Test Blu-ray / La Petite soeur du diable, réalisé par Giulio Berruti

LA PETITE SOEUR DU DIABLE (Suor Omicidi) réalisé par Giulio Berruti, disponible en Blu-ray + CD-audio bande originale du film le 15 février 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Anita Ekberg, Alida Valli, Massimo Serato, Daniele Dublino, Laura Nucci, Lou Castel, Paola Morra, Alice Gherardi, Ileana Fraia, Lee De Barriault…

Scénario : Giulio Berruti & Alberto Tarallo, d’après une histoire originale d’Enzo Gallo

Photographie : Antonio Maccoppi

Musique : Alessandro Alessandroni

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Dans la région de Lugano, Soeur Gertrude travaille au sein d’un hôpital prenant en charge des personnes âgées. Après une récente opération d’une tumeur au cerveau, la religieuse a développé une addiction à la morphine, ainsi qu’au sexe, la plongeant peu à peu dans la paranoïa. Et, pour couronner le tout, des patients sont bientôt assassinés dans l’établissement. Très vite, une partie du personnel suspecte Soeur Gertrude d’être la criminelle.

Vous n’aimez pas Le Jour du Seigneur sur France 2 le dimanche matin ? Si comme nous vous n’en savez rien, car qui a pu regarder une fois ce programme dans sa vie, et si vous désirez en savoir plus sur ce qui peut tournebouler une nonne, nous ne saurons que trop vous conseiller de jeter un œil sur La Petite sœur du diable, aka La Nonne qui tue, ou bien encore Suor Omicidi en version originale, et même The Killer Non en anglais ! Il s’agit du deuxième et dernier long-métrage de fiction réalisé par Giulio Berruti (né en 1937), qui aura essentiellement consacré sa vie professionnelle à monter les films des autres, à l’instar du Baba Yaga (1973) de Corrado Farina, ou à assister d’autres cinéastes, comme Mario Amendola sur Mes ennemis, je m’en garde! Dai nemici mi guardo io! (1968), Bruno Corbucci sur I 2 pompieri (1970), quand il ne participait pas lui-même à l’écriture (Croc Blanc et le chasseur solitaire Zanna Bianca e il cacciatore solitario d’Alfonso Brescia), avant de s’adonner au documentaire. La Petite sœur du diable est un film d’exploitation tardif, 1979, dans lequel Anita Ekberg, approchant la cinquantaine, devient une religieuse maquillée comme une voiture volée, qui serait quelque peu dépassée par certains problèmes psychologiques, au point d’être accusée de meurtres. Près de vingt ans après La Dolce vita, la comédienne suédoise alors en pleine traversée du désert, apparaît bien fatiguée et même fracassée dans La Petite sœur du diable, qui peine à maintenir l’intérêt du spectateur du début à la fin, en dépit de bonnes idées de scénario et de mise en scène éparpillées ici et là pendant 1h30. Une curiosité, pas mémorable, mais qui saura tout de même plaire aux aficionados de cinéma Bis.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / La Petite soeur du diable, réalisé par Giulio Berruti »

Test Blu-ray / Le Salaire du Diable, réalisé par Jack Arnold

LE SALAIRE DU DIABLE (Man In the Shadow) réalisé Jack Arnold, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 15 février 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jeff Chandler, Orson Welles, Colleen Miller, Ben Alexander, Barbara Lawrence, John Larch, James Gleason, Royal Dano…

Scénario : Gene L. Coon

Photographie : Arthur E. Arling

Musique : Hans J. Salter & Herman Stein

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Ben Sadler est le shérif d’une petite ville, cernée de terres appartenant au puissant Virgil Renchler, propriétaire d’un ranch florissant où travaillent de très nombreux clandestins mexicains. Un soir, le contremaître du ranch tue l’un des employés. Renchler va tout mettre en oeuvre pour empêcher le shérif de mener l’enquête.

Spécialiste des séries B, John Arnold Waks alias Jack Arnold (1916-1992) n’en est pas moins un immense réalisateur. Bien que disposant de budgets très modestes, le cinéaste a toujours su transcender son postulat de départ minimaliste…pour aller vers le gigantisme. Prolifique, Jack Arnold prend son envol dans les années 1950 où il enchaîne les films qui sont depuis devenus de grands classiques : Le Météore de la nuit (1953), L’Etrange Créature du lac noir (1954), La Revanche de la créature (1955), Tarantula (1955), L’Homme qui rétrécit (1957) d’après l’oeuvre de Richard Matheson, sans oublier La Souris qui rugissait (1959). Au total, près d’une vingtaine de longs-métrages tournés à la suite, toujours marqués par le professionnalisme et le talent de son auteur, combinant à la fois les effets spéciaux alors à la pointe de la technologie, des personnages ordinaires et attachants, plongés malgré eux dans une histoire extraordinaire. Le film qui nous intéresse aujourd’hui est Le Salaire du diable, tout de suite mis en scène par Jack Arnold après L’Homme qui rétrécit et se révèle être une passerelle dressée entre le western et le film noir. Le cinéaste avait d’ailleurs déjà abordé les deux genres, avec Tornade sur la ville The Man from Bitter Ridge et Crépuscule sanglant Red Sundown d’un côté (il y reviendra avec le formidable Une balle signée X No Name on the Bullet, un des meilleurs films avec Audie Murphy), et Le Crime de la semaine The Glass Web de l’autre. Avec Le Salaire du diable Man In The Shadow, Jack Arnold revient à une épure après son merveilleux film fantastique. Il en résulte un polar rural bluffant de maîtrise, sec et brutal, qui annonce les romans de James Lee Burke, dans lequel le génial Jeff Chandler crève l’écran une fois de plus en shérif droit et intègre, prêt à se mettre la ville à dos pour que justice soit faite. Un immanquable pour les cinéphiles.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Salaire du Diable, réalisé par Jack Arnold »

Test DVD / Le Jour se lève et les conneries commencent, réalisé par Claude Mulot

LE JOUR SE LÈVE ET LES CONNERIES COMMENCENT réalisé par Claude Mulot, disponible en DVD depuis le 8 septembre 2016 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Gérard Surugue, François Domange, Gérard Darier, Eva Harling, Maurice Risch, Jacques Legras, Henri Guybet, Jane Chaplin, Robert Rollis, Philippe Castelli…

Scénario : Claude Mulot & Bruno Trompier

Photographie : Carlo Carlini

Musique : Jacques Assuérus

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Ils sont trois. Trois inséparables copains liés par l’âge, l’approche de la trentaine, par une même aversion pour le travail, et une constante fringale de plaisirs. Tant bien que mal, ils fuient leurs responsabilités, profitent des autres, vivent en parasite et déploient des trésors d’imagination pour importuner, ennuyer ou provoquer leur prochain…

Entre La Femme-objet avec Marilyn – Patinette – Jess et Richard – Queue de béton – Allen et le très beau Black Venus, Claude Mulot (La Rose écorchée, La Saignée) s’octroyait une récréation dans le registre de la comédie, en rassemblant quelques-uns de ses innombrables copains, avec un film au titre à rallonge (comme cette phrase d’ailleurs), typique des années 1980, Le Jour se lève et les conneries commencent. Un nanar vrai de vrai, mais fait avec le coeur et dans le but vraisemblablement unique de se marrer un bon coup. Résultat des courses, se succèdent à l’écran Henri Guybet, Maurice Risch, Michel Modo, Jacques Legras, Robert Rollis, Philippe Castelli, Jean Cherlian, dans une sorte d’Expendables franchouillard, qui s’apparente à un hymne à la paresse. Nos trois protagonistes principaux, interprétés par François Dommange (3 hommes et un couffin), Gérard Darier (Camille Claudel) et Gérard Surugue (Il y a des jours…et des lunes), dont l’alchimie ne prend pas vraiment, mais on s’en fiche, sont rattrapés par le monde adulte et ses responsabilités, alors qu’ils sont en train de dire adieu à leur troisième décennie passée sur Terre et à rien y glander. Si Le Jour se lève et les conneries commencent vaut bien qu’on lui accorde un petit visionnage, c’est en raison de la présence inattendue – mais pas tant que ça en fait, puisqu’il s’agissait d’un des meilleurs amis de Claude Mulot – de Johnny Hallyday, qui revient à plusieurs reprises dans le film, dans une sorte de running gag amusant. Voici en tout cas un bon candidat pour votre soirée nanar du samedi soir !

Continuer la lecture de « Test DVD / Le Jour se lève et les conneries commencent, réalisé par Claude Mulot »

Test Blu-ray / L’Important c’est d’aimer, réalisé par Andrzej Żuławski

L’IMPORTANT C’EST D’AIMER réalisé par Andrzej Żuławski, disponible en Blu-ray le 15 février 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Romy Schneider, Fabio Testi, Jacques Dutronc, Claude Dauphin, Roger Blin, Gabrielle Doulcet, Michel Robin, Guy Mairesse, Katia Tchenko, Nicoletta Machiavelli, Klaus Kinski…

Scénario : Andrzej Żuławski & Christopher Frank, d’après le roman La Nuit Américaine de Christopher Frank

Photographie : Ricardo Aronovich

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Un jeune photographe reporter Servais Mont rencontre sur un plateau de tournage Nadine Chevalier, une actrice ratée contrainte, pour survivre, de tourner dans des films pornographiques. Immédiatement séduit, Servais Mont se rend chez elle pour faire une série de photos. La jeune femme est mariée à Jacques, un être fragile, à la fois drôle et amer, qui fuit les réalités de la vie. Très attirés l’un vers l’autre, Nadine et Servais se revoient. Ce dernier décide d’aider Nadine à son insu. Il veut commanditer une pièce de théâtre dans laquelle elle aura enfin un rôle digne de son talent…

Quand on évoque L’Important c’est d’aimer, le troisième long-métrage d’Andrzej Żuławski (1940-2016), on pense tout d’abord à son célèbre thème musical composé par Georges Delerue, qui revient sans cesse, trop diront certains ils n’auraient pas tort, tout au long du film. Puis, un visage apparaît, celui de Romy Schneider (entre Le Trio infernal de Francis Girod et Le Vieux fusil de Robert Enrico), le teint blafard, les yeux trop maquillés, le rimmel se mêlant aux larmes, le regard tourné vers la caméra et donc vers les spectateurs. Une main tendue, suppliante, une voix étranglée par les sanglots qui demande, qui supplie, «Ne faites pas de photos, s’il vous plaît. Non, je suis une comédienne, vous savez. Je sais faire des trucs bien », tandis qu’une réalisatrice hystérique lui ordonne « Vas-y, sens-le ! Tu fais ce qu’on te demande de faire ! ». L’Important c’est d’aimer est autant un des films français les plus étranges des années 1970, qu’un quasi-documentaire sur l’une des plus grandes comédiennes de la deuxième partie du XXè siècle. Tout difficile d’accès qu’il soit, le film d’Andrzej Żuławski rencontrera un succès phénoménal, en attirant plus d’1,5 million de spectateurs dans les salles en février 1975. Un an plus tard, Romy Schneider se verra remettre le tout premier César de la meilleure actrice pour son rôle de Nadine Chevalier. Si l’on a évidemment beaucoup parlé de la performance de son actrice principale, celle-ci est puissamment épaulée par ses deux partenaires, l’italien Fabio Testi (Le Jardin des Finzi-Contini, Le Tueur, La Poursuite implacable) et surtout Jacques Dutronc, qui faisait pour ainsi dire ses premières armes en tant que comédien dramatique. Adaptation libre (on parle de quelques pages seulement) du roman de Christopher Frank, La Nuit Américaine, qui a d’ailleurs lui-même travaillé sur cette transposition, L’Important c’est d’aimer est une étape décisive dans la carrière du cinéaste polonais, où ce dernier installe définitivement ses thèmes de prédilection, tout en s’adonnant à son art de façon jusqu’au-boutiste, viscérale, violente, organique et ultra-sensible.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / L’Important c’est d’aimer, réalisé par Andrzej Żuławski »

Test Blu-ray / Une langouste au petit déjeuner, réalisé par Giorgio Capitani

UNE LANGOUSTE AU PETIT DÉJEUNER (Aragosta a colazione) réalisé par Giorgio Capitani, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 25 août 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Enrico Montesano, Claude Brasseur, Janet Agren, Claudine Auger, Silvia Dionisio, Roberto Della Casa, Geoffrey Copleston, Letizia D’Adderio…

Scénario : Laura Toscano, Franco Marotta, Jacques Dorfmann & Guy Lionel

Photographie : Carlo Carlini

Musique : Piero Umiliani

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Enrico est un représentant de commerce qui ne réussit pas dans son métier, ce que lui reprochent sa femme et sa fille. Il rate son suicide, et cherche du réconfort auprès d’un de ses amis, qui lui demande un service en échange.

Pour les cinéphiles, Giorgio Capitani (1927-2017) reste surtout le réalisateur du péplum Le Grand défi : Hercule, Samson, Maciste, et Ursus, les invincibles Ercole, Sansone, Maciste e Ursus gli invincibili, dans lequel Alan Steel et Howard Ross se partageaient les exploits. Ancien assistant de Vittorio Cottafavi (Les Cents Cavaliers), pour lequel il a écrit quelques films, Giorgio Capitani se spécialise dans la comédie. Il dirige Vittorio Gassman dans Pleins Feux sur l’archange L’arcangelo (1969), la divine Catherine Spaak dans Mais qui donc porte la culotte ? La schiava io ce l’ho e tu no (1973), Sophia Loren, Marcello Mastroianni et Aldo Maccione dans La Pépée du gangster La pupa del gangster (1975). L’une de ses rencontres importantes dans le métier restera celle avec l’acteur Enrico Montesano, méconnu en France, mais grande vedette dans son pays, avec lequel il fera quatre comédies, Les Bonshommes Pane, burro e marmellata (1977), Io tigro, tu tigri, egli tigra (1978), Une langouste au petit déjeuner Aragosta a colazione (1979) et Je hais les blondes Odio le bionde (1980). Le film qui nous concerne aujourd’hui, leur troisième collaboration, est une coproduction franco-italienne, dans laquelle Enrico Montesano donne la réplique à Claude Brasseur, dans une de ses rares incursions dans le cinéma transalpin. Honnêtement, nous n’attendions pas grand-chose de cette comédie et nous sommes très agréablement surpris. Car on rit du début à la fin devant cette Langouste au petit déjeuner ! On rit, même vraiment de bon coeur devant toutes les catastrophes déclenchées par le personnage principal ! Enchaînement ininterrompu de gags, soulignés par une musique pouët-pouët comme on les aime de Piero Umiliani (Tropique du Cancer, Viva Django, Il Vigile), Aragosta a colazione avait tout du nanar sur le papier, mais se révèle être un vaudeville survitaminé très influencé par La Party The Party (1968) de Blake Edwards, mené à cent à l’heure et formidablement interprété, y compris par un casting féminin à se damner, composé de Silvia Dionisio, Claudine Auger et Janet Agren.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Une langouste au petit déjeuner, réalisé par Giorgio Capitani »

Test Blu-ray / 3 hommes et un couffin, réalisé par Coline Serreau

3 HOMMES ET UN COUFFIN réalisé par Coline Serreau, disponible en DVD et Blu-ray le 8 mars 2022 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Roland Giraud, Michel Boujenah, André Dussollier, Dominique Lavanant, Philippine Leroy-Beaulieu, Annick Alane…

Scénario : Coline Serreau

Photographie : Jean-Yves Escoffier & Jean-Jacques Bouhon

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

« Un copain déposera un colis et passera le reprendre plus tard ». Tel est le message laissé par Jacques, avant son départ pour le Japon, à ses deux compères Pierre et Michel avec lesquels il partage un luxueux appartement. Comme prévu, le colis arrive et à la stupéfaction générale, il s’agit d’un bébé… Adieu liberté et aventures sans lendemain.

Ce film a été un phénomène mondial. Plus de dix millions d’entrées en France, 2,5 millions en Allemagne, près de 35 millions en Union Soviétique, suivi d’un remake US – Trois hommes et un bébé Three Men and a Baby – deux ans plus tard réalisé par Leonard Nimoy, qui connaîtra lui-même une suite en 1990 intitulée Tels pères, telle fille 3 Men and a Little Lady, mise en scène par Emile Ardolino, avant qu’une séquelle du film original soit finalement mise en chantier en 2002, 18 ans après, qui ne connaîtra pas du tout (euphémisme) le même engouement. Tout le monde connaît 3 hommes et un couffin, le troisième long-métrage de Coline Serreau, le plus grand succès en France au box-office de l’année 1985, très loin devant Rambo 2 : la mission (5,9 millions d’entrées) et Les Spécialistes (5,3 millions d’entrées), mais aussi et surtout le plus gros hit des années 1980, qui apparaît aujourd’hui au 22è rang de tous les temps en termes d’entrées, entre Taxi 2 de Gérard Krawczyk et Les Canons de Navarone de J. Lee Thompson. Que reste-t-il de 3 hommes et un couffin presque quarante ans après sa sortie ? Un modèle de comédie, qui parvient à faire oublier son quasi-huis clos (le film se déroulant essentiellement dans l’appartement des trois personnages principaux) par le charisme, l’immense talent et l’alchimie de ses immenses comédiens, ainsi que ce parfait équilibre fragile entre le rire et l’émotion. Succession de dialogues entrés dans le langage courant et de scènes cultes, 3 hommes et un couffin est un chef d’oeuvre universel et intemporel.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / 3 hommes et un couffin, réalisé par Coline Serreau »

Test Blu-ray / Le Trésor du Petit Nicolas, réalisé par Julien Rappeneau

LE TRÉSOR DU PETIT NICOLAS réalisé par Julien Rappeneau, disponible en DVD et Blu-ray le 23 février 2022 chez Warner Bros.

Acteurs : Ilan Debrabant, Audrey Lamy, Jean-Paul Rouve, Pierre Arditi, Grégory Gadebois, Jean-Pierre Darroussin, Adeline D’Hermy, Noémie Lvovsky, François Morel…

Scénario : Mathias Gavarry & Julien Rappeneau, d’après l’oeuvre de René Goscinny & Jean-Jacques Sempé

Photographie : Vincent Mathias

Musique : Martin Rappeneau

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Dans le monde paisible du Petit Nicolas, il y a Papa, Maman, l’école, mais surtout, sa bande de copains. Ils s’appellent Les Invincibles, mais ils sont avant tout inséparables. Du moins le pensent-ils. Car quand Papa reçoit une promotion et annonce que la famille doit déménager dans le sud de la France, le petit monde de Nicolas s’effondre. Comment imaginer la vie sans ses meilleurs amis ? Sans les croissants d’Alceste, les lunettes d’Agnan, les bêtises de Clotaire, loin de leur cher terrain vague ? Aidé par ses copains, Nicolas se met en quête d’un mystérieux trésor qui pourrait lui permettre d’empêcher ce terrible déménagement.

Le Petit Nicolas de Laurent Tirard avait triomphé avec plus 5,5 millions de spectateurs dans les salles en 2009. Un très beau succès. Après un épisode d’Astérix également réussi, mais qui s’était soldé par un échec commercial plutôt conséquent, le réalisateur revenait cinq ans plus tard à l’univers des génies René Goscinny et Jean-Jacques Sempé, avec une nouvelle aventure de Nicolas, Les Vacances du Petit Nicolas. Doté d’un budget similaire à celui du premier opus, plus de vingt millions d’euros, ce deuxième film faisait la part belle aux parents, qui redoublaient d’énergie pour faire marrer les mioches. Résultat des courses, tout le monde s’est senti quelque peu trahis, puisque le personnage de Nicolas y était cette fois quasiment transparent, tout comme sa bande de potes de vacances, loin d’être aussi attachante que celle de son école habituelle, Alceste, Geoffroy, Clotaire, Eudes… Cette seconde mouture avait néanmoins attiré près de 2,5 millions de français au cinéma. Nous pensions que Le Petit Nicolas n’apparaîtrait plus sur le grand écran et nous avions tort. Le revoilà avec un nouveau visage, celui d’Ilan Debrabant, vu dans Roulez jeunesse de Julien Guetta et 10 jours sans maman de Ludovic Bernard, qui succède ainsi à Maxime Godart et Mathéo Boisselier. S’il n’est pas le meilleur interprète du rôle (on reste attaché au premier), celui-ci ressemble vraiment au légendaire dessin de Sempé. Contrairement au second opus, Le Trésor du Petit Nicolas trouve le bon équilibre entre le monde des enfants et celui des parents de Nicolas. Exit Valérie Lemercier et Kad Merad, place à Audrey Lamy et Jean-Paul Rouve, qui apportent une sensibilité différente au récit, surtout le second, bien plus convaincant et naturel que son prédécesseur. En toute honnêteté, on ne misait pas un kopeck sur ce troisième volet, par ailleurs indépendant, mais il se dégage un vrai charme du film réalisé par Julien Rappeneau. En dépit d’une première partie redondante avec ce qui avait été installé dans les deux épisodes précédents, Le Trésor du Petit Nicolas acquiert finalement son rythme de croisière et cueille le spectateur adulte là où il s’y attendait le moins, l’émotion. Une agréable surprise donc, qui s’est malheureusement planté à sa sortie avec seulement un peu plus que 500.000 entrées…Séance rattrapage.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Trésor du Petit Nicolas, réalisé par Julien Rappeneau »

Test Blu-ray / Hors-la-loi, réalisé par Robin Davis

HORS-LA-LOI réalisé par Robin Davis, disponible en Blu-ray le 1er février 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Clovis Cornillac, Wadeck Stanczak, Nathalie Spilmont, Isabelle Pasco, Pascal Librizzi, Jean-Claude Tran, Joël Ferraty, Philippe Chambon…

Scénario : Patrick Laurent, Dominique Robelet & Robin Davis

Photographie : Jacques Steyn

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Un groupe d’adolescents s’évade d’un centre de redressement. Bien malgré eux, ils déclenchent une tuerie dans un petit bal campagnard. Ils sont désormais, à double titre, recherchés par les forces de police. Les jeunes en fuite connaissent rapidement des dissensions au sein même de leur groupe…

C’est un choc. Méconnu, peu diffusé à la télévision, Hors-la-loi est un coup de poing dans la tronche comme il en arrive rarement dans le cinéma français. Après le triomphe de J’ai épousé une ombre, Robin Davis obtient carte blanche de la part de son producteur Alain Sarde. Alors que le réalisateur avait jusqu’à présent travaillé avec de très grandes vedettes et même des stars, comme Bernard Blier, Alida Valli Jacques Dufilho dans Ce cher Victor, Claude Brasseur, Claude Rich et Marlène Jobert dans La Guerre des polices, Alain Delon, Philippe Léotard et Catherine Deneuve dans Le Choc, Nathalie Baye, Francis Huster, Madeleine Robinson et Richard Bohringer dans J’ai épousé une ombre, Hors-la-loi repose entièrement (ou presque, à l’exception de l’apparition remarquable de Madeleine Robinson) sur un casting de jeunes inconnus. Parmi ceux-ci, un certain « Clovis », il est ainsi crédité au générique, tient le haut de l’affiche. Il s’agit bien sûr de Clovis Cornillac, seize ans au moment du tournage, qui crève l’écran ici dans le rôle de Roland, celui qui devient malgré-lui le leader de ces adolescents en fuite. A ses côtés, Isabelle Pasco, 18 ans, la future star du film mal aimé de Jean-Jacques Beineix, Roselyne et les lions (1989) et qui n’était apparue que dans Ave Maria de Jacques Richard l’année précédente, imprime elle aussi la pellicule de sa beauté diaphane. Tout le reste de la distribution est d’ailleurs exceptionnel et pas un seul comédien n’est laissé en retrait. Hors-la-loi est comme qui dirait le chaînon manquant entre La Traque (1975) de Serge Leroy, Sa Majesté des mouches de William Golding et…Les Goonies de Richard Donner ! Car en effet, le film de Robin Davis est autant un film d’aventure, qu’un western, un road movie, un film de genre aussi puisque Hors-la-loi reste marqué par quelques séquences très difficiles, percutantes, à l’instar de celle où le groupe est littéralement mis à poil par des fermiers illuminés, bien décidés à les remettre sur le droit chemin. Hors-la-loi est un film qui transpire par tous les pores d’un amour incommensurable pour le cinéma, où planent l’ombre de John Huston, Elia Kazan et John Boorman. Voici le chef d’oeuvre de Robin Davis.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Hors-la-loi, réalisé par Robin Davis »

Test DVD / Soeurs, réalisé par Yamina Benguigui

SOEURS réalisé par Yamina Benguigui, disponible en DVD le 9 février 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Isabelle Adjani, Rachida Brakni, Maïwenn Le Besco, Hafsia Herzi, Rachid Djaidani, Faïza Guene, Fattouma Ousliha Bouamari, Manel Belkhelfa…

Scénario : Yamina Benguigui, Abdel Raouf Dafri, Farah Benguigui, Maxime Saada & Jonathan Palumbo

Photographie : Antoine Roch

Musique : Amin Bouhafa

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Depuis trente ans, trois sœurs franco-algériennes, Zorah, Nohra et Djamila vivent dans l’espoir de retrouver leur frère Rheda, enlevé par leur père et caché en Algérie. Alors qu’elles apprennent que ce père est mourant, elles décident de partir toutes les trois le retrouver en Algérie dans l’espoir qu’il leur révèle où est leur frère. Commence alors pour Zorah et ses sœurs une course contre la montre dans une Algérie où se lève le vent de la révolution.

Réalisatrice de nombreux documentaires, tels que Femmes d’Islam (1994), sur la condition des femmes musulmanes en France, au Mali, en Indonésie, au Yémen, en Algérie, en Égypte et en Iran, Mémoires d’immigrés, l’héritage maghrébin (1997), sur l’histoire de l’immigration maghrébine en France, ou bien encore Le Jardin parfumé (2000) sur la sexualité dans la société arabo-musulmane, Yamina Benguigui avait signé jusqu’à présent une seule œuvre de fiction, Inch’Allah dimanche. Presque vingt ans plus tard, l’ancienne Ministre déléguée à la Francophonie et Adjointe au maire de Paris revient au cinéma avec Soeurs, porté par trois comédiennes exceptionnelles, Isabelle Adjani, Rachida Brakni et Maïwenn (qui chose amusante, jouait le personnage enfant de la première dans L’Été meurtrier), toutes issues de l’immigration algérienne, interprétant respectivement Zorah, l’aînée, Djamila et Norah. Comme son titre sobre l’indique, les trois personnages féminins principaux sont sœurs, chacune ayant un caractère bien trempé, étant diamétralement opposées, qui ne se sont jamais perdues de vue et qui gravitent autour du noyau familial représenté par leur mère, Leïla, formidablement campée par Fattouma Ousliha Bouamari, vue dans le génial Discount de Louis-Julien Petit. Liées par un passé violent, qui les a traumatisé à vie, les trois sœurs apprennent que leur père, qu’elles n’ont pas revu depuis trente ans, a été victime d’un AVC. Il est temps pour elles d’aller affronter celui dont le fantôme a toujours envahi leur quotidien, pour enfin avoir des réponses à leurs questions. Une surtout. Qu’est devenu leur petit frère, kidnappé (légalement) par leur père et disparu par la suite en Algérie ? Yamina Benguigui s’est probablement inspiré de ses propres souvenirs pour nourrir le scénario de Soeurs. S’il y a indéniablement quelques égarements et même certains clichés liés à l’inspiration de l’artiste, qui puise dans ce qui le hante pour pouvoir exorciser ses propres démons et pour y trouver là aussi des explications sur des événements qui ont eu des répercussions sur le présent, Soeurs est un beau film sur l’amour de trois frangines, sur le non-dit, sur l’incommunicabilité des êtres, sur la quête de soi, le pardon et l’espoir.

Continuer la lecture de « Test DVD / Soeurs, réalisé par Yamina Benguigui »

Test Blu-ray / J’ai épousé une ombre, réalisé par Robin Davis

J’AI ÉPOUSÉ UNE OMBRE réalisé par Robin Davis, disponible en Blu-ray le 1er février 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Nathalie Baye, Francis Huster, Richard Bohringer, Madeleine Robinson, Guy Tréjan, Victoria Abril, Véronique Genest, Maurice Jacquemont…

Scénario : Patrick Laurent & Robin Davis, d’après le roman de William Irish

Photographie : Bernard Zitzermann

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Hélène, enceinte de huit mois, est abandonnée par son compagnon, Frank, dans une ville industrielle du Nord. Seule, à la dérive, elle prend le premier train en direction du sud. Dans le wagon-restaurant, elle fait la connaissance de Patricia, enceinte comme elle, et de son mari, fils aîné d’un riche viticulteur du Bordelais. Le train déraille. Le couple ne survit pas à l’accident, et un enchaînement de circonstances conduit Hélène à être prise pour Patricia. La jeune femme, qui a accouché d’un garçon, se retrouve ainsi dans le superbe domaine des Meyrand. Sa «belle-mère», Lena, qui se sait atteinte d’une grave maladie, apprécie la compagnie de celle qu’elle tient pour Patricia, et de son enfant. Le fils cadet de la famille, Pierre, ne tarde pas à s’éprendre d’elle…

Depuis sa participation remarquée à La Nuit américaine de François Truffaut en 1973, Nathalie Baye multiplie les apparitions au cinéma, chez Maurice Pialat (La Gueule ouverte), Claude Pinoteau (La Gifle), Claude Sautet (Mado), Marco Ferreri (La Dernière femme) et Alain Cavalier (Le Plein de super). Tout en continuant sa collaboration avec François Truffaut (L’Homme qui aimait les femmes, La Chambre verte), la comédienne tient désormais le haut de l’affiche au début des années 1980 chez Jean-Luc Godard (Sauve qui peut (la vie), qui lui vaut le César de la meilleure actrice dans un second rôle), Bertrand Tavernier (Une semaine de vacances), Claude Goretta (La Provinciale), Jean-Louis Comolli (L’Ombre rouge) et Pierre Granier-Deferre (Une étrange affaire, son deuxième César pour un second rôle). Elle va alors enchaîner les succès critiques et populaires, puisque vont se succéder Le Retour de Martin Guerre (1,3 million d’entrées), La Balance de Bob Swaim (4,2 millions d’entrées et le César de la meilleure actrice pour couronner le tout), Rive droite, rive gauche de Philippe Labro (1,6 millions d’entrées) et J’ai épousé une ombre de Robin Davis (2,5 millions d’entrées). Ce dernier est une adaptation du livre de William Irish (1903-1968), I Married a Dead Man, publié en 1948, qui avait déjà fait l’objet de deux transpositions au cinéma. La première date de 1950, Chaînes du destin No Man of Her Own, réalisé par Mitchell Leisen, avec Barbara Stanwyck dans le rôle principal. Quant à l’autre, c’est Bollywood qui s’en est emparé en 1970, pour un film intitulé Kati Patangun. Pour J’ai épousé une ombre, Robin Davis et son coscénariste Patrick Laurent (La Guerre des polices, Légitime violence) s’emparent du roman original, le transposent évidemment en France et livrent au final un drame psychologique sous tension constante, assurément l’un des meilleurs films du réalisateur, dans lequel la beauté et le talent de Nathalie Baye font merveille.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / J’ai épousé une ombre, réalisé par Robin Davis »