Test DVD / Amants super-héroïques, réalisé par Paolo Genovese

AMANTS SUPER-HÉROÏQUES (Supereroi) réalisé par Paolo Genovese, disponible en DVD le 6 décembre 2022 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Alessandro Borghi, Jasmine Trinca, Vinicio Marchioni, Greta Scarano, Angelica Leo, Linda Caridi, Gwendolyn Gourvenec, Elena Sofia Ricci…

Scénario : Paolo Genovese, Rolando Ravello & Paolo Costella

Photographie : Fabrizio Lucci

Musique : Maurizio Filardo

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

L’histoire d’un couple : Anna, une dessinatrice à la personnalité impulsive et anticonformiste, et Marco, un professeur de physique convaincu que tout est régi par une formule mathématique. Une comédie sentimentale sur les couples et l’effet du temps qui passe sur leurs relations, posant une question simple mais profonde : quels superpouvoirs faut-il avoir pour s’aimer toute une vie ?

Depuis plus de vingt ans, règne un astre sur le cinéma italien du nom de Jasmine Trinca. Dès sa première apparition dans La Chambre du fils La Stanza del figlio (Palme d’or du festival de Cannes de Nanni Moretti en 2001), suivi de près de Nos meilleures années La meglio gioventù de Marco Tullio Giordana, la comédienne née en 1981 n’a eu de cesse d’illuminer l’écran dès qu’elle y apparaît. Tour à tour chez Michele Placido (Romanzo Criminale, Le Rêve italien), Bertrand Bonello (L’Apollonide : Souvenirs de la maison close, Saint Laurent), Valeria Golino (Miele, Euforia), les frères Taviani (Contes italiens), Kim Rossi Stuart (Tommaso) et bien d’autres, il se passe ce petit truc indéfinissable qui rend Jasmine Trinca indispensable. Dans Amants super-héroïques Supereroi de Paolo Genovese, elle allie cette fois de plus la grâce, le talent et la beauté, subjugue quand elle sourit, bouleverse en un regard, le spectateur également s’amourachant de son accent romain parfaitement reconnaissable. S’il n’est pas dénué de défauts, souvent liés au cinéma transalpin, Amants super-héroïques joue à fond la carte de la comédie-dramatique sentimentale chère à nos amis de la Botte avec ce que cela peut entraîner de poncifs, mais c’est aussi et surtout ce qui fait son attrait inaltérable. Et là-dessus, Supereroi n’en manque sûrement pas.

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Test 4K UHD / Sexe, Mensonges et Vidéo, réalisé par Steven Soderbergh

SEXE, MENSONGES ET VIDÉO (Sex, Lies, and Videotape) réalisé par Steven Soderbergh, disponible en Édition Collector DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD + Blu-ray le 15 février 2022 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : James Spader, Andie MacDowell, Peter Gallagher, Laura San Giacomo, Ron Vawter, Steven Brill, Alexandra Root, Earl T. Taylor, David Foil…

Scénario : Steven Soderbergh

Photographie : Walt Lloyd

Musique : Cliff Martinez

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

Graham Dalton a un étrange secret : il collectionne en cassettes vidéo des témoignages de femmes qui lui confient leur vie sexuelle. De retour dans sa ville natale après une longue absence, il retrouve un ancien ami qui a “réussi” et sa femme. L’arrivée de Graham va perturber le couple et les évènements vont prendre une tournure inattendue…

En 1989, Steven Soderbergh a 26 ans et de son propre aveu ne croit pas trop au potentiel de son premier long-métrage, Sexe, Mensonges et VidéoSex, Lies and Videotape, mis à part le fait que ce film – destiné premièrement à la VHS – pourrait lui servir pour, éventuellement, trouver un boulot dans le monde du cinéma, en ajoutant au passage une ligne à son C.V. Résultat des courses, la Palme d’or au Festival de Cannes (il est alors le plus jeune cinéaste à recevoir cette distinction après Louis Malle), le Prix d’interprétation masculine pour James Spader, le Prix FIPRESCI, quatre Film Independent Spirit Awards, trois nominations aux Golden Globes, deux aux BAFTA et une aux Oscars, sans oublier le Prix du public à Sundance. Sexe, Mensonges et Vidéo est une révolution dans le cinéma indépendant américain et devient l’un des films les plus rentables, puisque produit pour 1,2 million de dollars, 25 millions de billets verts sont recueillis, tandis que près d’1,5 million de spectateurs se ruent dans les salles françaises en octobre 1989. Près de 35 ans après sa sortie, que reste-t-il de Sexe, Mensonges et Vidéo ? Un drame doux-amer, qui dissimule une ironie mordante sous son vernis glacé, qui place le spectateur comme témoin « privilégié » du quotidien d’une femme et de son époux en crise, et de la présence des deux éléments perturbateurs, qui vont faire exploser, ou imploser c’est selon, ce couple qui a à la fois perdu le dialogue, mais aussi l’alchimie physique, si elle a existé un jour. Étrangement, Sexe, Mensonges et Vidéo à peu vieilli, si ce n’est au niveau des coupes de cheveux bien sûr, et prendre de la bouteille lui a même fait beaucoup de bien. Le génie d’un des cinéastes les plus intéressants, éclectiques et prolifiques de la fin du XXè siècle, et même du début du XXIè siècle en fait, éclate littéralement et revenir à la source de sa carrière est chaque fois toujours plus revigorant.

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Test Blu-ray / À la rencontre de Forrester, réalisé par Gus Van Sant

À LA RENCONTRE DE FORRESTER (Finding Forrester) réalisé par Gus Van Sant, disponible en DVD et Blu-ray le 2 novembre 2021 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Sean Connery, F. Murray Abraham, Anna Paquin, Busta Rhymes, April Grace, Rob Brown…

Scénario : Mike Rich

Photographie : Harris Savides

Musique : Bill Frisell

Durée : 2h10

Date de sortie initiale : 2000

LE FILM

A seize ans, Jamal Wallace, un prodige du basket-ball, entre par effraction dans un appartement que les rumeurs disent habité par un ermite. Ayant entendu un bruit, il prend ses jambes à son cou et en oublie son sac à dos avec ses livres dedans. L’ermite le lui rend. Mais Jamal constate que les textes qu’il a écrits ont été corrigés et commentés. Celui-ci, intrigué, part à la rencontre du vieil homme, qui s’avère être William Forrester, un célèbre écrivain qui a disparu après la publication de son premier roman. Ce romancier solitaire et asocial a découvert chez Jamal un don pour l’écriture et accepte de lui enseigner en privé l’art de la plume. Au cours de ces leçons particulières, une amitié s’installe entre eux. Jamal se découvre une passion pour la littérature, mais il est bientôt amené à choisir entre poursuivre sa carrière de basketteur et se consacrer pleinement à l’écriture.

Quand il tourne son huitième long-métrage À la rencontre de Forrester Finding Forrester, Gus Van Sant a déjà près de cinquante ans. Il est le réalisateur acclamé de My Own Private Idaho (1991), avec River Phoenix et Keanu Reeves, il a connu le succès avec Prête à tout To Die For (1995), sa première œuvre de commande qui vaudra le Golden Globe à Nicole Kidman, suivi d’un triomphe international avec Will Hunting Good Will Hunting (1997), qui emballe à la fois la critique et le public, remporte deux Oscars, celui du meilleur acteur dans un second rôle pour Robin Williams et celui du meilleur scénario original pour Ben Affleck et Matt Damon. En 1998, le cinéaste est libre de faire ce qui lui plaît…mais contre toute attente il jette son dévolu sur un remake de Psychose (1960) d’Alfred Hitchcock, projet qu’il convoitait depuis une bonne dizaine d’années. Ce décalque, quasiment plan par plan et en couleur du film original, que certains jugeront inutile, d’autres expérimental, s’accompagne de critiques très mitigées (euphémisme), de nominations aux Razzie Awards et le budget n’est pas rentabilisé. Après cet essai personnel qui avait quand même coûté plus de vingt millions de dollars, Gus Van Sant accepte un retour au cinéma dit commercial. Ce sera donc À la rencontre de Forrester, d’après un scénario de Mike Rich, que l’on peut voir comme un film-miroir à Will Hunting, tant les similitudes y sont frappantes. Plus de vingt ans après sa sortie, cet opus vaut essentiellement pour l’élégance de sa mise en scène, ainsi que pour la force et la douceur qui se dégage du tandem principal, l’inconnu Rob Brown, qui faisait ici ses débuts très prometteurs devant la caméra, et bien évidemment l’immense Sean Connery, également coproducteur ici, dans son avant-dernière apparition sur le grand écran, sublime dans un rôle inspiré par J.D. Salinger. Mention aussi à F. Murray Abraham, qui retrouvait alors son partenaire du Nom de la rose, dans lequel il incarnait l’inquisiteur médiéval Bernard Gui, adversaire du moine Guillaume de Baskerville interprété par l’acteur écossais. Leur confrontation finale est l’un des grands atouts de Finding Forrester.

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Test Blu-ray / The Shadow, réalisé par Russell Mulcahy

THE SHADOW réalisé par Russell Mulcahy, disponible en DVD et Blu-ray le 5 octobre 2021 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Alec Baldwin, John Lone, Penelope Ann Miller, Peter Boyle, Ian McKellen, Tim Curry, Jonathan Winters, Sab Shimono…

Scénario : David Koepp, d’après les romans de Walter B. Gibson

Photographie : Stephen H. Burum

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1994

LE FILM

Autrefois criminel violent et sanguinaire semant la terreur au Tibet, Lamont Cranston, désormais repenti, a appris à maîtriser sa part d’ombre pour vaincre le mal et protéger New York des malfaiteurs grâce à ses nombreux pouvoirs. Sous le nom de The Shadow, il se bat toutes les nuits contre le crime pour faire régner l’ordre et la justice sur la ville. Mais le quotidien du héros légendaire est perturbé lorsque son ennemi juré Shiwan Khan, doté des mêmes pouvoirs, refait surface en menaçant de tout détruire à l’aide d’une bombe atomique. L’affrontement est inévitable…

Peu connu en France, The Shadow est pourtant la principale inspiration de Bob Kane pour Batman en 1939. Créé par Walter B. Gibson sous le pseudo de Maxwell Grant au début des années 1930, juste après la crise de 1929, ce personnage devient le héros de près de 300 romans et nouvelles pulps durant près de vingt ans, ainsi que le protagoniste d’un célèbre feuilleton radiophonique avec la voix d’Orson Welles, de comics, d’un feuilleton télévisé et de sept films produits par la Columbia. The Shadow a pratiquement disparu de la circulation pendant près d’un demi-siècle, quand il réapparaît soudainement dans le paysage cinématographique hollywoodien en 1994. Au début des années 1990, le triomphe international du Batman de Tim Burton donne quelques idées aux réalisateurs et producteurs qui vont suivre ce nouvel engouement, à l’instar de Sam Raimi avec Darkman, Albert Pyun avec Captain America, ainsi que la trilogie Tortues Ninja. Deux films se distinguent en 1990-1991, Dick Tracy de Warren Beatty et The Rocketeer de Joe Johnston, d’après l’œuvre de Dave Stevens, qui proposaient déjà un retour aux années 1930-40 et jouaient sur une ambiance et un décor vintage. The Shadow est comme qui dirait une synthèse de ces deux précédents longs-métrages et parvient à s’en distinguer à travers la mise en scène inspirée de l’excellent Russell Mulcahy (Razorback, Highlander), qui sortait de L’Affaire Karen McCoy The Real McCoy, dans lequel il dirigeait Kim Basinger. Dans The Shadow, il collabore cette fois avec l’époux de cette dernière, Alec Baldwin, qui enchaînait alors les tournages de Malice de Harold Becker et Guet-apens The Getway de Roger Donaldson, juste avant d’enfiler le costume crasseux de sueur de Dave Robicheaux dans le génial Vengeance froide Heaven’s Prisoners de Phil Joanou. L’acteur s’impose sans mal dans le rôle-titre et campe un parfait justicier ambigu, luttant contre ses propres démons, lancé sur le chemin de la rédemption en traquant la racaille de New York. Doté d’un budget plutôt confortable de 40 millions de dollars, The Shadow n’a connu qu’un succès relatif à sa sortie durant l’été 1994. Malheureusement pour lui, la concurrence était rude, Le Roi Lion, Forrest Gump, True Lies, The Mask, Speed, Danger immédiat n’ayant fait qu’une bouchée de ce film que personne n’attendait vraiment. Pourtant, The Shadow est une œuvre de qualité, très soignée sur la forme avec de superbes décors, des costumes très élégants, un casting solide également composé de la divine Penelope Ann Miller, Ian McKellen, Peter Boyle, John Lone et Tim Curry, sans oublier la magistrale partition de Jerry Goldsmith. Les années ont passé, The Shadow a su trouver son public et birn que certains effets spéciaux aient pris un gros coup de vieux, le charme serial opère.

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Test Blu-ray / U Turn – Ici commence l’enfer, réalisé par Oliver Stone

U-TURN (U-Turn : ici commence l’enfer) réalisé par Oliver Stone, disponible en DVD et Blu-ray le 21 septembre 2021 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Sean Penn, Jennifer Lopez, Nick Nolte, Powers Boothe, Claire Danes, Billy Bob Thornton, Jon Voight, Joaquin Phoenix…

Scénario : John Ridley, d’après son roman

Photographie : Robert Richardson

Musique : Ennio Morricone

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Bobby Cooper casse une durite de sa rutilante Ford Mustang rouge de juin 1964 sur une route isolée dans le désert. Il se rend à la petite ville de Superior en Arizona, où Darrell le seul garagiste local un peu farfelu et surtout malhonnête lui annonce des délais de réparations imprévisibles et importants. Obligé de prendre son mal en patience, Bobby a l’occasion de se frotter à l’hostilité et à la stupidité des locaux mais aussi de s’attirer des ennuis lorsqu’il tente de séduire la captivante Grace qui est mariée à l’irascible Jake.

Après le beau succès de Tueurs-nés Natural Born Killers en 1994 qui l’a remis en selle après l’important échec commercial d’Entre Ciel et Terre Heaven & Earth l’année précédente, Oliver Stone (né en 1946) peut enfin plancher sur un film qui lui tient à coeur, Nixon. Malheureusement, malgré des critiques enthousiastes, ce biopic est un four dans les salles, ne rapportant que 14 millions de dollars aux Etats-Unis et un peu plus de vingt millions dans le reste du monde, pour un budget alors colossal de 50 millions. Profondément atteint par ce rejet en masse, d’autant plus que sa situation personnelle partait également en sucette, le réalisateur connaît l’une des plus mauvaises passes de sa vie. Tout ce mal-être, cette remise en question imposée et cette folie doivent s’extérioriser. La catharsis arrive rapidement. Oliver Stone jette son dévolu sur le roman de John Ridley Ici commence l’enfer Stray Dogs, l’écrivain adaptant lui-même son propre livre, même s’il a été prouvé par la suite que le metteur en scène aura intégralement repris le scénario, qui rappelle d’ailleurs furieusement le génial Red Rock West de John Dahl (1993). Ainsi naquit douloureusement U-Turn : ici commence l’enfer, le plus dingue et le plus jubilatoire des filmsde l’auteur de Platoon, Wall Street, The Doors et JFK. Un quart de siècle après sa sortie, qui était passée complètement inaperçue, cet opus n’a eu de cesse de voir son audience et ses aficionados croître, au point de figurer souvent dans le top 5 des films d’Oliver Stone préférés des cinéphiles. U-Turn n’aura donc pas connu de succès immédiat, mais aura au moins permis au cinéaste de chasser (provisoirement ou définitivement ?) ses démons, de se réinventer, de se purger, de trouver une nouvelle bouffée d’air frais, puisque deux ans plus tard, il connaîtra son plus grand hit après Platoon, L’Enfer du dimanche Any Given Sunday. En l’état, U-Turn : ici commence l’enfer est un…PUTAIN DE CHEF D’OEUVRE.

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Test Blu-ray / The Boxer, réalisé par Jim Sheridan

THE BOXER réalisé par Jim Sheridan, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Daniel Day-Lewis, Emily Watson, Brian Cox, Ken Stott, Kenneth Cranham, Gerard McSorley…

Scénario : Terry George & Jim Sheridan

Photographie : Chris Menges

Musique : Gavin Friday & Maurice Seezer

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Belfast. Danny Flynn avait l’étoffe d’un champion de boxe et rêvait d’un avenir heureux avec sa fiancée Maggie. Entré dans les rangs de l’IRA, jeté malgré lui dans l’action violente et condamné à quatorze ans de prison pour un attentat dont il n’était pas coupable, Danny garda le silence. Il ne livra aucun de ses compagnons de lutte, mais prit des distances avec eux comme avec son passé, et rendit sa liberté à Maggie en acceptant qu’elle épouse son meilleur copain. Aujourd’hui Danny est libre. Dans son ancien quartier, dévasté par la guerre, le boxeur remonte la pente…

Troisième et dernière collaboration entre le réalisateur irlandais Jim Sheridan et le comédien britannique (naturalisé irlandais en 1993) Daniel Day-Lewis, The Boxer ne possède pas le même prestige que My Left Foot (1989) et Au nom du père In the Name of the Father (1994), mais n’a eu de cesse d’être réhabilité depuis sa sortie en 1997. S’il a beaucoup moins rapporté que le film précédent (16 millions contre 65 millions de dollars pour Au nom du père), The Boxer clôt pourtant de façon élégante cette « trilogie irlandaise » qui a autant compté dans la carrière du metteur en scène que dans celle de sa tête d’affiche, très largement nommée et récompensée dans le monde entier. Si l’on compare The Boxer aux deux autres, celui-ci s’avère le plus maniéré, le plus sophistiqué, au niveau de sa réalisation, le plus stylisée, en raison de la photographie de Chris Menges (La Déchirure The Killing Fields et Mission The Mission de Roland Joffé, The Pledge de Sean Penn), qui par ses filtres bleutés représente l’atmosphère glacée de Belfast. The Boxer détient un cachet plus « surréaliste » et sans doute moins viscéral, plus « cinématographique », moins brut, plus poseur aussi certainement. Ces partis-pris créent un sensible détachement, mais on ne peut s’empêcher d’admirer l’implication toujours cinglée de Daniel Day-Lewis, dont le côté jusqu’au-boutiste a décontenancé Jim Sheridan, qui avait du mal cette fois à contenir son acteur, qui s’était fixé comme objectif de « devenir » boxeur, au point de prendre de vrais coups et d’oublier les problèmes que cela pouvait engendrer, comme les raccords de maquillage et de continuité. Il n’empêche que rarement un comédien aura atteint cette perfection, à tel point que Barry McGuigan, son coach, mais aussi consultant et par ailleurs ancien boxeur lui-même (champion poids plume dans les années 1980) dont la vie a inspiré une partie du film, aurait déclaré que Daniel Day-Lewis s’était hissé à un niveau égal voire supérieur aux sportifs professionnels. Aux côtés de la star, la bouleversante Emily Watson, tout juste révélée par Breaking the Waves de Lars von Trier, ainsi que Brian Cox, impérial dans la peau de Joe Hamill, tirent leur épingle du jeu. Faux film sportif, mais vrai drame politique et histoire d’amour contrariée, The Boxer demeure un grand film. Dommage toutefois que les deux premiers actes n’aient pas la force viscérale de la dernière partie, qui prend littéralement aux tripes et les malaxent jusqu’à en donner la nausée. C’est entre autres grâce à ce dénouement extraordinaire que The Boxer mérite d’être réévalué.

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Test Blu-ray (édition L’Atelier d’Images) / Au nom du père, réalisé par Jim Sheridan

AU NOM DU PÈRE (In the Name of the Father) réalisé par Jim Sheridan, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Daniel Day-Lewis, Emma Thompson, Pete Postlethwaite, Saffron Burrows, Mark Sheppard, Tom Wilkinson…

Scénario : Terry George & Jim Sheridan, d’après le livre de Gerry Conlon, Proved Innocent

Photographie : Peter Biziou

Musique : Trevor Jones

Durée : 2h12

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

1974 : Gerry Conlon, un nord-irlandais de 21 ans vit au jour le jour à Belfast, multipliant les petits délits, ainsi que les vols caractérisés. Alors qu’il est prit sur le fait lors d’un vol de cuivre, et qu’il tente d’échapper aux britanniques, celui-ci s’approche involontairement d’une planque de l’IRA, menaçant ainsi la sécurité du groupuscule armé. Face à cet impair, l’IRA ordonne à Conlon de quitter la ville.En réponse, Gerry Conlon part pour Londres avec son ami Paul Michael Hill. Très vite, tout deux font la rencontre d’une communauté hippie, et mènent une vie des plus dissolues, marquée par la drogue, et les petits larcins.Le 5 octobre 1974 à Guildford, Gerry et Paul volent une prostituée, ignorant qu’au même moment, 2 Pubs britanniques sont la cible d’un attentat à la bombe perpétré par l’IRA. L’attentat provoquera la mort de 5 britanniques, et défrayera la chronique, scandalisant l’opinion publique. Sous la pression médiatique, la police s’empresse de chercher les coupables, et trouve en Gerry et Paul des coupables idéaux.

« In the name of whiskey

In the name of song

You didn’t look back

You didn’t belong… »

Au nom du pèreIn the name of the Father est l’un des sommets de la carrière du cinéaste irlandais Jim Sheridan (né en 1949). En 1993, il retrouve Daniel Day-Lewis quatre ans après My Left Foot, qui avait valu au comédien son premier Oscar du meilleur acteur. Toujours engagé, soucieux de la situation économique, politique et sociale de son pays, Jim Sheridan s’inspire du procès à scandale des « Quatre de Guildford », quatre jeunes gens accusés et condamnés à tort (pour meurtre et conspiration) à la prison à vie par la cour d’assises d’Old Bailey à Londres en octobre 1974 au Royaume-Uni pour les attentats des pubs de Guildford, une ville du sud de l’Angleterre, située dans le Surrey. Ce jour-là, des bombes dissimulées par l’Armée républicaine irlandaise provisoire explosèrent dans deux établissements, tuant quatre militaires en permission et un civil, et fait près de cent blessés. En 1989, quinze ans après leur condamnation, les charges retenues contre les prisonniers sont annulées suite à une preuve irréfutable apportée par Gareth Peirce, l’avocate de la famille Conlon, jusqu’alors dissimulée par la police britannique. En février 2005, le Premier ministre Tony Blair a présenté des excuses publiques pour cette erreur judiciaire. Quatre ans seulement après l’acquittement des accusés à tort, le cinéma devait s’emparer de cette histoire. Le réalisateur et son coscénariste Terry George (The Boxer, Mission évasion, Hôtel Rwanda) s’inspirent du livre autobiographique de Gerry Conlon, Proved Innocent, et en tirent un extraordinaire film dramatique, un chef d’oeuvre pour ainsi dire instantané et magistralement interprété, par Daniel Day-Lewis certes, mais aussi par ses partenaires, Pete Postlethwaite et Emma Thompson. Au nom du père est un des uppercuts cinématographiques des années 1990.

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Test Blu-ray / The Game, réalisé par David Fincher

THE GAME réalisé par David Fincher, disponible en Blu-ray le 3 novembre 2020 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Michael Douglas, Sean Penn, Carroll Baker, Deborah Kara Unger, Armin Mueller-Stahl, James Rebhorn, Peter Donat…

Scénario : John Brancato & Michael Ferris

Photographie : Harris Savides

Musique : Howard Shore

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Nicholas Van Orton, un richissime homme d’affaires reçoit comme cadeau d’anniversaire de la part de son frère Conrad une invitation à participer à un jeu d’un genre nouveau. D’abord sceptique, il se laisse tenter par cette aventure. Cette partie se révèle être un engrenage aux mécanismes diaboliques…

Durant de longues années, The Game a probablement été le film le plus mal aimé de David Fincher. Peut-être parce que le réalisateur était attendu au tournant après le triomphe international de Se7en (330 millions de dollars de recette, 100 millions rien qu’aux Etats-Unis et 5 millions d’entrées en France), son véritable premier long-métrage puisque l’intéressé avait déjà renié Alien 3, monté, puis remonté par les producteurs sans son accord. Rétrospectivement, The Game est l’un des meilleurs opus du cinéaste et surpasse même quelques autres de ses films acclamés, comme Zodiac (2007), L’Étrange Histoire de Benjamin Button (2008), The Social Network (2010) et Gone Girl (2014). The Game, c’est comme qui dirait le bijou dissimulé dans l’écrin de la carrière du metteur en scène, celui qui condense tout son amour pour le cinéma classique hollywoodien et dans lequel apparaissent clairement toutes ses obsessions. Certes, la fin a été largement décriée et le sera probablement toujours, mais ce thriller paranoïaque teinté d’humour noir demeure pourtant un très grand film, que certains qualifieront de « malade », comme le disait François Truffaut : « Un grand film malade, ce n’est rien d’autre qu’un chef-d’œuvre avorté, une entreprise ambitieuse qui a souffert d’erreurs de parcours : un beau scénario intournable, un casting inadéquat, un tournage empoisonné par la haine ou aveuglé par l’amour, un trop fort décalage entre intention et exécution, un enlisement sournois ou une exaltation trompeuse. Cette notion de “grand film malade” ne peut s’appliquer évidemment qu’à de très bons metteurs en scènes, à ceux qui ont démontré dans d’autres circonstances qu’ils pouvaient atteindre la perfection. ». Le mot malade pourrait être adapté pour la conclusion de The Game, mais tout le reste est de haut niveau, en particulier l’interprétation de Michael Douglas, immense, qui trouvait ici l’un de ses plus grands rôles des années 1990, aux côtés de Basic Instinct (1992) de Paul Verhoeven et Chute libreFalling Down (1993) de Joel Schumacher. Tout cela pour dire qu’on ne cesse de redécouvrir The Game et que même l’effet « dérangeant » du dernier acte (on reparle de celui de Fight Club d’ailleurs ?) s’est estompé pour au final dévoiler à ceux qui se voilaient la face jusqu’alors qu’il s’agit bel et bien d’un chef d’oeuvre.

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Test Blu-ray / Le Mystère von Bulöw, réalisé par Barbet Schroeder

LE MYSTÈRE VON BULÖW (Reversal of Fortune) réalisé par Barbet Schroeder, disponible en DVD et Blu-ray le 2 juin 2020 chez L’Atelier d’Images

Acteurs : Glenn Close, Jeremy Irons, Ron Silver, Annabella Sciorra, Uta Hagen, Fisher Stevens, Jack Gilpin…

Scénario : Nicholas Kazan d’après le livre d’Alan Dershowitz

Photographie : Luciano Tovoli

Musique : Mark Isham

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Une des plus riches héritières des États-Unis, Sunny Von Bülow, est retrouvée dans un coma profond provoqué par une surdose d’insuline. Son second mari, Claus, personnalité inquiétante et charismatique, est instantanément accusé d’avoir tenté de l’assassiner et est condamné à 30 ans de prison. Décidé à prouver son innocence, il obtient le concours du célèbre avocat Alan Dershowitz qui, aidé de ses étudiants, va mener une enquête riche en révélations pour le disculper. Le procès ultra médiatisé qui va suivre sera la dernière chance d’éclaircir le mystère von Bülow.

Barbet Schroeder (né en 1941) commence sa carrière de réalisateur par la fiction en 1969 avec les films français More (1969), La Vallée (1972), Maîtresse (1976) et Tricheurs (1984). Il réalise en parallèle des documentaires : Général Idi Amin Dada : Autoportrait (1974) sur le président ougandais, Koko, le gorille qui parle (1978) sur un singe qui apprend le langage des signes ou encore The Charles Bukowski Tapes (1987) sur le célèbre écrivain. La même année, il se lance dans une carrière américaine en réalisant Barfly avec Mickey Rourke et Faye Dunaway. Le deuxième film dans sa période américaine s’intitule Le Mystère von Bülow – Reversal of Fortune (1990).

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Test Blu-ray / Mississippi Burning, réalisé par Alan Parker

MISSISSIPPI BURNING réalisé par Alan Parker, disponible en DVD et Blu-ray le 12 mai 2020 chez L’Atelier d’Images

Acteurs : Gene Hackman, Willem Dafoe, Frances McDormand, Brad Dourif, Michael Rooker, R. Lee Ermey, Gailard Sartain, Stephen Tobolowsky…

Scénario : Chris Gerolmo

Photographie : Peter Biziou

Musique : Trevor Jones

Durée : 2h07

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

1964. Trois militants d’un comité de défense des droits civiques disparaissent mystérieusement dans l’État du Mississippi. Deux agents du FBI, Ward et Anderson, aux méthodes opposées mais complémentaires sont chargés de l’enquête. Très vite leurs investigations dérangent et des violences sur fond de racisme éclatent dans cette ville où le Ku Klux Klan attise les haines et la violence…

Lorsqu’il réalise Mississippi Burning en 1988, Alan Parker est déjà un cinéaste confirmé avec des films éclectiques. Il commence sa carrière en 1976 avec Du rififi chez les mômes – Bugsy Malone, où il parodie, sous forme d’hommage, les films de gangsters des années 1920/1930, en mettant en scène uniquement des enfants. Deux ans plus tard, sort sur les écrans Midnight Express, film sur l’histoire véridique de William Hayes arrêté et emprisonné en Turquie, qui vaudra à Alan Parker une nomination pour l’Oscar du meilleur réalisateur. Ensuite, il met en scène le film musical Fame, le drame L’Usure du temps – Shoot the Moon, puis The Wall, fondé sur le double album conceptuel du groupe Pink Floyd, Birdy l’adaptation du roman de William Wharton et enfin Angel Heart avec Robert De Niro et Mickey Rourke.

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