Test Blu-ray / La Peau sur les os, réalisé par Tom Holland

LA PEAU SUR LES OS (Thinner) réalisé par Tom Holland, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 17 novembre 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Robert John Burke, Lucinda Jenney, Bethany Joy Lenz, Time Winters, Howard Erskine, Joe Mantegna, Terrence Garmey, Randy Jurgensen…

Scénario : Tom Holland & Michael McDowell, d’après le roman de Stephen King

Photographie : Kees Van Oostrum

Musique : Daniel Licht

Durée : 1h28

Année de sortie : 1996

LE FILM

L’histoire de Billy Halleck, avocat rondouillard habitué au succès… jusqu’au jour où, par accident, il percute une vieille gitane avec sa voiture, la tuant sur le coup ! Halleck ressort vainqueur du procès truqué qui s’en suit. Les gitans décident alors de faire leur propre justice et un sort est jeté sur Halleck qui commence alors à perdre du poids de façon incontrôlée, le conduisant vers une mort certaine…

Où en est-on dans les adaptations cinématographiques des écrits de Stephen King dans les années 1990 ? La décennie démarre sur les chapeaux de roue avec Misery de Rob Reiner, qui vaut à Kathy Bates l’Oscar de la meilleure actrice. S’ensuivent La Nuit déchirée Sleepwalkers de Mick Garris (d’après un scénario original du maître de l’horreur), l’excellent La Part des ténèbres The Dark Half de George A. Romero, le solide Needful ThingsLe Bazaar de l’épouvante de Fraser Clarke Heston, le mythique The Shawshank Redemption Les Évadés de Frank Darabont et le méconnu (et pourtant superbe) Dolores Claiborne de Taylor Hackford. La télévision n’est évidemment pas en reste avec le légendaire Ça (ou « Il » est revenu) de Tommy Lee Wallace, Les Tommyknockers de John Power et Le Fléau The Stand de Mick Garris. À l’instar de Mick Garris et Frank Darabont, Tom Holland (né en 1943) signera deux transpositions de Stephen King, la première pour la petite lucarne avec le rigolo Les Langoliers, mini-série en deux parties tirée d’une nouvelle du recueil Minuit 2, l’autre pour le grand écran, La Peau sur les osThinner. S’il n’est assurément pas l’opus le plus célèbre tiré d’un roman de Stephen King (qui fait une apparition dans le rôle d’un pharmacien), de Richard Bachman plutôt d’ailleurs, le cinquième long-métrage du réalisateur Vampire, vous avez dit vampire ? Fright Night, Beauté fatale Fatal Beauty et bien sûr de Jeu d’enfant Child’s Play a su marquer l’esprit des spectateurs et demeure prisé par les aficionados.

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Test 4K UHD / Cat’s Eye, réalisé par Lewis Teague

CAT’S EYE réalisé par Lewis Teague, disponible en Combo Blu-ray+4K UHD le 25 mai 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Drew Barrymore, James Woods, Alan King, Kenneth McMillan, Robert Hays, Candy Clark, James Naughton, Tony Munafo…

Scénario : Stephen King

Photographie : Jack Cardiff

Musique : Alan Silvestri

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Trois histoires dont le point commun est un chat errant qui a des visions d’une petite fille l’appelant au secours :

  • Un homme qui a décidé d’arrêter de fumer et qui s’inscrit pour cela dans une clinique spécialisée, avec des méthodes plutôt… étonnntes.
  • Un joueur de tennis rattrapé par le mari de sa maîtresse, un gangster d’Atlantic City, et contraint, pour sauver sa peau, de faire le tour d’un immeuble en marchant sur la corniche.
  • Une petite fille est terrorisée par un lutin nocturne sanguinaire. Son chat, baptisé General, tente de la protéger du mieux qu’il peut malgré l’incrédulité des parents de la fillette, désireux de se débarrasser de lui à tout prix.

Quand Cat’s Eye sort au cinéma en 1985, les adaptations de Stephen King ne sont pas rares, aussi bien sur le grand que sur le petit écran. En 1985, l’écrivain a déjà publié Carrie, Salem, Shining, Le Fléau, Dead Zone, Charlie, Cujo, Christine, Simetierre…et parmi ces romans sept ont connu une transposition par Brian De Palma, Stanley Kubrick, David Cronenberg, John Carpenter, Mark L. Lester, Tobe Hooper et Lewis Teague, sans oublier George A. Romero et son film à sketches Creepshow. Autant dire que le phénomène King est omniprésent. Emballé par sa version de Cujo (malgré son dénouement optimiste), le producteur italien Dino De Laurentiis (qui venait de financer Dead Zone et Charlie), confie au réalisateur Lewis Teague (né en 1938) les manettes de Cat’s Eye, anthologie comprenant les adaptations des nouvelles Desintox, Inc. et La Corniche, issues du recueil Danse macabre Night Shift, ainsi que d’une histoire inédite créée spécialement à cette occasion par le maître de l’horreur. Rôle-titre de Charlie, Drew Barrymore, propulsée par E.T. l’extra-terrestre de Steven Spielberg tient cette fois encore le haut de l’affiche de Cat’s Eye, au même titre que James Woods et Robert Hays, le film ayant été mis en route rien que pour elle par Dino De Laurentiis, raison pour laquelle elle joue d’ailleurs deux rôles différents ici. Il en résulte un savoureux opus du genre, composé de trois sketches très réussis, excellemment mis en scène et interprétés, devenu culte avec les années, après un succès somme toute modeste et en dessous des espérances du nabab transalpin.

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Test Blu-ray / Le Bazaar de l’épouvante, réalisé par Fraser C. Heston

LE BAZAAR DE L’ÉPOUVANTE (Needful Things) réalisé par Fraser C. Heston, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 22 novembre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Max von Sydow, Ed Harris, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, J.T. Walsh, Ray McKinnon, Duncan Fraser, Valri Bromfield…

Scénario : W.D. Richter, d’après le roman de Stephen King

Photographie : Tony Westman

Musique : Patrick Doyle

Durée : 2h + version longue TV 3h

Année de sortie : 1994

LE FILM

Dans l’échoppe de l’aimable Leland Gaunt, chacun peut y trouver ce dont il a toujours rêvé pour un prix dérisoire. Mais ces acquisitions sont empoisonnées et réveillent haines et jalousies. Les conflits insignifiants tournent au meurtre, à l’apocalypse. Seul le shérif Pangborn échappe aux ruses de celui qui pourrait bien être le Diable…

S’il n’est définitivement pas le meilleur film adapté d’une œuvre de Stephen King, Le Bazaar de l’épouvante Needful Things n’en reste pas moins très aimé des fans du maître de l’horreur. Produit par la société Castle Rock Entertainment, créée en 1987 entre autres par Rob Reiner, cet opus tiré du roman du même nom publié en 1991 s’en tire fort honorablement, ce qui n’était pas une mince affaire compte tenu de la densité conséquente de l’ouvrage original. Mais comment transposer près de 700 pages en deux heures de film ? Le scénariste W. D. Richter, réalisateur du légendaire Les aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8e dimension (1984), également l’auteur de Nickelodeon (1976) de Peter Bogdanovich, de L’Invasion des profanateurs (1978) de Philip Kaufman, du Dracula (1979) de John Badham, mais aussi l’un des créateurs des Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (1986) de John Carpenter s’en est admirablement bien tiré et parvient à restituer l’âme du roman, malgré quelques inévitables coupes drastiques. Alors que les adaptations des livres de Stephen King se multipliaient dans les années 1980-1990, Le Bazaar de l’épouvante, situé entre La Part des ténèbres The Dark Half de George A. Romero et Les Évadés The Shawshank Redemption de Frank Darabont parvient à tirer son épingle du jeu. La preuve en est que le premier long-métrage mis en scène Fraser Clarke Heston (fils du grand Charlton) est devenu un petit film culte près de trente ans après sa sortie.

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Test Blu-ray / La Nuit déchirée, réalisé par Mick Garris

LA NUIT DÉCHIRÉE (Sleepwalkers) réalisé par Mick Garris, disponible en DVD et Blu-ray le 24 février 2021 chez BQHL Editions.

Acteurs : Brian Krause, Mädchen Amick, Alice Krige, Jim Haynie, Cindy Pickett, Ron Perlman, Mark Hamill…

Scénario : Stephen King

Photographie : Rodney Charters

Musique : Nicholas Pike

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

Charles Brady et sa mère Mary sont les derniers survivants d’une race de chasseurs nocturnes, qui n’appartient pas à notre monde, entretenant aussi des relations incestueuses. Ce sont des félidés ne pouvant rester en vie qu’en se nourrissant de la force vitale d’une jeune vierge. Capables de se métamorphoser et de cacher leur apparence de fauve sous un aspect humain rassurant, ils s’installent à Travis, petite ville tranquille de l’Indiana, et se mettent en chasse. Une seule chose peut les tuer : les chats.

Le réalisateur Mick Garris (né en 1951) est un habitué de l’univers de Stephen King et détient probablement le record d’adaptations à l’écran des œuvres du maître de l’horreur ! C’est en 1992 qu’il démarre sa collaboration avec le romancier, qui lui écrit le film La Nuit déchiréeSleepwalkers, un scénario original et non tiré d’un de ses livres. Suivront l’ambitieuse transposition du FléauThe Stand, minisérie diffusée dès 1994, une nouvelle adaptation de Shining en 1997, Quicksilver Highway, téléfilm à la fois basé sur les nouvelles Le Dentier claqueur (parue en 1993 dans le recueil Rêves et Cauchemars) de Stephen King et Le Corps politique de Clive Barker, Riding the Bullet (2004) d’après la nouvelle Un tour sur le Bolid’, puis DésolationDesperation en 2006, et enfin La Maison sur le lacBag of Bones réalisé pour la télévision en 2011. Mais pour l’heure, La Nuit déchirée est un thriller fantastique lorgnant vers la comédie, ou une comédie-fantastique c’est selon, qui commence de façon sérieuse et qui bifurque petit à petit vers le second degré. Il s’en dégage un côté nawak voire inclassable, qui rappelle l’univers de la série des Contes de la crypte, où brille la beauté insolente de la sublime Mädchen Amick, qui sortait alors de l’univers de Twin Peaks. Auréolé d’un joli succès commercial à sa sortie, La Nuit déchirée est rapidement devenu un petit film culte, sur lequel les années glissent doucement et qui demeure un divertissement quelque peu frappadingue et souvent jubilatoire.

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Test Blu-ray / Sac d’os – La Maison sur le lac, réalisé par Mick Garris

SAC D’OS – LA MAISON SUR LE LAC (Bag of Bones) réalisé par Mick Garris, disponible en DVD et Blu-ray le 5 décembre 2020 chez Condor Entertainment.

Acteurs : Pierce Brosnan, Melissa George, Annabeth Gish, Anika Noni Rose, Matt Frewer, Jason Priestley, Caitlin Carmichael, Peter MacNeill…

Scénario : Matt Venne, d’après le roman Sac d’os de Stephen King.

Photographie : Barry Donlevy

Musique : Nicholas Pike

Durée : 2 épisodes de 75 minutes.

Date de sortie initiale : 2011

LA MINISÉRIE

Mike Noonan, auteur de romans à succès, vient de perdre son épouse Jo dans un accident. Pour préparer son prochain livre, il décide de se retirer dans sa résidence secondaire, un chalet situé sur les bords d’un lac du Maine. Il fait aussi la connaissance de Mattie, une jeune veuve, et de sa petite fille Kayla. Or Max Devore, le beau-père de Mattie, un multimillionnaire, cherche à obtenir la garde de la fillette. Bientôt Mike se trouve confronté à la fois à des fantômes hantant sa maison dont celui de sa défunte femme et ainsi qu’à Max Devore qui est prêt à tout pour parvenir à ses fins.

Le réalisateur Mick Garris (né en 1951) est un habitué de l’univers de Stephen King et détient probablement le record d’adaptations à l’écran des œuvres du maître de l’horreur ! C’est en 1992 qu’il démarre sa collaboration avec Stephen King, qui lui écrit le film La Nuit déchiréeSleepwalkers, un scénario original et non tiré d’un de ses romans. Deux ans plus tard, les deux hommes remettent le couvert avec l’ambitieuse transposition du FléauThe Stand, minisérie devenue culte déclinée en quatre parties de 90 minutes, avec Gary Sinise, Molly Ringwald, Jamey Sheridan, Miguel Ferrer et Rob Lowe. Fier de leur association, Stephen King confie à Mick Garris sa propre version de Shining en 1997, toujours sous la forme d’une mini-série, cette fois en trois parties de 85 minutes. La même année, le réalisateur signe Quicksilver Highway, téléfilm à la fois basé sur les nouvelles Le Dentier claqueur (parue en 1993 dans le recueil Rêves et Cauchemars) de Stephen King et Le Corps politique de Clive Barker. Suivront Riding the Bullet (2004) d’après la nouvelle Un tour sur le Bolid’, puis DésolationDesperation en 2006. A ce jour, La Maison sur le lac Bag of Bones est la dernière adaptation de Stephen King mise en scène par Mick Garris. Cette minisérie en deux parties est l’adaptation du roman Sac d’os, paru en 1998, récompensé à sa sortie par le prix Locus du meilleur roman d’horreur, le prix Bram Stoker et le prix British Fantasy, en d’autres termes, il s’agit du livre le plus récompensé de l’écrivain. Sur un scénario de Matt Venne, qui a récemment signé le sympathique Acts of Vengeance d’Isaac Florentine, avec Antonio Banderas qui distribue des bourre-pifs, Sac d’os ou La Maison sur le lac donc (puisqu’il a été diffusé à la télévision sous ce titre en France), est une transposition honnête, qui ne fait pas d’éclats, mais qui se concentre étonnamment sur ce qui faisait la moelle du roman, l’histoire du deuil du personnage principal. Ce dernier est campé avec élégance par Pierce Brosnan, qui venait de tourner The Ghost Writer, dernier chef d’oeuvre en date de Roman Polanski, qui porte le récit à bout de bras, en étant quasiment de tous les plans. Si le rythme est somme toute assez lent, les fans du King retrouveront l’âme de leur écrivain préféré, tandis que Mick Garris soigne sa réalisation et exploite intelligemment ses superbes décors.

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Test Blu-ray / Doctor Sleep, réalisé par Mike Flanagan

DOCTOR SLEEP réalisé par Mike Flanagan, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD chez Warner Bros. le 11 mars 2020

Avec : Ewan McGregor, Rebecca Ferguson, Kyliegh Curran, Cliff Curtis, Carl Lumbly, Zahn McClarnon, Emily Alyn Lind, Bruce Greenwood…

Scénario : Mike Flanagan d’après le roman Doctor Sleep de Stephen King

Photographie : Michael Fimognari

Musique : The Newton Brothers

Durée : 2h32

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Encore profondément marqué par le traumatisme qu’il a vécu, enfant, à l’Overlook Hotel, Dan Torrance a dû se battre pour tenter de trouver un semblant de sérénité. Mais quand il rencontre Abra, courageuse adolescente aux dons extrasensoriels, ses vieux démons resurgissent. Car la jeune fille, consciente que Dan a les mêmes pouvoirs qu’elle, a besoin de son aide : elle cherche à lutter contre la redoutable Rose Claque et sa tribu du Nœud Vrai qui se nourrissent des dons d’innocents comme elle pour conquérir l’immortalité. Formant une alliance inattendue, Dan et Abra s’engagent dans un combat sans merci contre Rose. Face à l’innocence de la jeune fille et à sa manière d’accepter son don, Dan n’a d’autres choix que de mobiliser ses propres pouvoirs, même s’il doit affronter ses peurs et réveiller les fantômes du passé…

Doctor Sleep est un double pari. D’une part, livrer une suite au film Shining (1980) de Stanley Kubrick, référence du film d’épouvante, un film culte, un chef d’oeuvre intemporel. D’autre part, transposer à l’écran le roman éponyme de Stephen King, considéré, à juste titre, comme étant l’un si ce n’est le plus mauvais livre du maître de l’horreur. Et c’est une très grande réussite que l’on doit à un seul homme, le monteur, producteur, scénariste et réalisateur Mike Flanagan. L’auteur de l’exceptionnelle série The Haunting of Hill House, disponible sur la plateforme Netflix, s’empare du roman de Stephen King, probablement conscient des très nombreux points faibles du récit, l’adapte en essayant d’en retranscrire la trame originale, tout en tenant compte des modifications apportées par Stanley Kubrick au roman Shining, par ailleurs très décrié par Stephen King depuis sa sortie. Mike Flanagan a su en retirer la moelle et s’approprier cette histoire, tout en rendant un hommage fabuleux à l’un des films qui lui ont donné envie de passer lui-même derrière la caméra. Doté d’un budget confortable de 45 millions de dollars, Doctor Sleep a connu une carrière difficile au cinéma. Certains spectateurs n’ont pu s’empêcher de comparer le film à celui de Stanley Kubrick, une connerie soit dit en passant, tandis que d’autres ont été quelque peu décontenancé par son rythme lent et sa longue durée de 2h30. Pourtant, contre toute attente, Doctor Sleep est probablement l’une des meilleures transpositions d’un roman de Stephen King à l’écran. Bien supérieur en qualité, en émotions fortes et surtout en virtuosité que le deuxième chapitre de Ça, que le remake affreux de Simetierre, que l’inénarrable Tour Sombre, que le soporifique Cell Phone, Doctor Sleep (un film culotté haha) est l’une des plus belles surprises du genre. C’est même un film magistral.

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Test Blu-ray / Ça : chapitre 2, réalisé par Andrés Muschietti

ÇA : chapitre 2 (It Chapter Two) réalisé par Andrés Muschietti, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD chez Warner Bros. le 15 janvier 2020

Avec : Jessica Chastain, James McAvoy, Bill Hader, Isaiah Mustafa, Jay Ryan, James Ransone, Andy Bean, Bill Skarsgård, Jaeden Martell, Wyatt Oleff, Jack Dylan Grazer, Finn Wolfhard, Sophia Lillis, Chosen Jacobs, Jeremy Ray Taylor, Teach Grant, Nicholas Hamilton, Javier Botet, Xavier Dolan…

Scénario : Gary Dauberman d’après le roman Ça de Stephen King

Photographie : Checco Varese

Musique : Benjamin Wallfisch

Durée : 2h43

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

27 ans après la victoire du Club des Ratés sur Grippe-Sou, le sinistre Clown est de retour pour semer la terreur dans les rues de Derry. Désormais adultes, les membres du Club ont tous quitté la petite ville pour faire leur vie. Cependant, lorsqu’on signale de nouvelles disparitions d’enfants, Mike, le seul du groupe à être demeuré sur place, demande aux autres de le rejoindre. Traumatisés par leur expérience du passé, ils doivent maîtriser leurs peurs les plus enfouies pour anéantir Grippe-Sou une bonne fois pour toutes. Mais il leur faudra d’abord affronter le Clown, devenu plus dangereux que jamais…

Tout d’abord, revenons en arrière. C’est une madeleine pour beaucoup de (télé)spectateurs, une mini-série culte qui compte des millions de fans à travers le monde et qui en gagne sans cesse de nouveaux, notamment en France où elle est très régulièrement diffusée sur la TNT après avoir été programmée pendant des années sur M6, sa première diffusion à la télé française remontant à octobre 1993 : Ça, plus connu en France sous le titre « Il » est revenu. Périodiquement, la ville de Derry dans le Maine est hantée par une terrible créature, un clown pervers capable de changer à loisir d’apparence afin de personnifier les peurs les plus intimes de ses victimes. Dans les années 1950, des événements tragiques se produisent à nouveau. S’attaquant uniquement aux enfants, qui disparaissent ou qui sont retrouvés morts dépecés, «Ça» est un jour vaincu par un groupe de sept jeunes amis de onze ans, six garçons et une fille, ayant fait la promesse de toujours poursuivre l’odieuse entité, qui a disparu dans les égouts abandonnés. Trente ans plus tard, alors que chacun mène une vie paisible aux quatre coins du pays, «Ça» réapparaît à nouveau à Derry. Conformément à leur promesse, le groupe des sept devra se reformer à l’âge de 40 ans pour affronter ses peurs d’enfants.

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Test Blu-ray / Maximum Overdrive, réalisé par Stephen King

MAXIMUM OVERDRIVE réalisé par Stephen King, disponible en DVD et Blu-ray le 8 janvier 2019 chez ESC Editions

Acteurs : Emilio Estevez, Pat Hingle, Laura Harrington, Christopher Murney, Yeardley Smith, J.C. Quinn, Holter Graham, Frankie Faison, Giancarlo Esposito, Marla Maples, Stephen King…

Scénario : Stephen King

Photographie : Armando Nannuzzi

Musique : AC/DC

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

En 1986, la comète Rhéa-M gravite autour de la Terre. Aussitôt, toutes les machines sur la surface du globe sont déréglées : un distributeur de billets insulte les clients, une enseigne lumineuse invite les passants à aller se faire voir… La situation devient tragique lorsqu’un pont mobile échappe à tout contrôle. Désormais, toutes les mécaniques sont autonomes et ne semblent poursuivre qu’un seul but : débarrasser la surface du globe de toute présence humaine…

Depuis la publication de son premier roman Carrie, mais surtout depuis son adaptation au cinéma par Brian De Palma en 1976, l’écrivain Stephen King devient un phénomène mondial. Suivent rapidement Salem, Shining, l’enfant lumière, Le Fléau, Dead Zone, Charlie, Cujo, Christine…que des best-sellers. Hollywood s’est donc très vite emparé des écrits de Stephen King. En 1980, l’immense Stanley Kubrick livre Shining, acclamé par la critique, succès commercial, mais rejeté par le romancier. Ce dernier retrousse ses manches et écrit le scénario de Creepshow, film à sketches composé des adaptations de ses nouvelles La Caisse et Mauvaise Herbe , ainsi que de trois parties originales, le tout réalisé par George A. Romero, qui devient un ami proche. C’est en 1983 que tout s’accélère avec Cujo (Lewis Teague) et Christine (John Carpenter). Le grand producteur italien Dino De Laurentiis est conscient de cet engouement et finance Dead Zone de David Cronenberg. Bien décidé à profiter de la popularité de Stephen King, le producteur prévoit alors coup sur coup les sorties dans les salles de Charlie (Mark L. Lester), Cat’s Eye (Lewis Teague) et Peur bleue (Daniel Attias). C’est alors que l’idée lui vient de proposer à Stephen King lui-même d’écrire et de mettre en scène la transposition de sa nouvelle Poids lourds, issue du recueil Danse macabre. Après quelques hésitations, l’écrivain accepte de relever le pari. Plus de trente ans après et malgré son relatif échec dans les salles, Maximum Overdrive est devenu un vrai film culte, un nanar de luxe, réalisé à la va comme je te pousse, mais animé par une envie de s’éclater, de se marrer et de faire rire les spectateurs. C’est sûrement pour cela que le film a su et pu traverser les années puisqu’il est aujourd’hui très prisé par les amateurs de mauvais films sympathiques. Et puis ce n’est pas tous les jours qu’un délire assumé repose également en grande partie sur une musique composée par AC/DC (l’album Who Made Who) , aujourd’hui dans toutes les mémoires, ce qui renforce encore plus cette idée d’attraction de fête foraine, pour toute la famille.

Dès la première séquence, Stephen King plante le décor à travers un panneau introductif, qui indique que tout ce qui va suivre n’est pas du tout sérieux. Alors qu’une comète passe près de la Terre (voir la planète entourée d’une sorte d’aurore boréale), des machines prennent soudainement vie. Tout commence par des incidents sans gravité : un distributeur de billets insulte les clients (dont Stephen King lui-même qui se fait traiter de connard), une enseigne lumineuse invite les passants à aller se faire foutre. La situation devient tragique lorsqu’un pont basculant se soulève pendant la circulation intense, ce qui fait que tous les véhicules alors sur le pont tombent dans la rivière ou entrent en collision. On pense alors au prologue d’un épisode de Destination finale. Le chaos s’installe alors que des machines de toutes sortes commencent à attaquer les humains. À un relais routier juste à l’extérieur de Wilmington, en Caroline du Nord, un employé, Duncan Keller, est aveuglé après qu’une pompe à essence lui a pulvérisé du diesel dans les yeux. Une serveuse est blessée par un couteau électrique, et un jeu d’arcade électrocute un homme. L’employé et ex-taulard Bill Robinson soupçonne que quelque chose ne va pas. Pendant ce temps, lors d’un match de Little League Baseball, un distributeur de boissons tue l’entraîneur en tirant des canettes à bout portant dans son crâne. Un rouleau compresseur écrase l’un des enfants en fuite, mais Deke Keller (le fils de Duncan) parvient à s’échapper. On passe alors à un couple de jeunes mariés, Connie et Curtis. Ce dernier s’arrête à une station-service, où un camion tente de l’écraser, mais lui et Connie s’échappent dans leur voiture. Deke se promène dans sa ville alors que des gens sont brutalement tués par des tondeuses à gazon, des tronçonneuses, des sèche-cheveux électriques, des radios de poche et des voitures télécommandées. Au relais routier, un camion Western Star arborant un masque géant du Green Goblin sur sa calandre tue le père de Deke et un vendeur de Bibles. Plus tard, plusieurs camions encerclent le relais routier. Tous les personnages parviennent alors à trouver refuge au relais. Mais les camions semblent bien déterminer à faire d’eux leurs esclaves.

On le voit, Stephen King ne manque pas d’imagination et son film regorge de trucs nawak en tous genres. Un camion BIC vient constamment faire son placement de produit, tandis que le grand Pat Hingle, qui incarne ici le boss Hendershot, sort quelques roquettes M72 LAW qu’il avait comme par hasard stockées dans un bunker caché sous son restaurant, pour affronter les nombreux camions. Les survivants tentent de trouver une sortie à l’insu des véhicules blindés, qui semblent suivre les directives du Green Goblin. Les comédiens sont chouettes et font le taf, tout en se doutant qu’ils ne sont pas en train de tourner le chef d’oeuvre du siècle. En première ligne, Emilio Estevez, qui sortait du carton d’Outsiders de Francis Ford Coppola et surtout de The Breakfast Club de John Hughes, assure en mode petit bad-ass qui roule des mécaniques, pris au dépourvu par celles des camions qui veulent sa peau. Dans le genre « nana qui hurle durant tout le film », Yeardley Smith s’impose comme une référence, la comédienne ayant été ensuite repéré par Matt Groening, qui allait lui confier la voix de Lisa Simpson, qu’elle interprète depuis maintenant plus de trente ans. Tout ce beau petit monde est bien obligé de se serrer les coudes et de trouver de nouvelles idées pour sortir de ce merdier, autour duquel les camions, bulldozers et autres véhicules militaires se rapprochent sans cesse.

Pendant ce temps, Stephen King s’amuse (aidé en cela par l’alcool et la cocaïne) avec les moyens mis à sa disposition par Dino De Laurentiis, près de dix millions de dollars donc, en multipliant quelques scènes d’horreur amusantes dans la première partie (mention spéciale à la scène du stade de baseball) et sa vision des rues dévastées annoncent quelque part celles de Derry dans Ça, qu’il était d’ailleurs en train d’écrire entre deux prises. En plus de cela, Maximum Overdrive a franchement de la gueule grâce à la photographie du chef opérateur italien Armando Nannuzzi, qui avait travaillé avec Luchino Visconti (Sandra), Luigi Comencini (L’Incompris), Mauro Bolognini (Le Bel Antonio), rien que ça ! A sa sortie, Stephen King est nommé pour le Razzie Award du pire réalisateur. Il dira durant la promotion qu’il s’agit d’un « film débile » et qu’il ne savait pas du tout ce qu’il faisait car toujours sous substance ou l’emprise de la bibine, ce qui n’a rien de mensonger. L’accueil est plutôt désastreux, mais l’entreprise est rentable commercialement.

Mine de rien, on prend un grand plaisir devant Maximum Overdrive, spectacle généreux de science-fiction vintage qui enchaîne les scènes de poursuites, les explosions, les effets sanglants, les répliques amusantes. En 1997, une autre version de la nouvelle de Stephen King voit le jour à la télévision, Trucks : Les Camions de l’enfer, mais Maximum Overdrive est restée une œuvre culte.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Maximum Overdrive, disponible chez ESC Editions, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Plus de quatre heures de suppléments ! QUATRE HEURES !!! Pour Maximum Overdrive, excusez du peu ! Assurément la grande édition du mois de janvier !

Julien Sévéon propose une brillante et passionnante analyse du film qui nous intéresse ici (29’). En toute honnêteté, cette présentation aurait largement suffit si l’éditeur n’avait disposé que de ce bonus. En effet, l’auteur de l’ouvrage George A. Romero : Révolutions, Zombies et Chevalerie (Popcorn, 2017) revient sur TOUS les aspects de Maximum Overdrive. La genèse du projet, la nouvelle Trucks, les précédentes adaptations de Stephen King, l’engagement de ce dernier au poste de réalisateur, les conditions de tournage, la musique d’AC/DC, la sortie et ce qui reste de Maximum Overdrive, tout y est abordé comme d’habitude avec une passion contagieuse.

Nous trouvons un commentaire audio (vostf) de l’acteur Jonah Ray et du producteur Ryan Turek. On se demande pourquoi ces deux types ont été invités pour parler de Maximum Overdrive. Le premier n’avait que quatre ans à la sortie du film et n’est apparu que dans des trucs que personne n’a jamais vus, tandis que le second, plus « en phase » avec le film, est producteur du génial Happy Birthdead, d’Action ou vérité et du Halloween version 2018. Comme ils le disent eux-mêmes « Je ne garantis pas que ce commentaire complète quoi que ce soit ! » « C’est clair, t’as pas tort ! ». En effet, durant près d’1h40, les deux hommes ont beau être complices et raconter des vannes, nous n’apprendrons rien ou presque sur Maximum Overdrive. Quand c’est le cas, il s’agit d’anecdotes glanées ici là au fil de cette interactivité. Pour autant, le commentaire n’est pas déplaisant, dans le sens où les deux intervenants, qui se demandent constamment ce qu’ils font derrière le micro, passent le temps en passant du coq à l’âne, la plupart du temps sans aucun rapport avec Maximum Overdrive.

L’éditeur propose ensuite plusieurs interviews des comédiens du film. Laura Harrington (10’), Yeardley Smith et John Short (18’) et Holter Graham (17’). La première revient sur son parcours et surtout sur son personnage dans Maximum Overdrive, tout en parlant du travail avec ses partenaires et Stephen King. Les effets spéciaux et les lieux de tournage sont également abordés. Au cours de leur interview croisée, Yeardley Smith et John Short évoquent comment ils ont été recrutés pour Maximum Overdrive et se penchent un peu plus sur le travail de Stephen King derrière la caméra. Chacun parle évidemment de l’alchimie avec son partenaire et l’on regrette que les deux acteurs n’aient pas été enregistrés ensemble. On apprend qu’Emilio Estevez recevait la visite de son pote Tom Cruise sur le plateau, ainsi que de sa petite-amie Demi Moore. Les souvenirs de tournage sont amusants et les deux comédiens, peu dupes quant au produit fini, s’étonnent que le film soit devenu culte trente ans après sa sortie. L’entretien avec Holter Graham, onze ans au moment du tournage, croise rapidement quelques images d’une de ses interviews à la sortie de Maximum Overdrive, avec celle réalisée à l’occasion de son édition en Haute-Définition. Holter Graham se souvient de son désir d’être acteur, de ses premières auditions (grâce au soutien de Sissy Spacek), dont celle pour le film de Stephen King, son premier rôle à l’écran. Même chose que ses anciens partenaires, il partage ses souvenirs et anecdotes sur le film.

Du point de vue technique, n’hésitez pas à écouter l’intervention de Dean Gates, responsable des maquillages sur Maximum Overdrive (16’30), le film de sa carrière dont on lui parle le plus. C’est là que l’on apprend que le film aurait pu être beaucoup plus gore et sanglant (notamment pour la scène du rouleau compresseur), si Stephen King ne s’était pas fait réprimander par la production ! Quelques photos de tournage prouvent tout cela, à l’instar du coach de baseball qui se fait fracasser la tête à coups de canettes. Les conditions de tournage, le travail avec Stephen King et bien d’autres sujets sont abordés au cours de cet entretien, l’un des meilleurs de cette interactivité.

Que les fans de hard rock soient rassurés, la musique de leur groupe préféré AC/DC est largement évoquée au cours de l’interview de Murray Engleheart, co-auteur du livre AC/DC: Maximum Rock & Roll (6’30). Ce dernier replace les diverses compositions du groupe pour Maximum Overdrive, au moment où leur carrière battait de l’aile. De là à dire que la B.O a eu plus de succès que le film, il n’y a qu’un pas.

Ceux qui ont gardé beaucoup d’affection pour Maximum Overdrive, se souviennent évidemment du Green Goblin qui orne la calandre d’un des camions principaux du film. Au fait, qu’est devenu ce personnage à part entière ? Le dénommé Tim Shokey explique comment il a pu récupérer la carcasse explosée du Green Goblin après le tournage pour décorer son vidéo-club, avant de le restaurer réellement en 2011 (deux ans de boulot) afin de pouvoir en faire profiter les fans du film lors des conventions.

En 1980, Martha De Laurentiis est cofondatrice de la société de production Dino De Laurentiis Company (DDLC) avec son partenaire puis mari, Dino De Laurentiis. Elle revient ici sur l’aventure Maximum Overdrive (16’). Les souvenirs et anecdotes entendus ici se recoupent avec tous les précédents témoignages et la productrice n’admettra jamais que son film est un nanar.

En fait, ce qui éclaire le plus sur l’envers du décor reste le module intitulé The Wilmington Factor (30’). N’attendez pas les témoignages des comédiens, mais des habitants de cette petite ville de Caroline du Nord qui avaient pu trouver un emploi dans les années 1980, grâce à l’installation des studios de Dino De Laurentiis, alors le troisième plus grand studio du pays. Un décorateur, un reporter du coin, un régisseur devenu finalement maquilleur sur le plateau et quelques autres participants au tournage de Maximum Overdrive expliquent comment Hollywood a su s’implanter dans leur petite bourgade et comment ils ont pu bénéficier de cette part de rêve. Jusqu’à ce que les Républicains arrivent à la tête de l’état et décident de fermer les studios en supprimant les subventions pour les tournages. Un impact que les habitants n’ont pas oublié, dont ils regrettent la frénésie, le tout agrémenté par des anecdotes de tournage. Chacun donne également son avis sur le film. Mention spéciale à l’un des témoins qui indique « Je suis très doué pour travailler sur des films très mauvais ».

Seul bonus non sous-titré, mais cela n’a pas d’importance puisque le son est quasiment étouffé, « Les Coulisses » (9’) donne un aperçu du tournage à travers quelques images filmées sur le plateau.

L’interactivité se clôt (ouf !) sur la bande-annonce (VF et VO) qui est un supplément à part entière puisque présentée par Stephen King lui-même ! N’oublions pas les spots TV.

Probablement l’édition la plus impressionnante consacrée à un nanar !

L’Image et le son

Voilà une édition chiadée de A à Z ! En effet, outre la tonne de suppléments, le Blu-ray de Maximum Overdrive ne déçoit pas et il est même dingue de (re)découvrir le film de Stephen King dans ces conditions techniques. La clarté est éloquente, tout comme la propreté et la stabilité de la copie, les contrastes affichent une vraie solidité, le piqué est agréable, le grain original respecté. Quelques scènes sont certes moins définies, surtout les séquences sombres ou nocturnes, mais le résultat est là, ce master HD tient ses promesses avec notamment des couleurs ravivées, comme le vert du Green Goblin.

La version française vaut son pesant et de ce point de vue-là la stéréo assure et fait son office avec un petit cachet nanar fort sympathique. La piste originale bénéficie elle à la fois d’une DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0. La première instaure surtout une spatialisation musicale avec les compositions d’AC/DC délivrées sur toutes les enceintes. La Stéréo anglaise est un poil étouffée, mais se révèle suffisante pour ce spectacle.

Crédits images : © ESC Editions / ESC Distribution Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Charlie (Firestarter), réalisé par Mark L. Lester

CHARLIE (Firestarter) réalisé par Mark L. Lester, disponible en DVD et Blu-ray le 9 octobre 2018 2018 chez ESC Editions

Acteurs : David Keith, Drew Barrymore, Freddie Jones, Heather Locklear, Martin Sheen, George C. Scott, Art Carney, Louise Fletcher, Moses Gunn, Antonio Fargas, Drew Snyder, Dick Warlock…

Scénario : Stanley Mann d’après le roman « Charlie » – « Firestarter » de Stephen King

Photographie : Giuseppe Ruzzolini

Musique : Tangerine Dream

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Ses parents ayant servi de cobayes à des expériences scientifiques confidentielles, Charlene McGee naît avec l’extraordinaire don de pouvoir, à distance et par la pensée, de manipuler le feu. Petite fille, elle attise désormais la convoitise de l’agence gouvernementale secrète responsable de son état. Une organisation puissante et prête à tout…

Depuis le succès mondial de Carrie au bal du diable de Brian De Palma, l’adaptation du premier roman de Stephen King, l’écrivain devenu le maître de l’horreur est très courtisé par le cinéma. Sorti en 1980 et malgré son rejet par Stephen King, Shining de Stanley Kubrick est un chef d’oeuvre instantané qui révolutionne le septième art. En 1982, Creepshow de George A. Romero, écrit par Stephen King, montre encore une fois l’engouement du public pour ses histoires d’épouvante. Cujo de Lewis Teague est également un succès en 1983. Le grand producteur Dino De Laurentiis acquiert les droits du roman Charlie aka Firestarter en version originale. John Carpenter est courtisé. Le réalisateur confie le scénario à son complice Bill Lancaster, qui vient d’écrire The Thing, qui est ensuite validé par Stephen King lui-même. Seulement voilà, The Thing se fait écraser au box-office par E.T, l’extra-terrestre de Steven Spielberg. Universal remercie purement et simplement John Carpenter. Ce dernier héritera néanmoins de l’adaptation de Christine, qu’il mettra en scène uniquement dans le but de pouvoir survivre au sein des studios. Alors qui pour s’occuper de la transposition de Charlie à l’écran ?

Finalement, Dino De Laurentiis jette son dévolu sur un nommé Mark L. Lester, remarqué avec son film Class 1984. Le scénario est confié à Stanley Mann, l’auteur de L’Obsédé de William Wyler (1965) et de Damien : la Malédiction 2 de Don Taylor (1978). Quant au rôle principal et éponyme, il est confié à Drew Barrymore, huit ans, qui venait d’exploser à l’écran dans…E.T., l’extra-terrestre. La boucle est bouclée.

Tourné en même temps que Christine de John Carpenter et Dead Zone de David Cronenberg, Charlie, une drôle de petite dame, n’a pas le même prestige que ses concurrents puisqu’il ne bénéficie pas d’un cinéaste de renom ou qui possède une griffe particulière. Ici, la star c’est Stephen King et cette entreprise mise tout sur la popularité et le succès du roman. Malgré tout, après un succès très modeste et des critiques globalement négatives à sa sortie, les années ont été plutôt clémentes avec Firestarter et mérite d’être (re)découvert.

Andy McGee et Victoria « Vicky » Tomlinson, sont soumis à une expérience commandée par le Dr. Joseph Wanless, dont le but est l’injection du « Lot 6 », une drogue qui stimule la glande pituitaire, qui permet au cobaye d’acquérir différents pouvoirs psychiques. Ce à quoi Andy et Vicky ne s’attendaient pas, c’était d’avoir une petite fille, Charlene surnommée « Charlie », dotée d’une incroyable beauté, mais aussi d’un terrifiant pouvoir : la pyrokinésie. Ce pouvoir lui permet d’incendier n’importe quoi et n’importe qui par la pensée. Huit ans plus tard, Vicky est tuée par des agents d’une agence gouvernementale secrète, « Le Laboratoire », commandé par l’ambitieux Capitaine Hollister. C’est alors qu’apparaît John Rainbird, un homme impitoyable et sadique, dont le seul désir est d’avoir Charlene pour lui tout seul, pour pouvoir la tuer de ses propres mains.

Rien qu’à la lecture du résumé, le lecteur fan de Stephen King y reconnaîtra les grandes lignes du roman. Et c’est le cas. Charlie (Firestarter) est très fidèle au livre original. Trop sans doute. C’est ce qui en fait son point fort, au moins le lecteur ne se sentira pas trahi puisqu’il retrouvera vraiment ce qui lui aura plu dans ce roman par ailleurs sensationnel, mais c’est également son point faible. Car Charlie (Firestarter) manque d’âme. A l’instar des deux premiers Harry Potter réalisés par Chris Colombus, le spectateur aura l’impression de tourner les pages du livre en même temps qu’il découvre le film. Contrairement à Brian De Palma, John Carpenter, George A. Romero et David Cronenberg, Mark L. Lester n’a pas un style qui lui est propre. Excellent « faiseur », comme il le prouvera l’année suivante dans son chef d’oeuvre, Commando avec Arnold Schwarzenegger, Mark L. Lester dispose d’un solide bagage de technicien. Le boulot est bien fait, l’image Scope est soignée, la photo du chef opérateur Giuseppe Ruzzolini (collaborateur de Pier Paolo Pasolini, Mon nom est Personne de Tonino Valerii) est superbe, les acteurs sont excellents, très bien castés. Le final dantesque, qui n’est évidemment pas sans rappeler celui de Carrie au bal du diable, est explosif à souhait, dans tous les sens du terme avec une gigantesque démonstration d’effets pyrotechniques.

Aujourd’hui, il serait difficile d’imaginer une autre petite actrice que Drew Barrymore pour incarner le personnage principal. Charismatique en diable et tempérament de feu (oui bon, elle était facile), la très jeune comédienne étonne par sa sincérité et son investissement, autant dans les séquences dramatiques que lors des affrontements. A ses côtés, Martin Sheen (qui venait de jouer un autre salaud dans Dead Zone) et George C. Scott (Oscar du meilleur acteur pour Patton, L’Enfant du diable – The Changeling) se donnent la réplique et apportent au film une indéniable plus-value. Moins célèbre, David Keith (The Rose de Mark Rydell, Officier et Gentleman de Taylor Hackford) ne démérite pas moins dans le rôle du père de Charlie et s’avère même très émouvant dans ses scènes avec Drew Barrymore. Quant à la musique de l’immense groupe Tangerine Dream, elle reste très enivrante et souligne la dramaturgie de façon décalée. Rien d’étonnant à cela puisque la B.O. provient de morceaux déjà composés à l’avance et mis à la disposition de Mark L. Lester pour qu’il en fasse ce qu’il veut.

35 ans après, Charlie reste un bon et beau divertissement. S’il ne pourra jamais prétendre au prestige et à la reconnaissance des autres adaptations de Stephen King susmentionnées, cela n’a pas empêché le film de devenir culte auprès de très nombreux cinéphiles. Longtemps oublié et dissimulé derrière des œuvres et chefs d’oeuvres de grands maîtres, il est temps aujourd’hui de découvrir les qualités de ce petit film très attachant, bien rythmé et très plaisant à regarder.

LE BLU-RAY

Exit la version DVD MGM de Charlie (Firestarter) qui se revendait très cher sur le net ! Le film de Mark L. Lester jouit enfin d’une édition Haute-Définition sous la houlette d’ESC Editions. Le disque repose dans un boîtier classique de couleur noire. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche originale. Le menu principal est animé sur la musique de Tangerine Dream.

Pas grand-chose à se mettre sous la dent concernant les bonus. Seule une présentation (23’) du film et des adaptations de Stephen King au cinéma par Laurent Duroche de Mad Movies. Un peu plan-plan et filmé en plan fixe, le journaliste replace Charlie Firestarter) dans la carrière de l’écrivain et dans le courant cinématographique au début des années 1980. La production du film, son tournage et son accueil sont passés en revue, ainsi que le casting, la musique et les prochaines transpositions de Stephen King, notamment Marche ou crève que Laurent Duroche attend avec une grande impatience.

Cette section se clôt sur la bande-annonce de Charlie (Firestarter) et celle de Chucky – Jeu d’enfant.

L’Image et le son

ESC Editions livre un master HD qui frôle la perfection. Les très beaux partis-pris esthétiques du directeur de la photographie Giuseppe Ruzzolini trouvent en Blu-ray un nouvel écrin et se voient entièrement respectés. Point ou peu de réducteur de bruit à l’horizon, le grain est présent tout en étant discret (même sur les plans de vapeur ou de fumée difficiles à consolider), la photo parfois ouatée est savamment restituée, la colorimétrie retrouve un éclat inédit et le piqué est probant. Le format 2.35 est conservé, la profondeur de champ fort appréciable. A peine quelques plans flous et des visages légèrement rosés à déplorer. L’encodage AVC demeure solide, la gestion des noirs impeccable, la propreté exceptionnelle et le niveau de détails impressionnant. Charlie (Firestarter) qui affiche déjà plus de trente ans au compteur peut se targuer d’un lifting de premier ordre et d’un transfert d’une folle élégance.

Les versions originale et française sont proposées en DTS-HD Master Audio Mono 2.0, des pistes exemplaires et limpides, restituant les dialogues avec minutie – moins en version originale toutefois – ainsi que l’enivrante bande originale signée Tangerine Dream. Les effets sont solides, le confort acoustique largement assuré et nous découvrons même quelques ambiances inédites qui avaient pu échapper à nos oreilles jusqu’à maintenant. La piste française se focalise un peu trop sur les dialogues au détriment des effets annexes, plus saisissants en version anglaise. Le mixage français est certes moins riche mais contentera les habitués de cette version. Nous échappons heureusement à un remixage 5.1 inutile. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Orion Pictures / MGM / ESC Editions / ESC Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr