Test Blu-ray / Les Contrebandiers de Santa Lucia, réalisé par Alfonso Brescia

LES CONTREBANDIERS DE SANTA LUCIA (I contrabbandieri di Santa Lucia) réalisé par Alfonso Brescia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 7 septembre 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Mario Merola, Antonio Sabàto, Gianni Garko, Jeff Blynn, Edmund Purdom, Sabrina Siani, Lorraine De Selle, Marco Girondino…

Scénario : Ciro Ippolito & Piero Regnoli

Photographie : Silvio Fraschetti

Musique : Eduardo Alfieri

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Le capitaine Ivano Radevic enquête sur un trafic international d’héroïne. Pour cela, il n’hésite pas à infiltrer le milieu des contrebandiers napolitains, et se lie avec Don Autiero, un trafiquant de cigarettes. Celui-ci le mènera à Don Vizzini, un parrain de la mafia.

Au cours de nos chroniques, nous avons déjà parlé d’Alfonso Brescia (1930-2001), parfois connu sous son pseudonyme Al Bradley, ancien assistant de Roberto Bianchi Montero, Giuseppe Vari, Mario Amendola, Silvio Amadio, Mario Caiano, grâce auxquels il apprend son boulot de metteur en scène sur leurs comédies, péplums et films d’aventures. En 1964, il passe lui-même derrière la caméra avec La Révolte des prétoriens La rivolta dei pretoriani, très vite suivi du Gladiateur magnifique Il magnifico gladiatore (1964), avec Mark Forest. Le réalisateur signera une cinquantaine de longs-métrages, en passant par tous les genres possibles et imaginables, dont les titres demeurent emblématiques du cinéma Bis et reflètent l’évolution des goûts du public, Goldocrack à la conquête de l’Atlantide Il conquistatore di Atlantide (1965), Furie au Missouri – Il Giorni della violenza (1967). Tête de pont pour huit implacables Testa di sbarco per otto implacabili (1968), Le Labyrinthe du sexe Nel labirinto del sesso (1969), Un joli corps qu’il faut tuer Il tuo dolce corpo da uccidere (1970), Le Manoir aux filles Ragazza tutta nuda assassinata nel parco (1972), Supermen contre les Amazones Superuomini, superdonne, superbotte (1975), La Bataille des étoiles Cosmo 2000 – Battaglie negli spazi stellari (1978) et bien d’autres. A la fin des années 1970, Alfonso Brescia délaisse la science-fiction, il venait d’emballer quatre « space opera » et revient au polar mafieux avec Napoli serenata calibro 9, L’Ultimo guappo, Il mammasantissima et Les Contrebandiers de Santa Lucia I contrabbandieri di Santa Lucia, les quatre films ayant pour particularité d’avoir été tournés à Naples. S’il retrouvera le polizziotescho et cette ville encore après, le film qui nous intéresse est donc Les Contrebandiers de Santa Lucia, formidable thriller qui propose à la fois une intrigue policière solide doublée d’une dimension documentaire puisqu’Alfonso Brescia y plonge sa caméra dans les rues, dans les us et coutumes de Naples, au milieu de ses habitants, de leur quotidien et de leurs magouilles.

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Test DVD / Fantozzi, réalisé par Luciano Salce

FANTOZZI réalisé par Luciano Salce, disponible en DVD le 28 septembre 2021 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Paolo Villaggio, Anna Mazzamauro, Gigi Reder, Giuseppe Anatrelli, Umberto D’Orsi, Liù Bosisio, Bernardino Emanuelli, Plinio Fernando…

Scénario : Leonardo Benvenuti, Piero De Bernardi & Paolo Villaggio, d’après les romans de Paolo Villaggio

Photographie : Erico Menczer

Musique : Franco Bixio, Fabio Frizzi & Vince Tempera

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Fantozzi est un employé de bureau basique et stoïque. Il est en proie à un monde de difficultés qu’il ne surmonte jamais malgré tous ses efforts.

Vous ne le connaissez sûrement pas puisqu’il n’a jamais su ou pu passer le tunnel du Mont-Blanc pour arriver en France, mais Fantozzi est un des personnages comiques italiens les plus populaires dans son pays, créé et interprété par Paolo Villaggio (1932-2017), qui apparaîtra dans une dizaine de longs-métrages, de 1975 à 1999, dont le succès ne s’est jamais démenti. Petit comptable sans histoire, marié à une femme laide et père d’une fille qui l’est encore plus, Fantozzi, Ugo de son prénom, a tout d’abord été un héros de la littérature. Devant le triomphe rencontré par ses livres inspirés par son expérience de comptable dans le monde de l’entreprise, Paolo Villaggio s’est très vite fait courtiser par divers producteurs, qui souhaitaient adapter son univers. N’ayons pas peur des mots, Fantozzi premier du nom est un capolavoro, immensément culte de l’autre côté des Alpes, qui enchaîne les gags visuels et sonores, ainsi que les répliques dingues, comme des perles sur un collier, sans aucun temps mort, mais entraînant des éclats de rire en permanence. Il aura fallu attendre plus de 45 ans pour que l’Hexagone découvre ce clown incroyable – « le plus grand de sa génération » dira de lui Roberto Begnini, son partenaire dans La Voce della Luna de Federico Fellini – et nous ne sommes pas prêts de l’oublier.

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Test DVD / Pulse, réalisé par Sergii Chebotarenko

PULSE réalisé par Sergii Chebotarenko, disponible en DVD le 6 août 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Nataliya Babenko, Dariya Barikhashvili, Stanislav Boklan, Natalya Dolya, Aleksandr Kobzar, Viktoriya Levchenko, Sergiy Luzanovsky, Liliya Rebrik…

Scénario : Maksym Chernysh & Yaroslav Voytseshek

Photographie : Yuriy Korol

Durée : 1h28

Année de sortie : 2021

LE FILM

Oksana rêve de participer aux Jeux Olympiques. Les débuts de la jeune athlète sont très prometteurs, et son rêve semble à portée de main. Mais un terrible accident remet tout en cause : Oksana est grièvement blessée et devient presqu’aveugle. Les médecins sont formels : elle doit renoncer au sport et à une vie normale. Oksana va se battre et connaître un incroyable destin…

Oh un film ukrainien ! Ce n’est pas tous les jours que cela arrive en France de pouvoir visionner un long-métrage provenant de cette république parlementaire dirigée par Volodymyr Zelensky, comédien, humoriste (si si) et le plus jeune président de l’histoire du pays. Pulse est le premier long-métrage de Sergii – ou Serhii – Chebotarenko, réalisateur né en 1984, qui a fait ses classes dans la publicité et dans la création de bandes-annonces. Pour Pulse, il s’inspire d’une histoire vraie, celle d’Oksana Boturchuk, athlète ukrainienne d’athlétisme et championne paralympique de 2008, quintuple médaillée d’argent et de bronze aux Jeux paralympiques d’été de 2008, 2012 et 2016. Des faits réels comme les aime le cinéma, qui s’empare toujours avec avidité de ces scénarios tout prêts et qui ne demandent qu’à trouver le metteur en scène adéquat. Pulse rejoint ainsi le clan des films sportifs du genre Rasta Rockett (1993) de Jon Turtletaub, De l’ombre à la lumière Cinderella Man (2005) et Rush (2013) de Ron Howard, Eddie the Eagle (2016) de Dexter Fletcher, Moi, Tonya (2017) de Craig Gillespie et Le Mans 66 (2019) de James Mangold, où la réalité a souvent dépassé la fiction. S’il ne révolutionne pas le genre, ce divertissement est très agréable à suivre, grâce notamment à l’investissement et au charme de son actrice Nataliya Babenko.

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Test Blu-ray / Demonic, réalisé par Neill Blomkamp

DEMONIC réalisé par Neill Blomkamp, disponible en DVD et Blu-ray le 20 septembre 2021 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Carly Pope, Nathalie Boltt, Terry Chen, Chris William Martin, Michael J Rogers, Andrea Agur…

Scénario : Neill Blomkamp

Photographie : Byron Kopman

Musique : Ola Strandh

Durée : 1h45

Année de sortie : 2021

LE FILM

Grâce à un procédé révolutionnaire, une jeune femme pénètre dans l’esprit de sa mère, condamné pour meurtres et désormais plongée dans le coma. Mais l’exploration de son inconscient tourne à l’affrontement, libérant un démon tapis dans l’ombre.

Vade retro Satana ! Hors d’ici, déguerpis, fous le camp ! Oui oui, c’est bien à Neill Blomkamp que l’on s’adresse après avoir subi son dernier foirage en date, Demonic, tourné en cachette en Colombie-Britannique durant la pandémie de 2020. Rappelez-vous, District 9 c’était pourtant sympa en 2009 et surtout prometteur, Peter Jackson l’avait compris en produisant ce premier long-métrage aussi singulier que puissant, sur le fond comme sur la forme. Malheureusement, on a très vite déchanté en découvrant ses deux opus suivants, Elysium en 2013 (Zzz zzzz) et Chappie en 2015 (reZzz zzzz…), soporifiques, emballés à la va-comme-je-te-pousse et très mal écrits. Devant la médiocrité insondable de Demonic, on en vient maintenant à se demander si Peter Jackson n’était pas lui-même l’auteur et le réalisateur de District 9. Toujours est-il, qu’on est quand même rassuré que les studios lui aient opposé un refus catégorique de lancer son épisode d’Alien ou de RoboCop sur lesquels il avait longtemps planché. De toute façon, ceux-ci étaient déjà occupés avec leurs affreux Alien Covenant et RoboCop (version 2014). Neill Blomkamp n’avait pas sorti de bidule filmé depuis cinq ans. Après ses projets avortés, le cinéaste sud-afro-canadien (né en 1979) s’est mis à écrire un nouveau « film » « original », Demonic donc, qui fait fâcheusement penser à The Cell de Tarsem Singh, une version Wish plutôt. L’ancien spécialiste des effets spéciaux, auteur de clips et de films publicitaires, n’a ici plus rien à dire et tente un coup de bluff en revenant au film de genre. Malgré un départ prometteur, c’est une catastrophe à tout point de vue, ou presque puisque l’on peut néanmoins sauver l’interprétation de la comédienne principale, la canadienne Carly Pope, qui apparaissait dans Elysium, une jolie révélation. Elle est la seule raison pour laquelle nous sommes parvenus à aller au bout de ce marasme qui reflète le manque total d’inspiration de Neill Blomkamp, aussi bien au niveau du scénario que de la mise en scène. Ratage monumental.

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Test Blu-ray / La Révélation, réalisé par Alain Lavalle

LA RÉVÉLATION réalisé par Alain Lavalle, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Olga Georges-Picot, Juliette Mills, Sady Rebbot, Robert Etcheverry, Jacques Santi, Danièle Vlaminck, Daniel Sarky, France Verdier, Garlonne Errlichman…

Scénario : Giova Selly

Photographie : Claude Beausoleil

Musique : Nachum Heiman

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Claire est seule pendant les vacances, enfants et mari étant partis. Elle connaîtra les joies de l’adultère grâce à une amie.

Avant de réaliser La Révélation, qui restera probablement son seul long-métrage de fiction, Alain Lavalle avait été l’assistant d’Eddy Matalon (Trop petit mon ami). C’est ce dernier qui confie à Alain Lavalle le soin de tourner La Révélation, d’après un scénario de Giova Selly, alias Giova Lavalle, sa compagne. Avant tout ethnologue et psychologue, romancière spécialisée dans les histoires sentimentales (elle a écrit des célèbres romans-photos pour Nous-Deux), historiques et policières, Giova Selly signe ici son unique histoire pour le cinéma. Vu le bagage de l’écrivaine et son talent pour dépeindre les comportements, ainsi que les mœurs de ses personnages, il n’est pas étonnant que La Révélation détonne quelque peu dans le cinéma érotique des années 1970, avec notamment un spleen qui accompagne la protagoniste, Claire, interprétée par la troublante Olga Georges-Picot, dont le regard triste foudroie instantanément et ce durant les 80 minutes de cet étrange long-métrage, à la fois maladroit (de par sa mise en scène), souvent ennuyant en raison de digressions dites « auteuristes », mais aussi généralement fascinant grâce à la présence, l’aura et le charisme de son actrice principale.

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Test Blu-ray / U Turn – Ici commence l’enfer, réalisé par Oliver Stone

U-TURN (U-Turn : ici commence l’enfer) réalisé par Oliver Stone, disponible en DVD et Blu-ray le 21 septembre 2021 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Sean Penn, Jennifer Lopez, Nick Nolte, Powers Boothe, Claire Danes, Billy Bob Thornton, Jon Voight, Joaquin Phoenix…

Scénario : John Ridley, d’après son roman

Photographie : Robert Richardson

Musique : Ennio Morricone

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Bobby Cooper casse une durite de sa rutilante Ford Mustang rouge de juin 1964 sur une route isolée dans le désert. Il se rend à la petite ville de Superior en Arizona, où Darrell le seul garagiste local un peu farfelu et surtout malhonnête lui annonce des délais de réparations imprévisibles et importants. Obligé de prendre son mal en patience, Bobby a l’occasion de se frotter à l’hostilité et à la stupidité des locaux mais aussi de s’attirer des ennuis lorsqu’il tente de séduire la captivante Grace qui est mariée à l’irascible Jake.

Après le beau succès de Tueurs-nés Natural Born Killers en 1994 qui l’a remis en selle après l’important échec commercial d’Entre Ciel et Terre Heaven & Earth l’année précédente, Oliver Stone (né en 1946) peut enfin plancher sur un film qui lui tient à coeur, Nixon. Malheureusement, malgré des critiques enthousiastes, ce biopic est un four dans les salles, ne rapportant que 14 millions de dollars aux Etats-Unis et un peu plus de vingt millions dans le reste du monde, pour un budget alors colossal de 50 millions. Profondément atteint par ce rejet en masse, d’autant plus que sa situation personnelle partait également en sucette, le réalisateur connaît l’une des plus mauvaises passes de sa vie. Tout ce mal-être, cette remise en question imposée et cette folie doivent s’extérioriser. La catharsis arrive rapidement. Oliver Stone jette son dévolu sur le roman de John Ridley Ici commence l’enfer Stray Dogs, l’écrivain adaptant lui-même son propre livre, même s’il a été prouvé par la suite que le metteur en scène aura intégralement repris le scénario, qui rappelle d’ailleurs furieusement le génial Red Rock West de John Dahl (1993). Ainsi naquit douloureusement U-Turn : ici commence l’enfer, le plus dingue et le plus jubilatoire des filmsde l’auteur de Platoon, Wall Street, The Doors et JFK. Un quart de siècle après sa sortie, qui était passée complètement inaperçue, cet opus n’a eu de cesse de voir son audience et ses aficionados croître, au point de figurer souvent dans le top 5 des films d’Oliver Stone préférés des cinéphiles. U-Turn n’aura donc pas connu de succès immédiat, mais aura au moins permis au cinéaste de chasser (provisoirement ou définitivement ?) ses démons, de se réinventer, de se purger, de trouver une nouvelle bouffée d’air frais, puisque deux ans plus tard, il connaîtra son plus grand hit après Platoon, L’Enfer du dimanche Any Given Sunday. En l’état, U-Turn : ici commence l’enfer est un…PUTAIN DE CHEF D’OEUVRE.

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Test Blu-ray / Le Trou normand, réalisé par Jean Boyer

LE TROU NORMAND réalisé par Jean Boyer, disponible en Blu-ray le 22 septembre 2021 chez Gaumont.

Acteurs : Bourvil, Jane Marken, Brigitte Bardot, Jeanne Fusier-Gir, Pierre Larquey, Jean Duvaleix, Noël Roquevert, Georges Baconnet…

Scénario : Arlette de Pitray

Photographie : Charles Suin

Musique : Paul Misraki

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Célestin Lemoine, l’aubergiste d’un village normand, vient de mourir. Il a légué le «Trou normand» à Hippolyte, son neveu. Celui-ci pourra prendre possession de son bien à une condition : décrocher le certificat d’études. Faute de quoi, l’auberge reviendra à la belle-soeur du défunt, la cupide Augustine, et à sa fille Javotte. C’est ainsi qu’à l’âge de 32 ans, Hippolyte se voit obligé de retourner à l’école. Quoiqu’un peu innocent, le jeune homme montre beaucoup de bonne volonté et va même jusqu’à suivre des cours particuliers. Sa tante met tout en oeuvre pour perturber le cours de ses études…

Le Trou normand est pour ainsi dire l’ultime long-métrage dans lequel Bourvil, alors âgé de 35 ans, incarne le normand benêt, naïf et bonne pâte. C’est aussi sa troisième et avant-dernière collaboration avec le réalisateur Jean Boyer (1901-1965), après l’énorme succès du Rosier de madame Husson (1950) et de Garou-Garou, le passe-muraille (1951), et avant une participation dans Cent Francs par seconde (1953) où il joue son propre rôle. Il est impeccable dans la peau de ce dadais lunaire du cru, dont l’innocence et la gentillesse contrastent avec l’arrivisme et la bassesse de sa cousine, interprétée par une jeune actrice de 17 ans, Brigitte Bardot, dans son premier rôle au cinéma. Comédie populaire au sens noble du terme, Le Trou normand conserve un charme inaltérable, qui sent bon la province, le cidre et le grillé aux pommes. Complètement inoffensive, cette facétie repose sur la nature chaleureuse et attachante de son acteur principal, ainsi que sur un casting de formidables seconds couteaux et des dialogues soignés.

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Test DVD / N’oublie pas ton père au vestiaire, réalisé par Richard Balducci

N’OUBLIE PAS TON PÈRE AU VESTIAIRE réalisé par Richard Balducci, disponible en DVD le 4 août 2021 chez ESC Editions.

Acteurs : Jean Lefebvre, Manuel Gélin, Eric Adjani, Nelly Vignon, Jean-Paul Rouland, Patricia Elig, Denise Grey, Françoise Blanchard, Brigitte Lahaie, Sabine Paturel…

Scénario : Richard Balducci & Jean-Claude Massoulier

Photographie : Marcel Combes

Musique : Gilles Tinayre

Durée : 1h36

Année de sortie : 1982

LE FILM

Philippe, un jeune homme de 18 ans délaissé par son père, ne pense qu’aux filles et néglige ses études. Lorsqu’il échoue à son baccalauréat, son père le renvoie de la maison. Philippe part alors vivre chez un ami et décide de devenir DJ. Son père, de son côté, commence à regretter son comportement.

Quand on parle de Richard Balducci (1922-2015), on pense tout de suite à la saga du Gendarme, dont il est l’un des créateurs. Le reste est symbolique du cinéma franchouillard puisque l’incriminé en question aura également écrit Le Jour de gloire (1976) et Général…nous voilà ! (1978) de Jacques Besnard, Les Bidasses en vadrouille (1979) de Christian Caza, Charlots Connection (1984) de Jean Couturier et On est pas sorti de l’auberge (1982) de Max Pecas. Finalement, comme on n’est jamais mieux servi par soi-même, ses opus les « moins pires » sont ceux qu’il a lui-même mis en scène. Après avoir écrit pour les autres, Les Saintes-Nitouches (1963) de Pierre Montazel, Cherchez l’idole (1964) de Michel Boisrond et Le Gendarme de Saint-Tropez (1964) de Jean Girault, il réalise trois courts-métrages en 1968 (Le Petit cheval de bois, Les Tontons du festival et Clown), il passe au format long l’année suivante avec L’Amour. S’il fait d’abord preuve d’un tant soit peu de rigueur dans ses premiers films, comme dans L’Odeur des fauves (1972) avec Maurice Ronet et Vittorio De Sica, Dans la poussière du soleil (1972), un western (si si) avec Maria Schell et…Daniel Beretta, la comédie devient son dada (Par ici la monnaie en 1974), le réalisateur passant aussi par la case porno avec Les Demoiselles à péage (ou Les Ravageuses de sexe) en 1975 et La Grande Défonce (1976), qu’il emballe sous le pseudo de Bruno Baldwyn. Dans les années 1980, Richard Balducci collabore à trois reprises avec Jean Lefebvre avec Prends ta Rolls et va pointer (1981), N’oublie pas ton père au vestiaire (1982) et Salut la puce (1983). Le deuxième film de cette « trilogie » reste un témoignage, un vestige d’une époque révolue, qui surfait de manière opportuniste sur le triomphe de La Boum sorti deux ans auparavant. Un film complètement oublié, que l’on visionne comme si on consultait un vieil album de photos jaunies et abîmées par le temps. C’est pas forcément bon (euphémisme), mais il n’y a pas de mal à se moquer et cela en devient drôle.

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Test Blu-ray / Junior, réalisé par Ivan Reitman

JUNIOR réalisé par Ivan Reitman, disponible en DVD et combo Blu-ray + DVD le 17 août 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Danny DeVito, Emma Thompson, Frank Langella, Pamela Reed, Aida Turturro, James Eckhouse, Megan Cavanagh…

Scénario : Kevin Wade & Chris Conrad

Photographie : Adam Greenberg

Musique : James Newton Howard

Durée : 1h50

Date de sortie initiale: 1994

LE FILM

Les recherches du docteur Alex Hesse, un savant autrichien qui travaille aux États-Unis, sont sur le point d’aboutir, son traitement devrait enfin assurer aux femmes des grossesses sans risque. Mais les autorités estiment qu’elles ont assez attendu, et interrompent le financement du projet avant qu’il ait pu être testé sur les humains. Alex songe déjà à rentrer en Europe quand son associé, le gynécologue Larry Arbogast, lui suggère de vérifier les bienfaits de son traitement sur sa propre personne. Alex accepte de placer dans son abdomen un ovule fécondé, volé par Larry dans le stock du docteur Diana Reddin, et prénommé Junior. Désormais «enceint», Alex s’installe chez Larry, dont l’ex-épouse, Angela, attend aussi un enfant…

Sorti dans les salles américaines pour les fêtes de Noël 1990, Un flic à la maternelle Kindergarten Cop engrange plus de 200 millions de dollars en bout de course pour un budget de trente millions, tandis que deux millions de français viennent rire aux aventures de John Kimble. Soit un score similaire à celui de Jumeaux Twins deux ans auparavant. C’est donc une affaire qui roule entre Arnold Shwarzenegger et Ivan Reitman, le premier n’hésitant pas à faire un petit caméo dans le génial Président d’un jour Dave du second en 1993. C’est peut-être à ce moment-là que les deux décident de remettre le couvert, mais en invitant leur complice Danny DeVito à venir les rejoindre pour une nouvelle comédie. Ce sera Junior. Longtemps mal aimé, y compris par l’auteur de ces mots, jugé insipide et incapable d’aller au-delà de son postulat de départ improbable (et cette fois encore lié à une manipulation génétique), cet opus nanti d’un très gros budget de 60 millions de dollars – dont un quart rien que pour la star – n’en rapporte que 35 millions sur le sol de l’Oncle Sam, mais s’en sort heureusement dans le reste du monde, parvenant même à amasser près de 110 millions au final. En l’état, surtout après le carton mondial de True Lies quatre mois auparavant, c’est un nouveau revers au box-office pour le Chêne Autrichien, un an après celui de Last Action Hero de John McTiernan. Si Ivan Reitman a toujours déclaré qu’il s’agissait de sa comédie préférée parmi les trois faites avec Arnold Schwarzenegger, Junior demeure souvent poussif et le duo reformé de Jumeaux ne retrouve pas l’étincelle qui en faisait une réussite. Toutefois, rétrospectivement, nous pouvons sauver la prestation désopilante d’Emma Thompson, dont alchimie avec Schwarzy est inattendue, ce dernier prenant aussi un évident plaisir à être « enceint » à l’écran. Est-ce en raison de la baisse qualitative de la comédie américaine depuis quinze ans, en dépit du sursaut provoqué par Judd Apatow, toujours est-il que nous redécouvrons aujourd’hui Junior, produit hollywoodien qui sentait bon ce parfum d’artisanat qui a quasiment disparu.

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Test Blu-ray / Umberto D., réalisé par Vittorio De Sica

UMBERTO D. réalisé par Vittorio De Sica, disponible en DVD et Blu-ray le 25 août 2021 chez Carlotta Films.

Acteurs : Carlo Battisti, Maria-Pia Casilio, Lina Gennari, Ileana Simova, Elena Rea, Memmo Carotenuto…

Scénario : Cesare Zavattini

Photographie : G.R. Aldo

Musique : Alessandro Cicognini

Durée : 1h25

Année de sortie : 1952

LE FILM

Fonctionnaire à la retraite, Umberto D. ne parvient plus à subvenir à ses besoins. Ayant pour seul refuge une pension en piteux état, il occupe ses journées à chercher de l’argent, accompagné par son fidèle chien Flike.

Depuis 1946, Vittorio De Sica a enchaîné Sciuscià, Le Voleur de bicyclette et Miracle à Milan. Figure emblématique du néoréalisme, le cinéaste et comédien a conquis le monde entier avec ces trois longs-métrages, qui lui ont valu l’Oscar du meilleur film étranger en 1947 et en 1949 pour les deux premiers, et la Palme d’or au 4e Festival de Cannes (ex-æquo avec Mademoiselle Julie d’Alf Sjöberg) pour le troisième. Cela fait une dizaine d’années que Vittorio de Sica compile les rôles comiques qui l’ont rendu très populaires au cinéma comme au théâtre. Au début des années 40, le comédien s’essaye à la mise en scène avec Madeleine, zéro de conduite – Maddalena, zero in condotta, Roses écarlates – Rose scarlatte et Mademoiselle VendrediTeresa Venerdì qui révèle Anna Magnani. Si ces trois comédies restent anecdotiques, c’est avec Les Enfants nous regardent – I bambini ci guardano, où il n’apparaît pas et par ailleurs son premier film dramatique, que naît le grand metteur en scène et l’un des pères fondateurs du néoréalisme. C’est aussi sur ce film que naît sa collaboration avec le scénariste Cesare Zavattini. Rétrospectivement, Umberto D. est la fin d’un cycle qui a démarré sur des enfants et se clôt en se concentrant sur la vieillesse d’un homme. Pourtant, on y retrouve une fois de plus les thèmes de prédilection du cinéaste, même si le monde des adultes vu à travers les yeux d’un d’enfant et l’enfance malheureuse sont cette fois remplacés par le point de vue d’un vieillard, comme si rien n’avait changé ou plutôt comme si tout était immuable peu importe l’âge. Les films se rejoignent par les sujets de la fin de l’insouciance, de la difficulté du quotidien, de la solitude et des lendemains incertains. Umberto D. est inspiré en partie par le propre père de Vittorio De Sica, dont le père s’appelait Umberto De Sica (à qui le film est dédié), là où le personnage se prénomme Umberto Domenico Ferrari dans le film. Ce sublime mélodrame, pilier fondamental dans la filmographie conséquente et importante du réalisateur met à nouveau en avant les problèmes de la société italienne, dont la politique n’a de cesse de creuser le fossé entre les classes sociales. Le final « ouvert » qui peut laisser perplexe démontre en réalité que l’homme doit accepter à se résigner. Umberto D. est donc la fin d’un cycle, d’une ère, d’un genre, et surtout un monument du cinéma italien et international.

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