Test Blu-ray / Le Bouffon du roi, réalisé par Melvin Frank & Norman Panama

LE BOUFFON DU ROI (The Court Jester) réalisé par Melvin Frank & Norman Panama, disponible en Blu-ray le 3 février 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Danny Kaye, Glynis Johns, Basil Rathbone, Angela Lansbury, Cecil Parker, Mildred Natwick, Robert Middleton, Michael Pate…

Scénario : Melvin Frank & Norman Panama

Photographie : Ray June

Musique : Walter Scharf & Vic Schoen

Durée : 1h41

Année de sortie : 1955

LE FILM

Au Moyen Age, Roderick, ignoble félon, a usurpé le trône d’Angleterre et règne en tyran sur le pays. Le véritable héritier, qui n’est encore qu’un bébé, porte sur les fesses la marque tatouée de son lignage. Une bande de rebelles veille sur le prince et attend son heure pour passer le pouvoir au légitime héritier de la couronne. Le vaillant «Renard noir», chef des nobles brigands, garantit de sa vie l’avenir de l’enfant. Un de ses fidèles parvient à se faire passer pour un bouffon italien à la cour de Roderick et se charge de glaner tous les renseignements utiles aux rebelles. Un complot se prépare pour démasquer le tyran et mettre fin à son règne…

En France, de nombreux cinéphiles semblent avoir Danny Kaye (1911-1987), comédien, danseur et chanteur américain, qui aura fait les beaux jours de l’âge d’or hollywoodien, à travers de grands spectacles, dont les plus célèbres demeurent La Vie secrète de Walter MittyThe Secret Life of Walter Mitty (1947) de Norman Z. McLeod, d’après la nouvelle de James Thurber, qui avait connu un très bon remake réalisé en 2013 par Ben Stiller, ainsi que le hit de sa filmographie, Noël blanc White Christmas (1954) de Michael Curtiz, où il fait face à Bing Crosby. Rétrospectivement, Danny Kaye a finalement peu tourné, un peu plus d’une quinzaine de films en 25 ans, mais la popularité, le talent et le charisme de cet homme-orchestre étaient gigantesques, dépassaient les frontières et avaient même donné envie à notre Pierre Richard national de devenir acteur. Si l’on peut citer en vrac Un fou s’en va-t-en guerre Up in Arms (1944) d’Elliott Nugent, Le Laitier de BrooklynThe Kid from Brooklyn (1946), Si bémol et Fa dièse A Song Is Born (1948) de Howard Hawks, Vive monsieur le maire The Inspector General (1949) d’Henry Koster, les deux collaborations de Danny Kaye avec le tandem Melvin Frank et Norman Panama se distinguent. Deux ans après Un grain de folieKnock on Wood (1954), le comédien et les réalisateurs (également scénaristes et producteurs) se retrouvent pour Le Bouffon du roi The Court Jester, parodie de film de cape et d’épée, non seulement très drôle encore aujourd’hui, mais fabuleusement mise en scène, photographiée et interprétée par des acteurs survoltés. Dans cette histoire de royaume volé, Danny Kaye trône en maître sur une formidable distribution composée de Glynis Johns, Basil Rathbone, Angela Lansbury et John Carradine. L’acteur principal se livre à un one-man show dantesque, sans jamais tirer la couverture à ses partenaires (aucun n’est laissé de côté), dans lequel il se déguise, chante, combat en armure, se fait hypnotiser, compte fleurette en se prenant pour Errol Flynn (beaucoup de références aux Aventures de Robin des Bois de Michael Curtiz et William Keighley), bondit de toit en toit, jongle avec les mots, tout cela en gardant le sourire et en faisant quelques sourires complices aux spectateurs. Près de soixante-dix ans après sa sortie, Le Bouffon du roi, film devenu rare, reste un modèle de comédie pastiche.

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Test Blu-ray / Parties intimes, réalisé par Betty Thomas

PARTIES INTIMES (Private Parts) réalisé par Betty Thomas, disponible en Blu-ray le 20 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Howard Stern, Robin Quivers, Mary McCormack, Fred Norris, Paul Giamatti, Gary Dell’Abate, Jackie Martling, Carol Alt…

Scénario : Len Blum & Michael Kalesniko, d’après le livre d’Howard Stern

Photographie : Walt Lloyd

Musique : Van Dyke Parks

Durée : 1h49

Année de sortie : 1997

LE FILM

Evocation de la lutte et de la carrière d’Howard Stern, aphasique depuis l’âge de douze ans et qui à force de volonté est devenu une star de la radio et de la télévision aux Etats-Unis.

Qui en France, en 2021, se souvient encore de Howard Stern ? Né en 1954 à New York, l’animateur de radio américain, par ailleurs autoproclamé « Roi de tous les médias », avait su marquer les années 1980-90 avec son ton irrévérencieux à une heure de grande écoute, qui n’avait pas tardé à créer de multiples controverses, non seulement dans son pays, mais aussi au sein même de la station de radio qui l’employait. Parties intimesPrivate Parts est un peu la cerise sur le gâteau pour la star radiophonique, puisqu’il s’agit de l’adaptation cinématographique de son autobiographie (très romancée paraît-il), réalisée par Betty Thomas et interprétée par…Howard Stern lui-même dans son propre rôle. Soyons honnêtes, le film a peu voire aucun intérêt dans nos contrées, surtout aujourd’hui, à part pour celles et ceux qui auront grandi dans les années 1980-1990 et aperçu son émission filmée et diffusée sur MTV. Toujours est-il que si l’on oublie que l’histoire qui nous est racontée est « vraie », Parties intimes reste une comédie sympathique, qui ne vole pas haut certes, mais qui dresse le portrait d’un quasi-freak à la langue bien pendue, probablement mal dans sa peau, timide et renfermé, qui s’est créé un monstre provocateur pour pouvoir enfin sortir de sa coquille et se sentir aimé. C’est déjà pas si mal pour un petit film complètement disparu, du moins dans l’Hexagone (où il aura fait 23.000 entrées en mai 1997), qui avait connu un beau succès commercial chez l’Oncle Sam en rapportant 41 millions de dollars, soit deux fois son budget initial.

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Test Blu-ray / Le Fantôme du Bengale, réalisé par Simon Wincer

LE FANTÔME DU BENGALE (The Phantom) réalisé par Simon Wincer, disponible en Blu-ray le 20 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Billy Zane, Treat Williams, Kristy Swanson, Catherine Zeta-Jones, Patrick McGoohan, James Remar, Cary-Hiroyuki Tagawa, Bill Smitrovich…

Scénario : Jeffrey Boam, d’après la bande dessinée de Lee Falk

Photographie : David Burr

Musique : David Newman

Durée : 1h40

Année de sortie : 1996

LE FILM

Dans les années 1930, dans la forêt de Bengalla, un justicier masqué, le Fantôme, fait régner la justice et la paix. Un jour, il apprend qu’un richissime collectionneur corrompu, Xander Drax, cherche à obtenir trois mystérieux crânes, qui, une fois réunis, lui conféreront d’immenses pouvoirs. Avec l’aide d’une journaliste, Diane Palmer, le Fantôme agit pour que Xander Drax n’arrive pas à ses fins.

Bien qu’il n’ait connu aucun succès lors de sa sortie dans les salles en juin 1996 aux Etats-Unis et en décembre de la même année dans nos contrées, Le Fantôme du BengaleThe Phantom, réalisé par Simon Wincer, a su se faire une petite place dans le coeur des cinéphiles amateurs de séries B. Cette adaptation de la bande dessinée éponyme créée en 1936 par Lee Falk, le père de Mandrake le magicien, n’est pas une parodie, mais un pastiche des serials des années 1930, au même titre que les plus connus Les Aventures de RocketeerThe Rocketeer (1991) de Joe Johnston et The Shadow (1994) de Russell Mulcahy, qui surfaient déjà sur cette mouvance. Chaînon manquant entre Tarzan, né en 1912 sous la plume d’Edgar Rice Burroughs, et Batman du tandem Bob Kane – Bill Finger qui verra le jour en 1939, The Phantom version long-métrage rend hommage aux aventuriers et super-héros qui commençaient à faire les beaux jours des comic-strips, en adoptant les partis pris originaux, autrement dit en embrassant l’aspect kitsch de la source originale, tout en proposant aux spectateurs un divertissement de haute volée, menée tambour battant sur un score démentiel de David Newman, génialement mis en scène et interprété par Billy Zane, un an avant Titanic de James Cameron, qui s’amuse comme un gamin en faisant des cabrioles, tout en faisant du charme – suranné – aux belles Kristy Swanson et Catherine Zeta-Jones. Le Fantôme du Bengale est devenu un film culte, dont la réussite est très souvent louée sur les sites spécialisés et cette réputation n’est pas usurpée. D’ailleurs, il n’est pas interdit de penser que George Lucas s’en est largement inspiré pour son inénarrable Indiana Jones et le Royaume du Crâne de cristal (2008), par ailleurs beaucoup moins fun et inspiré que notre Phantom. Cela n’est peut-être pas une simple coïncidence, puisque le scénariste Jeffrey Boam, n’est autre que celui d’Indiana Jones et la dernière croisadeIndiana Jones and the Last Crusade (1989). Alors si vous ne connaissez pas encore Kit Walker, foncez !

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Test Blu-ray / Un vampire à Brooklyn, réalisé par Wes Craven

UN VAMPIRE À BROOKLYN (A Vampire in Brooklyn) réalisé par Wes Craven, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Eddie Murphy, Angela Bassett, Allen Payne, Kadeem Hardison, Zakes Mokae, John Witherspoon, Joanna Cassidy, Simbi Kali…

Scénario : Charles Murphy, Michael Lucker, Chris Parker, Eddie Murphy, Vernon Lynch Jr.

Photographie : Mark Irwin

Musique : J. Peter Robinson

Durée : 1h42

Année de sortie : 1995

LE FILM

Le temps est venu pour Maximillian, vampire aristocrate exilé dans les Caraïbes, d’assurer sa descendance. Il se rend donc à New York à la recherche de la femme idéale. Il rencontre Rita Veder, qui travaille dans la police mais qui ignore totalement qu’elle est à moitié vampire. Pour la conquérir sans éveiller ses soupçons, Maximillian doit user de ruse et déployer tout son charme. Il s’adjoint également l’aide de Julius qu’il transforme en zombie pour la circonstance.

S’il a moins rapporté que le premier opus au box-office, Le Flic de Beverly Hills 2 conforte la place d’Eddie Murphy dans le top des acteurs les plus bankables et les plus appréciés par les spectateurs dans le monde. Un an plus tard, Un prince à New YorkComing to America est aussi un triomphe au box-office et l’acteur commence à multiplier les rôles grimés dans le même film, en interprétant ici pas moins de quatre personnages, se donnant même parfois la réplique. Étrangement, c’est juste après le film de John Landis que la machine va commencer à s’enrayer, par petites étapes, doucement, mais sûrement. Son premier coup d’essai derrière la caméra, par ailleurs le seul à ce jour, à savoir Les Nuits de Harlem Harlem Nights (1989) dans lequel il tient l’affiche avec Richard Pryor, ne rencontre pas le succès espéré (même si le film rentre largement dans ses frais), même chose pour 48 Heures de plus (1990), pour lequel il obtient un salaire record, qui ne parvient pas à retrouver la flamme du premier opus, mais qui rapporte tout de même 150 millions de dollars à l’international. 1992 accélère brutalement la chute d’Eddie Murphy avec deux opus sortis la même année, Boomerang de Reginald Hudlin et Monsieur le député The Distinguished Gentleman de Jonathan Lynn. Si le premier s’en sort honorablement, le second est réellement le premier revers pour le comédien. Sentant le vent tourner, Eddie Murphy décide de retrouver son personnage fétiche d’Axel Foley pour une troisième aventure du Flic de Beverly Hills, que réalisera John Landis, cinéaste qui lui a déjà porté chance. Mais cette fois, le film ne rentabilise sa mise sur le sol de l’Oncle Sam (42 millions de dollars pour 50 millions de budget). Un échec conséquent pour l’acteur, surtout pour le troisième épisode de la saga qui a fait de lui une star. Cherchant alors à se renouveler, il produit et écrit avec son frère Charlie l’histoire d’Un vampire à Brooklyn Vampire in Brooklyn, une comédie horrifique sur laquelle Eddie Murphy mise beaucoup, malgré un budget fortement revu à la baisse, 14 millions de dollars. A la barre, nous retrouvons Wes Craven, qui vient d’essayer de redorer le blason de Freddy Krueger dans (le largement surestimé) Freddy sort de la nuitWes Craven’s New Nightmare, lui aussi désireux de s’essayer à un nouveau genre et surtout attiré à l’idée de diriger une star internationale. Malheureusement, la sauce n’a pas pris et ne prendra d’ailleurs jamais. S’il est aujourd’hui considéré comme un petit classique, Un vampire à Brooklyn apparaissait déjà has-been en 1995 et ne s’est évidemment pas amélioré plus de 25 ans après sa sortie. La faute à un Eddie Murphy monolithique, qui pense qu’être affublé de longues dents effilées ou croulant sous des tonnes de prothèses fera de lui un vampire charismatique sera suffisant pour contenter à la fois ses fans de la première heure, heureux de le voir interpréter à nouveau plusieurs personnages – le vampire principal, un prédicateur alcoolique et un gangster italien blanc grossier – grâce au talent des maquilleurs, et les aficionados de films d’épouvante. Mais ce cocktail, même si secoué dans tous les sens, ne fonctionne pas et se révèle indigeste.

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Test Blu-ray / Golden Child : L’Enfant sacré du Tibet, réalisé par Michael Ritchie

GOLDEN CHILD : L’ENFANT SACRÉ DU TIBET (The Golden Child) réalisé par Michael Ritchie, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Eddie Murphy, J.L. Reate, Charlotte Lewis, Charles Dance, Victor Wong, Randall « Tex » Cobb, James Hong, Shakti Chen…

Scénario : Dennis Feldman

Photographie : Donald E. Thorin

Musique : Michel Colombier

Durée : 1h34

Année de sortie : 1986

LE FILM

Détective privé de Los Angeles spécialisé dans le rapt et les disparitions d’enfants, Chandler Farrell est contacté par une secte tibétaine pour retrouver l’Enfant Sacré qui a été enlevé par les sbires sataniques de Sardo Mumpsa. Il a d’abord du mal à croire la jolie Kee Nang, mais il se laisse convaincre et, après avoir été initié par la mystérieuse Kala et l’honorable Docteur Hong, il se lance dans une lutte particulièrement dangereuse.

Quand il tourne Golden Child : L’Enfant sacré du TibetThe Golden Child, Eddie Murphy, âgé de 25 ans est devenu l’une des plus grandes stars de la planète suite aux cartons successifs de 48 heures48 Hrs. (1982) de Walter Hill, Un fauteuil pour deuxTrading Places (1983) de John Landis et surtout Le Flic de Beverly Hills Beverly Hills Cop (1984) de Martin Brest. Le comédien a donc l’embarras du choix et jette son dévolu sur un scénario de Dennis Feldman, remarqué avec Just One of the Guys (1985) de Lisa Gottlieb, futur scénariste de La MutanteSpecies (1995) de Roger Donaldson et du mal aimé (à juste titre ?) Virus (1999) de John Bruno, avec Jamie Lee Curtis et Donald Sutherland. Cette fantaisie fantastique bourrée d’humour, d’action et d’aventures est surtout prétexte pour Eddie Murphy d’asseoir son statut en enchaînant les vannes et les éclats de rire, tout en jouant les héros. Si le film a pris un sacré coup de vieux au niveau des effets spéciaux, cette comédie fantastique demeure une vraie madeleine pour de très nombreux spectateurs qui l’ont découvert au cinéma ou pour celles et ceux qui ont grandi avec au fil des multiples diffusions à la télévision. Non seulement Golden Child : L’Enfant sacré du Tibet reste sans nul doute l’un des films les plus funs d’Eddie Murphy, mais les français peuvent également se délecter du doublage sensationnel de Med Hondo, explosif, qui a largement contribué (une fois de plus) à ériger le film de Michael Ritchie au rang des films cultes, à tel point que même le thème principal signé Michel Colombier servira plus tard de musique pour le générique de Téléfoot. Une référence du divertissement emblématique des années 1980, même si l’on est en droit de préférer Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin Big Trouble in Little China de John Carpenter, par ailleurs sorti la même année, surfant sur des thèmes et des motifs semblables. Mais on peut aussi aimer les deux et c’est même conseillé.

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Test Blu-ray / The Two Jakes, réalisé par Jack Nicholson

THE TWO JAKES réalisé par Jack Nicholson, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Jack Nicholson, Harvey Keitel, Meg Tilly, Madeleine Stowe, Eli Wallach, Rubén Blades, Frederic Forrest, David Keith, Joe Mantell, James Hong…

Scénario : Robert Towne

Photographie : Vilmos Zsigmond

Musique : Van Dyke Parks

Durée : 2h17

Année de sortie : 1990

LE FILM

A Los Angeles, en 1948, le promoteur immobilier Jake Berman s’attache les services du détective privé Jake Gittes pour déterminer la fidélité de sa femme Kitty. Les deux hommes mettent un plan sur pied et surprennent Kitty en flagrant délit d’adultère mais Gittes ne s’attendait pas à ce que Berman assassine l’amant de sa femme sous ses yeux.

Sorti en 1990, The Two Jakes est une curiosité à plus d’un titre. Premièrement, il s’agit d’une des rares fois où Jack Nicholson retrouve l’un de ses personnages pour la suite d’un de ses précédents succès, en l’occurrence ici celui de Jake Gittes, apparu seize ans plus tôt dans le triomphal Chinatown de Roman Polanski, l’autre étant Garrett Breedlove du diptyque Tendres PassionsTerms of Endearment (1983) de James L. Brooks et Étoile du soirThe Evening Star (1996) de Robert Harling. Deuxièmement, The Two Jakes est aussi l’un des films mis en scène par Jack Nicholson lui-même, à ce jour son troisième et dernier, après Vas-y, fonceDrive, He Said (1971) et En route vers le sudGoin’ South (1978), son quatrième si l’on tient compte de sa participation non créditée aux côtés de Roger Corman pour l’excellent L’Halluciné The Terror sorti en 1963. Bon, maintenant il est vrai que nous n’attendions sûrement pas cette séquelle du chef d’oeuvre absolu qui avait reçu onze nominations à la 47e cérémonie des Oscars en 1975, dernier film de Roman Polanski tourné aux États-Unis et récompensé de nombreuses fois, y compris par l’Oscar du meilleur scénario original, quatre Golden Globes et trois BAFTA. Ce qu’on oublie parfois, c’est qu’au début des années 1990, Jack Nicholson domine Hollywood grâce à son rôle du Joker qu’il vient d’incarner dans le Batman de Tim Burton. Il avait en effet accepté de participer à ce film sous certaines conditions, autrement dit un salaire mirobolant, mais aussi et surtout une partie des recettes du box office et des produits issus du merchandising. Batman devient le plus gros succès de l’année 1989 et l’ami Jack peut faire ce qu’il souhaite à l’âge de 52 ans. Contre toute attente, le comédien décide de repasser derrière la caméra et de reprendre le costume trois-pièces du détective privé Jack Gittes, pour la suite inattendue de Chinatown. The Two Jakes est également écrit par le scénariste Robert Towne (le script était d’ailleurs prêt depuis 1984), qui très tôt avait pensé faire une trilogie autour de ce personnage. Forcément, on ne peut s’empêcher de comparer The Two Jakes à son modèle, mais il apparaît vite que la mise en scène de Jack Nicholson ne peut rivaliser avec celle de Roman Polanski. Toutefois, ce film néo-noir comporte quelques éléments intéressants et même si l’intrigue demeure foncièrement obscure, pour ne pas dire hermétique, The Two Jakes mérite bien qu’on s’y attarde au moins une fois.

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Test Blu-ray / Les 4 Fils de Katie Elder, réalisé par Henry Hathaway

LES 4 FILS DE KATIE ELDER (The Sons of Katie Elder) réalisé par Henry Hathaway, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : John Wayne, Dean Martin, Michael Anderson Jr., Earl Holliman, George Kennedy, Dennis Hopper, Martha Hyer, Jeremy Slate…

Scénario : William H. Wright, Allan Weiss & Harry Essex

Photographie : Lucien Ballard

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 2h02

Année de sortie : 1965

LE FILM

Les quatre fils de Katie Elder sont réunis à Clearwater, Texas, pour l’enterrement de leur mère. Ils découvrent que celle-ci était dans la misère. Leur père avait perdu son ranch au jeu, un jeu truqué, avant d’être assassiné par Morgan Hastings. Les frères mènent alors l’enquête…

Quand on évoque Henry Leopold de Fiennes alias Henry Hathaway (1898-1985), on pense immédiatement au Carrefour de la mortKiss of Death (1947), L’Attaque de la malle-posteRawhide (1951), Niagara (1953), Prince Vaillant Prince Valiant (1954), Le Plus Grand Cirque du mondeCircus World (1964), Nevada Smith (1966) et bien évidemment à Cent dollars pour un shérif True Grit (1969) qui aura valu à John Wayne son unique Oscar du meilleur acteur et qui connaîtra un remake éponyme réalisé en 2010 par les frères Coen. Étrangement et malgré son triomphe en 1965, Les Quatre Fils de Katie Elder The Sons of Katie Elder est souvent oublié aujourd’hui dans la longue (42 ans) et prolifique (près de 70 longs-métrages) carrière du cinéaste. C’est un film qui donne envie d’écrire une lettre d’amour au cinéma. Celui que l’on regarde avec des yeux émerveillés, qui accroche un sourire aux lèvres des spectateurs pendant deux heures, même durant les moments émouvants, car ce qui est beau rend heureux. Les Quatre Fils de Katie Elder est un film fantastique, où chaque plan est sublime, où les comédiens – John Wayne en tête – sont extraordinaires, où chaque réplique fait mouche, où l’émotion, la mélancolie et l’humour arrivent toujours là où on s’y attend le moins, qui offre une évasion doublée d’un voyage dans le temps, tout en conservant une folle modernité près de soixante ans après sa sortie. C’est un film dont on voudrait parler partout et conseiller à n’importe qui. C’est ça le vrai cinéma.

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Test Blu-ray / Retour vers l’enfer, réalisé par Ted Kotcheff

RETOUR VERS L’ENFER (Uncommon Valor) réalisé par Ted Kotcheff, disponible en Blu-ray le 20 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Gene Hackman, Fred Ward, Randall « Tex » Cobb, Patrick Swayze, Harold Sylvester, Tim Thomerson, Robert Stack, Gail Strickland, Jane Kaczmarek, Barret Oliver…

Scénario : Joe Gayton

Photographie : Stephen H. Burum

Musique : James Horner

Durée : 1h45

Année de sortie : 1983

LE FILM

Vietnam, 1972. Les opérations de sauvetage de troupes par l’armée américaine devenant de plus en plus dangereuses, certains soldats sont laissés sur place. Le colonel Rhodes est persuadé que son fils n´est pas mort au Vietnam mais qu´il est prisonnier dans un camp. Dix ans plus tard, il réunit quelques compagnons pour aller libérer son fils.

Pour la plupart des cinéphiles, William Theodore Kotcheff alias Ted Kotcheff (né en 1931), canadien fils d’émigrés bulgares passé à la mise en scène en 1962, est le réalisateur du mythique premier volet de la saga Rambo, First Blood pour les puristes. Pour les amateurs de pépites, c’est aussi le cinéaste des comédies cultissimes Touche pas à mon gazon (1977) et La Grande cuisine ou l’art et la manière d’assaisonner les chefs (1978), mais aussi du frappadingue Wake in FrightRéveil dans la terreur (1971) ! Quasiment un an après Rambo, First Blood, le cinéaste se penchait à nouveau sur le sujet du Vietnam avec Retour vers l’enfer Uncommon Valor, qui anticipait étrangement sur le Rambo 2 : la mission de George Pan Cosmatos qui sortira deux ans plus tard, puisque le film traite des soldats américains toujours détenus au Vietnam dix ans après le retour des derniers prisonniers. A l’instar du premier volet de la franchise Rambo, qui d’ailleurs n’était pas encore une saga au moment où sort Retour vers l’enfer, Ted Kotcheff privilégie l’émotion, la réflexion et l’humour, même si les amateurs d’action et de films de guerre en auront pour leur argent, surtout dans le dernier acte du film. Uncommon Valor est avant tout le portrait d’un homme fracassé par la disparition de son fils au Vietnam au début des années 1970, alors que ses camarades sont rentrés au bercail. Ce père traumatisé est incarné par l’immense Gene Hackman, aussi bad-ass sur le terrain que bouleversant quand son personnage s’accroche à cette idée qu’il retrouvera son fils et qu’il le serrera encore dans ses bras. Le comédien est savamment épaulé par une équipe de durs à cuire. L’alchimie entre tous les acteurs est réelle et participe à la belle immersion proposée par Retour vers l’enfer, grand divertissement excellemment réalisé, produit par John Milius (qui a sûrement participé au scénario, même s’il n’est pas crédité) et finement écrit, loin du caractère bourrin et éminemment patriote des opus du genre qui fleuriront au cours des années Reaganiennes.

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Test Blu-ray / Pieds nus dans le parc, réalisé par Gene Saks

PIEDS NUS DANS LE PARC (Barefoot in the Park) réalisé par Gene Saks, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Robert Redford, Jane Fonda, Charles Boyer, Mildred Natwick, Herb Edelman, Mabel Albertson, Fritz Feld, James Stone, James F. Stone, Ted Hartley…

Scénario : Neil Simon d’après sa pièce de théâtre

Photographie : Joseph LaShelle

Musique : Neal Hefti

Durée : 1h46

Année de sortie : 1967

LE FILM

Deux jeunes mariés follement épris l’un de l’autre. Ils ont oublié le reste du monde. Hélas, la lune de miel terminée, les nouveaux époux ont des problèmes d’appartement sur lesquels ils ne sont pas tout à fait d’accord. Elle pense un peu trop à sa toilette pour être belle et plaire à son mari, lui, un peu trop à ses affaires pour gagner de l’argent et plaire à sa femme.

Produit et écrit par Neil Simon, d’après l’une de ses pièces de théâtre à succès, Pieds nus dans le parcBarefoot in the Park est le premier long-métrage du réalisateur Gene Saks (1921-2015), plus connu pour son second film, Drôle de coupleThe Odd Couple (1968) avec le légendaire tandem Jack Lemmon et Walter Matthau, également adapté d’une pièce de Neil Simon. Si Pieds nus dans le parc est passé à la postérité, c’est surtout en raison de son couple star, Jane Fonda et Robert Redford, alors au début de leurs carrières respectives, beaux comme des Dieux, merveilleusement complices, sexy et visiblement heureux de se donner la (tordante) réplique, quitte parfois à en faire trop, mais on leur pardonne volontiers. La mise en scène ne parvient jamais à se sortir du dispositif théâtral original, mais la réussite du film provient de l’excellence de l’interprétation, ses deux têtes d’affiche donc, mais aussi notre Charles Boyer national et Mildred Natwick, grande comédienne de second rôle souvent vue chez John Ford (Les Hommes de la mer, Le Fils du désert, La Charge héroïque, L’Homme tranquille), Joseph L. Mankiewicz (Un mariage à BostonThe Late George Apley), George Sherman (À l’abordageAgainst all flags) et Alfred Hitchcoick (Mais qui a tué Harry ?The Trouble with Harry) dont les personnages deviennent aussi important dans la deuxième partie du film que le couple principal. Barefoot in the Park n’a certes pas révolutionné le cinéma, mais a su conserver une fraîcheur et une liberté de ton plus de cinquante ans après sa sortie et demeure un classique de la comédie américaine.

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Test Blu-ray / Un fauteuil pour deux, réalisé par John Landis

UN FAUTEUIL POUR DEUX (Trading Places) réalisé par John Landis, disponible en Blu-ray le 1er juin 2019 chez Paramount Pictures

Acteurs : Dan Aykroyd, Eddie Murphy, Ralph Bellamy, Don Ameche, Denholm Elliott, Jamie Lee Curtis, Frank Oz, James Belushi…

Scénario : Timothy Harris, Herschel Weingrod

Photographie : Robert Paynter

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 1h56

Année de sortie : 1983

LE FILM

I had the most absurd nightmare. I was poor and no one liked me. I lost my job, I lost my house, Penelope hated me, and it was all because of this terrible, awful Negro!

Après avoir mis en scène coup sur coup trois énormes succès au box-office, American College (1978), The Blues Brothers (1980) et Le Loup-garou de Londres (1981), John Landis réalise son rêve de cinéphile avec Un fauteuil pour deux, hommage direct aux comédies sociales de Frank Capra. Il impose Eddie Murphy, comme le reste de son casting d’ailleurs, et livre une satire sur les préjugés et la bêtise humaine. Plus de 35 ans après sa sortie, le film a non seulement bien vieilli, mais le portrait dressé d’un monde scrupule et s’en prenant aux petites gens s’avère toujours autant d’actualité. Dans les années 1980, l’Amérique surpuissante de l’ère Reagan bat son plein et le capitalisme est roi. L’avenir de deux hommes, Louis Winthorpe et Billy Ray Valentine, se retrouve dans les mains de deux vieux millionnaires (les vétérans Ralph Bellamy et Don Ameche) qui ont parié sur eux pour la somme d’un dollar, dans le seul but de se divertir. Jamie Lee Curtis, incendiaire et qui a marqué plusieurs générations de cinéphiles au détour d’une scène mythique, incarne Ophelia, une prostituée au cœur d’or qui semble être la seule à savoir que la vie ne fait pas de cadeaux. Louis évoluera à ses côtés en apprenant à communiquer, à aimer et à se prendre en main en devenant un homme. Jamie Lee Curtis sera récompensée par le BAFTA de la meilleure actrice dans un second rôle. Pas mal pour une actrice dont la Paramount ne voulait pas. Sur un scénario coécrit par Timothy Harris et Herschel Weingrod, qui écriront plus tard quelques réjouissants divertissements (Comment claquer un million de dollars par jour?, Jumeaux, J’ai épousé une extra-terrestre, Un flic à la maternelle), Un fauteuil pour deuxTrading Places est un film culte, une comédie aussi drôle qu’élégante.

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