Test Blu-ray / Chère Léa, réalisé par Jérôme Bonnell

CHÈRE LÉA réalisé par Jérôme Bonnell, disponible en DVD et Blu-ray le 19 avril 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Grégory Montel, Grégory Gadebois, Anaïs Demoustier, Léa Drucker, Nadège Beausson-Diagne, Pablo Pauly, Yumi Narita…

Scénario : Jérôme Bonnell

Photographie : Pascal Lagriffoul

Musique : David Sztanke

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Après une nuit arrosée, Jonas décide sur un coup de tête de rendre visite à son ancienne petite amie, Léa, dont il est toujours amoureux. Malgré leur relation encore passionnelle, Léa le rejette. Éperdu, Jonas se rend au café d’en face pour lui écrire une longue lettre, bousculant ainsi sa journée de travail, et suscitant la curiosité du patron du café. La journée ne fait que commencer…

Jérôme Bonnell (né en 1977) est l’un de nos cinéastes les plus précieux. Révélé par Le Chignon d’Olga en 2002, le réalisateur aura ensuite très vite imposé son immense sensibilité avec Les Yeux clairs en 2005 (lauréat du prix Jean-Vigo), J’attends quelqu’un en 2007, La Dame de trèfle, injustement passé inaperçu en 2010 et Le Temps de l’aventure, son plus beau film, délicate histoire d’amour entre Gabriel Byrne et Emmanuelle Devos. Nous n’avions plus de nouvelle depuis À trois on y va, qui le plaçait définitivement en orbite, parmi les plus grands et indispensables auteurs du cinéma français. Il aura fallu attendre plus de six ans pour découvrir son septième long-métrage, Chère Léa, qui offre cette fois le premier rôle au génial Grégory Montel, vu dans Les Chatouilles d’Andréa Bescond et Éric Métayer, L’Heure de la sortie de Sébastien Marnier, Les Parfums de Grégory Magne et la série Dix pour cent, qui intègre parfaitement l’univers de Jérôme Bonnell. Soyons honnêtes, nous attendions mieux de Chère Léa, que l’on peut voir comme un équivalent masculin au Temps de l’aventure, surtout après une aussi longue attente, mais renouer avec les personnages pudiques, émouvants, drôles, romanesques et même burlesques chers au metteur en scène n’est franchement pas déplaisant et l’ensemble est on ne peut plus attachant.

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Test Blu-ray / Panique année zéro, réalisé par Ray Milland

PANIQUE ANNÉE ZÉRO (Panic in Year Zero!) réalisé par Ray Milland, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 18 mai 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Ray Milland, Jean Hagen, Frankie Avalon, Mary Mitchel, Joan Freeman, Richard Garland, Richard Bakalyan, Rex Holman…

Scénario : Jay Simms & John Morton

Photographie : Gilbert Warrenton

Musique : Les Baxter

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Tandis que la famille Baldwin est en route pour un week-end à la campagne, Los Angeles est victime d’une attaque nucléaire. Réalisant peu à peu l’ampleur de l’événement, ils vont devoir s’organiser pour se mettre à l’abri, survivre et faire face aux survivants, dont certains sont prêts à tout.

En 1962, un an après l’érection du mur de Berlin, quelques semaines après le débarquement de la baie des Cochons et trois mois avant la Crise des missiles de Cuba, le péril atomique fait trembler la planète. Une Troisième Guerre mondiale semble imminente. Le cinéma s’empare de cette paranoïa omniprésente et internationale. Plusieurs films vont alors traiter, à leur façon, de cette hystérie qui couve, The Creation of the Humanoids de Wesley Barry, La Jetée de Chris Marker, This Is Not a Test de Fredric Gadette et Panique année zéro – Panic in Year Zero! de Ray Milland. En effet, l’acteur d’Uniformes et jupon court, Le Poison (Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes et Oscar du meilleur acteur), Californie, terre promise, La Fille sur la balançoire, Espions sur la Tamise, Un pacte avec le diable et Le Crime était presque parfait était déjà passé derrière la caméra à plusieurs reprises et ce depuis 1955, année d’Un homme traqué A Man Alone. Si ses travaux en tant que réalisateur seront essentiellement destinés à la télévision, Ray Milland dirigera également quatre autres longs-métrages pour le cinéma, dont Panique année zéro, survival (il s’agissait d’ailleurs du titre original), film de science-fiction à tout petit budget, mais rempli d’imagination et qui repose sur un script malin signé Jay Simms (The Giant Gila Monster, Les Musaraignes tueuses et cette fois encore de The Creation of the Humanoids), d’après deux nouvelles de Ward Moore, L’Aube des nouveaux jours (Lot, 1953) et Les Nouveaux Jours (Lot’s Daughter, 1954), contes post-apocalyptiques d’inspiration biblique. En dépit d’un manque évident de moyens, Ray Milland se défend très bien à la mise en scène et livre un opus bourré de charme, pas si sympathique que ça, qui rend compte de la complexité et de la noirceur de l’âme humaine en cas de situation extrême. Panique année zéro est à la fois rétro dans sa forme, mais on ne peut plus d’actualité…

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Test Blu-ray / Sonny Boy, réalisé par Robert Martin Carroll

SONNY BOY réalisé par Robert Martin Carroll, disponible en Blu-ray le 23 mars 2022 chez Extralucid Films.

Acteurs : David Carradine, Paul L. Smith, Brad Dourif, Conrad Janis, Sydney Lassick, Savina Gersak, Alexandra Powers, Michael Boston…

Scénario : Graeme Whifler

Photographie : Roberto D’Ettorre Piazzoli

Musique : Carlo Maria Cordio

Durée : 1h43

Année de sortie : 1989

LE FILM

Weasel, l’homme de main de Slue, kidnappe par inadvertance un nourrisson qu’il remet à son boss. Rebaptisé Sonny Boy, l’enfant est éduqué dans la haine et subit des sévices physiques et psychologiques visant à en faire un parfait psychopathe. Un jour, sa cage reste ouverte…

Qui aurait pu penser que celui qui campait Kwai Chang Caine dans la série Kung Fu incarnerait un jour une femme, ou plutôt un travesti très maniéré, torse velu offert au vent balayant les plaines du Nouveau Mexique, la taille serrée dans une robe ajustée, les talons hauts s’enfonçant dans la terre sableuse ? Il s’agit de Sonny Boy, réalisé par un certain Robert Martin Carroll, qui signait ici son premier long-métrage en 1989. Qui est ce metteur en scène ? On ne sait pas trop, ou plutôt on ne sait rien. En l’état, Sonny Boy est un OFNI qui repose sur un scénario écrit par Graeme Whifler, auteur d’un Dr. Rictus en 1992 et du film d’horreur Neighborhood Watch en 2005. Ces deux natures indépendantes et pour le moins underground s’associent donc pour une œuvre singulière, qui parvient à rendre la fange poétique, la saloperie « attachante », le glauque en histoire d’amour « contrariée ». Évidemment, les actes du père de famille, magistralement interprété par l’impressionnant Paul L. Smith, sont ignobles, impardonnables, condamnables, pourtant les personnages ne sont jamais montrés du doigt ou jugés. Ces portraits dressés de dégénérés, qui ont appris à faire avec les moyens du bord et qui ont su instaurer un système d’échanges de bons procédés pour faire fonctionner la communauté, ne sont pas réalistes. Il est plus aisé pour les spectateurs de s’y intéresser, même si le film n’est pas exempt de défauts de rythme. Sonny Boy est une expérience cinématographique à part entière, dont il demeure moult images après la projection et à laquelle on repense encore bien longtemps après.

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Test Blu-ray / La Victime désignée, réalisé par Maurizio Lucidi

LA VICTIME DÉSIGNÉE (La Vittima designata) réalisé par Maurizio Lucidi, disponible en DVD et Blu-ray chez Frenezy.

Acteurs : Tomás Milián, Pierre Clémenti, Katia Christine, Luigi Casellato, Marisa Bartoli, Ottavio Alessi, Alessandra Cardini, Christina Müller, Enzo Tarascio, Carla Mancini, Bruno Boschetti…

Scénario : Augusto Caminito, Fulvio Gicca, Maurizio Lucidi, Fabio Carpi, Luigi Malerba, Aldo Lado & Antonio Troiso

Photographie : Aldo Tonti

Musique : Luis Bacalov & New Trolls

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Publicitaire à la tête d’une entreprise lucrative, Stefano Argenti serait un homme heureux si sa femme, Louisa, dépressive et possessive, ne l’empêchait de réaliser une excellente opération en vendant sa société contre une forte somme d’argent. Cette dernière est en effet enregistrée au seul nom de Louisa. Stefano se console dans les bras de sa maîtresse, la modèle Fabienne. En escapade amoureuse à Venise, le couple d’amants rencontre un étrange dandy, le comte Matteo Tiepolo, qui devient rapidement un ami très proche et intime de Stefano. Un jour, Matteo lui propose un marché : il tue Luisa si celui-ci assassine son frère, une brute qui le tyrannise. Effrayé, Stefano refuse son offre. Mais Matteo révèle à Luisa que son mari la trompe mais qu’il détourne également l’argent de son entreprise. Après une dispute avec Stefano, Luisa est retrouvée morte. Matteo, qui l’a tuée, demande à Stefano de bien vouloir remplir sa part du marché, à savoir tuer son frère…

Voilà un giallo, ou plus précisément un thriller psychologique dont nous n’avions jamais entendu parler ! Nous devons cette résurrection à un nouvel éditeur vidéo indépendant, qui vient de s’installer sur la scène française, Frenezy. Pour l’une de ses deux premières sorties, l’éditeur a misé sur La Victime désignée La Vittima designata, réalisé par un certain Maurizio Lucidi durant l’hiver 1970-71. Et autant le dire immédiatement, c’est une belle baffe. Très largement inspiré par L’Inconnu du Nord-Express Strangers on a Train d’Alfred Hitchcock, sorti vingt ans auparavant, lui-même tiré en partie du premier roman policier de Patricia Highsmith, La Victime désignée compte pas moins de sept scénaristes, parmi lesquels se distinguent forcément le mythique Aldo Lado (Je suis vivant !, La Bête tue de sang froid), Augusto Caminito (Qui a tué le chat ? de Luigi Comencini, qui produira The King of New York d’Abel Ferrara), Antonio Troiso (Le Couteau de glace d’Umberto Lenzi, Les Sorcières du bord du lac de Tonino Cervi), ainsi que Fulvio Gicca Palli (Confession d’un commissaire de police au procureur de la République de Damiano Damiani). Cette impressionnante somme de talents débouche sur une histoire passionnante et anxiogène, qui tient en haleine du début à la fin et plonge les spectateurs dans une atmosphère poisseuse et pessimiste, renforcée par une magistrale utilisation des décors naturels, de Milan à Venise, en passant par le Lac de Côme. Et puis La Victime désignée réunit aussi deux immenses comédiens, qui venaient alors de se croiser l’année précédente sur Les Cannibales I Cannibali de Liliana Cavani, Tomás Quintín Rodríguez alias Tomás Milián (qui pousse également la chansonnette dans le générique de fin) et Pierre Clémenti, qui livrent deux prestations extrêmement troublantes, magnétiques et exceptionnelles. N’attendez plus et jetez-vous sur ce joyau « jaune ».

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Test Blu-ray / Zeros and Ones, réalisé par Abel Ferrara

ZEROS AND ONES réalisé par Abel Ferrara, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Ethan Hawke, Valerio Mastandrea, Cristina Chiriac, Babak Karimi, Stephen Gurewitz, Salvatore Ruocco, Anna Ferrara, Phil Neilson…

Scénario : Abel Ferrara

Photographie : Sean Price Williams

Musique : Joe Delia

Durée : 1h28

Année de sortie : 2021

LE FILM

Rome est devenue une ville assiégée par la guerre. C’est dans ce contexte qu’évolue J. J., un soldat américain. Mais lorsque le Vatican disparaît à la suite d’une déflagration d’une bombe, il part en quête d’un ennemi inconnu pour tenter de protéger le monde contre une menace grandissante.

Heureusement que divers résumés des films que l’on vient de visionner sont disponibles, car parfois, on pourrait encore se demander de quoi ceux-ci venaient de traiter…Zeros and Ones d’Abel Ferrara est une « expérience », dans le sens où l’on ne comprend quasiment rien à ce que souhaite nous raconter le réalisateur, qui doit bien en être à son vingtième long-métrage, sans doute un peu plus, sans compter ses clips vidéos, ses courts-métrages et ses documentaires, qu’on ne peut s’empêcher de trouver souvent fascinant par son dispositif (un tournage « guérilla »), sa liberté de ton, son refus d’entrer dans un moule préétabli et par l’interprétation habitée d’un Ethan Hawke comme sous substances, qui écarquille les yeux et éructe face caméra, traduisant l’urgence de l’entreprise. Du haut de ses 70 piges, le cinéaste profitait alors des rues désertées de Rome, pour y filmer (clandestinement ?) un nouveau film au bord du gouffre, en plongeant les spectateurs dans un monde crépusculaire, vraisemblablement sur le point d’exploser (d’ailleurs ça saute de temps en temps, avec des effets spéciaux du genre The Asylum), où s’imbriquent une fois de plus les thèmes de la culpabilité, la justice, la vengeance, la dope, les putes, le rapport à Dieu, les racines du Bien et du Mal dans un univers où ni l’expiation ni la rédemption ne sont possibles (quoique…), le fric (ici les billets sont nettoyés au spray hydroalcoolique), où la violence engendre la violence, sans fin, sans raison. Du moins, c’est plus ce que l’on ressent que ce qu’on saisit au fil de ces 80-85 minutes de Zeros and Ones, qui par ses motifs (très belle photographie Sean Price Williams, chef opérateur de Her Smell d’Alex Ross Perry et de Good Time des frères Safdie) rappellent les kaléidoscopes d’images de The Blackout (1997), Mary (2005), avec une touche de 4h44 Dernier jour sur Terre (2011). Réservé aux amateurs hardcores d’Abel Ferrara, il en existe beaucoup plus qu’on ne le pense, mais si vous attendiez un film d’action comme pourrait le suggérer l’affiche originale d’exploitation, passez votre chemin, car vous risquez d’être décontenancés. Euphémisme.

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Test Blu-ray / Au coeur de la nuit, réalisé par Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Robert Hamer & Basil Dearden

AU COEUR DE LA NUIT (Dead of Night) réalisé par Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Robert Hamer & Basil Dearden, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 8 mars 2022 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Michael Redgrave, Googie Withers, Mervyn Johns, Basil Radford, Naunton Wayne, Sally Ann Howes, Rowland Culver, Frederick Valk…

Scénario : John Baines & Angus Mac Phail, d’après des histoires originales de H.G. Wells, E.F. Benson, John Baines & Angus Mac Phail

Musique : Georges Auric

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1945

LE FILM

Walter Craig se rend chez Eliott Foley, pour discuter des aménagements de son cottage. Arrivé sur place, il découvre avec stupeur et une sensation de déjà-vu que le cottage comme ses occupants du week-end sont ceux-là mêmes qui hantent ses nuits de façon récurrente…

Difficile de résumer Au coeur de la nuit Dead of Night…film à sketches ? Anthologie ? Assurément, mais aussi œuvre matricielle, fondatrice du cinéma horrifique, comédie noire, drame fantastique. Opus mythique des légendaires studios Ealing, habituellement axés sur les films humoristiques, on y dénombre pas moins de quatre réalisateurs à la barre, Alberto Cavalcanti (Je suis un fugitif), Charles Crichton (Un poisson nommé Wanda, De l’or en barres, Hue and Cry), Basil Dearden (Khartoum) et Robert Hamer (School for Scoundrels, Noblesse oblige), qui se sont unis pour livrer ce chef d’oeuvre absolu d’un genre encore rarement abordé, voire quasiment inédit dans le cinéma britannique, bien avant l’avènement de la Hammer et celui de l’Amicus. Le film se compose de cinq récits, reliés entre eux par des transitions. Le « sketch de liaison » (Linking Narrative) est réalisé par Basil Dearden, d’après une histoire de E. F. Benson. Le film commence par l’arrivée de l’architecte Walter Craig (Mervyn Johns) dans un cottage anglais sur l’invitation du propriétaire de celui-ci, Elliot Foley, qui souhaiterait faire des travaux d’aménagement. Plusieurs personnes se trouvent réunies dans la maison et Craig, en entrant, a l’étrange sensation de les avoir déjà vues ensemble dans un rêve récurrent mais dont il ne se souvient que de façon diffuse. Au grand étonnement des invités, il fait allusion à certains incidents avant même qu’ils ne surviennent dans la maison. Un psychanalyste, présent parmi les invités, reste sceptique. Quatre parmi les personnes présentes se mettent alors à tour de rôle à raconter une histoire étrange dont elles ont fait l’expérience ou dont on leur a parlé. Un cinquième récit sera raconté par le psychanalyste lui-même.

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Test Blu-ray / La Méthode Williams, réalisé par Reinaldo Marcus Green

LA MÉTHODE WILLIAMS (King Richard) réalisé par Reinaldo Marcus Green, disponible en DVD et Blu-ray le 6 avril 2022 chez Warner Bros.

Acteurs : Will Smith, Aunjanue Ellis, Jon Bernthal, Saniyya Sidney, Demi Singleton, Tony Goldwyn, Mikayla Lashae Bartholomew, Daniele Lawson…

Scénario : Zach Baylin

Photographie : Robert Elswit

Musique : Kris Bowers

Durée : 2h25

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Focus sur la personnalité de l’entraîneur de tennis Richard Williams, père des joueuses mondiales Vénus et Serena. Il n’avait aucune expérience dans le sport mais lorsque ses filles ont eu quatre ans, il a élaboré un plan de 78 pages décrivant l’entraînement des futures championnes. Les soeurs Williams sont devenues deux des plus grandes joueuses de l’histoire du tennis. Serena est sans conteste la meilleure tenniswoman de tous les temps, avec 23 victoires en tournoi du Grand Chelem. Venus Williams a remporté sept titres en Grand Chelem.

Autant le dire tout de suite, nous ne reviendrons pas sur la gifle de Will Smith à Chris Rock et tout le bazar qui a suivi. Pour sa troisième nomination aux Oscars, après Ali (2001) de Michael Mann et À la recherche du bonheur The Pursuit of Happyness (2006) de Gabriele Muccino, le comédien a pu enfin obtenir la statuette dorée tant convoitée pour un nouveau biopic sportif, dans lequel il incarne Richard Williams (né en 1942), entraîneur de tennis américain et surtout le père de Venus Williams et Serena Williams. En toute honnêteté, s’il n’y a rien à redire sur la composition de la star, impliquée tant devant la caméra que derrière où Will Smith assure également le rôle de producteur avec sa femme Jada Pinkett – GI Jane 2 – Smith (rhooo), on ne peut pas dire que La Méthode WilliamsKing Richard brille par son originalité dans un genre ultra-balisé (euphémisme), qui respecte chaque point d’un cahier des charges usé jusqu’à la moelle (humour pour tous les âges, émotion limite tire-larmes) et qui s’avère un véhicule idéal pour mener l’acteur principal jusqu’au Saint Graal. Le film n’est pas déplaisant en soi, c’est juste qu’il est absolument sans surprise, sans véritable « rebondissements » et que le temps peut parfois paraître long sur 2h25. Nul besoin de s’y connaître en tennis, La Méthode Williams saura être apprécié évidemment par les néophytes et amateurs, Will Smith assurant comme d’habitude le show. Ce n’est pas la claque espérée quoi. Ah zut, décidément…

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Test Blu-ray / Julie (en 12 chapitres), réalisé par Joachim Trier

JULIE (EN 12 CHAPITRES) (Verdens verste menneske) réalisé par Joachim Trier, disponible en DVD et Blu-ray le 15 mars 2022 chez Memento Films.

Acteurs : Anders Danielsen Lie, Renate Reinsve, Maria Grazia Di Meo, Mia McGovern Zaini, Herbert Nordrum, Hans Olav Brenner, Helene Bjørneby, Sofia Schandy Bloch, Savannah Marie Schei…

Scénario : Joachim Trier & Eskil Vogt

Photographie : Kasper Tuxen

Musique : Ola Fløttum

Durée : 2h08

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Oslo, de nos jours. Julie est une jeune femme pleine de ressource, mais à 30 ans, elle cherche encore sa voie. Bien qu’heureuse avec Aksel, un dessinateur à succès, aimant et protecteur, elle refuse l’enfant qu’il désire. Quand Julie le quitte pour Eivind, elle espère, une fois de plus, commencer une nouvelle vie.

Si son premier long-métrage Nouvelle donneReprise date de 2006, le réalisateur Joachim Trier (né en 1974) se fait remarquer par la critique et le public dès son second film, Oslo, 31 août – Oslo, 31. august, qui sort cinq ans plus tard. Inspiré du roman Le Feu Follet, écrit par Pierre Drieu La Rochelle en 1931, qui avait déjà connu une adaptation en 1963 par Louis Malle (avec Maurice Ronet), Oslo, 31 août est une oeuvre aérienne qui s’intéressait entre autres (mais pas seulement) à la réinsertion des anciens drogués. Sujet de société tabou et d’actualité (les trafics illicites se multipliaient alors en Norvège), Oslo, 31 août était un film documenté, d’une extrême sensibilité, illuminé par l’intense interprétation d’Anders Danielsen Lie, que Trier avait déjà dirigé Nouvelle donne. Depuis, le metteur en scène a très largement confirmé son talent, avec Back Home (2015), porté par un casting international (Isabelle Huppert, Jesse Eisenberg, Gabriel Byrne, Amy Ryan, David Strathairn), ainsi que Thelma (2017), qui racontait l’histoire d’une jeune étudiante norvégienne issue d’une famille très religieuse, qui s’installait à Oslo pour ses études, où elle tombait amoureuse d’une de ses camarades et découvrait qu’elle possèdait des pouvoirs surnaturels. Il faudra ajouter à ces réussites, Julie (en 12 chapitres)Verdens verste menneske, coécrit avec le fidèle Eskil Vogt, dont le titre original signifie « le pire être humain au monde ». Ce cinquième opus de Joachim Trier a été vendu comme une comédie romantique, je rajouterai tout de même comédie-dramatique romantique, étant donné que le dernier acte du film nous emmène vers une sous-intrigue insoupçonnée qui détonne avec ce qui a précédé. Mais Julie (en 12 chapitres), à ne pas confondre avec le merveilleux Julie en juillet Im Juli. (2000) de Fatih Akin, c’est avant tout la découverte d’une magnifique comédienne, dont on tombe pour ainsi dire instantanément amoureux, Renate Reinsve, qui apparaissait au générique d’Oslo, 31 août dix ans auparavant, dans la scène de la piscine, où elle faisait d’ailleurs ses premiers pas devant la caméra. Elle accède désormais au haut de l’affiche et s’est vue décerner le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 2021 pour sa prestation pour cette chronique irrésistible, qui nous ravit le coeur et nous émeut aux larmes.

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Test Blu-ray / La Baie du silence, réalisé par Paula van der Oest

LA BAIE DU SILENCE (The Bay of Silence) réalisé par Paula van der Oest, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Claes Bang, Olga Kurylenko, Brian Cox, Assaad Bouab, Alice Krige, Caroline Goodall, Shalisha James-Davis, Litiana Biutanaseva…

Scénario : Caroline Goodall, d’après le roman de Lisa St Aubin de Terán

Photographie : Guido van Gennep

Musique : John Swihart

Durée : 1h34

Année de sortie : 2020

LE FILM

Will pense que sa femme Rosalind est innocente du meurtre présumé de leur fils, mais découvre que son passé la lie à un autre crime non résolu. Will est convaincu que sa femme, l’artiste Rosalind, n’est pas coupable de la mort de leur bébé. Il fait alors une découverte terrifiante qui dévoile une chaîne d’autres cas non résolus.

Étrange carrière que celle de la comédienne Olga Kurylenko (née en 1979)…Ceux qui comme votre serviteur l’avaient découverte au cinéma en 2005 dans L’Annulaire de Diane Bertrand, formidable transposition du roman de Yōko Ogawa, lui prédisaient un brillant avenir. Effectivement, celle-ci fut très vite remarquée et peu de temps après, l’ukrainienne incarnait une vampire dans le segment Quartier de la Madeleine du film collectif Paris, je t’aime, sous la direction de Vincenzo Natali, puis dans l’excellent thriller d’Éric Barbier, Le Serpent, aux côtés d’Ivan Attal et Pierre Richard. Après deux participations aux adaptations cinématographiques de jeux vidéos, Hitman de Xavier Gens d’un côté, Max Payne de John Moore de l’autre, elle devient carrément James Bond Girl dans (l’horrible) Quantum of Solace. On pouvait alors penser que cette carte de visite prestigieuse allait être le coup de pouce définitif, mais cela ne s’est pas passé comme prévu. L’actrice n’aura de cesse d’alterner les seconds rôles peu mémorables, les productions modestes et interchangeables (qui se souvient de Centurion de Neil Marshall ?), mais ne laissera pas passer sa chance d’être dirigé par un monument du cinéma comme Terrence Malick dans À la merveille To the Wonder (2012) ou de donner la réplique à une star internationale, en l’occurrence Tom Cruise dans Oblivion de Joseph Kosinki (2013). Petit à petit, elle se spécialise dans le cinéma d’action, destiné la plupart du temps au Direct-To-Video, comme The Courier de Zackary Adler, Code Mementum de Stephen S. Campanelli, The November Man de Roger Donaldson et The Expatriate de Philipp Stölzl. Un film se distingue tout de même, La Terre outragée de Michale Boganim (2011), première fiction autorisée à être tournée sur les lieux de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, drame intimiste saisissant qui relatait le lendemain de l’évènement. Si on peut éventuellement sauver Dans la brume (2018) de Daniel Roby et surtout The Room de Christian Volckman, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’Olga Kurylenko s’est souvent fourvoyée dans des projets de peu d’envergure. La Baie du silence The Bay of Silence ne relèvera malheureusement pas la moyenne, non pas en raison du jeu de l’actrice, qui s’en sort très bien ici, mais à cause d’une histoire abracadabrante, qui part dans tous les sens, à laquelle on croyait pourtant, mais qui s’avère rapidement très mal racontée par Paula van der Oest. On ne sait pas où la réalisatrice néerlandaise souhaite nous emmener et malgré un départ très intéressant, le spectateur finit par lâcher l’affaire, la faute à un récit qui s’éparpille.

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Test Blu-ray / De son vivant, réalisé par Emmanuelle Bercot

DE SON VIVANT réalisé par Emmanuelle Bercot, disponible en DVD et Blu-ray le 24 mars 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Gabriel A. Sara, Cécile de France, Oscar Morgan, Lou Lampros, Melissa George, Clément Ducol…

Scénario : Emmanuelle Bercot & Marcia Romano

Photographie : Yves Cape

Musique : Eric Neveux

Durée : 2h03

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Un homme condamné trop jeune par la maladie. La souffrance d’une mère face à l’inacceptable. Le dévouement d’un médecin et d’une infirmière pour les accompagner sur l’impossible chemin. Une année, quatre saisons, pour « danser » avec la maladie, l’apprivoiser, et comprendre ce que ça signifie : mourir de son vivant.

Le cinéma adore ce genre d’histoire. La maladie a toujours été LE sujet mélodramatique par excellence et la France n’est pas en reste dans ce domaine. On peut citer en vrac La Guerre est déclarée (2011) de Valérie Donzelli, Cléo de 5 à 7 (1962) d’Agnès Varda, Adieu les cons (2020) d’Albert Dupontel, Les Intranquilles (2021) de Joachim Lafosse, Augustine (2012) d’Alice Winocour, Floride (2015) de Philippe Le Guay, Cortex (2008) de Nicolas Boukhrief, L’Arbre de Noël (1969) de Terence Young, La Gueule ouverte (1974) de Maurice Pialat et bien d’autres. De son vivant d’Emmanuelle Bercot plonge la tête dedans on pourrait dire, mais contrairement à la plupart des films mentionnés, qui n’y vont pas avec le dos de la cuillère, ce drame s’en sort assez bien. Le sixième long-métrage de la réalisatrice est avant tout un film de performance d’acteur, dans le sens où il offre assurément à Benoît Magimel l’un de ses meilleurs rôles, avec lequel il retrouve enfin de sa superbe après quelques errances, même si le comédien aura su rebondir ces dernières années dans Money de Gela Babluani, Carbone d’Olivier Marchal, La Douleur d’Emmanuel Finkiel, Lola vers la mer de Laurent Micheli et Une fille facile de Rebecca Zlotowski. Il est magnifique dans De son vivant, sa troisième collaboration avec Emmanuelle Bercot après La Tête haute (2015) et La Fille de Brest (2016) et si le film pâtit de digressions, ainsi que de sous-intrigues dispersées, il serait dommage de passer à côté. Un César du meilleur acteur 2022 très largement mérité.

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