Test Blu-ray / Les Tueurs de la lune de miel, réalisé par Leonard Kastle

LES TUEURS DE LA LUNE DE MIEL (The Honeymoon Killers) réalisé par Leonard Kastle, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 25 novembre 2021 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Shirley Stoler, Tony Lo Bianco, Dorothy Duckworth, Doris Roberts, Marilyn Chris, Mary Jane Higbee, Kip McArdle, Barbara Cason…

Scénario : Leonard Kastle

Photographie : Oliver Wood

Musique : Gustav Malher

Durée : 1h47

Date de sortie initiale: 1970

LE FILM

Martha Beck n’est qu’une inoffensive infirmière aux formes généreuses. Du moins jusqu’au jour où elle répond à l’annonce matrimoniale des « Cœurs solitaires » de Raymond Fernandez, gigolo et arnaqueur au mariage. Désormais inséparables, liés par la même passion subversive, ils écument les États-Unis, piègent veuves et femmes seules pour les voler d’abord. Les assassiner sauvagement ensuite.

Les Tueurs de la lune de miel The Honeymoon Killers est inspiré d’un fait divers, d’une histoire vraie, d’un couple authentique. Raymond Martinez Fernandez et Martha Beck. L’homme d’origine hispanique rencontre Martha Beck par l’intermédiaire d’une petite annonce, auxquelles il prend l’habitude de répondre, écrites par quelques vieilles filles toujours à la recherche du prince charmant. Cela devient un rituel, Raymond démarre une correspondance, puis donne rendez-vous à un « coeur à prendre », puis, l’alcool aidant, parvient à se rendre chez la victime pour ensuite dérober leur argent et leurs biens, mais cela peut même lui arriver d’épouser sa proie et de prendre du bon temps aux frais de la princesse, avant de déguerpir. 1947, Fernandez et Beck entrent en collision. Cette dernière est atteinte d’un dérèglement hormonal depuis son enfance et souffre de ce fait d’un surpoids conséquent, la renfermant sur elle-même. Elle devient infirmière, ne pense qu’à son travail la journée, puis rentre chez elle où elle s’évade en lisant des romans sentimentaux…Un jour, elle publie une annonce…leur rencontre aboutira à l’assassinat d’une vingtaine de femmes entre 1947 et 1949. Ce récit influencera le cinéma et la télévision, Les Tueurs de la lune de miel étant la première adaptation et restera d’ailleurs le seul et unique long-métrage de Leonard Kastle. En effet, dramaturge, chef d’orchestre et compositeur d’opéra avant tout, il se retrouve à la barre des Tueurs de la lune de miel, par accident en fait, étant devenu ami avec le producteur Warren Steibel, qui s’était chargé précédemment de la diffusion d’opéras mis en scène par Leonard Kastle. Ce dernier se voit confier par Streibel de réaliser des recherches sur l’histoire Fernandez-Beck, à partir des archives judiciaires du tribunal du Bronx. Un réalisateur est engagé…il s’agit de Martin Scorsese, remarqué avec Who’s That Knocking at My Door. Le tournage commence, mais trouvant que ce type de 26 ans perd trop de temps sur quelques plans « inutiles » et des inserts, le jeune Scorsese est congédié une semaine seulement après le début des prises de vue pour « divergences artistiques avec la production ». C’est donc là qu’intervient Leonard Kastle, catapulté derrière la caméra du jour au lendemain, heureusement solidement épaulé par le directeur de la photographie Oliver Wood. Échec commercial, mais soutenu par une critique très positive, surtout en Europe où François Truffaut, Marguerite Duras et Michelangelo Antoniono le couvrent d’éloges, Les Tueurs de la lune de miel est devenu une référence du thriller centré sur les tueurs en série. Sa sécheresse de ton, ses partis pris documentaires, sa beauté plastique et l’excellence de ses deux têtes d’affiche Shirley Stoler et Tony Lo Bianco ont ensuite très largement contribué à la pérennité de ce désormais film culte.

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Test Blu-ray / Tu fais pas le poids, shérif !, réalisé par Hal Needham

TU FAIS PAS LE POIDS, SHÉRIF ! (Smokey and the Bandit II) réalisé par Hal Needham, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 17 février 2022 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Burt Reynolds, Sally Field, Jerry Reed, Paul Williams, Pat McCormick, Dom DeLuise, David Huddleston…

Scénario : Jerry Belson & Brock Wates, d’après une histoire originale de Hal Needham, Michael Kane & Robert L. Levy

Photographie : Michael C. Butler

Musique : Snuff Garrett

Durée : 1h41

Date de sortie initiale: 1980

LE FILM

Au Texas, Big Enos brigue le poste de gouverneur. Cependant, John Conn, son adversaire, n’a pas l’intention de se laisser distancer. Pour ridiculiser son rival, Big Enos imagine un plan diabolique. Il s’agit de convaincre Bandit de convoyer une femelle éléphant enceinte, jusqu’à la convention républicaine de Miami et ce, pour un salaire de 400.000 dollars.

Quand vous êtes le seul film à avoir su concurrencer Star Wars en 1977, forcément l’idée de faire une suite vous trotte dans la tête ! Un peu plus de trois ans après le premier opus, déboule sur les écrans américains Tu fais pas le poids, shérif !, ou tout simplement Smokey and the Bandit II en version originale. On prend les mêmes et on recommence devant et derrière la caméra, autrement dit Hal Needham à réalisation, Burt Reynolds, Sally Field, Jackie Gleason, Paul Williams, Pat McCormick et Mike Henry au casting. Mais le résultat n’est pas à la hauteur des espérances, on déchante même très rapidement devant la paresse d’un scénario qui se contente de reprendre des éléments du volet précédent, sans aucune imagination. Là où Cours après moi, shérif ! parvenait à maintenir l’attention durant 90 minutes, pied au plancher, dans une course-poursuite quasi-ininterrompue, Tu fais pas le poids, shérif ! ne cesse de caler, d’avancer par à-coups, sans jamais retrouver la magie du film original. Si tout le monde semble être heureux de se réunir (même si Burt Reynolds avouera qu’Universal l’a poussé à le faire pour des raisons purement lucratives), les spectateurs risquent de trouver le temps long de leur côté, ce qui avait déjà été le cas en 1980, puisque les résultats au box-office n’auront pas été aussi « enthousiasmants », avec 66 millions de dollars de recette, soit près de 230 millions de dollars aujourd’hui. Un énorme succès tout de même, mais celles et ceux qui s’attendaient à découvrir une nouvelle comédie d’action, seront sans doute déçus en se retrouvant plutôt face à Burt Reynolds en prise avec…un éléphant…Quelques bons moments, mais rien de véritablement marquant.

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Test Blu-ray / Cours après moi, shérif !, réalisé par Hal Needham

COURS APRÈS MOI, SHÉRIF ! (Smokey and the Bandit) réalisé par Hal Needham, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 19 janvier 2022 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Burt Reynolds, Sally Field, Jack Reed, Mike Henry, Paul Williams, Pat McCormick, Alfie Wise, George Reynolds…

Scénario : James Lee Barrett, Charles Shyer & Alan Mandel, d’après une histoire originale de Hal Needham & Robert L. Levy

Photographie : Bobby Byrne

Musique : Bill Justis & Jerry Reed

Durée : 1h36

Date de sortie initiale: 1977

LE FILM

Surnommé le Bandit, le routier Bo Darville relève le défi que lui fixe le millionnaire Enos Burdette : transporter, sous quarante-huit heures, 400 caisses de bière entre le Texas et la Géorgie. Une activité illégale, considérée comme de la contrebande. Son ami Snowman à la manœuvre dans la cabine du semi-remorque chargé à bloc, Darville ouvre la route au volant de sa Pontiac survitaminée. Le plan se déroule sans incident jusqu’à ce qu’il tombe sur une jeune mariée en fuite qu’il décide d’aider. Une rencontre qui va générer de nombreux problèmes, le shérif Buford T. Justice n’appréciant guère de voir son fils soudainement plaqué par sa fiancée le jour de ses noces.

Quand Cours après moi, shérif ! Smokey and the Bandit est sur le point de débouler au cinéma, la renommée de Burt Reynolds est telle que la Fox décide d’avancer la sortie de Star Wars de deux jours, pensant qu’il ne fera qu’une bouchée de cette aventure intergalactique sur laquelle personne ne mise, encore moins le studio. Découvert dans Navajo Joe (1966) de Sergio Corbucci, le comédien devient une star internationale trois ans plus tard grâce au triomphe de DélivranceDeliverance de John Boorman. Il incarnera désormais le charme macho et velu à l’américaine, la moustache fringante, l’oeil rieur et passera d’un univers à l’autre, chez Woody Allen (Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander), Joseph Sargent (Les Bootleggers White Lightning), Richard C. Sarafian (Le Fantôme de Cat Dancing The Man Who Loved Cat Dancing), Robert Aldrich (Plein la gueule The Longest Yard et La Cité des dangers Hustle), Peter Bogdanovich (Enfin l’amourAt Long Last Love et Nickelodeon) et bien d’autres. Tout le monde s’arrache ce bloc de virilité d’1m80. 1977, nous voici rendus à Cours après moi, shérif ! qui est donc le plus grand succès commercial de l’illustre carrière de Burt Reynolds, ayant rapporté près de 130 millions de dollars à sa sortie, soit l’équivalent d’un demi-milliard de dollars d’aujourd’hui (rien que sur le sol américain)…Cela laisse rêveur, surtout quand on sait que le budget global n’était que de quatre millions. Bref, on imagine encore mal le phénomène Burt Reynolds et de cet opus, qui allait engendrer deux suites au cinéma (Tu fais pas le poids, shérif ! et Cours après moi, shérif ! 3) et quatre téléfilms jusqu’en 1994, et inspirer la série Shérif, fais-moi peur The Dukes of Hazzard dès 1979. Culte on vous dit !

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Test Blu-ray / Eugénie Grandet, réalisé par Marc Dugain

EUGÉNIE GRANDET réalisé par Marc Dugain, disponible en DVD et Blu-ray le 1er février 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : Joséphine Japy, Olivier Gourmet, Valérie Bonneton, César Domboy, François Marthouret, Nathalie Bécue, Bruno Raffaelli, Jean Chevalier…

Scénario : Marc Dugain, d’après le roman d’Honoré de Balzac

Photographie : Gilles Porte

Musique : Jérémie Hababou

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Felix Grandet règne en maître dans sa modeste maison de Saumur où sa femme et sa fille Eugénie, mènent une existence sans distraction. D’une avarice extraordinaire, il ne voit pas d’un bon œil les beaux partis qui se pressent pour demander la main de sa fille. Rien ne doit entamer la fortune colossale qu’il cache à tous. L’arrivée soudaine du neveu de Grandet, un dandy parisien orphelin et ruiné, bouleverse la vie de la jeune fille. L’amour et la générosité d’Eugénie à l’égard de son cousin va plonger le Père Grandet dans une rage sans limite. Confronté à sa fille, il sera plus que jamais prêt à tout sacrifier sur l’autel du profit, même sa propre famille…

Paru pour la première fois en 1834, Eugénie Grandet d’Honoré de Balzac prend place dans La Comédie humaine, plus précisément entre Ursule Mirouët et Pierrette. Cette histoire issue des Scènes de la vie de province inspirera le cinéma dès les années 1910 en France, sous la direction d’Émile Chautard, qui sera suivie d’une deuxième mouture en 1921 aux États-Unis (The Conquering Power avec Rudolph Valentino), puis d’une troisième, peut-être la plus célèbre, en 1946, en Italie avec Alida Valli dans le rôle-titre, réalisée par Mario Soldati. D’autres transpositions suivront pour la télévision, la dernière en date remontant à 1994, avec Jean Carmet en Félix Grandet, Alexandra London, Claude Jade et Pierre Vernier. Depuis, plus de nouvelles, aussi bien sur le grand écran que sur la petite lucarne. 2021, l’écrivain, scénariste et réalisateur Marc Dugain présente une libre adaptation d’Eugénie Grandet, qui s’inscrit intelligemment dans le courant féministe actuel, sans jamais « trahir » Honoré de Balzac, mais en conversant avec l’auteur du Père Goriot, La Peau de chagrin et du Colonel Chabert. La sève, l’esprit, le rythme sont respectés et se retrouvent dans Eugénie Grandet, interprétée par la divine Joséphine Japy, magnétique et dont on sent (comme nous) le metteur en scène fasciné par le visage gracieux, qu’il n’a de cesse de mettre en valeur, d’observer, de caresser de sa caméra. Face à elle, il fallait un ogre pour incarner Félix Grandet, rôle dont s’empare l’impressionnant Olivier Gourmet, qui campe un monstre humain rongé par l’avarice. Sorti peu de temps avant Illusions perdues, qui allait attirer près d’un million de spectateurs, remporter sept César et faire de l’ombre au troisième long-métrage de Marc Dugain, Eugénie Grandet aura tout de même fait plus de 200.000 entrées et connaîtra assurément une belle seconde vie.

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Test Blu-ray / Riposte armée, réalisé par John Stockwell

RIPOSTE ARMÉE (Armed Response) réalisé par John Stockwell, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 17 février 2022 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Wesley Snipes, Anne Heche, Dave Annable, Colby Lopez, Kyle Clements, Morgan Roberts, Eyas Younis, Mo Gallini…

Scénario : Matt Savelloni

Photographie : Matthew Irving

Musique : Elia Cmiral

Durée : 1h30

Date de sortie initiale: 2017

LE FILM

Aucun signe de vie n’émane du Temple, une prison militaire destinée aux détenus les plus dangereux et contrôlée via un système d’intelligence artificielle. Les militaires chargés de garder les lieux ayant tous disparu, l’état-major envoie sur place une unité d’élite.

Looooooooool !

Ça ne suffit pas comme argument ? Alors je vais essayer de vous en dire un peu plus sur Riposte armée (ptdr…) ou Armed Response (ça fait tout de suite plus sérieux en version originale), réalisé en 2017 par John Stockwell (né en 1961). Vous le connaissez sûrement. En tant qu’acteur tout d’abord. C’est lui qui interprète Dennis Guilder dans Christine de John Carpenter (le meilleur ami d’Arnie, ça vous revient ?), mais aussi Cougar dans Top Gun de Tony Scott (cette fois ça y est, vous l’avez). Mais ce dernier a ensuite bifurqué derrière la caméra au début des années 2000, en devenant l’expert des films situés sous les palmiers, sous lesquels déambulent de belles nanas en bikini, accompagnées de mâles aux tablettes de chocolat saillantes, en direction de la plage azur. Des titres ? Blue Crush (2002) avec Kate Bosworth et Michelle Rodriguez, Bleu d’enfer Into the Blue (2005) avec Jessica Alba et Paul Walker, Dark Tide (2012) avec Halle Berry et Olivier Martinez. Depuis les années 2010, le réalisateur s’est tourné vers les séries B d’action, à l’instar de l’épuisant Out of Control (ou In the Blood en VO, allez comprendre pourquoi) avec une Gina Carano qui s’endort sur son menton carré entre deux scènes de baston, ou du nanardesque Kickboxer : Vengeance (2016) avec Dave Bautista, Alain Moussi et JCVD. Notre chez Johnny s’est fait une spécialité du film à budget (très) limité, filmé dans quelques décors abandonnés légèrement retapés (mais pas trop), chichement éclairés et au casting composé d’anciennes stars ou vedettes sur le retour. C’est exactement le cas pour Riposte armée, qui oscille entre la navet pur et dur, et le nanar fatigué, où Wesley Snipes apparaît tellement transparent qu’on en vient à se demander s’il ne s’agit pas d’un hologramme, et où Anne Heche (c’est qui ça déjà ?) a constamment l’oeil visé à son flingue et l’autre sur sa feuille d’impôts dont elle venue payer un arriéré. Car Riposte armée est un produit complètement insignifiant, inodore, incolore, invisible, qui vous engourdit le cerveau pendant 90 interminables minutes (un montage aux pâquerettes), durant lesquelles il ne se passe absolument rien et qui en même temps fascine par sa vacuité et sa démonstration pour illustrer un scénario inepte. À vous de voir, si l’envie vous en dit…

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Test DVD / L’Homme de la cave, réalisé par Philippe Le Guay

L’HOMME DE LA CAVE réalisé par Philippe Le Guay, disponible en DVD le 15 février 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : François Cluzet, Jérémie Renier, Bérénice Bejo, Jonathan Zaccaï, Victoria Eber, Denise Chalem, Patrick Descamps, Ambroise James Di Maggio…

Scénario : Philippe Le Guay, Gilles Taurand & Marc Weitzmann

Photographie : Guillaume Deffontaines

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

À Paris, Simon et Hélène décident de vendre une cave dans l’immeuble où ils habitent. Un homme, au passé trouble, l’achète et s’y installe sans prévenir. Peu à peu, sa présence va bouleverser la vie du couple.

Nous avions laissé François Cluzet dans le plus simple appareil à la fin de Normandie Nue de Philippe Le Guay. Trois ans plus tard, le comédien retrouve le réalisateur pour L’Homme de la cave, film diamétralement opposé au précédent, sur le fond comme sur la forme, puisqu’il s’agit ici d’un drame psychologique qui lorgne sur le thriller, le tout inspiré par une histoire vraie survenue à des amis du cinéaste il y a vingt ans. Troublant et glaçant, ce dixième long-métrage contraste avec les comédies qui ont fait le succès de Philippe Le Guay, Le Coût de la vie (2003), Les Femmes du 6e étage (2011) et Alceste à bicyclette (2013), mais se rapproche de la noirceur du formidable et « ken loachien » Trois Huit (2001), que le metteur en scène avait délaissé depuis. Le récit se focalise sur un couple marié – Hélène est catholique, Simon juif – et parents d’une adolescente, qui, ayant besoin d’argent pour financer quelques travaux, vendent leur cave dont ils n’ont plus l’utilité. C’est là que débarque un homme qui se précipite pour l’acquérir en payant rubis sur l’ongle. Un accord de vente est signé avec ce M. Fonzic. Comme Simon est du genre à faire confiance, il donne les clés à l’acquéreur avant la rédaction de l’acte notarial. Quand il réalise que non seulement l’homme habite dans la cave, mais que cet ex-professeur d’histoire a été radié de l’Éducation nationale pour propos négationnistes, il est trop tard : la bête immonde s’est installée dans sa vie et n’a pas l’intention d’être délogée…François Cluzet est réellement flippant dans la peau de ce monstre du quotidien, qui devient pour ainsi dire le croque-mitaine de la famille Sandberg, interprétée par Bérénice Bejo, Jérémie Rénier et Victoria Eber, belle révélation et vue dernièrement dans la série de science-fiction Parallèles sur Disney+. Sous tension du début à la fin, L’Homme de la cave instaure un malaise qui va crescendo, qui prend le spectateur aux tripes et se penche intelligemment sur le négationnisme, comme l’avait déjà fait avant lui Le Procès du siècle Denial de Mick Jackson, avec une petite touche de Fenêtre sur Pacifique Pacific Heights de John Schlesinger.

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Test Blu-ray / Romeo is Bleeding, réalisé par Peter Medak

ROMEO IS BLEEDING réalisé par Peter Medak, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 19 janvier 2022 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Gary Oldman, Lena Olin, Annabella Sciorra, Juliette Lewis, Roy Scheider, David Proval, Will Patton, Ron Perlman…

Scénario : Hilary Henkin

Photographie : Dariusz Wolski

Musique : Mark Isham

Durée : 1h49

Date de sortie initiale: 1993

LE FILM

Dans un bar, Jim Daugherty raconte l’histoire d’un agent de police véreux, Jack Grimaldi. Ce policier new-yorkais, lassé de sa vie routinière, a accepté un jour de vendre discrètement des informations à Don Falcone, un parrain local. Mais une de ses transactions avec la pègre a mal tourné…

Dis-donc c’est de la super bonne came ça ! Complètement inconnu au bataillon, du moins en ce qui concerne l’auteur de ces mots, Romeo is Bleeding est un film néo-noir réalisé en 1993 par Peter Medak. Né Medák Péter en 1937 à Budapest, le cinéaste hongrois est connu pour deux opus, le plus célèbre étant L’Enfant du diable The Changeling (1980), dans lequel George C. Scott se retrouvait confronté à une maison hantée, l’autre étant La Grande Zorro Zorro, The Gay Blade (1981), où George Hamilton campait le Renard rusé qui fait sa loi vêtu de pourpre. S’il a très largement oeuvré pour la petite lucarne à travers moult séries (Amicalement vôtre, Cosmos 1999, Le Retour du Saint, Les Enquêtes de Remington Steele, Pour l’amour du risque, Magnum…), son œuvre au cinéma se doit d’être pleinement redécouverte. C’est le cas pour ce Romeo is Bleeding. Dissimulé derrière Miller’s Crossing des frères Coen, Reservoir Dogs et Pulp Fiction de Quentin Tarantino, ce thriller sombre teinté d’humour tire son essence du film noir américain des années 1940-50, dont il reprend les ingrédients, les archétypes, les motifs (voix-off et musique jazzy sont de la partie), en les secouant dans un shaker, en modernisant le tout, notamment la représentation de la femme fatale, magistralement incarnée par Lena Olin. Enfin, Romeo is Bleeding vaut aussi et surtout pour l’interprétation habitée de Gary Oldman, 35 ans, qui venait d’enchaîner Les Anges de la nuit State of Grace de Phil Joanou, JFK d’Oliver Stone, True Romance de Tony Scott et Dracula de Francis Ford Coppola. Juste avant Léon de Luc Besson et Ludwig van B. de Bernard Rose, le comédien britannique signait probablement l’une de ses meilleures prestations ici, ni plus ni moins.

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Test Blu-ray / La Croisade, réalisé par Louis Garrel

LA CROISADE réalisé par Louis Garrel, disponible en DVD et Blu-ray le 3 mai 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : Laetitia Casta, Joseph Engel, Louis Garrel, Ilinka Lony, Julia Boème, Lionel Dray, Clémence Jeanguillaume, Lazare Minoungou, Farid Bouzenad…

Scénario : Jean-Claude Carrière & Louis Garrel

Photographie : Julien Poupard

Musique : Grégoire Hetzel

Durée : 1h07

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Abel et Marianne découvrent que leur fils Joseph, 13 ans, a vendu en douce leurs objets les plus précieux. Ils comprennent rapidement que Joseph n’est pas le seul, ils sont des centaines d’enfants à travers le monde associés pour financer un mystérieux projet. Ils se sont donné pour mission de sauver la planète.

En 2015, pour son premier long métrage en tant que réalisateur, Louis Garrel, né en 1983, signait un vrai petit bijou romanesque, Les Deux amis, adaptation contemporaine de la pièce de théâtre Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset, coécrite avec Christophe Honoré. Pour ce coup d’essai, Louis Garrel transposait son court-métrage La Règle de trois, Prix Jean Vigo du Court Métrage en 2012, dans lequel on retrouvait déjà le trio vedette, à savoir Vincent Macaigne, Golshifteh Farahani et Louis Garrel lui-même. Avant cela, ce dernier avait également mis en scène son premier court métrage en 2008, Mes copains. Trois ans plus tard, sortait L’Homme fidèle, où Louis Garrel partageait l’affiche avec Lily-Rose – Grumpy Cat – Depp et sa compagne Laetitia Casta, triangle amoureux dont le coauteur n’était autre que l’illustre et regretté Jean-Claude Carrière. Décédé en février 2021, celui-ci tirera sa révérence avec La Croisade, troisième long-métrage de Louis Garrel donc, un de ces énièmes films dont le tournage a été interrompu par la Covid-19 et le confinement. On ne sait pas si Jean-Claude Carrière aura eu le temps de peaufiner l’histoire de La Croisade aux côtés de Louis Garrel, toujours est-il que le résultat s’avère plus concluant que L’Homme fidèle, ne serait-ce qu’en terme de direction d’acteurs, puisque les enfants et même Laetitia Casta sont très convaincants ici, ce qui n’était pas un pari forcément aisé à relever. Comédie « dans l’air du temps », autrement dit teinté de message écolo-bobo, La Croisade, s’il n’est pas non plus entièrement abouti, n’en reste pas moins sympathique et rafraîchissant.

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Test Blu-ray / Harley Davidson et l’homme aux santiags, réalisé par Simon Wincer

HARLEY DAVIDSON ET L’HOMME AUX SANTIAGS (Harley Davidson and the Marlboro Man) réalisé par Simon Wincer, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 6 octobre 2021 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Mickey Rourke, Don Johnson, Chelsea Field, Daniel Baldwin, Giancarlo Esposito, Vanessa L. Williams, Robert Ginty, Tia Carrere…

Scénario : Don Michael Paul

Photographie : David Eggby

Musique : Basil Poledouris

Durée : 1h38

Date de sortie initiale: 1991

LE FILM

Afin d’éviter le perte définitive du bar d’un vieil ami, une bande de marginaux décident de braquer un convoi censé contenir une somme d’argent en liquide. Mais l’unique cargaison est en fait une nouvelle drogue, qui fait fureur auprès des jeunes. Les trafiquants vont alors tout tenter pour récupérer leur précieuse marchandise…

Oh le beau petit film culte que voilà ! Diffusé de multiples fois à la télévision, sur M6 surtout, Harley Davidson et l’Homme aux santiags ou Harley Davidson and the Marlboro Man en version originale est réalisé par l’australien Simon Wincer (né en 1973). Ce dernier reste évidemment connu des cinéphiles pour le formidable Harlequin, qui l’a fait connaître à l’international et ouvert les portes d’Hollywood. On lui doit moult séries B comme D.A.R.Y.L. (1985) avec Barret Oliver (entre L’Histoire sans fin et Cocoon), Sauvez Willy Free Willy (1993), succès surprise qui allait engendrer trois suites et une série d’animation, sans oublier le trépidant Le Fantôme du Bengale The Phantom. Sorti en 1991, Harley Davidson et l’Homme aux santiags est comme qui dirait une relecture du western et du film de biker, ou tout simplement d’Easy Rider de Dennis Hopper, où nos deux protagonistes, même s’ils en ont sacrément sous le capot, se rendent bien compte qu’ils sont devenus « trop vieux pour ces conneries » et qu’ils n’ont plus leur place dans ce monde en cette année 1996, ce qui donne d’ailleurs au film, sorti en 1991, un côté anticipation. Bourré d’humour et d’action, ce buddy-movie qui sent la clope et le musc, repose sur les épaules carrées de Mickey Rourke et Don Johnson, parfaits d’alchimie, crevant l’écran de leur charisme, qui s’amusent constamment à se donner la réplique. Trente ans après, Harley Davidson et l’Homme aux santiags reste une valeur sûre et un divertissement de haute volée.

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Test 4K UHD / Dr Who et les Daleks, réalisé par Gordon Flemyng

DR WHO ET LES DALEKS (Dr. Who and the Daleks) réalisé par Gordon Flemyng, disponible en 4K Ultra HD + Blu-ray – Édition boîtier SteelBook le 29 juin 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Peter Cushing, Roy Castle, Jennie Linden, Roberta Tovey, Barrie Ingham, Geoffrey Toone, Michael Coles, John Bown…

Scénario : Sydney Newman, Milton Subotsky & David Whitaker, d’après une histoire de Terry Nation

Photographie : John Wilcox

Musique : Malcolm Lockyer

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Le Docteur montre à ses petites filles, Susan et Barbara, sa toute dernière invention: le TARDIS, un vaisseau capable de voyager dans le Temps et dans l’Espace. Malencontreusement, Ian, le petit-ami de Barbara, active la machine… Le Docteur et ses compagnons se retrouvent alors sur la planète Skaro, en ruines suite à la guerre nucléaire opposant les Daleks au peuple des Thals.

C’est en territoire neutre que l’auteur de ces mots a découvert Dr Who et les DaleksDr. Who and the Daleks, n’ayant jamais vu un seul épisode de la mythique série britannique de science-fiction Doctor Who, diffusée depuis novembre 1963 sur BBC One et à ce jour la plus longue série SF de tous les temps. Quand le film de Gordon Flemyng sort sur les écrans deux ans plus tard, c’est un triomphe, un phénomène national, alors que les fans purs et durs de la version petit écran n’auront de cesse d’appeler au boycott, en raison des grandes libertés prises avec l’oeuvre originale, notamment sa représentation du personnage principal. Si l’on retrouve les ingrédients, à l’instar du TARDIS (Time And Relative Dimension In Space ou Temps et Dimensions Relatifs dans l’Espace), ce fameux “véhicule” qui prend la forme d’une cabine téléphonique de la police anglaise à bord duquel le Docteur voyage à travers l’espace et le temps, les “stars” qui partagent le haut de l’affiche s’avèrent les célèbres Daleks. Ces extraterrestres ou mutants on ne sait pas trop, se déplacent dans leurs armures colorées et lumineuses, s’expriment avec une voix robotisée et possèdent quelques armes comme ce lance-fumée qui pulvérise celui ou celle qui leur chercheraient des noises. On imagine mal le succès rencontré par les Daleks, dont la première apparition remonte déjà au sixième épisode de la première saison, intitulé The Dead Planet. Par ailleurs, Dr Who et les Daleks reprend peu ou prou le même scénario, nos héros se retrouvant par inadvertance sur la planète Skaro, en apparence morte, sur laquelle survivent deux races. La première est celle des Thals, d’apparence humaine et pacifique qui survit tant bien que mal dans la forêt. L’autre est celle des Daleks, ayant perdu toute humanité et réduits à une forme tentaculaire. Les Daleks vivent tous dans des armures coniques d’où ils tirent leurs pouvoirs et ne peuvent vivre que dans les villes où l’électricité statique les fait se déplacer. Les deux gros points forts de cette relecture cinématographique sont la couleur, la série étant évidemment en N&B, et la présence au casting du légendaire Peter Cushing dans le rôle-titre. Entre Le Train des épouvantes Dr Terror’s House of Horrors de Freddie Francis et L’Île de la terreur Island of Terror de Terence Fisher, le comédien s’octroyait une petite récréation bienvenue et livre une formidable prestation, tout en recréant et en s’appropriant le personnage interprété à la télévision par William Hartnell. C’est merveilleusement kitsch, ultra-divertissant, drôle, tendre, bourré d’imagination, immanquable donc.

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