Test DVD / Initiation, réalisé par John Berardo

INITIATION réalisé par John Berardo, disponible en DVD le 16 octobre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Isabella Gomez, Lindsay LaVanchy, Froy Gutierrez, James Berardo, Gattlin Griffith, Adin Kolansky, Shireen Lai, Patrick R. Walker…

Scénario : John Berardo, Lindsay LaVanchy & Brian Frager

Photographie : Jonathan Pope

Musique : Alexander Arntzen

Durée : 1h33

Année de sortie : 2020

LE FILM

Les étudiants d’une université américaine lancent sur les réseaux sociaux un jeu cruel mettant en cause certains d’entre eux. À la suite de la mort d’un des meilleurs athlètes du campus, les meurtres sanglants s’enchaînent. Un mystérieux point d’exclamation semble être la signature du tueur…

Tiens, un petit slasher dont nous ne soupçonnions pas l’existence il y a encore une semaine ! Initiation, ou Init!ation si vous souhaitez vous la jouer en respectant le titre original, est le premier film réalisé en solo par John Berardo (né en 1986), après moult courts-métrages et un long-métrage collectif mis en scène avec sept autres cinéastes, The Labyrinth (2017). Homme-orchestre, à la fois scénariste, monteur, créateur de costumes, chef opérateur, décorateur, ingénieur du son, producteur, cantinier peut-être aussi, il adapte son propre court-métrage intitulé Dembanger (2013), inspiré de Scream (1996) de Wes Craven, dans lequel un adolescent était harcelé par un anonyme, qui parvenait à accéder à toutes ses informations depuis sa page Facebook. S’il croule évidemment sous les inévitables références du genre, Initiation tire son épingle du jeu grâce à son excellent casting composé de jeunes comédiens pour ainsi dire inconnus, très solidement dirigés, parmi lesquels se distingue Lindsay LaVanchy, également co-scénariste, assurément la révélation du film, qui était déjà apparue dans la série Scream en 2016 et Dembanger. Après un début difficile car foutraque, durant lequel on a beaucoup de mal à relier les personnages en raison d’un montage chaotique et une caméra trop virevoltante, Initiation trouve ensuite son rythme de croisière, joue habilement avec les codes (éculés) du genre, sans jamais chercher à les renouveler, mais grâce auxquels le réalisateur prouve qu’il en a sous le capot. Délicieusement ironique, ponctué par quelques meurtres bien sanglants, Init!ation contentera largement les adeptes de thrillers horrifiques.

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Test Blu-ray / Le Rapace, réalisé par José Giovanni

LE RAPACE réalisé par José Giovanni, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 10 septembre 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Lino Ventura, Xavier Marc, Rosa Furman, Aurora Clavel, Augusto Benedico, Marco Antonio Arzate, René Barrera, Farnecio de Bernal, Carlos Lopez Figueroa, Enrique Lucero…

Scénario :José Giovanni, d’après le roman de John Carrick

Photographie : Pierre Petit

Musique : François de Roubaix

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

Le “Rital”, un mercenaire aventurier est engagé par l’avocat Calvez, éminence grise d’une bande de conjurés, pour abattre le Président d’une République d’Amérique du Sud. Il s’agit d’abattre le Président actuel pour faire un héros national du petit-fils de l’ancien Président, celui-ci devant partager l’aventure aux côtés du tueur à gages pour justifier sa renommée…

Ecrivain, scénariste, dialoguiste et réalisateur, José Giovanni (1923-2004), de son vrai nom Joseph Damiani, est un ancien collabo et repris de justice, trois fois condamné, à vingt ans de travaux forcés, puis condamné à mort pour trois assassinats (gracié par le président Vincent Auriol en 1949) et à nouveau condamné à dix ans de prison pour rançonnement de juifs cachés sous l’Occupation. Après quelques remises de peine, il sort de prison en 1956 à l’âge de 33 ans après plus de onze années passées derrière les barreaux, non sans avoir emporté avec lui un journal qu’il avait tenu durant son incarcération et dans le couloir de la mort dans l’attente de la décision de la Cour de cassation et de la grâce présidentielle. Ce journal intime deviendra un roman, Le Trou, qui raconte également sa tentative d’évasion de la Prison de la Santé en 1947. Le succès est immédiat et le cinéaste Jacques Becker s’empare des droits pour le cinéma. José Giovanni ne quittera plus le monde du Septième Art et collaborera avec les plus grands comme Claude Sautet (Classe tous risques), Jacques Deray (Symphonie pour un massacre), Robert Enrico (Les Grandes gueules, Les Aventuriers), Jean-Pierre Melville (Le Deuxième Souffle), avant de passer lui-même à la mise en scène en 1967 avec La Loi du Survivant. Chose étonnante, ce dernier n’est autre que l’adaptation d’une partie de son roman Les Aventuriers, délaissée par Robert Enrico. Encouragé par Lino Ventura à continuer sur sa lancée de metteur en scène, il entreprend lui-même Le Rapace, tiré du roman The Vulture de l’auteur écossais John Carrick. Direction le Mexique donc, pour ce thriller insolite qui offre à Lino Ventura un de ses rôles les plus singuliers des années 1960, celui d’un justicier qui débarque de nulle part, près de Veracruz en 1938, dans le but d’assassiner un dictateur local d’un pays fictif et non identifié d’Amérique du Sud. Un personnage violent, qui parle peu (sa première réplique intervient au bout d’un bon quart d’heure) et qui d’ailleurs n’est pas là pour s’étaler sur sa vie qu’on imagine essentiellement liée au meurtre et au sang. Longtemps indisponible, peu diffusé à la télévision, Le Rapace est l’une des grandes redécouvertes de l’année 2021.

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Test Blu-ray / Le Miel du diable, réalisé par Lucio Fulci

LE MIEL DU DIABLE (Il Miele del diavolo) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 octobre 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Brett Halsey, Corinne Cléry, Blanca Marsillach, Stefano Madia, Paula Molina, Bernard Seray, Lucio Fulci, Eulàlia Ramo…

Scénario : Jaime Jesús Balcázar, Lucio Fulci, Ludovica Marineo, Sergio Partou, Vincenzo Salvianis Balcázar & Lucio Fulci

Photographie : Alejandro Ulloa

Musique : Claudio Natili

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Carole est une jeune femme séduisante. Elle est tombée amoureuse de Gaetano, un musicien de studio. Un jour, victime d’un accident de moto, Gaetano est hospitalisé et tombe dans les mains de l’incapable docteur Domenici. Mal soigné, Gaetano meurt. Folle de douleur, Carole kidnappe alors le chirurgien et l’enferme dans sa cave.

« Quand tu la verras, ton souffle s’engloutira. Quand tu mourras de désir de la posséder, elle rira. Quand elle foulera ton âme, ton sang bouillira. Mais tu succomberas de bonheur, parce qu’elle est le miel du diable. Et elle te tuera avec l’infinie douceur du feu ». Lucio Fulci, ou l’art de jouer de sexophone. Quand il réalise Le Miel du diable Il miele del diavolo, le réalisateur n’est pas au mieux de sa forme. Physiquement du moins, car les années 1980 demeurent marqué par Frayeurs Paura nella città dei morti viventi, Le Chat noir Il gatto nero, L’Au-delà …E tu vivrai nel terrore! L’aldilà, L’Éventreur de New York Lo Squartatore du New York, 2072, les mercenaires du futur I Guerrieri dell’anno 2072, pour ne citer que ceux-là. Sorti en 1986, Le Miel du diable apparaît entre Murder Rock – Murderock Uccide a passi di danza et Aenigma. Point d’effets gores ou d’horreur dans ce film, mais des créatures oui, qui répondent au nom de Blanca Marsillach et Corinne Cléry, qui envoûtent les spectateurs par leur présence érotique. S’il est parfois à un doigt (avant le whisky) de tomber dans le nanar, Lucio Fulci parvient à trouver cet équilibre difficile pour contenter à la fois les spectateurs avides de films coquins et ceux plus amateurs de Bis, puisque Le Miel du diable prend dans sa deuxième partie des allures de torture-porn. Mal considéré dans la filmographie du cinéaste, Il miele del diavolo est une œuvre singulière, qui interpelle par sa représentation frontale d’une sexualité débridée, qui établit en parallèle la radiographie d’une passion dévorante et de ses conséquences quand l’un des deux vient à disparaître.

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Test Blu-ray / Train d’enfer, réalisé par Gilles Grangier

TRAIN D’ENFER réalisé par Gilles Grangier, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 10 septembre 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean Marais, Marisa Mell, Howard Vernon, Gérard Tichy, Antonio Casas, Rico Lopez, José Manuel Martin, Carlos Casaravilla, Alvaro de Luna, Jean Lara, André Cagnard, Gamil Rabib, Léon Zitrone…

Scénario : Jacques Robert & Gilles Grangier, d’après le roman de René Cambon

Photographie : Antonio Maccasoli

Musique : André Hossein

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Agent des services secrets français, Antoine Donadieu infiltre un groupe terroriste, basé sur la Côte d’Azur et dirigé par Matras, qui prépare un attentat contre l’Émir Ali Salem. En compagnie de Frieda, il se rend à Barcelone où il doit aller chercher « le professeur », l’homme chargé de la mise au point technique de l’attentat.

Depuis l’avènement de James Bond au cinéma en 1962, les spectateurs se sont pris de passion pour les histoires d’espionnage et les producteurs l’ont bien compris. Suite au triomphe de James Bond 007 contre Dr. No, Bons baisers de Russie et de Goldfinger, la mode de l’Euro Spy est lancée. De l’autre côté des Alpes, moult fleurons du genre vont voir le jour, à l’instar de Suspense au Caire pour A008 A 008, operazione Sterminio (1965), Super 7 appelle le Sphinx Superseven chiama Cairo (1965) et Des fleurs pour un espion Le Spie amano i fiori d’Umberto Lenzi, Opération Goldman Operazione Goldman (1966) d’Antonio Margueriti et bien d’autres. Mais on oublie souvent que la France a elle aussi été une digne représentante en ersatz de l’agent 007, avec notamment la série des OSS 117, d’après l’oeuvre de Jean Bruce. C’est Jean Marais qui donne l’idée au réalisateur André Hunebelle, avec qui il avait tourné Le Bossu (1959), Le Capitan (1960), Le Miracle des loups (1961) et Les Mystères de Paris, de transposer cette série de livres et de surfer sur le succès des Bond, en espérant bien sûr obtenir le rôle principal. Seulement voilà, cela ne se passe pas comme le comédien l’espérait. Si André Hunebelle obtient les droits pour transposer les aventures de l’agent OSS 117 sur le grand écran, celui-ci engage l’américain Kerwin Mathews (On ne joue pas avec le crime 5 Against the House de Phil Karlson, rôle-titre du Septième Voyage de Sinbad The 7th Voyage of Sinbad de Nathan Juran) pour interpréter Hubert Bonisseur de La Bath. Jean Marais n’oubliera jamais cette « trahison », ce qui ne l’empêchera pas de retravailler avec le réalisateur sur la trilogie Fantômas et surtout de trouver d’autres agents secrets ou aventuriers à incarner. Ce sera le cas dans Pleins feux sur Stanislas (1965) de Jean-Charles Dudrumet, Le Gentleman de Cocody (1965) et Le Saint prend l’affût (1966) de Christian-Jaque. Même chose dans le méconnu Train d’enfer (1965), d’après un roman de René Cambon, mis en scène par le prolifique Gilles Grangier (1911-1996), qui avait déjà dirigé l’acteur en 1952 dans L’Amour, Madame. Dans ce film, Jean Marais peut laisser libre-cours à sa fantaisie, en enchaînant les exploits physiques, les bagarres, les poursuites, tout en séduisant les femmes qu’il rencontre dans sa mission. Forcément vintage, Train d’enfer ne révolutionne pas le genre, mais s’avère un divertissement décontracté, amusant, kitsch et rythmé, où Jean Marais se fait visiblement plaisir et où son énergie est sans cesse contagieuse.

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Test Blu-ray / Les Amants traqués, réalisé par Norman Foster

LES AMANTS TRAQUÉS (Kiss the Blood Off My Hands) réalisé par Norman Foster, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 octobre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Joan Fontaine, Burt Lancaster, Robert Newton, Lewis L. Russell, Aminta Dyne, Grizelda Hervey, Jay Novello, Colin Keith-Johnston…

Scénario : Leonardo Bercovici, Ben Maddow, Walter Bernstein & Hugh Gray, d’après le roman de Gerald Butler

Photographie : Russell Metty

Musique : Miklós Rózsa

Durée : 1h16

Année de sortie : 1948

LE FILM

Marqué par la guerre, Bill Saunders traîne dans Londres, qui porte encore les traces des bombardements aériens. Un soir, au cours d’une bagarre, il tue malencontreusement un patron de bar. Il s’enfuit et trouve refuge chez une jeune femme, Jane Wharton. Celle-ci va l’aider à se cacher…

Quand il décide de se lancer dans le cinéma et de laisser tomber sa carrière d’acrobate de cirque, Burt Lancaster (1913-1994) a déjà 33 ans. Il était loin d’imaginer obtenir le succès dès son premier long-métrage en tant que comédien avec Les Tueurs The Killers de Robert Siodmak en 1946. Tout s’enchaîne alors très vite. S’ensuivent Les Démons de la liberté Brute Force de Jules Dassin, La Furie du désert Desert Fury de Lewis Allen, L’Homme aux abois I Walk Alone de Byron Haskin, Ils étaient tous mes fils All My Sons d’Irving Reis et Raccrochez, c’est une erreur ! Sorry, Wrong Number d’Anatole Litvak, qui prouvent une prédisposition de l’acteur pour le film noir et dramatique, ainsi que pour les personnages tourmentés et même violentés, comme ce sera encore le cas ici avec une séquence de punition à base de coups de fouet, qui a fait grincer les dents des censeurs du Code Hays. En 1948, Burt Lancaster s’associe avec Harold Hecht (son agent artistique) pour fonder la société de production Norma Films (du nom de la femme du premier), dans un désir d’indépendance. Leur premier opus sera Les Amants traqués, auquel on préférera le titre original Kiss the Blood Off My Hands, que l’on pourrait traduire par « retire le sang de mes mains avec tes baisers ». Cette adaptation d’un roman de Gerald Butler, publié en 1940 et sorti en France sous le titre Les Mains pures en 1946 puis Du sang sur les mains après la sortie du film, est tout d’abord proposée à Robert Siodmak, qui refuse. Puis, le projet atterrit dans les mains de Norman Foster (1900-1976), comédien venu à la mise en scène, qui a fait ses débuts derrière la caméra à la fin des années 1930 avec la série des M.Moto (alias Peter Lorre). Un parfait « yes-man » à qui Burt Lancaster confie son bébé et qui saura suivre ses directives. Les Amants traqués est un film noir à l’intrigue resserrée sur 76 minutes, qui va droit à l’essentiel, sans une once de gras. Les personnages sont classiques, torturés à souhait, tant physiquement que psychologiquement, l’image est belle, la musique enivrante et surtout les deux têtes d’affiche, Burt Lancaster et Joan Fontaine sont aussi formidables que magnifiques.

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Test Blu-ray / Le Grand Chef, réalisé par Henri Verneuil

LE GRAND CHEF réalisé par Henri Verneuil, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 10 septembre 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Fernandel, Gino Cervi, Joël Papouf, Georges Chamarat, Florence Blot, Noëlle Norman, Dominique Davray, Helena Manson, Jean-Jacques Delbo, Albert Michel, Renée Passeur…

Scénario : Henri Verneuil, Henri Troyat & Jean Manse, d’après une nouvelle de O. Henry

Photographie : Roger Hubert

Musique : Gérard Calvi

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Antoine et Paul sont laveurs de voitures dans une station “Washmobile”. Tout en frottant les somptueuses carrosseries, Paul s’efforce de convaincre Antoine de se lancer dans le kidnapping afin d’avoir assez d’argent pour acheter une station de pompes à essence. Ils décident d’enlever Éric un gamin de six ans, fils du milliardaire Jemelin. L’enlèvement réussit mais, à peine à la maison, les deux compères s’aperçoivent qu’ils ont kidnappé le gosse le plus insupportable de Paris…

Pour la plupart des cinéphiles, le nom d’Henri Verneuil (1920-2002) évoque immédiatement Un singe en hiver (1962), Mélodie en sous-sol (1963), Cent mille dollars au soleil (1964), Le Clan des Siciliens (1969), Le Casse (1971), Peur sur la ville (1975), I…comme Icare (1979) et bien d’autres. Pourtant, avant ces immenses succès populaires, le cinéaste avait déjà connu moult triomphes au cinéma et ce dès son premier long-métrage en 1951, La Table-aux-crevés, qui avait attiré plus de trois millions de spectateurs. Il s’agissait alors de sa deuxième collaboration avec Fernandel, cinq ans après un court-métrage intitulé Escale au soleil. Les deux hommes décident de remettre le couvert dès l’année suivante…résultat des courses, le réalisateur et le comédien s’associeront à huit reprises avec toujours autant de réussite au box-office. Après Le Fruit défendu (1952, 4 millions d’entrées), Le Boulanger de Valorgue (1953, 3,7 millions d’entrées), Carnaval (1953, 2,1 millions d’entrées), L’Ennemi public numéro un (1954, 3,8 millions d’entrées) et Le Mouton à cinq pattes (1954, 4,1 millions d’entrées) qui se sont succédé, les deux hommes se séparent momentanément. Si Fernandel ne cesse de tourner (il est à l’affiche de cinq films rien qu’en 1957), Henri Verneuil se tourne vers le drame avec Les Amants du Tage (1955) et Des gens sans importance (1956), ainsi que le film policier avec Une manche et la belle (1957). 1959 est une grande année, puisque le tandem renoue pour deux films, Le Grand Chef et La Vache et le Prisonnier, qui sortent à neuf mois d’intervalle. Si le second se placera sur la première marche du podium avec 8,8 millions de spectateurs, ce n’est pas le cas pour le premier qui peine à attirer plus de 2,3 millions de français. Pas un mauvais score évidemment, mais ces premières retrouvailles ne sont pas à la hauteur de leurs anciens hits. Néanmoins, Le Grand Chef reste une savoureuse comédie burlesque, dans laquelle Fernandel donne la réplique à l’italien Gino Cervi, son légendaire partenaire de la saga Don Camillo, où il interprétait Giuseppe Bottazzi dit Peppone. L’alchimie entre les deux acteurs est évidente et leurs pitreries rappellent constamment celles de Laurel et Hardy. Un divertissement bon enfant au charme rétro, qui a connu moult diffusions à la télévision jusque dans les années 1990 où il sera d’ailleurs colorisé avec l’autorisation du metteur en scène.

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Test Blu-ray / Madame Bovary, réalisé par Claude Chabrol

MADAME BOVARY réalisé par Claude Chabrol, disponible en DVD et Blu-ray le 22 septembre 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Isabelle Huppert, Jean-François Balmer, Christophe Malavoy, Jean Yanne, Lucas Belvaux, Christiane Minazzoli, Jean-Louis Maury, Florent Gibassier…

Scénario : Claude Chabrol, d’après le roman de Gustave Flaubert

Photographie : Jean Rabier

Musique : Matthieu Chabrol

Durée : 2h23

Année de sortie : 1991

LE FILM

Au XIXe siècle, fille d’un paysan normand, Emma Bovary a été élevée par les religieuses dans un couvent élégant avant d’épouser un officier de santé. Nourrie de lectures romanesques, elle aspire à des amours romantiques et une vie de luxe que ne lui apportent ni son mari ni la bourgeoisie terne et pontifiante de la ville. Elle devient la maîtresse d’un hobereau local qui l’abandonne, puis d’un clerc de notaire, ainsi que la proie d’un marchand d’étoffes sans scrupules.

« Ardente. Romanesque. Naïve. Rêveuse. Amoureuse. Passionnée. Exaltée. Secrète. Infidèle. Révoltée. Provocante. Audacieuse. Désespérée. C’est Emma Bovary. » (extrait de la bande-annonce). Madame Bovary : Moeurs de province, plus connu sous son titre abrégé Madame Bovary est un des livres les plus célèbres de Gustave Flaubert (1821-1880). Paru en 1857, il s’agit d’une des oeuvres majeures de la littérature française, qui vaudra à son auteur d’être poursuivi pour atteinte aux bonnes moeurs. Le cinéma s’est très vite inspiré de Madame Bovary, roman réaliste et psychologique, puisque la première adaptation connue remonte à 1932. Jean Renoir a lui-même transposé le roman de Flaubert en 1933 avec Valentine Tessier et parmi les adaptations les plus connues citons celle de Vincente Minnelli tournée en 1949 avec Jennifer Jones et James Mason. Si Bollywood s’en est aussi inspiré, tout comme Posy Simmonds avec son roman graphique Gemma Bovery, adapté en 2014 par Anne Fontaine, sans oublier la dernière transposition en date – 2015 donc – sous la direction d’une réalisatrice française, Sophie Barthes, avec la diaphane Mia Wasikowska dans le rôle-titre, l’une des moutures les plus célèbres demeure sans aucun doute celle sortie en 1991 de Claude Chabrol avec Isabelle Huppert. Le réalisateur s’empare de ce monument, qui lui revenait pour ainsi dire de droit, et respecte scrupuleusement le texte de Flaubert, prenant le roman comme un scénario déjà tout prêt, Chabrol ayant souvent déclaré que l’écrivain avait toujours eu une prose cinématographique. Cette alliance parfaite entre un metteur en scène et sa comédienne font de Madame Bovary un des sommets de leurs carrières respectives.

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Test Blu-ray / La Dame rouge tua sept fois, réalisé par Emilio Miraglia

LA DAME ROUGE TUA SEPT FOIS (La Dama rossa uccide sette volte) réalisé par Emilio Biraglia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Barbara Bouchet, Ugo Pagliai, Marina Malfatti, Marino Masé, Pia Giancaro, Sybil Danning, Nino Korda, Fabrizio Moresco…

Scénario : Fabio Pittorru & Massimo Felisatti

Photographie : Alberto Spagnoli

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Au cours d’une dispute dans le jardin du château familial, Kathy Wildenbrück tue sa soeur Evelyne. Peu après, un étrange personnage vêtu de rouge assassine des proches de Kathy. Des témoins affirment avoir reconnu Evelyne qui est pourtant morte. Ceci serait la continuation de la malédiction qui touche la dynastie des Wildenbrück : tous les cent ans, la « Dame rouge » posséderait le corps d’un membre de la famille, l’obligeant ainsi à tuer sept personnes…

Nous parlions dernièrement d’Emilio Miraglia à travers notre chronique de L’Appel de la chair. Cette étoile filante du cinéma italien n’aura réalisé que six longs-métrages de 1967 à 1972. La Dame rouge tua sept fois La dama rossa uccide sette volte est l’ultime long-métrage du cinéaste. Après La Notte che Evelyn uscì dalla tomba, il signe son unique western avec Joe Dakota Spara Joe… e così sia!, dans lequel il dirige Richard Harrison (Scalps). Puis, comme s’ils n’étaient pas satisfaits de leur première mouture rendue de L’Appel de la chair, Emilio Miraglia et son scénariste Fabio Pittorru reprennent quasiment les mêmes motifs et les éléments du récit précédent, pour repousser les limites. Ce sera La Dame rouge tua sept fois, une référence du giallo, considéré comme l’un des fleurons du genre, dans lequel brille l’un de ses astres emblématiques, la divine Barbara Bouchet. Damnation, héritage, faux-semblants, développement kafkaïen, meurtres sanglants, personnages troubles, ambiguïté à tous les étages, psyché perturbée, crypte secrète, château aux pièces sentant le renfermé, couleurs primaires aveuglantes, on en prend plein la vue et le spectacle est garanti.

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Test Blu-ray / Le Survivant d’un monde parallèle, réalisé par David Hemmings

LE SURVIVANT D’UN MONDE PARALLÈLE (The Survivor) réalisé par David Hemmings, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 20 septembre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Robert Powell, Jenny Agutter, Joseph Cotten, Angela Punch McGregor, Peter Sumner, Lorna Lesley, Ralph Cotterill, Adrian Wright…

Scénario : David Ambrose, d’après le roman de James Herbert

Photographie : John Seale

Musique : Brian May

Durée : 1h39

Année de sortie : 1981

LE FILM

Unique survivant d’une catastrophe aérienne, dont il est sorti étrangement indemne, le commandant Keller décide de mener sa propre enquête sur les circonstances de l’accident. Hanté par les esprits des victimes du crash, devenu totalement amnésique, il aura besoin de l’aide d’une jeune femme pour élucider les nombreux mystères qui entourent le drame…

Le Survivant d’un monde parallèle The Survivor est ce qu’on pourrait qualifier de premier blockbuster australien. Cette production locale nantie d’un budget dépassant le million de dollars (un événement dans ce pays) surfait alors sur le succès colossal rencontré par Harlequin de Simon Wincer, récompensé dans les festivals du monde entier. Aux manettes, on retrouve le britannique David Hemmings (1941-2003), l’éternel Thomas du Blow-Up (1966) de Michelangelo Antonioni, déjà présent au générique d’Harlequin, qui signait ici son quatrième long-métrage en tant que réalisateur après Running Scared (1972), The 14 (1973) et Gigolo (1978). Pour la seconde fois, il dirige le comédien Robert Powell, tête d’affiche de son premier film, mais aussi son partenaire dans Harlequin, dans lequel il interprétait le rôle principal. Comme dans ce dernier, l’acteur est une fois de plus magnétique, brillant, élégant et formidable. S’il est évident que le film pâtit d’une écriture souvent maladroite et d’une fin tarabiscotée, Le Survivant d’un monde parallèle agit comme une séance d’hypnose, qui en dépit de ses défauts ne lâche jamais les spectateurs du début à la fin. Froidement reçu par la critique et le public, The Survivor a su par la suite marquer l’esprit des cinéphiles, y compris celui de certains cinéastes, à l’instar d’un certain M. Night Shyamalan qui y puisera indéniablement la source d’Incassable Unbreakable (2000), auquel on pense tout du long, mais aussi également de Sixième Sens Sixth Sens (1999). Raison de plus pour voir ou revoir Le Survivant d’un monde parallèle !

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Test Blu-ray / Les Loulous, réalisé par Patrick Cabouat

LES LOULOUS réalisé par Patrick Cabouat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jean-Louis Robert, Valérie Mairesse, Charlie Nelson, Françoise Pagès, Toufik Ouchene, Daniel Collombel, Dominique Breton, Bellali Larbi, Little Bob, Raoul Billerey, Philippe Brizard, Alain David , Hélène Surgère…

Scénario : Patrick Cabouat & Marc Casanova

Photographie : Lionel Legros

Musique : Horacio Vaggione & Élisabeth Wiener

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Dans une cité de banlieue, quelques jeunes gens et jeunes filles ont pris l’habitude de se réunir le soir dans un café pour échapper à la solitude et à l’ennui et parce qu’ailleurs tout est fermé et qu’aucune structure d’accueil n’a été prévue pour eux par les promoteurs de la ville. Le patron du « bistrot », Tramoneur, ne voit pas d’un bon œil l’intrusion de ces quelques adolescents dans son établissement, toutefois il les tolère et les supporte quand ils ne font pas trop de bruit.

«Vous en avez assez de cette bande de racailles ? Eh bien on va vous en débarrasser ! ». On se rappelle tous de la visite d’un petit agité dans le quartier du Val d’argent à Argenteuil en 2005. Eh bien, retournons près de trente ans en arrière pour rencontrer ladite faune en question, celle qui déambulait sur l’esplanade de la Défense ou dans les terrains vagues de Créteil, campée sur des motocyclettes, et qui avait osé remplacer le Cacolac par une bière pression au bar-PMU crasseux du coin. Les Loulous est le premier et à ce jour l’unique long-métrage de fiction de Patrick Cabouat (né en 1950). Si l’on pouvait s’attendre à un portrait forcément rétro d’une jeunesse livrée à elle-même à la fin des années 1970, le film bifurque à mi-parcours vers l’inattendu, vers l’onirisme, la fable, avec comme référence évidente Orange mécanique A Clockwork Orange (1971) de Stanley Kubrick. S’il est évidemment loin d’atteindre la perfection formelle de ce dernier, il n’a d’ailleurs pas cette prétention, Les Loulous interpelle avec ce portrait dressé d’un jeune issu de la « meute », Ben, excellemment interprété par Jean-Louis Robert, dans l’unique rôle de sa vie, au charisme lisse, universel et passe-partout. A ses côtés, Valérie Mairesse, qui n’avait fait que deux apparitions au cinéma dans Sept morts sur ordonnance de Jacques Rouffio et Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre (« Votez Lardatte ! »), trouve ici son premier vrai rôle au cinéma et nous gratifie en plus de sa jolie silhouette dénudée. Tout cela pour dire que Les Loulous déjoue constamment les attentes des spectateurs en les menant sur le terrain de la réflexion sociale et politique. La mise en scène a pris un coup de vieux, mais son propos demeure brûlant d’actualité et l’on découvre aujourd’hui ce film avec beaucoup d’intérêt.

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