Test Blu-ray / Les Monstres de la mer, réalisé par Barbara Peeters

LES MONSTRES DE LA MER (Humanoids from the Deep) réalisé par Barbara Peeters, disponible en Édition Digibook Collector, Combo Blu-ray + DVD + Livret le 19 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Doug McClure, Ann Turkel, Vic Morrow, Cindy Weintraub, Anthony Pena, Denise Galik, Lynn Theel, Meegan King…

Scénario : Frank Arnold, Martin B. Cohen & Frederick James

Photographie : Daniel Lacambre

Musique : James Horner

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Le petit village tranquille de Noyo est victime d’une vague de violence. Les hommes sont assassinés et les femmes sont violées. Il apparaît rapidement qu’une expérience génétique a mal tourné, et une nouvelle race de créatures mi-homme, mi-poisson quitte son monde aquatique… pour s’accoupler avec les femmes !

Au début des années 1980, Roger Corman se consacre uniquement à la production et Dieu sait qu’il a du pain sur la planche. En effet, en l’espace de quelques mois, au moins une dizaine de longs-métrages affichent son nom en lettres dorées et celles de sa société New World Pictures, à l’instar de Destructor de Max Kleven et The Private Eyes de Lang Elliott. Deux de ses films se distinguent. Le premier est Les Mercenaires de l’espace Battle Beyond the Stars de Jimmy T. Murakami, dont Roger Corman reprend le tournage sans être crédité, le second est Les Monstres de la mer Humanoids from the Deep. Cette série B, limite Z avec son budget famélique, ses deux semaines de prises de vue et son casting de quasi-inconnus complètement à côté de la plaque, est symbolique du génie du producteur spécialisé dans le cinéma d’exploitation. Il confie son nouveau bébé à Barbara Peeters, remarquée dès 1970 avec son premier film, Je suis une hard-girl The Dark Side of Tomorrow, puis Les Diablesses de la moto Bury Me an Angel (1971), Summer School Teachers (1975) et Starhops (1978). Roger Corman avait déjà été impressionné par la qualité d’écriture, mais aussi et surtout par l’efficacité de la mise en scène de la réalisatrice, au point de lui avoir produit son troisième opus. Recherchant une nouvelle approche de l’horreur et une sensibilité inédite pour aborder le genre, le nabab lui propose donc Les Monstres de la mer, avant tout destiné aux projos dans les drive-in et devant comporter les ingrédients attendus par les spectateurs avides de ce genre de spectacle, autrement dit du sang, du gore même, et des belles nanas chichement habillées voire carrément nues si cela est possible. Barbara Peeters s’acquitte de sa tâche en grande professionnelle, mais la copie rendue déçoit Roger Corman en raison du manque de sexe. La cinéaste refuse de procéder à des reshoots. Qu’à cela ne tienne, le producteur rappelle son poulain Jimmy T. Murakami pour filmer quelques plans boobs bien gratos et des séquences beaucoup plus explicites de viols de femmes par les humanoids éponymes. Énorme succès en son temps, que reste-t-il des Monstres de la mer quarante ans après ? Un formidable divertissement complètement fou, très bien rythmé, malin, à la photographie soignée, qui fait rire autant pour son côté nawak que pour le mauvais jeu des comédiens. 80 minutes de rires non-stop, cela ne se refuse pas et surtout fonctionne encore aujourd’hui à plein régime. Vous ne verrez plus jamais un pavé de saumon de la même façon !

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Test Blu-ray / La Colonie (Tides), réalisé par Tim Fehlbaum

LA COLONIE (Tides) réalisé par Tim Fehlbaum, disponible en DVD et Bluray le 20 septembre 2021 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Nora Arnezeder, Sarah-Sofie Boussnina, Iain Glen, Sope Dirisu, Joel Basman, Sebastian Roché, Bella Bading, Hong Indira Rieck…

Scénario : Tim Fehlbaum, Mariko Minoguchi, Jo Rogers & Tim Trachte

Photographie : Markus Förderer

Musique : Lorenz Dangel

Durée : 1h44

Année de sortie : 2021

LE FILM

Dans un avenir pas si lointain. Après qu’une catastrophe mondiale ait anéanti presque toute l’humanité, l’astronaute Blake est renvoyée sur Terre depuis la colonie spatiale Kepler et doit prendre une décision qui scellera le sort de la population sur les deux planètes.

S’il y a des trous le gruyère en Suisse, il n’y en a pas dans le scénario de La Colonie ou Tides, titre international d’exploitation de cette production germano-helvétique et deuxième long-métrage du réalisateur Tim Fehlbaum, venu tout droit de la confédération. Né en 1982, ce dernier avait été remarqué avec son premier film Hell, primé dans divers festivals (Sitges, Munich…), sorti il y a dix ans, dans lequel il parlait déjà de l’avenir de la planète, en y montrant notamment la surface du globe brûlée par les rayons du soleil, des terres asséchées, et une nourriture devenue rare. Dans Hell, deux types de survivants s’opposaient, les proies et les prédateurs, tandis que trois camarades traversaient des paysages désolés dans l’espoir d’y trouver de l’eau. En 2021, Tim Fehlbaum, toujours sous la houlette de Roland Emmerich, producteur exécutif, s’interroge une fois de plus dans Tides sur les futures conditions de la Terre, mais aussi et surtout sur celled de l’être humain, le responsable des différentes catastrophes écologiques et qui n’a rien fait pour y remédier, celui qui espère que la planète renaîtra, celui qui profite de cette situation pour asservir son prochain, assouvir ses pulsions et devenir le maître de ce nouveau monde post-apocalyptique. Comme dans Hell, les survivants vont devoir s’engager dans un long combat pour ne pas tomber entre les mains de ceux qui ont décidé de s’emparer du pouvoir pour façonner la planète comme ils l’entendent, au détriment de la liberté d’autrui. Il y a beaucoup d’éléments passionnants dans cette étrange Colonie, film de science-fiction, d’anticipation pour être précis, qui confirme le potentiel d’un metteur en scène et scénariste sur lequel on misait déjà et auquel Hollywood ne devrait pas tarder à faire de l’oeil. Enfin, Tides offre à la française Nora Arnezeder son meilleur rôle à ce jour. De tous les plans, bad-ass, d’une sensibilité à fleur de peau, aussi à l’aise dans les scènes d’action que dramatiques, l’actrice découverte en 2008 dans Faubourg 36 de Christophe Barratier et dernièrement à l’affiche d’Army of the Dead de Zack Snyder, a pris du galon ainsi que du charisme et signe une très belle performance qui participe grandement à la réussite de Tides.

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Test Blu-ray / The Boxer, réalisé par Jim Sheridan

THE BOXER réalisé par Jim Sheridan, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Daniel Day-Lewis, Emily Watson, Brian Cox, Ken Stott, Kenneth Cranham, Gerard McSorley…

Scénario : Terry George & Jim Sheridan

Photographie : Chris Menges

Musique : Gavin Friday & Maurice Seezer

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Belfast. Danny Flynn avait l’étoffe d’un champion de boxe et rêvait d’un avenir heureux avec sa fiancée Maggie. Entré dans les rangs de l’IRA, jeté malgré lui dans l’action violente et condamné à quatorze ans de prison pour un attentat dont il n’était pas coupable, Danny garda le silence. Il ne livra aucun de ses compagnons de lutte, mais prit des distances avec eux comme avec son passé, et rendit sa liberté à Maggie en acceptant qu’elle épouse son meilleur copain. Aujourd’hui Danny est libre. Dans son ancien quartier, dévasté par la guerre, le boxeur remonte la pente…

Troisième et dernière collaboration entre le réalisateur irlandais Jim Sheridan et le comédien britannique (naturalisé irlandais en 1993) Daniel Day-Lewis, The Boxer ne possède pas le même prestige que My Left Foot (1989) et Au nom du père In the Name of the Father (1994), mais n’a eu de cesse d’être réhabilité depuis sa sortie en 1997. S’il a beaucoup moins rapporté que le film précédent (16 millions contre 65 millions de dollars pour Au nom du père), The Boxer clôt pourtant de façon élégante cette « trilogie irlandaise » qui a autant compté dans la carrière du metteur en scène que dans celle de sa tête d’affiche, très largement nommée et récompensée dans le monde entier. Si l’on compare The Boxer aux deux autres, celui-ci s’avère le plus maniéré, le plus sophistiqué, au niveau de sa réalisation, le plus stylisée, en raison de la photographie de Chris Menges (La Déchirure The Killing Fields et Mission The Mission de Roland Joffé, The Pledge de Sean Penn), qui par ses filtres bleutés représente l’atmosphère glacée de Belfast. The Boxer détient un cachet plus « surréaliste » et sans doute moins viscéral, plus « cinématographique », moins brut, plus poseur aussi certainement. Ces partis-pris créent un sensible détachement, mais on ne peut s’empêcher d’admirer l’implication toujours cinglée de Daniel Day-Lewis, dont le côté jusqu’au-boutiste a décontenancé Jim Sheridan, qui avait du mal cette fois à contenir son acteur, qui s’était fixé comme objectif de « devenir » boxeur, au point de prendre de vrais coups et d’oublier les problèmes que cela pouvait engendrer, comme les raccords de maquillage et de continuité. Il n’empêche que rarement un comédien aura atteint cette perfection, à tel point que Barry McGuigan, son coach, mais aussi consultant et par ailleurs ancien boxeur lui-même (champion poids plume dans les années 1980) dont la vie a inspiré une partie du film, aurait déclaré que Daniel Day-Lewis s’était hissé à un niveau égal voire supérieur aux sportifs professionnels. Aux côtés de la star, la bouleversante Emily Watson, tout juste révélée par Breaking the Waves de Lars von Trier, ainsi que Brian Cox, impérial dans la peau de Joe Hamill, tirent leur épingle du jeu. Faux film sportif, mais vrai drame politique et histoire d’amour contrariée, The Boxer demeure un grand film. Dommage toutefois que les deux premiers actes n’aient pas la force viscérale de la dernière partie, qui prend littéralement aux tripes et les malaxent jusqu’à en donner la nausée. C’est entre autres grâce à ce dénouement extraordinaire que The Boxer mérite d’être réévalué.

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Test Blu-ray / À la folie, réalisé par Diane Kurys

À LA FOLIE réalisé par Diane Kurys, disponible en Édition Combo Bluray + DVD le 7 juillet 2021 chez ESC Editions.

Acteurs : Anne Parillaud, Béatrice Dalle, Patrick Aurignac, Bernard Verley, Alain Chabat, Jean-Claude de Goros, Marie Guillard, Robert Benitah…

Scénario : Diane Kurys & Antoine Lacomblez

Photographie : Fabio Conversi

Musique : Michael Nyman

Durée : 1h33

Année de sortie : 1994

LE FILM

Elsa arrive un soir à Paris chez sa soeur Alice après avoir quitté ses deux enfants et son mari, Thomas, qui la trompait avec Betty, la baby-sitter. Alice, artiste-peintre au succès naissant, vient tout juste de s’installer avec Franck, un jeune et séduisant boxeur. Mais l’arrivée de l’envahissante Elsa dans leur petit appartement sous les toits perturbe très vite leur amour et leur tranquillité. Alice, timide et angoissée n’ose pas chasser sa soeur qui adopte bientôt une attitude ambiguë et provocante. Peu à peu, leurs relations se dégradent.

C’est la rencontre au sommet de deux actrices « du moment ». D’un côté, Anne Parillaud, 34 printemps, quatre ans après son explosion dans Nikita, de l’autre, Béatrice Dalle, trente ans, qui depuis sa mise sur orbite sept ans plus tôt dans 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix avait déjà tourné avec Marco Bellocchio (La Sorcière La Visione del Sabba), Jacques Deray (Les Bois noirs), Jim Jarmusch (Night on Earth), Jacques Doillon (La Vengeance d’une femme), Claude Lelouch (La Belle histoire) et Claire Denis (J’ai pas sommeil). La réalisatrice Diane Kurys vient de connaître une petite déception au box-office avec Après l’amour (540.000 entrées), son score le plus bas au box-office depuis Cocktail Molotov, son second long-métrage. Depuis quelques années, elle pense écrire et mettre en scène un film qui s’inspirerait de ses rapports amour/haine avec sa sœur aînée. Si la famille a toujours été un de ses thèmes de prédilection comme pour Coup de foudre (1983), avec Miou-Miou, Isabelle Huppert, Guy Marchand, et Jean-Pierre Bacri. le deuxième plus grand succès de sa carrière, rarement, sans doute pour la seule et unique fois de sa vie professionnelle, Diane Kurys sera allée aussi loin dans l’introspection avec À la folie, dans lequel elle se livre totalement. A travers ce drame psychologique et intense, parcouru d’un humour noir comme qui dirait cathartique, la cinéaste confronte deux sœurs que tout oppose, séparées par la vie, que le destin réunit et fait se percuter, pour le pire et pas forcément (euphémisme) pour le meilleur. Le duo, ou plutôt le duel entre les deux comédiennes principales remplit toutes ses promesses. Elles y sont aussi impliquées que talentueuses, sexy, sensuelles et surtout bouleversantes.

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Test Blu-ray / Un cri dans l’ombre, réalisé par John Guillermin

UN CRI DANS L’OMBRE (House of Cards) réalisé par John Guillermin, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 6 juillet 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : George Peppard, Inger Stevens, Orson Welles, Keith Michell, Perrette Pradier, Geneviève Cluny, Maxine Audley, Ralph Michael…

Scénario : Harriet Frank Jr. & Irving Ravetch, d’après le roman de Stanley Ellin

Photographie : Piero Portalupi

Musique : Francis Lai

Durée : 1h45

Date de sortie initiale: 1968

LE FILM

Reno Davis, un jeune et fringuant américain vivant à Paris, est engagé pour être le tuteur d’un jeune garçon, dont le père général est mort durant la guerre d’Algérie. Il découvre rapidement un clan très étrange, rongé par les secrets. Quand le jeune garçon est enlevé, Davis est immédiatement suspecté. Il va découvrir que dans l’entourage de la famille figurent des personnes peu recommandables…

A la fin des années 1960, John Guillermin (1925-2015) n’est pas encore le réalisateur britannique de grosses machines hollywoodiennes comme La Tour infernale The Towering Inferno (1975) et King Kong (1977), mais compte déjà assurément dans l’industrie cinématographique. En 1966, il entame une collaboration avec le comédien George Peppard (1928-1994), qui va alors s’étendre sur trois longs-métrages, Le Crépuscule des aigles The Blue Max (1966), Syndicat du meurtre P.J. (1968) et le film qui nous intéresse aujourd’hui, Un cri dans l’ombre House of Cards (1968). Ce dernier est un étrange film d’espionnage qui surfe évidemment sur le triomphe rencontré par les aventures de James Bond au cinéma, et qui entraînait moult ersatz dans son sillage, en donnant naissance au genre dit de l’Eurospy. Si le personnage incarné par George Peppard n’est pas un espion au service de sa Majesté ou de l’oncle Sam, il devient malgré lui l’homme à abattre, celui qui en sait trop et qui fera tout pour faire tomber une mystérieuse organisation qui prépare la résurrection d’un régime politique nationaliste et totalitaire, rien que ça. Filmé entre Paris et Rome, Un cri dans l’ombre, ou Duel dans l’ombre, second titre français connu, vaut à la fois pour la qualité de son interprétation, pour celle de son histoire bien brodée et surtout pour celle de la mise en scène de John Guillermin, aussi élégante qu’inspirée. Une vraie petite découverte !

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Test Blu-ray / Cure, réalisé par Kiyoshi Kurosawa

CURE (Kyua – キュア) réalisé par Kiyoshi Kurosawa, disponible en DVD et Blu-ray le 28 juillet 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Koji Yakusho, Tsuyoshi Ujiki, Anna Nakagawa, Masato Hagiwara, Yoriko Douguchi, Yukijiro Hotaru, Denden, Ren Osugi…

Scénario : Kiyoshi Kurosawa

Photographie : Tokushô Kikumura

Musique : Geiri Ashiya

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1999

LE FILM

Un officier de police, Takabe, enquête sur une série de meurtres dont les victimes sont retrouvées avec une croix gravée dans le cou. Un jour, un jeune vagabond est arrêté près de l’endroit où a été retrouvé le dernier corps. Il est vite identifié comme un ancien étudiant en psychologie, devenu fou et ayant d’inquiétants pouvoirs hypnotiques, lui permettant de pousser des gens à commettre des actes criminels…

Cure, réalisé en 1997 par le cinéaste japonais Kiyoshi Kurosawa (né en 1955 et aucun lien de parenté avec Akira), est le film avec lequel ce dernier allait être révélé sur la scène internationale. L’artiste considéré aujourd’hui comme faisant partie des leaders du renouveau du cinéma nippon, au même titre que ses confrères Hideo Nakata et Shinya Tsukamoto, se place à la lisière des genres et des influences, inspiré à la fois par la Nouvelle Vague japonaise des années 1960-70 (Yoshida, Imamura, Oshima), mais aussi par le cinéma hollywoodien, en particulier par le film de genre US représenté par John Carpenter, George Romero, Richard Fleischer, Tobe Hooper et Don Siegel. Dès les années 1970, Kiyoshi Kurosawa enchaîne les courts-métrages, avant de passer au format long, puis de tourner pour la télévision. Prolifique (trop diront certains, et ils auront sans doute raison), le réalisateur aime le septième art, visionne pléthore de films, autant de chefs d’oeuvre reconnus que de séries B-Z improbables qu’il affectionne tout autant, même si le fantastique et l’horreur demeurent ses genres de prédilection. Dans les années 1990, les triomphes rencontrés par Le Silence des agneaux The Silence of the Lambs de Jonathan Demme et Seven de David Fincher rendent compte du nouvel attrait des spectateurs pour les thrillers psychologiques placés sous tension et centrés sur des tueurs en série. Ces deux références s’imposent évidemment aussi au Japon et créent moult ersatz. Cure en est assurément un. Ce sera le film de la reconnaissance pour Kiyoshi Kurosawa (son quinzième long-métrage), aussi bien dans son pays que dans le reste du monde où Cure est projeté dans de nombreux festivals et même encensé par un Martin Scorsese dithyrambique. Près d’un quart de siècle après sa sortie, on ne peut pas dire cependant que ce polar sensoriel ait bien vieilli, même s’il reste marqué par quelques indéniables fulgurances.

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Test Blu-ray / Seuls les anges ont des ailes, réalisé par Howard Hawks

SEULS LES ANGES ONT DES AILES (Only Angels Have Wings) réalisé par Howard Hawks, disponible en Édition Mediabook Collector Blu-ray + DVD + Livret le 7 juillet 2021 chez Wild Side Video.

Acteurs : Cary Grant, Jean Arthur, Richard Barthelmess, Rita Hayworth, Thomas Mitchell, Allyn Joslyn, Sig Ruman, Victor Kilian…

Scénario : Howard Hawks & Jules Furthman, d’après une histoire Plane From Barranca d’Howard Hawks

Photographie : Joseph Walker

Musique : Dimitri Tiomkin

Durée : 2h01

Date de sortie initiale: 1939

LE FILM

En escale à Barranca, petit port bananier d’Amérique du Sud, Bonnie Lee rencontre les pilotes de l’équipe aéropostale de ce lieu hors du temps, où l’on meurt comme on vit : avec bravoure. D’emblée, l’artiste new-yorkaise est subjuguée par le séduisant et intrépide Geoff Carter, qui dirige la compagnie et n’est pas le genre d’homme à laisser des sentiments interférer dans ses missions et dans son monde, où le danger est omniprésent et où tout peut basculer en un instant, au gré du hasard et des tempêtes…

S’il n’est pas aussi connu que la plupart des autres monuments qui composent l’exceptionnelle filmographie de son réalisateur, Seuls les anges ont des ailes Only Angels Have Wings d’Howard Hawks (1896-1977) n’a eu de cesse d’être réévalué et redécouvert. Plus de 80 ans après sa sortie, cette œuvre magistrale laisse pantois par sa modernité (hormis les modèles réduits bien visibles c’est vrai…), par sa fougue, par sa beauté. Merveilleusement mis en scène, ce film d’aventures condense tous les thèmes, les obsessions et les motifs propres à son auteur : l’amitié virile, l’héroïsme, les rapports entre les hommes et les femmes, la notion de groupe, l’homme face à (ou en osmose avec) la machine (coucou David Cronenberg !), un triangle amoureux (avec ici une ex-compagne qui ressurgit), le courage, la femme forte…Seuls les anges ont des ailes marque également la seconde collaboration (sur cinq) entre le cinéaste et Cary Grant, un an après le sublime – et pourtant échec critique et commercial à sa sortie – L’Impossible monsieur Bébé Bringing Up Baby. Changement de registre pour les deux hommes, car même s’il reste ponctué par quelques touches d’humour, Only Angels Have Wings est savoureux un mélange des genres, entre rires et larmes, un divertissement remarquable, pour ne pas dire total, qui n’omet jamais l’émotion au milieu de séquences spectaculaires, tout en dressant les portraits psychologiques d’une poignée de personnages catapultés au milieu de nulle part, réunis et soudés contre les dangers de leur profession, mais où la vie et le plaisir d’exister sont sans cesse célébrer. C’est beau, superbe même, c’est du grand et vrai cinéma.

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Test Blu-ray / Le Solitaire de Fort Humboldt, réalisé par Tom Gries

LE SOLITAIRE DE FORT HUMBOLDT (Breakheart Pass) réalisé par Tom Gries, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 19 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charles Bronson, Ben Johnson, Richard Crenna, Jill Ireland, Charles Durning, Ed Lauter, Bill McKinney, David Huddleston…

Scénario : Alistair MacLean, d’après son roman

Photographie : Lucien Ballard

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h35

Date de sortie initiale: 1975

LE FILM

Deakin est en apparence un tricheur qui se fait prendre sur le fait et emmener dans un train de soldats qui doit se rendre à Fort Humboldt, pour y renforcer une garnison décimée par une épidémie de diphtérie. Mais les passagers du train sont curieusement éliminés les uns après les autres.

En 1975, Charles Bronson, âgé de 54 ans, est revenu en haut de l’affiche aux Etats-Unis, après le triomphe d’Un justicier dans la ville Death Wish de Michael Winner, sorti l’année précédente. La parenthèse européenne qui a fait de lui une star grâce au succès international d’Il était une fois dans l’Ouest Once Upon a Time in the West de Sergio Leone est refermée et l’ami Charly peut cette fois tenir un film sur ses seules épaules sur le sol de l’oncle Sam. S’ensuivent le formidable Mister Majestyk de Richard Fleischer, puis le burné Bagarreur Hard Times de Walter Hill, qui confirment la nouvelle aura du comédien dans son pays. Il va alors enchaîner coup sur coup deux longs-métrages avec le réalisateur Tom Gries (1922-1977), célèbre pour avoir mis en scène deux westerns étonnants à la fin des années 1960, Will Penny, le solitaire avec Charlton Heston, et Les 100 fusils 100 Rifles avec Jim Brown et la sculpturale Raquel Welch, dont la scène d’amour demeure aussi hot qu’anthologique. Si L’Évadé Breakout était une histoire contemporaine, Le Solitaire de Fort Humboldt Breakheart Pass propose un retour dans les années 1870, dans l’ouest américain. Adapté du roman Le Défilé de Crêve-Cœur, du prolifique Alistair MacLean (Commando pour un seul homme, Les Canons de Navarone, Quand les aigles attaquent), qui transpose d’ailleurs lui-même son propre livre, ce western atypique surfe sur le récent succès rencontré l’année précédente par Le Crime de l’Orient-Express Murder on the Orient Express de Sidney Lumet, puisque Le Solitaire de Fort Humboldt est ni plus ni moins un whodunit dans lequel ce bon vieux Bronson serait comme qui dirait l’ancêtre d’Hercule Poirot, dissimulé sous l’identité d’un ancien professeur de médecine de l’Iowa, recherché pour dettes, incendie criminel, meurtre et vol. L’acteur a l’air plus impliqué que d’habitude et semble prendre beaucoup de plaisir à interpréter ce rôle pour lequel il fait preuve d’élégance et s’avère impliqué dans les scènes physiques, à l’instar de la séquence de baston se déroulant sur un véritable train en marche, dans un décor enneigé et glacé de toute beauté. Assez inattendu et original dans la filmographie de Charles Bronson, Le Solitaire de Fort Humboldt a très bien vieilli et se révèle être un ersatz d’Agatha Christie particulièrement réjouissant, dans lequel le cinéphile reconnaîtra quelques tronches indispensables du cinéma US.

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Test Blu-ray / Till Death, réalisé par S.K. Dale

TILL DEATH réalisé par S.K. Dale, disponible en DVD et Blu-ray le 19 août 2021 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Megan Fox, Callan Mulvey, Eoin Macken, Lili Rich, Aml Ameen, Jack Roth…

Scénario : Jason Carvey

Photographie : Jamie Cairney

Musique : Walter Mair

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Dans une maison isolée dans la neige, une jeune femme se réveille menottée au corps sans vie de son mari. Incapable de se libérer, sans téléphone pour appeler du secours, elle découvre que des tueurs à gages sont en route pour venir l’éliminer.

Nous avions laissé précédemment Megan Fox en Afrique, où elle affrontait une lionne vorace dans Rogue, un film de guerre et survival nocturne vraiment sympathique. Décidée à reprendre sa carrière en main, la comédienne aura depuis donné la réplique à Bruce Willis dans le thriller Midnight in the switchgrass de Randall Emmett, producteur de Trauma Center, 10 Minutes Gone, Évasion 2 et 3, Backtrace, Représaille, enfin bref vous voyez le genre. Actrice peu considérée et la plupart du temps réduite à son physique, Megan Fox en a pourtant sous le capot, sous sa belle carrosserie, oui bon, elle était facile celle-là. D’ailleurs, elle le prouve une fois de plus dans Till Death, série B cette fois encore de fort bon acabit, dans laquelle elle ne se ménage pas et où elle livre une performance solide et avec une bonne dose d’ironie. Mis en scène par un certain S.K. Dale, dont il s’agit du premier long métrage après quelques courts très remarqués, dont The Coatmaker, petit film d’épouvante récompensé en 2019, Till Death s’avère très prometteur, contient son lot de rebondissements, que certains jugeront improbables certes (voir « empruntés » à Jessie de Stephen King et donc à l’excellent Gerald’s Game de Mike Flanagan), mais où le réalisateur parvient à maintenir une vraie et bien stressante tension durant 90 minutes.

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Test Blu-ray / Madhouse, réalisé par Jim Clark

MADHOUSE réalisé par Jim Clark, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 21 juillet 2021 chez ESC Editions.

Acteurs : Vincent Price, Peter Cushing, Robert Quarry, Adrienne Corri, Natasha Pyne, Michael Parkinson, Linda Hayden, Barry Dennen…

Scénario : Ken Levison & Greg Morrison, d’après le roman Devilday, d’Angus Hall

Photographie : Ray Parslow

Musique : Douglas Gamley

Durée : 1h32

Année de sortie : 1974

LE FILM

Le célèbre acteur de film d’horreur, Paul Toombes, connu notamment pour son interprétation du Dr Death, est frappé par une dépression nerveuse alors qu’il se rend en Angleterre pour le tournage d’une nouvelle série. C’est alors que les différents acteurs et membres de l’équipe technique de cette série commencent à mourir, d’une façon très analogue à celles dont mouraient les personnages des films du Dr Death…

Nous sommes en 1974 et le comédien Vincent Price (1911-1993) a déjà près de quarante ans de carrière derrière lui. Depuis le début de la décennie, il n’a cessé de tourner et l’on peut citer Lâchez les monstres Scream and Scream Again de Gordon Hessler, L’Abominable Dr. Phibes The Abominable Dr. Phibes de Robert Fuest et sa suite Le Retour de l’abominable Docteur Phibes Dr. Phibes Rises Again, sans oublier Théâtre de sang Theatre of Blood de Douglas Hickox. Parallèlement, Vincent Price apparaît également sur le petit écran, à l’instar de l’épisode de la série Columbo, Adorable mais dangereuse Lovely but Lethal, mis en scène par Jeannot Szwarc. Tournant principalement pour le compte de la Amicus Productions, l’acteur s’engage sur Madhouse, nouveau et énième film d’épouvante, d’après le roman Devilday d’Angus Hall, dont il trouve le scénario de Greg Morrison pourtant épouvantable et dont il demande la réécriture complète à son ami Ken Levison. Aux manettes de Madhouse, on retrouve Jim Clark (1931-2016), avant tout monteur de renom (Les Innocents de Jack Clayton, Charade de Stanley Donen, Marathon man de John Schlesinger, La Déchirure et Mission de Roland Joffé), dont il s’agit ici du dernier film en tant que réalisateur et qui remplaçait alors Robert Fuest. Le vent tourne au milieu des années 1970 et le cinéma d’horreur dit « traditionnel » donne à la fois quelques signes de fatigue, mais aussi de mutation. Bien avant Freddy sort de la nuit Wes Craven’s New Nightmare et Scream, qui sortiront respectivement en 1994 et 1996, Madhouse proposait une réflexion quasi-méta sur le genre, où un tueur semblant être sorti d’un film d’épouvante, assassine la compagne de celui qui l’interprétait à l’écran. Est-ce l’acteur lui-même qui revêt le costume de son personnage et s’empare d’une arme blanche pour assouvir ses instincts les plus primaires ? Ou est-ce un de ses fans, qui ne sait plus faire la distinction entre la réalité et la fiction ? Madhouse n’est certes pas exempt de défauts, notamment un rythme en dents de scie et un final assez grotesque, mais n’en reste pas moins un divertissement de qualité dans lequel on est heureux de retrouver Vincent Price, donner la réplique au non moins éminent Peter Cushing.

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