Test Blu-ray / Sept morts sur ordonnance, réalisé par Jacques Rouffio

SEPT MORTS SUR ORDONNANCE réalisé par Jacques Rouffio, disponible en DVD et Blu-ray le 5 septembre 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs :  Michel Piccoli, Gérard Depardieu, Jane Birkin, Marina Vlady, Charles Vanel, Michel Auclair…

Scénario :  Jacques Rouffio, Georges Conchon, Jean-Louis Chevrier

Photographie : Andréas Winding

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Le docteur Losseray, chirurgien talentueux, est victime d’un infarctus. Il s’en remet doucement. Mais son arrêt de travail réjouit le vieux professeur Brézé, qui dirige avec ses fils une clinique concurrente. Plusieurs fois, Brézé pousse Losseray à prendre sa retraite. Des années auparavant, soumis à une pression similaire de la famille Brézé, le docteur Berg, flambeur et brillant, avait assassiné sa famille avant de se suicider.

C’est un film qui fait froid dans le dos, qui donne la sensation qu’une main se referme progressivement sur votre gorge. Sept morts sur ordonnance est le second long métrage de Jacques Rouffio (1928-2016), réalisé neuf ans après son premier film L’Horizon, échec cinglant. S’il a peu tourné avec huit films mis en scène de 1967 à 1989 (dont Violette et François, Le Sucre et La Passante du Sans-Souci), Jacques Rouffio, ancien assistant de Jean Delannoy, Henri Verneuil et Georges Franju, s’est toujours démarqué par ses sujets atypiques. Comme l’indique une voix-off en guise d’épilogue, l’histoire de Sept morts sur ordonnance est inspirée par des événements réels qui se sont produits dans une même ville de France, un tragique double fait divers survenu à Reims dans les années 1960, à quelques années d’intervalle. Chef d’oeuvre du cinéma français des années 1970, bijou noir, Sept morts sur ordonnance demeure un vrai film coup de poing.

Losseray (Michel Piccoli), un brillant chirurgien, s’installe dans une ville de province. Son talent fait bientôt ombrage au clan des Brézé, réuni autour de son patriarche (Charles Vanel) et rassemblé par la gestion de quelques cliniques privées dont s’éloignent peu à peu les patients. Harcelé par ses concurrents, poussé à bout, Losseray est contraint de prendre un congé après un infarctus. Il s’intéresse à l’affaire Berg (Gérard Depardieu), un excellent médecin qui, quinze ans plus tôt, s’était suicidé après avoir tué sa femme (Jane Birkin) et ses trois enfants. Losseray retourne à sa clientèle mais, de plus en plus obsédé par la fin tragique de son prédécesseur et toujours soumis aux pressions des Brézé, il enquête parallèlement sur l’affaire Berg. Comme sur L’Horizon, Jacques Rouffio écrit le scénario avec Georges Conchon et s’attaquent cette fois aux notables de province et plus particulièrement ceux du monde médical. Tourné à Clermont-Ferrand et à Madrid (pour des raisons de coproduction), Sept morts sur ordonnance instaure d’emblée un malaise avec la composition envoûtante et funèbre de Philippe Sarde (qui rappelle le thème de Police Python 357 de Georges Delerue) et la photo froide, pour ne pas dire « clinique » (sans faire de jeux de mots) du chef opérateur Andréas Winding (Playtime, Le Passager de la pluie, Le Trio infernal).

Le spectateur est ensuite invité à suivre l’itinéraire de deux personnages, deux éminents chirurgiens, dont les destins vont être tragiquement liés. Ainsi, Losseray mène son enquête comme un flic et le spectateur découvre alors via quelques flashbacks la vie et la tragique disparition de Berg, médecin peu orthodoxe, interprété par un immense Gérard Depardieu qui sortait à peine des Valseuses de Bertrand Blier. Ce qui relie les deux est la pression exercée par les Brézé, clan familial de médecins composé du père, de ses trois fils et de son gendre, qui règnent en « maîtres » comme une vraie mafia sur la ville, notamment le père incarné par un vénéneux et monstrueux Charles Vanel qui ne pense qu’à s’enrichir sur le dos de ses patients, et qui voient d’un mauvais œil la renommée de leurs confrères, surtout quand ceux-ci déclinent leur proposition d’intégrer leur établissement. D’où un affrontement générationnel particulièrement violent, représenté par un Depardieu qui se permet de gifler Vanel, son aîné, en le remettant à sa place. Mais la vengeance et le harcèlement psychologique exercés par le second auront finalement raison du premier qui franchira le point de non-retour dans une séquence de carnage insoutenable, puisqu’il assassinera ses trois enfants et sa femme avant de se tuer.

Quinze ans plus tard, quand un nouveau chirurgien appartenant à une clinique concurrente en vient à s’occuper d’un quart des patients, les Brézé voient rouge – « Ça va au-delà de l’argent, il a un problème moral ! » – et l’histoire de se répéter. Drame chabrolien très dérangeant, tendu comme un thriller, ouvertement politique, redoutablement pessimiste, cruel, sombre et malgré tout divertissant, Sept morts sur ordonnance est non seulement l’un des meilleurs films de Jacques Rouffio, mais demeure également une référence du cinéma français quand il savait encore allier le cinéma populaire et le cinéma d’auteur, divertir tout en invitant le spectateur à la réflexion.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Sept morts sur ordonnance, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur une des séquences du film.

Le premier supplément est une interview de Jacques Rouffio réalisée par Jérôme Wybon en 2009 (7′). Le cinéaste revient sur sa collaboration et son amitié avec Georges Conchon, la genèse de Sept morts sur ordonnance et le casting. Michel Piccoli et Charles Vanel apparaissent également à travers quelques images d’archives. Les comédiens s’expriment sur le travail avec Jacques Rouffio et sur les thèmes de Sept morts sur ordonnance.

L’éditeur joint également deux reportages télévisés d’époque, le premier centré sur le tournage à Clermont-Ferrand (3’30, JT FR3 Auvergne, 30 juin 1975) alors que le film s’intitulait encore « Chers vieux », le second concentré essentiellement sur les comédiens Charles Vanel, Jane Birkin et Michel Piccoli, enregistrés séparément (4’, JT FR3 Auvergne, 14 août 1975). Dans le premier module, durant une pause cigarette, Jane Birkin, Gérard Depardieu et Michel Piccoli partagent leurs impressions de tournage et le travail avec Jacques Rouffio, tandis que ce dernier se penche sur l’histoire.

Dans le second reportage, Jane Birkin répond entre autres aux questions du journaliste avec son sourire contagieux et évoque ses prochains tournages, La Course à l’échalote de Claude Zidi et Je t’aime moi non plus de Serge Gainsbourg.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale constituée de prises alternatives.

L’Image et le son

Fort d’une promotion numérique et d’une restauration 4K réalisée à partir du négatif original par Mikros Image, Sept morts sur ordonnance est enfin proposé dans un master HD de très haut niveau, qui permet d’apprécier enfin la photographie d’Andréas Winding comme il se doit. Bien qu’elles demeurent froides et presque cotonneuses sur les séquences sombres, les scènes extérieures sont les mieux loties avec un relief plus probant, un piqué plus acéré et des détails plus nombreux. Les séquences nocturnes ne sont pas pour autant dédaignées avec une jolie restitution des matières, le grain cinéma est respecté, la copie affiche une stabilité jamais prise en défaut (on oublie quelques minimes fourmillements), la copie demeure impressionnante, la propreté est indéniable (toutes les scories ont disparu) et les contrastes assurés avec des noirs solides. Vous pouvez d’ores et déjà mettre votre DVD (édité en 2009) à la poubelle !

Le mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un réel confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © TF1 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Alibi.com, réalisé par Philippe Lacheau

ALIBI.COM réalisé par Philippe Lacheau, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD le 20 juin 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Philippe Lacheau, Élodie Fontan, Julien Arruti, Tarek Boudali, Nathalie Baye, Didier Bourdon, Nawell Madani, Medi Sadoun, Vincent Desagnat, JoeyStarr…

Scénario : Julien Arruti, Pierre Dudan, Philippe Lacheau

Photographie : Dominique Colin

Musique : Maxime Desprez, Michaël Tordjman

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Greg a fondé une entreprise nommée Alibi.com qui crée tout type d’alibi. Avec Augustin son associé, et Medhi son nouvel employé, il élabore des stratagèmes et mises en scène imparables pour couvrir leurs clients. Mais la rencontre de Flo, une jolie blonde qui déteste les hommes qui mentent, va compliquer la vie de Greg, qui commence par lui cacher la vraie nature de son activité. Lors de la présentation aux parents, Greg comprend que Gérard, le père de Flo, est aussi un de leurs clients…

Mine de rien, l’ancienne Bande à Fifi du Grand Journal sur Canal+ a su s’imposer au cinéma en une poignée de films. Succès surprise de 2014, Babysitting avait attiré 2,4 millions de spectateurs et 3,2 millions pour sa suite sortie en décembre 2015 ! Alors qu’il avait partagé la casquette de réalisateur avec Nicolas Benamou, Philippe Lacheau, également vedette de ses films, signe seul Alibi.com, son comparse étant parti mettre en scène A fond avec José Garcia et André Dussollier. Pour sa troisième comédie, Philippe Lacheau s’octroie une fois de plus le premier rôle et s’entoure de ses potes, Tarek Boudali et Julien Arruti (également coscénariste), de la belle Elodie Fontan (Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, Babysitting 2), mais aussi de vieux briscards comme Nathalie Baye et Didier Bourdon. Philippe Lacheau a également réservé quelques caméos pour Vincent Desagnat, Kad Merad, Michèle Laroque, JoeyStarr, La Fouine, Chantal Ladesou, le YouTubeur Norman. Bref, le comédien qui s’est improvisé metteur en scène a le vent en poupe.

Dans Alibi.com, il interprète Greg, la trentaine, qui s’est associé avec son ami Augustin afin de créer une entreprise un peu particulière. Envie de cacher la vérité à son ou sa conjoint(e) pour avoir du temps libre ou couvrir une infidélité ? C’est possible grâce à leur société Alibi.com qui propose les meilleures excuses et stratagèmes possibles. Les affaires marchent très bien. Un client demande aux deux hommes et à leur employé Medhi de trouver une parade alors qu’il doit passer le week-end avec sa nouvelle conquête. Or, Greg découvre qu’il s’agit de Gérard, le père de sa fiancée Flo à qui il n’a rien dit sur son activité et qui ne supporte pas le mensonge. Alibi.com a été un immense succès au cinéma avec 3,6 millions d’entrées. Il n’y a aucune explication pour ce phénomène, d’autant plus que Philippe Lacheau n’est jamais crédible, que son jeu d’acteur laisse franchement à désirer, tout autant que son charisme lisse. Pas une seule de ses répliques ne tombe juste. C’est aussi le cas pour ses deux complices, Tarek Boudali et Julien Arruti, qui ont toujours l’air de se demander ce qu’ils font là, ou plutôt comment ils ont pu être catapultés en haut du box-office. Heureusement que Nathalie Baye et Didier Bourdon sont présents. Non seulement les deux vétérans ont l’air de s’amuser comme des gamins, mais en plus leur jeu et leur talent renvoient leurs jeunes partenaires dans les cordes. Seul le naturel de la pétillante Elodie Fontan parvient réellement à surnager parmi la troupe, tout comme les participations des excellents Medi Sadoun et Philippe Duquesne, sans oublier Nawell Madani en cagole. A côté de ça, Alibi.com n’est ni plus ni moins qu’un mauvais vaudeville aux gags éculés avec portes qui claquent, adultères, mensonges, quiproquos pouët-pouët, vannes rouillées et blagues molles qui se terminent presque par un ouin-ouin-ouin ouin ouin… Une succession de sketchs improbables, jamais inspirés, usés jusqu’à la moelle, saupoudré de références geeks (Retour vers le futur, Fast & Furious, Assassin’s Creed, Star Wars, Marvel, JCVD) tout juste sympathiques.

Tout ça pour finir sur une morale à deux balles et bien-pensante, politiquement correcte, contrairement aux deux comédies, très réussies, de Franck Gastambide, Les Kaïra et Pattaya. Les comédies de Philippe Lacheau sont du même acabit que celles d’un Fabien Onteniente ou de Philippe de Chauveron. Poussif, fatiguant, sans rythme, sans aucun effort de mise en scène (mais sans le found-footage hideux des deux Babysitting) et au montage bâclé (plus de trente minutes ont été coupées et ça se ressent), Alibi.com ne peut compter que sur ses seconds rôles pour faire sourire. Il serait temps que Philippe Lacheau pense à laisser le premier rôle à un comédien plus chevronné et surtout plus compétent, ce qui pourrait peut-être lui assurer un succès encore plus grand. Et qu’il engage un vrai scénariste aussi par la même occasion, car à force de proposer tout et n’importe quoi dans le même film, on ne retient finalement que ce qui est indigeste.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Alibi.com, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Suite au grand succès du film dans les salles, on pouvait s’attendre à beaucoup plus de suppléments. En effet, l’éditeur ne fournit qu’un making of de 23 minutes divisé en plusieurs chapitres. Foncièrement sympathique, composé de nombreuses images de tournage et du plateau, ce documentaire montre une équipe très complice et toujours en train de se marrer. Quelques propos des comédiens, des scénaristes et du réalisateur sont également disponibles, tout comme des scènes ratées en raison de fous-rires. On y apprend également que Philippe Lacheau était accompagné à la mise en scène par David Diane, qui supervisait l’ensemble. Les cascades automobiles étaient réglées quant à elles par David Julienne, petit-fils de Rémy Julienne.

L’Image et le son

Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes sombres sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), ça foisonne aux quatre coins du cadre, le relief est indéniable et la photo estivale du chef opérateur Dominique Colin (Gardiens de l’ordre, Les Poupées russes, Le Convoyeur) trouve en Blu-ray (au format 1080p) un bel écrin. Signalons qu’Alibi.com est également le premier film français à bénéficier d’une édition en 4K Ultra HD.

Alibi.com repose essentiellement sur les dialogues. La piste DTS-HD Master Audio 5.1 distille les voix des comédiens avec un beau ramdam, tandis que les latérales s’occupent de la musique du film. Une spatialisation concrète, dynamique, immersive et efficace, surtout lors des séquences agitées à l’instar de la poursuite finale à la Fast & Furious. Une version Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également au programme.

Crédits images : © Studiocanal / Paul Tomazini – Fechner Films / TF1 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Revenger, réalisé par Walter Hill

REVENGER (The Assignment) réalisé par Walter Hill, disponible en DVD et Blu-ray le 6 juin 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Michelle Rodriguez, Sigourney Weaver, Tony Shalhoub, Caitlin Gerard, Terry Chen, Anthony LaPaglia

Scénario : Walter Hill, Denis Hamill

Photographie : James Liston

Musique : Giorgio Moroder, Raney Shockne

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Une chirurgienne brillante et manipulatrice décide de se venger du meurtre de son frère. Elle est prête à tout pour retrouver le tueur et lui faire payer son crime….au-delà de l’imaginable.
Frank Kitchen est un tueur sans pitié qui pourchasse ses proies et les abat froidement pour éxécuter ses contrats. Mais cette fois ci, le contrat, c’est lui. Un contrat motivé par un puissant désir de vengeance qui doit le mener sur le chemin de la rédemption. Après s’être fait kidnapper, Frank se réveille avec un nouveau visage…
Comprenant qu’il est l’objet d’une terrible manipulation, c’est à son tour de mettre en œuvre sa vengeance : elle sera redoutable !

Si Du plomb dans la tête avait marqué le retour de Walter Hill derrière la caméra dix ans après Un seul deviendra invincible, le cinéaste n’aura pas attendu aussi longtemps pour livrer son nouveau film Revenger, The Assignment en version originale. Comme pour son précédent long métrage, Walter Hill adapte une bande dessinée, publiée en France sous le titre Corps et Ame (chez Rue de Sèvres), cosignée par le réalisateur lui-même avec Matz et Jef. Revenger reprend la même intrigue. Frank n’est pas un type bien. Des hommes, il en a descendus des dizaines, proprement, sans histoires, un vrai pro. Pourtant, il aurait pu se douter que cette affaire payée le double était louche. Mais le réveil est bien plus rude que tout ce qu’il pouvait imaginer : si son âme est toujours homme, son corps, lui, est devenu femme. Une vengeance pour un crime passé. Sa vengeance à lui commence, et elle ne laissera personne indemne. Walter Hill ne le cache pas, Revenger, dont le script initial – sous le titre Tomboy – remonte aux années 1970, est une pure série B tournée avec un budget très restreint (on parle de 2,5 millions de dollars) et une intrigue réduite au plus simple.

Le plus amusant du film car le plus improbable, c’est bien évidemment la performance de Michelle Rodriguez, qui n’est certes pas la plus sobre des comédiennes, mais qui a l’air de s’amuser à jouer un tueur à gages, avec la barbe qui n’a d’égale que la perruque de Christophe Lambert dans Vercingétorix : la légende du druide roi et le service trois-pièces en latex, qui subit une vaginoplastie comme représailles après un contrat qui a mal tourné. Autant dire que le réveil est difficile pour ce mec macho qui lève des nanas dans les bars éclairés aux néons. Mais s’il doit dorénavant prendre des hormones et « accepter » sa nouvelle situation, il, ou elle désormais, est bien décidée à retrouver celle qui est responsable de cette nouvelle identité, tout en flinguant les sbires qui se mettront sur sa route. Michelle Rodriguez en fait des tonnes, fronçant les yeux et en faisant la moue, pétoires à la main et démarche de camionneuse. Ça défouraille pas mal, mais malheureusement le récit ne suit pas une seconde.

Revenger qui se complaît dans une esthétique craspec avec une nonchalance assumée, tout en plagiant l’idée centrale du chef d’oeuvre de Pedro Almodóvar, La Piel que habito, avec un zest de Sin City avec cette voix-off omniprésente. Entre Michelle Rodriguez d’un côté en mode bulldozer, et Sigourney Weaver sanglée dans une camisole de force qui tape la discute avec son toubib Tony Shalhoub, Revenger est un film qui adopte un rythme de croisière avec le frein à main serré, tandis que le spectateur attend toujours la scène d’action qui viendra un peu remuer tout ça. Peine perdue.

Revenger est un thriller pulp, mâtiné de plans directement issus de la BD avec des arrêts sur image « comics » qui tentent de donner une identité à l’ensemble. Ce n’est pas déplaisant, surtout avec ce personnage principal qui tente de renouer avec son identité, ce qui vaut quelques réflexions sur le genre, mais Revenger est tellement lent, lambda et déjà-vu, qu’il ne se distingue jamais du tout-venant. Et qu’est-ce que c’est bavard ! C’est vraiment dommage, surtout que Walter Hill avait prouvé avec le réjouissant Du plomb dans la tête, buddy movie renvoyant directement à ceux réalisés dans les années 80, qu’il en avait encore sous le capot.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Revenger, disponible chez TF1 Vidéo après un passage en VOD, a été réalisé à partir d’un check disc. Le menu principal est animé et musical.

Edition minimaliste pour Revenger puisque l’éditeur ne livre qu’un petit entretien de Walter Hill et de Michelle Rodriguez (12’), visiblement réalisé à l’occasion de la promotion du film par le journaliste Didier Allouch. Dans un premier temps, le réalisateur monopolise la parole tandis que la comédienne se contente d’acquiescer et de renifler dans le micro Studiocanal. Walter Hill revient sur la genèse de Revenger, sur le budget restreint et le fait de réaliser une série B, sur les partis pris et la BD à l’origine du film. Michelle Rodriguez sort ensuite de sa torpeur et de son rhume pour indiquer à quel point elle s’est sentie femme en incarnant un homme. Merci Michelle.

L’Image et le son

Le master HD (1080p) français de Revenger édité par TF1 Vidéo restitue habilement les volontés artistiques du chef opérateur James Liston (Lost Identity) en conservant un très léger grain cinéma, des couleurs à la fois chaudes et froides, des contrastes léchés ainsi qu’un relief constamment palpable. La compression AVC consolide l’ensemble avec brio, les détails sont légion sur le cadre large et les visages des comédiens, le piqué est aiguisé, les noirs denses, les blancs cramés et la copie éclatante. Les très nombreuses séquences nocturnes jouissent également d’une belle définition, même si les détails se perdent quelque peu.

Pour un film de ce genre, nous nous attendions à un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 plus ardent. En français comme en anglais, la scène latérale distille ses effets avec une étonnante parcimonie et il faut véritablement attendre les quelques séquences d’action pour que la spatialisation se fasse enfin concrète et que le caisson de basses se réveille. Sans grande surprise, la version originale se révèle plus naturelle et riche que la piste française. Les dialogues manquent de punch et d’intelligibilité sous la percutante balance frontale.

Crédits images : © TF1 Vidéo / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

 

Test DVD / Rocco, réalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlai

ROCCO réalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlai, disponible en combo DVD-Blu-ray le 4 avril 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Rocco Siffredi, Rozsa Tano, Gabriele Galetta, Kelly Stafford, Mark Spiegler, Abella Danger, John Stagliano

Photographie : Alban Teurlai

Musique : Pierre Aviat

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

En trente ans de carrière, Rocco Siffredi reste la plus grand star masculine du cinéma pornographique. Ses amis disent qu’il a deux vies, celle de père de famille et celle de propriétaire d’un titre, d’un mythe. Lui-même dit avoir payé le prix fort dans sa vie personnelle. A 50 ans, il décide de mettre un terme à sa carrière avec un dernier long métrage. Alors que le film se prépare, le hardeur dévoile les raisons qui l’ont poussé à arrêter, les difficultés de sa vie de famille et le rôle ambigu que la nymphomanie a joué dans sa vie…

Né le 4 mai 1964 dans les Abruzzes, Rocco Tano alias Rocco Siffredi, pseudo venant du personnage incarné par Alain Delon dans Borsalino, est l’homme de tous les records dans le domaine de la pornographie. Depuis ses débuts en 1986, on lui prête plus de 5000 partenaires à l’écran et plus de 1500 films. Quant à la taille de, vous savez, cela oscille entre 23 à 25 cm, probablement en raison de la météo, et cela a largement contribué à sa réputation. Réalisateur, producteur et surtout acteur de films pornographiques, Rocco Siffredi est devenu une marque de fabrique. Spécialisé dans le style gonzo, qui inclut des scènes violentes avec gifles et même crachats à la tête de celle qui passe entre ses griffes, Rocco Siffredi est à la pornographie ce que Mike Tyson est à la boxe : une légende vivante. Sa mère aurait voulu qu’il soit curé, il est devenu acteur porno avec sa bénédiction, consacrant sa vie à un seul dieu : le Désir. En trente ans de métier, Rocco Siffredi aura visité tous les fantasmes de l’âme humaine et se sera prêté à toutes les transgressions. Hardeur au destin exceptionnel, Rocco plonge dans les abîmes de son addiction au sexe et affronte ses démons dans ce documentaire en forme d’introspection. Le moment est aussi venu, pour le monstre sacré du sexe, de raccrocher les gants. Pour tourner la dernière scène de sa carrière, Rocco a choisi ce documentaire. Une galerie de personnages – famille, amis, partenaires et professionnels du porno – l’accompagne jusqu’à cette sortie de scène spectaculaire. Des repas de famille à Budapest aux tournages de films pornographiques à Los Angeles, des ruelles italiennes d’Ortona aux villas américaines de la Porn Valley, le film déroule l’histoire d’une vie hantée par le désir et révèle en filigrane les coulisses du X, derrière le scandale et l’apparente obscénité. À l’heure où la pornographie sort de la clandestinité, envahit le cinéma traditionnel, la mode et l’art contemporain, c’est un univers à part entière, filmé au plus près, qui se dévoile à travers le parcours de Rocco Siffredi.

Après avoir tourné Relève : histoire d’une création, un documentaire sur le danseur et chorégraphe Benjamin Millepied, les réalisateurs Thierry Demaizière et Alban Teurlai se voient proposer un film sur la pornographie américaine. D’abord perplexes, les deux collaborateurs acceptent et prennent comme partis pris de se focaliser sur Rocco Siffredi et de suivre l’acteur porno pendant deux ans, avec son accord, dans sa vie privée, auprès de son épouse et de ses deux fils, mais également sur le plateau avec ses partenaires, sans oublier les moments où Siffredi se retrouve seul, face à lui-même. Si on l’a souvent vu à poil, c’est bien la première qu’il se met à nu. De son propre aveu, l’acteur traversait la pire période de sa vie, ce qui se reflète sur son visage émacié, usé, vieilli. C’est de là que proviennent la grande surprise et l’intérêt de ce documentaire. Il n’y a rien d’excitant dans Rocco, mais ce portrait dressé (nous parlons bien du portrait) ne brosse pas l’acteur dans le sens du poil et le montre dans ses contradictions. Fier de ce qu’il est devenu, confortablement installé en Hongrie, Rocco Siffredi est aussi un homme devenu esclave du monstre qu’il a créé (« ma sexualité est mon démon »), un super hardeur, un mâle alpha dominateur, un produit demandé aux quatre coins du monde, un phénomène de foire, un trépied que les jeunes actrices, fascinées par sa taille (1m85) et sa taille en centimètres, désirent monter pour l’inscrire sur leur C.V.

Parallèlement, on suit également son cousin Gabriele, qui a fait sa carrière, pour ne pas dire sa vie sur le vit de Rocco Siffredi en tant que caméraman et réalisateur. Parfaitement conscient de cette dépendance (« Qu’aurait été notre vie, si son sexe ne s’était pas dressé ? »), Gabriele se montre jaloux quand il « disparaît » derrière l’objectif pour filmer les ébats. Ce personnage quasi-tragique et pathétique interpelle, surtout lorsqu’il souhaiterait donner une touche un peu plus artistique à sa mise en scène, mais qui doit chaque fois revoir ses ambitions puisque Rocco lui indique que le porno implique d’aller directement à l’essentiel sans effusions techniques. Une vraie commedia dell’arte. En plus de ce double intérêt, Rocco donne la parole aux femmes. Celle qui partage la vie de Rocco, mais aussi toutes ses partenaires. On voit un Rocco attentionné, qui prend le temps de les connaître un peu mieux avant de passer à l’acte, leur demandant ce qu’elles aiment dans le sexe, jusqu’où elles peuvent aller et jusqu’où lui puisse se permettre d’aller avec elles. Rocco n’est pas moins un film sur l’industrie contemporaine de la pornographie que sur un acteur qui a dédié toute sa vie à son « art », au point de devenir prisonnier de son personnage. Mais le doute l’habite.

Au-delà du documentaire, Rocco peut se voir comme un vrai drame intimiste sur un homme d’une extrême complexité, touchant (avec les fantômes omniprésents de son frère et de sa mère décédés), parfois sombre et torturé, partagé entre le désir d’arrêter sa carrière quand il se rend compte que ses partenaires ont souvent l’âge de ses deux fils, mais frustré, malheureux et souffrant véritablement quand il admet que la pornographie fait partie de lui et qu’il ne pourra pas s’en passer. Très bien réalisé et photographié, sans plan « choc » et ni scènes de pénétration, pouvant parfois rendre mal à l’aise, loin des clichés et des idées reçues, c’est donc à la fois plusieurs portraits qui s’entrecroisent autour du thème du sexe dans ce documentaire. Celui de Rocco Siffredi donc, qui se livre corps et âme devant la caméra et qui se prépare à tourner sa dernière scène, de son cousin Gabriele et de toutes ces femmes, qui s’expriment librement sur leurs désirs et leur sexualité, notamment l’alter ego féminin de Rocco, Kelly Stafford, qui considère sa condition de star du porno comme un acte féministe.

Thierry Demaizière et Alban Teurlai se focalisent sur les mains, les visages usés, les crampes, les muscles, les ecchymoses, les corps avant et après « la bataille », tandis que les acteurs se remercient en se serrant la main, avant d’aller sous la douche. Des gladiateurs et lutteuses qui s’affrontent dans une guerre charnelle et de liquide séminal, mais dont la descente d’orgasme renvoie souvent à leur propre solitude. Rocco, captivant et fascinant documentaire existentiel ? Assurément.

LE DVD

Le test du DVD de Rocco, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Si vous avez aimé le documentaire, alors n’hésitez pas à prolonger le programme avec les interviews proposées en bonus. Pendant une vingtaine de minutes, Rocco Siffredi s’exprime (en français) sur la genèse du projet, sur l’évolution du milieu pornographique, sur sa rencontre avec Thierry Demaizière et Alban Teurlai et ce qui l’a poussé à se dévoiler devant leur caméra. L’acteur évoque également ses dernières années en tant qu’acteur porno, sa dépression (« ils m’ont filmé au pire moment de ma vie »), sa dépendance au sexe et avoue avoir été très mal à l’aise en découvrant le film pour la première fois. Il clôt cette excellente interview en parlant de la sexualité des jeunes d’aujourd’hui et de son lien avec l’accès à la pornographie via internet.

C’est ensuite au tour de Thierry Demaizière et d’Alban Teurlai (12’) de s’exprimer sur la mise en route du projet (à l’origine une commande pour un documentaire sur la pornographie américaine) et leur rencontre avec Rocco Siffredi. Leurs propos prolongent leur travail, notamment quand les réalisateurs parlent de la personnalité complexe de leur protagoniste, « un personnage dense et intense », « Non pas le roi du porno confortablement installé sur son trône, mais un être tragique, sombre et tourmenté ». Les partis pris (« ni juger ni encenser le personnage »), leur collaboration avec Rocco Siffredi, mais aussi les femmes présentes dans le documentaire, sans oublier l’approche visuelle et sonore, Thierry Demaizière et d’Alban Teurlai mentionnent tous ces sujets passionnants en déclarant également que le film plaît – contre toute attente – plus aux femmes qu’aux hommes.

L’Image et le son

Tourné en numérique, Rocco bénéficie d’une très belle édition SD, qui rend justice aux images souvent stylisées des deux documentaristes et de leur chef opérateur Alban Teurlai, restituées avec une précision d’orfèvre. Le cadre est superbe, la colorimétrie élégante, entre couleur et N&B et le relief omniprésent. L’encodage consolide l’ensemble avec fermeté, le piqué est merveilleusement acéré, les noirs compacts et les contrastes denses.

La piste multilangue (osons le mot ici) 5.1 sous-titrée en français demeure au point mort pendant près de deux heures et il faut attendre l’accompagnement musical pour que les enceintes arrière se réveillent sensiblement. Les séquences demeurent essentiellement axées sur les frontales, les latérales se contentant d’un écho très lointain. Pour cause de tournage brut, l’enregistrement sonore varie selon les conditions des prises de vues et de la distance des documentaristes avec leur(s) sujet(s) filmé(s). Pour une meilleure homogénéité, la stéréo se révèle parfaite, percutante à souhait, cette piste donne finalement plus de corps à l’ensemble.

Crédits images : © Emmanuel Guionet / Mars Films / TF1 Vidéo / Captures du DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Demain tout commence, réalisé par Hugo Gélin

DEMAIN TOUT COMMENCE réalisé par Hugo Gélin, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Omar Sy, Clémence Poésy, Antoine Bertrand, Ashley Walters, Gloria Colston, Clémentine Célarié

Scénario : Hugo Gélin, Mathieu Oullion, Jean-André Yerles d’après le film « Ni repris ni échangé » de Eugenio Derbez

Photographie : Nicolas Massart

Musique : Rob Simonsen

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Samuel vit sa vie sans attaches ni responsabilités, au bord de la mer sous le soleil du sud de la France, près des gens qu’il aime et avec qui il travaille sans trop se fatiguer. Jusqu’à ce qu’une de ses anciennes conquêtes lui laisse sur les bras un bébé de quelques mois, Gloria : sa fille ! Incapable de s’occuper d’un bébé et bien décidé à rendre l’enfant à sa mère, Samuel se précipite à Londres pour tenter de la retrouver, sans succès. 8 ans plus tard, Samuel et Gloria ont fait leur vie à Londres et sont devenus inséparables. Pour qu’elle ne soit pas triste, Samuel envoie des e-mails à sa fille en se faisant passer pour sa mère. C’est alors que celle-ci réapparaît dans leur vie…

Demain tout commence. Ce n’est pas le slogan de la campagne de notre désormais Président de la République Emmanuel Macron, mais le titre du second long métrage du jeune réalisateur Hugo Gélin. Petit-fils de Daniel Gélin et de Danièle Delorme (à qui le film est dédié), fils de Xavier Gélin (l’inoubliable garagiste du Diable par la queue), Hugo Gélin a de qui tenir et autant dire que le talent coule dans les veines de ce cinéaste né en 1980. Sorti en 2012, son premier film Comme des frères était un vrai petit bijou sur l’amitié entre trois hommes que tout séparait, l’âge, la situation sociale, la philosophie de vie. Dans Demain tout commence, on retrouve l’humour, l’énergie et la tendresse qui faisaient la réussite de son précédent film, mais le récit s’avère bien trop mécanique cette fois.

Demain tout commence est le remake de la comédie mexicaine, No se aceptan devoluciones Ni repris ni échangé (2013) réalisé par Eugenio Derbez. A l’instar d’Un homme à la hauteur de Laurent Tirard, remake d’un film argentin, le cinéma sud-américain inspire décidément la comédie française puisque certaines séquences y sont reprises plan par plan. Depuis le gigantesque succès d’Intouchables, Omar Sy enchaîne les succès français (De l’autre côté du périph, Samba, Chocolat) et les participations à de gros puddings hollywoodiens (X-Men: Days of Future Past, Inferno, Jurassic World). Dans Demain tout commence, le comédien se donne à fond dans le rôle de Samuel, adulescent qui du jour au lendemain se retrouve avec un bébé sur les bras. Cependant, malgré cette incroyable énergie qui le caractérise, Omar Sy peine à convaincre, surtout dans les scènes dramatiques. La faute à une écriture larmoyante qui enchaîne les poncifs à la soap opéra et à une direction d’acteurs décevante. Si la partie comédie est soignée, le reste ne prend pas, les acteurs en font trop et le troisième acte plus centré sur l’émotion avec la possible séparation entre le père et sa fille, ne fonctionne pas.

L’image est clinquante, mais soignée, la b.o. fait office de juke-box et la petite Glora Colston affiche un vrai tempérament de comédienne et une vraie personnalité. Mais la relation avec Omar Sy paraît forcée, avec une ardeur et une hystérie mal canalisées, comme la séquence « montage » qui montre les années qui passent. Comme des frères apparaissait beaucoup plus spontané et l’on passait du rire aux larmes sans que le cinéaste nous impose comme ici des sentiments de manière plus pesante en se reposant trop sur le naturel de ses comédiens, ainsi que sur la musique rentre-dedans du compositeur américain Rob Simonsen (500 jours ensemble, Foxcatcher). Néanmoins, saluons les belles prestations de Clémence Poésy, soleil masqué par une éclipse, qui émeut malgré le retournement de situation quelque peu ingrat à son égard dans la dernière partie, sans oublier celle de l’excellent Antoine Bertrand, comédien québécois découvert dans Starbuck et vu dernièrement dans Le Petit locataire. Les scènes de ce dernier sont les plus réussies du film et son jeu élève d’ailleurs celui d’Omar Sy avec qui le courant et la complicité sont évidents à l’écran.

Du point de vue technique, Demain tout commence est élégant, les décors sont beaux, la photo lumineuse et colorée ravit les yeux, et le tournage à Londres apporte une petite touche « exotique » peu vue dans le cinéma français. Même s’il déçoit quelque peu après un formidable premier long métrage et s’il ne retrouve pas la fraîcheur de Comme des frères, Hugo Gélin a su toucher un large public avec Demain tout commence puisque 3,3 millions de spectateurs se sont déplacés dans les salles.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Demain tout commence, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est élégant, animé et musical.

La section des suppléments contient un making of (19’) classique, mais bien fichu, constitué d’interviews de l’équipe et d’images de tournage. L’accent est mis ici sur la complicité entre Omar Sy et Gloria Colston, ainsi que sur la bonne humeur qui régnait sur le plateau.

Deux featurettes de trois minutes se focalisent sur Omar Sy d’un côté et sur Hugo Gélin de l’autre, en reprenant principalement des images et des propos du making of précédent. Du remplissage quoi.

L’interactivité se clôt sur un bêtisier très sympa (4’).

L’Image et le son

Superbe ! Ce remarquable master HD n’a de cesse de flatter les yeux avec une superbe restitution de la colorimétrie chatoyante et étincelante (des bleus étincelants) pour la partie Sud de la France, plus froide dès l’arrivée de Samuel à Londres, une luminosité de tous les instants, un piqué acéré ainsi qu’une profondeur de champ omniprésente. Les contrastes sont denses et luxuriants, les détails foisonnent et les partis pris esthétiques raffinés du chef opérateur Nicolas Massart (Comme des frères, Paris à tout prix) trouvent en Blu-ray un magnifique écrin.

On sent que le réalisateur a voulu se faire plaisir car la bande-son de Demain tout commence compile quelques tubes comme le mythique People Get Up And Drive Your Funky Soul de James Brown, le bourrin Barbra Steisand de Duck Sauce ou le Everybody’s Gotta Live d’Arthur Lee. Tous ces tubes s’enchaînent avec la musique de Rob Simonsen et profitent d’une large ouverture des enceintes frontales et latérales, sans oublier le caisson de basses qui ponctue souvent la bande originale. Cette brillante spatialisation laisse également une belle place aux ambiances naturelles et les dialogues demeurent percutants sur la centrale. Outre ce mixage DTS-HD Master Audio 5.1, les sous-titres destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Julien Panié / Vendôme – Mars / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Sing Street, réalisé par John Carney

SING STREET réalisé par John Carney, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Ferdia Walsh-Peelo, Lucy Boynton, Jack Reynor, Maria Doyle Kennedy, Aidan Gillen, Kelly Thornton

Scénario : John Carney

Photographie : Yaron Orbach

Musique : John Carney, Gary Clark

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

A Dublin, dans les années 1980. A court d’argent, les parents de Conor décident de l’envoyer dans une école publique. Sur place, il doit supporter la discipline de fer d’un prêtre retors et subit les brimades d’une petite brute. Il rencontre Raphina, une jeune fille sans famille qui veut revenir à Londres. Immédiatement amoureux, il lui demande de participer au clip de son groupe, groupe qui n’existe pas encore ! Aidé par son frère Brendan, grand amateur de musique, il décide de se lancer avec des camarades du lycée. Ils cherchent leur style et finissent par écrire quelques chansons. Pendant ce temps, Raphina n’a pas abandonné ses rêves…

Le réalisateur-scénariste (et bassiste) irlandais John Carney a fait ses classes dans le clip vidéo. Il met en scène deux courts-métrages avant de signer son premier long en 1996 avec November Afternoon, coréalisé avec Tom Hall, élu Meilleur film irlandais par le Irish Times. En 2001, il crée la série télévisée irlandaise Bachelors Walk, énorme succès de la télévision irlandaise RTÉ.

Il faudra attendre 2007 pour que John Carney soit enfin reconnu dans le monde entier grâce à son film Once, une comédie musicale savoureusement spleen, interprétée par Glen Hansard, leader des Frames, et Markéta Irglova, une musicienne tchèque. Ce petit bijou d’émotions à la BO subjuguante (Oscar de la meilleure chanson pour Falling Slowly en 2008 !) s’est vu couronner par un succès international mérité et porté par une critique élogieuse. En 2014, il revient avec New York Melody, une nouvelle comédie musicale délicate, génialement campée par Keira Knightley – que nous n’avions pas connu aussi attachante et naturelle – et Mark Ruffalo dans les rôles principaux, soutenus par la prometteuse Hailee Steinfeld (True Grit), Adam Levine (le chanteur à la voix de canard du groupe Maroon 5) et la grande Catherine Keener.

Après s’être intéressé à un couple de musiciens, John Carney propose un petit voyage dans le temps avec Sing Street puisque l’action de son nouveau film musical se déroule dans les années 1980 à Dublin. La pop, le rock, le métal, la new wave passent en boucle sur les lecteurs K7, vibrent dans les écouteurs des walkmans et le rendez-vous hebdomadaire devant «Top of the Pops» est incontournable. Conor, un lycéen dont les parents sont au bord du divorce, est obligé à contrecoeur de rejoindre les bancs de l’école publique dont les règles d’éducation diffèrent de celles de l’école privée qu’il avait l’habitude de fréquenter. Il se retrouve au milieu d’élèves qui le malmènent et de professeurs exigeants qui lui font rapidement comprendre qu’en tant que petit nouveau, il va devoir filer doux. Afin de s’échapper de cet univers violent, il n’ a qu’un objectif : impressionner la plus jolie fille du quartier, la mystérieuse Raphina. Il décide alors de monter un groupe et de se lancer dans la musique, univers où il ne connaît rien, ni personne, à part les vinyles de sa chambre d’adolescent. Afin de la conquérir, il lui propose de jouer dans son futur clip.

Sing Street est ce qu’on appelle désormais un feel-good movie qui joue sur la nostalgie des spectateurs tout en le caressant dans le sens du poil. Inoffensif et très attachant, Sing Street repose sur l’énergie des comédiens, sur l’atmosphère d’une époque spécifique bien retranscrite avec les costumes, les décors et bien évidemment la musique qui tient une fois de plus une place prépondérante dans l’histoire en se focalisant cette fois sur un groupe d’adolescents paumés.

Si John Carney reprend quelques motifs de ses précédents films, à l’instar des morceaux joués dans la rue, ses personnages sont ici plus jeunes, plus innocents, qui rêvent de partir de Dublin, touché par une grave récession économique, pour aller tenter leur chance à Londres. Encore faut-il avoir un projet et surtout avoir le courage de traverser ce bras de mer qui les sépare du Pays de Galles ! Le réalisateur dirige sa troupe, excellente, avec tendresse et une énergie contagieuse. Les jeunes comédiens sont excellents et très spontanés. Ferdia Walsh-Peelo, vu dans la série Vikings et Lucy Boynton, prochainement dans la version du Crime de l’Orient-Express de Kenneth Branagh sont très prometteurs, tout comme leurs partenaires qui composent le groupe Sing Street, sans oublier le génial personnage de Brendan, le grand frère de Conor, incarné par Jack Reynor.

La BO est une fois de plus très soignée (on y entend Duran Duran, The Cure, A-ha), les chansons (essentiellement écrites par John Carney et Gary Clark) entraînantes et entêtantes, la mise en scène demeure élégante et les dialogues très bien écrits. C’est très sympa, follement attachant et léger comme une bulle de savon, avec ce qu’il faut d’émotion pour emporter totalement l’adhésion. Récompensé par le Hitchcock d’or et prix du scénario au Festival du film britannique de Dinard en 2016, Sing Street est un récit initiatique que l’on voit et qui restera probablement dans un coin de la tête. Une nouvelle réussite à inscrire au palmarès de John Carney !

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Sing Street, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Les suppléments déçoivent à plus d’un titre puisque nous ne trouvons que trois minuscules featurettes (10 minutes au total) et deux clips vidéo !

Les trois petits modules reviennent rapidement sur le casting du film, la création des chansons et de la musique de Sing Street et sur le tournage proprement dit. Quelques propos du réalisateur John Carney, du chanteur et compositeur Adam Levine, leader du groupe Maroon 5 (vu dans le précédent film du metteur en scène) et des comédiens illustrent des images tirées du plateau.

L’éditeur joint donc également le clip de Go now (4’) et celui de Drive It Like You Stole It (4’).

L’Image et le son

Après un passage plutôt discret dans les salles françaises, Sing Street est pris en main par TF1 vidéo pour sa sortie dans les bacs. Nous sommes devant un très beau master HD. La définition est optimale, la luminosité affirmée, ainsi que le relief, la gestion des contrastes et le piqué sans cesse affûté. L’apport HD est constant et renforce la colorimétrie pétillante, l’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio, les détails fourmillent sur le cadre, et toutes les séquences de jour tournées en extérieur sont magnifiques de précision.

Comme pour l’image, l’apport HD pour Sing Street permet de profiter à fond de la bande originale. En version originale, comme en français, les deux pistes DTS-HD Master Audio 5.1 s’en donnent à coeur joie en ce qui concerne la spatialisation de la musique. Chaque enceinte est remarquablement mise à contribution, précise dans les effets, avec une impressionnante balance frontales-latérales et une fluidité jamais démentie. Le caisson de basses participe évidemment à ces numéros, nous donnant d’ailleurs le rythme pour taper du pied en cadence.

Maintenant, au jeu des comparaisons, la piste française s’avère un cran en dessous la version originale du point de vue de la délivrance des dialogues. Dans les deux cas, les ambiances naturelles ne manquent pas, les effets sont concrets et immersifs. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue à la volée est verrouillé.

Crédits images : © Mars Films / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Captain Fantastic, réalisé par Matt Ross

CAPTAIN FANTASTIC réalisé par Matt Ross, disponible en DVD et Blu-ray le 14 février 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Viggo Mortensen, Frank Langella, George Mackay, Samantha Isler, Annalise Basso, Nicholas Hamilton, Shree Crooks, Charlie Shotwell, Ann Dowd, Erin Moriarty, Missi Pyle

Scénario : Matt Ross

Photographie : Stéphane Fontaine

Musique : Alex Somers

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes.
Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris.

C’est l’un des succès surprises de l’année 2016. Captain Fantastic, réalisé par Matt Ross, aura attiré près de 600.000 spectateurs français dans les salles à sa sortie. Ben et sa femme détestaient la société consumériste et ont donc tout quitté pour aller vivre dans les bois. Alors que son épouse est à l’hôpital, Ben continue à enseigner à ses six enfants comment vivre en communion avec la nature et les forme aux techniques de survie. Ils les entraînent à chasser, à pratiquer l’escalade, les arts martiaux, les langues étrangères, le tir à l’arc, les poussent à dépasser leurs limites physiques et leur fait l’école, tout en célébrant chaque année l’anniversaire du linguiste et philosophe Noam Chomsky. Leur monde s’écroule quand leur mère, bipolaire, se suicide. Ben découvre le testament de son épouse. Il est bien décidé à ce que ses dernières volontés soient respectées. Le père de la défunte, qui menace de faire arrêter Ben s’il se rend à la cérémonie, compte bien enterrer sa fille alors que la jeune femme voulait être incinérée.

Acteur vu dans la série Silicon Valley, mais aussi au cinéma dans L’Armée des douze singes, Volte/Face, Les Derniers jours du Disco et même dans Les Visiteurs en Amérique, Matt Ross signe son premier long métrage en 2012, 28 Hotel Rooms, inédit dans nos contrées. Son deuxième film en tant que réalisateur, Captain Fantastic, récompensé par le Prix de la mise en scène dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes, sans oublier le Prix du jury et celui du public au Festival du cinéma américain de Deauville, est un petit bijou indépendant. Inspiré par la propre enfance du metteur en scène passée dans quelques communautés de Californie du Nord et de l’Oregon, éloigné de toute technologie, du confort moderne et de la télévision, Captain Fantastic se penche sur les modes de vie et l’éducation alternatifs au XXIe siècle, avec notamment les choix qu’imposent les parents à leurs enfants, dans un environnement éloigné de la société de consommation.

Dans Captain Fantastic, le père de famille est sublimement incarné par Viggo Mortensen, dans un rôle taillé sur mesure, qui a pris en charge l’éducation de ses six enfants. Bo (excellent George MacKay), le fils aîné, maoïste, commence à ressentir un manque social et à s’intéresser aux filles de son âge, d’autant plus qu’il est accepté à Harvard et Yale, sans que son père le sache. Dans un contexte difficile – leur mère vient de décéder – Bo se rebiffe quelque peu et pour la première fois Ben (Mortensen) voit ses idéaux remis en question. On pense souvent au désormais classique Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valerie Faris, avec quelques motifs semblables, la famille réunie dans un véhicule lancé sur les routes américaines, un décès, quelques enfants rebelles. Viggo Mortensen, radieux, est formidablement entouré par un jeune casting très impliqué, mention spéciale aux plus jeunes, d’un naturel confondant.

Doux-amer, pudique et à la fois frontal, joliment mis en scène et photographié par le chef opérateur français Stéphane Fontaine (De battre mon coeur s’est arrêté, De rouille et d’os, Elle), Captain Fantastic émeut, fait rire et réfléchir, interroge sur notre propre rapport à la société et ravit les sens. Le message passe, sans jamais tomber dans la démonstration gratuite et laisse le spectateur se faire sa propre opinion sur ce choix de vie en usant habilement de la fable et de la poésie.

LE DVD

Le test du DVD de Captain Fantastic, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation française.

Un tout petit making de 4 minutes, montre rapidement les comédiens sur le tournage, le tout ponctué par les propos du réalisateur Matt Ross et des acteurs Viggo Mortensen et Frank Langella. Les personnages sont abordés, tout comme l’histoire et les thèmes. Viggo Mortensen évoque rapidement sa préparation dans le nord de l’Idaho, où il a passé son enfance, dans un lieu proche de celui où habite la famille Cash dans le film.

A travers une interview réalisée – le 7 décembre, jour de l’anniversaire de Noam Chomsky ! – par Didier Allouch, le réalisateur Matt Ross revient sur tous les aspects de Captain Fantastic, à l’occasion de la sortie de son film en France (25’). La genèse, les thèmes, ses intentions, les personnages, le casting, le travail avec les enfants et le chef opérateur Stéphane Fontaine, les partis pris, la préparation de Viggo Mortensen, le montage (il existe une version de 3h30 !), sont analysés point par point, le tout illustré par quelques extraits tirés du film en version française et d’images de tournage.

Nous retrouvons le même Didier Allouch, mais cette fois à l’occasion de la présentation de Captain Fantastic au Festival de Sundance (7’). Les comédiens, dont Viggo Mortensen (en français dans le texte), répondent aux questions du journaliste sur le tapis rouge.

L’Image et le son

Seule l’édition DVD a pu être testée. Evidemment, le piqué n’est pas aussi pointu qu’en Blu-ray et la colorimétrie peut avoir tendance à baver quelque peu, mais cette édition SD s’en tire avec les honneurs. Les contrastes sont corrects, les détails plaisants et l’encodage suffisamment solide pour pouvoir faire profiter de la beauté des paysages naturels dans la première partie. La clarté est appréciable, les teintes chaleureuses et solaires. Notons toutefois quelques baisses de la définition sur les plans plus agités filmés en caméra portée.

Les versions anglaise et française bénéficient de mixages Dolby Digital 5.1. Afin de se plonger véritablement dans l’ambiance du film, nous vous conseillons d’oublier immédiatement le doublage français, totalement inapproprié, même si les effets latéraux sont aussi dynamiques qu’en version originale. La piste anglaise est plus homogène et l’exploitation des enceintes arrière judicieuse sur les séquences en extérieur. Le confort acoustique et musical y est cependant plus délicat et posé, tout à fait dans le ton du film. L’éditeur joint également deux pistes Stéréo de fort bon acabit, ainsi qu’une piste Audiodescription et les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mars Films / Captures du DVD :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Radin !, réalisé par Fred Cavayé

RADIN ! réalisé par Fred Cavayé, disponible en DVD et Blu-ray le 31 janvier 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Dany Boon, Laurence Arné, Noémie Schmidt, Patrick Ridremont, Christophe Favre, Karina Marimon

Scénario : Fred Cavayé, Laurent Turner, Nicolas Cuche

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Klaus Badelt

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

François Gautier est radin ! Economiser le met en joie, payer lui provoque des suées. Sa vie est réglée dans l’unique but de ne jamais rien dépenser. Une vie qui va basculer en une seule journée : il tombe amoureux et découvre qu’il a une fille dont il ignorait l’existence. Obligé de mentir afin de cacher son terrible défaut, ce sera pour François le début des problèmes. Car mentir peut parfois coûter cher. Très cher…

Pour elle (2008) et A bout portant (2010) s’imposent parmi les plus grandes réussites du polar populaire français de ces dix dernières années. Le réalisateur Fred Cavayé a su d’emblée imposer une marque de fabrique, proposer aux spectateurs un thriller allant à fond la caisse pendant 1h30, sans lui laisser de temps mort du début à la fin, comme une véritable course contre-la-montre, en prenant modèle sur les films de genre américains. Son troisième long métrage Mea Culpa, qui réunissait les têtes d’affiches de ses précédents films, Vincent Lindon et Gilles Lellouche, a été une immense déception, tant critique que commerciale et s’est soldée par un échec retentissant. Fred Cavayé avait donc besoin de se refaire et a donc accepté Radin !, une œuvre de commande.

Engager Fred Cavayé pour une comédie, sa première en l’occurrence, est peut-être étonnant mais sûrement pas une mauvaise idée car le cinéaste y démontre une nouvelle fois son savoir-faire technique, notamment un sens du rythme servi par un excellent montage. Cavayé s’en sort donc beaucoup mieux, sans aucune commune mesure d’ailleurs, que ses confrères estampillés « réalisateurs de thrillers » comme Florent Siri avec son pathétique Pension complète et Jean-François Richet avec Un moment d’égarement. Radin ! s’avère une comédie inspirée par le genre transalpin des années 1950-60, dans laquelle le rôle principal aurait pu être interprété par Alberto Sordi ou Vittorio Gassman. Nous ne faisons pas là une comparaison entre Dany Boon, roi du box-office dans nos contrées et ses confrères italiens, mais le personnage « hénaurme » qu’il interprète lorgne sur le côté satirique qu’affectionnait tout particulièrement la comédie italienne.

Ceci dit, Dany Boon ne démérite pas dans Radin !. Il signe par ailleurs une de ses meilleures compositions, un hargneux pète-sec qui dissimule en fait un mal-être et une douloureuse solitude. Le comédien s’en donne à coeur joie et parvient même à émouvoir en laissant petit à petit transparaître la sensibilité, la tendresse et même la gravité de son personnage au premier abord antipathique. Si l’intrigue autour de la fille, interprétée par Noémie Schmidt, révélée dans L’Étudiante et Monsieur Henri d’Ivan Calbérac, manque d’intérêt et s’avère trop appuyée, les dialogues sont amusants, les quiproquos s’enchaînent sans aucun temps mort et Dany Boon ne tire jamais la couverture à ses partenaires, notamment à l’excellente Laurence Arné, que l’on a toujours plaisir à retrouver. Elle est ici très délicate et touchante dans le rôle de Valérie, violoncelliste hyper sensible, peu adaptée au monde moderne, qui tombe amoureuse de François. Le duo fonctionne très bien à l’écran et certaines séquences comme celle du restaurant de fruits de mer ou du concert accéléré où François interprète l’intégralité des Quatre Saisons en dix minutes sont vraiment tordantes.

Il en est de même pour le quotidien dépeint du personnage de François, de son enfance à la quarantaine, qui renvoie parfois au monde de la bande dessinée, effet accentué par la mise en scène dynamique de Fred Cavayé. Si l’histoire part un peu dans tous les sens et malgré une fin quelque peu décevante car mélo et trop attendue, Radin ! s’avère une des meilleures comédies avec Dany Boon, décidément toujours meilleur dans un film qu’il ne dirige pas. Radin ! est un très bon divertissement, qui a attiré 3 millions de spectateurs au cinéma en 2016.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Radin !, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film.

Le making of (18’) joint à cette édition est classique, mais remplit parfaitement son contrat à travers des propos précis du réalisateur Fred Cavayé et de ses comédiens, le tout illustré par de nombreuses images du plateau. On y découvre la préparation des acteurs, notamment celle de Dany Boon, coaché au violon par Sarah Nemtanu, premier violon de l’Orchestre National de France. Les répétitions et les scènes ratées sont également de la partie.

Trois petites séquences coupées (6’) sont ensuite proposées. Très réussies on y voit entre autres François (Dany Boon) donner quelques conseils avisés à une vieille dame faisant ses courses, pour mieux choisir son paquet de biscottes.

L’Image et le son

Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes nocturnes sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), le relief est indéniable et la photo élégante du chef opérateur Laurent Dailland (L’hermine, Le Concert, Welcome) trouve en Blu-ray un écrin idéal.

Outre une piste Audiodescription et des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, la version DTS-HD Master Audio 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets, la musique de Klaus Badelt et les ambiances. Quelques séquences auraient peut-être mérité d’être un peu plus dynamiques ou les dialogues parfois quelque peu relevés quand la partition s’envole.

Crédits images : © Mars Films / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

 

Test Blu-ray / Brice 3, réalisé par James Huth

BRICE 3 réalisé par James Huth, disponible en DVD et Blu-ray le 21 février 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Jean Dujardin, Clovis Cornillac, Bruno Salomone, Alban Lenoir, Noëlle Perna, Louis-Do de Lencquesaing

Scénario : Jean Dujardin, James Huth, Christophe Duthuron, Laurent Baffie

Photographie : Stéphane Le Parc

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Brice est de retour. Le monde a changé, mais pas lui. Quand son meilleur ami, Marius, l’appelle à l’aide, il part dans une grande aventure à l’autre bout du monde… Les voyages forment la « jaunesse » mais restera-t-il le roi de la casse ?

Après 4,5 millions de spectateurs et plus de onze ans après la sortie du premier volet, Brice (de Nice) est de retour. A l’exception des Petits mouchoirs, film choral, Brice de Nice demeure à ce jour le plus grand succès de Jean Dujardin au cinéma en France. Depuis, la carrière du comédien s’est envolée: Prix d’interprétation masculine à Cannes en 2011 et l’Oscar du meilleur acteur pour The Artist en 2012. Lui qui a toujours déclaré n’avoir jamais eu de plan de carrière, s’est retrouvé là où il n’aurait même pas pu l’imaginer. Cumulant près de 50 millions d’entrées en une trentaine de films, Jean Dujardin, un peu dépassé par les événements (euphémisme), a souhaité revenir à son personnage fétiche pour lâcher du lest. Ce qui donne Brice 3 avec son sous-titre « Parce-que le 2 je l’ai cassé ! ». James Huth est de retour derrière la caméra, ainsi que Clovis Cornillac dans le rôle de Marius de Fréjus, Bruno Salomone dans celui d’Igor d’Hossegor, ici supplanté par un nouveau venu, Gregor d’Hossegor, interprété par Alban Lenoir. Le budget a été multiplié par trois et le tournage s’est installé en Thaïlande pour les scènes supposées se dérouler à Hawaï.

Brice, le surfeur niçois excellant dans l’art de brocarder les autres, vit désormais seul dans une paillote sur la plage. Si le monde n’est assurément plus le même, lui n’a pas changé et semble se satisfaire de son quotidien routinier dans l’attente d’une immense vague pour surfer. Un jour, il découvre une bouteille à la mer avec un message de Marius. Son ami lui demande de prendre le premier avion pour lui venir en aide. Chassé de sa cabane par les autorités locales, Brice se hâte de partir à l’autre bout du monde à la recherche de son meilleur copain. Mais lors de leurs retrouvailles, le surfeur apprend qu’il est lui aussi en danger. Soyons honnêtes, tout est ici prétexte à un déferlement de blagues décérébrées, potaches et assumées, volontairement loufoque et bas de plafond, qui feraient un malheur dans les bacs à sable, mais tout est mené avec un tel entrain, une telle énergie et l’envie de foutre le bordel que cela devient très vite contagieux. Seulement voilà, il y a deux films dans Brice 3.

La première partie, celle où l’on retrouve le personnage, son quotidien et le début de son voyage est vraiment drôle, réussie, jubilatoire et le plaisir de suivre Brice à nouveau dans ses aventures n’est franchement pas déplaisant. Seulement voilà, pile-poil à la moitié du film, tout part en sucette dès que le surfeur arrive sur l’île où il retrouve son pote Marius, mais aussi un usurpateur. Ce double maléfique, également interprété par Jean Dujardin, s’est non seulement approprié son identité, mais règne également sur ses sujets dans un environnement forcément « yellow » placé sous le signe de la fête à la David Guetta et des battle de casses. Brice 3 devient alors exténuant. L’hystérie cartoonesque échappe alors au réalisateur et à son interprète principal et devient une arme de destruction neurologique qui fait pleurer des larmes de sang. Alors que quelques apartés montrent un Brice âgé de 115 ans (maquillage bluffant de Dujardin) qui raconte – à sa sauce – l’histoire à des enfants peu dupes de ses mensonges, on comprend ce qui a poussé Jean Dujardin à retrouver son alter ego qu’il interprétait déjà dans les cabarets. L’acteur a voulu profiter de ce film pour s’auto-psychanalyser en se retrouvant face à une version de lui-même qui aurait pété un câble. Histoire de remettre les pieds sur terre avec beaucoup d’autodérision, Jean Dujardin s’est donc tourné à nouveau vers ce personnage avec lequel tout a commencé, histoire de pouvoir déconner à fond.

Brice n’a donc pas changé et s’avère même plus touchant que dans le premier volet puisque l’enfant demeure dans le corps d’un homme âgé maintenant de plus de 40 ans. Les dialogues vachards et la connerie innocente de Brice fonctionnent à plein régime, du moins dans la première partie. Si Jean Dujardin avait envie d’incarner un Brice âgé de 50 ans, espérons qu’il ait appris de ces maladresses et de ce trop-plein exténuant (Brice se transforme même en personnage de manga à la Dragon Ball Z !) qui ont rebuté une bonne partie des spectateurs, puisque Brice 3 n’a même pas fait la moitié des entrées du premier opus.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Brice 3, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition comprend également le DVD de Brice 2, dont nous vous parlons plus bas. Le menu principal, animé et musical, est forcément dans le ton du personnage de Brice, comme si le surfeur niçois l’avait customisé à sa sauce.

Brice apparaît dès les bandes-annonces en avant-programme. Entre deux trailers, Brice s’adresse au spectateur « Pourquoi tu passes pas l’annonce ? Ah tu préfères me regarder moi ! Moi aussi j’aime bien m’regarder ! »…Même chose pour le panneau d’avertissement détourné par Brice.

Puis vous arrivez enfin au menu principal « Brisland » où toutes les options sont dissimulées sous divers noms :

« Montage du film sur moi » : Démarre le film

« Gage Stripteasage – mets-toi tout nu pour voir le film » : Nous trouvons sous cet onglet un premier module intitulé « Avant que le film sur moi il sorte » (2’), qui compile des images de l’avant-première de Brice 3 au Grand Rex pour une projo des deux films en présence de toute l’équipe. L’occasion pour Jean Dujardin et James Huth de « casser » Brice 2 une bonne fois pour toutes devant des centaines de spectateurs gonflés à bloc.

Dans la même section les « scènes Kassées » (7’) s’avèrent évidemment les séquences coupées. On y voit Brice faire sa lessive le soir dans la mer où il lave ses t-shirts jaunes roulés en boule, puis Brice commenter une personne en train de recycler ses bouteilles en verre (cassées, pas cassées…). Une autre montre Brice raconter une histoire à toute une horde de jeunes femmes suspendues à ses lèvres, tandis que la dernière scène propose une version longue de l’arrivée du faux Brice sur son éléphant et de la fiesta qui s’ensuit.

Enfin, nous trouvons également le making of (36’). Intéressant, bien réalisé, dynamique, ce documentaire donne la parole à toute l’équipe où chacun revient essentiellement sur les raisons de cette suite tardive, les conditions de tournage (le décor qui s’est écroulé en Thaïlande en raison des fortes intempéries), sans oublier les très nombreuses images de plateau (délirantes), les nouveaux personnages, le maquillage pour transformer Jean Dujardin en Brice de 115 ans. Un excellent supplément.

Le reste sur ce disque n’est que du remplissage :

« Jouage » : un extrait du film

« Kassage de film » : Chapitrage du film, présenté dans une version « cassée », en d’autres termes, désordonnée.

« Bronzage » : Réplique du film

« Nightclubbage » : accès aux pistes sonores du film

« Humiliage » : scène du filmo

Ne soyez pas étonnés de trouver une galette Brice 2. En octobre 2016, soit quelques jours avant la sortie nationale du film, une vidéo présentée comme étant « Brice 3, le film complet » apparaît sur You Tube. Il s’agit en réalité d’un canular de l’équipe du film qui présente Brice 3 comme s’il s’agissait d’une version piratée. Au bout de trois minutes, la vidéo est parasitée par Jean Dujardin alias Brice lui-même, qui se moque du spectateur en lui disant « Oh non ! T’as cru que t’allais voir tout le film ! ». Mais la vidéo présente en réalité un plan fixe chez Brice, durant laquelle, soit pendant 1h20, on voit le surfeur regarder la télévision, dormir, faire une « slow casse » (qui dure à peu près 20 minutes), se moquer de James Huth installé sur un sofa, casser les bibelots, passer le balai. Pour remercier le spectateur de « rester », Brice offre quelques images tirées « de son film sur lui » et clôt cette vidéo tout naturellement par le véritable générique de fin du long-métrage. Cette vidéo approche aujourd’hui les 5,5 millions de vues. On ne saurait mieux faire en matière de promotion !

L’Image et le son

Ce transfert HD (1080p, AVC) est superbe. L’univers cartoon de James Huth est bien retranscrit avec une prédominance de couleurs chaudes, vives et pétillantes (les teintes bleue et jaune foisonnent), les contrastes sont au beau fixe, la profondeur de champ abyssale et le piqué agréable. Ce master s’avère un bel objet, le relief est omniprésent, les détails foisonnants, les séquences de plage sont magnifiques et étincelantes.

Dès la première séquence, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 sollicite l’ensemble des enceintes et offre une spatialisation constante et soignée. Ce mixage fait la part belle à la musique, (trop) présente pendant tout le film, soulignant presque systématiquement chaque gag ou chaque haussement de sourcil destiné à faire rire. Comme pour le premier film, les cris se détachent sans mal sur la centrale, le caisson de basses délivre quelques effets frappants (la fiesta sur l’île, la descente à ski, le rêve sur l’aile de l’avion) tandis que les ambiances naturelles demeurent constantes. Un spectacle acoustique souvent étourdissant. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Crédits images : © Christine Tamalet / 2016 Mandarin Production – JD Prod / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Rester vertical, réalisé par Alain Guiraudie

RESTER VERTICAL réalisé par Alain Guiraudie, disponible en DVD et Blu-ray le 3 janvier 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Damien Bonnard, India Hair, Christian Bouillette, Laure Calamy, Raphaël Thiéry, Basile Meilleurat

Scénario : Alain Guiraudie

Photographie : Claire Mathon

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Léo est à la recherche du loup sur un grand causse de Lozère lorsqu’il rencontre une bergère, Marie. Quelques mois plus tard, ils ont un enfant. En proie au baby blues, et sans aucune confiance en Léo qui s’en va et puis revient sans prévenir, elle les abandonne tous les deux. Léo se retrouve alors avec un bébé sur les bras. C’est compliqué mais au fond, il aime bien ça. Et pendant ce temps, il ne travaille pas beaucoup, il sombre peu à peu dans la misère. C’est la déchéance sociale qui le ramène vers les causses de Lozère et vers le loup.

Homo homini lupus est  – L’homme est un loup pour l’homme

Suite au succès critique et public de L’Inconnu du lac, Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 2013 et César du meilleur espoir masculin en 2014 pour Pierre Deladonchamps, le réalisateur Alain Guiraudie était attendu au tournant. Il revient avec Rester vertical, son cinquième long métrage et le moins que l’on puisse dire c’est que le cinéaste ne se repose pas sur ses lauriers. Rester vertical apparaît comme un film-somme, qui parle du sexe et de la mort, de l’errance, dans une atmosphère éthérée entre rêve et réalité, avec une envie de filmer des territoires. Alain Guiraudie cultive sa singularité au sein du cinéma français. Si les motifs sont récurrents, le cinéaste ne cesse d’explorer de nouvelles formes en se focalisant sur un personnage, véritable alter ego puisque Léo (Damien Bonnard) est un scénariste à la dérive et en manque d’inspiration, qui se cherche, qui n’avance pas dans son travail et qui semble tailler la route sans autre but que de continuer en avant, au hasard des rencontres, en essayant de garder la tête haute. En restant vertical.

Le titre provient d’une étude scientifique qui stipule que pour le loup, l’homme est un animal vertical, position qui lui inspire le respect, la crainte et la prudence.  Si cette définition se vérifie dans la magnifique et ultime séquence du film, c’est aussi pour Alain Guiraudie un moyen d’évoquer une dimension politique et selon ses termes « programmatique », ainsi que de donner une image évidemment à connotation sexuelle, puisque la question de l’identité sexuelle est également présente dans Rester vertical. Le sexe pour le plaisir et finalement se reproduire, avec Marie, la bergère incarnée par la formidable India Hair, celui pour mourir, avec Marcel, le personnage du vieil homme irascible en train d’agoniser. A travers ce conte, entre rêve (et/ou cauchemar) et réalité, le cinéaste rend le quotidien inquiétant, voire presque fantastique, et instaure un malaise palpable. Impression également rendue par le jeu, le regard et la voix du comédien Damien Bonnard, vu dernièrement dans Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin. Le comédien traverse le film comme en état de transe, dans des paysages grandioses en voiture ou à pied, fuyant un avenir incertain, en ayant peur de finir à la rue comme lorsque Léo (son personnage) interpelle un SDF en lui demandant comment il va. Sans doute pour prendre contact avec une réalité qui s’annonce à lui s’il ne se sort pas de ses déboires professionnels et financiers.

Au-delà du parcours initiatique du personnage principal, caractérisé par un chemin sinueux qui quoiqu’il arrive mène toujours au même endroit, ou nulle part, Alain Guiraudie évoque également les sujets actuels de l’euthanasie, de la vieillesse, de la solitude, de la procréation et de la monoparentalité, du genre, des questions qui taraudent le cinéaste, qui toutefois ne s’enferme pas dans une pensée unique ou trop intellectuelle, mais qui donne des pistes pour engendrer le débat. Tout y est abordé avec délicatesse et une grande sensibilité qui imprègne chaque séquence, avec retenue même dans ses séquences les plus frontales.

Rester vertical est une œuvre bien ancrée dans son époque, qui a des choses à dire, sans pour autant avoir « un message » à faire passer, mais qui à travers sa forme aussi singulière que magnifique (superbe photo de Claire Mathon) ne peut laisser indifférent le spectateur qui voudra bien se laisser porter par cette odyssée humaniste, radicale, onirique et surtout inclassable.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Rester vertical, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Seul supplément de cette édition, une interview d’Alain Guiraudie par Xavier Leherpeur (32’). Il faut s’armer de patience devant la réalisation de ce module qui n’arrête pas se montrer les plans du journaliste-critique comme ébahi devant les réponses du cinéaste. Oublions ces plans aussi risibles qu’agaçants pour se focaliser sur ce que Guiraudie a à dire sur Rester vertical. Le réalisateur évoque les thèmes récurrents de ses films, ses recherches sur la forme, l’écriture du scénario, sa passion pour le documentaire, les points communs avec le personnage principal et le travail avec les comédiens. Heureusement, tout cela est passionnant, même si la caméra aurait dû rester focalisée sur Guiraudie.

L’Image et le son

TF1 Vidéo livre un superbe master HD de Rester vertical qui restitue les magnifiques volontés artistiques de l’excellente chef opératrice Claire Mathon (Comme un avion, Les Deux amis, Mon roi, L’Inconnu du lac). L’apport Haute Définition est loin d’être négligeable pour les incroyables paysages, les éclairages sont très élégants, la colorimétrie riche et chaude avec une part belle faite aux crépuscules et à la végétation environnante. La définition est solide comme un roc, même sur les séquences nocturnes, le cadre large n’est pas avare en détails, les noirs sont denses et le piqué fort agréable.

Un seul mixage, une piste DTS-HD Master Audio 5.1 riche et dynamique sur les enceintes frontales, qui instaure une spatialisation largement convaincante. Les dialogues sont solidement plantés sur la centrale, l’ouverture des enceintes avant laisse pantois et les arrière soutiennent l’ensemble avec des ambiances naturelles frappantes (le vent, l’orage). L’immersion acoustique est donc très convaincante. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Crédits images : © Les Films du Losange – Thierry ValletouxEmanuelle Jacobson-Roques / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr