Test Blu-ray / Queimada, réalisé par Gillo Pontecorvo

QUEIMADA réalisé par Gillo Pontecorvo, disponible en édition 2 DVD ou 2 Blu-ray + Livret le 21 septembre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Marlon Brando, Evaristo Márquez, Renato Salvatori, Dana Ghia, Valeria Ferran Wanani, Giampiero Albertini, Carlo Palmucci, Norman Hill…

Scénario : Franco Solinas & Giorgio Arlorio

Photographie : Marcello Gatti & Giuseppe Ruzzolini

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h50 (version courte) et 2h10 (version longue)

Année de sortie : 1969

LE FILM

Au début du XIXe siècle, Sir William Walker débarque à Queimada, une île des Antilles. Officiellement, il est là pour son plaisir. En réalité, il a été chargé par le gouvernement britannique de mettre fin au monopole commercial du royaume ibérique. Il manipule habilement un Noir, José Dolores, et un métis, Teddy, qu’il persuade pas à pas d’instaurer un gouvernement libre. Les indigènes croient faire leur révolution. Teddy devient gouverneur de l’île et signe avec l’Angleterre un traité avantageux. Dix ans plus tard, Walker est de retour. Mais sa nouvelle mission est d’un tout autre ordre…

Pour la plupart des cinéphiles, Gillo Pontecorvo (1919-2006) est surtout le réalisateur de La Bataille d’Alger La Battaglia di Algeri (1966), phénoménale reconstitution de l’action policière de l’armée française survenue en 1957, qui avait opposé la 10e division parachutiste de l’Armée française aux indépendantistes algériens du Front de libération nationale. Auréolé du Lion d’or au Festival de Venise, le cinéaste voit sa renommée exploser à travers le monde, même si l’exploitation de son film demeure difficile voire interdite, comme c’est le cas en France jusqu’en 2004. Trois ans plus tard, il revient avec Queimada, interprété par Marlon Brando, qui à l’instar de La Bataille d’Alger, fera grincer quelques dents. Dans ce qui sera son avant-dernier long-métrage, le metteur en scène fustige la colonisation et l’exploitation des peuples, de leurs terres et bien sûr de leurs richesses, par les grandes puissances du monde. Ou comment l’Angleterre va créer un monstre révolutionnaire aux Antilles, afin de renverser le Portugal alors en place, dans le but de s’approprier le marché du sucre, sous couvert de redonner sa liberté à la population locale. Queimada est un chef d’oeuvre absolu, viscéral, intelligent, passionnant et divertissant, qui rappelle souvent le Mandingo de Richard Fleischer, récemment réhabilité. Il est temps aujourd’hui que le cinéma de Gillo Pontecorvo connaisse le même engouement.

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Test Blu-ray / Le Rapace, réalisé par José Giovanni

LE RAPACE réalisé par José Giovanni, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 10 septembre 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Lino Ventura, Xavier Marc, Rosa Furman, Aurora Clavel, Augusto Benedico, Marco Antonio Arzate, René Barrera, Farnecio de Bernal, Carlos Lopez Figueroa, Enrique Lucero…

Scénario :José Giovanni, d’après le roman de John Carrick

Photographie : Pierre Petit

Musique : François de Roubaix

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

Le “Rital”, un mercenaire aventurier est engagé par l’avocat Calvez, éminence grise d’une bande de conjurés, pour abattre le Président d’une République d’Amérique du Sud. Il s’agit d’abattre le Président actuel pour faire un héros national du petit-fils de l’ancien Président, celui-ci devant partager l’aventure aux côtés du tueur à gages pour justifier sa renommée…

Ecrivain, scénariste, dialoguiste et réalisateur, José Giovanni (1923-2004), de son vrai nom Joseph Damiani, est un ancien collabo et repris de justice, trois fois condamné, à vingt ans de travaux forcés, puis condamné à mort pour trois assassinats (gracié par le président Vincent Auriol en 1949) et à nouveau condamné à dix ans de prison pour rançonnement de juifs cachés sous l’Occupation. Après quelques remises de peine, il sort de prison en 1956 à l’âge de 33 ans après plus de onze années passées derrière les barreaux, non sans avoir emporté avec lui un journal qu’il avait tenu durant son incarcération et dans le couloir de la mort dans l’attente de la décision de la Cour de cassation et de la grâce présidentielle. Ce journal intime deviendra un roman, Le Trou, qui raconte également sa tentative d’évasion de la Prison de la Santé en 1947. Le succès est immédiat et le cinéaste Jacques Becker s’empare des droits pour le cinéma. José Giovanni ne quittera plus le monde du Septième Art et collaborera avec les plus grands comme Claude Sautet (Classe tous risques), Jacques Deray (Symphonie pour un massacre), Robert Enrico (Les Grandes gueules, Les Aventuriers), Jean-Pierre Melville (Le Deuxième Souffle), avant de passer lui-même à la mise en scène en 1967 avec La Loi du Survivant. Chose étonnante, ce dernier n’est autre que l’adaptation d’une partie de son roman Les Aventuriers, délaissée par Robert Enrico. Encouragé par Lino Ventura à continuer sur sa lancée de metteur en scène, il entreprend lui-même Le Rapace, tiré du roman The Vulture de l’auteur écossais John Carrick. Direction le Mexique donc, pour ce thriller insolite qui offre à Lino Ventura un de ses rôles les plus singuliers des années 1960, celui d’un justicier qui débarque de nulle part, près de Veracruz en 1938, dans le but d’assassiner un dictateur local d’un pays fictif et non identifié d’Amérique du Sud. Un personnage violent, qui parle peu (sa première réplique intervient au bout d’un bon quart d’heure) et qui d’ailleurs n’est pas là pour s’étaler sur sa vie qu’on imagine essentiellement liée au meurtre et au sang. Longtemps indisponible, peu diffusé à la télévision, Le Rapace est l’une des grandes redécouvertes de l’année 2021.

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Test Blu-ray / Train d’enfer, réalisé par Gilles Grangier

TRAIN D’ENFER réalisé par Gilles Grangier, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 10 septembre 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean Marais, Marisa Mell, Howard Vernon, Gérard Tichy, Antonio Casas, Rico Lopez, José Manuel Martin, Carlos Casaravilla, Alvaro de Luna, Jean Lara, André Cagnard, Gamil Rabib, Léon Zitrone…

Scénario : Jacques Robert & Gilles Grangier, d’après le roman de René Cambon

Photographie : Antonio Maccasoli

Musique : André Hossein

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Agent des services secrets français, Antoine Donadieu infiltre un groupe terroriste, basé sur la Côte d’Azur et dirigé par Matras, qui prépare un attentat contre l’Émir Ali Salem. En compagnie de Frieda, il se rend à Barcelone où il doit aller chercher « le professeur », l’homme chargé de la mise au point technique de l’attentat.

Depuis l’avènement de James Bond au cinéma en 1962, les spectateurs se sont pris de passion pour les histoires d’espionnage et les producteurs l’ont bien compris. Suite au triomphe de James Bond 007 contre Dr. No, Bons baisers de Russie et de Goldfinger, la mode de l’Euro Spy est lancée. De l’autre côté des Alpes, moult fleurons du genre vont voir le jour, à l’instar de Suspense au Caire pour A008 A 008, operazione Sterminio (1965), Super 7 appelle le Sphinx Superseven chiama Cairo (1965) et Des fleurs pour un espion Le Spie amano i fiori d’Umberto Lenzi, Opération Goldman Operazione Goldman (1966) d’Antonio Margueriti et bien d’autres. Mais on oublie souvent que la France a elle aussi été une digne représentante en ersatz de l’agent 007, avec notamment la série des OSS 117, d’après l’oeuvre de Jean Bruce. C’est Jean Marais qui donne l’idée au réalisateur André Hunebelle, avec qui il avait tourné Le Bossu (1959), Le Capitan (1960), Le Miracle des loups (1961) et Les Mystères de Paris, de transposer cette série de livres et de surfer sur le succès des Bond, en espérant bien sûr obtenir le rôle principal. Seulement voilà, cela ne se passe pas comme le comédien l’espérait. Si André Hunebelle obtient les droits pour transposer les aventures de l’agent OSS 117 sur le grand écran, celui-ci engage l’américain Kerwin Mathews (On ne joue pas avec le crime 5 Against the House de Phil Karlson, rôle-titre du Septième Voyage de Sinbad The 7th Voyage of Sinbad de Nathan Juran) pour interpréter Hubert Bonisseur de La Bath. Jean Marais n’oubliera jamais cette « trahison », ce qui ne l’empêchera pas de retravailler avec le réalisateur sur la trilogie Fantômas et surtout de trouver d’autres agents secrets ou aventuriers à incarner. Ce sera le cas dans Pleins feux sur Stanislas (1965) de Jean-Charles Dudrumet, Le Gentleman de Cocody (1965) et Le Saint prend l’affût (1966) de Christian-Jaque. Même chose dans le méconnu Train d’enfer (1965), d’après un roman de René Cambon, mis en scène par le prolifique Gilles Grangier (1911-1996), qui avait déjà dirigé l’acteur en 1952 dans L’Amour, Madame. Dans ce film, Jean Marais peut laisser libre-cours à sa fantaisie, en enchaînant les exploits physiques, les bagarres, les poursuites, tout en séduisant les femmes qu’il rencontre dans sa mission. Forcément vintage, Train d’enfer ne révolutionne pas le genre, mais s’avère un divertissement décontracté, amusant, kitsch et rythmé, où Jean Marais se fait visiblement plaisir et où son énergie est sans cesse contagieuse.

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Test Blu-ray / The Shadow, réalisé par Russell Mulcahy

THE SHADOW réalisé par Russell Mulcahy, disponible en DVD et Blu-ray le 5 octobre 2021 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Alec Baldwin, John Lone, Penelope Ann Miller, Peter Boyle, Ian McKellen, Tim Curry, Jonathan Winters, Sab Shimono…

Scénario : David Koepp, d’après les romans de Walter B. Gibson

Photographie : Stephen H. Burum

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1994

LE FILM

Autrefois criminel violent et sanguinaire semant la terreur au Tibet, Lamont Cranston, désormais repenti, a appris à maîtriser sa part d’ombre pour vaincre le mal et protéger New York des malfaiteurs grâce à ses nombreux pouvoirs. Sous le nom de The Shadow, il se bat toutes les nuits contre le crime pour faire régner l’ordre et la justice sur la ville. Mais le quotidien du héros légendaire est perturbé lorsque son ennemi juré Shiwan Khan, doté des mêmes pouvoirs, refait surface en menaçant de tout détruire à l’aide d’une bombe atomique. L’affrontement est inévitable…

Peu connu en France, The Shadow est pourtant la principale inspiration de Bob Kane pour Batman en 1939. Créé par Walter B. Gibson sous le pseudo de Maxwell Grant au début des années 1930, juste après la crise de 1929, ce personnage devient le héros de près de 300 romans et nouvelles pulps durant près de vingt ans, ainsi que le protagoniste d’un célèbre feuilleton radiophonique avec la voix d’Orson Welles, de comics, d’un feuilleton télévisé et de sept films produits par la Columbia. The Shadow a pratiquement disparu de la circulation pendant près d’un demi-siècle, quand il réapparaît soudainement dans le paysage cinématographique hollywoodien en 1994. Au début des années 1990, le triomphe international du Batman de Tim Burton donne quelques idées aux réalisateurs et producteurs qui vont suivre ce nouvel engouement, à l’instar de Sam Raimi avec Darkman, Albert Pyun avec Captain America, ainsi que la trilogie Tortues Ninja. Deux films se distinguent en 1990-1991, Dick Tracy de Warren Beatty et The Rocketeer de Joe Johnston, d’après l’œuvre de Dave Stevens, qui proposaient déjà un retour aux années 1930-40 et jouaient sur une ambiance et un décor vintage. The Shadow est comme qui dirait une synthèse de ces deux précédents longs-métrages et parvient à s’en distinguer à travers la mise en scène inspirée de l’excellent Russell Mulcahy (Razorback, Highlander), qui sortait de L’Affaire Karen McCoy The Real McCoy, dans lequel il dirigeait Kim Basinger. Dans The Shadow, il collabore cette fois avec l’époux de cette dernière, Alec Baldwin, qui enchaînait alors les tournages de Malice de Harold Becker et Guet-apens The Getway de Roger Donaldson, juste avant d’enfiler le costume crasseux de sueur de Dave Robicheaux dans le génial Vengeance froide Heaven’s Prisoners de Phil Joanou. L’acteur s’impose sans mal dans le rôle-titre et campe un parfait justicier ambigu, luttant contre ses propres démons, lancé sur le chemin de la rédemption en traquant la racaille de New York. Doté d’un budget plutôt confortable de 40 millions de dollars, The Shadow n’a connu qu’un succès relatif à sa sortie durant l’été 1994. Malheureusement pour lui, la concurrence était rude, Le Roi Lion, Forrest Gump, True Lies, The Mask, Speed, Danger immédiat n’ayant fait qu’une bouchée de ce film que personne n’attendait vraiment. Pourtant, The Shadow est une œuvre de qualité, très soignée sur la forme avec de superbes décors, des costumes très élégants, un casting solide également composé de la divine Penelope Ann Miller, Ian McKellen, Peter Boyle, John Lone et Tim Curry, sans oublier la magistrale partition de Jerry Goldsmith. Les années ont passé, The Shadow a su trouver son public et birn que certains effets spéciaux aient pris un gros coup de vieux, le charme serial opère.

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Test Blu-ray / Kull le conquérant, réalisé par John Nicolella

KULL LE CONQUÉRANT (Kull the Conqueror) réalisé par John Nicolella, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 19 août 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Kevin Sorbo, Tia Carrere, Thomas Ian Griffith, Litefoot, Roy Brocksmith, Harvey Fierstein, Karina Lombard, Edward Tudor-Pole…

Scénario : Charles Edward Pogue, d’après les personnages de Robert E. Howard

Photographie : Rodney Charters

Musique : Joel Goldsmith

Durée : 1h32

Année de sortie : 1997

LE FILM

Kull est un bon roi. Sa droiture et sa vaillance incomparables l’ont porté sur le trône et il est aimé de son peuple. Seulement quelques nobles corrompus lui vouent une haine féroce et sont bien décidés à l’éliminer. C’est alors que, malgré les tendres sentiments qu’il porte à l’esclave Zareta, il cède à la séduction de la belle Akivasha, une sorcière maléfique que ses ennemis ont ressuscitée pour le tuer au cours de sa nuit de noces.

Bon…Si vous cherchez à retrouver l’univers de Robert Ervin Howard au cinéma, allez voir ailleurs. Mais ce serait dommage de vous priver d’un aussi bon nanar d’heroic fantasy que ce Kull le conquérant, réalisé par un certain John Nicolella, décédé en 1998, soit un an après la sortie de son ultime long-métrage. Nous n’irons pas jusqu’à dire qu’il y a une relation de cause à effet (le crabe serait la raison de son départ anticipé), mais toujours est-il que le metteur en scène âgé de 52 ans signait ici une nouvelle référence du genre, mais sûrement pas dans le sens où il l’attendait. Car Kull le conquérant est un mauvais film sympathique comme on dit, où tout part en sucette pour notre plus grand plaisir de spectateur déviant, à commencer par l’interprétation de Kevin Sorbo dans le rôle-titre, sur qui le film a quasiment été monté suite au refus d’Arnold Schwarzenneger de reprendre le rôle de Conan dans un troisième opus intitulé Conan le Conquérant. Quelque peu embarrassé par son mètre 92, de long comme d’épaules, le comédien, qui aura incarné Hercule dans quelques téléfilms aux côtés d’un Anthony Quinn à bout de souffle, dans Xena, la guerrière et dans sa propre série, paraît bien plus préoccupé par son brushing que par son jeu. Déambulant dans des décors en carton-pâte passés à la gouache brillante, ce cher Kevin ne cesse de prendre la pose, tout en plissant des yeux, comme s’il était constamment en train de réfléchir à la meilleure routine à adopter pour conserver son postiche le plus soyeux possible. Face à lui, Tia Carrere, trois ans après True Lies de James Cameron et juste avant la série Sydney Fox, l’aventurière, tente de faire bonne figure dans le rôle d’Akivasha, la reine sorcière d’Acheron, qui va donner du fil à retordre (et décoiffer) notre héros, qui nous fait rudement penser à celui de l’inénarrable La Revanche de Samson, avec le légendaire Paul Hays-Marshall, autre mètre étalon de la série Z. Produit par Raffaella De Laurentiis fille du grand Dino De Laurentiis, qui quinze ans plus tôt était à la barre de Conan le Barbare et Conan le Destructeur, aussi librement des récits de Robert E. Howard – une affaire de famille donc- Kull le conquérant, roi d’Atlantis, se rapproche plutôt de Kalidor, la légende du talisman Red Sonja (1985) de Richard Fleischer et s’avère un film d’aventures certes raté et manquant cruellement de moyens, mais ô combien divertissant.

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Test Blu-ray / Les Feux de l’enfer, réalisé par Andrew V. McLaglen

LES FEUX DE L’ENFER (Hellfighters) réalisé par Andrew V. McLaglen, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 6 juillet 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : John Wayne, Katharine Ross, Jim Hutton, Vera Miles, Jay C. Flippen, Bruce Cabot, Edward Faulkner, Barbara Stuart…

Scénario : Clair Huffaker

Photographie : William H. Clothier

Musique : Leonard Rosenman

Durée : 2h01

Date de sortie initiale: 1968

LE FILM

Chance Buckman dirige une entreprise spécialisée dans l’extinction des feux liés aux puits de pétrole. Lors d’une intervention périlleuse il est gravement blessé et finit à l’hôpital. L’un de ses associés appelle alors la fille de Chance, avec laquelle il est brouillé. L’homme blessé va renouer petit à petit avec sa fille et son ex-femme, toujours traumatisée par les années passées…

Les années 1960 prennent fin et à Hollywood tout est bouleversé depuis l’abandon du tristement célèbre Code Hays. Bonnie and Clyde d’Arthur Penn et Le Lauréat – The Graduate de Mike Nichols déboulent sur les écrans. Le fonctionnement des studios est remis en question, ainsi que la crédibilité des stars déjà bien installées, qui apparaissent soudainement anachroniques, pour ne pas dire archaïques. C’est le cas de notre cher John Wayne, qui juste après El Dorado de Howard Hawks, avait enchaîné avec Les Bérets verts The Green Berets, qu’il avait coréalisé avec Ray Kellogg, film foncièrement conservateur mis en œuvre pour justifier l’intervention américaine au Viêt Nam. Alors qu’il s’évertue à illustrer son engagement personnel, patriote jusqu’au bout des ongles et fervent républicain, le comédien est également bien décidé à ne pas se laisser écraser par ce nouveau courant en vogue et par une nouvelle génération prête à remettre en cause les idéaux fondamentaux des Etats-Unis. Il s’investit corps et âme dans Les Feux de l’enfer Hellfighters de son ami Andrew V. McLaglen (1920-2014), avec lequel il avait déjà tourné Le Grand McLintock McLintock! cinq ans auparavant et qu’il retrouvera encore à trois reprises (Les Géants de l’Ouest The Undefeated, Chisum et Les Cordes de la potence Cahill U. S. Marshal). Dans cet apparent film d’action, John Wayne incarne le mâle alpha, le patriarche, comme une réincarnation de l’Oncle Sam. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas prêt à raccrocher les gants (ignifugés) dans Les Feux de l’enfer, dans lequel il interprète le héros US dans toute sa splendeur et qui malgré ses soixante balais, compte bien faire la morale à la jeunesse décadente. Contrairement à ce que l’on pouvait penser après avoir découvert la bande-annonce et vu les photos d’exploitation, Hellfighters n’est pas un film catastrophe, mais une comédie de remariage teinté de romance et de mélo, où John Wayne se confronte à la magnifique Katharine Ross, révélée par Andrew V. McLaglen trois ans auparavant dans le superbe ShenandoahLes Prairies de l’honneur, avant d’exploser aux yeux du monde dans Le Lauréat. Deux écoles s’affrontent dans ce spectacle fort sympathique, même si on se rend compte très vite que ce sont bien les mecs font tout le boulot et que les « bonnes femmes » devraient rester à la maison pour faire le ménage, s’occuper des gamins s’il y en a et préparer un bon petit plat prêt à servir du four quand nos héros reviennent du turbin. C’était le bon temps…on rigole bien sûr, mais à l’écran cela demeure rigolo et divertissant, surtout que les séquences enflammées valent sacrément le coup d’oeil.

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Test Blu-ray / Un cri dans l’ombre, réalisé par John Guillermin

UN CRI DANS L’OMBRE (House of Cards) réalisé par John Guillermin, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 6 juillet 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : George Peppard, Inger Stevens, Orson Welles, Keith Michell, Perrette Pradier, Geneviève Cluny, Maxine Audley, Ralph Michael…

Scénario : Harriet Frank Jr. & Irving Ravetch, d’après le roman de Stanley Ellin

Photographie : Piero Portalupi

Musique : Francis Lai

Durée : 1h45

Date de sortie initiale: 1968

LE FILM

Reno Davis, un jeune et fringuant américain vivant à Paris, est engagé pour être le tuteur d’un jeune garçon, dont le père général est mort durant la guerre d’Algérie. Il découvre rapidement un clan très étrange, rongé par les secrets. Quand le jeune garçon est enlevé, Davis est immédiatement suspecté. Il va découvrir que dans l’entourage de la famille figurent des personnes peu recommandables…

A la fin des années 1960, John Guillermin (1925-2015) n’est pas encore le réalisateur britannique de grosses machines hollywoodiennes comme La Tour infernale The Towering Inferno (1975) et King Kong (1977), mais compte déjà assurément dans l’industrie cinématographique. En 1966, il entame une collaboration avec le comédien George Peppard (1928-1994), qui va alors s’étendre sur trois longs-métrages, Le Crépuscule des aigles The Blue Max (1966), Syndicat du meurtre P.J. (1968) et le film qui nous intéresse aujourd’hui, Un cri dans l’ombre House of Cards (1968). Ce dernier est un étrange film d’espionnage qui surfe évidemment sur le triomphe rencontré par les aventures de James Bond au cinéma, et qui entraînait moult ersatz dans son sillage, en donnant naissance au genre dit de l’Eurospy. Si le personnage incarné par George Peppard n’est pas un espion au service de sa Majesté ou de l’oncle Sam, il devient malgré lui l’homme à abattre, celui qui en sait trop et qui fera tout pour faire tomber une mystérieuse organisation qui prépare la résurrection d’un régime politique nationaliste et totalitaire, rien que ça. Filmé entre Paris et Rome, Un cri dans l’ombre, ou Duel dans l’ombre, second titre français connu, vaut à la fois pour la qualité de son interprétation, pour celle de son histoire bien brodée et surtout pour celle de la mise en scène de John Guillermin, aussi élégante qu’inspirée. Une vraie petite découverte !

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Test Blu-ray / Seuls les anges ont des ailes, réalisé par Howard Hawks

SEULS LES ANGES ONT DES AILES (Only Angels Have Wings) réalisé par Howard Hawks, disponible en Édition Mediabook Collector Blu-ray + DVD + Livret le 7 juillet 2021 chez Wild Side Video.

Acteurs : Cary Grant, Jean Arthur, Richard Barthelmess, Rita Hayworth, Thomas Mitchell, Allyn Joslyn, Sig Ruman, Victor Kilian…

Scénario : Howard Hawks & Jules Furthman, d’après une histoire Plane From Barranca d’Howard Hawks

Photographie : Joseph Walker

Musique : Dimitri Tiomkin

Durée : 2h01

Date de sortie initiale: 1939

LE FILM

En escale à Barranca, petit port bananier d’Amérique du Sud, Bonnie Lee rencontre les pilotes de l’équipe aéropostale de ce lieu hors du temps, où l’on meurt comme on vit : avec bravoure. D’emblée, l’artiste new-yorkaise est subjuguée par le séduisant et intrépide Geoff Carter, qui dirige la compagnie et n’est pas le genre d’homme à laisser des sentiments interférer dans ses missions et dans son monde, où le danger est omniprésent et où tout peut basculer en un instant, au gré du hasard et des tempêtes…

S’il n’est pas aussi connu que la plupart des autres monuments qui composent l’exceptionnelle filmographie de son réalisateur, Seuls les anges ont des ailes Only Angels Have Wings d’Howard Hawks (1896-1977) n’a eu de cesse d’être réévalué et redécouvert. Plus de 80 ans après sa sortie, cette œuvre magistrale laisse pantois par sa modernité (hormis les modèles réduits bien visibles c’est vrai…), par sa fougue, par sa beauté. Merveilleusement mis en scène, ce film d’aventures condense tous les thèmes, les obsessions et les motifs propres à son auteur : l’amitié virile, l’héroïsme, les rapports entre les hommes et les femmes, la notion de groupe, l’homme face à (ou en osmose avec) la machine (coucou David Cronenberg !), un triangle amoureux (avec ici une ex-compagne qui ressurgit), le courage, la femme forte…Seuls les anges ont des ailes marque également la seconde collaboration (sur cinq) entre le cinéaste et Cary Grant, un an après le sublime – et pourtant échec critique et commercial à sa sortie – L’Impossible monsieur Bébé Bringing Up Baby. Changement de registre pour les deux hommes, car même s’il reste ponctué par quelques touches d’humour, Only Angels Have Wings est savoureux un mélange des genres, entre rires et larmes, un divertissement remarquable, pour ne pas dire total, qui n’omet jamais l’émotion au milieu de séquences spectaculaires, tout en dressant les portraits psychologiques d’une poignée de personnages catapultés au milieu de nulle part, réunis et soudés contre les dangers de leur profession, mais où la vie et le plaisir d’exister sont sans cesse célébrer. C’est beau, superbe même, c’est du grand et vrai cinéma.

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Test Blu-ray / Le Solitaire de Fort Humboldt, réalisé par Tom Gries

LE SOLITAIRE DE FORT HUMBOLDT (Breakheart Pass) réalisé par Tom Gries, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 19 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charles Bronson, Ben Johnson, Richard Crenna, Jill Ireland, Charles Durning, Ed Lauter, Bill McKinney, David Huddleston…

Scénario : Alistair MacLean, d’après son roman

Photographie : Lucien Ballard

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h35

Date de sortie initiale: 1975

LE FILM

Deakin est en apparence un tricheur qui se fait prendre sur le fait et emmener dans un train de soldats qui doit se rendre à Fort Humboldt, pour y renforcer une garnison décimée par une épidémie de diphtérie. Mais les passagers du train sont curieusement éliminés les uns après les autres.

En 1975, Charles Bronson, âgé de 54 ans, est revenu en haut de l’affiche aux Etats-Unis, après le triomphe d’Un justicier dans la ville Death Wish de Michael Winner, sorti l’année précédente. La parenthèse européenne qui a fait de lui une star grâce au succès international d’Il était une fois dans l’Ouest Once Upon a Time in the West de Sergio Leone est refermée et l’ami Charly peut cette fois tenir un film sur ses seules épaules sur le sol de l’oncle Sam. S’ensuivent le formidable Mister Majestyk de Richard Fleischer, puis le burné Bagarreur Hard Times de Walter Hill, qui confirment la nouvelle aura du comédien dans son pays. Il va alors enchaîner coup sur coup deux longs-métrages avec le réalisateur Tom Gries (1922-1977), célèbre pour avoir mis en scène deux westerns étonnants à la fin des années 1960, Will Penny, le solitaire avec Charlton Heston, et Les 100 fusils 100 Rifles avec Jim Brown et la sculpturale Raquel Welch, dont la scène d’amour demeure aussi hot qu’anthologique. Si L’Évadé Breakout était une histoire contemporaine, Le Solitaire de Fort Humboldt Breakheart Pass propose un retour dans les années 1870, dans l’ouest américain. Adapté du roman Le Défilé de Crêve-Cœur, du prolifique Alistair MacLean (Commando pour un seul homme, Les Canons de Navarone, Quand les aigles attaquent), qui transpose d’ailleurs lui-même son propre livre, ce western atypique surfe sur le récent succès rencontré l’année précédente par Le Crime de l’Orient-Express Murder on the Orient Express de Sidney Lumet, puisque Le Solitaire de Fort Humboldt est ni plus ni moins un whodunit dans lequel ce bon vieux Bronson serait comme qui dirait l’ancêtre d’Hercule Poirot, dissimulé sous l’identité d’un ancien professeur de médecine de l’Iowa, recherché pour dettes, incendie criminel, meurtre et vol. L’acteur a l’air plus impliqué que d’habitude et semble prendre beaucoup de plaisir à interpréter ce rôle pour lequel il fait preuve d’élégance et s’avère impliqué dans les scènes physiques, à l’instar de la séquence de baston se déroulant sur un véritable train en marche, dans un décor enneigé et glacé de toute beauté. Assez inattendu et original dans la filmographie de Charles Bronson, Le Solitaire de Fort Humboldt a très bien vieilli et se révèle être un ersatz d’Agatha Christie particulièrement réjouissant, dans lequel le cinéphile reconnaîtra quelques tronches indispensables du cinéma US.

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Test Blu-ray / Mortal Kombat, réalisé par Simon McQuoid

MORTAL KOMBAT réalisé par Simon McQuoid, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD + Blu-ray – Édition boîtier SteelBook le 21 juillet 2021 chez Warner Bros.

Acteurs : Lewis Tan, Jessica McNamee, Josh Lawson, Joe Taslim, Mehcad Brooks, Matilda Kimber, Laura Brent, Tadanobu Asano, Hiroyuki Sanada, Chin Han, Ludi Lin, Max Huang, Sisi Stringer, Mel Jarnson, Nathan Jones, Daniel Nelson, Ian Streetz…

Scénario : Greg Russo & Dave Callaham, d’après le jeu vidéo « Mortal Kombat » de Ed Boon et John Tobias

Photographie : Germain McMicking

Musique : Benjamin Wallfisch

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Lorsque les plus grands champions de la Terre sont appelés à combattre les ennemis de l’Autre Monde, ils doivent découvrir leurs véritables pouvoirs pour sauver notre planète de l’annihilation totale.

« Le sort de la Terre va dépendre de vous hin hin hin hin…pardon… ». Les grands fans de Christophe(r) Lambert savent de quel film est tiré cette réplique passée à la postérité. Il s’agit de Mortal Kombat version 1995, grand succès commercial qui avait rapporté pas moins de 125 millions de dollars à travers le monde et attiré près d’un million de français dans les salles. Si certains critiqueront toujours le choix de Paul W.S. Anderson (Event Horizon, le vaisseau de l’au-delà, Soldier, quatre opus de la saga Resident Evil) à la réalisation, cette adaptation cinématographique du jeu éponyme de Midway Games est devenu rapidement un vrai film culte, ainsi que sa bande originale (« MORTAL KOMBAAAAT ! »), que l’on a encore aujourd’hui beaucoup de plaisir à revoir. Cela n’est pas le cas pour Mortal Kombat : Destruction finale, sorti deux ans plus tard, mis en scène par John R. Leonetti (Annabelle, I Wish : Faites un vœu) et qui avait connu un bide retentissant et tué dans l’oeuf une trilogie. Un quart de siècle est passé, on ne s’en est pas rendu compte, et voilà que débarque une nouvelle transposition de la série de jeux vidéo, cette fois ciblée sur l’incarnation de la franchise développée par NetherRealm Studios. On repart à zéro donc avec ce film sobrement intitulé Mortal Kombat, pas plus, pas moins, reboot inattendu confié à l’australien Simon McQuoid, également producteur, qui n’avait travaillé exclusivement que dans le domaine de la publicité. Produit par l’omniprésent James Wan (Saw, Insidious, Conjuring, Fast & Furious 7, Aquaman), Mortal Kombat version 2021 ne rivalisera pas et sans doute jamais avec l’opus de 1995 dans le coeur des cinéphiles/ages nostalgiques, mais contre toute attente le film s’en sort pas trop mal avec des bastons étonnamment brutales et sanglantes, proches des légendaires « Finish Him ! » qui ont contribué à populariser le jeu original. Si le casting n’est pas aussi attachant que la première mouture, les acteurs font le job, s’avèrent aussi à l’aise dans les scènes « dramatiques » (notez bien l’usage des guillemets hein) que dans les arts martiaux, les effets visuels ne prennent pas le pas sur la chorégraphie des combats, le rythme est soutenu et l’on passe un bon moment.

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