Test Blu-ray / Brimstone, réalisé par Martin Koolhoven

BRIMSTONE réalisé par Martin Koolhoven, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Guy Pearce, Dakota Fanning, Carice van Houten, Kit Harington, Emilia Jones, Ivy George…

Scénario : Martin Koolhoven

Photographie : Rogier Stoffers

Musique : Junkie XL

Durée : 2h29

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans l’Ouest américain, à la fin du XIX siècle. Liz, une jeune femme d’une vingtaine d’années, mène une vie paisible auprès de sa famille. Mais sa vie va basculer le jour où un sinistre prêcheur leur rend visite. Liz devra prendre la fuite face à cet homme qui la traque sans répit depuis l’enfance…

Depuis dix ans, rares sont les westerns qui ont su en plus marquer les cinéphiles. Citons pêle-mêle L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford d’Andrew Dominik (2007), 3h10 pour Yuma de James Mangold (2008), Appaloosa d’Ed Harris (2008), Blackthoarn de Mateo Gil (2010), True Grit des frères Coen (2010), Shérif JacksonSweetwater des frères Miller (2013), Gold de Thomas Arslan (2013), The Salvation de Kristian Levring (2014) et Bone Tomahawk de S. Craig Zahler (2015). Le Django Unchained de Quentin Tarantino s’avérait plus une parodie qu’un véritable western pur et dur comme pouvait l’être Les Huit Salopards en 2016. Dans cette poignée de films, trois se démarquent par la nationalité de leurs réalisateurs et donc par leur interprétation singulière du mythe américain, entre l’espagnol Mateo Gil, l’allemand Thomas Arslan et le danois Kristian Levring. Il faudra désormais compter sur le néerlandais Martin Koolhoven qui signe et réalise avec Brimstone un très grand film, un western à la frontière de plusieurs genres, qui n’est pas sans rappeler La Nuit du Chasseur de Charles Laughton (1955).

Sélectionné en compétition officielle à la Mostra de Venise en 2016 et interdit en salles aux moins de 16 ans en France, Brimstone voit ses 150 minutes divisées en quatre chapitres, Revelation, Exodus, Genesis et Retribution (Châtiment), qui racontent l’histoire à rebours. En se servant du western comme support et repères, Martin Koolhoven déjoue les codes et livre en réalité une redoutable et admirable relecture du boogeyman, ici caractérisé par le personnage d’un pasteur fou à lier, qui a décidé d’épouser sa propre fille et d’avoir des enfants avec elle.

Brimstone est un véritable jeu de pistes dans lequel la jeune Liz se retrouve comme enfermée dans un labyrinthe avec un prédateur lancé à sa poursuite. Le prêcheur déviant et conforté dans ses noirs desseins par la religion, du moins par sa manière d’interpréter les textes sacrés, est incarné par Guy Pearce. Acteur caméléon, passant d’un registre à l’autre, la théâtralité de son jeu a souvent créé un décalage inquiétant comme dans Des hommes sans loi de John Hillcoat. Ridicule et pathétique, il est aussi et surtout immonde, terrifiant et angoissant dans Brimstone, avançant comme un monstre invulnérable, bien décidé à rattraper sa fille qui s’est échappée après la mort brutale de sa mère, interprétée ici par Carice Van Houten.

Liz est aussi le rôle d’une résurrection, celle de Dakota Fanning. Alors que sa sœur Elle enchaîne les projets, celle qui avait estomaqué la planète entière à travers ses prestations dans Man on fire de Tony Scott (2004) et La Guerre des mondes de Steven Spielberg (2005), se faisait plus rare sur les écrans. A part quelques apparitions dans la saga Twilight et une première tentative pour sortir du carcan de l’enfant-comédien dans Les Runaways de Floria Sigismondi, Dakota Fanning avait quelque peu disparu du devant de la scène. Elle crève à nouveau l’écran dans Brimstone dans un rôle quasi-muet. N’oublions pas la grande performance de la jeune Emilia Jones, qui interprète le même personnage enfant et au stade de l’adolescence. Seul bémol au tableau avec la participation du falot Kit Harington (plus connu sous le nom de Jon Snow dans la série événement Game of Thrones), qui promène son absence de charisme et une mauvaise imitation de Woody Harrelson dans quelques séquences.

Magnifiquement photographié par le chef opérateur Rogier Stoffers (Rock academy, Je te promets) et sans oublier la composition hypnotique de Junkie XL, ce western crépusculaire, quasi-fantastique, brutal et très violent – certaines scènes demeurent déconseillées aux spectateurs les plus sensibles – réalisé d’un point de vue féminin, récit initiatique, drame psychologique et fable sur le fanatisme religieux subjugue du début à la fin, s’avère aussi éprouvant que puissant et flamboyant.

LE BLU-RAY

L’édition HD de Brimstone a été réalisée à partir d’un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Celles et ceux qui auraient été subjugués par Brimstone, devront se ruer sur les scènes coupées (14’). Ces séquences auraient pu tout à fait être intégrées au montage final et ont sûrement été mises de côté en raison de la durée déjà conséquente du film. Quelques scènes sont introduites par le clap et la voix du réalisateur Martin Koolhoven, notamment lors de la scène alternative du duel dans la rue. D’autres séquences appuient le caractère rebelle du beau-fils de Liz à son égard (il demande à son père qu’elle s’en aille de la maison), ou bien prolongent la pendaison de la prostituée où toutes ses amies lui rendent hommage à travers une prière.

Le meilleur de cette interactivité demeure l’interview de Martin Koolhoven (23’), qui posément évoque la genèse de Brimstone (né après son refus de réaliser une comedie-romantique !) et la longue et difficile gestation de son western qu’il voulait personnel et original. Il évoque également la forme du récit, le désir de jouer avec les genres, ses références (Il était une fois dans l’Ouest est le film qui lui a donné envie de faire du cinéma), la façon d’aborder la violence à l’écran, le casting et le travail avec les comédiens, les personnages et leur évolution et les lieux de tournage en Hongrie, en Espagne, en Allemagne et en Autriche.

L’éditeur propose également un document (36’) essentiellement destiné aux musiciens ainsi qu’aux passionnés de musiques de films. Junkie XL de son vrai nom Tom Holkenborg, est le compositeur de la musique de Brimstone. On lui doit également les musiques de Deadpool, La Tour Sombre, Batman v Superman: L’aube de la justice et Mad Max: Fury Road. Filmé par plusieurs caméras et entouré d’ordinateurs, Junkie XL s’adresse directement à ses confrères, aux débutants et tout simplement aux plus curieux, dans le but de détailler toutes les étapes qui ont mené à l’un des thèmes principaux du film de Martin Koolhoven. Si l’entreprise est à saluer, ce module est beaucoup trop long et des néophytes risquent de décrocher rapidement, d’autant plus que Junkie XL utilise un jargon réservé aux initiés.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie de photos du film et du tournage.

Signalons que l’édition 2 DVD contient en plus des entretiens avec Dakota Fanning, Guy Pearce et Kit Harington !

L’Image et le son

M6 Vidéo signe un sans-faute avec ce master HD immaculé de Brimstone. Tout d’abord, c’est la clarté et le relief des séquences diurnes qui impressionnent et flattent la rétine. Les couleurs sont chatoyantes puis deviennent de plus en plus froides jusqu’à la partie enneigée, le piqué est vigoureusement acéré, les détails abondent aux quatre coins du cadre large, restituant admirablement la beauté des paysages et les contrastes affichent une densité remarquable. Ajoutez à cela une profondeur de champ constante, des ambiances tamisées séduisantes et des teintes irrésistibles et vous obtenez le nec plus ultra de la Haute-Définition. Un transfert très élégant mais rien de très étonnant quand on sait que Brimstone a été tourné avec la caméra numérique Arri Alexa XT.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent particulièrement riches et instaurent un large confort acoustique. En version originale, les dialogues auraient néanmoins mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale, mais nous vous conseillons d’éviter l’horrible doublage français. Dans les deux cas, la spatialisation musicale demeure évidente, les latérales soutiennent l’ensemble comme il se doit, les ambiances naturelles ne manquent pas tandis que le caisson de basses intervient à bon escient. Deux DTS-HD Master Audio 2.0, forcément moins enveloppantes, sont également disponibles, ainsi que les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.

Crédits images : © The jokers / M6 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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