Test Blu-ray / J’ai le droit de vivre, réalisé par Fritz Lang

J’AI LE DROIT DE VIVRE (You Only Live Once) réalisé par Fritz Lang, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 29 mars 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Sylvia Sidney, Henry Fonda, Barton MacLane, Jean Dixon, William Gargan, Jerome Cowan, Charles ‘Chic’ Sale, Margaret Hamilton, Warren Hymer, Guinn ‘Big Boy’ Williams, John Wray, Walter De Palma…

Scénario : Gene Towne & C. Graham Baker

Photographie : Leon Shamroy

Musique : Alfred Newman

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1937

LE FILM

Après sa sortie de prison, Eddie Taylor ne peut profiter d’un répit. Accusé d’un braquage de banque meurtrier qu’il n’a pas commis, il est emprisonné à tort. Alors que la justice se rend compte de son erreur, Eddie Taylor s’évade. Il devient un véritable meurtrier en abattant accidentellement un aumônier. Il doit partir en cavale avec sa femme Joan et son bébé. Sa fuite éperdue se finit par sa mort, abattu par la police.

Ensemble, nous avons déjà eu l’occasion de revenir à plusieurs reprises sur les débuts et la carrière de Fritz Lang en Allemagne à travers nos chroniques sur Les Trois Lumières, Le Testament du Dr. Mabuse et M Le Maudit, ainsi que sur son passage aux États-Unis après avoir fui le nazisme, pour les sorties en Blu-ray des Pionniers de la Western Union, Espions sur la Tamise et Les Bourreaux meurent aussi. 1936, sort FurieFury, pamphlet sur le lynchage produit par Joseph L. Mankiewicz pour le compte de la MGM. Sur cette lancée, Fritz Lang se lance dans J’ai le droit de vivre You Only Live Once, qui déboule sur les écrans dès l’année suivante, dans lequel le réalisateur dirige à nouveau la magnifique Sylvia Sidney, qui tenait l’affiche de son précédent long-métrage. Considéré comme le second volet d’une trilogie dite judiciaire voulue « réaliste et sociale » à laquelle viendra se greffer Casier judiciaireYou and Me, toujours avec la même comédienne, J’ai le droit de vivre est une tragédie centrée sur un couple pourchassé par la police, qui serait inspirée par l’histoire de Bonnie et Clyde. Pas étonnant que Fritz Lang donne cette impression d’inventer « le Nouvel Hollywood » trente ans avant, surtout durant la dernière partie et la violence inédite de son dénouement. Ce serait un cliché de dire que « tout Fritz Lang se trouve » dans J’ai le droit de vivre, mais puisque c’est le cas…le thème du faux coupable ou plutôt de la culpabilité est le noyau central de You Only Live Once, merveilleux film porté par un casting exceptionnel mené par le couple Henry Fonda-Sylvia Sidney, le tout sublimement photographié par Leon Shamroy, chef opérateur de Bravados d’Henry King et de La Planète des singes de Franklin J. Schaffner. Un monument intemporel.

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Test DVD / Le Soleil de trop près, réalisé par Brieuc Carnaille

LE SOLEIL DE TROP PRÈS réalisé par Brieuc Carnaille, disponible en DVD le 7 février 2023 chez Jour2Fête.

Acteurs : Clément Roussier, Marine Vacth, Diane Rouxel, Hakim Faris, Léon Durieux, Fethi Saidi, Corentin Fila, Omar El Aissaoui…

Scénario :  Brieuc Carnaille & Clément Roussier

Photographie : Georges Lechaptois

Durée : 1h26

Année de sortie : 2022

LE FILM

À sa sortie d’hôpital psychiatrique, Basile se réfugie chez sa sœur Sarah. Elle est sa seule famille et sa plus grande alliée pour se reconstruire. Aussi flamboyant qu’instable, Basile parvient à trouver du travail et rencontre Élodie, une jeune mère célibataire : il se prend à rêver d’une vie « normale »…

Attention, film choc ! Le soleil de trop près, titre magnifique, provient d’une légende anonyme et ancienne centrée sur le roitelet, considéré comme le plus petit oiseau d’Europe : Un jour les oiseaux décidèrent de se choisir un roi à l’instar des mammifères qui avaient choisi le lion. Celui qui volerait le plus près du soleil serait élu roi. Le roitelet se cacha dans les plumes de l’aigle celui-ci cria son triomphe quand tous les autres oiseaux avaient abandonnés d’épuisement. Mais le petit roitelet sortit de sa cachette et vola un peu plus haut. Il avait ainsi gagné le titre de roi. Les autres oiseaux ayant honte d’avoir un roi aussi insignifiant refusèrent de le proclamer. C’est ainsi que l’aigle est devenu le roi des oiseaux et le roitelet est devenu le petit roi. Le premier long-métrage et coup de maître du réalisateur Brieuc Carnaille se focalise sur Basile, un trentenaire à la personnalité hors normes, qui après avoir été interné retourne vivre chez sa sœur Sarah avec qui il entretient une rare complicité face à sa maladie, la schizophrénie. Fantasque, drôle et charismatique, Basile va se soigner puis retrouver du travail et même rencontrer l’amour. En préférant cacher sa maladie à son nouvel entourage. C’est là qu’il se brûlera les ailes. La schizophrénie (paranoïde ici) a déjà inspiré le cinéma. Shutter Island, Black Swan, Fight Club, Shining, Un homme d’exception, Psychose, Donnie Darko, Fou(s) d’Irène, The Voices, Clean, shaven, Magic, Répulsion, Lost Highway, Mulholland Drive, Take Shelter, Persona, Bug, Schizophrenia bien sûr et on en oublie forcément…Il faudra ajouter à celle liste qui ne saurait être exhaustive et qui s’avère déjà composée de titres prestigieux, Le Soleil de trop près, qui foudroie de façon saisissante le coeur du spectateur du début à la fin et qui révèle un immense comédien, Clément Roussier, également coscénariste du film, dont la prestation laisse pantois d’admiration.

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Test Blu-ray / Les Quatre de l’apocalypse, réalisé par Lucio Fulci

LES QUATRE DE L’APOCALYPSE (I Quattro dell’apocalisse) réalisé par Lucio Fulci, disponible en combo Blu-ray+DVD le 22 février 2023 chez Studiocanal

Acteurs : Fabio Testi, Lynne Frederick, Michael J. Pollard, Harry Baird, Tomás Milián, Adolfo Lastretti…

Scénario : Ennio De Concini, d’après une nouvelle de Brett Harte

Photographie : Sergio Salvati

Musique : Franco Bixio, Fabio Frizzi & Vince Tempera

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Un tricheur, une prostituée enceinte, un ivrogne et un médium fou errent sur les routes après avoir échappé à un massacre organisé. Leur sort ne s’arrange guère avec la rencontre de Chaco, un sadique halluciné, qui leur inflige les pires traitements. Laissés pour morts, ils trouveront la rédemption sur le chemin de la vengeance…

En 1966, après avoir fait ses classes dans le domaine de la comédie en dirigeant le tandem Franco et Ciccio sur une bonne demi-douzaine de longs-métrages, Lucio Fulci se tourne vers le western avec Le Temps du massacreTempo di massacro, interprété par Franco Nero et George Hilton. Ce premier coup d’essai dans le genre sera ensuite suivi des légendaires gialli du maître (Le Venin de la peur, La Longue nuit de l’exorcisme, Perversion Story), puis de films d’aventure (Croc-Blanc Zanna Bianca et sa suite Le Retour de Croc-Blanc Il Ritorno di Zanna Bianca). Alors que les cowboys italiens se faisaient plus rares, surtout depuis le chant du cygne représenté en 1973 par Mon nom est Personne Il mio nome è Nessuno de Tonino Valerii, le réalisateur devait étonnamment revenir au western avec Les Quatre de l’apocalypseI quattro dell’apocalisse. Mais ce dernier va bien au-delà et s’avère en réalité un road movie qui n’est pas sans rappeler certaines œuvres du Nouvel Hollywood, notamment et contre toute attente Macadam à deux voies de Monte Hellman. À la fin des années 1960, aux Etats-Unis, ce style de récit initiatique (ou pas) prend son envol avec la sortie du film de Dennis Hopper, Easy Rider en 1969. Suivront Point limite zéro de Richard C. Sarafian en 1971 et Two-Lane Blacktop la même année par Monte Hellman. C’est l’époque des grands chamboulements, la guerre du Vietnam a traumatisé l’Amérique, la révolution sexuelle bat son plein, les mœurs et les actes changent et se libèrent. Il y a eu Woodstock en 1969 et l’affaire Charles Manson, auquel Chaco fait largement référence dans Les Quatre de l’apocalypse, qui découle pour ainsi dire des bouleversements profonds survenus dans le monde, ayant conduit outre-Atlantique à l’émergence de jeunes réalisateurs (un peu comme la Nouvelle Vague à la fin des années 1950 en France), Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, George Lucas, Steven Spielberg…Lucio Fulci comprend ce qui est en train de se passer et met en scène un road-movie mystique et mélancolique imprégné de peyotl (et de musique pop/folk un rien hippie sur les bords), parcouru par une violence frontale et graphique encore assez rare. Rétrospectivement, Les Quatre de l’apocalypse est assurément un des chefs d’oeuvre méconnus de Lucio Fulci, l’un de ses opus les plus mystérieux et entêtants, qui n’a probablement pas livré tous ses secrets près d’un demi-siècle après sa sortie.

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Test Blu-ray / L’Arme à l’oeil, réalisé par Richard Marquand

L’ARME À L’OEIL (Eye of the Needle) réalisé par Richard Marquand, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 mars 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Donald Sutherland, Kate Nelligan, Ian Bannen, Christopher Cazenove, Alex McCrindle, Stephen MacKenna, Philip Martin Brown, George Belbin…

Scénario : Stanley Mann, d’après le roman de Ken Follett

Photographie : Alan Hume

Musique : Miklós Rózsa

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Durant la Deuxième Guerre mondiale, Faber, un espion allemand en poste en Angleterre découvre le subterfuge élaboré pour les alliés pour faire croire à un débarquement sur les côtes du Pas-de-Calais. Alors qu’il s’apprête à transmettre l’information à son QG, l’officier, embarqué sur un esquif, est victime d’une attaque. Échoué sur l’île des Tempêtes, au large des côtes écossaises, il est recueilli par un couple, dont le mari est handicapé. Faber tombe amoureux de Lucy, la femme…

L’Arme à l’oeil Eye of the Needle. C’est un film dont nous n’avions jamais entendu parler et qui a immédiatement éveillé notre curiosité pour plusieurs raisons. Pour son casting mené par l’impérial Donald Sutherland, pour son réalisateur Richard Marquand (1937-1987), dont nous ne connaissions réellement que Le Retour du Jedi (1983) et À double tranchant (1985), et enfin parce qu’il s’agit de l’adaptation d’un roman de l’immense Ken Follett, publié en 1978. Tentant non ? Et le résultat est on ne peut plus fameux. L’Arme à l’oeil démarre comme un film historique, ce qu’il est indéniablement, l’action étant située entre 1940 et 1944, tandis qu’une voix (au micro) plante le décor d’emblée, nous sommes à Londres, en feu après le passage de la Luftwaffe. L’introduction prend déjà le spectateur par surprise en se focalisant sur Henry Faber, personnage à première vue sympathique, qui essaye de dissuader un jeune homme voulant s’engager dans le confit armé, en lui disant qu’il a le temps et qu’il y aura d’autres guerres. Puis arrive le premier rebondissement, complètement inattendu, qui révèle la véritable nature de Faber. Une scène magnifiquement montée, sèche, brutale, qui marquera probablement les cinéphiles. Disons-le, Donald Sutherland, quasiment de tous les plans, est extraordinaire dans L’Arme à l’oeil, peut-être dans l’un de ses meilleurs rôles, monstre de charisme au regard bleu laser capable de foudroyer celui ou celle qui le fixerait trop longtemps. Muni d’un couteau à cran d’arrêt qu’il dégaine plus vite que l’éclair, Faber est une bombe à retardement qui passe inaperçue, un homme dans la foule, qui parvient à éclipser son mètre 90 au milieu des passants, pour mieux frapper au moment le plus imprévu après avoir usé de son charme suintant. L’Arme à l’oeil mute alors en chasse à l’homme, puis se resserre jusqu’au huis clos teinté de romance. Remarquable thriller d’espionnage, aussi riche sur le fond que sur la forme, Eye of the Needle est une sacrée et admirable découverte.

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Test Blu-ray / Luz, la fleur du mal, réalisé par Juan Diego Escobar Alzate

LUZ (Luz, la fleur du mal) réalisé par Juan Diego Escobar Alzate, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Yuri Vargas, Jim Muñoz, Andrea Esquivel, Sharon Guzman, Marcela Robledo, Conrado Osorio, Johan Camacho, Daniel Páez…

Scénario : Juan Diego Escobar Alzate

Photographie : Nicolás Caballero Arenas

Musique : Brian Heater

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

De nos jours, dans un petit village isolé au milieu des montagnes colombiennes – Une communauté vit comme au Moyen-Âge sous le joug d’un prédicateur nommé El Senor, qui dirige la population et retient prisonnier un enfant nommé Jesus, censé être le Nouveau Messie. Le comportement d’El Senor finit par semer le trouble et le chaos au sein des villageois, et notamment ses trois propres filles.

Quel étrange film que ce Luz, la fleur du mal, réalisé par le colombien Juan Diego Escobar Alzate (né en 1987), auteur d’une demi-douzaine de courts-métrages, de quelques épisodes de séries télévisées, d’un téléfilm et de clips musicaux. Imaginé comme un segment manquant entre le cinéma de Terrence Malick et celui d’Alejandro Jodorowsky, Luz, la fleur du mal n’est certes pas un coup de maître et ce en raison de défauts souvent liés à un premier long-métrage, mais n’en reste pas moins intéressant à plus d’un titre. Magnifiquement photographié par Nicolás Caballero Arenas, le film fait penser à une succession de tableaux éclatants ou crépusculaires, en jouant sur le contraste entre les scènes diurnes aux couleurs pastel et célestes, et les séquences de nuit anxiogènes, particulièrement oppressantes. Multi-récompensé dans les festivals du monde entier, au Buenos Aires Rojo Sangre au Buffalo Dreams Fantastic Film Festival, en passant par l’Horrible Imaginings Film Festival, le Lonely Wolf: London International Film Festival, et présenté aussi à Sitges, Luz, la fleur du mal a connu une vraie petite renommée à sa sortie, même s’il demeurait jusqu’alors inédit en France. Sans doute trop proche de l’impressionnant The Witch de Robert Eggers gagne d’être découvert et dévoile la sensibilité d’un artiste à suivre de près.

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Test Blu-ray / Le Orme, réalisé par Luigi Bazzoni

LE ORME réalisé par Luigi Bazzoni, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Florinda Bolkan, Peter McEnery, Nicoletta Elmi, Caterina Boratto, John Karlsen, Esmeralda Ruspoli, Evelyn Stewart, Miriam Acevedo, Rosita Torosh, Luigi Antonio Guerra, Klaus Kinski, Lila Kedrova…

Scénario : Mario Fanelli & Luigi Bazzoni, d’après le roman de Mario Fanelli

Photographie : Vittorio Storaro

Musique : Nicola Piovani

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Alice, une jeune traductrice frappée d’amnésie, n’arrive plus à discerner la réalité de ses cauchemars alors qu’elle tente de se rappeler les évènements de ces derniers jours. Une carte postale retrouvée l’amène à la station balnéaire de Garma où les gens ne semblent pas la reconnaître alors que ses rêves où elle se tient aux cotés d’astronautes sur la lune deviennent de plus en plus forts…

Nous avions déjà parlé du réalisateur Luigi Bazzoni (1929-2012) en septembre 2022, à l’occasion de la sortie en Blu-ray chez Artus Films du formidable La Possédée du lac La Donna del lago. Si vous désirez en savoir plus sur ce dernier, vous savez ce qui vous reste à faire. Aujourd’hui, nous évoquerons Le Orme, le dernier long-métrage du cinéaste, avant que celui-ci se lance dans son documentaire-fleuve Roma Imago Urbis, qui comptera quinze parties produites de 1987 à 1992 et qui sera ensuite distribué directement en VHS en 1994. Également connu pour L’Homme, l’Orgueil et la Vengeance L’Uomo, l’Orgoglio, la Vendetta (1967), western avec Franco Nero adapté de la nouvelle Carmen de Prosper Mérimée, sans oublier le génial Journée noire pour un bélierGiornata nera per l’ariete, avec le même comédien, Luigi Bazzoni signe son chef d’oeuvre avec Le Orme, faux giallo, mais véritable thriller psychologique, chaînon manquant entre Mort à Venise de Luchino Visconti et Identification d’une femme de Michelangelo Antonioni, dans lequel brille la merveilleuse Florinda Bolkan, qui aura illuminé le cinéma transalpin dans La Dernière maison sur la plage de Franco Prosperi, Exécutions de Romolo Guerrieri Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d’Elio Petri, La Longue nuit de l’exorcisme et Le Venin de la peur de Lucio Fulci. Amis cinéphiles, venez vous perdre dans ce fabuleux labyrinthe mental !

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Test Blu-ray / Les Tueurs sont nos invités, réalisé par Vincenzo Rigo

LES TUEURS SONT NOS INVITÉS (Gli assassini sono nostri ospiti) réalisé par Vincenzo Rigo, disponible en Blu-ray depuis décembre 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Anthony Steffen, Margaret Lee, Luigi Pistilli, Gianni Dei, Livia Cerini, Giuseppe Castellano, Sandro Pizzochero, Giovanni Brusadori…

Scénario : Renato Romano & Bruno Fontana

Photographie : Vincenzo Rigo

Musique : Roberto Rizzo

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Franco, Eliana et Mario dévalisent une bijouterie à Milan et s’enfuient. Franco, cependant, est blessé lors de la fusillade avec la police. Les trois hommes décident donc de se réfugier temporairement dans une villa isolée, où vit le Dr Malerba. Les criminels obligent Malerba, qui est médecin, à s’occuper de Franco, et entre-temps ils contactent Eddy, le chef de l’organisation. Alors que le trio attend l’arrivée d’Eddy, la tension commence à monter dans la maison.

Comment vous dites ? Vincenzo Rigo ? Connais pas…Pourtant, une chose est sûre, vous retiendrez ce nom une fois que vous aurez vu son premier long-métrage, Les Tueurs sont nos invitésGli assassini sono nostri ospiti, sorti en 1974. S’il a peu tourné, trois films seulement en l’espace de deux ans, Vincenzo Rigo signe un formidable opus du home invasion, rempli de rebondissements du début à la fin, solidement réalisé et excellemment interprété. Le metteur en scène, également monteur et directeur de la photographie, s’empare d’un scénario carré coécrit par Renato Romano, habituellement acteur (vu dans La Mort a pondu un œuf de Giulio Questi et L’Oiseau au plumage de cristal de Dario Argento) et Bruno Fontana (Violez les otages ! de Giovanni Brusadori) et passe en quelques minutes du film de casse au huis clos stressant et teinté d’érotisme, avec rigueur et élégance. Si l’on déplore un usage trop systématique et pesant de la musique redondante de Roberto Rizzo, Les Tueurs sont nos invités, qui contrairement à ce que l’on pouvait penser premièrement n’a absolument rien d’un giallo, est un joli tour de force, un thriller psychologique qui déjoue souvent les attentes des spectateurs et qui demeure particulièrement efficace. Une bien belle découverte.

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Test Blu-ray / Avec amour et acharnement, réalisé par Claire Denis

AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT réalisé par Claire Denis, disponible en DVD et Blu-ray le 3 janvier 2023 chez Ad Vitam.

Acteurs : Juliette Binoche, Vincent Lindon, Grégoire Colin, Bulle Ogier, Issa Perica, Alice Houri, Mati Diop, Bruno Podalydès, Lola Creton…

Scénario : Claire Denis & Christine Angot, d’après le roman Un tournant de la vie de Christine Angot

Photographie : Eric Gautier

Musique : Stuart Staples & Tindersticks

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

C’est Paris et c’est déjà l’hiver. Sarah et Jean s’aiment, ils vivent ensemble depuis plusieurs années. C’est un amour qui les rend heureux et plus forts. Ils ont confiance l’un en l’autre. Le désir ne s’est jamais affadi. Un matin, Sarah croise par hasard François son ancien amant, ce François qui lui a présenté Jean, ce François qu’elle a quitté pour Jean sans hésiter.

Les films de Claire Denis ont souvent été mal aimables, dans le sens où ses personnages inspirent peu d’empathie et peuvent d’ailleurs laisser froid une bonne partie des spectateurs. La réalisatrice n’a jamais su ou pu retrouver l’engouement de son premier long-métrage Chocolat (1988), qui avait engrangé pas loin de 800.000 entrées. En 2017, celle-ci collabore avec la romancière Christine Angot pour Un beau soleil intérieur, un virage dans sa carrière car indéniablement son opus le plus « léger » et attachant, solaire si l’on devait paraphraser le titre, dans lequel Claire Denis dirigeait pour la première fois Juliette Binoche, dans un de ses plus beaux rôles depuis quinze ans. Christine Angot et la cinéaste renouent pour un drame psychologique, adapté du roman Un tournant de la vie de la première, une passion amoureuse explosive, un triangle amoureux qu finira forcément mal. À cette occasion, Claire Denis s’associe à nouveau avec Juliette Binoche (avec laquelle elle avait entre-temps aussi tourné High Life) et aussi avec Vincent Lindon, plus de vingt ans après le délicat Vendredi soir et près de dix ans après le crépusculaire Les Salauds. Il en résulte une œuvre éprouvante et impressionnante, portée par deux acteurs exceptionnels qui se livrent une fois de plus comme jamais devant la caméra et dont la prestation déchire les tripes du début à la fin. Assurément l’un des meilleurs ouvrages de Claire Denis.

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Test DVD / Le Sixième enfant, réalisé par Léopold Legrand

LE SIXIÈME ENFANT réalisé par Léopold Legrand, disponible en DVD et Blu-ray le 7 février 2023 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Sara Giraudeau, Benjamin Lavernhe, Damien Bonnard, Judith Chemla, Naidra Ayadi, Olivier Rabourdin, Marie-Christine Orry, Matheo Kabati…

Scénario : Catherine Paillé & Léopold Legrand, d’après le roman d’Alain Jaspard

Photographie : Julien Ramirez Hernan

Musique : Louis Sclavis

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Franck, ferrailleur, et Meriem ont cinq enfants, un sixième en route, et de sérieux problèmes d’argent. Julien et Anna sont avocats et n’arrivent pas à avoir d’enfant. C’est l’histoire d’un impensable arrangement.

C’est une révélation immédiate, fulgurante, foudroyante, au même titre que Jusqu’à la garde de Xavier Legrand en 2018. Le Sixième enfant est le premier long-métrage de Léopold Legrand. Retenez tout de suite ce nom, car vous risquez d’en réentendre parler dans un proche avenir. Coup d’essai et coup de maître, ce drame social joue avec les codes du thriller et embarque dans une quête, celle de la maternité, vitale, à tout prix, peu importe comment. Le Sixième enfant est un uppercut comme il en arrive rarement dans le cinéma français contemporain, qui accroche de la première à la dernière image, qui s’inscrit d’emblée dans la mémoire du spectateur et des cinéphiles, qui rappelle les grands classiques du septième art hexagonal des années 1970. Léopold Legrand (né en 1992) fait preuve d’une sacrée maturité, sur le fond comme sur la forme, déjà constatée sur Mort aux codes (2018), probablement un des meilleurs courts-métrages que vous pourrez voir dans votre vie, interprété par l’immense Olivier Rabourdin, par ailleurs aussi au générique du film qui nous intéresse aujourd’hui. Porté par un extraordinaire quatuor, Sara Giraudeau, Benjamin Lavernhe, Damien Bonnard et Judith Chemla, Le Sixième enfant est une œuvre dont on ne ressort pas indemnes et qui pourtant évite tout pathos et misérabilisme, creuse dans les tripes de ses personnages, n’en laisse aucun sur le bas côté, qui trouve ce parfait équilibre entre l’ombre et la lumière, entre la crédibilité « sociétale » recherchée et le romanesque propre au cinéma. Il est là l’avenir du septième art en France !

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Test Blu-ray / Les Nuits de Mashhad, réalisé par Ali Abbasi

LES NUITS DE MASHHAD (Holy Spider) réalisé par Ali Abbasi, disponible en DVD et Blu-ray le 9 décembre 2022 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Zar Amir-Ebrahimi, Mehdi Bajestani, Arash Ashtiani, Forouzan Jamshidnejad, Sina Parvaneh, Nima Akbarpour, Mesbah Taleb, Firouz Ageli, Sara Fazilat, Alice Rahimi…

Scénario : Sol Bondy & Jacob Jarek

Photographie : Nadim Carlsen

Musique : Martin Dirkov

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Iran 2001, une journaliste de Téhéran plonge dans les faubourgs les plus mal famés de la ville sainte de Mashhad pour enquêter sur une série de féminicides. Elle va s’apercevoir rapidement que les autorités locales ne sont pas pressées de voir l’affaire résolue. Ces crimes seraient l’œuvre d’un seul homme, qui prétend purifier la ville de ses péchés, en s’attaquant la nuit aux prostituées.

Attention, film choc ! Les Nuits de Mashhad est le troisième long-métrage réalisé par Ali Abbasi (né en 1981), né à Téhéran, remarqué avec Shelley, présenté à la Berlinale en 2016, mais réellement découvert en 2018 avec Border, récompensé dans le monde entier, y compris par le Prix Un certain regard au Festival de Cannes. L’ancien étudiant de l’Université Polytechnique de Téhéran, installé depuis en Suède, aborde un nouveau registre avec Les Nuits de Mashhad, inspiré d’un fait divers réel survenu au début des années 2000 dans sa ville natale, marquée par l’assassinat d’une quinzaine de prostituées par un tueur en série. Une œuvre à ne pas mettre devant tous les yeux, qui mixe à la fois le cinéma d’Asghar Farhadi, de Richard Fleischer et de David Fincher, mais qui trouve une identité propre, personnelle, unique. Le résultat est percutant, froid comme la glace, tranchant comme la lame d’un scalpel, profondément pessimiste et même nihiliste. On en ressort lessivés, frappés par cette violence brute et sèche, ainsi que par le propos forcément politique qui s’en dégage en évoquant la place des femmes en Iran. Prix d’interprétation féminines à Cannes largement mérité pour la comédienne Zar Amir Ebrahimi.

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