Test Blu-ray / Meurtre à Montmartre, réalisé par Gilles Grangier

MEURTRE À MONTMARTRE réalisé par Gilles Grangier, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD le 30 mars 2022 chez Pathé.

Acteurs : Michel Auclair, Paul Frankeur, Giani Esposito, Annie Girardot, Lucien Nat, Gib Grossac, Franck MacDonald, Philippe Dumat…

Scénario : Gilles Grangier & René Wheeler, d’après le roman de Michel Lenoir

Photographie : Jacques Lemare

Musique : Jean Yatove

Durée : 1h32

Année de sortie : 1956

LE FILM

Le marchand d’art Marc Kelber croit faire l’affaire du siècle quand il achète un tableau de Gauguin à Jacques Lacroix, un prétendu collectionneur. Mais quand il découvre que ce dernier est un escroc qui lui a vendu un faux, Kelber est bien décidé à se venger. Il retrouve alors Lacroix et ses complices, le peintre faussaire Watroff et sa compagne et modèle Viviane. Mais plutôt que de leur faire payer leur arnaque, il décide finalement d’y prendre part…

Habitué aux gros succès populaires depuis ses débuts dans les années 1940 comme Le Cavalier noir, Jo la Romance, Amour et compagnie et Trente et quarante avec Georges Guétary, L’Aventure de Cabassou avec Fernandel, Leçon de conduite avec Odette Joyeux, Par la fenêtre avec Bourvil, Gilles Grangier va petit à petit et momentanément délaisser la comédie pour se diriger vers des films plus dramatiques. L’une des étapes les plus marquantes de son illustre carrière reste sa rencontre avec Jean Gabin, avec lequel il tourne pour la première fois en 1953 pour La Vierge du Rhin, d’après le roman de Pierre Nord. Les deux hommes collaboreront à douze reprises. Le réalisateur démontre qu’il peut alors offrir autre chose aux spectateurs qu’un film musical ou des divertissements légers du samedi soir et c’est finalement dans un registre plus grave qu’il va trouver un second souffle, mais aussi s’épanouir derrière la caméra. Entre Le Sang à la tête, merveilleuse adaptation du roman de Georges Simenon, et Le Rouge est mis, Gilles Grangier se tourne vers un autre fidèle comédien, le grand Paul Frankeur, qui l’accompagne depuis 1950 (Au p’tit Zouave) et qu’il retrouvera sur Jeunes mariés (1953), Le Sang à la tête (1956), Le Rouge est mis (1957), Le Désordre et la Nuit (1958), Archimède le clochard (1959), Le Gentleman d’Epsom (1962), Le Voyage à Biarritz (1962, même si non crédité), Maigret voit rouge (1963), sans oublier la mini-série Max le débonnaire diffusée en 1967. Paul Frankeur, c’est souvent celui dont on ne sait pas forcément le nom dans un film. C’est un mécanicien, un bonimenteur, un patron de bistrot, un cordonnier, un réparateur de lignes électriques, un inspecteur ou un commissaire, un reporter, un aubergiste, un coiffeur, un cafetier, un coiffeur, un brigadier de gendarmerie, un contrôleur SNCF, un curé…et l’on se souvient pourtant toujours de lui. Meurtre à Montmartre, précédemment sorti au cinéma sous le titre Reproduction interdite, mais qui avait été rebaptisé par une production déçue par les résultats du film au box-office (ce qui avait irrité Gilles Grangier, étant donné que l’action se déroule à Montparnasse et non pas sur la butte, ce à quoi on lui avait rétorqué que « Meurtre à Montparnasse aurait été un titre trop long ») est l’un des rares films où Paul Frankeur tient le haut de l’affiche. Si l’on peut citer aussi Premières Armes (1950) de René Wheeler et Passion (1951) de Georges Lampin, il porte sur ses épaules Meurtre à Montmartre, en étant quasiment de toutes les scènes. Et il est admirable dans cette transposition d’un roman de Michel Cade (sous le nom de Lenoir), où Gilles Grangier dresse le portrait d’un galeriste, qui va malgré-lui tombé dans le crime, pour pouvoir subsister et offrir à sa jeune épouse un train de vie confortable. S’il n’est assurément pas le film le plus célèbre du cinéaste, Reproduction interdite (puisqu’on peut l’appeler ainsi) est un vrai bijou sombre et pessimiste, qui s’offre enfin à nous en copie entièrement restaurée.

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Test Blu-ray / Le Ciel sur la tête, réalisé par Yves Ciampi

LE CIEL SUR LA TÊTE réalisé par Yves Ciampi, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 18 mars 2022 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : André Smagghe, Jacques Monod, Bernard Fresson, Guy Tréjan, Marcel Bozzuffi, Henri Piégay, Yves Brainville, Jean Dasté, Beatrice Cenci, Yvonne Monlaur…

Scénario : Yves Ciampi, Jean Chapot & Alain Satou

Photographie : Edmond Séchan & Guy Tabary

Musique : Jacques Loussier

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

1965, après plusieurs mois de campagne en mer à travers le monde, le porte avion Clémenceau regagne sa base de Brest. Les avions sont expédiés à terre et le reste de l’équipage s’apprête à débarquer pour retrouver leurs proches. Soudain, un message top secret de l’État-Major des Armées arrive auprès du Commandant Ravesne. Quelques instants après, celui-ci ordonne de faire demi-tour et rappelle toute la flottille à bord. Il déclenche le poste de combat et fait équiper les avions de l’arme nucléaire. Une question est sur toutes les lèvres : que se passe-t-il’? Mais le commandant reste silencieux…

Ancien médecin, Yves Ciampi (1921-1982), abandonne sa carrière médicale pour embrasser celle de réalisateur. Il commence tout d’abord en tant qu’assistant de Jean Dréville et d’André Hunebelle, mais passe très vite lui-même derrière la caméra à la fin des années 1940 pour son premier long-métrage, Suzanne et ses brigands, une petite comédie avec Suzanne Flon. Après avoir fait ses classes dans le documentaire, ce qui lui a apporté un véritable bagage technique et le sens du détail à l’écran, il se fait remarquer dès 1951 avec Un grand patron, dans lequel Pierre Fresnay interprète un chirurgien de renom, film qui rencontre un énorme succès public. A l’instar de Thomas Lilti (Hippocrate, Médecin de campagne, Première année), Yves Ciampi s’inspire de son expérience de médecin généraliste pour dépeindre avec précision son domaine professionnel originel dans L’Esclave (1953), sur la dépendance à la morphine, et Le Guérisseur (1953), sur la médecine alternative. Durant les années 1950, il dirige les plus grands acteurs, Yves Montand, Jean Servais, Gert Fröbe et Curd Jürgens dans Les Héros sont fatigués, Jean Marais et Danielle Darrieux dans Typhon sur Nagasaki, avant de signer des oeuvres plus confidentielles dans les années 1960. C’est pourtant en 1964 qu’il met en scène un formidable et inattendu film d’anticipation, Le Ciel sur la tête, quasiment entièrement tourné à bord du porte-avions Clémenceau (il s’agit avant tout d’une commande de la Marine Française), qui parcourait le monde depuis 1957. Film hybride, que l’on pourrait placer entre Top Gun (1986) de Tony Scott et Premier contact Arrival (2016) de Denis Villeneuve, Le Ciel sur la tête rend compte du passé de documentariste d’Yves Ciampi, quand celui-ci s’empare littéralement de son gigantesque décor « naturel », en présentant tous les recoins possibles et imaginables du navire de tête. Après une exposition du lieu où se tiendra l’essentiel de l’action, Le Ciel sur la tête bifurque ensuite vers le film fantastique, quand un étrange satellite fait irruption quelques kilomètres au-dessus de leur tête. Menace ? Avertissement ? Rencontre du troisième type ? Les hommes sont prêts à intervenir. A sa sortie, le film déconcerte quelque peu, même si près d’un million de spectateurs se rendront tout de même dans les salles. Il y a fort à parier que Le Ciel sur la tête sera largement reconsidéré, tant celui-ci demeure furieusement moderne avec des scènes de vol particulièrement bluffantes et une dimension « surnaturelle » aussi singulière que maîtrisée.

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Test Blu-ray / Les Pirates du métro, réalisé par Joseph Sargent

LES PIRATES DU MÉTRO (The Taking of Pelham One Two Three) réalisé par Joseph Sargent, disponible en Combo Blu-ray + DVD + DVD de bonus le 5 avril 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Walter Matthau, Robert Shaw, Martin Balsam, Hector Elizondo, Earl Hindman, James Broderick, Dick O’Neill, Lee Wallace…

Scénario : Peter Stone, d’après le roman de John Godey

Photographie : Owen Roizman

Musique : David Shire

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

À New York, quatre hommes armés, utilisant des couleurs comme noms, prennent en otage une voiture de métro et demandent une rançon d’un million de dollars pour la libération des passagers. Le Lieutenant Zachary Garber de la police du métro de New York doit gérer cette affaire, alors même qu’il doit faire visiter le centre de contrôle du réseau à des responsables du métro de Tōkyō.

Les Pirates du métro The Taking of Pelham 123 est réalisé en 1974 par Joseph Sargent. De son vrai nom Giuseppe Danielle Sorgente, il naît en 1925 dans le New Jersey et commence sa carrière au cinéma en tant qu’acteur. Il attrape le virus de la comédie quand il a une dizaine d’années, au moment où il reçoit une caméra 8 mm de la part de son oncle, avec laquelle il s’amuse à réaliser et à interpréter quelques courts métrages bien évidemment amateurs. Il intègre ensuite les rangs de l’Actors Studios dans les années 1940 et commence à se produire à Broadway dans quelques pièces, tout en multipliant les apparitions dans diverses séries télévisées, comme Peter Gunn ou The Lone Ranger. Il apparaît également comme figurant dans Tant qu’il y aura des hommes de Fred Zinnemann en 1953. Mais au milieu des années 1950 Joseph Sargent change son fusil d’épaule et souhaite devenir réalisateur. Il a l’opportunité de mettre en scène son premier long-métrage en 1959, Streetfighter, un drame à petit budget, écrit et interprété par Vic Savage, qui raconte l’histoire d’un jeune délinquant en quête de rédemption, après la mort de celle qu’il aimait. Mais c’est véritablement au cours de la décennie suivante que Joseph Sargent va apprendre son métier et surtout s’épanouir derrière la caméra, en réalisant moult épisodes de séries télévisées diverses et variées, Lassie, Gunsmoke, Les Envahisseurs, Bonanza, Le Fugitif, Opération vol et surtout Des agents très spéciaux. En 1966-1967, sortent deux longs-métrages, Un espion de trop et L’Espion au chapeau vert, qui sont en fait constitués chacun de deux épisodes de la série tirés de la seconde et de la troisième saison. Puis Joseph Sargent signe un film de guerre avec Claudia Cardinale et Rod Taylor, Tous les héros sont morts. Au début des années 1970, Joseph Sargent va signer son premier chef d’oeuvre, Le Cerveau d’acier Colossus : The Forbin Projet, sublime film de science-fiction apocalyptique, dans lequel Eric Braden, « monsieur Moustaches » des Feux de l’amour, qui avait alors une carrière intéressante au cinéma (Les Evadés de la planète des singes ou Les 100 fusils de Tom Gries), affrontait une intelligence artificielle, sur le point de prendre le contrôle de la Terre et de ses habitants. Toutes proportions gardées bien sûr, cette relecture glaçante du mythe de Prométhée apparaît comme un chaînon manquant entre 2001 l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick et Point Limite de Sidney Lumet. Méconnu et néanmoins précurseur, ce film aurait grandement inspiré James Cameron pour la création du Skynet de Terminator. Tout en continuant son travail pour la télévision, entre téléfilms et séries télévisées, il a d’ailleurs réalisé l’épisode de Kojak, Joseph Sargent reçoit de plus en plus de propositions pour le cinéma. En 1972, il commence le tournage d’un western, Buck et son complice, avec Sidney Poitier et Harry Belafonte, mais suite à des divergences avec la production, il est débarqué du tournage peu de temps après le début des prises de vues. Il sera remplacé par Sidney Poitier lui-même. Il enchaîne avec The Man Le numéro 4, téléfilm dans lequel James Earl Jones interprète le premier président des Etats-Unis afro-américain. Un téléfilm qui connaîtra une petite exploitation dans les salles et qui deviendra culte, au point d’être projeté lors de la première investiture de Barack Obama en 2009. Puis, Joseph Sargent réalise un film d’action avec Burt Reynolds, Les Bootlegers, dont l’acteur réalisera une suite trois ans plus tard et avec laquelle il fera lui-même ses débuts à la mise en scène. On lui propose alors de prendre les manettes des Pirates du métro.

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Test Blu-ray / La Menace, réalisé par Alain Corneau

LA MENACE réalisé par Alain Corneau, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 21 novembre 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Yves Montand, Carole Laure, Marie Dubois, Jean-François Balmer, Marc Eyraud, Roger Muni, Jacques Rispal, Michel Ruhl, Gabriel Gascon…

Scénario : Daniel Boulanger & Alain Corneau

Photographie : Pierre-William Glenn

Musique : Gerry Mulligan

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Dominique gère une société de transports routiers près de Bordeaux. Elle est assistée de son compagnon Henri. Mais leur relation tourne court lorsque le quinquagénaire s’éprend de Julie, une jeune Canadienne. Un soir, apprenant qu’Henri a rendez-vous avec Julie, Dominique s’y rend à sa place. Elle propose de l’argent à sa rivale pour qu’elle quitte la région. Le ton monte. Julie s’enfuit. Folle de jalousie, Dominique se suicide…

Après un premier long-métrage – France société anonyme – complètement foutraque, à la fois fascinant et terriblement assommant (euphémisme), Alain Corneau change son fusil d’épaule et signe un vrai coup de maître deux ans plus tard, Police Python 357, polar implacable et froid comme le platine, qui connaît un beau succès public, en attirant près d’1,5 million de spectateurs dans les salles en mars 1976. Metteur en scène et scénariste cinéphile, mais aussi cinéphage, Alain Corneau profite de cet engouement pour surfer sur la même recette et décide de remettre le couvert dès l’année suivante avec La Menace, également interprété par Yves Montand. Avec ce troisième film, le cinéaste prolonge ce qu’il avait entrepris avec Police Python 357, en poussant les curseurs, en asséchant aussi bien le fond que la forme, à la limite de l’abstraction. Moins ou mal considéré, c’est selon, La Menace n’en reste pas moins représentatif du cinéma « mathématiques », pour ne pas dire scientifique d’Alain Corneau, où tout y est carré, symétrique, glacé et pourtant fragile, car souvent fatal ou sans espoir de retour. Redoutablement pessimiste, ce polar sombre demeure essentiellement connu pour son dernier acte, quasiment dépourvu de dialogues, reposant entièrement sur le cadre, l’ambiance, une claustrophobie qui serre la gorge du spectateur jusqu’au dénouement entré dans l’histoire du cinéma.

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Test Blu-ray / Charmants garçons, réalisé par Henri Decoin

CHARMANTS GARÇONS réalisé par Henri Decoin, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 18 mars 2022 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Zizi Jeanmaire, Daniel Gelin, Henri Vidal, François Perier, Gert Fröbe, Yves Barsacq, Marie Daems, Renaud Mary, Jacques Berthier, Gil Vidal, Jacques Dacqmine, Jean-Pierre Marielle, Madeleine Lambert…

Scénario : Dominique Fabre, Étienne Périer & Charles Spaak

Photographie : Pierre Montazel

Musique : Georges Van Parys

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Lulu, chanteuse et danseuse dans un grand cabaret parisien, a de nombreux admirateurs… mais ses aventures amoureuses la déçoivent. Ainsi, Robert, le jeune industriel et homme marié, Edmond, le financier d’âge mûr persuadé que son argent lui donne un sex-appeal infaillible, Jo, le boxeur qui préfère le sport à la tendresse, Alain, le gentleman cambrioleur qui reste malhonnête même en amour, et Charles, l’impresario à tendance misogyne. Tous de charmants garçons avec de vilains défauts ! Lulu se demande si l’homme idéal existe… Quand un soir, un inconnu sort du lot…

Pour les jeunes spectateurs, le nom de Zizi Jeanmaire (1924-2020) ne leur dira probablement rien, et même sans doute à certains trentenaires ou quadra. Pourtant, elle fut l’une de nos plus grandes et de nos plus belles danseuses de ballet. Également chanteuse et meneuse de revue, ancien petit rat de l’École de danse de l’Opéra de Paris, l’artiste, de son vrai nom Renée Marcelle Jeanmaire, a bien sûr été appelée par le cinéma et ce dès 1952, année où elle tourne son premier long-métrage, Hans Christian Andersen et la Danseuse, sous la direction de Charles Vidor, interprété par Danny Kaye et surtout produit par Howard Hugues, à l’affût pour repérer les donzelles qui affolent le public. Son complice (qui sera son compagnon de toujours) Roland Petit se charge des chorégraphies. Elle donne ensuite la réplique à Bing Crosby et Donald O’Connor dans Quadrille d’amour Anything Goes (1956) de Robert Lewis. De retour en France, Zizi Jeanmaire et Roland Petit se marient, ont une fille, puis s’inspirent de leur expérience américaine pour leurs nouveaux shows parisiens. Elle revient devant la caméra pour Folies-Bergère, mis en scène par Henri Decoin, dans lequel elle a pour partenaire le très populaire Eddie Constantine. Résultat des courses, le film est un immense succès dans les salles avec 3,5 millions d’entrées, se classant à la dixième place du box-office en 1957. Lé star du music-hall, future interprète de Mon truc en plumes remet le couvert dès l’année suivante avec le même réalisateur, pour Charmants garçons, qui est plus ou moins envisagé comme un pendant féminin de la comédie Adorables créatures de Christian-Jaque, sortie cinq ans auparavant. S’il ne s’agit pas d’une suite, d’ailleurs Daniel Gélin, présent dans les deux films, joue deux personnages différents, Charmants garçon, écrit par le même Charles Spaak, fait un petit clin d’oeil à Adorables créatures dans la dernière scène, en convoquant un personnage du nom d’André Noblet, héros du film de Christian-Jaque. S’il aura moins d’engouement que Folies-Bergère en attirant deux fois moins de français au cinéma, Charmants garçons n’en demeure pas moins une belle réussite, dans laquelle le visage mutin mis en valeur par sa légendaire coupe à la garçonne et la gouaille de Zizi Jeanmaire fonctionnent parfaitement, rappelant souvent le jeu et le charisme d’Annie Girardot ou d’Arletty, tandis que ses partenaires masculins, Daniel Gélin, Henri Vidal, François Périer et Gert Froebe, ainsi qu’un jeune débutant du nom de Jean-Pierre Marielle, se disputent ses faveurs, dans une comédie menée à cent à l’heure et dont le charme perdure encore.

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Test Blu-ray / Absolution, réalisé par Anthony Page

ABSOLUTION réalisé par Anthony Page, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 21 octobre 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Richard Burton, Dominic Guard, David Bradley, Billy Connolly, Andrew Keir, Willoughby Gray, Preston Lockwood…

Scénario : Anthony Shaffer

Photographie : John Coquillon

Musique : Stanley Myers

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Un prêtre sans compassion est enseignant dans une école militaire catholique. Un étudiant décide de lui jouer un tour et lui raconte, lors d’une confession, comment il a accidentellement assassiné un de ses amis et l’a enterré dans la forêt. Une blague morbide qui va se transformer en un meurtre sanglant, lorsque l’homme d’église décidera d’en savoir plus…

C’est un bijou méconnu, voire complètement oublié de l’épouvante britannique. Mais attention, point de sang, pas de gore, ni encore d’effets outranciers destinés à faire peur ! Absolution est l’une des rares incursions au cinéma du réalisateur Anthony Page (né en 1935), qui aura fait l’essentiel de sa carrière à la télévision, à travers des séries diverses (Z Cars, Middlemarch, Performance), mais surtout moult téléfilms comme Male of the Species (1969) avec Sean Connery et Michael Caine, Pueblo (1973) avec Hal Hholbrook et Ronny Cox, The Missiles of October (1974) avec William Devane et Martin Sheen, jusqu’à My Zinc Bed (2008), son dernier en date, interprété par Uma Thurman et Jonathan Price. A la fin des années 1970, le metteur en scène va enchaîner trois projets destinés à être exploités dans les salles, Jamais je ne t’ai promis un jardin de roses I Never Promised You a Rose Garden, avec Bibi Andersson, d’après un roman de Joanne Greenberg, The Lady Vanishes, remake du film d’Alfred Hitchcock, avec Elliott Gould et Cybill Shepherd, ainsi qu’Absolution, d’après un scénario d’Anthony Shaffer, tiré d’une de ses pièces de théâtre qui n’avait jamais vu le jour. Ce dernier n’est autre que l’auteur de Frenzy (1972), de Sleuth Le Limier (1972) de Joseph L. Mankiewicz, de The Wicker Man (1973) de Robin Hardy et de Mort sur le Nil Death on the Nile (1978) de John Guillermin. Dans Absolution, on retrouve cette implacable mécanique qui a fait le style reconnaissable du scénariste, qui prend le spectateur à la gorge d’entrée de jeu et qui ne fait que resserrer sa pression jusqu’au dénouement absolument ébouriffant. Magistralement interprété par Richard Burton (dans un rôle envisagé pour Christopher Lee), qui entamait alors la dernière partie de sa vie, puisqu’une hémorragie cérébrale l’emportera six ans plus tard à l’âge de 58 ans, Absolution demeure un modèle de thriller paranoïaque et psychologique teinté d’horreur, qui glace les sangs et qui marquera les esprits des cinéphiles qui s’y aventureront.

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Test Blu-ray / Les Liaisons dangereuses 1960, réalisé par Roger Vadim

LES LIAISONS DANGEREUSES 1960 réalisé par Roger Vadim, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 18 mars 2022 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jeanne Moreau, Gérard Philipe, Annette Stroyberg, Madeleine Lambert, Jeanne Valérie, Nicolas Vogel, Boris Vian, Gillian Hills, Paquita Thomas, Jean-Louis Trintignant, Simone Renant…

Scénario : Roger Vailland, Roger Vadim & Claude Brulé, d’après le roman de Choderlos de Laclos

Photographie : Marcel Grignon

Musique : Thelonious Monk & Jack Marray

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Juliette de Merteuil et Valmont forment un couple cynique et libertin. À la demande de son épouse, Valmont cherche à courtiser la jeune Cécile, mais va s’éprendre de la vertueuse Marianne de Tourvel.

Rétrospectivement, Les Liaisons dangereuses 1960 est la première adaptation du roman épistolaire de Pierre Choderlos de Laclos publié en 1782. Mais il s’agit aussi d’une transposition contemporaine, comme celle que réalisera Roger Kumble quarante ans plus tard avec Sexe Intentions Sex Intentions, avec Ryan Phillippe, Sarah Michelle Gellar, Reese Witherspoon, Selma Blair et Joshua Jackson. Ce quatrième long-métrage de Roger Vadim (1928-2000) sera le plus grand succès de sa carrière au box-office français avec 4,3 millions de spectateurs en 1959 (entre Babette s’en va-t-en guerre de Christian-Jaque et Certains l’aiment chaud de Billy Wilder), ainsi que l’avant-dernier film de Gérard Philipe, qui disparaîtra deux mois après la sortie des Liaisons dangereuses 1960, à seulement 36 ans. Il devait signer ici l’une de ses plus remarquables prestations dans le rôle du débauché Valmont, qui n’a rien à envier à ses confrères qui reprendront ce rôle à leur manière, notamment John Malkovich chez Stephen Frears et Colin Firth chez Milos Forman. Il y est vénéneux, suintant de mépris et de narcissisme. Le comédien se délecte à jouer un monstre, auquel il apporte une vraie sensibilité et dont le masque de satisfaction s’ébrèche à mesure que des sentiments inattendus se mêlent à la partie. Le couple qu’il forme avec Jeanne Moreau, exceptionnelle, qui sortait des Amants de Louis Malle et allait entamer Moderato cantabile de Peter Brook, est aussi beau, sensuel et sexy que particulièrement cruel et machiavélique. Si Roger Vadim (qui s’adresse directement aux spectateurs dans un prologue de deux minutes, pour leur exposer ses intentions) laisse une très large place à son casting féminin, grâce auquel il s’amuse à jouer avec la censure (qui interdira tout d’abord le film, puis l’autorisera aux spectateurs de plus de 16 ans), on notera la participation d’un jeune acteur de 29 ans, qui en était encore à ses débuts au cinéma et qui était déjà apparu dans Et Dieu…créa la femme trois ans plus tôt, Jean-Louis Trintignant. Plus de soixante ans après sa sortie « scandaleuse » dans les salles, Les Liaisons dangereuses 1960 n’a absolument rien perdu de sa force, de sa modernité, de sa noirceur et de son sex-appeal, dans lequel Roger Vadim continue finalement d’explorer les relations entre les hommes et les femmes, l’un de ses thèmes de prédilection.

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Test Blu-ray / Rue des cascades (Un gosse de la butte), réalisé par Maurice Delbez

RUE DES CASCADES (Un gosse de la butte) réalisé par Maurice Delbez, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 18 mars 2022 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Madeleine Robinson, Serge Nubret, Daniel Jacquinot, René Lefevre, Lucienne Bogaert, Suzanne Gabriello, Roland Demongeot, Erick Barukh, Christine Simon, Dominique Lartigue, Serge Srour…

Scénario : Maurice Delbez & Jean Cosmos, d’après le roman de Robert Sabatier

Photographie : Jean-Georges Fontenelle

Musique : André Hodeir

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

1960, Ménilmontant. Dans une épicerie buvette de la rue des cascades, Hélène la patronne vit seule avec son fils de dix ans, Alain, un véritable « gosse de la butte ». Un jour Hélène s’éprend de Vincent, un homme visiblement beaucoup plus jeune qu’elle et noir. Alain le déteste pour sa couleur et sa différence. Vincent tente alors de sortir l’enfant de son quartier. Il l’emmène dans les salles de boxe, lui fait découvrir Paris et les cabarets où jouent ses amis. Alain est définitivement conquis au grand étonnement de ses camarades de classe…

Nous parlions tout récemment du réalisateur Maurice Delbez (1922-2020) à l’occasion de l’édition de La Roue en version restaurée chez Coin de Mire Cinéma. Un metteur en scène dont je ne connaissais que le second long-métrage, A pied, à cheval et en voiture (1957), gros succès avec 3,5 millions de spectateurs, interprété par Noël-Noël et un jeune débutant du nom de Jean-Paul Belmondo. Sorti en 1964, Rue des cascades (Un gosse de la butte, titre imposé par la Columbia) est le dernier film de Maurice Delbez, dont la sortie catastrophique (une semaine à l’affiche en raison d’une distribution calamiteuse et dite « technique ») le crible de dettes. Le cinéaste se tourne alors vers la télévision, signe des épisodes de la série Les Saintes chéries avec Micheline Presle et Daniel Gélin, dirige Fernandel dans L’amateur ou S.O.S. Fernand, puis entre au Service de la Recherche de l’ORTF, devient Directeur des Programmes à FR3-Nord Picardie et Directeur des Études de l’IDHEC. Au début des années 1980, il revient derrière la caméra et enchaîne les téléfilms (Les Menteurs avec Jean-Marc Thibault, Des vertes et des pas mûres avec Christine Armani), puis livre un ultime documentaire en 1990, consacré à Gilles Grangier. A travers le roman Alain et le Nègre de Robert Sabatier, Maurice Delbez a trouvé des échos à sa propre enfance passée dans un bistrot de l’Aveyron. Avec l’aide du grand Jean Cosmos (La Vie et rien d’autre, Capitaine Conan, Laissez-passer), il transpose le récit original qui se déroulait à Montmartre, dans le quartier de Ménilmontant (moins touristique, plus « ouvrier ») et met beaucoup d’éléments intimes dans le personnage du petit Alain, impeccablement incarné par Daniel Jacquinot, dans sa seule apparition au cinéma. Tendre, amusant, très émouvant, Rue des cascades est aussi une œuvre avant-gardiste, qui évoque la relation entre une femme blanche d’âge mûr et un homme noir de vingt ans son cadet, malgré toutes les critiques qui peuvent fuser autour d’eux, y compris de la part d’Alain et de ses copains, qui rappellent furieusement Le Petit Nicolas de Sempé & Goscinny. Un trésor qui s’était volatilisé depuis des années, qui refait enfin surface.

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Test Blu-ray / La Roue, réalisé par Maurice Delbez et André Haguet

LA ROUE réalisé par Maurice Delbez et André Haguet, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 18 mars 2022 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean Servais, Pierre Mondy, Catherine Anouilh, Claude Laydu, François Guérin, Julien Bertheau, Georges Chamarat, Yvette Etievant, Georges Jamin, Louis Viret, Paul Peri…

Scénario : Oscar-Paul Gilbert, d’après le film d’Abel Gance, La Roue

Photographie : Pierre Petit

Musique : Louiguy

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

1940. Conduit par le mécanicien Pelletier, un dernier train emporte, à travers les bombardements, les familles qui fuient le Nord de la France… Une jeune femme est tuée et laisse à ses côtés une enfant en bas âge, Norma, que Pelletier va adopter et envoyer en nourrice avec son fils de 5 ans. Les années passent. Les deux jeunes gens viennent s’installer chez leur père et découvrent sa vie de cheminot qui ne laisse de place à personne d’autre qu’à sa locomotive à vapeur…

Quasiment 35 ans après La Rose du rail (1923), connu sous le titre La Roue, André Haguet et Maurice Delbez réalisent un remake plus condensé du film fleuve d’Abel Gance (« inspiré par l’oeuvre célèbre d’Abel Gance » indique le générique), qui durait entre 4h30 et 8h suivant les montages qui se sont succédé. En à peine 100 minutes, les deux réalisateurs reprennent les grands traits du film original, ainsi que le prénom du personnage féminin principal, Norma, même si ceux-ci insistent sans doute moins sur l’étrange passion que le père ressent pour sa fille adoptive, tout en écartant l’histoire secondaire du fils qui tombe amoureux de celle qu’il croit être sa sœur. La Roue est un drame plus sobre et somme toute plus classique, qui repose sur l’impérial Jean Servais (Au service du diable, Les Centurions, L’Homme de Rio, Du rififi chez les hommes), qui incarne son personnage sur une quinzaine d’années, durant lesquelles celui-ci devra affronter la maladie, mais aussi ses tourments. Il pourra compter sur l’aide de son meilleur ami et collègue de toujours, Jean, interprété par l’immense Pierre Mondy. Mais au-delà de son récit mélodramatique, La Roue vaut aussi pour son aspect documentaire, puisque le film dissèque le boulot d’un cheminot et de son mécanicien au temps de la locomotive à vapeur.

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Test Blu-ray / Waldo, détective privé, réalisé par Tim Kirkby

WALDO, DÉTECTIVE PRIVÉ (Last Looks) réalisé par Tim Kirkby, disponible en DVD et Blu-ray le 17 février 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Charlie Hunnam, Mel Gibson, Morena Baccarin, Rupert Friend, Clancy Brown, Lucy Fry, Jacob Scipio, Paul Ben-Victor, Method Man…

Scénario : Howard Michael Gould, d’après son roman

Photographie : Lyle Vincent

Musique : Peter Nashel

Durée : 1h50

Année de sortie : 2021

LE FILM

Charlie Waldo s’est fait virer avec perte et fracas de la police de Los Angeles. Il mène depuis une existence paisible, loin du monde. Sa vie solitaire s’achève lorsqu’il est engagé comme détective privé pour enquêter sur le meurtre de l’épouse d’Alistair Pinch, une vedette d’une série TV judiciaire. Cette affaire tordue est, pour Waldo, un retour choc dans le monde d’Hollywood, avec ses intrigues de couloirs, ses relations sulfureuses et ses stars capricieuses.

S’il était déjà apparu dans Retour à Cold Mountain d’Anthony Minghella (2003), Hooligans Green Street Hooligans (2005) de Lexi Alexander et Les Fils de l’homme Children of Men (2006) d’Alfonson Cuarón, le britannique Charlie Hunnam commence réellement à faire parler de lui avec la série Sons of Anarchy dès 2008. Le cinéma lui fait les yeux doux et on le retrouve tour à tour chez Guillermo Del Toro (Pacific Rim, Crimson Peak), James Gray (The Lost City of Z) et Guy Ritchie (Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur, The Gentlemen), sans toutefois trouver LE rôle qui fera de lui une star. Depuis l’arrêt de Sons of Anarchy en 2014 et après sept saisons, le comédien apparaît donc ici et là, comme s’il ne savait pas où aller ou comme si les réalisateurs ne savaient pas trop quoi faire de lui. C’est ainsi qu’il tient le haut de l’affiche de Waldo, détective privé Last Looks, mis en scène par Tim Kirkby, à qui l’on doit un Action Point (2018) avec Johnny Knoxville (qui aurait ouvert un parc d’attractions avec ses potes de Jackass), mais aussi toute une ribambelle de séries comme Look Around You, Journal d’une ado hors norme, The Alternative Comedy Experience, Grace et Frankie, Brockmire et prochainement The Pentaverate, de et avec Mike Myers. Dans cette comédie-policière, Charlie Hunnam joue un ex-flic vivant en ermite, qui va malgré lui reprendre du poil de la bête en étant mis sur une enquête se déroulant dans les coulisses d’Hollywood. S’il ne révolutionnera évidemment pas le genre, Waldo, détective privé n’en demeure pas moins un divertissement fort sympathique et de qualité, dans lequel le charisme de l’acteur fait mouche et où il donne la réplique au grand Mel Gibson, qui cachetonne à mort, mais qui le fait bien et nous fait marrer dans le rôle d’une star frappadingue de la télé. Ajoutez à cela le charme dévastateur de Morena Baccarin et vous obtenez un spectacle idéal pour passer deux heures sans vous ennuyer, même s’il restera pas grand-chose du film au final. Mais c’est déjà ça de pris.

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