Test Blu-ray / Balada triste, réalisé par Álex de la Iglesia

BALADA TRISTE (Balada triste de trompeta) réalisé par Álex de la Iglesia, disponible en Blu-ray depuis le 22 novembre 2021 chez Extralucid Films.

Acteurs : Carlos Areces, Antonio de la Torre, Carolina Bang, Manuel Tallafé, Alejandro Tejería, Manuel Tejada, Enrique Villén, Gracia Olayo, Sancho Gracia…

Scénario : Álex de la Iglesia

Photographie : Kiko de la Rica

Musique : Roque Baños

Durée : 1h41

Année de sortie : 2010

LE FILM

En Espagne, en 1937, en pleine guerre civile, un cirque ambulant fait tout ce qu’il peut pour ne pas sombrer. Le clown Auguste est réquisitionné par l’armée républicaine et se retrouve sur le champ de bataille, en costume de scène, où, entraîné par la violence ambiante, il finit par participer lui aussi à la tuerie. Quelques années plus tard, Franco a imposé au pays son gouvernement autoritaire et dictatorial. Javier, le fils du clown soldat, se fait embaucher comme clown triste dans un cirque. Face à lui, un autre clown, Sergio, un homme déprimé et taciturne. Les deux hommes tombent amoureux de Natalia, une belle acrobate un brin cruelle…

Après un détour par la Grande-Bretagne où il aura réalisé Crimes à Oxford The Oxford Murders, avec Elijah Wood, John Hurt et Leonor Watling nue sous son tablier, Álex de la Iglesia, qui a eu le temps de récupérer suite au déchaîné Le Crime farpait Crimen ferpecto, revient en très grande forme (euphémisme) avec Balada triste ou pour les puristes Balada triste de trompeta en version originale. Comme s’il avait besoin d’expulser, ou pour reprendre directement ses propos, « de vomir tout un tas d’idées mal digérées », le cinéaste livre un de ses films les plus explosifs, violents, brutaux, frontaux, corrosifs, frénétiques, agressifs, et l’on pourrait continuer encore longtemps comme ça. Balada triste est assurément un sommet dans la carrière d’Álex de la Iglesia, il y a eu un avant et un après et aucun de ses opus suivants n’a vraiment retrouvé cette hargne extrême et jusqu’au-boutiste qui anime ce dixième long-métrage, son neuvième en fait, mais nous tenons compte du téléfilm La Chambre du fils La habitación del niño tourné en 2006. S’il refuse de parler de « maturité », préférant évoquer « une plus grande expérience », l’enfant terrible du cinéma espagnol signe ici un premier film-testament, dans lequel il se livre corps et âme. D’ailleurs, pour la première fois, le metteur en scène était le seul crédité au scénario, le fidèle Jorge Guerricaechevarría ayant déclaré forfait, laissant Álex de la Iglesia, lauréat du Lion d’argent du meilleur réalisateur à Venise, porter jusqu’au bout son projet très personnel, unique, original, difficile d’accès parfois, épuisant souvent, mais on peut le dire inoubliable. Déconseillé aux coulrophobes donc.

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Test Blu-ray / Shining Sex, réalisé par Jess Franco

SHINING SEX réalisé par Jess Franco, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er février 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Lina Romay, Evelyne Scott, Monica Swinn, Olivier Mathot, Pierre Taylou, Claude Boisson, Raymond Hardy, Simon Berger…

Scénario : Daniel Lesoeur & Pierre-Claude Garnier, d’après une histoire originale de Jess Franco

Photographie : Gérard Brisseau

Musique : Daniel White

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Une danseuse de cabaret est manipulée par un couple d’extra-terrestres qui empoisonnent son sexe et la transforment en prédatrice d’hommes.

Oui oui, vous avez bien lu le pitch de Shining Sex aka La Fille au sexe brillant, l’un des huit films tournés par Jess Franco, sous le nom de Dan L. Simon, en cette bonne année 1976 ! Le cinéaste pose ses bagages à La Grande-Motte, un nom de ville qui sied habituellement à ses magnifiques actrices, pour y tourner deux films avec le même casting, dans les mêmes décors. Outre Shining Sex, ce cher Jesús Franco Manera en profitera pour emballer Midnight Party, aka Lady Porno, aka aussi La Partouze de minuit. Production Eurociné tournée en une dizaine de jours, La Fille au sexe brillant est peut-être l’un des opus les plus expérimentaux de son auteur. Tendant à l’abstraction, limite pornographique, Shining Sex compile les séquences de coït ou saphiques, les gros plans sur les organes génitaux féminins, les zooms incessants qui collent au rythme de la respiration saccadée de plaisir de ses personnages, le tout dans des décors dépouillés et sur une intrigue resserrée. Ce qui est complètement dingue avec Shining Sex, c’est que ce long-métrage dure 101 minutes, qui s’apparentent parfois à une séance d’hypnose pour le spectateur. Si certains rejetteront le « concept », tant sur le fond que sur la forme, et que d’autres se marreront sûrement, les autres, les plus pointus, trouveront de belles qualités stylistiques à ce qu’on peut indéniablement qualifier de bel objet de cinéma, où la muse de Jess Franco, Lina Romay, est filmée sous tous les angles.

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Test Blu-ray / La Chute de l’empire romain, réalisé par Anthony Mann

LA CHUTE DE L’EMPIRE ROMAIN (The Fall of the Roman Empire) réalisé Anthony Mann, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 2 février 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Sophia Loren, Stephen Boyd, Alec Guinness, James Mason, Christopher Plummer, Anthony Quayle, John Ireland, Omar Sharif, Mel Ferrer…

Scénario : Philip Yordan, Basilio Franchina & Ben Barzman

Photographie : Robert Krasker

Musique : Dimitri Tiomkin

Durée : 3h05

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

César sent la mort approcher et désigne Livius pour lui succéder. Mais son fils Commode refuse de s’effacer : il fait assassiner son père et s’empare du trône. Livius va tenter de s’opposer à lui. C’est le début d’une époque troublée pour Rome, qui va entamer son déclin.

Confortés par l’engouement critique et l’enthousiasme des spectateurs pour Le Cid, Anthony Mann et le producteur Samuel Bronston ont de la suite dans les idées et s’associent une seconde fois pour une nouvelle superproduction ambitieuse, La Chute de l’empire romain – The Fall of the Roman Empire. Cependant, suite au rejet de Charlton Heston pour ce film et en dépit du fait que la construction des décors avait déjà bien avancé, Les 55 Jours de Pékin 55 Days at Peking de Nicholas Ray passera finalement en priorité, puisque la star hollywoodienne a donné son accord pour celui-ci. Il faudra attendre 1964, pour que le gigantesque péplum d’Anthony Mann prenne vie. On prend comme qui dirait les mêmes et on recommence derrière la caméra, puisque le réalisateur est épaulé par le légendaire Yakima Canutt pour diriger la deuxième équipe, Ben Barzman et Philip Yordan planchent sur le scénario, Veniero Colasanti et John Moore s’occupent des costumes, Robert Krasker de la photographie, Gordon K. McCallum du son, Robert Lawrence du montage et même Sophia Loren apparaît en haut de l’affiche, magnifique ici dans le rôle de Lucilla. Tout est donc parfaitement en place pour signer un nouveau triomphe au box-office. Mais ce ne sera pas le cas, loin de là. La Chute de l’empire romain est et demeure l’un des plus gros échecs commerciaux de l’histoire du cinéma, du même acabit – ce sera peut-être plus parlant pour certains – que L’Île aux pirates de Renny Harlin ou La Porte du paradis de Michael Cimino. Mais bien sûr, le score du film au box-office n’a rien à voir avec sa réussite, car La Chute de l’empire romain est, au même titre que Le Cid et Les 55 jours de Pékin, autres productions Bronston, une œuvre titanesque, époustouflante, dont on admire l’incroyable virtuosité, la beauté de la mise en scène, ainsi que celle du casting, cette fois encore international, prestigieux, hors-norme (Anthony Quayle, Omar Sharif, Mel Ferrer…), où se démarque l’immense Christopher Plummer dans le rôle de l’empereur Commode (à l’origine destiné à Richard Harris), qui crève l’écran trèèès large – de l’Ultra Panavision 70 – pour sa troisième apparition au cinéma. Si La Chute de l’empire romain vaut pour sa reconstitution, ses décors ahurissants et ses costumes clinquants, la performance du comédien vaudrait à elle seul le déplacement. Le temps a fait son office, The Fall of the Roman Empire est devenu chéri par les cinéphiles du monde entier, d’autant plus depuis le raz-de-marée de Gladiator en 2000, Ridley Scott ayant souvent déclaré que son film était ni plus ni moins un remake de l’opus d’Anthony Mann.

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Test Blu-ray / Le Cid, réalisé par Anthony Mann

LE CID (El Cid) réalisé Anthony Mann, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 16 février 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Charlton Heston, Sophia Loren, Raf Vallone, Geneviève Page, John Fraser, Gary Raymond, Hurd Hatfield, Massimo Serato…

Scénario : Philip Yordan, Fredric M. Frank & Ben Barzman

Photographie : Robert Krasker

Musique : Miklós Rózsa

Durée : 3h

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

L’Espagne est presque entièrement aux mains des Maures du sultan Ben Youssouf. Seuls les petits royaumes d’Aragon et de Léon résistent encore. Don Rodrigue, jeune chevalier castillan, multiplie les exploits, au point que ses ennemis eux-mêmes l’appellent le Cid, le seigneur. Pour avoir fait grâce à des princes arabes vaincus, Rodrigue est accusé de trahison par le père de sa bien-aimée, don Gormaz. Au cours du duel les opposant, Rodrigue blesse à mort don Gormaz, qui fait jurer à sa fille Chimène qu’elle le vengera. Partagée entre son amour pour Rodrigue et sa promesse, Chimène choisit de tenir parole…

En l’espace de dix ans, Charlton Heston aura interprété à l’écran le président Andrew Jackson (Le Général invincible d’Henry Levin), par ailleurs à deux reprises (Les Boucaniers d’Anthony Quinn), Buffalo Bill (Le Triomphe de Buffalo Bill de Jerry Hopper), l’explorateur William Clark (Horizons lointains de Rudolph Maté) et Moïse (Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille). Si l’on ajoute à tous ces rôles celui de Judah Ben-Hur, le comédien est devenu le spécialiste des personnages « bigger than life ». Charlton Heston est incontestablement l’une des plus grandes stars du cinéma et débarque dans les années 1960 avec Le Cid El Cid d’Anthony Mann, superproduction internationale dans laquelle il incarne Rodrigo Díaz de Vivar, dit El Cid Campeador ou simplement El Cid, chevalier mercenaire chrétien, héros de la Reconquista. Si ce dernier est évidemment peu connu en dehors des frontières espagnoles, l’occasion était trop belle pour le producteur Samuel Bronston (John Paul Jones, maître des mers de John Farrow, Le Roi des rois de Nicholas Ray), qui s’empare de ce mythe national pour mettre en route un spectacle cinématographique qui a pour vocation de concurrencer Hollywood, par l’intermédiaire de son studio installé en terre ibérique. Alors qu’il vient de réaliser les scènes du camp d’esclaves en Libye, Anthony Mann est viré du tournage de Spartacus par Kirk Douglas lui-même, producteur en plus de tenir le haut de l’affiche, qui lui reproche son manque de poigne. Samuel Bronston lui confie les rênes du Cid, de son budget conséquent et de son casting quatre étoiles, composé également de Sophia Loren, Raf Vallone, Geneviève Page et John Fraser. Considéré par maître Scorsese comme étant l’un des plus grands films épiques jamais réalisés, Le Cid est assurément l’un des longs-métrages les plus impressionnants que vous aurez l’opportunité de voir dans votre vie de cinéphile.

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Test Blu-ray / Le Président et Miss Wade, réalisé par Rob Reiner

LE PRÉSIDENT ET MISS WADE (The American President) réalisé Rob Reiner, disponible en DVD et Blu-ray le 5 janvier 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Michael Douglas, Annette Bening, Martin Sheen, Michael J. Fox, Richard Dreyfuss, Samantha Mathis, Nina Siemaszko, Anna Deavere Smith…

Scénario : Aaron Sorkin

Photographie : John Seale

Musique : Marc Shaiman

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1995

LE FILM

Andrew Shepherd est un président des États-Unis jeune, dynamique, populaire. Veuf, il élève seul sa fille. Candidat à un second mandat, il veut faire voter une loi sur la diminution de la pollution due aux carburants. Lorsqu’il tombe amoureux une avocate représentant une importante organisation écologiste, la presse et l’opposition crient au scandale.

Au milieu des années 1990, en dehors d’une crise de désintoxication, tout va bien pour Michael Douglas au cinéma. Basic Instinct de Paul Verhoeven est devenu l’un des plus gros succès de l’année 1992, Chute libre de Joel Schumacher et surtout Harcèlement de Barry Levinson ont fracassé le box-office, lui permettant d’obtenir le cachet de 20 millions de dollars par film. Alors que The Game de David Fincher se profile à l’horizon, arrivé au sommet de sa carrière, le comédien se voit proposer d’interpréter ni plus ni moins la fonction ultime, le président des Etats-Unis, dans Le Président et Miss Wade The American President. A l’origine, Robert Redford devait camper le rôle-titre, ayant lui-même engagé le scénariste Aaron Sorkin pour écrire le film. Mais suite à l’arrivée de Rob Reiner pour le réaliser, Robert Redford décide de quitter le projet, en raison de « divergences artistiques ». Si ce dernier déclare que Rob Reiner voulait axer Le Président et Miss Wade sur la politique, d’autres témoins déclarent que la mésentente entre les deux hommes serait à l’origine du départ de Robert Redford. Nous ne perdons pas au change, car Michael Douglas s’avère magnifique dans la peau du président Andrew Shepherd, homme veuf, au pouvoir depuis trois ans, père d’une jeune adolescente, tenaillé entre son désir de se représenter (nous sommes à un an des élections) et celui de refaire sa vie, puisqu’il vient de tomber amoureux de Sydney Ellen Wade, incarnée par la lumineuse Annette Bening. Par l’élégance de sa mise en scène, la virtuosité de son scénario et ses dialogues qui fusent à cent à l’heure, Le Président et Miss Wade renvoie forcément au cinéma de Frank Capra, Howard Hawks et George Cukor, références qui ont toujours imprégné le travail d’Aaron Sorkin. Aujourd’hui, The American President est devenu un opus qu’on a beaucoup de plaisir à revoir, ne serait-ce que pour le charme de son couple star et son casting quatre étoiles.

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Test Blu-ray / Reminiscence, réalisé par Lisa Joy

REMINISCENCE réalisé par Lisa Joy, disponible en DVD, Blu-ray et 4K UHD le 23 décembre 2021 chez Warner Bros.

Acteurs : Hugh Jackman, Rebecca Ferguson, Thandiwe Newton, Cliff Curtis, Marina de Tavira, Daniel Wu, Mojean Aria, Brett Cullen…

Scénario : Lisa Joy

Photographie : Paul Cameron

Musique : Ramin Djawadi

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Dans un futur proche, Miami a été submergé par les flots, suite aux effets du changement climatique. Un enquêteur privé, Nick Bannister, est engagé par des clients afin de retrouver leurs précieux souvenirs. Au cours de sa dernière affaire, il tombe éperdument amoureux de sa cliente. A sa disparition, le détective est désemparé et se lance à sa recherche. Il se retrouve alors perdu dans une boucle temporelle et découvre des aspects de sa personnalité qu’il ne connaissait pas auparavant.

Une bande-annonce, un concept et même une affiche qui fait bougrement penser à Inception…et quand on creuse, on se rend compte que Reminiscence est le premier long-métrage de Lisa Joy, qui n’est autre qu’une des créatrices, scénaristes et réalisatrices de la série HBO Westworld et la compagne de Jonathan Nolan, le frère de celui dont on ne doit pas prononcer le nom sur Homepopcorn. Et on est conquis. Pas de style boursouflé à la Christopher Nolan (ah zut, on l’a dit), aucun ennui non plus, rien de prétentieux, Reminiscence est un film de science-fiction néo-noir qui repose sur un scénario très intelligent, qui comblera à la fois les amateurs de SF sophistiquée, mais aussi les cinéphiles nourris de références au cinéma américain des années 1940-50. Porté par un casting quatre étoiles, avec Hugh Jackman en tête, Reminiscence s’est mangé un sacré bide au box-office, ne rapportant que 15 millions de dollars dans le monde entier, pour une mise de départ (hors promotion) de 70 millions. Pourtant, il s’agit de ce qu’on a vu de plus enthousiasmant ces derniers mois dans le genre, d’autant plus que Reminiscence mise sur ce qui a systématiquement fait défaut dans la famille Nolan, l’émotion. Une bien belle découverte.

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Test Blu-ray / Terreur sur la ville, réalisé par Charles B. Pierce

TERREUR SUR LA VILLE (The Town That Dreaded Sundown) réalisé Charles B. Pierce, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 17 février 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Ben Johnson, Andrew Prine, Dawn Wells, Jimmy Clem, Jim Citty, Charles B. Pierce, Robert Aquino, Cindy Butler…

Scénario : Earl E. Smith

Photographie : Jaime Mendoza-Nava

Musique : James W. Roberson

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Texakarna, Texas, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les derniers soldats sont rentrés, les années de rationnement et de pénurie s’éloignent. La ville s’apprête à retrouver calme et prospérité mais un mystérieux tueur va s’en prendre aux habitants de la ville.

Certains ont tendance à l’oublier, mais entre Black Christmas (1974) de Bob Clark et Halloween, la nuit des masques (1978) de John Carpenter, il y a eu Terreur sur la ville The Town That Dreaded Sundown, de Charles B. Pierce, futur scénariste du mythique Sudden Impact – Le retour de l’inspecteur Harry (1983) de Clint Eastwood et donc auteur du légendaire « Go ahead, make my day ! ». Il s’agit d’une histoire vraie qui s’est déroulée huit mois après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, dans la petite bourgade américaine de Texarkana, 40.000 habitants, coincée entre le Texas et l’Arkansas, dont la tranquillité retrouvée est perturbée par les agissements d’un serial killer masqué d’un sac de jute. Terreur sur la ville est un film quasi-inclassable, à la fois un vrai thriller, un faux documentaire (mais fidèle aux faits réels, tourné sur les lieux des événements avec l’aide des habitants) utilisant à plusieurs reprises une voix-off (celle de Vern Stierman, déjà le narrateur du documenteur The Legend of Boggy Creek), le tout marqué par quelques moments surréalistes avec un humour burlesque et presque nonsensique, avec l’apparition de Charles B. Pierce lui-même, très drôle dans le rôle de l’adjoint « Sparkplug » Benson. Ce mélange pourra encore aujourd’hui en dérouter plus d’un, pourtant le réalisateur trouve ce parfait équilibre, fragile et face auquel moult de ses confrères auraient pu se casser les dents, pour au final livrer un formidable opus du genre épouvante, dont l’originalité n’a d’égale que sa rareté.

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Test Blu-ray / Il gatto dagli occhi di giada, réalisé par Antonio Bido

IL GATTO DAGLI OCCHI DI GIADA réalisé par Antonio Bido, disponible en Mediabook Blu-ray + DVD le 5 avril 2022 chez Uncut Movies.

Acteurs : Corrado Pani, Paola Tedesco, Franco Citti, Fernando Cerulli, Giuseppe Addobbati, Gianfranco Bullo, Jill Pratt, Bianca Toccafondi…

Scénario : Vittorio Schiraldi, Antonio Bido, Roberto Natale & Aldo Serio

Photographie : Mario Vulpiani

Musique : Trans Europa Express

Durée : 1h32

Année de sortie : 1977

LE FILM

Mara, une jeune et jolie danseuse de cabaret est le témoin indirect d’un meurtre brutal commis par un tueur ganté et vêtu de noir. Pensant que la jeune fille détient inconsciemment des informations qui pourraient amener la police à découvrir son identité, l’assassin décide de retrouver sa trace afin de tenter de l’éliminer. De son côté Mara, terrorisée et ne souhaitant pas apporter son témoignage à la police, se confie à son fiancé Lukas sur sa mésaventure afin qu’il essaie de remonter la piste du meurtrier sadique. Une piste qui va vite s’avérer jalonnée de cadavres et où chaque nouvelle victime de l’assassin constitue une pièce supplémentaire du puzzle qui permettra à Lukas de reconstituer le profil du meurtrier. Parviendra-t-il à découvrir les sanglantes motivations du tueur et son identité avant que celui-ci ne s’attaque à la jolie Mara ?

Les débuts de Homepopcorn.fr ont été marqués par la chronique de Terreur sur la lagune Solamente Nero (1978) d’Antonio Bido (né en 1949), sorti chez Le Chat qui fume. Le réalisateur, qui a peu tourné depuis ses débuts il y a plus de cinquante ans (un court, un moyen et cinq longs-métrages + un documentaire), est arrivé au moment où le giallo entamait son chant du cygne. Ou comment un metteur en scène émerge en Italie quand son cinéma connaît ses dernières heures de gloire, y compris le thriller aux tueurs masqués et gantés de cuir. Aujourd’hui, l’oeuvre d’Antonio Bido est reconnue pour son caractère ambitieux et libre, à l’époque où la télévision commençait à avoir la mainmise sur le cinéma. Avec son premier long-métrage, Il gatto dagli occhi di giada (en français, « le chat aux yeux de jade »), ou bien encore Watch Me When I Kill pour sa sortie internationale, sorti en 1977, s’inscrit dans la continuité de la tradition du giallo, une œuvre dans laquelle Antonio Bido exprime son admiration pour Dario Argento et Mario Bava. Pourtant le cinéaste aura toujours avoué ne pas avoir beaucoup d’affection pour le slasher, la violence et le sang au cinéma, et aura toujours cherché à instaurer la peur aux spectateurs en jouant sur les effets suggérés et la montée de tension grâce à des effets de mise en scène recherchés et stylisés. Coup d’essai et coup de maître pour Antonio Bido, dont la virtuosité crève l’écran dès la première séquence et donc le meurtre inaugural. Un diamant noir éclaboussé de rouge-sang, le tout sur un fond jaune, un « capolovoro ».

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Test Blu-ray / Nuit d’ivresse, réalisé par Bernard Nauer

NUIT D’IVRESSE réalisé Bernard Nauer, disponible en DVD et Blu-ray le 18 janvier 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Gérard Martin, Jean-Claude Dauphin, Jean-Michel Dupuis, Jerome Walke, Guy Laporte, Théo Légitimus…

Scénario : Josiane Balasko & Thierry Lhermitte, d’après la pièce de Josiane Balasko

Photographie : Carlo Varini

Musique : Jacques Delaporte

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Jacques Belin, animateur de l’émission télévisée L’Affaire est dans le sac, est la vedette montante du petit écran. Fred, elle, sort tout juste de prison. Tous deux se retrouvent au comptoir d’un bar près de la gare de l’Est, où Jacques arrose le prix qu’il vient de recevoir, celui de Dandy d’or de la courtoisie française. Si Fred le trouve beau et sexy, il la trouve, en revanche, vulgaire et mal habillée…

Resituons Nuit d’ivresse dans la carrière de Josiane Balasko et de Thierry Lhermitte. La première vient de passer derrière la caméra avec Sac de nœuds, où son duo avec Isabelle Huppert n’a pas vraiment enthousiasmé les foules avec seulement 630.000 entrées. Elle s’apprête à signer son second long-métrage en tant que réalisatrice, Les Keufs, qui pour le coup connaîtra un beau succès dans les salles. Pour Thierry Lhermitte, tout va bien, le triomphe des Ripoux est encore frais, Un été d’enfer, de Michaël Schock, Le Mariage du siècle de Philippe Galland et Les Rois du gag de Claude Zidi tournent tous autour du million et demi d’entrées. Dans les années 1980, les deux complices du Splendid partagent l’affiche dans Clara et les chics types de Jacques Monnet, Les Hommes préfèrent les grosses, Le Père Noël est une ordure et Papy fait de la résistance de Jean-Marie Poiré et La Smala de Jean-Loup Hubert. Des films essentiellement collectifs, dans lesquels ils ne font que se croiser, ou même pas du tout. Finalement, l’opus qui les réunira réellement est Nuit d’ivresse de Bernard Nauer, adaptation de la pièce de théâtre créée en 1985 au Théâtre du Splendid Saint-Martin par Josiane Balasko et Michel Blanc. Thierry Lhermitte remplacera ce dernier dans un second temps. S’il n’est pas le film le plus connu des membres du Splendid, Nuit d’ivresse demeure pourtant une comédie hilarante, menée à cent à l’heure, qui enchaîne les scènes cultes comme des perles sur un collier, dans laquelle les deux stars livrent une remarquable prestation. Bref, Nuit d’ivresse est un vrai film culte.

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Test Blu-ray / L’Origine du monde, réalisé par Laurent Lafitte

L’ORIGINE DU MONDE réalisé par Laurent Lafitte, disponible en DVD et Blu-ray le 19 janvier 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Laurent Lafitte, Karin Viard, Vincent Macaigne, Hélène Vincent, Nicole Garcia, Pauline Clément, Luca Malinowski, Christine Beauvallet…

Scénario : Laurent Lafitte, d’après la pièce de Sébastien Thiery

Photographie : Axel Cosnefroy

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Un jour, sans crier gare, le coeur de Jean-Louis s’arrête de battre. Jean-Louis devrait être mort mais il parle, marche, vit sa vie comme si de rien n’était. Affolé, il demande son avis à Michel, son ami vétérinaire qui bien sûr ne parvient pas à expliquer ce phénomène étrange. Valérie, son épouse qui n’a aucune connaissances médicales, n’est d’aucune aide. Désespéré, le couple tente de trouver des réponses auprès de Margaux, la coach de vie de Valérie, un peu guérisseuse et en lien avec les forces occultes…

S’il apparaît sur les écrans depuis les années 1990 dans les séries du style Premiers baisers et Classe mannequin, Laurent Lafitte (né en 1973), commence de plus en plus à se faire remarquer au cinéma dans les années 2000 dans des seconds rôles. On le voit tour à tout chez Mathieu Kassovitz (Les Rivières pourpres), Guillaume Canet (Mon idole, Ne le dis à personne), Lionel Delplanque (Président), Claude Miller (Un secret)… Puis, après le triomphe des Petits mouchoirs, tout s’accélère et le comédien accède désormais en haut de l’affiche. C’est le cas pour De l’autre côté du périph de David Charhon, Les Beaux Jours de Marion Vernoux, 16 ans… ou presque de Tristan Séguéla, Elle l’adore de Jeanne Herry et Papa ou maman (et sa suite) de Martin Bourboulon qui sont tous des succès. Parallèlement, après son one-man show Laurent Lafitte, comme son nom l’indique, qui a fait salle comble au Palais des glaces en 2008, le pensionnaire de la Comédie-Française, révèle une face plus sombre dans quelques films dramatiques, dans Boomerang de François Favrat, Elle de Paul Verhoeven, K.O. de Fabrice Gobert, Paul Sanchez est revenu de Patricia Mazuy, Au revoir là-haut d’Albert Dupontel et L’Heure de la sortie de Sébastien Marnier, dans lesquels il est chaque fois remarquable. Bref, Laurent Lafitte est un acteur fabuleux, virtuose dans tous les genres. On attendait de pied ferme ses débuts à la mise en scène avec L’Origine du monde, l’adaptation de la pièce de théâtre du même nom de Sébastien Thiéry, gros carton du théâtre du Rond-Point en 2013. Et cette fois encore, Laurent Lafitte se surpasse, en signant tout simplement LA comédie de l’année 2021. Politiquement incorrect, osé, couillu même, L’Origine du monde est un film qui nous emmène là où on s’y attendait le moins. S’il s’accompagne forcément de son essence théâtrale originale, comme c’était aussi le cas pour Le Dîner de cons de Francis Veber et Le Prénom d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, ce premier film se démarque par son humour anglo-saxon qui viendrait parasiter un vaudeville bien de chez nous, le tout marqué par l’élégance habituelle de son réalisateur et de formidables numéros d’acteurs. Ça fait un bien fou !

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