Test Blu-ray / Le Flic se rebiffe, réalisé par Burt Lancaster et Roland Kibbee

LE FLIC SE REBIFFE (The Midnight Man) réalisé par Burt Lancaster et Roland Kibbee, disponible en DVD et Blu-ray le 27 juin 2017 chez Movinside

Acteurs : Burt Lancaster, Susan Clark, Cameron Mitchell, Morgan Woodward, Harris Yulin, Robert Quarry, Joan Lorring, Ed Lauter

Scénario : Burt Lancaster, Roland Kibbee d’après le roman The Midnight Lady and the Mourning Man de David Anthony

Photographie : Jack Priestley

Musique : Dave Grusin

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Après un séjour en prison pour avoir assassiné l’amant de sa femme, Slade, un ancien policier, trouve un petit boulot de gardien de nuit sur un campus universitaire. Il tente de mener à nouveau une vie normale et Linda, sa contrôleuse judiciaire, s’éprend même de lui. Malheureusement, une série de meurtres se produit dans l’université… Slade décide d’enquêter.

En 1954, bien qu’il ne soit pas crédité, Burt Lancaster cosigne la mise en scène du Roi des îles aux côtés de Byron Haskin. L’année suivante, il réalise officiellement son premier long métrage, L’Homme du Kentucky, western dans lequel il donne la réplique à Dianne Foster et Diana Lynn. Burt Lancaster attendra quasiment vingt ans pour repasser une dernière fois derrière la caméra. Le Flic se rebiffe, titre français à côté de la plaque pour le titre autrement plus beau et poétique en version originale The Midnight Man, est comme qui dirait un dernier baroud d’honneur pour la star vieillissante. S’il lui restait encore de fabuleuses aventures cinématographiques à venir, Violence et passion de Luchino Visconti, 1900 de Bernardo Bertolucci, L’Ultimatum des trois mercenaires de Robert Aldrich pour ne citer que ceux-là, Burt Lancaster a déjà l’essentiel de sa carrière derrière-lui, trente ans de métier, une quantité impressionnante de films et de chefs d’oeuvres tournés aux quatre coins du monde. Rétrospectivement, Le Flic se rebiffe, d’après la nouvelle The Midnight Lady and the Mourning Man de David Anthony, peut se voir comme le portrait d’un acteur quelque peu usé, paumé dans une décennie bouleversée, qui déambule dans un milieu où il n’a plus de repères et où il apparaît presque comme un anachronisme.

The Swimmer, immense chef d’oeuvre de Frank Perry, jouait déjà avec la mythologie Lancaster, le passage du temps, avec de nombreuses références aux films les plus célèbres du comédien. Ici, Burt Lancaster erre presque comme un spectre, dans un monde qui a perdu le sens des valeurs, même s’il souhaite démontrer qu’il en a encore sous le capot et qu’il n’est pas prêt à être envoyé à la casse. C’est ainsi que son personnage, Slade, ancien flic de la criminelle, mis au rebut après avoir tué l’amant de sa femme trouvé dans son propre lit, débarque dans une petite ville universitaire de la Caroline du Sud. Libéré sur parole, il a accepté un travail de gardien de nuit sur le campus, où il s’occupe de la tranche minuit-8h du matin. Il est recueilli chez un de ses meilleurs amis, Quartz, également ancien flic, joyeux drille et pince-sans-rire. Mais ce dernier est blessé au cours d’une arrestation qui tourne mal. La jambe dans le plâtre, il est alité. Slade commence à prendre ses nouvelles marques et rencontre Linda Thorpe (Susan Clarke et ses beaux yeux bleus), qui travaille étroitement avec la police et notamment le shérif Casey (l’excellent Harris Yulin, spécialiste de la rubrique « On ne sait jamais comment ils s’appellent »), non loin de l’université. Un matin, la fille du sénateur Clayborde (Morgan Woodward), étudiante sur le campus, est retrouvée assassinée. S’il n’a plus son insigne, Slade a conservé son instinct de flic et commence à recueillir quelques indices en parallèle de l’enquête de police. Il ne sait pas qu’il vient de mettre les pieds dans une affaire où il n’aurait pas dû intervenir. Toujours est-il qu’il n’hésitera pas à répondre à la violence par la violence s’il le faut.

Si Le Flic se rebiffe ne brille pas par sa mise en scène, également signée Roland Kibbee (scénariste de Vera Cruz), qui s’apparente plus à un téléfilm, The Midnight Man se regarde comme on lit un bon vieux polar à la couverture froissée et aux pages jaunies, un dimanche après-midi pluvieux, une tasse de thé à portée de main. Il y a tout d’abord le charme propre aux productions des années 1970 avec ce grain particulier, ses couleurs automnales, ses petites bourgades chichement éclairées, ses bars enfumés où les hommes seuls viennent noyer leur chagrin dans un verre de bière. Ensuite, il y a le pincement au coeur de voir l’une des plus grandes stars hollywoodiennes vieillir devant la caméra. Les yeux sont toujours brillants, mais le visage est marqué par la rosacée et les mains tachetées ne trompent pas sur les années qui ont passé.

Le Flic se rebiffe est un petit film bourré de charme, empreint d’une nostalgie qui émeut souvent, qui parvient à contenter les amoureux des histoires policières du style roman de gare avec un étonnant dénouement à tiroirs qui possède vraiment l’esprit d’une série noire. Heureusement, The Midnight Man, avec une mélancolie sous-jacente, la photographie duveteuse de Jack Priestley, la douce partition de Dave Grusin et la versatilité de ses personnages, parvient sans mal à se faire une place dans le coeur et même dans l’esprit des spectateurs.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Flic se rebiffe est édité chez Movinside qui pour l’occasion inaugure une nouvelle collection Suspense/Polar avec également les titres Don Angelo est mort de Richard Fleischer (déjà chroniqué) et The Hit de Stephen Frears. La jaquette reprend un des visuels originaux du film et s’avère très élégante. Le menu principal est animé et musical. Aucun chapitrage et aucun supplément malheureusement.

L’Image et le son

Le film de Burt Lancaster et de Roland Kibbee n’était disponible qu’en import allemand. C’est donc une vraie rareté proposée par Movinside, d’autant plus que l’éditeur propose ce titre en Blu-ray. Malgré un grain aléatoire, heureusement conservé ceci dit, les scènes diurnes et nocturnes sont logées à la même enseigne et formidablement rendues avec ce master HD nettoyé de toutes défectuosités. Mis à part un générique un poil tremblant, les contrastes du chef opérateur Jack Priestley (Né pour vaincre), retrouvent une nouvelle densité. Les nombreux points forts de cette édition demeurent la beauté des gros plans, la propreté du master (hormis quelques points blancs), les couleurs ravivées, les noirs profonds et le relief des scènes en extérieur jour avec des détails plus flagrants. Quelques fléchissements de la définition, mais rien de rédhibitoire. Enfin, le film est proposé dans son format d’origine 1.85.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 2.0 sont propres, efficaces et distillent parfaitement la musique de Dave Grusin. La piste anglaise ne manque pas d’ardeur et s’avère la plus équilibrée du lot. Au jeu des différences, la version française, beaucoup moins dynamique, se focalise trop sur les dialogues au détriment de certaines ambiances et effets annexes. Aucun souffle constaté sur les deux pistes. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Universal / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr


Test Blu-ray / Don Angelo est mort, réalisé par Richard Fleischer

DON ANGELO EST MORT (The Don is Dead) réalisé par Richard Fleischer, disponible en DVD et Blu-ray le 27 juin 2017 chez Movinside

Acteurs : Anthony Quinn, Frederic Forrest, Robert Forster, Al Lettieri, Angel Tompkins, Charles Cioffi

Scénario : Christopher Trumbo, Michael Butler d’après le roman The Don is Dead de Marvin H. Albert

Photographie : Richard H. Kline

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Après le décès de Don Paolo, le chef de la mafia new-yorkaise, un Conseil réunissant les plus grandes familles du Milieu se réunit et désigne Don Angelo comme leur nouveau chef. Ce dernier prend sous sa protection Frank, le fils de Don Paolo et le désigne comme son héritier. Cet arrangement ne convient pas à Orlando, l’avocat d’un chef de famille rival et met tout en œuvre pour qu’une guerre éclate entre Don Angelo et Frank, guerre qui sera très sanglante…

L’immense Richard Fleischer (1916-2006) a déjà plus de trente longs métrages à son actif lorsqu’il réalise Don Angelo est mort – The Don is Dead en 1973. Alors qu’il s’attachait à décrire le quotidien professionnel et personnel d’une poignée de flic dans son film précédent, le merveilleux Les Flics ne dorment pas la nuit, le réalisateur de L’Etrangleur de Rillington Place et de Terreur aveugle, se penche ici sur l’autre côté de la loi, le monde de la mafia italo-américaine.

En (re)découvrant cet opus souvent oublié dans l’incroyable, prolifique et éclectique filmographie de Richard Fleischer, il est évident de constater que Don Angelo est mort découle tout naturellement du Parrain, sorti en 1971. De nombreuses séquences font d’ailleurs étrangement écho avec le chef d’oeuvre de Francis Ford Coppola, à tel point que cela en devient même troublant comme cette explosion de violence près des étals d’oranges ou bien encore un règlement de comptes chez le barbier. Mais Richard Fleischer est bien trop malin pour livrer un simple ersatz, ce qui lui a permis de survivre artistiquement dans cette décennie bousculée du 7e art.

Don Angelo (Anthony Quinn) règne en parrain vieillissant sur une puissante famille de la mafia. Son empire fait des envieux. Des rivaux montrent les dents. Le plus acharné de tous est Frank Regabulto (Robert Forster). Angelo et lui ont plus d’un compte à régler, en particulier en ce qui concerne une femme, Ruby, maîtresse de Frank et que Don Angelo a voulu aider pour lancer sa carrière de chanteuse. Devenu fou de jalousie, Frank s’en prend à Ruby, la frappe et l’envoie à l’hôpital. Attisée par la haine, la guerre se déchaîne entre les deux clans. Frank charge ses deux tueurs à gages, les frères Fargo, pour liquider le vieux Don. Mais Angelo, étroitement protégé par ses hommes, n’entend pas se laisser abattre facilement. Ses fidèles rendent coup pour coup. L’exécution du contrat se révèle meurtrière pour Frank et ses hommes.

Avant d’entamer le tournage de Soleil vert, un de ses plus grands et célèbres films, Richard Fleischer démontre une fois de plus son don et sa virtuosité pour passer d’un genre à l’autre. Sur un scénario de Christopher Trumbo et Michael Butler, d’après le roman The Don is Dead de Marvin H. Albert, le cinéaste dépeint un univers en s’attachant au moindre détail, ce qui a toujours fait sa renommée, avec parfois une dimension quasi-documentaire quand sa caméra portée s’immisce au cours d’une transaction drogue/argent, créant ainsi une tension permanente. A l’instar des Flics ne dorment pas la nuit et malgré la présence d’Anthony Quinn en haut de l’affiche dont le personnage donne son nom au titre du film, il n’y a pas de personnage principal dans Angelo est mort. Richard Fleischer passe de l’un à l’autre, jouant avec l’empathie du spectateur qui ne sait pas à quel protagoniste se raccrocher. Ainsi le metteur en scène présente tout d’abord Frank et ses portes flingues, les frères Fargo, Tony (Frederic Forrest) et Vince (Al Lettieri, qui sortait justement du Parrain), avant de passer à la séquence où les trois clans sont réunis pour désigner qui va prendre la succession du chef de la mafia. Le cinéma de Richard Fleischer est fait d’archétypes. Après cette introduction quasi-muette, le réalisateur présente donc chacun des personnages : Don Angelo DiMorra, Tony, Vince, Frank, Luigi, Mitch, Joe…ils sont tous là et leur fonction est désignée. Il y a les chefs, les hommes de main, les consiglieri. Ce procédé permet à Richard Fleischer de pouvoir commencer à peindre les portraits de tous ces acteurs, quel que soit leur rôle dans les diverses organisations.

Ces hommes, pères de famille, mari, amants, fils de, font partie du monde du crime. Certains espèrent devenir calife à la place du calife, à l’instar de Frank qui souhaiterait prendre la suite de son père récemment décédé, sans avoir le charisme ou l’expérience nécessaires, tandis que Tony – proche cousin de Michael Corleone – voudrait lui prendre ses distances avec l’organisation. Mais comme bien souvent dans ce milieu, un homme ambitieux que personne ne soupçonne prépare un coup en faisant en sorte que toutes ces organisations s’affrontent, afin de mieux en récolter les fruits. Et quoi de mieux que d’utiliser une femme pour déclencher une guerre interne.

Richard Fleischer suit le schéma du Parrain. Si ces hommes tentent de parler avant d’agir, les désirs refoulés prennent le dessus sans crier gare et engendrent une réaction en chaine d’actes violents et irréparables. Les scènes en famille tournées avec une vraie douceur contrastent avec la vendetta impitoyable à laquelle se livrent les personnages à l’instar de ce passage à tabac à coup de batte de baseball au milieu du désert, scène qui a sûrement inspiré Martin Scorsese pour le lynchage de Joe Pesci dans Casino. Le tournage en studio, qui a été très critiqué à la sortie du film, rajoute pourtant une touche au monde à part dans lequel déambulent les personnages, comme un Disneyland pour criminels.

Tout le monde est logé à la même enseigne dans Don Angelo est mort, véritable film choral à la mise en scène impeccable et élégante, interprétée par des acteurs aux tronches inoubliables. Techniquement irréprochable avec Richard H. Kline à la photographie et Jerry Goldsmith à la musique, The Don is Dead est un polar bien carré, une série B assumée et dissimulée dans l’ombre d’autres oeuvres majestueuses, pas une fresque mais plusieurs tranches de vies entremêlées. Comme il n’y a pas de « petits » Richard Fleischer – non, je ne parlerai pas de Conan le destructeur ni de Kalidor – la légende du talismanDon Angelo est mort est donc à connaître absolument.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Don Angelo est mort est édité chez Movinside qui pour l’occasion inaugure une nouvelle collection Suspense/Polar. La jaquette reprend un des visuels originaux du film et s’avère très élégant. Le menu principal est animé et musical. Aucun chapitrage et aucun supplément malheureusement. Mais la sortie d’un film de Richard Fleischer – en Haute-Définition qui plus est – est déjà un cadeau à part entière.

L’Image et le son

La qualité de ce nouveau master restauré HD convainc et redonne un certain panache à Don Angelo est mort, qui n’était alors disponible qu’en import. Les contrastes affichent une belle densité, la copie restaurée est propre et stable, même si les séquences en basse lumière perdent en détails. Le piqué est satisfaisant et de nombreux éléments jouissent de l’élévation HD (Blu-ray au format 1080p) sur les plans diurnes en extérieur. Alors certes, tout n’est pas parfait, quelques flous sporadiques font leur apparition, une ou deux séquences sont plus altérées et la définition a tendance à flancher, mais ces menus accrocs restent anecdotiques compte tenu de la clarté, du grain cinéma respecté, des couleurs pimpantes, des noirs denses et du relief parfois inattendu. Enfin, l’ensemble est consolidé par une compression AVC de haute tenue.

La version originale bénéficie d’un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 nettement plus performant que la piste française encodée de la même façon. Pour la première option acoustique, l’espace phonique se révèle probant, la composition de Jerry Goldsmith jouit d’une belle ouverture, le confort est concret, et les dialogues, malgré certaines saturations, demeurent clairs et nets. De son côté, la version française apparaît beaucoup plus feutrée avec des voix sourdes et des effets annexes très pauvres. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre.

Crédits images : © Universal / Movinside / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Bourreaux meurent aussi, réalisé par Fritz Lang

LES BOURREAUX MEURENT AUSSI (Hangmen Also Die!) réalisé par Fritz Lang, disponible en DVD et Blu-ray 13 juin 2017 chez Movinside

Acteurs : Brian Donlevy, Anna Lee, Walter Brennan, Hans Heinrich von Twardowski, Nana Bryant, Margaret Wycherly

Scénario : John Wexley, Bertolt Brecht, Fritz Lang

Photographie : James Wong Howe

Musique : Hanns Eisler

Durée : Version intégrale (2h15), Version française (2h)

Date de sortie initiale : 1943

LE FILM

Dans Prague occupée par les Nazis. Le 27 mai 1942, le Reich Protektor Heydrich est grièvement blessé par une bombe (il meurt une semaine plus tard). L’auteur de l’attentat, le professeur Svoboda, se réfugie par hasard chez le professeur Novotny. Celui-ci est arrêté comme otage par la Gestapo. Marcia, la fille du professeur se rend à la Gestapo. Elle a l’intention de dénoncer Svoboda pour faire libérer son père. Mais Svoboda, devenu héros national, est aidé par les résistants tchèques. Elle se tait mais attire l’attention des S.S. qui la font suivre par l’Inspecteur Grüber. Svoboda feint d’être l’amant de Marcia, pour détourner les soupçons de Grüber qui les suit dans la chambre où se cache le chef de la résistance, blessé. Jan Horek, le fiancé de Marcia, se rend compte du subterfuge et joue également la comédie à Grüber. Par la suite, il rejoint Svoboda à temps et ils tuent Grüber…

Grand amateur du travail de Sigmund Freud, Fritz Lang n’aura de cesse au cours de sa longue et prolifique carrière, de se pencher sur la question du meurtre, des assassins, de la culpabilité. En 1933, Joseph Goebbels propose au cinéaste le poste de directeur du département cinématographique de son ministère, celui de la propagande. Fritz Lang refuse. La légende dit que le réalisateur aurait déclaré à Goebbels que sa mère était juive. Il s’enfuit en France avant de s’installer aux Etats-Unis. Furie, son premier film américain et réquisitoire contre le lynchage, montre l’engagement du réalisateur. Suivront J’ai le droit de vivre (1937), Casier judiciaire (1938), Le Retour de Frank James (1940), Les Pionniers de la Western Union (1941) puis Chasse à l’homme la même année. Avec ce film, Fritz Lang entame une tétralogie antinazie avec Les Bourreaux meurent aussi, Espion sur la Tamise (1944) et Cape et Poignard (1946).

Après Chasse à l’homme, la carrière américaine de Fritz Lang patine et ses projets n’aboutissent pas. Le cinéaste milite pour aider ses compatriotes intellectuels à venir se réfugier aux Etats-Unis. Au même moment, Reinherd Heydrich, protecteur adjoint du Reich en Bohême-Moravie, adjoint d’Himmler, surnommé « le Bourreau », meurt dans un attentat organisé par la résistance tchèque le 4 juin 1942. Fritz Lang décide d’en faire le sujet de son prochain film et de rendre ainsi un vibrant hommage à la résistance. Les Bourreaux meurent aussiHangmen Also Die!, longtemps envisagé sous le titre Never Surrender ou tout simplement No Surrender (repris dans la dernière séquence du film avec le célèbre « NOT THE END » dans le montage intégral) est réalisé en 1943 sur un scénario écrit par John Wexley et surtout l’immense dramaturge Bertolt Brecht, également allemand exilé aux Etats-Unis, dont il s’agit de l’unique collaboration avec Hollywood. Toutefois, il n’est pas mentionné en tant que scénariste au générique suite à une décision du syndicat des scénaristes américains.

L’action se déroule en mai 1942. Dans Prague occupé par la Wehrmacht, le docteur Franticek Svoboda (Brian Donlevy) tue Reinhard Heydrich, alias le Bourreau, un nazi fanatique. Traqué par la Gestapo, il bénéficie aussitôt de l’aide de Mascha Novotny (Anne Lee) qui, orientant ses poursuivants dans une mauvaise direction, l’accueille dans sa famille. Un geste lourd de conséquences car, peu après, la police du Reich arrête son père (Walter Brennan) et plusieurs de ses étudiants. Un communiqué est diffusé dans la ville selon lequel des otages seront fusillés tous les jours tant que le meurtrier de Heydrich ne sera pas retrouvé. Parallèlement, le réseau de Résistance auquel appartient Svoboda (qui signifie « liberté » en tchèque) est noyauté par un riche brasseur, Emil Czaka (Gene Lockhart). Grâce à une série complexe d’événements et la complicité active de nombreux pragois, la Résistance parvient à faire croire que c’est Czaka qui a assassiné Heydrich, mais pas avant que les nazis n’aient exécuté un grand nombre des otages.

Si les faits réels ont été adaptés pour la fiction, Reinhard Heydrich a en fait été tué par trois parachutistes tchécoslovaques, les nazis ayant ensuite massacré toute la population du village de Lidice en guise de représailles avant de le rayer de la carte (sujet du film Hitler’s Madman de Douglas Sirk, sorti également en 1943), Fritz Lang signe un film percutant et une référence du cinéma de propagande. En France, les spectateurs ne bénéficieront que d’une version tronquée de vingt minutes en août 1947. Le film de Fritz Lang est alors perdu au milieu de tout un tas de films américains suspendus durant la guerre. Ce montage circulera en France durant de nombreuses années, jusqu’à ce que le cut original soit présenté pour la première fois en 1963 avec l’aval de Fritz Lang. Pourtant, même si le septième film américain de Fritz Lang n’est pas non plus son plus réussi, la version intégrale US des Bourreaux meurent aussi est un trésor incontestable et s’avère tout aussi indispensable que le reste de la filmographie du cinéaste allemand. Plus ample et fluide, rarissime, le film est encore plus passionnant que ce montage français malmené.

Les coupes interviennent notamment sur les quatre intrigues entrelacées et certaines scènes suggérées dans la version française prennent tout leur sens dans le montage intégral. Les scènes supplémentaires mettent notamment en valeur la résistance des femmes (dont une qui crache au visage du personnage de Czaka interprété par Gene Lockhart), pour ainsi dire inexistantes dans la version française. Le récit s’attarde également sur le quotidien et l’organisation de la Résistance, les exécutions et les passages à tabac. Les dialogues y sont également plus crus et la violence explicite, à l’instar du suicide du chauffeur de Svoboda, arrêté par la Gestapo, qui se défenestre dans la version intégrale et dont le geste fatal est juste évoqué en version française. Autre exemple de scène coupée. Après l’annonce de la mort d’Heydrich dans une salle de cinéma, le corps de l’allemand est montré sur un lit d’hôpital. Dans la version longue, l’assistance applaudie dans la salle de cinéma à l’annonce de l’attentat, un agent de la Gestapo placé au fond de la salle demande qu’on rallume la lumière et à chacun de lui présenter ses papiers. Personne ne l’écoute et l’agent reçoit même un poing dans la figure. Les spectateurs sortent tranquillement de la salle puis un fondu enchaîne avec le corps d’Heydrich à l’hôpital.

Compromis entre réalité historique et divertissement hollywoodien, le film de Fritz Lang traite de la traque de l’assassin de Reinhard Heydrich sous forme d’une fiction prétexte à mettre en valeur le courage de chaque homme, femme et enfant, tous unis contre le Troisième Reich. Fritz Lang instaure une atmosphère oppressante, où la résistance s’organise à chaque coin de rue. Reposant sur un casting exceptionnel où trône le génial et caméléonesque Walter Brennan (le Stumpy de Rio Bravo), Les Bourreaux meurent aussi est une œuvre captivante et formidable, noire et âpre, au suspense haletant, à la frontière de l’expressionnisme et du cinéma hollywoodien classique, mais profondément européenne dans l’âme.

LE BLU-RAY

Le superbe digibook des Bourreaux meurent aussi édité par Movinside dans la collection Les Films de ma vie, renferme le Blu-ray du film. Le petit livret de 32 pages richement illustré délivre quelques notes de production signées Marc Toullec. Le menu principal de cette édition est animé et musical.

Aucun supplément vidéo.

L’Image et le son

En 2008, Carlotta Films éditait en DVD les deux versions des Bourreaux meurent aussi. Mais contrairement à l’édition Movinside proposée ici, il s’agissait bien de la version vue dans les salles françaises, avec le générique dans la langue de Molière, tout comme les inserts (les télégrammes entre autres) réalisés exprès pour cette version, ainsi que le dernier plan qui indiquait un banal « Fin » alors que la version intégrale se terminait sur « NOT » qui emplissait l’écran, suivi de « THE END ». Pour cette sortie en Haute-Définition, Movinside propose certes les deux montages du film, mais il s’agit du même master qui a été tout simplement calé sur le mixage français existant. Exit donc les génériques en français, les inserts et tout simplement la copie qui circulait en 1943. Non seulement ce montage tronqué déséquilibrait le film, mais la copie était également fortement abîmée, tout comme l’était d’ailleurs celle de la version intégrale qui contenait encore de très nombreuses poussières, griffures rayures et autres scories. Le master proposé ici a été restauré en 2012 par la Restoration Department des Studios Pinewood à partir des meilleurs éléments existants dont quelques éléments originaux nitrate. Ce Blu-ray au format 1080p (AVC) propose Les Bourreaux meurent aussi dans son format respecté 1.33 et rend caduque celui édité par Carlotta Films il y a presque dix ans. Le master se révèle souvent pointilleux en matière de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de clarté (l’éclat des yeux des comédiens) et de relief. La propreté de la copie est évidente, la nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Fritz Lang, la photo entre ombre et lumière signée James Wong Howe (Le Grand chantage, L’Adorable voisine) retrouve une nouvelle jeunesse doublée d’un superbe écrin, et le grain d’origine a heureusement été conservé. Seuls petits accrocs constatés : des petits points noirs et blancs, des contrastes peut-être un peu trop poussés sur certaines séquences, de légers tremblements, des effets de pompage. Mais les fondus enchaînés sont plus ou moins stables et toutes les séquences en extérieur profitent de cette nouvelle promotion en Haute-Définition. Il s’agit sans nul doute de la plus belle copie des Bourreaux meurent aussi disponible à ce jour, même si la véritable version française demeure celle disponible en DVD chez Carlotta Films.

Il ne faut pas trop en demander concernant les mixages…La version d’origine est disponible en français et en anglais, tandis que le montage américain intégral est uniquement présenté dans la langue de Shakespeare. Dans les deux cas, l’écoute demeure souvent confinée, sourde, couverte, même si le mixage de la version intégrale s’en sort globalement mieux en dépit d’un souffle chronique. Mais pour les deux versions, les dialogues demeurent souvent étouffés, la bande-son craque, les voix des comédiens saturent quelque peu. Néanmoins, la restauration de la langue anglaise (et allemande dans ce cas précis) est plus évidente. Les crépitations ne sont pas rares pour la langue de Molière, y compris une présence musicale aléatoire, généralement médiocre.

Crédits images : © Arnold Productions / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Baron Rouge, réalisé par Roger Corman

LE BARON ROUGE (Von Richthofen and Brown) réalisé par Roger Corman, disponible en DVD et Blu-ray le 23 mai 2017 chez Movinside

Acteurs : John Phillip Law, Don Stroud, Barry Primus, Corin Redgrave, Karen Ericson, Hurd Hatfield, Stephen McHattie

Scénario : John William Corrington, Joyce Hooper Corrington

Photographie : Michael Reed

Musique : Hugo Friedhofer

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

En 1916, dans la France occupée, une forte rivalité oppose d’un côté le baron von Richthofen, surnommé le « Baron Rouge », qui est à la tête de l’escadrille allemande et de l’autre l’as canadien Roy Brown.

Découvreur de talents (Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, Joe Dante, Ron Howard, Jonathan Demme, Jack Nicholson, Monte Hellman, Curtis Hanson), Pape de la série B, le prolifique Roger Corman (né en 1926), aujourd’hui producteur de plus de 400 films, a réalisé près d’une cinquantaine de longs métrages de 1955 à 1990. Mis en scène en 1971, Le Baron RougeVon Richthofen & Brown est rétrospectivement un de ses derniers films en tant que réalisateur. Quand il entreprend ce drame de guerre, Roger Corman a déjà 45 films derrière-lui – tournés en 15 ans donc, un record – et se trouve dans un état de fatigue extrême. Le cinéaste avoue d’ailleurs avoir souffert pendant les prises de vues du Baron Rouge, surtout en raison des pressions de la United Artists qui ne lui laisse pas entièrement carte blanche. A l’issue du tournage, suite à cette expérience, Roger Corman crée sa propre société de production et de distribution, New World Pictures, décide d’arrêter la mise en scène et prend même une année sabbatique. Il y reviendra toutefois en 1978 avec Les Gladiateurs de l’an 2000 puis en 1980 avec Les Mercenaires de l’espace, bien qu’il ne soit pas crédité, avant un dernier baroud d’honneur à la caméra en 1990 avec La Résurrection de Frankenstein. Le film qui nous intéresse, Le Baron Rouge, est un formidable opus et typique de l’école Corman.

Le cinéaste fait fi d’un budget somme doute modeste (sa spécialité), moins d’un million de dollars, pour livrer un film de guerre généreux en scènes d’affrontements, qui sont restés célèbres pour ses très nombreuses séquences de combats aériens. En embarquant réellement ses comédiens (et ses caméras) dans les avions d’époque, sans utiliser de transparences qui auraient ruiné l’ensemble, Roger Corman obtient un réalisme inattendu. Une bonne moitié du film se déroule dans les airs où les prestations demeurent particulièrement bluffantes, authentiques et impressionnantes.

1916. Le baron Manfred von Richthofen rejoint le major Oswald Boelcke et son escadrille en France occupée. Cet homme, à la volonté farouche de gagner la guerre et âgé de 23 seulement, appartient pourtant à la vieille école : il se montre chevaleresque et aristocrate dans sa façon de mener le combat. Son attitude est plutôt mal ressentie par plusieurs de ses compagnons, dont Hermann Goering. Dès son arrivée, von Richthofen fait repeindre l’escadrille en couleurs vives, ce qui lui vaut le surnom de «Baron Rouge». Bientôt, la rivalité entre le pilote canadien Roy Brown et le baron se transforme en véritable massacre. Les deux hommes iront jusqu’au bout et n’hésiteront pas à se battre par armées interposées.

L’acteur américain John Phillip Law (Barbarella) campe un Baron Manfred von Richthofen froid voire glacial, mais parvient à rendre son personnage humain, sans pour autant le rendre attachant. Véritable machine de guerre, qui agit pour son pays et qui prend soin des hommes de son escadrille, il imprime la pellicule de ses traits figés et de son regard perçant. Son adversaire, le canadien Roy Brown est interprété par l’Hawaïen Don Stroud, grand habitué des séries B, vu dernièrement dans Django Unchained de Quentin Tarantino et le chef d’oeuvre de la saga James Bond, Permis de tuer. Evidemment plus « détendu » que son homologue allemand, Roy Brown n’en demeure pas moins aussi dangereux une fois installé aux commandes de son avion. Ce qui fait la particularité du Baron Rouge, c’est que Roger Corman n’appuie pas le côté « méchant » des allemands ou au contraire le côté « héroïque » des Alliés, comme certains de ses confrères. Les deux camps sont montrés à égalité. Patriotes, engagés dans cette guerre qu’ils espèrent gagner, les allemands et les anglais subissent autant de pertes et prennent conscience que la mort peut frapper à n’importe quel moment.

Roger Corman soigne sa mise en scène, enchaîne les rebondissements, les scènes de fusillades et d’explosions avec une redoutable efficacité, sans aucun temps mort, même si le film prend beaucoup de libertés avec la véritable histoire, en privilégiant l’action. Alors embarquez sans hésiter dans ce duel sans merci entre deux pilotes légendaires, car Le Baron Rouge reste un formidable spectacle !

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Baron Rouge, disponible chez Movinside, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, animé sur une séquence du film. L’éditeur inaugure ici une nouvelle collection consacrée aux films de guerre.

Aucun supplément sur cette édition. Néanmoins, signalons que Le Baron Rouge est le premier Blu-ray d’un film réalisé par Roger Corman édité en France !

L’Image et le son

Movinside présente Le Baron Rouge en Blu-ray au format 1080p et dans son cadre respecté 1.85. Le générique aérien est marqué par un grain très prononcé, quelques instabilités et une colorimétrie terne. Dès la fin des credits, la copie retrouve une nouvelle fraîcheur. La propreté est de mise, toutes les poussières ont disparu, ainsi que les dépôts résiduels et autres scories. La stabilité est indéniable et les teintes s’avèrent plus naturelles du début à la fin. Mention spéciale au ballet des avions fraîchement repeints, dont le zinc rouge du Baron, particulièrement éclatant. Les divers plans flous sont d’origine et la gestion des contrastes renforcée par la Haute-Définition.

La bande-son semble avoir été restaurée. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts sur les pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, sauf sur la version française où les voix sont trop mises en avant, un très léger souffle est parfois audible, mais le confort acoustique est appréciable. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © United Artists / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Ssssnake le cobra, réalisé par Bernard L. Kowalski

SSSSNAKE LE COBRA (Sssssss) réalisé par Bernard L. Kowalski, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mai 2017 chez Movinside

Acteurs : Strother Martin, Dirk Benedict, Heather Menzies-Urich, Richard B. Shull, Tim O’Connor, Jack Ging, Kathleen King, Reb Brown

Scénario : Hal Dresner d’après une idée originale de Daniel C. Striepeke

Photographie : Gerald Perry Finnerman

Musique : Patrick Williams

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

David, un jeune étudiant, est engagé comme assistant de laboratoire par le docteur Stoner, un herpétologiste spécialisé dans les serpents. Il ne tarde pas à tomber amoureux de la fille du docteur, tandis que ce dernier décide d’utiliser sur lui un sérum secret, destiné à créer un hybride homme-serpent.

Connu en France sous le titre SSSSnake le cobra ou tout simplement SSSSnake, Sssssss (titre original) est réalisé par Bernard L. Kowalski (1929-2007) en 1973. Oeuvrant habituellement pour la télévision sur des séries aussi diverses que variées que M Squad, Perry Mason, Les Incorruptibles, Rawhide, le metteur en scène signe avec ce petit film d’horreur une de ses rares incursions au cinéma. Après Night of the Blood Beast (1958) et Attack of the Giant Leeches (1959) – ou L’Attaque des sangsues géantes – qui lui avaient déjà donné l’occasion de toucher à l’horreur, Bernard L. Kowalski livre une formidable série B qui risque de donner quelques sueurs froides à ophiophobes, aux spectateurs qui ont peur des serpents.

Le docteur Stoner, herpétologiste réputé, conduit des recherches dont l’audace amène ses confrères et commanditaires à s’éloigner de lui. C’est ainsi qu’il a mis au point un sérum, dérivé de venin de cobra, qui peut transformer un homme en serpent. Tout cela dans le but de créer l’espèce parfaite et ultime. Mais sa première victime, Tim, n’est pas devenu tout-à-fait un serpent, et on le montre désormais comme attraction dans les foires. Après avoir refusé d’appuyer ses demandes de subventions, le docteur Daniels, qui ne se doute pas des véritables recherches de Stoner, lui recommande de prendre comme nouvel assistant un de ses étudiants, David Blake. Dans son laboratoire rempli de serpents, Stoner débute sa nouvelle expérience en lui injectant un sérum de son invention, supposé l’immuniser contre le venin. David commence alors à changer.

Produit par la jeune société Zanuck / Brown Productions (qui se préparait à financer un petit film intitulé Les Dents de la mer) pour Universal avec un budget d’un million de dollars, SSSSnake adopte un rythme lent, mais maîtrisé et repose sur un excellent casting, véritablement investi puisque plus de 150 véritables serpents – certains encore venimeux – ont été utilisés et manipulés par les comédiens pour les besoins du film. Bernard L. Kowalski fait preuve de rigueur dans sa mise en scène et sa direction d’acteurs, tout en distillant une tension maintenue pendant plus d’1h30. Le scénario d’Hal Dresner (Luke la main froide et Folies d’avril de Stuart Rosenberg, The Extraordinary Seaman de John Frankenheimer) joue avec les codes du genre en vigueur à l’époque et parvient à rendre réaliste une histoire extraordinaire.

Connu comme étant l’un des éternels seconds couteaux, le comédien Strother Martin, vu chez John Huston, Robert Aldrich, Delmer Daves, John Ford, Sam Peckinpah et George Roy Hill, accède ici au premier rôle. Peu habitué à cet événement, il porte néanmoins le film en créant un décalage intéressant et en rendant son personnage de savant fou inquiétant, qui tombe de plus en plus dans la démence au fil du récit. A ses côtés, les nostalgiques de la série L’Agence tous risques reconnaîtront Dirk Benedict qui interprétait Futé pendant les six saisons. Dans SSSSnake, c’est lui qui incarne le cobaye malgré-lui et qui va voir son corps se transformer, jusqu’à devenir un véritable cobra aux yeux bleus de plus de deux mètres.

Entre Frankenstein et L’Ile du Docteur Moreau, avec une petite touche de Freaks, la monstrueuse parade, SSSSnake s’avère une excellente surprise, récompensée par le Saturn Award du meilleur film de science-fiction en 1975 et sélectionnée en compétition au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1974. Il n’est pas anodin de penser que SSSSnake ait ensuite largement influencé la série éphémère mais culte Manimal (1983), dans laquelle Simon MacCorkindale possédait la faculté de se transformer en panthère noire, en faucon et même en serpent. Si la mutation est définitive dans SSSSnake, celles dans Manimal font sérieusement penser à la séquence finale du film de Bernard L. Kowalski, par ailleurs la seule à utiliser les effets spéciaux. Le maquillage de Dirk Benedict est par ailleurs très réussi.

Au final, malgré une conclusion quelque peu décevante car trop expédiée, SSSSnake demeure une excellente récréation, relativement ambitieuse et continue de faire le bonheur des adeptes d’histoires horrifiques bien troussées.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de SSSSnake, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique classe de couleur noire. L’élégante jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de fantastique, et des autres, puisqu’elle reprend l’un des visuels originaux. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

Dans sa présentation du film (13’30), Marc Toullec rapproche judicieusement SSSSnake de Willard de Daniel Mann, réalisé deux ans plus tôt, et revient sur la genèse du long métrage de Bernard L. Kowalski. Notre spécialiste en films fantastiques évoque ensuite le casting, le producteur Richard D. Zanuck, les effets spéciaux, les maquillages, l’utilisation de véritables serpents sur le plateau, les thèmes et les conditions de tournage. Une introduction simple, concise, bourrée d’anecdotes, enjouée et très sympathique.

L’Image et le son

Fort d’un master au format respecté 1.85 et d’une compression AVC qui consolide l’ensemble avec brio, ce Blu-ray au format 1080p permet de (re)découvrir SSSSnake dans de très bonnes conditions techniques. Malgré de légères scories, la restauration est souvent impressionnante, les contrastes bien équilibrés, la copie est propre, stable et lumineuse. Les détails étonnent souvent par leur précision, notamment sur les gros plans, détaillés à souhait (la sueur qui brille sur le front de Dirk Benedict au fil du traitement), les couleurs retrouvent un éclat inespéré à l’instar des credits verts. En revanche, certains risquent de tiquer devant le lissage parfois excessif du grain argentique original, du manque de relief et du piqué trop doux à notre goût.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage Dolby Digital 2.0 Mono. Pas de HD ici donc. Cependant, le confort acoustique est malgré tout assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque de vivacité sur la piste française. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Movinside / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Doomwatch, réalisé par Peter Sasdy

DOOMWATCH réalisé par Peter Sasdy, disponible en DVD le 9 mai 2017 chez Movinside

Acteurs : Ian Bannen, Judy Geeson, John Paul, Simon Oates, Jean Trend, Joby Blanshard, George Sanders

Scénario : Clive Exton d’après la série « Doomwatch »

Photographie : Kenneth Talbot

Musique : John Scott

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Doomwatch, un laboratoire scientifique anglais repère des anomalies biologiques sur la côte ouest du pays. le laboratoire décide alors d’envoyer Del Shaw sur l’île de Balfe, afin que celui-ci enquête. Le scientifique récolte des algues qu’il envoie à Doomwatch. Après les avoir analysées le laboratoire conclue qu’il s’agit d’une contamination chimique. Mais bientôt Del découvre le corps d’un enfant mort enterré dans la forêt.

D’origine hongroise, Peter Sasdy (né en 1935) est un des réalisateurs emblématiques de la célèbre Hammer Film Productions. On lui doit notamment Une messe pour Dracula (1970), Comtesse Dracula (1971), trois épisodes cultes de la série La Maison de tous les cauchemars (1980) et La Fille de Jack l’Eventreur (1971). Spécialisé dans le film d’horreur, il signe Doomwatch en 1972, qui s’inspire de la série télévisée éponyme de la BBC, 38 épisodes tournés entre 1970 et 1972. Dans cette adaptation cinématographique, trois des comédiens de la série font une apparition, John Paul, Simon Oates et Joby Blanshard. Les médecins interprétés par les deux premiers et la spécialiste en informatique incarnée par la troisième laissent la place à un acteur plus chevronné, l’écossais Ian Bannen, vu dans La colline des hommes perdus et The Offence de Sidney Lumet, Le Vol du Phénix et Trop tard pour les héros de Robert Aldrich. Doomwatch s’inscrit dans le genre science-fiction et d’horreur, mais « réaliste ».

Ian Bannen est le docteur Del Shaw est chargé par l’organisation Doomwatch d’analyser les effets d’une marée noire survenue un an auparavant sur la côte de la petite île de Balfe dans les Cornouailles. Alors qu’il commence ses relevés océanographes, il y découvre une population isolée et hostile, qui voit d’un mauvais œil l’arrivée de ce nouveau venu et semble dissimuler un secret. Étonné par leurs comportements, puis par une macabre révélation, Shaw commence à enquêter sur les autochtones, assisté par la jeune institutrice du village, Victoria Brown (Juddy Geeson). Il semble que les villageois soient frappés les uns après les autres d’une maladie mystérieuse, qui déforme leur apparence physique, tout en les rendant extrêmement agressifs. Shaw réalise que les déchets chimiques rejetés dans la mer par un laboratoire travaillant sur de dangereuses expériences, seraient à l’origine de cette étrange malédiction. Mais il se heurte à l’obstination de la population, qui refuse de quitter ses terres, et à l’hypocrisie du laboratoire en question.

Doomwatch démontre l’habileté du réalisateur à rendre inquiétant l’ordinaire, grâce à son sens du cadre et en créant une atmosphère trouble avec des décors en apparence banale. Peter Sasdy bénéficie du travail du chef opérateur Kenneth Talbot, un de ses fidèles collaborateurs, également connu pour avoir éclairé Charley-le-borgne et Solo pour une blonde. Le spectateur plonge dans le brouillard aux côtés du Dr Del Shaw, dans une enquête anxiogène durant laquelle les menaces se multiplient autour du personnage principal. Si Peter Sasdy repousse la révélation jusqu’au dernier acte, le suspense est maintenu, les protagonistes inquiétants et les rebondissements bien menés. Seul faux pas de ce scénario, rendre finalement peu inquiétant, pour ne pas dire inoffensif, le fait que l’armée déverse dans la mer des dizaines de fûts de produits chimiques, puisque les autres, ceux contenant les fameuses hormones de croissance sont les seuls responsables de la mutation de la faune et des habitants !

Doomwatch s’ouvre comme un film de la Hammer, le corps d’une petite fille est transporté dans les bois pour y être enterré en cachette, et se clôt comme une enquête d’Hercule Poirot, pour laquelle Agatha Christie aurait conviée Stephen King à sa table. Autant dire que cette petite série B britannique originale vaut bien d’être découverte en France où elle n’a jamais connu d’exploitation.

LE DVD

Le DVD de Doomwatch, disponible chez Movinside, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette est très élégante et attractive. Cette collection « Trésors du fantastique », est dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

Si vous êtes fidèles au rendez-vous, vous savez que chaque titre de cette collection est présenté par l’excellent Marc Toullec. C’est évidemment encore le cas pour Doomwatch (13’). Durant cette intervention dynamique et riche en anecdotes de production, Marc Toullec évoque la série originale, inédite en France et passe en revue le casting, les thèmes du film et le célèbre producteur Tony Tenser, jusqu’alors spécialisé dans le cinéma coquin, qui avait décidé d’ajouter une corde à son arc au milieu des années 1960 en finançant des films d’horreur à petit budget. Parmi ceux-ci, Repulsion réalisé par un certain Roman Polanski…

L’Image et le son

Nous ne sommes pas déçus ! C’est avec un plaisir immense que nous découvrons ce film de Peter Sasby dans de pareilles conditions ! D’emblée, la colorimétrie s’impose, le relief est très appréciable et le piqué est souvent tranchant. Le chef-opérateur Kenneth Talbot voit sa photo ouatée merveilleusement restituée et offre un lot de détails conséquents. Si la profondeur de champ n’est guère exploitée, certains gros plans étonnent par leur précision, la clarté est de mise, les contrastes probants, la copie stable, le grain bien géré et les noirs denses. N’oublions pas non plus la vertueuse restauration et la propreté de la copie, débarrassée de toutes les scories possibles et imaginables.

Comme Doomwatch n’a pas connu de sortie dans les salles françaises, le film est uniquement disponible en version originale aux sous-titres français non imposés. Le mixage anglais Dolby Digital 2.0 Mono instaure un confort acoustique total. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches, sans aucun souffle.

Crédits images : © Tigon British Film Productions. All Rights Reserved / Movinside / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Cerveau d’acier, réalisé par Joseph Sargent

LE CERVEAU D’ACIER (Colossus : The Forbin Project) réalisé par Joseph Sargent, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mai 2017 chez Movinside

Acteurs : Eric Braeden, Susan Clark, Gordon Pinsent, William Schallert, Leonid Rostoff, Georg Stanford Brown, Willard Sage

Scénario : James Bridges d’après le roman de D.F. Jones

Photographie : Gene Polito

Musique : Michel Colombier

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Scientifique de renom, Charles A. Forbin met au point un super-ordinateur baptisé Colossus, chargé de contrôler l’arsenal nucléaire des États-Unis ainsi que celui de ses alliés, afin d’éviter toute erreur humaine. Alimenté par son propre réacteur nucléaire et installé au coeur d’une montagne, Colossus, une fois activé, détecte un autre super-ordinateur. On apprend bientôt qu’il s’agit de l’homologue soviétique de Colossus, baptisé Guardian. C’est là que les ennuis commencent…

Attention, chef d’oeuvre ! Méconnu, pourtant sublime et précurseur, Le Cerveau d’acierColossus : The Forbin Project s’apparente au chaînon manquant entre Point Limite de Sidney Lumet (1965) et 2001 : L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick (1968), rien de moins ! Ce film de science-fiction apocalyptique est réalisé par Joseph Sargent, de son vrai nom Giuseppe Danielle Sorgente (1925-2014), cinéaste éclectique à qui l’on doit L’Espion au chapeau vert (1966), deux épisodes en version longue mis bout à bout de la série Des agents très spéciaux, Les Pirates du métro (1974) ou bien encore l’inénarrable Dents de la mer 4 : La Revanche (1987). Le Cerveau d’acier est assurément son plus grand film et n’en finit pas d’impressionner par sa virtuosité, sa sécheresse de ton, son cadre, son intelligence et son interprétation, sans oublier la discrète et pourtant subtile composition de Michel Colombier.

Le docteur Charles Forbin a mis au point un super ordinateur qui va prendre en charge la gestion des défenses militaires américaines. Mais, seulement quelques minutes après sa mise en service dans des conditions réelles, la machine envoie un énigmatique message : «Il y a un autre système !». On apprend que Colossus fait allusion à un projet soviétique similaire : un superordinateur baptisé « Guardian » contrôlant l’armement nucléaire soviétique. Les deux ordinateurs demandent à être relié l’un à l’autre afin de pouvoir communiquer. Une connexion est établie et les ordinateurs commencent à échanger des messages utilisant un langage mathématique simple, chaque camp supervisant les communications à l’aide de moniteurs. Le contenu des messages finit par devenir de plus en plus complexe, jusqu’à présenter des principes mathématiques jusque là inconnus. Les deux ordinateurs finissent par adopter un langage binaire impossible à interpréter par les scientifiques. Alarmés, les chefs d’État américain et soviétique décident d’un commun accord d’interrompre la connexion. Colossus et Guardian exigent que la connexion soit rétablie, sinon « des mesures seront prises ». Leur demande étant ignorée, Colossus et Guardian décident l’un comme l’autre de lancer un missile nucléaire. Les deux pays rétablissent la connexion et Colossus intercepte à temps le missile soviétique. Toutefois, la connexion a été rétablie trop tard côté soviétique : le missile américain anéantit un complexe pétrolifère et une ville voisine. Impuissants, les scientifiques et responsables des deux camps assistent à un échange d’informations effréné entre les deux superordinateurs, lesquels annoncent ensuite avoir fusionné en une seule et unique entité infiniment plus performante, ayant choisi le nom de Colossus.

Sorti en 1970, Le Cerveau d’acier est adapté du roman de Dennis Feltham Jones écrit et publié en 1966. Film d’anticipation, Colossus : The Forbin Project se penche sur le sujet de l’intelligence artificielle si celle-ci devait échapper à l’homme qui l’a conçue. En prenant conscience de lui-même, l’ordinateur décide d’agir pour le bien de l’humanité, en ne tenant plus compte des avis de celui qui l’a créé, parfois en détruisant des milliers de vies pour en sauver des millions. Le Cerveau d’acier fait froid dans le dos avec ses décors grandioses et son caractère pessimiste.

Aujourd’hui mondialement connu pour sa participation aux Feux de l’amour depuis 1980, Victor Newman, Eric Braeden pardon, a certes peu tourné pour le cinéma, mais ses films demeurent marquants. Outre le Titanic de James Cameron, le comédien apparaît également dans Les 100 fusils de Tom Gries, Les Évadés de la planète des singes de Don Taylor, le sympathique La Coccinelle à Monte-Carlo de Vincent McEveety, ou bien encore L’Ambulance de Larry Cohen. Il est parfait et élégant dans Le Cerveau d’acier. Son charisme renvoie parfois à l’idée que l’on pouvait se faire d’un James Bond à la fin des années 1960. Ses confrontations (formidables et percutants dialogues) avec Colossus sont tendues du début à la fin, au départ protocolaires, puis de plus en plus intrigantes à mesure que l’ordinateur développe une personnalité, jusqu’à la fin quand Colossus ordonne d’installer des caméras (ses yeux) partout, y compris au sein même de l’habitat de Forbin. L’épilogue reste particulièrement sombre et désespéré, tandis que les merveilleux décors subjuguent dès la première séquence, celle où le spectateur fait connaissance avec Colossus et son complexe. Bien que froid en apparence, on s’attache également très vite au Dr Charles A. Forbin, ce concepteur d’un projet gouvernemental secret, très vite dépassé par les événements et qui doit se rendre à l’évidence : il a bel et bien créé un monstre qui lui a échappé, qui prend conscience de lui-même et qui s’est proclamé maître du monde. L’ordinateur est désormais prêt à tous les sacrifices, afin d’abolir la guerre et éradiquer la famine, la maladie et la surpopulation.

Cette relecture glaçante du mythe de Prométhée se nourrit des peurs engendrées par la Guerre Froide et la possibilité d’une Troisième Guerre mondiale et n’a souvent rien à envier aux grands films susmentionnés. D’autant plus que le film a sûrement inspiré James Cameron pour le Skynet de Terminator. Il est donc temps de réhabiliter ce Colossus : The Forbin Project, qui n’a absolument pas vieilli, à part peut-être dans les décors bien sûr, mais dont le sujet ambitieux et maîtrisé n’a jamais autant incité à la réflexion.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Cerveau d’acier, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique classe de couleur noire. L’élégante jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de SF, et des autres, puisqu’elle reprend l’un des visuels originaux. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

A l’instar des autres titres de cette merveilleuse collection, Le Cerveau d’acier, cette édition HD ne contient qu’un seul supplément, une présentation du film par le journaliste Marc Toullec (13’). L’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies ne manque pas d’inspiration et d’arguments pour défendre ce bijou qu’il situe dans son contexte. Toullec évoque le sujet, le roman original de Dennis Feltham Jones, les similitudes avec les deux premiers Terminator de James Cameron, tout en donnant quelques indications sur les carrières du réalisateur Joseph Sargent, du scénariste James Bridges et des comédiens, en se focalisant bien sûr sur Eric Braeden. Le tout accompagné d’anecdotes sur la production du film et les tentatives avortées d’un remake envisagé par Ron Howard avec Will Smith dans le rôle principal.

L’Image et le son

Grâce à un codec AVC de haute tenue, le Blu-ray du Cerveau d’acier proposé au format 1080p, permet aux spectateurs de redécouvrir totalement les incroyables décors du film. Si l’on excepte quelques séquences plus douces que d’autres ou au grain plus appuyé nous nous trouvons devant une image qui ne cesse de flatter les rétines. Issue d’une restauration solide, cette copie HD, d’une stabilité à toutes épreuves, est absolument indispensable et superbe. La propreté est indéniable, les couleurs retrouvent une vraie vivacité, le piqué est joliment acéré et les détails sont probants sur le cadre large. Le découpage est net et sans bavure, l’ensemble est homogène et d’une indéniable élégance, comme les contrastes. Revoir Le Cerveau d’acier, oeuvre rare et malheureusement souvent oubliée, dans ces conditions était pour ainsi dire inespéré.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage Dolby Digital 2.0 Mono. Pas de HD ici donc. Cependant, le confort acoustique est malgré tout assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque de vivacité sur la piste française. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Movinside / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Monstres invisibles, réalisé par Arthur Crabtree

MONSTRES INVISIBLES (Fiend Without a Face) réalisé par Arthur Crabtree, disponible en DVD le 9 mai 2017 chez Movinside

Acteurs : Marshall Thompson, Kynaston Reeves, Kim Parker, Stanley Maxted, Terry Kilburn, James Dyrenforth, Robert MacKenzie

Scénario : Herbert J. Leder d’après la nouvelle « The Thought Monster » d’Amelia Reynolds Long

Photographie : Lionel Banes

Musique : Buxton Orr

Durée : 1h14

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Durant les essais d’un radar expérimental dans une base militaire au Manitoba, des fermiers du voisinage meurent dans d’étranges circonstances. L’autopsie révèle que les cadavres n’ont plus de cerveau ni moelle épinière et, pour toute blessure, un tout petit trou à la base de la nuque. Le major Jeff Cummings va mener une enquête afin de comprendre les raisons de ce phénomène.

C’est un petit film de science-fiction horrifique qui pourrait paraître banal au milieu de toutes les productions britanniques indépendantes du genre dans les années 1950 et pourtant Monstres invisiblesFiend Without a Face se démarque par ses effets spéciaux et son quart d’heure final peuplé de créatures qui ne sont pas sans rappeler celles du premier Alien au premier stade de leur évolution. Produit par Amalgamated Productions pour un budget de 50.000 livres, écrit par Herbert J. Lederpar (The Frozen Dead), d’après une nouvelle d’Amelia Reynolds Long publiée dans les années 1930, réalisé en 1958 par Arthur Crabtree (Crimes au musée des horreurs), ancien chef opérateur passé à la mise en scène après la Seconde Guerre mondiale, Monstres invisibles fonctionne encore bien aujourd’hui. D’une part pour son message d’avertissement contre les dangers du nucléaire dans un premier acte « documentaire » avec les séquences montrant les diverses tâches spécifiques des navigateurs et tout ce qui touche à la conquête de l’air, d’autre part dans la partie horreur plus singulière avec la traque de ces étranges cerveaux à queue et aux antennes d’escargots, qui ont la capacité de se rendre invisibles.

En plus de cela, ces êtres difformes s’attaquent aux êtres humains en s’enroulant autour de leur cou pour leur planter un dard dans la nuque, afin de leur aspirer le cerveau et la moelle épinière ! Autant dire que notre héros, le major Jeff Cummings, va avoir du pain sur la planche quand les morts suspectes s’accumulent autour de la base dont il est l’un des responsables. Il faut dire que cette station expérimentale américaine installée près d’une petite ville canadienne a entraîné quelques tensions entre l’armée et les locaux. Les fermiers se plaignent du bruit causé par les nombreux décollages et atterrissages, cause de stress pour leurs vaches, et les gens ne voient pas d’un bon oeil l’utilisation du nucléaire requise pour les essais d’un radar expérimental. Ces divisions entre les deux partis ne vont pas aider Cummings. Arthur Crabtree s’en sort très bien derrière la caméra et parvient à créer un certain suspens grâce à beaucoup d’inventivité, la suggestion et les bruitages inquiétants particulièrement réussis quand les vampires cérébraux sont à l’oeuvre.

Les crimes sont très efficaces puisque les créatures sont, comme le titre français l’indique, invisibles. De ce fait, les victimes entendent un bruit de succion, rampant, puis se tiennent la gorge en hurlant en tentant d’écarter quelque chose qui semble leur serrer le cou, avant de s’écrouler les yeux révulsés. Ces monstres ne seront donc visibles que dans le dernier quart d’heure, où multipliés, avides de chair humaine et de matière grise, animés par l’énergie atomique, ils se jetteront l’un après l’autre sur nos héros un rien désappointés de voir des cervelets vivants, autonomes et grouillants dans les fougères. Heureusement, ils vont résister en leur tirant dessus et même à coups de hache avec du bon gros sang (en N&B) qui bouillonne et qui brûle comme de l’acide.

Popularisé grâce à la série Daktari, le comédien Marshall Thompson tourne alors depuis une quinzaine d’années quand on lui propose le rôle principal de Monstres invisibles. Un an plus tard, il retrouvera un rôle quasi-similaire dans un film du même genre dans le célèbre et aussi culte Pionnier de l’espace de Robert Day. Les effets spéciaux de Monstres invisibles, révolutionnaires à l’époque et réalisés par des spécialistes au moyen d’ordinateurs perfectionnés dans l’animation image par image, possèdent encore une vraie magie poétique et participent à la réussite ainsi qu’à la postérité de cette série B.

LE DVD

Le DVD de Monstres invisibles, disponible chez Movinside, a été testé à partir d’un check-disc. Le film d’Arthur Crabtree intègre la collection « Trésors du fantastique » dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

A l’occasion de la sortie de Monstres invisibles en DVD, Marc Toullec, journaliste et ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies, propose une présentation du film d’Arthur Crabtree (16’). Très informative, cette introduction en apprend beaucoup sur le statut culte du film (en raison de son dernier acte anthologique), les conditions de production, l’écriture du scénario, le casting, la réalisation des effets spéciaux et le remake avorté du film dans les années 80-90. Marc Toullec enchaîne les anecdotes sur Monstres invisibles pour notre plus grand plaisir.

L’Image et le son

Jusqu’alors inédit en DVD en France, Movinside offre un master au format original un peu fatigué de Monstres invisibles, bien que l’encodage tente de consolider l’ensemble. Le titre du film est étonnamment en allemand, ce qui indique où l’éditeur a pu mettre la main sur la copie. La gestion des contrastes est aléatoire, la copie laisse encore passer de nombreuses poussières, scories, rayures verticales, raccords de montage, surtout durant la première partie et les divers stock-shots. Le piqué est donc médiocre, mais les noirs ne manquent pas de concision et la copie est lumineuse sur les séquences diurnes.

Le confort acoustique est de mise, rarement parasité par quelques fluctuations ou chuintements, par ailleurs imputables aux conditions de conservation ou tout simplement aux affres du temps. Les sous-titres français ne sont pas verrouillés et seule la version originale Dolby Digital mono est proposée ici. Les dialogues sont clairs et distincts, tout comme les effets sonores à l’instar des bruits de succion assez dérangeants.

Crédits images : © Movinside – MGM / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Beignets de tomates vertes, réalisé par Jon Avnet

BEIGNETS DE TOMATES VERTES (Fried Green Tomatoes) réalisé par Jon Avnet, disponible en DVD et Blu-ray le 11 avril 2017 chez Movinside

Acteurs : Kathy Bates, Mary Stuart Masterson, Mary-Louise Parker, Jessica Tandy, Cicely Tyson, Chris O’Donnell, Grace Zabriskie

Scénario : Fannie Flagg, Carol Sobieski d’après le roman « Beignets de tomates vertes » (Fried Green Tomatoes at the Whistle Stop Cafe) de Fannie Flagg

Photographie : Geoffrey Simpson

Musique : Thomas Newman

Durée : 2h10

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

De nos jours, en Alabama, Evelyn Couch, femme au foyer, mène une existence monotone jusqu’à ce qu’elle rencontre Ninny Threadgood, une vieille dame extraordinaire, qui va lui redonner goût à la vie. Celle-ci lui raconte sa jeunesse, 60 ans plus tôt, à Whistle Stop, petite bourgade du sud des Etats-Unis. L’histoire que raconte Ninny est celle de l’amitié entre deux femmes : Idgie, forte tête, véritable garçon manqué, et Ruth, douce et remarquable cuisinière. Mariée à Franck Bennett, un homme violent, Ruth finit par appeler Idgie au secours, et s’enfuit avec elle. Les deux femmes décident d’ouvrir un restaurant. Mais Bennett n’a pas dit son dernier mot…

C’est un tout petit film, tourné pour 11 millions de dollars et sorti aux Etats-Unis en janvier 1992 dans une combinaison restreinte de 5 écrans. Puis le bouche-à-oreille a fait le reste. En quatre semaines, Beignets de tomates vertes ou Fried Green Tomatoes est passé à 673 écrans, avant d’être finalement proposé dans 1331 salles. La France a dû attendre la fin septembre 1992 pour découvrir le film de Jon Avnet, alors qu’il franchissait la barre des 80 millions de dollars de recette sur le sol de l’Oncle Sam. A peine 400.000 français viendront découvrir Beignets de tomates vertes à sa sortie, mais cette chronique douce-amère est ensuite rapidement devenue culte auprès de nombreux spectateurs. Plus de 25 ans après, Fried Green Tomatoes a conservé toute son aura et n’a de cesse de faire de nouveaux adeptes.

Adapté du roman Fried Green Tomatoes at the Whistle Stop Cafe de Fannie Flag, Beignets de tomates vertes revient de loin et son adaptation a donné quelques sueurs froides au cinéaste, bien qu’il n’ait jamais pensé à abandonner ce projet qui lui tenait particulièrement à coeur, d’autant plus qu’il avait lui-même acquis les droits cinématographiques. Pour son premier long métrage, Jon Avnet s’entoure d’un casting féminin exceptionnel. Le quatuor composé de Kathy Bates (Misery) et Jessica Tandy (Miss Daisy et son chauffeur) d’un côté – toutes les deux venaient de remporter l’Oscar de la meilleure actrice – pour la partie contemporaine, et celui constitué de Mary-Louise Parker (Coups de feu sur Broadway) et Mary Stuart Masterson (Benny and Joon) pour la partie du récit se déroulant dans les années 1930, subjugue du début à la fin. « Le Secret est dans la sauce », titre québécois du film, se focalise tout d’abord sur Evelyn (Kathy Bates). Tandis qu’elle visite une tante dans sa maison de retraite, cette femme âgée d’une cinquantaine d’années fait la connaissance de Ninny (Jessica Tandy), une vieille dame encore très vive et avec qui le courant passe immédiatement. Celle-ci lui raconte sa jeunesse à Whistle Stop, une localité où, dans les années 1930, elle était amie avec Ruth (Mary-Louise Parker) et Idgie (Mary Stuart Masterson), deux jeunes femmes aux tempéraments diamétralement opposés. Opposés, mais pas moins promptes à tenir ensemble le Whistle Stop Café, un établissement qui fait du beignet de tomate verte sa grande spécialité.

Histoire(s) d’émancipation(s), Beignets de tomates vertes est un doux récit où l’écho du passé se répercute sur le présent, mais aussi et surtout une véritable histoire d’amour entre deux jeunes femmes, qui ne se dit pas dans l’Amérique des années 1930 et qui ne se vit réellement que sous la forme d’une extraordinaire et bouleversante amitié. Phénomène de librairie dès sa publication en 1987, le second livre de Fannie Flag était d’abord resté 36 semaines sur la liste des best-sellers établie par le New York Times. Sa transposition marque les débuts prometteurs de Jon Avnet, même si le réalisateur n’a jamais su ou pu confirmer par la suite en se vautrant même dans la fange hollywoodienne avec les navets Red Corner (1997), 88 minutes (2007) et La Loi et l’ordre (2008) qui marquait pourtant les retrouvailles de Robert de Niro et Al Pacino devant la caméra. Ce premier long métrage restera sans nul doute l’oeuvre de sa vie. Sa mise en scène délicate associée à un rythme lent et maîtrisé, invite les spectateurs dans des décors à la Steinbeck, à entrer dans l’intimité des souvenirs de ces femmes, Idgie, éprise de liberté et d’indépendance à l’époque de la grande dépression, Ruth, qui se libère aux côtés d’Idgie, Ninny, pétulante octogénaire et Evelyn, ménagère résignée, puis rebelle à sa condition et qui renaît grâce à Ninny.

Beignets de tomates vertes est une œuvre en état de grâce, à l’instar d’Idgie plongeant sa main dans un essaim d’abeilles afin d’en récolter le miel pour l’offrir à Ruth (scène réalisée sans doublure par Mary Stuart Masterson), ou bien encore cette promenade sur le lac avant le drame. Un film qui n’a rien perdu de son aura et de son authenticité, devant lequel on se sent bien, au chaud, rassurés, apaisés, également bercés par la musique envoûtante de Thomas Newman. Inoubliable.

LE BLU-RAY

Le superbe digibook de Beignets de tomates vertes édité par Movinside dans la collection Les Films de ma vie, renferme le Blu-ray du film. Le petit livret de 32 pages richement illustré délivre quelques notes de production signées Marc Toullec. Le menu principal de cette édition est animé et musical.

Aucun supplément vidéo.

L’Image et le son

Pour cette nouvelle édition HD de Beignets de tomates vertes, Movinside semble avoir repris le master sorti chez feu Filmedia en 2013. En dépit de légères imperfections, ce Blu-ray au format 1080p (AVC) respecte le grain original, se révèle propre et éclatant sur les scènes diurnes (les plus acérées) et les détails sont appréciables sur le cadre. La palette colorimétrique retrouve une nouvelle jeunesse (en dépit de visages un peu rosés), le relief est palpable, mais le piqué n’est pas aussi ciselé qu’espéré. En dehors de plusieurs instabilités de la définition, de couleurs sensiblement délavées (mais nettement plus convaincantes après le générique) et de légers fourmillements sur les séquences en basse lumière, les contrastes sont à l’avenant et la clarté appréciable confirment que nous sommes devant une belle édition HD, surtout pour un film tourné il y a déjà 25 ans.

La piste anglaise DTS-HD Master Audio 5.1 spatialise la superbe partition de Thomas Newman du début à la fin et use à bon escient des basses. Des ambiances latérales ont été «  rajoutées  » pour s’aligner sur les standards actuels, sans que cela donne un aspect artificiel. Des effets naturels percent sur la scène arrière sur les très nombreuses séquences en extérieur, à l’instar des scènes d’orage, des abeilles et de l’accident de train. Si le volume des dialogues aurait mérité d’être revu à la hausse, cette option acoustique s’avère de très bonne qualité. Movinside livre également une piste française en 2.0, évidemment plus plate, mais de fort bonne facture également et au doublage de qualité.

Crédits images : © Movinside / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Nuit des vers géants, réalisé par Jeff Lieberman

LA NUIT DES VERS GEANTS (Squirm) réalisé par Jeff Lieberman, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez Movinside

Acteurs : Don Scardino, Jean Sullivan, Patricia Pearcy, R.A. Dow, Peter MacLean, Fran Higgins

Scénario : Jeff Lieberman

Photographie : Joseph Mangine

Musique : Robert Prince

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

La petite ville de Fly Creek, dans le vieux sud des États Unis, est la proie d’une terrible tempête nocturne. Une ligne électrique « haute tension » se décroche en pleine campagne et déverse son courant dans la terre. Le lendemain, le citadin Mick arrive à Fly Creek pour passer quelques jours chez son amie Geri Sanders. Des évènements insolites éveillent leurs soupçons, particulièrement en ce qui concerne la ferme voisine, spécialisée dans l’élevage de vers pour la pêche…

Réalisé par Jeff Lieberman (Le Rayon bleu, Survivance) en 1976, La Nuit des vers géantsSquirm est un petit film de genre sympathique devenu culte auprès des nombreux cinéphiles amateurs d’horreur bis. Egalement scénariste, il signera d’ailleurs le troisième volet de la franchise L’Histoire sans fin sous-titré Retour à Fantasia, Jeff Lieberman tient à ce que son premier long métrage avec des vers de terre, qui n’ont rien de géant mais qui sont enragés (oui), soit le plus « scientifiquement plausible ». Efficacement mis en scène, La Nuit des vers géants se voit aujourd’hui comme une curiosité au charme vintage lui-même inspiré par les productions du même acabit qui fleurissaient dans les années 1950, ponctuée par des effets d’horreur efficaces.

Une très violente tempête éclate dans une petite ville du Sud des Etats-Unis. Les lignes de haute tension sont détruites, et l’électricité qui en émane fait sortir de terre une colonie de vers affamés en quête de chair humaine. Mick, un New-Yorkais, se rend dans cette ville pour y retrouver Geri, la jeune femme dont il est épris. C’est lui qui découvre la présence de ces nombreuses créatures gluantes devenues enragées et imprévisibles. La Nuit des vers géants se suit sans déplaisir, même si l’ensemble manque singulièrement de rythme – surtout que les vers se mettent vraiment à l’oeuvre que dans la deuxième partie – et de rebondissements. Ce qui fait également le sel de La Nuit des vers géants, est son tournage effectué dans un coin paumé de la Géorgie avec le soutien des gens du coin, ravis de pouvoir participer à cette expérience et en offrant quelques numéros authentiques bien gratinés devant la caméra.

Les vers sont bien dégueulasses et donc la partie frissons est réussie, surtout lorsqu’ils se multiplient et s’emparent littéralement d’une maison (en référence aux Oiseaux d’Alfred Hitchcock), sans véritable explication, si ce n’est que des milliers de volts ont pénétré dans les sols boueux à cause de la tempête. Du point de vue technique, la réalisation, la photo, la musique sont très soignées et permettent à Squirm de passer les années sans trop d’embûches. N’oublions pas les effets spéciaux et maquillages, certains créés par un débutant du nom de Rick Baker, notamment pour la scène où un individu se fait littéralement manger le visage par les vers, devenant par la suite un zombie sous l’emprise des invertébrés avides de chair humaine. Les comédiens font le boulot honnêtement, entre un jeune naïf qui se révèle être le héros de l’histoire (Don Scardino, vu dans Cruising – La Chasse de William Friedkin), accompagné de l’inévitable jeune fille qui crie et qui s’enfuit en moulinant des bras (Patricia Pearcy).

N’attendez surtout pas un chef d’oeuvre du genre ou un film angoissant, mais un honnête représentant d’un cinéma d’exploitation post-Dents de la mer aujourd’hui disparu, qui n’avait aucune autre prétention que de divertir avec des moyens limités (produits par American International Pictures, spécialiste du Bis au rabais), mais qui ne manquait pas d’imagination, quitte à multiplier les invraisemblances scénaristiques. Cela autant pour faire rire les spectateurs (la confrontation entre ruraux et citadins) que pour leur inspirer suffisamment de dégoût avec ces créatures visqueuses agitées dans tous les sens (d’où le titre original Squirm, qui signifie « se tortiller ») et filmées en gros plan.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Nuit des vers géants, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, contrairement au visuel qui montre un boîtier noir. L’élégante jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des Bisseux, et des autres, puisqu’elle reprend le visuel de l’affiche originale. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

A l’instar des Blu-ray de Nuits de cauchemar et Soudain…les monstres !, et de l’édition DVD de Corridors of Blood, cette édition HD ne contient qu’un seul supplément, une présentation du film par le journaliste Marc Toullec (8’). L’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies replace La Nuit des vers géants dans son contexte cinématographique, à savoir le courant horrifique post-Jaws, qui voyait naître de nombreux films de genre spécialisés des êtres humains affrontant des animaux. Marc Toullec nous parle du réalisateur Jeff Lieberman, des conditions de production, du maquillage de Rick Baker, des effets visuels, du casting et indique que Kim Basinger avait passé les tests pour le premier rôle, mais avait été renvoyée sous prétexte qu’elle était trop belle pour incarner le personnage.

L’Image et le son

Contrairement aux autres Blu-ray de la collection déjà chroniqués, celui de La Nuit des vers géants est proposé au format 1080i. Malgré tout, nous n’attendions pas une copie aussi belle ! L’image s’avère plutôt impressionnante. Le master (1.85, 16/9) affiche une indéniable propreté, le grain est habilement géré excepté durant les credits en ouverture et en fin de film. En effet, la texture y est plus grumeleuse, les contrastes aléatoires, les poussières se multiplient (points, tâches, griffures, tout y passe) et la luminosité décline. Mais en dehors de cela, la stabilité est de mise, la définition est plaisante, les couleurs sont au top et les détails sont très agréables.

Les versions française et originale sont proposées en DTS-HD Dual Mono, dépourvues du moindre souffle. Les deux versions s’avèrent propres, naturelle pour la piste anglaise, dynamique et évidemment plus artificielle pour l’amusant doublage français. Cette dernière s’en sort d’ailleurs mieux avec des dialogues plus vifs. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise et le changement de langue est verrouillé à la volée.

Crédits images : © MGM – Movinside / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr