Test Blu-ray / Rosebud, réalisé par Otto Preminger

ROSEBUD réalisé par Otto Preminger, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 17 août 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Peter O’Toole, Richard Attenborough, Cliff Gorman, Claude Dauphin, John V. Lindsay, Peter Lawford, Raf Vallone, Adrienne Corri, Amidou, Georges Beller, Isabelle Huppert, Kim Cattrall…

Scénario : Erik Lee Preminger, d’après le roman de Joan Hemingway & Paul Bonnecarrère

Photographie : Denys N. Coop

Musique : Laurent Petitgirard

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Sabine, petite-fille du milliardaire Charles-André Fargeau, invite quatre amies pour une croisière sur le yacht de son grand-père. Un commando terroriste attaque le bateau, supprime les membres d’équipage et enlève les cinq jeunes filles. Fargeau fait appel à Larry Martin, un journaliste qui est en réalité un agent de la CIA.

Si l’on vous dit Laura (1944), L’Éventail de Lady Windermere (1949), Mark Dixon, détective (1950), Un si doux visage (1952), Rivière sans retour (1954), Carmen Jones (1954), L’Homme au bras d’or (1955), Bonjour tristesse (1958), Autopsie d’un meurtre (1959), Exodus (1960), Tempête à Washington (1962), Bunny Lake a disparu (1965), vous pensez à quel réalisateur ? Otto Preminger (1906-1986) bien sûr. Si l’on oublie forcément quelques autres opus tout aussi formidables et/ou sous-estimés (Le Cardinal, Saint Jeanne, La Lune était bleue…), le cinéphile, quand on évoque ces titres, est immédiatement envahi de photogrammes ou de scènes légendaires tirés de ces chefs d’oeuvres représentatifs de l’âge d’or hollywoodien. Cette légende aura oeuvré jusqu’à l’âge respectable de 75 ans, même s’il est indéniable, et c’est souvent récurrent, que ses derniers longs-métrages laissaient à désirer. Enfin non, il faudrait plutôt dire « méconnus ». Alors que le Nouvel Hollywood s’installe au début des années 1970, Otto Preminger, également producteur indépendant, continue son travail, sans doute plus lentement (il tournera ses quatre derniers films durant la décennie), mais bien décidé à ne pas raccrocher encore les gants. Sorti en 1975, Rosebud sera son avant-dernier baroud d’honneur. Nous sommes ici en plein « espionnage à l’ancienne », alors que Les Dents de la mer de Steven Spielberg allaient déferler dans les salles et créer le blockbuster estival, mais Rosebud n’a absolument rien de honteux et s’avère agréable à suivre, en dépit d’un rythme en dents de scie et d’un final pas à la hauteur de l’intrigue étirée sur un peu plus de deux heures. Mais voir Georges Beller, dans la peau d’un prof coco et leader radical, donner la réplique (en anglais dans le texte) à Peter O’Toole (qui remplaçait Robert Mitchum, quelques jours après le début du tournage), lui-même dragué par une Isabelle Huppert jeunette (un an après Les Valseuses de Bertrand Blier), tandis que Kim Cattrall (dans sa première apparition à l’écran) déambule en mini-short ou en tenue d’Ève et que Richard Attenborough campe le leader d’un groupe terroriste palestinien, avouez que c’est tout de même tentant non ?

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Test Blu-ray / Les Imposteurs, réalisé par Nicholas Meyer

LES IMPOSTEURS (The Deceivers) réalisé par Nicholas Meyer, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Pierce Brosnan, Shashi Kapoor, Saeed Jaffrey, Helena Michell, Keith Michell, David Robb, Tariq Yunus, Jalal Agha…

Scénario : Michael Hirst, d’après le roman de John Masters

Photographie : Walter Lassally

Musique : John Scott

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

En 1825, l’Inde est ravagée par les Thugs, une confrérie d’assassins adorateurs de Kali. Ils sèment le chaos et la peur dans tout le pays : meurtres, vols ou encore sacrifices humains. Le capitaine William Savage, administrateur en Inde pour la Compagnie britannique des Indes orientales, va tenter de mettre fin à leurs agissements. Il décide se déguiser en Indien pour infiltrer les Thugs.

Avec la série Les Enquêtes de Remington Steele, l’irlandais Pierce Brosnan connaît un succès international, qui va s’étirer au fil de quatre saisons, de 1982 à 1985. C’est à partir de 1986 que le nom du comédien revient fréquemment quand on évoque celui qui pourrait remplacer Roger Moore…aussi bien dans la peau de Simon – Le Saint – Templar que dans celle de James Bond. Seulement voilà, une cinquième saison non prévue de Remington Steele est finalement commandée par la NBC et Pierce Brosnan doit rempiler, laissant la place tant convoitée à Timothy Dalton. C’est là qu’il se tournera progressivement vers le cinéma, avec le ronflant Nomads de John McTiernan, suivi de près par Le Quatrième Protocole The Fouth Protocol de John Mackenzie. Mais l’un de ses rôles les plus étonnants demeure sans doute celui qu’il tient dans Les Imposteurs The Deceivers (Christopher Reeve et Treat Williams avaient été courtisés avant lui), réalisé par Nicholas Meyer, alors romancier (The Seven-Per-Cent Solution, L’Horreur du West End) et scénariste (Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express, Star Trek 4 : Retour sur Terre), qui s’était lancé dans la mise en scène en 1979 avec C’était demain Time after Time, interprété par Malcolm McDowell, David Warner et Mary Steenburgen, puis Star Trek 2 : La Colère de Khan Star Trek: The Wrath of Khan trois ans plus tard. Les Imposteurs n’est pas un film d’aventure comme on pouvait l’imaginer, mais s’apparente plutôt à un thriller historique, car adapté de faits réels, inspiré par une société secrète d’assassins qui a sévi en Inde au début du 19e siècle. Et comme nous l’indique un panneau en introduction, il s’agit aussi du récit « de l’homme qui les a démasqués ». Pierce Brosnan se donne à fond dans ce rôle foncièrement ambigu, et malgré son charisme lisse (son regard est ici éteint par des lentilles de couleur marron), s’en sort bien dans un film parfois brutal, dont la cruauté contraste avec la beauté des décors naturels. Une bonne découverte.

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Test DVD / Ecce Homo Homolka, réalisé par Jaroslav Papousek

ECCE HOMO HOMOLKA réalisé par Jaroslav Papousek, disponible en DVD le 24 août 2022 chez Malavida Films.

Acteurs : Josef Sebánek, Marie Motlová, Frantisek Husák, Helena Ruzicková, Petr Forman, Matej Forman, Yvonne Kodonová, Miroslav Jelínek…

Scénario : Jaroslav Papousek

Photographie : Jozef Ort-Snep

Musique : Karel Mares

Durée : 1h20

Date de sortie initiale: 1970

LE FILM

Un chauffeur de taxi tchèque emmène les siens en week-end à la campagne. Mais au fil du voyage, tous les membres de la famille – sa femme, sa belle-fille, son fils et ses deux petits-enfants – semblent chacun être uniquement rattrapé par ses problèmes personnels.

On connaissait Ecce Bombo (1978), second long-métrage de Nanni Moretti, mais pas ce Ecce Homo Homolka (1970), dont certains cinéphiles français pourraient avoir entendu parler sous le titre La Famille Homolka. « Ecce Homo », signifiant « Voici l’homme », indique que ce film sera une radiographie d’une famille tchèque, à l’aube des années 1970, un constat implacable d’un pays tout juste marqué par le Printemps de Prague survenu deux ans auparavant, qui s’achèvera brutalement sept mois plus tard par l’invasion de la Tchécoslovaquie par le pacte de Varsovie en août 1968, annihilant l’ensemble des réformes de libéralisation politique engagé par Alexander Dubček, alors premier secrétaire du Parti communiste tchécoslovaque, et renforçant de ce fait l’autorité du Parti communiste tchécoslovaque. Des centaines de blessés et une centaine de morts après, nous arrivons à Prague, pour se confronter à une famille « comme les autres », les Homolka. Le deuxième film réalisé par Jaroslav Papousek (1929-1995), après Le Plus bel âge Nejkrásnejsí vek sorti l’année précédente, jusqu’alors scénariste attiré de Miloš Forman (L’As de pique, Les Amours d’une blonde et Au feu, les pompiers !) et d’Ivan Passer (Éclairage intime) s’apparente à une adaptation cinématographique d’un Jeu des 7 familles tchèques, avec le grand-père (qui lit le journal et boit de la bière chaude) et la grand-mère (qui s’occupe de tout et de tous), mariés depuis 35 ans, leur fils (qui voudrait retrouver l’innocence de ses jeunes années, tout en précisant qu’il n’a jamais trouvé ses parents « normaux »), leur bru (qui a pris du poids et qui espérait devenir danseuse) et leurs petits-fils (incarnés par les jumeaux de Miloš Forman), observés avec l’oeil d’un entomologiste lors d’un pique-nique à la campagne ou dans leur environnement naturel, un appartement pragois, où tout le monde se débat pour (sur)vivre ou pour en faire le moins possible, comme si le but était d’hiberner, tout en conservant un maximum de liberté. Ecce Homo Homolka sera un tel phénomène qu’il connaîtra deux suites, Hogo fogo Homolka (1971) et Homolka a tobolka (1972), toutes les deux écrites et mises en scène par Jaroslav Papousek. N’hésitez pas et partez à la rencontre de cette smala bien allumée.

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Test Blu-ray / Sweetie, You Won’t Believe It, réalisé par Yernar Nurgaliyev

SWEETIE, YOU WON’T BELIEVE IT (Zhanym, ty ne poverish – Жаным, ты не поверишь!) réalisé par Yernar Nurgaliyev, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 11 juillet 2022 chez Extralucid Films.

Acteurs : Daniyar Alshinov, Assel Kaliyeva, Yerkebulan Daiyrov, Azamat Marklenov, Yerlan Primbetov, Dulyga Akmolda, Almat Sakatov, Rustem Zhaniyamanov, Bekaris Akhetov, Kadirgali Kobentay…

Scénario : Yernar Nurgaliyev, Zhandos Aibassov, Daniyar Soltanbayev, Il’yas Toleu, Anuar Turizhigitov & Alisher Utev

Photographie : Azamat Dulatov

Musique : Nazarbek Orazbekov

Durée : 1h25

Année de sortie : 2020

LE FILM

A la suite d’une dispute avec sa jeune épouse, le mari décide de s’enfuir avec deux amis : un homme d’affaires malchanceux et un flic local. Mais au lieu d’une paisible journée de pêche, une série d’événements mystérieux les attend.

Et si on allait faire un tour au Kazakhstan ? Nous en avions déjà eu l’occasion lors de la sortie dans les bacs du mythique L’Aiguille Igla (1988) de Rachid Nougmanov, avec le légendaire Viktor Tsoi, rockeur et alors représentant d’une génération en pleine ébullition. Depuis, le cinéma kazakh a subsisté, ses réalisateurs étant même souvent invités dans les festivals du monde entier, quand ils ne sont pas carrément conviés à Hollywood, à l’instar du bourrin Timour Bekmambetov, découvert avec son diptyque Night Watch / Day Watch (2004-2005), qui signera par la suite le carton mondial Wanted : Choisis ton destin (2008) avec Angelina Jolie, Morgan Freeman et James McAvoy. En 2019, le premier Festival du film kazakhstanais (ça se dit) se tient à Paris et depuis, un acteur s’est très largement distingué, Daniyar Alshinov, vu récemment dans l’excellente série Infiniti de Thierry Poiraud, aux côtés de Céline Sallette, révélé en 2019 dans le remarqué A Dark, Dark Man d’Adilkhan Yerzhanov. Loin du registre dramatique où on l’avait admiré, il tient le haut de l’affiche d’une comédie noire et déjantée, Zhanym, ty ne poverish, exploitée en France sous le titre Sweetie, You Won’t Believe It. Un étrange et désopilant mélange du magnifique Old Joy (2006) de Kelly Reichardt et de Tucker et Dale fightent le mal Tucker and Dale vs Evil (2010) d’Eli Craig, le tout saupoudré d’humour dingue venu tout droit du cinéma des frères Coen et non pas de celui de Quentin Tarantino, qui rappelons-le, n’a pour le coup rien inventé. Autant vous dire que le dépaysement et le spectacle sont garantis !

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Test DVD / Happy End, réalisé par Oldrich Lipský

HAPPY END (Stastny konec) réalisé par Oldrich Lipský, disponible en DVD le 24 août 2022 chez Malavida Films.

Acteurs : Vladimír Mensík, Jaroslava Obermaierová, Josef Abrhám, Bohus Záhorský, Stella Zázvorková, Jaroslav Stercl, Helena Ruzicková, Josef Hlinomaz…

Scénario : Oldrich Lipský & Milos Macourek

Photographie : Vladimír Novotný

Musique : Vlastimil Hála

Durée : 1h09

Date de sortie initiale: 1967

LE FILM

Sapeur-pompier et sauveteur à ses heures perdues, Bedrich Frydrych manie à merveille son couteau de boucher. Il découvre que sa femme, Julie, a une liaison avec un drôle d’oiseau, un certain Ptácek. Bien décidé à y couper court, Bedrich se retrouve condamné pour un double homicide, mais au pied de la guillotine, il décide que sa mort sera une nouvelle naissance… Rembobinez !?

Amis cinéphiles, arrêtez tout, séance tenante ! Car nous tenons ici un chef d’oeuvre dingue, un joyau, un tour de force comme il en arrive finalement rarement au cinéma. Happy EndStastny konec est une comédie noire sortie en 1967, réalisée par Oldrich Lipský (1924-1986), acteur et metteur en scène de pièces satiriques, qui a pour particularité d’être raconté…à rebours ! Autrement dit, les personnages marchent à reculons, un décapité – notre personnage principal et narrateur – (re)trouve sa tête et naît ce jour-là, quand il a une quarantaine d’années et entreprend de dépeindre l’histoire de sa vie en commençant au moment où la guillotine a fait son office. En fait, Happy End démarre plus précisément par le générique de fin, il faut bien être rigoureux d’emblée, ou en dernier lieu c’est selon. Puis, une voix, celle du phénoménal Vladimír Mensík (habitué des seconds rôles, qui accède enfin en tête d’affiche), que les plus pointus auront peut-être vu dans Un jour, un chat Az prijde kocour (1963) de Vojtech Jasny ou dans Les Amours d’une blonde Lásky jedné plavovlásky (1965) de Miloš Forman, indique calmement « les histoires d’amour sont toujours les mêmes, elles comment bien et finissent mal…mon histoire est complètement différente ! ». Et en effet, nous n’avons pour ainsi dire jamais vu ça, y compris chez le ronflant (euphémisme) Christopher Nolan avec Memento (Zzz) et Tenet (Zzz Zzzz Zzz…) ou chez Gaspar Noé (Irréversible), ou bien encore dans Je t’aime, je t’aime d’Alain Resnais (1967) et donc dans son remake inavoué Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004) de Michel Gondry, sans oublier le superbe 5×2 (2004) de François Ozon et le somnifère de David Fincher, L’Étrange Histoire de Benjamin Button The Curious Case of Benjamin Button (2008), auxquels on ne peut forcément s’empêcher de penser. Mais Oldrich Lipský, que l’on pourrait rapprocher de Dino Risi, va plus loin, beaucoup plus loin que tous ces cinéastes réunis, car si les déplacements, les événements vont « en arrière », l’action se déroule bel et bien au présent. Ou quand le non-sens a du sens, puisque le génie du film provient du fait que l’intrigue se tient et que tout est fluide, même quand les répliques sont aussi déclamées (intelligiblement) en remontant le temps. Bien sûr, les premières secondes peuvent décontenancer, durée nécessaire pour que le cerveau, incroyablement trituré et mis à contribution (soyons honnêtes, cela devient rare), se mette dans les rails des partis-pris narratifs. Une fois calé, votre bonheur n’en sera que plus grand et ce de façon ininterrompue pendant 1h10. Excessivement drôle et constamment inventif, maîtrisé de Z à A, Happy End est un cadeau, un trésor pour les amoureux du septième art. Une chose est sûre, vous ne l’oublierez jamais.

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Test DVD / Black Friday, réalisé par Casey Tebo

BLACK FRIDAY réalisé par Casey Tebo, disponible en DVD et Blu-ray le 9 juin 2022 chez Program Store.

Acteurs : Devon Sawa, Ivana Baquero, Ryan Lee, Stephen Peck, Michael Jai White, Bruce Campbell, Louie Kurtzman, Celeste Oliva…

Scénario : Andy Greskoviak

Photographie : David Kruta

Musique : Patrick Stump

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Le soir de Thanksgiving, un groupe d’employés d’un magasin de jouets ouvre boutique à minuit pour le jour le plus prolifique de l’année. Au même moment, une météorite s’écrase sur terre avec à son bord un parasite extraterrestre, Jonathan, Ken et leurs collègues vont se retrouver avec plus de problèmes que prévu quand leurs clients infectés se transforment en créatures tueuses assoiffées de sang…

Mouarf…À de nombreuses reprises, il est évident que vous vous direz « J’ai déjà vu ça des centaines de fois… » ou « Je ne m’attendais à rien et je suis quand même déçu » devant ce Black Friday, qui n’en demeure pas moins sympathique. Ce qui attire en premier lieu, c’est bel et bien la présence de Bruce Campbell, devenu rare sur le grand écran (on ne l’y avait pas vu depuis 2015 en fait), qui a su conserver son aura grâce au succès des trois saisons de la série Ash vs. Evil Dead. Également producteur du film qui nous intéresse aujourd’hui, il interprète ici le responsable d’une boutique de jouets (à la fin d’Evil Dead 3 Army of Darkness, celui-ci travaillait d’ailleurs dans un magasin de grande distribution) qui ouvre ses portes à minuit pour l’inévitable opération commerciale, alors que tout le monde est en train de déguster la dinde de Thanksgiving. Mais c’était sans compter sur l’arrivée inattendue d’une étrange créature venue de l’espace rappelant le Blob, bien décidé à se nourrir des clients frappadingues, qui vont lui permettre de s’étendre toujours plus. Le problème, c’est que chaque victime devient extrêmement contagieuse, mais heureusement, la résistance s’organise au sein du magasin. Les prochaines heures risquent d’être difficiles, surtout qu’avant la venue de cet alien gélatineux, les consommateurs paraissaient déjà contaminés par la fièvre acheteuse. Black Friday ne va jamais plus loin que son postulat de départ, faire un parallèle entre les acquéreurs compulsifs et les zombies prêts à sauter sur la moindre occasion…cela rappelle furieusement Zombie Dawn of the Dead de George A. Romero (1978), dans lequel les personnages se réfugiaient dans un centre commercial, qu’ils barricadaient afin de se protéger des zombies et bénéficier des ressources qu’il contenait. Black Friday n’arrive pas à la cheville de cette référence, pamphlet politique et charge contre la société de consommation par excellence, et n’est qu’un divertissement quelconque, entre Zombieland et Shaun of the Dead, sans véritablement de budget ni d’idées neuves, cependant bien agité et comprenant quelques effets gores bien sentis. Mais bon, c’est pas non pluuuuuus…

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Test Blu-ray / Robuste, réalisé par Constance Meyer

ROBUSTE réalisé par Constance Meyer, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Gérard Depardieu, Déborah Lukumuena, Lucas Mortier, Megan Northam, Florence Janas, Steve Tientcheu, Théodore Le Blanc, Sébastien Pouderoux…

Scénario : Constance Meyer & Marcia Romano

Photographie : Simon Beaufils

Musique : Babx

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Lorsque son bras droit et seul compagnon doit s’absenter pendant plusieurs semaines, Georges, star de cinéma vieillissante, se voit attribuer une remplaçante, Aïssa. Entre l’acteur désabusé et la jeune agente de sécurité, un lien unique va se nouer.

C’est un fait, Gérard Depardieu n’est jamais aussi bon que lorsqu’il se retrouve face à une femme qui a du tempérament (Catherine Deneuve, Fanny Ardant…), bien qu’il ait été très rarement dirigé par une réalisatrice (Florence Quentin, Anne Fontaine, Karine Silla-Pérez, Fanny Ardant encore une fois), non, nous ne parlerons pas de Marguerite Duras…En creusant un peu la filmographie du dernier monstre sacré du cinéma hexagonal (250 films répertoriés sur IMDB), par ailleurs toujours aussi actif à bientôt 74 ans, on découvre qu’il a participé à une poignée de courts-métrages, une douzaine tout au plus, dont trois avec la même metteuse en scène, Constance Meyer, Franck-Étienne vers la béatitude (2012), Rhapsody (2016) et La Belle affaire (2018). Pour son premier long-métrage, cette dernière, qui avait officié comme assistante sur Bellamy (2009) de Claude Chabrol et sur L’Autre Dumas (2010) de Safy Nebbou, s’est tout naturellement tournée vers Gérard Depardieu, et l’a pour ainsi dire construit autour de lui, créé pour celui qui n’aura eu de cesse de l’accompagner au fil de sa carrière depuis dix ans. Robuste est autant une comédie-dramatique sur la rencontre de deux solitaires, qu’un portrait en filigrane de notre Gégé (inter)national, qu’on ne se lassera jamais de regarder, d’admirer, d’écouter aussi bien sûr. Splendide du début à la fin, entier, terrien et pourtant d’une délicatesse à fleur de peau, le comédien donne une fois de plus la réplique à la jeune génération avec une générosité débordante et partage l’affiche avec Déborah Lukumuena, César de la meilleure actrice dans un second rôle pour son premier film, Divines, revue depuis dans Roulez jeunesse de Julien Guetta et Les Invisibles de Louis-Julien Petit, qui lui tient la dragée haute. Fragiles comme du cristal et solides comme un roc, les deux personnages principaux vont tout d’abord se jauger, avant de s’apprivoiser et de devenir complices. Si le propos n’est sans doute pas nouveau, la mouture élégante de Robuste, la très belle photographie de Simon Beaufils (Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, Sibyl de Justine Triet, Un couteau dans le coeur de Yann Gonzalez) et l’alchimie évidente des deux acteurs emportent facilement l’adhésion.

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Test Blu-ray / Un autre monde, réalisé par Stéphane Brizé

UN AUTRE MONDE réalisé par Stéphane Brizé, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Vincent Lindon, Sandrine Kiberlain, Anthony Bajon, Marie Drucker, Guillaume Draux, Olivier Lemaire, Christophe Rossignon, Sarah Laurent…

Scénario : Stéphane Brizé & Olivier Gorce

Photographie : Eric Dumont

Musique : Camille Rocailleux

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Philippe Lemesle, 57 ans, cadre dirigeant dans un groupe industriel américain, une femme, deux enfants, une belle maison, une belle voiture… Derrière l’image… la réalité. Depuis des années, les exigences de rentabilité demandées par l’entreprise lui pèsent, perturbant par ricochet l’équilibre familial. Lorsque son épouse demande le divorce et que la maison mère exige un nouveau plan de restructuration, la pression devient trop lourde.

Il y a eu plusieurs étapes dans la carrière de Stéphane Brizé (né en 1966). Un premier long-métrage, Le Bleu des villes (1999), récompensé au Festival de Deauville et à La Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Puis la révélation avec Je ne suis pas là pour être aimé (2005), primé au Festival international du film de Saint-Sébastien et à celui de Vérone, bijou avec Patrick Chesnais qui attire près de 300.000 spectateurs. Après Entre adultes qui passe inaperçu en 2006, le cinéaste Stéphane Brizé touche au sublime avec Mademoiselle Chambon (2009), pudique et élégante histoire d’amour avec Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain, qui a laissé un souvenir indélébile chez de nombreux cinéphiles. César de la meilleure adaptation en 2010. Trois ans plus tard, Quelques heures de printemps, un drame intense centré sur la douloureuse relation qu’entretiennent une mère et son fils, qui traitait également de l’épineux sujet du droit à mourir dans la dignité, par assistance médicalisée, et ce sans aucun pathos. Outre Une vie en 2016, magnifique transposition du roman de Maupassant avec Judith Chemla, Stéphane Brizé entame avec Vincent Lindon ce qui apparaîtra alors comme une trilogie (à rebours en fait) sur le monde du travail. Après La Loi du marché (2015), Prix d’interprétation masculine à Cannes, Prix Lumières du meilleur acteur et César du meilleur acteur, et En guerre (2018), Stéphane Brizé collabore pour la cinquième fois avec son comédien fétiche pour Un autre monde, qui prend comme point de vue celui du cadre dirigeant. À l’instar de Jean Gabin, Vincent Lindon est aujourd’hui l’un des rares à être crédible aussi bien dans la peau d’un prolo que dans celle d’un bourgeois. Ils dressent ici un nouveau portrait d’homme, Philippe, qui rejoint celui de Thierry le quinquagénaire, qui après quinze mois de chômage trouvait un emploi d’agent de sécurité dans un supermarché, et celui de Laurent, leader syndical à la tête d’une contestation des ouvriers d’une usine d’Agen qui protestaient à l’annonce de la fermeture de leur établissement. Dans Un autre monde, Stéphane Brizé et son coscénariste Olivier Gorce se focalisent cette fois sur « celui placé au-dessus de la mêlée », le représentant du Big Boss. Et de ce côté-là ce n’est pas bien rose non plus. « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées », ainsi se concluait la fable Le vacher et le garde-chasse de Jean-Pierre Claris de Florian, mais quand cela se déroule mal au niveau de la direction, il y a forcément des répercussions jusqu’en bas de la pyramide. Déjà l’un des plus grands films de l’année 2022, Un autre monde triture les tripes et le cerveau durant 90 minutes, concilie admirablement le cinéma d’auteur et de divertissement, renoue avec le septième art hexagonal engagé des années 1970, et démontre encore et toujours l’immense sensibilité d’un de nos plus talentueux réalisateurs.

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Test Blu-ray / La Bataille de la vallée du diable, réalisé par Ralph Nelson

LA BATAILLE DE LA VALLÉE DU DIABLE (Duel at Diablo) réalisé par Ralph Nelson, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 1er juillet 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : James Garner, Sidney Poitier, Bill Travers, Bibi Andersson, Dennis Weaver, William Redfield, John Hubbard, Ralph Nelson.…

Scénario : Marvin Albert & Michael Grilikhes

Photographie : Charles F. Wheeler

Musique : Neal Hefti

Durée : 1h45

Date de sortie initiale: 1966

LE FILM

Le garde-frontière Jess Remsberg a pour mission de conduire un détachement à travers un territoire hostile jusqu’à Fort Conchos. Mais son courage et sa dévotion cache une autre motivation : à destination, se cache l’homme qu’il suspecte du meurtre de sa femme. Tandis que Rosenberg découvre la véritable identité du meurtrier, le convoi est sauvagement attaqué par des apaches…

Ralph Nelson (1916-1987) demeure connu pour Le Lys des champs Lilies of the Field (1963), nommé pour l’Oscar du meilleur film, récompensé à trois reprises au Festival de Berlin. Quand on creuse un peu sa filmographie, on se rend compte que deux sujets reviennent fréquemment, le racisme et la violence, qui sont souvent imbriqués et dont la représentation reste particulièrement frontale et percutante pour les années 1960. Durant cette décennie, le réalisateur signera tour à tour La Dernière Bagarre Soldier in the Rain avec Steve McQueen et Jackie Gleason, Le Crash mystérieux Fate Is the Hunter avec Gleen Ford, Grand méchant loup appelle Father Goose avec Cary Grant et Leslie Caron (sur un scénario de Peter Stone, Les Pirates du métro de Joseph Sargent), Les Tueurs de San Francisco Once a Thief avec rien de moins qu’Alain Delon, Ann-Margret, Ven Heflin et Jack Palance, sans oublier son adaptation du roman Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes. Charly, qui vaudra l’Oscar du meilleur acteur à Cliff Robertson. Avant d’explorer encore plus loin dans ses thèmes de prédilection avec Tick… Tick… Tick et la violence explosa et surtout Soldat bleu Soldier Blue, dans lequel il revenait sur le déroulé des guerres indiennes, Ralph Nelson y allait déjà à fond les manettes avec La Bataille de la vallée du diable Duel at Diablo, l’un de ses trois westerns, dans lequel il dirige à nouveau Sidney Poitier, qui avait lui aussi reçu l’Oscar du meilleur acteur (une première pour un afro-américain) pour Le Lys des champs (ainsi que le BAFTA, le Golden Globe), associé à l’écran avec l’imposant James Garner et la suédoise Bibi Andersson, qui se permettait une récréation hollywoodienne entre Toutes ses femmes et Persona d’Ingmar Bergman. Petit western ambitieux, La Bataille de la vallée du diable n’est pas exempt de défauts, loin s’en faut, mais il contient suffisamment de bons éléments (on a rarement ressenti autant la soif, les brûlures et l’impact des flèches dans un film) et surtout d’excellents acteurs qui en font un bon divertissement.

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Test Blu-ray / Le Salaire de la violence, réalisé par Phil Karlson

LE SALAIRE DE LA VIOLENCE (Gunman’s Walk) réalisé par Phil Karlson, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 1er juillet 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Van Heflin, Tab Hunter, Kathryn Grant, James Darren, Mickey Shaughnessy, Robert F. Simon, Edward Platt, Ray Teal.…

Scénario : Frank S. Nugent, d’après une histoire originale de Ric Hardman

Photographie : Charles Lawton Jr.

Musique : George Duning

Durée : 1h37

Date de sortie initiale: 1958

LE FILM

Lee Hackett, rancher brutal, à la limite de la violence, a deux fils qu’il essaie d’éduquer à son image. Il a pleinement réussi avec l’aîné d’entre eux, puisque ce dernier est accusé de meurtre. En revanche, le plus jeune prend le contre-pied de son père, allant jusqu’à être attiré par la sœur de la victime. Pour Lee, les temps commencent à changer et les deux frères vont devoir s’opposer.

Nous avons déjà dit tout le bien que l’on pensait de Phil Karlson à travers nos chroniques d’On ne joue pas avec le crime 5 Against the House (1955) et du Quatrième homme Kansas City Confidential (1952), bon pas celle de Ben (1972), la suite de Willard (Daniel Mann, 1971), on vous l’accorde. Mais il s’agit aussi de l’auteur de L’Assaut des jeunes loups Hornet’s Nest (1970) avec Rock Hudson et Sylva Koscina, Un direct au coeur Kid Galahad (1962) avec Elvis Presley, Les Frères Rico The Brothers Rico (1957) avec Richard Conte et adapté de Georges Simenon, L’Inexorable enquête – Scandal Sheet (1952) avec Broderick Crawford…on pourrait continuer comme ça longtemps, tant la filmographie de Phil Karlson (1908-1985) regorge de pépites. Très prolifique et éclectique, allant jusqu’à tourner 20 films dans les années 1940, le réalisateur connaît réellement son heure de gloire la décennie suivante, avec une prédilection pour le film noir. Si les sixties sont sans doute moins marquantes, cela ne l’empêche pas de diriger encore les plus grands acteurs, Richard Widmark, Fredric March, Ben Gazzara, Robert Mitchum, et même Dean Martin dans deux de ses quatre aventures de l’agent Matt Helm. Phil Karlson est partout, explore tous les genres, y compris le western, qu’il abordera à une dizaine de reprises, du Gagnant du Kentucky Black Gold (1947) à La Poursuite des tuniques bleues A Time for Killing (1967) avec Glenn Ford, en passant par L’Étalon sauvage Thunderhoof (1948), La Ruée sanglante They Rode West (1954)…Celui qui nous intéresse aujourd’hui s’intitule Le Salaire de la violence Gunman’s Walk et sera l’avant-dernière incursion du cinéaste dans le Grand Ouest Américain. Et assurément l’une de ses meilleures, voire sa plus grande. Western – dit psychologique – inoubliable, Le Salaire de la violence est un opus bouleversant, shakespearien en diable, voire biblique diront certains avec cette relecture d’Abel et Caïn, furieusement pessimiste, d’une impressionnante sécheresse, désespéré, qui fait penser à La Fureur de vivre Rebel Without a Cause de Nicholas Ray sorti trois ans auparavant. On termine la projection en larmes et on défie quiconque de résister à l’intense et extraordinaire prestation de Van Heflin.

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