Test DVD / L’Homme qui tua la peur, réalisé par Martin Ritt

L’HOMME QUI TUA LA PEUR (Edge of the City) réalisé par Martin Ritt, disponible en DVD depuis le 9 janvier 2020 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : John Cassavetes, Sidney Poitier, Jack Warden, Kathleen Maguire, Ruby Dee, Val Avery, Robert F. Simon, Ruth White…

Scénario : Robert Alan Aurthur

Photographie : Joseph C. Brun

Musique : Leonard Rosenman

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Axel North, un déserteur devenu vagabond, se fait embaucher sous une fausse identité comme docker dans le port de New York. Pour conserver son travail, il lui faut reverser une partie de son salaire à Charly Malik, un contremaître corrompu. Intrigué par le courage d’un collègue noir, Tommy Tyler, Axel se lie peu à peu avec lui au point de rompre ouvertement avec Malik. Tommy devine que son nouvel ami est hanté par un passé difficile et l’accueille chez lui. Axel y fait la connaissance d’une jeune femme, Ellen, dont il s’éprend. Un matin, une violente dispute éclate entre Malik et Tommy : un crochet de docker à la main, les deux hommes sont prêts à se battre à mort…

Edge of the City ou L’Homme qui tua la peur en version française, est le premier long-métrage réalisé par Martin Ritt (1914-1990), celui qui nous donnera Les Feux de l’été The Long, Hot Summer (1958), Paris Blues (1961), L’Espion qui venait du froid The Spy Who Came in from the Cold (1965), Norma Rae (1979) et bien d’autres. Pour son coup d’essai, il installe son récit dans sa ville natale, New York, dont il connaît les moindres recoins par coeur, y compris les quais sur lesquels se déroulent essentiellement l’action, l’Empire State Building et autres gratte-ciel apparaissant en toile de fond. Depuis toujours très actif pour dénoncer les injustices sociales et politiques, il s’engage très vite auprès de groupes de théâtre afin de défendre les droits des afro-américains, n’hésitant pas à camper l’un des rares personnages blancs dans la pièce Porgy and Bess, saluée pour la modernité de son approche de la culture noire. Martin Ritt monte ensuite des pièces dites de gauche radicale (bien qu’il n’adhérera jamais au Parti communiste US) et parcourt la terre de l’Oncle Sam, ce qui lui vaudra plus tard d’être pointé du doigt par le tristement célèbre sénateur Joseph McCarthy. Durant la guerre, il s’engage dans l’US Air Force, tout en démarrant une carrière d’acteur au cinéma (Winged Victory de George Cukor). Il reprend le théâtre, comme comédien, mais aussi comme metteur en scène, puis entre dans le monde de la télévision au début des années 1950, où il s’occupe principalement de produire et de réaliser quelques adaptations de pièces. Mais ses idées politiques (qu’il ne reniera jamais tout au long de sa vie) le rattrapent. Soupçonné de sympathiser avec l’ennemi rouge situé de l’autre côté du Rideau de fer, il est interdit de télévision, black-listé et revient sur les planches, où il enseigne la légendaire méthode Stanislavski auprès des aspirants comédiens, dont un certain James Dean. En 1957, il a donc l’opportunité de passer derrière la caméra de nouveau, mais pour le cinéma cette fois, avec L’Homme qui tua la peur, transposition d’une pièce de Robert Alan Aurthur (futur scénariste d’All That Jazz de Bob Fosse, de L’Homme aux colts d’or d’Edward Dmytryk et de Grand Prix de John Frankenheimer), déjà adaptée pour la petite lucarne en 1955 (par Robert Mulligan et déjà avec Sidney Poitier). L’histoire prend place dans le milieu des syndicats de dockers de la Grosse Pomme, où un jeune homme d’une vingtaine d’années affronte un collègue animé par la haine de la peau noire. La nouvelle recrue sera accueillie par un docker afro-américain, qui l’aidera à faire sa place, à vivre décemment, jusqu’à devenir son ami. Ce qui sera évidemment mal perçu. Edge of the City ne connaîtra qu’un succès d’estime à sa sortie, mais sera néanmoins très vite reconsidéré par la suite une fois l’explosion de John Cassavetes deux ans plus tard avec son premier film Shadows et celle de Sydney Poitier, qui sera nommé pour l’Oscar du meilleur acteur en 1958 pour La Chaîne The Defiant Ones de Stanley Kramer. Rétrospectivement, la hargne, les thèmes, l’élégance et l’humanisme de Martin Ritt sont déjà à l’oeuvre dans L’Homme qui tua la peur et mérite toute l’attention du cinéphile.

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Test Blu-ray / La Bataille de la vallée du diable, réalisé par Ralph Nelson

LA BATAILLE DE LA VALLÉE DU DIABLE (Duel at Diablo) réalisé par Ralph Nelson, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 1er juillet 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : James Garner, Sidney Poitier, Bill Travers, Bibi Andersson, Dennis Weaver, William Redfield, John Hubbard, Ralph Nelson.…

Scénario : Marvin Albert & Michael Grilikhes

Photographie : Charles F. Wheeler

Musique : Neal Hefti

Durée : 1h45

Date de sortie initiale: 1966

LE FILM

Le garde-frontière Jess Remsberg a pour mission de conduire un détachement à travers un territoire hostile jusqu’à Fort Conchos. Mais son courage et sa dévotion cache une autre motivation : à destination, se cache l’homme qu’il suspecte du meurtre de sa femme. Tandis que Rosenberg découvre la véritable identité du meurtrier, le convoi est sauvagement attaqué par des apaches…

Ralph Nelson (1916-1987) demeure connu pour Le Lys des champs Lilies of the Field (1963), nommé pour l’Oscar du meilleur film, récompensé à trois reprises au Festival de Berlin. Quand on creuse un peu sa filmographie, on se rend compte que deux sujets reviennent fréquemment, le racisme et la violence, qui sont souvent imbriqués et dont la représentation reste particulièrement frontale et percutante pour les années 1960. Durant cette décennie, le réalisateur signera tour à tour La Dernière Bagarre Soldier in the Rain avec Steve McQueen et Jackie Gleason, Le Crash mystérieux Fate Is the Hunter avec Gleen Ford, Grand méchant loup appelle Father Goose avec Cary Grant et Leslie Caron (sur un scénario de Peter Stone, Les Pirates du métro de Joseph Sargent), Les Tueurs de San Francisco Once a Thief avec rien de moins qu’Alain Delon, Ann-Margret, Ven Heflin et Jack Palance, sans oublier son adaptation du roman Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes. Charly, qui vaudra l’Oscar du meilleur acteur à Cliff Robertson. Avant d’explorer encore plus loin dans ses thèmes de prédilection avec Tick… Tick… Tick et la violence explosa et surtout Soldat bleu Soldier Blue, dans lequel il revenait sur le déroulé des guerres indiennes, Ralph Nelson y allait déjà à fond les manettes avec La Bataille de la vallée du diable Duel at Diablo, l’un de ses trois westerns, dans lequel il dirige à nouveau Sidney Poitier, qui avait lui aussi reçu l’Oscar du meilleur acteur (une première pour un afro-américain) pour Le Lys des champs (ainsi que le BAFTA, le Golden Globe), associé à l’écran avec l’imposant James Garner et la suédoise Bibi Andersson, qui se permettait une récréation hollywoodienne entre Toutes ses femmes et Persona d’Ingmar Bergman. Petit western ambitieux, La Bataille de la vallée du diable n’est pas exempt de défauts, loin s’en faut, mais il contient suffisamment de bons éléments (on a rarement ressenti autant la soif, les brûlures et l’impact des flèches dans un film) et surtout d’excellents acteurs qui en font un bon divertissement.

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Test Blu-ray / Aux postes de combat, réalisé par James B. Harris

AUX POSTES DE COMBAT (The Bedford Incident) réalisé par James B. Harris, disponible en DVD et Blu-ray le 20 juin 2019 chez Rimini Editions

Acteurs : Richard Widmark, Sidney Poitier, James MacArthur, Martin Balsam, Wally Cox, Eric Portman, Michael Kane, Colin Maitland…

Scénario : James Poe d’après le roman de Mark Rascovich

Photographie : Gilbert Taylor

Musique : Gerard Schurmann

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1965

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