DVD et Blu-ray le 17 juillet 2019 chez Condor Entertainment

Acteurs : Ray Stevenson, David Oakes, Aura Garrido, Winslow M. Iwaki, John Benfield, Ben Temple, Iván González, Alejandro Rod…

Scénario : Jesús Olmo, Eron Sheean d’après le roman d’Albert Sánchez Piñol

Photographie : Daniel Aranyó

Musique : Víctor Reyes

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Au lendemain de la Grande Guerre, un officier météorologique de l’armée est envoyé sur une île isolée en Antarctique, dont le seul habitant est un vieux gardien de phare russe. La nuit venue, ils sont attaqués par des mystérieuses créatures marines.

Réalisateur de plus d’une quarantaine de vidéo-clips, Xavier Gens passe le cap du long métrage en 2007 avec Frontière(s), slasher produit par Luc Besson. Ce dernier parvient à le faire engager pour transposer à l’écran le jeu vidéo Hitman. Prenant peur devant la violence du film, la production reprend le montage de Xavier Gens, dépossédé alors de sa première expérience américaine, qui sera néanmoins un succès honorable. Il faudra attendre quatre ans pour que Xavier Gens livre son troisième long métrage, The Divide, film de science-fiction post-apocalyptique, avec Michael Biehn et Rosanna Arquette, qui ne sera pas exploité dans les salles françaises. Après une participation au film à sketches d’horreur The ABCs of Death (2012), l’actualité de Xavier Gens se bouscule avec les sorties successives de The Crucifixion, Cold Skin et de Budapest. Si ce dernier reste une comédie potache, bien enlevée et très drôle, les deux autres démontrent une fois de plus toute l’affection du réalisateur pour le film de genre. Nous parlerons de The Crucifixion une autre fois, car le film qui nous intéresse ici, Cold Skin est le meilleur film du cinéaste. Il revient avec ce film de science-fiction horrifique franco-espagnol, adapté du roman catalan La Peau froideLa Pell freda, best-seller d’Albert Sánchez Piñol publié en 2002. Un temps envisagé par David Slade (Hard Candy, 30 jours de nuit, Twilight – Chapitre III : Hésitation, cherchez l’intrus), Cold Skin atterrit dans les mains de Xavier Gens, qui s’empare littéralement du roman original. Cold Skin est un énorme coup de cœur. Avec sa merveilleuse photographie (Daniel Aranyó), ses décors magnifiques (le film a été tourné à Lanzarote, île volcanique des Canaries), sa mise en scène léchée, son interprétation inspirée et son mélange de fantastique, d’émotion et de survival, Cold Skin est un des films de 2019 à ne pas manquer.

En 1914, alors que le monde se prépare à l’apocalypse, un jeune homme est débarqué sur une île rocheuse et inhospitalière, près du cercle antarctique. Sa mission : remplacer pour les 12 prochains mois l’officier météorologique qui a mystérieusement disparu. Alors que le bateau s’éloigne, il est loin d’imaginer que de terribles créatures ont déjà pris possession de l’île.

Cold Skin aura mis du temps pour nous parvenir, d’autant plus que Xavier Gens travaillait sur cette transposition depuis 2011 ! L’attente est largement récompensée et on ne peut que saluer le travail du réalisateur. En prenant comme partis pris de plonger quasi-directement son audience dans l’action, la première confrontation intervenant dans les dix premières minutes, Xavier Gens fait confiance aux spectateurs pour la construction psychologique de ses protagonistes. Quelques indices sont donnés ici et là, tandis que Friend et Gruner s’unissent pour survivre lors des attaques nocturnes de ces étranges créatures. Sur des dialogues très littéraires (voire poétiques) et superbes, dont la voix-off douce et presque berçante contraste avec les fusillades musclées qui se déroulent à l’écran, Cold Skin déroule son récit sur un rythme posé mais maîtrisé, où la violence, physique, mais aussi celle des sentiments s’exacerbent jusqu’au face-à-face final.

Si les deux têtes d’affiche, David Oakes (Les Piliers de la terre, The Borgias) et Ray Stevenson (la trilogie Divergente, Volstagg dans le MCU) s’imposent sans mal et rivalisent de charisme, c’est surtout la comédienne espagnole Aura Garrido qui crève l’écran dans le rôle d’Aneris, l’être aquatique « recueilli » par Gruner, qui l’exploite (y compris sexuellement) et qui va entretenir une relation troublante avec Friend. Malgré l’imposant (et bluffant) maquillage et le regard reptilien, l’actrice émeut à chaque apparition et parvient à insuffler à Anéris moult sentiments et une émotion à fleur de peau.

Xavier Gens s’inspire de la littérature fantastique du XIXè siècle (Jules Verne, avec pas mal de références au Capitaine Némo) et du début XXè siècle (H.P. Lovecraft bien évidemment), mais aussi d’oeuvres picturales où l’on reconnaîtra par exemple Le Voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrich. Alors certes, Cold Skin laisse diverses questions sans réponse et l’épilogue laisse perplexe, mais la grande réussite du film s’impose du début à la fin. Dommage que sa sortie simultanée avec le mastodonte La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro, pourtant bien plus conventionnel, ait quelque peu éclipsé Cold Skin, car il s’agit assurément d’un des meilleurs films de genre de ces dernières années. Un de ceux faits avec le coeur et une immense passion pour le septième art (on pense à La 9ème vie de Louis Drax d’Alexandre Aja), et l’oeuvre de la maturité pour Xavier Gens.

LE BLU-RAY

Privé d’une sortie dans les salles françaises, Cold Skin est pris en main par Condor Entertainment. Il s’agit ici d’un des titres phares de l’année 2019 pour l’éditeur. Le disque à la sérigraphie sobre, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. Le visuel est attractif et saura attirer l’oeil de l’acheteur. Le menu principal est animé et musical.

Avec plus d’une heure de suppléments, remercions Condor pour nous permettre d’en savoir un peu plus (et même beaucoup) sur Cold Skin ! On découvre tout d’abord un excellent making of (27’) constitué de nombreuses images de tournage (on peut d’ailleurs y voir entre deux prises quelques créatures du film avec leur téléphone portable) et surtout des propos des trois comédiens principaux, du réalisateur et des producteurs. Chacun s’exprime sur les thèmes du film, mais aussi sur la longue production de Cold Skin, les nombreux repérages effectués pour trouver les lieux de tournage (Xavier Gens est allé en Islande, au Groenland, au Canada), le maquillage éprouvant d’Aura Garrido (près de huit heures par jour, plus deux heures pour tout retirer), l’adaptation du roman d’Albert Sánchez Piñol (également présent), les effets spéciaux avec les responsables des images de synthèse, les partis pris avec le directeur de la photographie Daniel Aranyó et l’enregistrement de la musique avec le compositeur Víctor Reyes. Un document passionnant.

L’’éditeur joint également un entretien exclusif avec Xavier Gens mené par Christophe Lemaire. Ce dernier a rejoint le réalisateur à une heure de Londres, où il dirige quelques épisodes de la série Gangs of London aux côtés de Gareth Evans et Corin Hardy. Durant 40 minutes, les deux hommes et visiblement complices échangent sur l’aventure Cold Skin, qui a demandé des années de préparation et d’attente (aussi bien en pré qu’en post-production) au cinéaste. On apprendra notamment que Xavier Gens connaissait déjà le roman d’Albert Sánchez Piñol avant même d’être envisagé pour en réaliser son adaptation. Le réalisateur s’exprime également sur ses très nombreuses recherches graphiques, sonores, historiques, littéraires effectuées pour l’écriture du film. La psychologie et les rapports des personnages sont également abordés, tout comme la difficulté de vendre Cold Skin (« typiquement le genre de films dont le marché ne veut pas »), le casting, les effets spéciaux, les quelques points communs avec La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro (les deux films étaient d’ailleurs projetés en même temps à Sitges) et bien d’autres éléments. Ne manquez pas ce rendez-vous !

L’Image et le son

Même si le Blu-ray est au format 1080i, Condor Entertainment prend soin de ce titre qui sort directement dans les bacs chez nous. Ce master est beau et le transfert solide. Respectueuse des volontés artistiques originales, la copie de Cold Skin se révèle propre et tire agréablement partie de la HD avec des teintes froides, une palette chromatique spécifique, le tout soutenu par un solide encodage. Le piqué, tout comme les contrastes, sont souvent tranchants, les arrière-plans sont détaillés, le relief plaisant, les noirs denses et les détails foisonnants sur le cadre large. Hormis quelques légers fléchissements de la définition sur les scènes sombres, cette édition Blu-ray permet de découvrir Cold Skin dans de très bonnes conditions techniques.

En anglais comme en français, pas de Haute-Définition, mais des pistes Dolby Digital 5.1 qui assurent néanmoins le spectacle acoustique avec fracas. La version française jouit d’un dynamique report des voix et même si elle s’avère moins riche que la version originale, elle n’en demeure pas moins immersive. Dans les deux cas, la balance frontale en met plein les oreilles lors des séquences d’affrontements. Quelques scènes sortent du lot avec un usage probant des ambiances latérales et du caisson de basses. La musique profite également d’une belle délivrance, mettant toutes les enceintes à contribution, même à volume peu élevé. Deux pistes Stéréo sont également proposées. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © Condor Entertainment / Skin Producciones / Babieka Films / Babieka Entertainment / Kanzaman France / Pontas Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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