Test Blu-ray / Le Tueur s’est évadé, réalisé par Budd Boetticher

LE TUEUR S’EST ÉVADÉ (The Killer Is Loose) réalisé par Budd Boetticher, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 23 août 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Joseph Cotten, Rhonda Fleming, Wendell Corey, Alan Hale Jr., Michael Pate, John Larch, Dee J. Thompson, John Beradino, Virginia Christine, Paul Bryar…

Scénario : Harold Medford, d’après une histoire originale de John Hawkins & Ward Hawkins

Photographie : Lucien Ballard

Musique : Lionel Newman

Durée : 1h10

Année de sortie : 1956

LE FILM

Leon Poole est un employé de banque méprisé par ses pairs. Un jour, il se fait complice de truands qui braquent l’établissement. Lorsque les policiers viennent le débusquer chez lui, le détective Sam Wagner tue sa femme par erreur. Après des années à purger sa peine, Poole s’évade et n’a qu’une idée en tête : tuer la femme de Wagner pour se venger.

Quand on lui évoque Budd Boetticher, le cinéphile pense immédiatement à ses westerns et plus particulièrement au légendaire cycle Ranown, les sept collaborations entre le réalisateur et l’acteur Randolph Scott. Juste avant Sept Hommes à abattreSeven Men from now, le cinéaste revenait au film noir avec Le Tueur s’est évadé The Killer is Loose après quelques westerns dont l’excellent Le Déserteur de Fort Alamo et À feu et à sangThe Cimarron Kid, un des premiers opus avec Audie Murphy. La même année qu’Un si doux visage d’Otto Preminger, Le Quatrième homme de Phil Karlson et les exceptionnels L’Énigme du Chicago Express et L’Homme à l’affût d’Edward Dmytryk, Budd Boetticher se livrait de son côté à un exercice de style rapide, sec, nerveux, qui va droit au but et qui vaut la peine d’être connu pour son personnage de criminel, solidement interprété par Wendell Corey, alors au sommet de sa carrière, puisqu’il venait d’enchaîner avant Le Tueur s’est évadé, Le Grand couteau de Robert Aldrich et Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock. « Ce n’est pas un tueur ordinaire », indiquait une des affiches d’exploitation et effectivement Leon Poole est étonnamment bouleversant dans The Killer is Loose et Corey parvient même à voler facilement la vedette à Joseph Cotten, qui avait pourtant derrière lui Niagara, Le Troisième Homme, Le Portrait de Jennie, L’Ombre d’un doute, La Splendeur des Amberson et bien sûr Citizen Kane. C’est dire si Le Tueur s’est évadé mérite toute l’attention du passionné de polars rétros, dont l’atmosphère et même le scénario font penser à un western moderne.

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Test Blu-ray / La Ville captive, réalisé par Robert Wise

LA VILLE CAPTIVE (The Captive City) réalisé par Robert Wise, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 août 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Forsythe, Joan Camden, Harold J. Kennedy, Marjorie Crossland, Victor Sutherland, Ray Teal, Martin Milner, Geraldine Hall…

Scénario : Karl Kamb & Alvin M. Josephy Jr.

Photographie : Lee Garmes

Musique : Jerome Moross

Durée : 1h28

Année de sortie : 1952

LE FILM

Pourchassés par des gangsters, Jim Austin et sa femme se réfugient dans un commissariat. Jim raconte aux policiers comment lui, simple éditeur d’un journal local, a été amené à enquêter sur une vaste affaire de corruption mêlant la police et la mafia.

Pour le cinéaste Robert Wise, tout va pour le mieux en 1952. Le Jour où la Terre s’arrêta The Day the Earth Stood Still a été un triomphe au box-office mondial et beaucoup pensent déjà – à juste titre – que le film entrera dans l’histoire du cinéma. Désireux de revenir à une production plus modeste, Robert Wise jette son dévolu sur un scénario coécrit par Karl Kamb (Le Kid du Texas de Kurt Neumann, Smith le taciturne de Leslie Fenton) et Alvin M. Josephy Jr., d’après une histoire vraie vécue par le second, alors journaliste au magazine Time, qui s’est retrouvé confronté à la mafia qu’il dénonçait à travers ses articles. À l’instar de La Brigade du suicide et Marché de brutes d’Anthony Mann, Robert Wise apporte sa virtuosité au film policier dit documentaire pour La Ville captive The Captive City, connu aussi sous le titre La Ville enchaînée, sous-genre hérité du grand succès rencontré à la télévision des procès des grands criminels. Les expériences personnelles et donc réelles survenues à Alvin M. Josephy Jr., le tout approuvé par le sénateur Estes Kefauver, président de la commission sénatoriale sur le crime organisé, ajoutés à la mise en scène toujours inspirée de Robert Wise et la beauté de la photographie du chef opérateur Lee Garmes (Scarface de Howard Hawks, L’Homme au fusil de Richard Wilson, Les Carrefours de la ville de Rouben Mamoulian, La Maison des otages de William Wyler) font de La Ville captive un petit trésor caché dans l’imposante et éclectique filmographie du réalisateur.

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Test Blu-ray / La Chute des héros, réalisé par Karl Malden

LA CHUTE DES HÉROS (Time Limit) réalisé par Karl Malden, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 19 août 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Richard Widmark, Richard Basehart, Dolores Michaels, June Lockhart, Carl Benton, Reid Martin, Balsam, Rip Torn, Khigh Dhiegh…

Scénario : Henry Denker, d’après la pièce de Henry Denker & Ralph Berkey

Photographie : Sam Leavitt

Musique : Fred Steiner

Durée : 1h32

Année de sortie : 1957

LE FILM

Au cours de la guerre de Corée, le major Gargill est accusé d’avoir pactisé avec l’ennemi et traduit devant la cour martiale. Chargé de l’enquête, le colonel Edwards découvre la vérité.

La Chute des hérosTime Limit est un projet très personnel de Richard Widmark. Alors entre La Dernière CaravaneThe Last Wagon de Delmer Daves et Sainte JeanneSaint Joan d’Otto Preminger, dans lequel il allait camper le Dauphin Charles VII, le comédien est immédiatement séduit par la pièce de théâtre Time Limit ! (sortie en parallèle sous la forme de roman) coécrite par Henry Denker et Ralph Berkey. Ne trouvant pas le soutien des studios, Richard Widmark décide de produire cette adaptation cinématographique (il obtient lui-même les droits pour la somme de 100.000$) avec l’aide de William Reynolds, habituellement monteur (Arrêt d’autobus, La Colline de l’adieu, Papa longues jambes, Les Bannis de la Sierra). Pour la mise en scène, il confie les manettes à son ami Karl Malden, avec lequel il avait tourné Sergent la TerreurTake The High Ground de Richard Brooks, désireux de s’essayer à la réalisation. La Chute des héros est un quasi-huis clos (au décor limité donc) et vrai thriller psychologique de guerre, qui s’intéresse au traumatisme des soldats revenus de la guerre de Corée. La même année que Les Ailes de l’espéranceBattle Hymn de Douglas Sirk, inspiré de l’histoire vraie du colonel Dean Hess et Cote 465 Men In War d’Anthony Mann, et après Le Bataillon dans la nuitHold Back The Night d’Allan Dwan et surtout l’exceptionnel Baïonnette au canon Fixed Bayonets !, La Chute des héros confronte des jeunes soldats revenus du front avec un colonel, officier enquêteur et d’État major, dans le cadre de l’éclaircissement sur des accusations de trahison portées sur l’un des leurs. Si Karl Malden ne parvient pas toujours à masquer l’origine théâtrale de son sujet, l’ensemble demeure passionnant du début à la fin et Richard Widmark signe une nouvelle grande performance qui n’est pas sans rappeler le rôle qu’il tiendra dans le phénoménal Jugement à Nuremberg.

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Test Blu-ray / L’Odyssée du sous-marin Nerka, réalisé par Robert Wise

L’ODYSSÉE DU SOUS-MARIN NERKA (Run Silent, Run Deep) réalisé par Robert Wise, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 juillet 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Clark Gable, Burt Lancaster, Jack Warden, Brad Dexter, Don Rickles, Nick Cravat, Joe Maross, Mary LaRoche, Eddie Foy III, Rudy Bond…

Scénario : Jon Gay, d’après le roman d’Edward L. Beach

Photographie : Russell Harlan

Musique : Franz Waxman

Durée : 1h29

Année de sortie : 1958

LE FILM

En 1942, pendant le conflit américano-japonais, le sous-marin du commandant Richardson est coulé par le submersible nippon, l’Akikaze. Rongé par ce mauvais souvenir, il se voit confier la direction d’un nouveau sous-marin, le Nerka, au détriment de Jim Bledsoe, son second. Après des mois d’entraînement intensif, Richardson a l’occasion de prendre sa revanche pendant l’attaque de Pearl Harbor.

À la poursuite d’Octobre rouge, Le Bateau, Le Chant du loup, 20 000 lieues sous les mers, USS Alabama, K-19 – Le Piège des profondeurs, U-571, chaque cinéphile visualise immédiatement le sous-marin de ces classiques et même chefs d’oeuvre du septième art. Mais avant ceux-ci, il fait remonter loin, très loin en arrière pour retrouver les origines de ce sous-genre à part entière, autrement dit le film de guerre de sous-marin. Parmi les opus notables et matriciels on trouve L’Espion noir Spy in Black (1939) de Michael Powell, première d’une fructueuse et mythique collaboration qui va durer près de quinze ans avec le scénariste Emeric Pressburger, remarquable film d’espionnage britannique comprenant une dimension documentaire exemplaire, surtout en ce qui concerne les séquences dévoilant le fonctionnement du sous-marin, qui happe le spectateur dès les premières scènes, pour ne plus le lâcher pendant 1h20 jusqu’à l’épatante bataille navale. On doit l’autre étape importante et même décisive à René Clément et à son film Les Maudits (1947), Grand Prix à Cannes, prototype même du film de sous-marin (décor reconstruit à l’échelle dans les studios de la Victorine à Nice) qui explosait alors au milieu des années 40. Témoin de son époque, le réalisateur français se penche sur la déchéance des perdants de la Seconde Guerre mondiale en plaçant ses personnages dans un lieu clôt où émergent petit à petit des règlements de compte souvent fatals. René Clément tire parti de son décor exigu grâce à une réalisation inventive, moderne et raffinée, usant de la caméra portée et d’angles inédits afin de créer une atmosphère étouffante et anxiogène avec un souci constant du réalisme renvoyant au documentaire. Outre-Atlantique, il faut attendre 1957 pour que le film de sous-marin rebondisse à nouveau avec Torpilles sous l’Atlantique The Enemy Below de Dick Powell, avec Robert Mitchum et Cud Jürgens, suivi de près par L’Odyssée du sous-marin NerkaRun Silent, Run Deep (1958). Ce dernier est signé par l’immense Robert Wise, alors entre Femmes coupablesUntil They Sail, avec Jean Simmons Joan Fontaine Paul Newman et Piper Laurie, et Je veux vivre ! I Want to Live!, qui vaudra à Susan Hayward l’Oscar de la meilleure actrice. À l’instar de Richard Fleischer, le cinéaste a toujours su s’approprier un sujet qu’on lui proposait. L’Odyssée du sous-marin Nerka est écrit par John Gay (Le Clan des irréductibles, Soldat bleu, Les Quatre cavaliers de l’apocalypse), habituellement scénariste pour la télévision et qui faisait ici ses débuts au cinéma, d’après un roman d’Edward L. Beach. Si Run Silent, Run Deep n’a pas connu le succès escompté à sa sortie, ses partis-pris sont devenus pour ainsi dire le cahier des charges des films de sous-marin qui allaient suivre. Rares sont les séquences qui se déroulent à l’extérieur du bâtiment, à part bien sûr durant le premier acte qui expose le contexte et les personnages, le principal de l’action étant centrée dans le Nerka avec ses hommes à bord qui communiquent avec le jargon technique approprié. Robert Wise, ancien monteur (chez William Dieterle, Orson Welles et Richard Wallace) apporte sa virtuosité habituelle à ce drame de guerre souvent percutant, qui prend son temps dans la première partie, mais dont la tension n’a de cesse de se resserrer et ce jusqu’à la fin. Une excellente (re)découverte dans laquelle brillent Burt Lancaster et Clark Gable.

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Test Blu-ray / Le Plus grand cirque du monde, réalisé par Henry Hathaway

LE PLUS GRAND CIRQUE DU MONDE (Circus World) réalisé Henry Hathaway, disponible en Édition Blu-ray + DVD + DVD bonus + livre – Boîtier Mediabook le 24 mai 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Wayne, Claudia Cardinale, Rita Hayworth, Lloyd Nolan, Richard Conte, John Smith, Katharyna, Katherine Kath, Wanda Rotha, Maggie Rennie, Miles Malleson, José María Caffarel, Kay Walsh, Francois Calepides, Robert Cunningham, Hans Dantes…

Scénario : Ben Hecht, Julian Zimet & James Edward Grant, d’après une histoire originale de Bernard Gordon & Nicholas Ray

Photographie : Jack Hildyard

Musique : Dimitri Tiomkin

Durée : 2h17

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Matt Masters est le propriétaire d’un grand cirque américain, célèbre pour ses numéros spectaculaires. Il décide de partir en tournée en Europe, où il espère retrouver Lili Alfredo, une trapéziste dont il a été amoureux. À son arrivée à Barcelone, le cirque est victime d’un grave incendie, qui détruit la plupart des équipements.

C’est la fin d’une ère, ou plutôt celle d’un empire, celui du producteur Samuel Bronston (1908-1994), qui venait d’enchaîner coup sur coup (on peut même écrire coût sur coût) Le Roi des roisKing of Kings (1961), Le CidEl Cid (1961), Les 55 jours de Pékin55 Days at Peking (1963) et La Chute de l’empire romain (1964), soit trois superproductions parmi les plus chères de la décennie. Le Plus grand cirque du mondeCircus World n’a sans doute pas le prestige des trois précédents opus, mais s’avère un très bel hommage aux artistes d’hier qui savaient donner de la joie aux spectateurs à travers un grand spectacle. Joliment réalisé, le film de Henry Hathaway est plus court et ramassé, possède un charme certain, mélange (sans se forcer) action, humour, bons sentiments et bien sûr de très beaux numéros visuels. John Wayne, qui multipliait alors les tournages, ici entre La Taverne de l’Irlandais Donovan’s Reef de John Ford et Première VictoireIn Harm’s Way d’Otto Preminger, porte facilement Circus World sur ses larges épaules et donne beaucoup de profondeur à son personnage qui parvient à rester optimiste malgré les malheurs qui s’abattent sur son cirque et ses virtuoses. Rétrospectivement, Le Plus grand cirque du monde n’a jamais bénéficié de l’aura de Sous le plus grand chapiteau du monde The Greatest Show on Earth (1952) de Cecil B. DeMille, auquel on ne peut s’empêcher de le comparer, mais le contrat est rempli, on en prend plein les yeux, la distribution est exceptionnelle, les décors gigantesques et l’évasion garantie.

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Test Blu-ray / Le Souffle de la tempête, réalisé par Alan J. Pakula

LE SOUFFLE DE LA TEMPÊTE (Comes a Horseman) réalisé par Alan J. Pakula, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition limitée le 5 juillet 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : James Caan, Jane Fonda, Jason Robards, George Grizzard, Richard Farnsworth, Jim Davis, Mark Harmon ,Macon McCalman…

Scénario : Dennis Lynton Clark

Photographie : Gordon Willis

Musique : Michael Small

Durée : 1h53

Année de sortie : 1978

LE FILM

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans le Montana. Propriétaire d’un ranch dans l’Ouest, Ella Connors est harcelée par le riche J. W. Ewing, qui a des vues sur ses terres. Endettée, la jeune femme a dû vendre une parcelle à deux soldats démobilisés, dont l’un trouve bientôt la mort lors d’une échauffourée avec les hommes d’Ewing. L’autre, Frank Athearn, s’en tire avec une blessure et se réfugie chez Ella.

Klute, À cause d’un assassinatThe Parallax View, Les Hommes du présidentAll the President’s Men, Le Choix de SophieSophie’s Choice, Présumé Innocent Presumed Innocent, L’Affaire Pélican The Pelican Brief et Ennemis rapprochésDevil’s Own…ou les films les plus célèbres du réalisateur d’Alan J. Pakula (1928-1998). En regardant ses œuvres d’un peu plus près, on se rend compte que la moitié de ses opus demeurent étonnamment obscurs ou tout du moins peu renommés. Suite au triomphe international rencontré par Les Hommes du président, récompensé par quatre Oscars en 1977 (sur huit nominations), Alan J. Pakula a les mains libres pour choisir le sujet qui l’intéresse. Contre toute attente, il jette son dévolu sur un scénario de Dennis Lynton Clark, ancien directeur artistique d’Un homme nommé ChevalA Man Called Horse (1970) d’Elliot Silberstein, du Convoi sauvage Man in the Wilderness (1971) de Richard C. Sarafian et d’American Graffiti (1973) de George Lucas, un western, alors que le genre était quasiment mort à la fin des années 1970 après avoir viré au pastiche au milieu de la décennie. La postérité n’a pas retenu grand-chose du sixième long-métrage d’Alan J. Pakula, en dehors de son casting de luxe composé de James Caan, Jane Fonda et Jason Robards. Le Souffle de la tempête se place dans la continuité de Missouri Breaks d’Arthur Penn, même s’il n’en possède pas l’étrangeté et s’avère plus épuré, proche des romans de feu Cormac McCarthy. Lent, parfois contemplatif, volontairement anti-spectaculaire, Comes a Horseman vaut il est vrai et avant tout pour ses comédiens, que l’on admire, qui subjuguent, plutôt que pour son histoire il faut bien le dire qui manque d’enjeux et qui pourra en lasser certains par l’absence de rebondissements et surtout d’action. Mais Le Souffle de la tempête est une merveille visuelle incontestable et l’émotion emporte finalement et facilement l’adhésion.

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Test Blu-ray / Dillinger, réalisé par John Milius

DILLINGER réalisé par John Milius, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Édition limitée le 7 juin 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Warren Oates, Ben Johnson, Michelle Phillips, Cloris Leachman, Harry Dean Stanton, Geoffrey Lewis, John P. Ryan, Richard Dreyfuss…

Scénario : John Milius

Photographie : Jules Brenner

Musique : Barry De Vorzon

Durée : 1h43

Année de sortie : 1973

LE FILM

Le gangster John Dillinger devient la cible du FBI de Kansas City après avoir participé au meurtre de cinq agents. A force de témérité, il s’attire la sympathie du public et devient vite l’ennemi public n°1…

Quinze ans après L’Ennemi public Baby Face Nelson de Don Siegel, le scénariste John Milius passe derrière la caméra et revient à Dillinger et sa bande dans…Dillinger. Ayant le vent en poupe et devenu l’un des auteurs les mieux payés d’Hollywood après avoir participé à L’Inspecteur Harry Dirty Harry, écrit Jeremiah Johnson de Sydney Pollack, Juge et Hors-la-loi The Life and Times of Judge Roy Bean de John Huston et bien sûr Magnum Force de Ted Post, John Milius accepte de baisser son énorme cachet habituel pour Dillinger, qui sera son premier long-métrage en tant que réalisateur. Après Lawrence Tierney dans Dillinger, l’ennemi public n° 1 de Max Nosseck et Leo Gordon dans L’Ennemi public, c’est au tour de l’exceptionnel Warren Oates d’enfiler le costume trois-pièces du gangster et qui une fois n’est pas coutume accède en haut de l’affiche. S’il s’acquitte admirablement de sa tâche, un autre comédien partage cette place convoitée en la personne du génial Ben Johnson, qui dans la peau de Melvin Purvis, l’agent du FBI lancé à la poursuite de Dillinger, est tout aussi remarquable et par ailleurs mis sur un pied d’égalité avec son partenaire. Anarchiste zen, comme il se définissait lui-même dans sa jeunesse, prenant le train en marche du Nouvel Hollywood, mais aussi et avant tout défenseur des valeurs traditionnelles américaines, John Milius met tout dans Dillinger, son mode de pensée, son âme, son adulation des armes à feu, sa vision de l’héroïsme américain, le tout marqué par une violence sèche, brutale, sanglante, qui participe à la pérennité de ceux qu’il considère alors comme des mythes. Il en résulte un polar mâtiné de film noir et même de western souvent implacable, teinté d’humour et qui n’omet pas l’émotion, qui s’avère aussi et surtout toujours divertissant un demi-siècle après sa sortie explosive.

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Test Blu-ray / La Ballade des sans-espoirs, réalisé par John Cassavetes

LA BALLADE DES SANS-ESPOIRS (Too Late Blues) réalisé par John Cassavetes, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 6 juin 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Bobby Darin, Stella Stevens, Everett Chambers, Nick Dennis, Vince Edwards, Val Avery, Marilyn Clark, James Joyce…

Scénario : John Cassavetes & Richard Carr

Photographie : Lionel Lindon

Musique : David Raksin

Durée : 1h37

Année de sortie : 1961

LE FILM

Pianiste et compositeur « Ghost » Wakefield dirige un quintette de jazz, qui peine à rencontrer le succès malgré le talent des musiciens. Ceux-ci doivent souvent se contenter de jouer dans des squares déserts ou pour des galas de charité. Lors d’une fête, Ghost rencontre Jess Polanski, une chanteuse accompagnée par Benny, leur imprésario commun. Il décide de composer une chanson pour elle…

New York, 1956, John Cassavetes fonde un atelier théâtral, le Variety Arts Studio, où il fait travailler ses élèves sur des improvisations. Au cours de l’année 1958, il participe à une émission télévisée et lance un appel afin de récolter des fonds lui permettant de tourner un long métrage en 16 mm à partir d’improvisations faites en atelier. John Cassavetes part tourner avec sa troupe dans les rues de New York. Il demande au jazzman Charles Mingus d’improviser lui aussi la musique. Une première version du film ne le satisfait pas. John Cassavetes retourne dans la rue pour filmer certaines scènes, mais en supprime d’autres. Il dira que le seul but de Shadows était « de mieux connaître leur métier tout en effaçant les marquées destinées aux comédiens dans le but de les laisser vivre ». En rupture totale, dynamitant les codes du cinéma traditionnel avec l’aide de comédiens inconnus, un vent nouveau souffle sur le cinéma américain. Shadows marque les débuts de John Cassavetes. Rétrospectivement, on retrouve déjà quelques partis pris qui feront sa marque de fabrique, notamment avec les visages des comédiens que la caméra (à l’épaule) ne quitte jamais, tout en laissant une liberté d’action totale aux acteurs. Shadows porte sur des jeunes Noirs et Métis, confrontés à la discrimination raciale ainsi que sur leur quête d’identité, déambulant de nuit dans les rues humides de New York. Tourné dans l’anonymat le plus complet, ce premier film expérimental obtient un succès international, en particulier en Europe alors marquée par l’émergence de la Nouvelle Vague. Le cinéma spontané dit « vérité » est né. Forcément remarqué par Hollywood, John Cassavetes, qui doit nourrir sa famille, accepte de mettre en scène son premier film de studio, en l’occurrence la Paramount Pictures. Ce sera La Ballade des sans-espoirs ou Too Late Blues en version originale. Évidemment de facture plus classique que les œuvres les plus représentatives de son cinéma habituel, ce mélodrame s’avère une belle porte d’entrée pour les non-initiés dans l’univers de John Cassavetes, tandis qu’il reste une fabuleuse curiosité pour les cinéphiles.

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Test Blu-ray / Sweet Sixteen, réalisé par Jim Sotos

SWEET SIXTEEN réalisé par Jim Sotos, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 15 juin 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Bo Hopkins, Susan Strasberg, Patrick Macnee, Don Stroud, Dana Kimmell, Don Shanks, Aleisa Shirley, Steve Antin…

Scénario : Erwin Goldman

Photographie : James L. Carter

Musique : Tommy Vig

Durée : 1h29

Année de sortie : 1983

LE FILM

La famille de Melissa vient d’emménager dans une petite ville du Texas, et la jeune fille est rapidement l’objet de toutes les attentions. Or, tous les hommes, jeunes ou plus âgés, qui s’approchent d’elle sont victimes d’un tueur fou. Le shérif Dan Burke mène l’enquête et découvre bientôt d’étranges éléments.

On connaît essentiellement Jim Sotos pour L’Héritier de Beverly HillsBeverly Hills Brats avec Burt Young et Martin Sheen, sorti en 1989. Mais avant cela, le réalisateur avait signé deux films de genre. Le premier, intitulé Forced Entry (1975), aussi connu sous le titre The Last Victim, ou Viol sans issue en version française, est le remake d’un film d’horreur pornographique sorti deux ans auparavant, dans lequel Jim Sotos dirigeait la sublime Tanya Roberts. L’autre, celui qui nous intéresse aujourd’hui, est Sweet Sixteen, qu’il produit et met en scène en 1983, un slasher qui sort à la même période que Meurtres en 3 dimensionsFriday the 13th Part III de Steve Miner et Psychose 2 de Richard Franklin, juste avant l’avènement de Freddy Krueger dans Les Griffes de la nuit A Nightmare on Elm Street de Wes Craven. Alors que l’on venait de voir le génial Bo Hopkins en shérif dans le très chaudement recommandé Mutant de John Bud Cardos, on le retrouve dans le même uniforme dans Sweet Sixteen, dans lequel il enquête sur une série de meurtres violents qui touche une petite bourgade du Texas. Aux côtés du comédien, la magnifique Susan Strasberg (Hurler de peur, Kapò, Picnic) apporte une vraie plus-value à ce petit opus fort sympathique, efficace, bien écrit et joliment photographié.

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Test Blu-ray / Mutant, réalisé par John « Bud » Cardos

MUTANT (Night Shadows) réalisé par John « Bud » Cardos, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 25 mai 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Wings Hauser, Bo Hopkins, Jody Medford, Lee Montgomery, Marc Clement, Cary Guffey, Jennifer Warren, Danny Nelson…

Scénario : Peter Z. Orton, Michael Jones & John C. Kruize

Photographie : Alfred Taylor

Musique : Richard Band

Durée : 1h39

Année de sortie : 1984

LE FILM

Deux frères, Josh et Mike, débarquent pour quelques jours dans une petite ville du Texas. Ils découvrent que de nombreux habitants sont morts récemment, ou portés disparus. Lorsque Mike disparaît à son tour, Josh fait équipe avec le shérif local et une institutrice pour le retrouver, sans se douter de l’horrible vérité qui les attend…

On connaissait le dénommé John «  Bud  » Cardos (1929-2020) pour une des meilleures séries B des années 1970, L’Horrible invasionKingdom of the Spiders. Cascadeur (La Horde sauvage), acteur (Le Rescapé de la vallée de la mort), responsable des effets spéciaux, producteur, parfois décorateur, assistant, Cardos passe à la mise en scène en 1970 avec le western The Red, White, and Black. Parmi sa dizaine de réalisations, de démarque un autre film de genre, Mutant, connu aussi le titre La Nuit des mutants, ou bien encore Night Shadows en version originale (son premier titre d’exploitation). Comme cela lui était déjà arrivé (sur The Dark, après le départ de Tobe Hooper), John Bud Cardos devait remplacer au pied levé Mark Rosman, viré quelques jours après le début des prises de vue par la production, qui craignait des dépassements de budget en raison d’un manque de préparation. Comme souvent, Cardos s’en tire merveilleusement et livre un formidable film d’épouvante, extrêmement généreux en affrontements avec des zombies, surtout durant la deuxième partie où cela ne s’arrêtera plus une seconde jusqu’à la fin. Certes, divers éléments rendent compte d’un souci d’argent flagrant, mais avec un tel capitaine aux manettes, Mutant demeure encore aujourd’hui un sacré ride, drôle et bourré de charme.

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