Test Blu-ray / Le Journal d’une femme de chambre, réalisé par Jean Renoir

LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE (The Diary of a Chambermaid) réalisé par Jean Renoir, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 24 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Paulette Goddard, Burgess Meredith, Hurd Hatfield, Francis Lederer, Judith Anderson, Florence Bates, Irene Ryan, Reginald Owen…

Scénario : Burgess Meredith, André Heuzé, André de Lorde & Thielly Norès, d’après le roman d’Octave Mirbeau

Photographie : Lucien N. Andriot

Musique : Michel Michelet

Durée : 1h27

Date de sortie initiale: 1946

LE FILM

En Normandie, à la fin du XIXe siècle. Célestine, une jeune et jolie femme de chambre, débarque de Paris pour se mettre au service des Lanlaire, une famille bourgeoise et conservatrice qui ne lui compte pas les humiliations. Madame Lanlaire, qui ne vit que pour son fils Georges, malade et dépressif, pousse la jeune femme dans les bras de celui-ci. Mais cette liaison est fragile, d’autant plus que Célestine, soucieuse de se ranger, est également convoitée par Joseph, l’inquiétant valet qui prend plaisir à faire souffrir les oies qu’il tue, et le capitaine Mauger, un voisin primesautier. Joseph finit par entraîner la soubrette dans ses sinistres projets…

En janvier 1941, Jean Renoir (1894-1979) débarque aux Etats-Unis et s’installe en Californie, où il parvient à signer un contrat avec la Fox. Mais cela ne va pas être le rêve américain pour le réalisateur et la vie à Hollywood encore moins chose facile. Il démarre sa carrière US avec L’Étang tragique Swamp Water, avec Walter Brennan et Anne Baxter, dont le tournage sera surveillé par la production, qui lui impose des prises de vue en studio, là où le cinéaste pensait profiter des extérieurs comme il en avait l’habitude. C’est un échec commercial. Dans Vivre libre This Land is Mine, il dirige Charles Laughton, son témoin à son mariage, ainsi que la sublime Maureen O’Hara, qui obtient un Oscar en 1943. Avec L’Homme du sud The Southerner, Jean Renoir, qui a pour assistant un certain Robert Aldrich, se rapproche par ses thèmes abordés d’un John Ford et obtient le Prix du meilleur film à la Biennale de Venise en 1946, ainsi qu’une nomination à l’Oscar du meilleur réalisateur. La même année, il décide d’adapter enfin Le Journal d’une femme de chambre, roman d’Octave Mirbeau paru en 1900, projet de longue date et qu’il peut concrétiser grâce au soutien financier de ses deux amis Paulette Goddard et Burgess Meredith, alors époux à la ville. Grâce à cette liberté, Jean Renoir signera ce qui apparaît sans doute comme son œuvre américaine la plus libre, la plus proche de lui et la plus représentative de son univers. Même s’il prend beaucoup de libertés avec le livre original, le réalisateur ponctue son film de moments tragi-comiques succulents, en fustigeant les bassesses de la bourgeoisie et l’arrivisme exacerbé des petites gens, notamment du personnage principal, merveilleusement incarné par Paulette Goddard, au sommet de son talent de sa beauté.

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Test Blu-ray / Jumeaux, réalisé par Ivan Reitman

JUMEAUX (Twins) réalisé par Ivan Reitman, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 17 août 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Danny DeVito, Kelly Preston, Chloe Webb, Bonnie Bartlett, Marshall Bell, Trey Wilson, David Caruso…

Scénario : William Davies, William Osborne, Timothy Harris & Herschel Weingrod

Photographie : Andrzej Bartkowiak

Musique : Georges Delerue & Randy Edelman

Durée : 1h47

Date de sortie initiale: 1988

LE FILM

Julius Benedict vit sur une île située entre Bora-Bora et l’Australie depuis sa naissance. Il n’a jamais vu la civilisation. Quand il apprend qu’il est le fruit d’une expérience génétique et qu’il a un frère jumeau, Vincent, aux Etats-Unis, il décide de tout faire pour le retrouver. Mais Vincent n’a pas eu la vie tranquille de Julius. Il vivote de petites arnaques en petites arnaques. Leur rencontre va tout bouleverser…

« Seule leur mère peut les différencier » scandait ironiquement l’affiche de JumeauxTwins, qui rétrospectivement s’avère le plus grand succès commercial d’Arnold Schwarzenegger dans le monde entier, durant les années 1980, avec 216 millions de dollars amassés à l’international, pour une mise de départ de 18 millions. Il demeure le premier film du Tronc Autrichien à avoir dépassé la fameuse barre des cent millions de dollars de recette sur le sol américain. En France, Jumeaux se hisse à la septième place du box office de l’année 1989, entre SOS Fantômes 2 (également mis en scène par Ivan Reitman) et le Batman de Tim Burton. Twin reste le sixième hit de Schwarzy dans nos contrées, derrière Total Recall (2,3 millions d’entrées) et devant Expendables 2 : unité spéciale (1,9 millions d’entrées). Autant dire que Jumeaux a su immédiatement trouver son public dans tous les pays du monde. Alors qu’il vient d’enchaîner Predator, Running Man et Double Détente, Arnold Schwarzenegger, dont la cote de popularité n’a de cesse de grandir, désire changer quelque peu son fusil d’épaule en ciblant un public encore plus large. Si l’humour a très souvent été présent dans ses films précédents, à l’instar de ses deux précédents opus, le comédien voudrait s’essayer à la comédie pure et dure. Cela tombe bien, car tandis qu’Ivan Reitman peaufine la suite de Ghostbusters, le réalisateur canadien, qui vient de connaître un nouveau succès avec L’Affaire Chelsea Deardon, trouve le parfait scénario pour que l’ancien bodybuilder puisse laisser libre cours à sa fantaisie. Ce sera donc Jumeaux, comédie au pitch « improbable », mais prétexte à un humour bon enfant, dans laquelle Arnold Schwarzenegger et son partenaire Danny DeVito s’éclatent à fond et où leur bonne humeur, leur complicité, leur alchimie même sont instantanément attachantes. Si on reste très attaché au monumental doublage français de Patrick Floersheim et de Daniel Russo, la prestation des deux acteurs est toujours aussi rafraîchissante près de 35 ans après sa sortie et Jumeaux demeure une valeur sûre de la comédie américaine.

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Test Blu-ray / Cheerful Wind, réalisé par Hou Hsiao-hsien

CHEERFUL WIND (Feng er ti ta cai – 風兒踢踏踩) réalisé par Hou Hsiao-hsien, disponible en DVD et Blu-ray le 25 août 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Feng Fei Fei, Kenny Bee, Anthony Chan, Ying Shih, Chou Wan-Sheng, Ling Wu, Chen Yin-Hao, Chuang Hui-Fen…

Scénario : Yao Chiung & Hou Hsiao-Hsien

Photographie : Chen Kun-Hou

Musique : Lin Tsan-Ching

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Hsing-hui travaille comme assistante photographe sur le tournage d’une publicité. Elle fait la rencontre de Chin-tai, un aveugle dont elle tombe amoureuse alors qu’elle vient d’entamer une liaison avec le directeur de l’agence qui l’emploie. Lorsque ce dernier propose à Hsing-hui de l’accompagner avec lui en Europe, la jeune femme doit alors choisir entre l’amour et son rêve le plus cher…

Bien avant Les Fleurs de Shanghai (1998), Millenium Mambo (2001), Café Lumière (2003), Three Times (2005), Le Voyage du ballon rouge (2007) et The Assassin (2015), le réalisateur et chef de file du cinéma d’auteur taïwanais Hou Hsiao-hsien (né en 1947) ou HHH pour les intimes cinéphiles, faisait ses premières armes au cinéma en 1980 avec Cute Girl, dans lequel une jeune fille issue d’une famille riche, amoureuse d’un jeune homme de condition modeste, était forcée de se marier avec le fils d’un industriel. L’année suivante, le cinéaste retrouve les trois interprètes – et par ailleurs artistes de pop-variété – de son film précédent, Feng Fei Fei, Kenny Bee et Anthony Chan, pour une nouvelle comédie-romantico-sentimentale intitulée Cheerful Wind, son second long-métrage. Alors bien sûr, les passionnés du cinéma asiatique essaieront de chercher ce qui fera de Hou Hsiao-hsien l’un des metteurs en scène et auteur chinois les plus importants, mais force est de constater que rien ou très peu d’éléments pourront rapprocher Cheerful Wind des Garçons de Fengkuei (1983), Un été chez grand-père (1984), Un temps pour vivre, un temps pour mourir (1985) et Poussières dans le vent (1986), quatre œuvres autobiographiques qui viendront après L’Herbe verte de chez nous (1983), dernier volet de la « trilogie romantique ». Toutefois, ce film de jeunesse, même si HHH avait près de 35 ans, demeure léger comme une bulle de savon, un divertissement drôle, sympathique et on ne peut plus attachant, qui ressemble pour ainsi dire à un manhua live (autrement dit une BD chinoise), très élégant, marqué par la fraîcheur, l’alchimie et la spontanéité de ses comédiens.

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Test Blu-ray / The Beach Bum, réalisé par Harmony Korine

THE BEACH BUM réalisé par Harmony Korine, disponible en DVD et Blu-ray le 7 juillet 2021 chez Crome Films.

Acteurs : Matthew McConaughey, Snoop Dogg, Isla Fisher, Stefania LaVie Owen, Martin Lawrence, Zac Efron, Jonah Hill, Jimmy Buffett…

Scénario : Harmony Korine

Photographie : Benoît Debie

Musique : John Debney

Durée : 1h31

Année de sortie : 2019

LE FILM

Poète à l’esprit rebelle ayant connu son heure de gloire et la richesse, Moondog n’obéit à aucune règle, sinon les siennes. Alors qu’il pensait s’être constitué un petit trésor de guerre, son butin se volatilise. Mais Moondog est de la trempe des survivants et il renaîtra une nouvelle fois de ses cendres…

Tiens, revoilà Harmony Korine ! Nous n’avions plus de ses nouvelles depuis 2012 et l’électrisant Spring Breakers dans lequel Vanessa Hudgens, Selena Gomez, Ashley Benson et Rachel Korine, interprétaient quatre amies d’enfance qui se retrouvaient en Floride sous la protection d’un rappeur et trafiquant de drogue excentrique, incarné par l’inénarrable James Franco. Depuis, le réalisateur de Gummo (1997), de Mister Lonely (2007) et de Trash Humpers (2009) aura signé quelques clips musicaux pour The Black Keys, Rihanna et Gucci Mane & Travis Scott, puis fait une apparition dans Manglehorn de David Gordon Green et 90’s – Mid90s de Jonah Hill. Après le succès colossal de Spring Breakers avec plus de trente millions de dollars amassés pour un budget de 2 « petits » millions, Harmony Korine avait de quoi se la couler douce. C’est un peu la même chose pour le personnage de Moondog dans The Beach Bum, le sixième long-métrage du cinéaste californien réalisé en l’espace de 22 ans. Nos amis québécois ont baptisé le film Débauche à Miami. C’est un peu exagéré, mais nous ne leur en voulons pas bien sûr, surtout que l’alcool, le fric, la fumette, la dope, le cul et les boobs sont pour ainsi dire le carburant des protagonistes dans The Beach Bum, en premier lieu de Moondog. Si l’on pense tout d’abord au mythique Dude de The Big Lebowski (1998) des frères Coen, Moondog peut finalement se rapprocher du metteur en scène et par ailleurs unique scénariste lui-même, qui aura mis sept ans pour se remettre à écrire, après avoir connu les honneurs de la critique internationale et l’engouement inespéré d’un public jusqu’alors de niche. Dans The Beach Bum, Matthew McConaughey, très vraisemblablement inspiré par la prestation virtuose de Jeff Bridges, s’en donne à coeur joie pour donner vie à Moondog, toujours fringué n’importe comment, une bière à la main et un pétard dans l’autre. On ne sait pas vraiment s’il s’agit de génie ou de cabotinage, sans doute les deux, mais le comédien texan semble prendre beaucoup de plaisir à créer ce personnage, et nous à le regarder parader, car celui-ci y va à fond, quitte à en faire trop comme il a pu le faire très souvent dans sa carrière. Une chose est sûre, c’est que l’acteur n’a jamais paru aussi attachant à l’écran.

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Test 4K UHD / Space Jam, réalisé par Joe Pytka

SPACE JAM réalisé par Joe Pytka, disponible en Édition Titans of Cult – SteelBook 4K Ultra HD + Blu-ray + goodies le 7 juillet 2021 chez Warner Bros.

Acteurs : Michael Jordan, Wayne Knight, Theresa Randle, Manner Washington, Eric Gordon, Penny Bae Bridges, Brandon Hammond, Larry Bird, Bill Murray, Thom Barry, Danny DeVito…

Scénario : Leo Benvenuti, Steve Rudnick, Timothy Harris & Herschel Weingrod

Photographie : Michael Chapman

Musique : James Newton Howard

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 1996

LE FILM

Panique au pays des Looney Tunes ! Les affreux Monstars, venus de l’espace, sont venus kidnapper Bugs Bunny et ses amis pour les emmener dans un parc d’attractions extra terrestre ! Seule chance pour nos héros d’échapper à leur sort : battre les Monstars au basket-ball. Mais face aux super-pouvoirs des extra terrestres, Bugs, Daffy, Titi et les autres n’ont plus qu’un espoir : faire jouer dans leur équipe le plus grand basketteur de tous les temps : Michael Jordan en personne !

Profitant d’une première (fausse) retraite entre 1993 et 1995, Michael Jordan, alors âgé de 30 ans, s’essaye au cinéma dans Space Jam, réponse tardive de la Warner Bros Animation à Qui veut la peau de Roger Rabbit de Robert Zemeckis pour le compte de Walt Disney Pictures, film mêlant des images réelles avec des personnages animés, en l’occurrence ici les Looney Tunes, que le plus grand joueur de basket-ball de tous les temps avait d’ailleurs déjà côtoyé en 1993 dans une publicité pour Nike. Dans ce spot, Michael Jordan et Bugs Bunny jouaient au basketball ensemble contre d’autres protagonistes dessinés. Produit par Ivan Reitman, Space Jam, ou Basket Spatial chez nos amis québécois, reprend exactement la même « trame » que la publicité. Le réalisateur Joe Pytka (né en 1938), spécialisé dans les clips vidéo (The Way You Make Me Feel, Dirty Diana et Heal the World de Michael Jackson), est appelé pour mettre en scène le film. De leur côté, les animateurs s’acharnent pour créer l’interaction entre Bugs Bunny et ses amis, avec Michael Jordan et Bill Murray dans leur propre rôle.

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Test Blu-ray / Les Copains d’abord, réalisé par Lawrence Kasdan

LES COPAINS D’ABORD (The Big Chill) réalisé par Lawrence Kasdan, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 24 février 2021 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Tom Berenger, Kevin Kline, William Hurt, Glenn Close, Mary Kay Place, Jeff Goldblum, JoBeth Williams, Meg Tilly, Don Galloway…

Scénario : Barbara Benedek & Lawrence Kasdan

Photographie : John Bailey

Durée : 1h45

Date de sortie initiale: 1983

LE FILM

Inséparables pendant leurs études dans les années 1960, Sam, Sarah, Michael, Karen et les autres se retrouvent une douzaine d’années ans plus tard, le temps d’un week-end, réunis en la mémoire d’Alex, le meilleur de la bande, qui vient de se suicider. Des huit, ils n’en restent plus que sept, tous profondément troublés par la disparition prématurée de leur ami. Tandis que les heures s’écoulent, les gestes d’autrefois reprennent le dessus. On réécoute des musiques familières, on s’étonne de ce qu’on est devenu, alors que ressurgissent désirs oubliés et vieilles jalousies…

Les Copains d’abordThe Big Chill est le deuxième long-métrage de Lawrence Kasdan (né en 1949), après La Fièvre au corpsBody Heat. Il est assez étonnant de constater qu’après avoir travaillé sur les scénarios des épisodes V et VI de Star Wars ou encore du blockbuster Les Aventuriers de l’arche perdueRaiders of the Lost Ark, Lawrence Kasdan réalise ce film choral intimiste mettant en scène les retrouvailles d’une bande d’amis. Ce long-métrage marque un changement de registre dans sa carrière, puisqu’il se spécialisera dans les drames et les westerns.

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Test Blu-ray / Drunk, réalisé par Thomas Vinterberg

DRUNK (Druk) réalisé par Thomas Vinterberg, disponible en DVD et Blu-ray le 16 juin 2021 chez Blaq Out.

Acteurs : Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Magnus Millang, Lars Ranthe, Maria Bonnevie, Helene Reingaard Neumann, Susse Wold, Magnus Sjørup…

Scénario : Thomas Vinterberg & Tobias Lindholm

Photographie : Sturla Brandth Grøvlen

Musique : Janus Billeskov Jansen

Durée : 1h57

Année de sortie : 2020

LE FILM

Quatre amis décident de mettre en pratique la théorie d’un psychologue norvégien selon laquelle l’homme aurait dès la naissance un déficit d’alcool dans le sang. Avec une rigueur scientifique, chacun relève le défi en espérant tous que leur vie n’en sera que meilleure ! Si dans un premier temps les résultats sont encourageants, la situation devient rapidement hors de contrôle.

Douzième long métrage du réalisateur danois Thomas Vinterberg (né en 1969), l’un des fondateurs du célèbre Dogme95, Drunk (ou Druk en version originale, ou bien encore Another Round pour son exploitation internationale) offre au magnétique Mads Mikkelsen un de ses plus grands rôles et lui permet de composer un nouveau personnage troublant et fragile, passant du spleen à la détermination, jusqu’à l’effondrement en passant par la colère dans une descente aux enfers programmée. Intense, saisissant, l’acteur a remporté moult prix pour Drunk, y compris son troisième Bodil, l’équivalent danois du César du Meilleur acteur, l’European Film Awards, ainsi que le Prix d’interprétation au Festival de San Sebastián, qu’il partageait d’ailleurs avec ses magnifiques partenaires Thomas Bo Larsen, Magnus Millang et Lars Ranthe. Si comme dans La Chasse le sujet est une fois de plus périlleux, Thomas Vinterberg livre assurément son plus grand film, probablement celui de la maturité, mêlant à la fois l’universel et l’intimiste. Le désir de flirter avec l’alcool, légitimé dans Drunk par la théorie du psychologue norvégien Finn Skårderud, selon laquelle l’homme serait né avec un taux d’alcool dans le sang qui présenterait un déficit de 0,5g/L, confrontera les quatre personnages principaux à leurs problèmes et à leur mal-être. Parallèlement, Drunk traite aussi de la jeunesse et de l’insouciance qui se sont définitivement envolées et du mirage de les retrouver par l’intermédiaire de l’alcool, une cible que notre quatuor rêve de (re)conquérir, jusqu’à la chute qui sera particulièrement brutale. Au-delà de l’extraordinaire prestation des comédiens, on ressort autant secoué que bouleversé de Drunk, comédie-dramatique psychologique que l’on pourrait presque voir comme un chaînon manquant entre La Grande bouffe La Grande abbuffata (1973) de Marco Ferreri et…P.R.O.F.S. (1985) de Patrick Schulmann. Complexe, passionnant, drôle, émouvant, enivrant, cérébral, populaire, ce chef d’oeuvre ne cesse de triturer les méninges et les tripes bien longtemps après.

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Test Blu-ray / Le Roi de Paris, réalisé par Dominique Maillet

LE ROI DE PARIS réalisé par Dominique Maillet, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 juin 2021 chez Doriane Films.

Acteurs : Philippe Noiret, Veronika Varga, Jacques Roman, Manuel Blanc, Michel Aumont, Paulette Dubost, Corinne Cléry, Ronny Coutteure…

Scénario : Jacques Fieschi, Jérôme Tonnerre, Bernard Minoret & Dominique Maillet

Photographie : Bernard Lutic

Musique : Quentin Damamme

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1995

LE FILM

Le Roi de Paris, en cette saison théâtrale 1930, c’est Victor Derval, le grand acteur. Il vit avec sa cour : le directeur du théâtre de la Grande Comédie, sa fidèle habilleuse, un marquis déchu et son ancienne maîtresse et partenaire de scène.

Le 11 janvier 1995, alors que le Frankenstein de Kenneth Branagh, le génial Coups de feu sur Broadway de Woody Allen et Le Péril jeune de Cédric Klapisch se disputent le box-office, un film, sorti en catimini, sans annonce ni publicité, ramasse les miettes en fin de classement. Il s’agit du Roi de Paris, le premier long-métrage réalisé par le critique de cinéma Dominique Maillet, intervenant dans Cinématographe et La Revue du cinéma, interprété par l’exceptionnel, le géant, le monstre Philippe Noiret. Les deux hommes avaient précédemment collaboré pour un livre (Philippe Noiret, Henri Veyrier) consacré au comédien, à sa vie, à sa carrière, cinq années auparavant. Devenus amis et désirant se retrouver pour un projet commun, ils s’associent cette fois au cinéma. S’il avait signé quelques courts métrages, dont Victor (1981), avec Gérard Lanvin et Jean Bouise, et Femme fidèle (1986) avec Marie Trintignant et Jean-Pierre Kalfon, Dominique Maillet passe la vitesse supérieure avec Le Roi de Paris, qu’il coécrit avec l’imminent Jacques Fieschi (Police de Maurice Pialat, Quelques jours avec moi et Un cœur en hiver de Claude Sautet, Les Nuits fauves de Cyril Collard, Le Fils préféré de Nicole Garcia), Bernard Minaret et Jérôme Tonnerre (Vive la vie, Partir, revenir, Un homme et une femme : Vingt ans déjà de Claude Lelouch, Chouans ! de Philippe de Broca, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère d’Yves Robert). Vibrant hommage au talent, au charisme, à l’aura, à l’élégance, à la gouaille, à la personnalité de Philippe Noiret, pour qui le rôle a évidemment été taillé sur mesure, Le Roi de Paris se double également du témoignage d’un passionné de cinéma, en adoration certes devant son acteur, mais aussi plus généralement pour le septième art, pour le théâtre, pour ces hommes et ces femmes qui nous transportent dans un autre monde, dans lequel eux-mêmes ne savent plus très bien où s’arrête la fiction et où reprend la réalité. Une frontière poreuse, friable, représentée par un fil sensible sur lequel les comédiens semblent marcher comme des funambules, parfois pour le meilleur puisque cela nourrit constamment leur jeu, mais aussi souvent pour le pire quand cela nuit à leur vie personnelle. Alors qu’il amorçait l’automne de sa vie, Philippe Noiret, qui allait avoir 65 ans, livre ici une prestation dantesque, bouffant chaque scène comme un ogre, tout en laissant une place de choix à ses jeunes partenaires, notamment la lumineuse Veronika Varga, superbe révélation que l’échec commercial cuisant du film (alors considéré comme maudit) n’a malheureusement pas aidé pour faire décoller sa carrière par la suite. Elle y est pourtant somptueuse face à son imposant partenaire. Le Roi de Paris est une très belle découverte, très largement conseillée aux amoureux du cinéma.

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Test Blu-ray / Ne m’envoyez pas de fleurs, réalisé par Norman Jewison

NE M’ENVOYEZ PAS DE FLEURS (Send Me No Flowers) réalisé par Norman Jewison, disponible en DVD + Blu-ray uniquement dans le coffret La Trilogie Romantique depuis le 20 avril 2021, à l’unité en DVD et en Blu-ray le 6 juillet 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : Rock Hudson, Doris Day, Tony Randall, Paul Lynde, Hal March, Edward Andrews, Patricia Barry, Clint Walker…

Scénario : Julius J. Espstein, d’après la pièce Send Me No Flowers : A Comedy in Three Acts de Norman Barasch et Carroll Moore

Photographie : Daniel L. Fapp

Musique : Frank de Vol

Durée : 1h35

Date de sortie initiale: 1964

LE FILM

Un hypocondriaque pense qu’il va vraiment mourir. Alors il met sur pied un plan pour trouver un nouveau mari à sa femme avant son décès. Mais elle découvre que quelque chose se prépare dans son dos…

Norman Jewison (1926-) est un réalisateur canadien qui débute sa carrière dans les années 1960 avec des comédies. Par la suite, il n’hésite pas à se diversifier : le polar (Dans la chaleur de la nuit In the Heat of the Night, avec Sidney Poitier), le thriller (L’Affaire Thomas Crown The Thomas Crown Affair, avec Steve McQueen), le film musical (Jesus Christ Superstar), le biopic (Hurrican Carter The Hurricane, avec Denzel Wahsington) ou encore la science-fiction (Rollerball avec James Caan) et tant d’autres genres. En 1964, il réalise Ne m’envoyez pas de fleurs Send Me No Flowers, son troisième long-métrage, qui marque les dernières retrouvailles cinématographiques entre Doris Day et Rock Hudson, achevant ainsi la Trilogie Romantique.

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Test DVD / Rêves en rose, réalisé par Dusan Hanák

RÊVES EN ROSE (Ružové sny) réalisé par Dusan Hanak, disponible en DVD depuis le 22 octobre 2020 chez Malavida Films.

Acteurs : Juraj Nvota, Iva Bittová, Josef Hlinomaz, Marie Motlová, Václav Babka, Míla Beran…

Scénario : Dusan Dusek & Dusan Hanak

Photographie : Dodo Simoncic

Musique : Petr Hapka

Durée : 1h21

Date de sortie initiale: 1977

LE FILM

Jakub, facteur rêveur et magicien en herbes, jongle entre les colis et les services rendus aux villageois. Lors d’une tournée, son regard croise celui de la belle gitane Jolanka. A deux, ils vont rêver d’un premier et grand amour, malgré la pression sociale imposée par leurs communautés respectives, qui les défendent de se fréquenter. Pour vivre pleinement ce doux rêve, il y aurait bien une issue possible…

Dusan Hanak (né en 1938) fait ses études à la FAMU, une grande école de cinéma à Prague. En 1969, il devient le chef de file de la nouvelle vague slovaque avec ses deux premiers longs-métrages : 322, sur un cuisinier privé de son travail parce qu’il est atteint d’un cancer et Images du vieux mondeObrazy starého sveta, un documentaire sur les personnes âgées qui vivent à l’écart de la société. En 1977, il réalise Rêves en roseRužové sny, une histoire d’amour entre un facteur une jeune femme Tsigane.

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