Test DVD / Navajo Joe, réalisé par Sergio Corbucci

NAVAJO JOE réalisé par Sergio Corbucci, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD + Livret le 7 avril 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Burt Reynolds, Aldo Sambrell, Nicoletta Machiavelli, Fernando Rey, Tanya Lopert, Franca Polesello, Lucia Modugno, Pierre Cressoy…

Scénario : Piero Regnoli & Fernando Di Leo, d’après une histoire originale d’Ugo Pirro

Photographie : Silvano Ippoliti

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h29

Date de sortie initiale: 1966

LE FILM

Navajo Joe est un indien solitaire dont toute la tribu a été massacrée par une bande de chasseurs d’indiens. Il les poursuit sans relâche, jusqu’à ce qu’il les retrouve en train de piller un train transportant une grosse somme d’argent. Il tue un à un les bandits et achemine le train jusqu’à sa destination initiale : Esperanza. Après avoir convaincu les habitants du petit village Esperanza de lui confier l’argent pour que les bandits restants ne s’en emparent pas, il le cache et le protège au péril de sa vie…

Auteur éclectique d’une soixantaine de longs métrages, Sergio Corbucci (1927-1990) signe un de ses westerns les plus célèbres avec Navajo Joe. Sorti en 1966, la même année que Django et Ringo au pistolet d’orJohnny Oro, alors que le western européen, et plus particulièrement transalpin venait d’exploser avec Pour une poignée de dollars de Sergio Leone, Navajo Joe demeure un fleuron du genre. S’il reste un grand nom du cinéma bis italien, c’est avec le péplum que Sergio Corbucci se fait un nom. Production hispano-italienne principalement tournée en Espagne, Navajo Joe, western pur et dur, dispose d’un budget confortable confié par Dino De Laurentiis et impose une fois de plus le talent d’un cinéaste qui laissera définitivement son empreinte. Le scénario de Piero Regnoli (Les Contrebandiers de Santa Lucia, Les Sept bérets rouges, Comme des chiens enragés) et Fernando Di Leo (Avoir vingt ans, Le Retour de Ringo) n’est sans doute pas une réussite totale, mais le réalisateur s’intéresse davantage aux personnages, tout en offrant aux spectateurs ce pour quoi ils sont venus avec des fusillades rondement menées, des trahisons fatales, des réglements de comptes. Cette fois, Sergio Corbucci a délaissé le copier-coller du western américain, a vraiment trouvé ses propres marques, avec son style parfois baroque et le caractère pittoresque de certains tueurs, notamment celui interprété par Aldo Sambrell, complexe à souhait. Un western qui continue de ravir les cinéphiles, d’autant plus que Burt Reynolds, qui jouait déjà un Indien dans la série Gunsmoke, dans l’un de ses premiers rôles au cinéma, crève aussi l’écran dans le rôle-titre.

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Test DVD / Bataille sans merci, réalisé par Raoul Walsh

BATAILLE SANS MERCI (Gun Fury) réalisé par Raoul Walsh, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD + Livret le 7 avril 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Rock Hudson, Donna Reed, Philip Carey, Roberta Haynes, Leo Gordon, Lee Marvin, Neville Brand, Ray Thomas…

Scénario : Irving Wallace & Roy Huggins, d’après le roman de Kathleen B., George et Robert A. Granger

Photographie : Lester White

Musique : Mischa Bakaleinikoff & Arthur Morton

Durée : 1h19

Date de sortie initiale: 1953

LE FILM

Au lendemain de la guerre de Sécession, en Arizona. Ancien militaire, Ben Warren et sa fiancée Jennifer Ballard font route vers la Californie où ils voudraient s’établir. Chemin faisant, leur diligence est attaquée par les soldats supposés la convoyer et protéger l’or qu’elle transporte. Des bandits en réalité, membres de la bande de Frank Slayton. Laissé pour mort, Warren n’a dès lors plus qu’une idée en tête : retrouver sa compagne que les hors-la-loi enlèvent pour couvrir leur fuite…

C’est un « petit » Raoul Walsh, mais bien divertissant tout de même. S’il ne paye pas de mine, Bataille sans merciGun Fury, production Columbia, condense en 79 minutes ce que certains films ne parviennent même pas à faire sur 2h30. Rétrospectivement, ce western se situe entre Un lion dans les ruesA Lion Is in the Streets et La Brigade héroïqueSaskatchewan et a pour particularité d’avoir été tourné en 3D (rappelons au passage que le cinéaste était borgne), afin d’essayer de rameuter un public qui désertait alors les salles, au profit de la télévision trônant fièrement dans le salon. Un procédé qu’utiliseront également André de Toth pour L’Homme au masque de cire et Jack Arnold pour Lé Météore de la nuit la même année. Mais pour l’heure, Bataille sans merci manque justement de relief, même si encore une fois, le spectacle est assuré du début à la fin. C’est juste que l’ensemble paraît parfois redondant et que le cowboy non-violent incarné par Rock Hudson, dans sa quatrième et dernière collaboration avec le réalisateur après Les Géants du ciel Fighter Squadron (le premier long-métrage du comédien, pour lequel il n’est même pas crédité), Victime du destinThe Lawless Breed et La Belle EspionneSea Devils, manque cruellement de chair. L’essentiel est donc ailleurs, dans une mise en scène dynamique, des décors naturels fantastiques et la participation toujours impeccable de Leo Gordon.

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Test Blu-ray / Un Colt pour trois salopards – Hannie Caulder, réalisé par Burt Kennedy

UN COLT POUR TROIS SALOPARDS (Hannie Caulder) réalisé par Burt Kennedy, disponible en DVD depuis le 11 janvier 2023 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Raquel Welch, Robert Culp, Ernest Borgnine, Christopher Lee, Jack Elam, Strother Martin, Diana Dors, Paco de Lucía…

Scénario : Burt Kennedy & David Haft, d’après une histoire originale de Peter Cooper, Ian Quicke & Bob Richards

Photographie : Edward Scaife

Musique : Ken Thorne

Durée : 1h25

Date de diffusion initiale : 1971

LE FILM

Hannie Caulder voit sa vie s’écrouler lorsque les 3 frères Clemens assassinent son mari, la violent et incendient sa maison. Décidée à venger, elle va tout apprendre de Thomas Luther Price, un chasseur de primes qui la recueille.

Quand elle se retrouve en haut de l’affiche du western Un Colt pour trois salopards ou tout simplement Hannie Caulder en version originale, l’ex-mannequin et comédienne Raquel Welch a le vent en poupe depuis cinq ans, grâce aux hits successifs du chef d’oeuvre de Richard Fleischer, Le Voyage fantastiqueFantastic Voyage, Un million d’années avant J.C.One Million Years B.C. de Don Chaffey et Les Cent Fusils100 Rifles de Tom Gries, qui allaient la faire passer à la postérité et faire d’elle un sex-symbol international. Au début des années 1970, elle tient le rôle-titre du western réalisé par Burt Kennedy (1922-2001), habitué du genre, ancien scénariste de Budd Boetticher (Sept hommes à abattre, L’Homme de l’Arizona, L’Aventurier du Texas, La Chevauchée de la vengeance, Comanche Station), qui avait déjà mis en scène Ne tirez pas sur le shérifSupport Your Local Sheriff ! avec James Garner, La Vengeance du shérif Young Billy Young avec Robert Mitchum et Angie Dickinson, La Caravane de feuThe War Wagon avec John Wayne et Kirk Douglas, ainsi que Le Retour des septReturn of the Seven, la suite du film réalisé par John Sturges, Les Sept Mercenaires, sorti en 1960. Il est donc parfaitement à son affaire avec Hannie Caulder, film curieux à plus d’un titre, pas forcément une réussite du début à la fin, mais qui n’en reste pas moins un savoureux divertissement, qui vaut à la fois pour la présence toujours sexy de Raquel Welch, dont le colt sied à sa sublime chute de hanche, un casting solide (sur lequel nous reviendrons) et aussi, et c’est sans doute ce qu’on retient étonnamment plus de ce western, une magnifique bande originale composée par Ken Thorne, digne des plus grands opus.

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Test Blu-ray / Les Quatre de l’apocalypse, réalisé par Lucio Fulci

LES QUATRE DE L’APOCALYPSE (I Quattro dell’apocalisse) réalisé par Lucio Fulci, disponible en combo Blu-ray+DVD le 22 février 2023 chez Studiocanal

Acteurs : Fabio Testi, Lynne Frederick, Michael J. Pollard, Harry Baird, Tomás Milián, Adolfo Lastretti…

Scénario : Ennio De Concini, d’après une nouvelle de Brett Harte

Photographie : Sergio Salvati

Musique : Franco Bixio, Fabio Frizzi & Vince Tempera

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Un tricheur, une prostituée enceinte, un ivrogne et un médium fou errent sur les routes après avoir échappé à un massacre organisé. Leur sort ne s’arrange guère avec la rencontre de Chaco, un sadique halluciné, qui leur inflige les pires traitements. Laissés pour morts, ils trouveront la rédemption sur le chemin de la vengeance…

En 1966, après avoir fait ses classes dans le domaine de la comédie en dirigeant le tandem Franco et Ciccio sur une bonne demi-douzaine de longs-métrages, Lucio Fulci se tourne vers le western avec Le Temps du massacreTempo di massacro, interprété par Franco Nero et George Hilton. Ce premier coup d’essai dans le genre sera ensuite suivi des légendaires gialli du maître (Le Venin de la peur, La Longue nuit de l’exorcisme, Perversion Story), puis de films d’aventure (Croc-Blanc Zanna Bianca et sa suite Le Retour de Croc-Blanc Il Ritorno di Zanna Bianca). Alors que les cowboys italiens se faisaient plus rares, surtout depuis le chant du cygne représenté en 1973 par Mon nom est Personne Il mio nome è Nessuno de Tonino Valerii, le réalisateur devait étonnamment revenir au western avec Les Quatre de l’apocalypseI quattro dell’apocalisse. Mais ce dernier va bien au-delà et s’avère en réalité un road movie qui n’est pas sans rappeler certaines œuvres du Nouvel Hollywood, notamment et contre toute attente Macadam à deux voies de Monte Hellman. À la fin des années 1960, aux Etats-Unis, ce style de récit initiatique (ou pas) prend son envol avec la sortie du film de Dennis Hopper, Easy Rider en 1969. Suivront Point limite zéro de Richard C. Sarafian en 1971 et Two-Lane Blacktop la même année par Monte Hellman. C’est l’époque des grands chamboulements, la guerre du Vietnam a traumatisé l’Amérique, la révolution sexuelle bat son plein, les mœurs et les actes changent et se libèrent. Il y a eu Woodstock en 1969 et l’affaire Charles Manson, auquel Chaco fait largement référence dans Les Quatre de l’apocalypse, qui découle pour ainsi dire des bouleversements profonds survenus dans le monde, ayant conduit outre-Atlantique à l’émergence de jeunes réalisateurs (un peu comme la Nouvelle Vague à la fin des années 1950 en France), Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, George Lucas, Steven Spielberg…Lucio Fulci comprend ce qui est en train de se passer et met en scène un road-movie mystique et mélancolique imprégné de peyotl (et de musique pop/folk un rien hippie sur les bords), parcouru par une violence frontale et graphique encore assez rare. Rétrospectivement, Les Quatre de l’apocalypse est assurément un des chefs d’oeuvre méconnus de Lucio Fulci, l’un de ses opus les plus mystérieux et entêtants, qui n’a probablement pas livré tous ses secrets près d’un demi-siècle après sa sortie.

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Test Blu-ray / Tuez les tous… et revenez seul !, réalisé par Enzo G. Castellari

TUEZ-LES TOUS…ET REVENEZ SEUL ! (Ammazzali tutti e torna solo) réalisé par Enzo G. Castellari, disponible en combo Blu-ray+DVD le 22 février 2023 chez Studiocanal

Acteurs : Chuck Connors, Frank Wolff, Franco Citti, Leo Anchóriz, Giovanni Cianfriglia, Alberto Dell’Acqua, Hércules Cortés, Antonio Molino Rojo, Furio Meniconi, Alfonso Rojas, Ugo Adinolfi, John Bartha…

Scénario : Tito Carpi, Enzo G. Castellari, Francesco Scardamaglia & Joaquín Romero Hernández

Photographie : Alejandro Ulloa

Musique : Francesco De Masi

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

La guerre de Sécession fait rage. Loin du front, le capitaine Lynch dirige un camp de prisonniers. Le sergent Brian y fait régner une discipline de fer. Clyde, un prisonnier qui bénéficie de complicités nordistes, réussit à s’enfuir avec quelques bagnards, en volant un trésor caché dans une poudrière sudiste. Déserteur, le sergent Brian se joint à la petite troupe. Tous ne sont mus que par l’appât du gain. Les protagonistes de l’aventure commencent à s’entretuer. Qui conservera l’or ? Le capitaine Lynch lui-même a sa petite idée sur la question…

Enzo G. Castellari. Un nom qui fait immédiatement vibrer les amateurs de cinéma d’exploitation italien. Le réalisateur, né en 1938, détient l’une des filmographies les plus excitantes du cinéma Bis qui remplissait alors les salles. Quelques titres en vrac, Quelques dollars pour DjangoPochi dollari per Django, Je vais, je tire et je reviensVado… l’ammazzo e torno, Sur ordre du FührerLa Battaglia d’Inghilterra, Le Témoin à abattreLa Polizia incrimina, la legge assolve, Un citoyen se rebelleIl Cittadino si ribella, Keoma, Big Racket Il Grande racket, La Mort au large L’Ultimo squalo, Les Nouveaux Barbares I nuovi barbari, Les Guerriers du Bronx1990: I guerrieri del Bronx, Une poignée de salopardsQuel maledetto treno blindato (ou Inglorious Bastards)…Également scénariste la plupart du temps de ses films, Enzo G. Castellari ne s’est jamais caché de surfer allègrement sur les genres à la mode, western, polar, giallo, aventure, épouvante, post-apocalyptique, dans le seul et unique but (en dehors de remplir le tiroir-caisse) de divertir les spectateurs, qui lui ont bien rendu tout au long de sa carrière. C’est le cas de Tuez-les tous… et revenez seul ! Ammazzali tutti e torna solo, western mis en scène en 1968, à la limite de la parodie et qui annonce donc les légendaires opus du fabuleux tandem Terence Hill et Bud Spencer, dont le mythique On l’appelle TrinitaLo chiamavano Trinità d’Enzo Barboni ne sortira que deux ans plus tard. Enchaînement quasi-ininterrompu de gunfights et de bastons aux bruitages bourrins, Tuez-les tous… et revenez seul ! est un savoureux divertissement, une chasse au trésor menée sans aucun temps mort et interprété par une ribambelle de comédiens aux tronches patibulaires sur lesquels trône l’américain Chuck Connors (Soleil vert de Richard Fleischer, Pancho Villa d’Eugenio Martín), gueule célèbre du western, qui promène ses 2 mètres de hauteur, sans se forcer, le teint hâlé, les yeux bleus délavés et le sourire carnassier. Du spectacle à l’état pur.

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Test DVD / Les Piliers du ciel, réalisé par George Marshall

LES PILIERS DU CIEL (Pillars of the Sky) réalisé par George Marshall, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 16 février 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Jeff Chandler, Dorothy Malone, Ward Bond, Keith Andes, Lee Marvin, Sydney Chaplin, Willis Bouchey, Michael Ansara…

Scénario : Sam Rolfe, d’après le roman de Will Henry

Photographie : Harold Lipstein

Musique : William Lava & Heinz Roemheld

Durée : 1h31

Date de sortie initiale: 1956

LE FILM

Des Indiens évangélisés vivent en paix avec les autorités. Pourtant, ils viennent à découvrir que l’armée a l’intention de construire un fort et une route en plein cœur de leur territoire. Or, cette décision constitue une véritable violation des traités en vigueur. Aussi les Indiens décident-ils de se révolter…

Les Piliers du cielPillars of the Sky est un western de l’année 1956 réalisé par le vétéran George Marshall. Alors que La Prisonnière du désert de John Ford, La Loi de la prairie de Robert Wise, Bandido Caballero de Richard Fleischer, L’Homme de nulle part de Delmer Daves, Le Roi et quatre reines de Raoul Walsh, La Dernière chasse de Richard Brooks, Sept hommes à abattre de Budd Boetticher, se bousculent sur les écrans, George Marshall se voit confier un gros budget de la part des studios Universal pour Les Piliers du ciel. Ceux qui voudront en savoir plus sur ce réalisateur très prolifique et éclectique pourront se reporter aux articles consacrés à Houdini le grand magicien, Le Fort de la dernière chance et Texas, largement représentatifs de son talent, un « faiseur » très convoité et formidable artisan dans le sens noble du terme. Le western qui nous intéresse actuellement met en scène l’un des meilleurs comédiens du cinéma américain des années 1950, Jeff Chandler (1918-1961). Le mythique acteur d’À l’assaut du Fort Clark de George Sherman, du Salaire du diable de Jack Arnold, de Violence au Kansas de Melvin Frank, de La Flèche brisée de Delmer Daves aura illuminé le grand écran toute une décennie avant de disparaître prématurément à l’âge de 42 ans après le tournage des Maraudeurs attaquentMerrill’s Marauders de Samuel Fuller. Dans Pillars of the Sky, on ne peut s’empêcher de l’admirer une fois de plus dans la peau du bienveillant sergent Emmett Bell, personnage à qu’il apporte une ambiguïté (le type est porté sur la boisson et s’avère fort en gueule, même face à sa hiérarchie) doublée d’une réelle humanité. C’est là toute la virtuosité de Jeff Chandler, ne jamais forcer le trait et transmettre une impressionnante palette de sentiments rien qu’à travers son regard, son élégance, sa voix toujours bien placée et son charisme hors normes. Sur un sujet très rare (l’évangélisation des amérindiens), Les Piliers du ciel est un très grand spectacle tourné en CinémaScope et Technicolor, remplit d’action, d’affrontements et d’émotion, à redécouvrir absolument.

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Test Blu-ray / Dix hommes à abattre, réalisé par H. Bruce Humberstone

DIX HOMMES À ABATTRE (Ten Wanted Men) réalisé par H. Bruce Humberstone, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 2 mars 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Randolph Scott, Jocelyn Brando, Richard Boone, Alfonso Bedoya, Donna Martell, Skip Homeier, Clem Bevans, Leo Gordon, Minor Watson, Lester Matthews, Tom Powers, Dennis Weaver, Lee Van Cleef…

Scénario : Kenneth Gamet, d’après une histoire originale d’Irving Ravetch & Harriet Frank Jr.

Photographie : Wilfrid M. Cline

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h20

Date de sortie initiale: 1955

LE FILM

John Stewart s’installe dans un immense domaine en Arizona. Campbell, un éleveur, aimerait épouser sa fille adoptive, Maria. Devant ses menaces, Maria se cache chez John. Furieux, Campbell engage dix hommes pour se débarrasser de John, dont il convoite la ferme, et récupérer Maria…

Inconnu au bataillon, du moins en ce qui nous concerne, le réalisateur H. Bruce Humberstone (1901-1984), malgré près de soixante mises en scène à son actif, ne possède qu’une infime partie de son œuvre disponible en DVD-Blu-ray dans nos contrées. On peut ainsi trouver Le Cavalier au masqueThe Purple Mask (1955) avec Tony Curtis, un western avec Victor Mature, Massacre à Furnace CreekFury at Furnace Creek (1948), un film de guerre avec John Payne et Maureen O’Hara, Les Rivages de TripoliTo the Shores of Tripoli (1942), une comédie-musicale avec Glenn Miller, Tu seras mon mari Sun Valley Serenade (1941). les cinéphiles les plus pointus sauront qu’il est aussi celui qui aura signé trois opus de Tarzan avec Gordon Scott dans le rôle-titre, Tarzan et le Safari perdu (1957), Le Combat mortel de Tarzan (1958) et le téléfilm Tarzan et les trappeurs (1960), même s’il n’est pas crédité pour ce dernier. Sorti en 1955, Dix hommes à abattre Ten Wanted Men est l’un des ultimes ouvrage de H. Bruce Humberstone pour le cinéma, puisqu’il se consacrera essentiellement au petit écran par la suite, sur beaucoup de séries comme The Survivors, Daniel Boone et Colt.45. Plus de dix ans après Les Rivages de Tripoli il retrouve Randolph Scott, alors dans la dernière partie de sa carrière, juste avant que celui-ci n’entame le légendaire cycle Ranown avec Budd Boetticher. Dix hommes à abattre, à ne pas confondre avec Sept hommes à abattre, justement le premier film du cycle susmentionné, est un petit western que l’on pourrait qualifier d’anecdotique, clairement divisé en deux parties. Si la première, en gros jusqu’à la quarantième minute, soit à mi-temps du film, s’avère redondante et peu enthousiasmante, la seconde vaut le coup d’oeil avec ses règlements de comptes qui ont tardé à venir, mais qui ne déçoivent pas, tout comme l’interprétation toujours inspirée de Randolph Scott. Les fans apprécieront sans doute, les autres pourraient trouver le temps long…

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Test Blu-ray / Les Écumeurs, réalisé par Ray Enright

LES ÉCUMEURS (The Spoilers) réalisé par Ray Enright, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 2 mars 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Marlene Dietrich, Randolph Scott, John Wayne, Margaret Lindsay, Harry Carey, Richard Barthelmess, George Cleveland, Samuel S. Hinds…

Scénario : Lawrence Hazard & Tom Reed, d’après le roman de Rex Beach

Photographie : Milton R. Krasner

Musique : Hans J. Salter

Durée : 1h27

Date de sortie initiale: 1942

LE FILM

La ruée vers l’or bat son plein en Alaska. De prétendus agents du gouvernement détournent la loi en spoliant de leur concession les prospecteurs les plus modestes qui, désormais associés à Glennister, propriétaire d’un gisement important, tiennent tête au commissaire aux mines McNamara. Avec l’aide d’un juge véreux, ce dernier réplique par davantage d’expropriations encore, allant jusqu’à envoyer Glennister derrière les barreaux. Celui-ci n’entend pas se laisser faire…

Ray Enright (1896-1965), a roulé sa bosse à Hollywood et aura signé près de 80 films en 35 ans de carrière, marquée par un désir d’éclectisme et du travail bien fait. Réalisateur emblématique de l’âge d’or des studios ayant oeuvré dès le cinéma muet, il passera allègrement de la comédie au film de gangsters, en passant par le polar, la comédie musicale et bien sûr le western. 1944, Ray Enright collabore pour la première fois avec Randolph Scott pour Les ÉcumeursThe Spoilers, sur lequel une vraie complicité naît entre les deux hommes, qui se retrouveront encore à cinq reprises jusqu’en 1948. S’il est vrai que ce western peut paraître anecdotique, celui-ci vaut sacrément le coup d’oeil pour deux raisons. La première, pour la mise en scène énergique de Ray Enright, qui dispose d’un budget somme toute conséquent et qui se voit à l’écran, notamment à travers ses impressionnants décors. La seconde, pour le casting qui réunit rien de moins que Randolph Scott, Marlene Dietrich et John Wayne ! Une distribution prestigieuse, trois monstres talentueux, débordant de charisme et qui ont l’air de s’amuser à se donner la réplique, même s’il est avéré que les deux mâles alpha ne sont pas véritablement entendus sur le tournage. Néanmoins, leur confrontation cartonne, les deux hommes se disputant les faveurs de la magnifique Cherry Malotte, tenancière de saloon, qui s’impose naturellement dans un milieu d’hommes en rut suintant le whisky frelaté. Les Écumeurs est un savoureux western mené à cent à l’heure, drôle, bourré d’action, qui se clôt sur une baston homérique entrée dans l’histoire. Un plaisir de cinéma.

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Test DVD / Quand siffle la dernière balle, réalisé par Henry Hathaway

QUAND SIFFLE LA DERNIÈRE BALLE (Shoot Out) réalisé par Henry Hathaway, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 16 février 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Gregory Peck, Patricia Quinn, Robert F. Lyons, Susan Tyrrell, Jeff Corey, James Gregory, Rita Gam, Dawn Lyn…

Scénario : Marguerite Roberts, d’après le roman de Will James

Photographie : Earl Rath

Musique : Dave Grusin

Durée : 1h31

Date de sortie initiale: 1971

LE FILM

Un homme, Clay Lomax, sort de prison après avoir purgé une peine de 8 ans et veut se venger de Sam Foley, un complice qui l’a trahi. Mais au passage, il lui échoit la petite fille de 7 ans de la femme qu’il avait aimé avant son incarcération et qui est morte entre temps. Donc il lui reste à poursuivre son objectif, avec une petite fille dans les pattes, et une bande de tueurs à ses trousses engagés par le fameux traître.

Nous avions très largement évoqué la carrière et les films emblématiques de Henry Leopold de Fiennes alias Henry Hathaway (1898-1985), au cours de notre article sur le sublime Les 4 Fils de Katie ElderThe Sons of Katie Elder (1965), qui réunissait entre autres John Wayne, Dean Martin, George Kennedy, Dennis Hopper…Aujourd’hui, c’est sur Quand siffle la dernière balleShoot Out, d’après le roman The Lone Cowboy de Will James, que nous nous concentrerons. Sorti en 1971, soit deux ans après le triomphe de Cent dollars pour un shérifTrue Grit, pour lequel le Duke obtiendra son unique Oscar du meilleur acteur, le réalisateur revient une dernière fois au western, genre dont il signera quelques-uns des plus beaux fleurons. Cependant, avec Quand siffle la dernière balle, Henry Hathaway n’a pas la prétention de rivaliser avec ses précédents monuments comme L’Attaque de la malle-poste (1951) ou Nevada Smith (1966), et prend le train en marche du Nouvel Hollywood alors en plein essor, pour finalement livrer une œuvre intimiste. Un dernier tour de piste pour le cinéaste dans les magnifiques paysages du Nouveau-Mexique et de la Californie, ainsi que sa seconde et ultime collaboration avec l’immense Gregory Peck, qui lui aussi commencera à se faire plus rare au cinéma. Petit western dont l’aspect téléfilm peut rebuter et dont la première partie peut laisser perplexe, Quand siffle la dernière balle n’en reste pas moins charmant, divertissant et s’améliore au fil du récit, comme si Henry Hathaway, qui approchait les 75 balais, se réveillait en cours de route pour montrer qu’il en avait encore sous le capot. Anecdotique certes, mais attachant.

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Test DVD / Le Vent de la plaine, réalisé par John Huston

LE VENT DE LA PLAINE (The Unforgiven) réalisé par John Huston, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 9 décembre 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Burt Lancaster, Audrey Hepburn, Audie Murphy, John Saxon, Charles Bickford, Lillian Gish, Albert Salmi, Joseph Wiseman, June Walker…

Scénario : Ben Maddow, d’après le roman d’Alan LeMay

Photographie : Franz Planer

Musique : Dimitri Tiomkin

Durée : 2h05

Date de sortie initiale: 1960

LE FILM

Le Texas, 1850. La veuve Mathilda Zachary vit entourée de ses trois fils et de sa fille Rachel dans un ranch isolé. Kelsey, un vagabond à demi fou, raconte partout une étrange histoire : Rachel serait une indienne enlevée à sa tribu lorsqu’elle était enfant. Dans la région, la haine des indiens est à son comble, et la famille Zachary se retrouve prise au piège : les indiens sont prêts à tout pour récupérer la jeune femme, et les blancs, refusant sa présence, aimeraient qu’elle retourne vivre parmi les siens.

Les nombreux problèmes survenus sur le tournage seraient presque plus passionnants que Le Vent de la plaineThe Unforgiven. Entre un Burt Lancaster devenu lui-même réalisateur qui n’a que faire des directives de John Huston, Lillian Gish ancienne star du cinéma muet qui radote sur ses collaborations avec les plus grands, Audrey Hepburn qui chute de cheval et qui malheureusement perd son enfant, la chaleur écrasante et la poussière qui détériorent les objectifs, tout contribue à faire du Vent de la plaine, adapté du roman d’Alan Le May (La Prisonnière du désert) un film maudit. Si John Huston y aborde ses thèmes de prédilection (le racisme, l’ode à la tolérance, la cause des Indiens), ceux-ci ne semblent pas dénoncer mais affirmer au contraire la prédominance des blancs, l’asservissement des Indiens qui deviennent pendant toute la deuxième partie de la chair à canon pour les héros du film. D’ailleurs, le personnage interprété par Burt Lancaster apparaît franchement écoeurant en convoitant manifestement sa jeune « soeur » campée par Audrey Hepburn, qui abuse quelque peu de son sourire d’habitude si charmant. Puis, venu le retournement (la « soeur» est en réalité une Indienne volée à ses parents quand elle était bébé), le spectateur est amené à rejoindre la cause de cette famille de « visages pâles » qui non seulement ne veut pas rendre cette jeune fille Indienne « volée » aux siens (surtout le fils aîné qui n’inspire désormais qu’à s’approprier celle qu’il aimait déjà), mais celle-ci en vient également aux armes en tirant sur sa tribu, sa famille et même son frère de sang sans véritable regret.

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