Test Blu-ray / The Ledge, réalisé par Howard J. Ford

THE LEDGE réalisé par Howard J. Ford, disponible en DVD et Blu-ray le 5 octobre 2022 chez AB Vidéo.

Acteurs : Brittany Ashworth, Ben Lamb, Nathan Welsh, Louis Boyer, Anaïs Parello, David Wayman…

Scénario : Tom Boyle

Photographie : Vladimir Ilic

Musique : Imran Ahmad

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Une alpiniste piégée sur la face d’une montagne combat quatre tueurs qui se tiennent sur une corniche en surplomb à vingt pieds au-dessus d’elle.

Voici typiquement le genre de film dont on n’attendait pas forcément grand-chose et en toute honnêteté on pensait se retrouver face à un mauvais petit navet ou même un nanar en altitude. En fait, The Ledge est un bon film, qui ne révolutionne rien du tout certes, mais bien emballé, prenant, très efficace, porté par des acteurs solidement dirigés, qui contient son lot d’émotions fortes et de moments bourrins. Réalisé par Howard J. Ford, remarqué avec The Dead (2010) et The Dead 2 (2013), The Ledge repose sur un scénario malin, qui laisse peu de répit au spectateur pour se rendre compte des quelques raccourcis ou d’indéniables facilités. Si l’on pense évidemment à Cliffhanger : Traque au sommet (1993) de Renny Harlin, qui avait replacé momentanément Sylvester Stallone au top du box-office après s’être égaré dans la comédie, The Ledge prend une autre direction et s’avère un huis clos mâtiné de survival situé à 3000 mètres de hauteur. 85 minutes menées sans temps mort et qui donnent souvent le vertige. Le contrat est rempli.

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Test Blu-ray / Hamlet, réalisé par Laurence Olivier

HAMLET réalisé par Laurence Olivier, disponible en Édition Blu-ray + DVD + DVD bonus + livre – Boîtier Mediabook le 18 octobre 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Laurence Olivier, John Laurie, Esmond Knight, Anthony Quayle, Niall MacGinnis, Peter Cushing, Harcourt Williams, Patrick Troughton, Tony Tarver, Stanley Holloway, Basil Sydney, Eileen Herlie, Norman Wooland, Felix Aylmer, Terence Morgan, Jean Simmons…

Scénario : Laurence Olivier, d’après l’oeuvre de William Shakespeare

Photographie : Desmond Dickinson

Musique : William Walton

Durée : 2h30

Année de sortie : 1948

LE FILM

Le roi du Danemark est mort. Son spectre apparaît à son fils, le prince Hamlet, et lui révèle avoir été assassiné par Claudius, son propre frère, qui s’est ainsi emparé de sa couronne et de sa femme. Hamlet décide de simuler la folie afin de confondre le couple et de préparer sa vengeance.

Hamlet de Laurence Olivier, c’est tout d’abord un record de récompenses. Quatre Oscar en 1948 (meilleurs acteur, direction artistique, création des costumes et le premier film non-américain à remporter celui du meilleur film), Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine, Lion d’or à la Mostra de Venise, BAFTA du meilleur film, Golden Globe du meilleur acteur et celui du Meilleur film étranger. Puis, Hamlet est la seconde adaptation de William Shakespeare réalisée pour le cinéma par Laurence Olivier, quatre ans après Henry VThe Chronicle history of King Henry the Fift with his battell at Agincourt in France (qui avait déjà valu un Oscar d’honneur au cinéaste), et sept ans avant le dernier volet de son triptyque, Richard III. « Voici la tragédie d’un homme qui ne pouvait se décider à agir », ainsi débute ce film-fleuve de 150 minutes, mené sans aucun temps mort, ou presque, car on ne saurait mettre en scène Hamlet sans casser un peu les œufs. Bon, ça c’était pour la blague totalement gratuite, car le monument de Laurence Olivier demeure sans doute la plus grande transposition, la plus intense, la référence, et ce même si l’on est aussi en droit d’aimer celle de Franco Zeffirelli avec Mel Gibson (1990) ou celle plus massive et étendue de et avec Kenneth Branagh (1996). L’histoire d’Hamlet a été maintes et maintes fois reprises, chez Walt Disney Pictures pour Le Roi Lion (1994) ou dernièrement par Robert Eggers dans son formidable The Northman pour ne citer que ceux-là. Mais si vous ne deviez voir qu’une seule mouture cinématographique de l’oeuvre de William Shakespeare, nous ne saurons que trop vous conseiller celle de Laurence Olivier, qui captive et subjugue encore 75 ans après sa sortie.

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Test Blu-ray / Des filles disparaissent, réalisé par Douglas Sirk

DES FILLES DISPARAISSENT (LURED) réalisé par Douglas Sirk, disponible en combo Blu-ray+DVD le 31 août 2022 chez Studiocanal

Acteurs : Lucille Ball, Charles Coburn, George Sanders, Sir Cedric Hardwicke, Boris Karloff…

Scénario : Leo Rosten, d’après une histoire de Jacques Companéez, Ernest Neuville et Simon Gantillon

Photographie : William H. Daniels

Musique : Michel Michelet

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1947

LE FILM

Attirant ses proies féminines en publiant des petites annonces, un tueur en série sévit dans le Londres des années 1940, signant chacun de ses meurtres par un poème aux accents romantiques qu’il poste le soir même à la police pour annoncer le prochain forfait. Sandra Carpenter, entraîneuse dans un dancing, voit justement l’une de ses collègues disparaître après avoir répondu à une petite annonce. De témoin volontaire, la séduisante jeune femme devient un appât de choix quand l’inspecteur chargé de l’enquête estime que son profil pourrait attirer, à son tour, le mystérieux criminel.

Il serait malhonnête d’affirmer que le style de Douglas Sirk, véritable canon esthétique des années 1950, éclate déjà dans ce Lured (brillant titre original !) si peu représentatif de ce que l’immense cinéaste aura laissé comme héritage au septième art. Le film n’en est pas moins époustouflant de maîtrise, dès l’ouverture qui saisit en quelques secondes elliptiques la lecture d’une petite annonce par la future victime prenant son bus de nuit, puis son rendez-vous avec le tueur insaisissable – silhouette anonyme filmée soit en contre-jour, soit via un détail de son corps ou son ombre portée sur les murs et les pavés de la chaussée –, enfin le poème que ce dernier compose sur sa machine à écrire et qui sera dépouillé dans les locaux de Scotland Yard, lançant le récit proprement dit.

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Test Blu-ray / Pumpkinhead : Le Démon d’Halloween, réalisé par Stan Winston

LE DÉMON D’HALLOWEEN (Pumpkinhead) réalisé par Stan Winston, disponible en Blu-ray le 10 octobre 2022 chez Extralucid Films.

Acteurs : Lance Henriksen, Jeff East, John D’Aquino, Kimberly Ross, Joel Hoffman, Cynthia Bain, Kerry Remsen, Florence Schauffler…

Scénario : Mark Patrick Carducci & Gary Gerani, d’après une histoire originale de Mark Patrick Carducci, Stan Winston & Richard Weinman, d’après un poème de Ed Justin

Photographie : Bojan Bazelli

Musique : Richard Stone

Durée : 1h26

Année de sortie : 1988

LE FILM

D’après le poème d’Ed Justin, un démon peut se venger à votre place. Un homme décide de faire appel à ce démon pour venger son fils tué accidentellement par des jeunes.

Les cinéphiles pointus et passionnés par les effets spéciaux connaissent le nom de Stan Winston (1946-2008), spécialiste et même pionnier dans son domaine. En revanche, ce qu’ils ne savent peut-être pas, c’est qu’il s’est également essayé à la réalisation. Quand il entreprend son premier long-métrage, Pumpkinhead : Le Démon d’Halloween, Stan Winston a déjà collaboré avec Sidney Lumet (The Wiz), Oliver Stone (La Main du cauchemar), Sidney J. Furie (L’Emprise), John Carpenter (The Thing, pour lequel il crée l’une des premières animatroniques de l’histoire du cinéma), Wes Craven (Terreur froide), Tobe Hooper (L’Invasion vient de Mars) et James Cameron (Aliens le retour), sans oublier la série Manimal et le clip Thriller de Michael Jackson et John Landis. Réalisateur de seconde équipe sur Predator de John McTiernan, ainsi que sur Terminator et Aliens (la reine xénomorphe lui vaudra une avalanche de récompenses, dont l’Oscar des meilleurs effets spéciaux) de James Cameron, Stan Winston souhaite s’essayer à la mise en scène. Ce sera donc Pumpkinhead, un film fantastique et d’épouvante produit pour 3,5 millions de dollars, qui n’a pas connu un grand retentissement à sa sortie, mais qui trouvera finalement son public plus tard, au point de donner naissance à trois suites à ce jour, emballées entre 1994 et 2007. Bourré de charme « rétro », ce coup d’essai n’est certes pas un coup de maître, mais n’en reste pas moins savoureux à plusieurs égards, grâce notamment à un scénario inventif, des effets spéciaux évidemment réussis et surtout une belle place laissée à l’émotion, élément pour le coup inattendu car trop souvent oublié dans le genre. Un beau et bon spectacle, un vrai ride pour les amateurs.

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Test DVD / Algunas Bestias, réalisé par Jorge Riquelme Serrano

ALGUNAS BESTIAS réalisé par Jorge Riquelme Serrano, disponible en DVD le 7 octobre 2022 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Paulina Garcia, Alfredo Castro, Consuelo Carreño, Gaston Salgado, Millaray Lobos, Andrew Bargsted, Nicolás Zárate…

Scénario : Jorge Riquelme Serrano & Nicolás Diodovich

Photographie : Eduardo Bunster

Musique : Carlos Cabezas

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Dolores et Antonio, couple de nantis, sont invités sur une île reculée par leur fille Ana, son mari Alejandro et leurs deux adolescents pour concrétiser un projet financier. Les plans tournent court quand ils se retrouvent abandonnés par le gardien de l’île. Désormais sans moyen de communication, les membres de la famille tentent de survivre dans un climat hostile, la tension s’installe et libère de sombres démons…

En tant que spectateurs européens, nous n’avons sans doute pas tous les codes pour déchiffrer totalement Algunas Bestias, deuxième long-métrage de Jorge Riquelme Serrano, très largement diffusé dans les festivals et récompensé entre autres au Havana Film Festival, ainsi qu’au San Sebastián International Film Festival. Pensé comme “un miroir, un portrait de la société chilienne. C’est un film douloureux, naturaliste et urgent, qui s’attache à faire réfléchir le public, d’une manière franche et douloureuse” comme le décrit le réalisateur lui-même, Algunas Bestias s’inspire de L’Ange exterminateur, oeuvre matricielle de toute la filmographie de Luis Buñuel, référence ultime du huis clos dans lequel le cinéaste espagnol naturalisé mexicain s’attaquait à l’un de ses thèmes de prédilection, la bourgeoisie, figée et hypocrite, qui devenait prisonnière de son propre système. Dans Algunas Bestias, la classe aisée est aussi repliée sur elle-même et cette caste va alors perdre le contrôle et le vernis de la bienséance commencer à s’écailler. Dans une unité de lieu, de temps et d’action, comme qui dirait le chaînon manquant entre Théorème de Pier Paolo Pasolini et Festen de Thomas Vinterberg, Jorge Riquelme Serrano observe ses personnages avec l’oeil d’un entomologiste, dilate le temps pour créer une atmosphère lourde et troublante, joue avec les attentes, jusqu’au final très difficile, à ne pas mettre devant tous les yeux. Si l’on ne sait pas trop quoi en penser sur le coup, Algunas Bestias reste en tête, s’enfouit dans la mémoire, la triture, lui fait mal, certaines scènes revenant sans cesse nous hanter. Un cinéaste est né.

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Test DVD / Nitram, réalisé par Justin Kurzel

NITRAM réalisé par Justin Kurzel, disponible en DVD le 6 septembre 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : Caleb Landry Jones, Judy Davis, Anthony LaPaglia, Phoebe Taylor, Sean Keenan, Conrad Brandt, Essie Davis, Zaidee Ward…

Scénario : Shaun Grant

Photographie : Germain McMicking

Musique : Jed Kurzel

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Australie, milieu des années 90, Nitram vit chez ses parents, où le temps s’écoule entre solitude et frustration. Alors qu’il propose ses services comme jardinier, il rencontre Helen, une héritière marginale qui vit seule avec ses animaux. Ensemble, ils se construisent une vie à part. Quand Helen disparaît tragiquement, la colère et la solitude de Nitram ressurgissent. Commence alors une longue descente qui va le mener au pire.

Nitr-oglycérine ! Nitram est le cinquième long-métrage explosif de Justin Kurzel, découvert avec Les Crimes de Snowtown en 2011, qui avait ensuite dirigé Michael Fassbender et Marion Cotillard dans Macbeth (2015) et Assassin’s Creed (2016), avant de signer un western avec Russell Crowe, Nicholas Hoult et Charlie Hunnam, Le Gang Kelly. Le film s’inspire d’une histoire vraie. En avril 1996 à Port Arthur en Tasmanie (Australie), un forcené agissant en solitaire ouvre le feu sur la foule. 35 personnes perdront la vie, 23 autres seront grièvement blessés. L’individu responsable de ce massacre, Martin Bryant, 28 ans, écope de 35 peines d’emprisonnement à perpétuité et de 1 035 ans sans liberté conditionnelle. Suite à cet événement, l’Australie révisa sa législation sur le port d’arme et adopta le National Firearms Agreement, des réformes acceptées en une douzaine de jours. Près de 650.000 armes à feu sont alors rachetées par l’État et détruites. Cependant, comme nous l’indique un panneau glaçant en guise de conclusion, aucun état ni territoire ne s’est entièrement conformé au NFA et il y aurait aujourd’hui plus d’armes à feu détenues en Australie qu’à l’époque de l’attentat. Nitram ne montre pas la tuerie, qui intervient dans les dernières secondes du film et nous ne verrons que son auteur s’installer tranquillement à une table, manger une salade de fruits, avant de sortir un fusil de son sac, de se lever et de se diriger vers ses premières victimes. Justin Kurzel dresse le portrait de Martin Bryant, 66 de Q.I., qui après sa courte scolarité reçoit une pension d’invalidité et se fait quelques billets ici et là en proposant ses services comme jardinier ou homme à tout faire. Comment cet individu « lent » a-t-il pu tourner ainsi ? Sans faire de psychologie à deux balles, mais en exposant l’environnement, l’entourage, le quotidien et le rapport avec ses parents, le réalisateur reste constamment collé au plus près de son personnage principal, extraordinairement tenu par Caleb Landry Jones, très justement récompensé par le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes en 2021. Attention, film choc !

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Test DVD / Une jeune fille qui va bien, réalisé par Sandrine Kiberlain

UNE JEUNE FILLE QUI VA BIEN réalisé par Sandrine Kiberlain, disponible en DVD et Blu-ray le 5 juillet 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : Rebecca Marder, André Marcon, Anthony Bajon, Françoise Widhoff, India Hair, Florence Viala, Ben Attal, Cyril Metzger…

Scénario : Sandrine Kiberlain

Photographie : Guillaume Schiffman

Musique : Patrick Desremaux & Marc Marder

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Irène, jeune fille juive, vit l’élan de ses 19 ans à Paris, l’été 1942. Sa famille la regarde découvrir le monde, ses amitiés, son nouvel amour, sa passion du théâtre… Irène veut devenir actrice et ses journées s’enchaînent dans l’insouciance de sa jeunesse. Mais Irène ne sait pas que le temps lui est peut-être compté.

Il y a un an, nous vous parlions de Seize printemps de Suzanne Lindon, fille de Vincent Lindon et de Sandrine Kiberlain…vous savez ce qu’on en a pensé…nous ne reviendrons pas dessus…sauf si vous voulez rigoler, mais ce n’est pas le but ici. Une jeune fille qui va bien est le premier long-métrage réalisé par Sandrine Kiberlain, qui était déjà passée derrière la caméra en 2016 avec Bonne figure, interprété par Chiara Mastroianni. Avec plus de 70 films à son actif, 35 ans de carrière, un César du meilleur espoir féminin (pour En avoir (ou pas)) de Laetitia Masson), six fois nommée pour la compression de la Meilleure actrice, un César obtenu dans cette catégorie pour 9 mois ferme d’Albert Dupontel, mais aussi Prix Romy-Schneider en 1995 et Molière de la révélation théâtrale en 1997 pour Le Roman de Lulu, Sandrine Kiberlain était on ne peut plus légitime pour devenir réalisatrice. C’est un projet mûrement et longuement réfléchi, envisagé avant même ses débuts au Cours Florent. Comme bien souvent dans une première œuvre, quelques digressions et longueurs se font sentir, ici des séquences de théâtre, vraisemblablement personnelles pour Sandrine Kiberlain, mais qui auraient mérité d’être quelque peu raccourcies. Cependant, il se dégage d’Une jeune fille qui va bien une énergie contagieuse, un charme indéniable, une envie de filmer, de s’exprimer et de diriger des acteurs, un désir de cinéma, de raconter une histoire qui font mouche d’entrée de jeu. Et ce n’est pas tous les jours que le septième art hexagonal révèle un nouvel astre que l’on a hâte de revoir, qui répond au doux nom de Rebecca Marder et qui crève littéralement l’écran. Un premier ouvrage élégant et prometteur.

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Test Blu-ray / Mais…qu’avez-vous fait à Solange ?, réalisé par Massimo Dallamano

MAIS…QU’AVEZ-VOUS FAIT À SOLANGE ? (Cosa avete fatto a Solange?) réalisé par Massimo Dallamano, disponible en Blu-ray – Édition limitée chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Fabio Testi, Karin Baal, Joachim Fuchsberger, Cristina Galbó, Camille Keaton, Günther Stoll…

Scénario : Peter M. Thouet, Bruno Di Geronimo & Massimo Dallamano, d’après le roman d’Edgar Wallace Les Deux Épingles

Photographie : Joe d’Amato

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

La stupeur frappe Londres suite au meurtre sauvage d’une collégienne dans un petit bois au bord de la Tamise. Présents sur les lieux au moment des faits, Enrico Rossini et Elizabeth Seccles, respectivement professeur d’italien et lycéenne dans le même établissement que la victime, entretiennent une liaison. Tandis que l’enseignant mène sa propre enquête, l’assassin traque sa prochaine victime… Elizabeth !

Bien qu’il ait livré une douzaine de films, Massimo Dallamano (1917-1976) demeure surtout connu pour son travail comme directeur de la photographie : L’Homme aux cent visages Il Mattatore de Dino Risi, Pour une poignée de dollars Per un pugno di dollari et Et pour quelques dollars de plus Per qualche dollaro in più de Sergio Leone, Un vrai crime d’amourDelitto d’amore de Luigi Comencini portent tous la griffe du chef opérateur. Il devient metteur en scène en 1967 avec le western Bandidos. Il consacrera désormais le reste de sa carrière uniquement à la réalisation, en variant les genres, du giallo (Le Tueur frappe trois foisLa Morte non ha sesso) en passant par le drame-érotique (Vénus en fourrureLe Malizie di Venere), le thriller-érotique (Le DépravéIl Dio chiamato Dorian), lé néo-polar (Piège pour un tueurSi può essere più bastardi dell’ispettore Cliff?). Son opus le plus célèbre reste indubitablement Mais… qu’avez vous fait à Solange ?Cosa avete fatto a Solange?, référence du giallo sortie sur les écrans français en mars 1973 sous le titre Jeux particuliers. En dehors d’une première partie un peu longuette, on se laisse encore happer par l’atmosphère pesante et ambiguë, ainsi que par ce récit troublant (inspiré par le roman Les Deux épinglesThe Clue of the New Pin d’Edgar Wallace), le tout bercé par une musique magnifique signée par le maestro Ennio Morricone.

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Test Blu-ray / Ténor, réalisé par Claude Zidi Jr.

TÉNOR réalisé par Claude Zidi Jr., disponible en DVD et Blu-ray le 7 septembre 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Michèle Laroque, Mohammed Belkhir, Guillaume Duhesme, Maëva El Aroussi, Samir Decazza, Marie Oppert, Louis de Lavignère, Stéphane Debac, Roberto Alagna…

Scénario : Cyrille Droux, Raphaël Benoliel, Claude Zidi Jr. & Héctor Cabello Reyes

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Laurent Perez Del Mar

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Antoine, jeune banlieusard parisien, suit des études de comptabilité sans grande conviction, partageant son temps entre les battles de rap qu’il pratique avec talent et son job de livreur de sushis. Lors d’une course à l’Opéra Garnier, sa route croise celle de Mme Loyseau, professeur de chant dans la vénérable institution, qui détecte chez Antoine un talent brut à faire éclore. Malgré son absence de culture lyrique, Antoine est fasciné par cette forme d’expression et se laisse convaincre de suivre l’enseignement de Mme Loyseau. Antoine n’a d’autre choix que de mentir à sa famille, ses amis et toute la cité pour qui l’opéra est un truc de bourgeois, loin de leur monde.

Claude Zidi est un mythe, une légende de la comédie hexagonale dont les films auront attiré plus de 80 millions de spectateurs dans les salles (rien qu’en France), un nombre qui laisse évidemment rêveur les réalisateurs d’aujourd’hui. Nous avions entendu parler de son fils Claude, Claude Zidi Jr. donc, lors de la sortie de son premier long-métrage – co-réalisé avec Cyrille Droux – Les Deguns, adaptation pour le grand écran de la websérie du même nom, devenu rapidement l’un des films les plus traînés dans la boue de 2018. Bien que conspué par la critique, près de 500.000 curieux avaient fait le déplacement au cinéma pour se faire leur propre opinion. Depuis, Claude Zidi Jr. aura participé au scénario et aux dialogues du survolté Divorce Club de Michaël Youn. 2022, il met seul en scène Ténor, qu’il coécrit avec Héctor Cabello Reyes (7 jours pas plus, Retour chez ma mère, Barbecue), Raphaël Benoliel (producteur d’Emily in Paris, Stillwater, Minuit à Paris) et Cyrille Droux (complice de Claude Zidi Jr.), une excellente surprise et ce pour plusieurs raisons. D’une part pour son casting et la présence en haut de l’affiche de MB14, nom de scène de Mohamed Belkhir, auteur-compositeur-interprète, rappeur (depuis l’âge de 12 ans), beatboxeur (champion de France de human beatbox par équipe en 2016 et champion du Monde en 2018), chanteur découvert dans la cinquième saison de The Voice, qu’il termine deuxième. Charismatique, il révèle un vrai talent et un tempérament de comédien, une vraie révélation que l’on devrait retrouver aux César l’année prochaine pour la compression du Meilleur Espoir. D’autre part, cela fait plaisir de voir une comédie-dramatique bien filmée, la mise en scène étant élégante, inspirée et jamais statique, soignée et soutenue par une photographie du même acabit signée Laurent Dailland (Aline, Astérix & Obélix: Mission Cléopâtre, Le Concert). Un petit coup de coeur inattendu, dans lequel Michèle Laroque trouve incontestablement l’un de ses plus beaux rôles.

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Test DVD / L’Homme qui tua la peur, réalisé par Martin Ritt

L’HOMME QUI TUA LA PEUR (Edge of the City) réalisé par Martin Ritt, disponible en DVD depuis le 9 janvier 2020 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : John Cassavetes, Sidney Poitier, Jack Warden, Kathleen Maguire, Ruby Dee, Val Avery, Robert F. Simon, Ruth White…

Scénario : Robert Alan Aurthur

Photographie : Joseph C. Brun

Musique : Leonard Rosenman

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Axel North, un déserteur devenu vagabond, se fait embaucher sous une fausse identité comme docker dans le port de New York. Pour conserver son travail, il lui faut reverser une partie de son salaire à Charly Malik, un contremaître corrompu. Intrigué par le courage d’un collègue noir, Tommy Tyler, Axel se lie peu à peu avec lui au point de rompre ouvertement avec Malik. Tommy devine que son nouvel ami est hanté par un passé difficile et l’accueille chez lui. Axel y fait la connaissance d’une jeune femme, Ellen, dont il s’éprend. Un matin, une violente dispute éclate entre Malik et Tommy : un crochet de docker à la main, les deux hommes sont prêts à se battre à mort…

Edge of the City ou L’Homme qui tua la peur en version française, est le premier long-métrage réalisé par Martin Ritt (1914-1990), celui qui nous donnera Les Feux de l’été The Long, Hot Summer (1958), Paris Blues (1961), L’Espion qui venait du froid The Spy Who Came in from the Cold (1965), Norma Rae (1979) et bien d’autres. Pour son coup d’essai, il installe son récit dans sa ville natale, New York, dont il connaît les moindres recoins par coeur, y compris les quais sur lesquels se déroulent essentiellement l’action, l’Empire State Building et autres gratte-ciel apparaissant en toile de fond. Depuis toujours très actif pour dénoncer les injustices sociales et politiques, il s’engage très vite auprès de groupes de théâtre afin de défendre les droits des afro-américains, n’hésitant pas à camper l’un des rares personnages blancs dans la pièce Porgy and Bess, saluée pour la modernité de son approche de la culture noire. Martin Ritt monte ensuite des pièces dites de gauche radicale (bien qu’il n’adhérera jamais au Parti communiste US) et parcourt la terre de l’Oncle Sam, ce qui lui vaudra plus tard d’être pointé du doigt par le tristement célèbre sénateur Joseph McCarthy. Durant la guerre, il s’engage dans l’US Air Force, tout en démarrant une carrière d’acteur au cinéma (Winged Victory de George Cukor). Il reprend le théâtre, comme comédien, mais aussi comme metteur en scène, puis entre dans le monde de la télévision au début des années 1950, où il s’occupe principalement de produire et de réaliser quelques adaptations de pièces. Mais ses idées politiques (qu’il ne reniera jamais tout au long de sa vie) le rattrapent. Soupçonné de sympathiser avec l’ennemi rouge situé de l’autre côté du Rideau de fer, il est interdit de télévision, black-listé et revient sur les planches, où il enseigne la légendaire méthode Stanislavski auprès des aspirants comédiens, dont un certain James Dean. En 1957, il a donc l’opportunité de passer derrière la caméra de nouveau, mais pour le cinéma cette fois, avec L’Homme qui tua la peur, transposition d’une pièce de Robert Alan Aurthur (futur scénariste d’All That Jazz de Bob Fosse, de L’Homme aux colts d’or d’Edward Dmytryk et de Grand Prix de John Frankenheimer), déjà adaptée pour la petite lucarne en 1955 (par Robert Mulligan et déjà avec Sidney Poitier). L’histoire prend place dans le milieu des syndicats de dockers de la Grosse Pomme, où un jeune homme d’une vingtaine d’années affronte un collègue animé par la haine de la peau noire. La nouvelle recrue sera accueillie par un docker afro-américain, qui l’aidera à faire sa place, à vivre décemment, jusqu’à devenir son ami. Ce qui sera évidemment mal perçu. Edge of the City ne connaîtra qu’un succès d’estime à sa sortie, mais sera néanmoins très vite reconsidéré par la suite une fois l’explosion de John Cassavetes deux ans plus tard avec son premier film Shadows et celle de Sydney Poitier, qui sera nommé pour l’Oscar du meilleur acteur en 1958 pour La Chaîne The Defiant Ones de Stanley Kramer. Rétrospectivement, la hargne, les thèmes, l’élégance et l’humanisme de Martin Ritt sont déjà à l’oeuvre dans L’Homme qui tua la peur et mérite toute l’attention du cinéphile.

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