Test DVD / American Guinea Pig : Bloodshock, réalisé par Marcus Koch

AMERICAN GUINEA PIG : BLOODSHOCK réalisé par Marcus Koch, disponible en DVD le 2 octobre 2018 chez Uncut Movies

Acteurs : Norm J. Castellano, Barron Christian, Dan Ellis, Alberto Giovannelli, Lillian McKinney, Gene Palubicki, Maureen Pelamati, Shiva Rodriguez…

Scénario : Stephen Biro

Photographie : Donald Donnerson

Musique : Kristian Day

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

Un homme anonyme se réveille dans une cellule et prend conscience qu’il a été kidnappé pour subir des expériences médicales par une bande de tortionnaires et de forcenés. Il reçoit alors un mot d’une autre prisonnière, victime elle aussi de nombreuses impudicités. L’infortuné comprend alors que son calvaire ne fait que commencer. 

Ah oui d’accord ! Alors comment dire euh… Je ne sais trop que dire, ni par où commencer (air connu). Quand on ne sait rien de cet American Guinea Pig : Bloodshock, le choc est disons, brutal. En fait, ce film réalisé par Marcus Kosh est le deuxième volet d’une franchise intitulée American Guinea Pig, elle-même l’adaptation d’une saga japonaise des années 1980 réputée pour ses partis pris ultra-gore. American Guinea Pig : Bloodshock est donc la suite du premier opus sous-titrée Bouquet of Guts and Gore, grand succès dans les festivals et mis en scène par Stephen Biro en 2014 et dont les effets spéciaux et maquillages étaient réalisés par…ah bah tiens Marcus Kosh. Producteur de la franchise américaine, le premier décide donc de confier les rênes au second. Nouvel épisode, mais aussi nouvelle identité, nouveau style et nouvelle thématique pour American Guinea Pig : Bloodshock ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce film d’horreur extrême n’est certainement pas à mettre devant tous les yeux et demeure réservé à un public trèèèèès averti. Bon, maintenant, à l’instar de l’auteur de ces mots, il n’est pas interdit de rire devant un tel spectacle outrancier.

Un homme se réveille dans une pièce complètement blanche, aux murs capitonnés et vides de tout contenu. Il va rapidement comprendre qu’il a été kidnappé et qu’il est désormais séquestré dans le seul but de servir de cobaye humain à un groupe de tortionnaires sadiques. A chaque nouvelle expérience menée sur lui, ses bourreaux vont de plus en plus loin dans l’horreur et rien ne semble pouvoir mettre un terme au calvaire sanglant qu’il subit. Alors que sa raison commence à vaciller face aux atroces sévices qu’exécutent sur lui ses tortionnaires, il reçoit dans sa geôle un message provenant d’une jeune femme qui semble connaître de son côté le même destin funeste que lui. Qui est-elle et qui sont ces sadiques dénués apparemment de toute conscience et de toute empathie pour leurs victimes ? S’agit-il de fous psychopathes simplement excités par l’idée de faire couler le sang ou au contraire s’agit-il de membres d’un réseau organisé travaillant dans une optique bien précise ?

Pauvre type…même s’il ne dit rien ou pas grand-chose, surtout qu’on lui coupe la langue dans la première séquence, ce patient se fait quand même recoudre à vif, fracasser la tronche par un colosse, marteler les rotules, lacérer le dos, taillader la plante des pieds au rasoir, se fait arracher plusieurs dents, ouvrir le crâne et d’autres réjouissances. Pourquoi ? Ça on le saura à la fin. Du moins un peu, tout n’est pas expliqué et libre au spectateur de se faire sa propre opinion. Surtout qu’un personnage féminin apparaît également en cours de route et subit également la même chose que son voisin de cellule.

Bienvenue dans un monde de cinglés ! L’image N&B (le film a été tourné en couleur puis converti en post-production) rappelle involontairement la vidéo de l’autopsie de l’extraterrestre de Roswell, mais aussi son « bêtisier » fait par Les Guignols de l’info dans les années 1990. Le côté dérangeant provient surtout de son montage, de plus en plus frénétique, jusqu’à la séquence finale où la couleur réapparaît, le rouge surtout, jusqu’au malaise. C’est finalement cette scène glauque et surréaliste mêlant sexe, hémoglobine, orgasme, cannibalisme, donne vraiment la nausée, même aux spectateurs les plus coriaces.

Le reste du temps, on ne va pas dire qu’on s’ennuie, mais la mécanique tourne rapidement en rond. Comme dans un Saw ou dans une épreuve de Fort Boyard, on se demande à quelle sauce le personnage principal va être mangé. Marcus Kosh ne joue pas la surenchère puisque tous les actes commis ici sont immondes. Les nerfs sont autant mis à rude épreuve qu’exposés lors des opérations du Docteur Maboul dans le film. C’est froid, c’est glacial, c’est monstrueux et on se demande jusqu’où le metteur en scène va aller, même sans scénario ou alors écrit sur une feuille de papier OCB.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que même si l’on se fout royalement des protagonistes (aucune empathie, juste de la chair à triturer), Marcus Kosh a un vrai sens de l’image, du cadre, des effets malsains. American Guinea Pig : Bloodshock est une œuvre totalement expérimentale, un torture porn cradingue, gore, choquant, austère, qui ne laisse certainement pas le spectateur indemne ou tout du moins indifférent.

LE DVD

Uncut Movies est de retour avec une édition DVD Collector limitée et numérotée à 1000 exemplaires de American Guinea Pig : Bloodshock ! Le disque repose dans un sublime mediabook constitué d’un livret de 16 pages merveilleusement illustré, avec en introduction un mot de l’éditeur et la présentation du label Uncut Movies, puis un petit focus sur la franchise américaine American Guinea Pig. Sans oublier un petit poster collector du film. Le menu principal est animé et musical. Un très bel objet de collection.

N’hésitez pas à compléter la projo du film par les interviews présentes en bonus sur cette édition. Plus d’une heure d’entretiens au programme avec le réalisateur Marcus Koch (30’30), le producteur et scénariste Stephen Biro (12’) et le comédien Andy Wintron (10’). Les deux premiers interviennent sur le premier volet réalisé par Stephen Biro lui-même, grand succès des festivals de films de genre qui a donné suite à American Guinea Pig : Bloodshock. Les partis pris, les intentions, les thèmes, les effets visuels, le rapport au spectateur, le casting, les conditions de tournage sont longuement évoqués, entre deux gorgées de bière, et un entrain communicatif.

Tout ce beau petit monde, auxquel se rajoutent d’autres intervenants dont le nom n’est pas indiqué, intervient ensuite au cours d’un module intitulé Dissection du film (12’). Chacun y va de sa propre interprétation sur le(s) sujet(s) évoqué(s) dans American Guinea Pig : Bloodshock, tout comme la nature des protagonistes.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos et un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Difficile de juger une image comme celle de American Guinea Pig : Bloodshock…Si le film a été tourné en couleur, il a ensuite été converti en N&B. Nous dirons donc que le master restitue les partis pris originaux avec un grain aléatoire, souvent épais, renforçant l’aspect craspec de l’ensemble. Les images dans les cellules sont plus lisses, sans aspérité, les blancs lumineux, cassés, les noirs denses. Quelques flous inhérents aux conditions de tournage sont donc bruts. Quand vient la couleur, le piqué est plus incisif et le spectateur se prend les teintes rouges en pleine figure, jusqu’au malaise renforcé par le montage.

Une seule piste au programme. La Stéréo privilégie surtout la musique de Kristian Day, qui participe également à l’expérience proposée par American Guinea Pig : Bloodshock. Les rares dialogues sont étonnamment très bas. Les sous-titres ne sont pas imposés.

Crédits images : © Unearthed Films / Uncut Movies / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr